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L'apocalypse, revu et corrigé par Atroliance

Eliance
Une soirée comme les autres. Ou presque.
Les deux amies ont bu. Beaucoup. Pas de chagrin à oublier, pas de douleur à éteindre. Seulement un soir de repos à fêter. Et puis, si pour boire Atro avait besoin de raison, ça se saurait. Elle a entraîné ce soir-là sa presque-sœur à sa suite. Presque-sœur qui ne s'est pas faite prier. Déjà d'ordinaire, elles ont un débit de conneries à la minute qui se fait impressionnant, autant avec l'esprit embrumé, je vous dis pas...

Elles sont là, dans une taverne (pleine ou bondée, peu importe, les deux amies sont toujours à deux, dans leur tête), à faire tinter les godets à qui mieux mieux. Les yeux se font pétillants, le sourire étiré sans raison, la langue active et gourmande.


Moi j'te dis que la Victoria, c'est une plaie ! Eliance parle de la mairesse de Chambéry. Et pourtant qu'son mari, ben l'est gentil, hein. Pauvre homme...
Le doigt s'enflamme et se pointe en l'air.

De toute façon, les moches, c'est toutes des plaies. Comme les rousses.
La rancoeur contre les rousses est tenace, oui. Et passons les détails comme quoi Eliance a rêvé pendant longtemps d'être moche pour échapper à un destin particulier. D'ailleurs, j'suis sûr c'est un truc qui annonce l'apsocalypse... l'apscopalypse...
Bref ! comme les boutons sur l'nez !

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Atropine
Nan !

Le haussement de ton aviné est celui d'une Atro bien entamée. Faut dire que déjà la journée elle picole mais alors, à la nuit tombée, c'est pire.

Le premier signe de l'apo ... l'apoplexie ... C'était ton amitié avec Alix ! D'ailleurs, j'suis sure qu'tu savais avant moi qu'c'était ma belle soeur !

Et de sourire, niaisement.

Elle est gentille hein ?!

Avant de revenir au sujet principal.

Non parce que si c'est les rousses, t'es un signe de l'apologie !

Pas capable de prononcer le bon mot, ou le même mot deux fois d'affilé. C'est que la viande saoûle, c'est pas fût fût ! Levant son verre avant d'en ingurgité une gorgée, la demie portion finit tout de même par avouer.

N'empêche, t'as raison. Les pustules sur la tronche, c'est un signe. Moi, quand j'en aurais, ce s'ra la fin du monde !
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Eliance
Naaaan, mais c'pas mon am...
Ah voui... l'est gentille...


Et comme un miroir, Eliance adopte le même genre de rictus que sa presque-sœur. Elle la trouve mignonne, la Atro Teigne et Dragonne, se mettre à aimer une foule de gens. Ça attendrit le cœur imbibé de la Meringue, juste un peu avant d'entendre réapparaître la digne Teigne au triple galop.

J'suis blondi-rousse ! PAS rousse !
Donc j'suis pas un signe de l'apopocalyptique !


Vrai qu'il y a pas pire mot à prononcer ce soir-là. C'est comme si leurs deux langues refusaient en bloc de prononcer le sujet principal de leur discussion. Comme si leurs langues se rebellaient, l'air de dire : « Ah tu m'en fais dire des belles, des conneries, à longueur de journée. Ben tiens, prends ça ! » La vengeance des langues, c'est moche. Presque autant qu'une roussi-blondasse qui ingurgite un nouveau godet en se bavant dessus à moitié. Un peu de la bière atterrit dans sa bouche, beaucoup sur son menton et sa chemise. Mais c'est pas grave, parce qu'elle se marre, en entendant sa presque-sœur énoncer clairement le premier signe de la fin du monde.

Eh ben... moi j'dis que l'deuxième signe d'la fin du monde (merci les périphrases, sinon elles auraient baragouiné des « apoplexies » et des « apsopacolyse » toute la soirée), c'est l'jour où j'f'rais un chiard.
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Atropine
Et la demie portion éclate de rire. Eliance enceinte, avec des émotions encore plus forte, c'était impensable. Déjà que la rouquine chouinait fréquemment, mais alors enceinte ... Valait mieux pas imaginer.

Non, c'pas toi qui pond qui s'rait si grave. C'est toi qui pond et l'homme qui reste malgré tes litrons d'larmes qu't'auras versé pendant la mise bas !

Une grande poète cette demie portion. Non parce qu'en vrai, elle aimerait bien que sa (presque) frangine ponde un braillard. Déjà parce qu'elle est certaine que ça lui ferait plaisir, et ensuite parce que ça ferait un ami potentiel, ou un disciple pour son propre fils.
Mais parler, ça donne soif, et la demie portion fait resservir un pichet qu'elle s'empresse de vider dans les pintes. Aussitôt remplies, aussitôt descendues, plus ou moins proprement, et plus moins que plus hélas.


Non mais ... non, en vrai, tu peux avoir des mioches, t'es même douée avec !

Si, si, en comparaison avec elle même, son amie est bien plus douée !

Mais imagine, un jour, j'ai plus envie d'murs ?! Là, c'est la fin des haricots !

Ou comment ramener tout à soit version Atro ...
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Eliance
Han, mais j'pleure jamais ! Enfin... presque jamais... Et c'toujours justifié !

C'est quand même pas faux de dire qu'elle a très peu uriné, la Meringue, pendant certaines périodes de sa vie particulièrement difficiles à aborder. Les moments sans écoulement lacrymal intempestif ont d'ailleurs été moins nombreux que les autres. Mais l'idée d'avoir un enfant est réellement impensable. Et si elle l'a un jour envisagé avec Diego, c'était pour le garder, l'enchaîner encore un peu plus. Un sacrifice. En vrai, elle a jamais voulu porter la vie et la mort mêlées. Puisque c'est bien là, la vision qu'elle a d'un enfant. Trop sont morts en elle. Elle ne parvient pas à dissocier le fait d'être grosse avec un malheur sans nom. Alors elle rit, quand sa presque-sœur la complimente sur ses talents maternels. Et elle boit. Deux godets. D'affilés. Pour oublier.

Chose finalement assez aisée face à une Atro qui passe sa vie à causer d'elle-même. Certains la trouveraient nombriliste. Eliance aime bien, elle. Elle trouve dans les problèmes atropiens de quoi oublier les siens. Alors la caboche se hoche, agitant maladroitement et dans un foutoir désordonné les mèches ambrées hirsutes.


Ouais, la fin des s'haricots, ça...
Non ! Je sais !


Le doigt est encore braqué vers le ciel, alors qu'un sourire béat intervient sur la tronche ménudiérienne.

LA fin des s'haricots, la seule la vraie, c'est l'jour où tu boiras pas. Rien. Pas une goutte. Que couic !
C'jour-là, j'te l'dis, j'me creuse un trou sous terre et j'y reste en attendant que l'feu ait tout ravagé.


Le coude se lève pour amener, ou tenter d'amener, quelques gouttes de bière dans la bouche ménudiérienne. Une gorgée. Puis deux. La troisième est à peine avalée que la choppe redescend en claquant sur le bois de la table.
Oh !!! Nouvelle agitation désordonnée de l'index. Imagine j'ai plus peur de rien !!!
La tronche de la Meringue se décompose à cette idée ô combien angoissante, voyant effectivement là un signe incontournable de l'apocalypse...
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Atropine
Oh p'tain !

Vrai que la peur de rien d'une Eliance flipée par son ombre, serait plus qu'apocalyptique. Alors, la bouche Atropienne reste ouverte, et le regard fixe. Puis, un enchaînement de jurons que je ne peux décemment retranscrire ici. Et enfin, trois gorgées avalées.

Bein on va conjurer l'sort ! D'main j'bois pas et toi t'as peur d'rien !

On réfléchit cinq minutes et on se reprend.

Nan, pas d'main ! D'main c'est lendemain de cuite, faut pas arrêter brusquement. Plutôt ... Après d'main ?!

De toutes façon, après demain sera aussi un lendemain de cuite et elles auront surement oublier l'enjeu de la proposition. Mais la brune se lève en sursaut et sort aussi vite. C'est qu'après avoir ingurgité autant de baquets de bière la demie portion a sa demie vessie qui est sur le point d'exploser.
Au retours, elle titube et se rassoit à sa place.


J'crois qu'j'ai vu Alix d'hors ... J'l'ai app'lé mais du coup, si c'tait pas elle, j'vais avoir l'air con. Tiens ! Qu'j'ai l'air con, ça aussi, ce s'ra un signe de l'application !
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Eliance
Elle ne voit pas le départ furtif d'une Atro pisseuse. Elle est trop occupée à regarder les bulles remonter à la surface de sa bière. Et puis ses paupières clignent tellement lentement qu'elle est capable d'avoir fermé les yeux pendant les quelques minutes où la Teigne est partie vider sa panse. Alors elle comprend pas trop où elle a pu voir Alix. Faut dire qu'elle cherche pas trop à comprendre. La cervelle ménudiérienne mouline dans le vide. Ou ne mouline plus du tout. Au choix.

Une chose est sûre, c'est que même si elles se souviennent un jour de cette soirée, de cette conversation, jamais au grand jamais, elles ne tenteront de conjurer le sort de l'apocalypse. Parce que par définition, une Atro qui ne boit pas n'est plus une Atro. Une Eliance qui ne flippe pas n'est plus une Eliance. Et puis c'est physiquement et mathématiquement impossible, leur truc.


Hmmm...

Une sorte de grognement ponctue le nouveau signe apocalyptique trouvé par la mini-portion bourrée. Et même si ça se voit pas au premier coup d’œil, la roussi-blondasse a renfourché la réflexion. Est-ce qu'elle a jamais vu Atro passer pour une couillonne ? C'est tellement improbable que ça ne soit jamais arrivé qu'elle tente de trouver un souvenir, ne serait-ce qu'un seul. Et le nez se fronce, comme si toute l'énergie de la réflexion se concentrait dedans.

P'tain... t'as raison, j'ai beau chercher... j'trouve pas...
J't'ai d'jà vu mentir, être d'mauvaise foi, brailler en expulsant mon fillot... mais jamais, j't'ai vu passer pour une truffe.


Le nez ménudiériennement bourré se relève vers la bouille atropienne tout aussi fraîche.

Ça va pas du tout ! Faut changer ça !
Tu vas passer pour une conne... maintenant !
Allé ! J'te regarde !


Avec un brin de jugeote supplémentaire, Eliance se serait souvenu de leur sacré numéro d'encouragement pour Mike. Et là, elle aurait su qu'elle a déjà vu Atro ridiculement conne.
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Atropine
Nouvelle rasade façon alcoolique. Et le regard bovin se pose sur la rouquine.

J'peux pas Eliance ... C'pas possib' ...

Et de hausser les épaules comme déçue par cet état de faits. Elle ne pouvait pas passer pour une cruche, c'était impossible. Elle était belle, intelligente, belle, douée avec une lame ou un arc, belle, inoubliable sous les draps, et belle. Enfin dans sa tête au moins. Donc, un être aussi parfait ne pouvait échouer ou se révéler lamentable.

M'enfin, p'tet que toi tu pourrais arrêter d'l'être ... Ça, ça conjuguerait le sort ...

Alors non, elle ne voulait surement pas dire conjuguerait ... Mais bon, élocution d'ivrogne, que voulez vous ?

Où alors ça précipiterait l'approximation !

Encore une erreur de choix de son vocabulaire. Quoi que, peut on réellement parler d'un choix lorsque notre haleine pourrait enivrer n'importe qu'elle abstinent du coin ?
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