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Ab Ira Leonis

Eavan

Arles est une cité carrefour. Au sud Mare Nostrum, à l'ouest le Languedoc, sitôt que le Rhône est passé, au nord la route, provençale, jusqu'à Avignon, siège du Marquisat, d'abord et plus au nord, jusqu'au sud de Montélimar et puis de là, le Lyonnais-Dauphiné et à l'est, la route provençale vers le siège du Comté : le castel d'Aix.
Une ville, deux portes, car la route du nord est aussi celle de l'est. Et quelque part, aux alentours des remparts, pas trop près du Rhône pour ne pas prendre l'humidité, plutôt au nord de la ville, proche du chemin précédant les portes arlésiennes, un oriflamme.

Un oriflamme et quelques étendards. Et plus bas encore, quelques tentes.
Entre oriflamme et étendards, c'est une armée de lions qui se dresse pour protéger la cité. Le fier lion provençal, de gueules sur fond or, qui rappelle à tous que le présent campement est celui d'une armée provençale. Et les lions des étendards ... Le lion argent sur fond sable, bordé d'azur, de la famille Gaelig, le lion sable sur fond d'or, surmonté d'un lambel de gueules, couleurs de Rians, et le lion sable sur fond d'or, tenant entre ses pattes un ovale de gueules chargé d'un lion d'or, couleurs de Salon de Provence. Foultitude de lions donc.

Des tentes, il en est une qui est assurément celle de commandement. Plus spacieuse. Et centrale. Proche, un feu de camp régulièrement entretenu et aux abords, des braseros, sources de chaleur comme de lumière lors des gardes nocturnes.

Eavan prenait un repas frugal à base d'un bouillon de mais accompagné de pain et arrosé d'eau. Un tel régime était soit monacal, soit martial. Il s'agissait là de la seconde option. La vicomtesse partageait son dîner avec Felipe. L'homme la suivait depuis 7 longues années. Le salonais était entré à son service lorsque la Gaelig avait été anoblie baronne de Salon de Provence, par la Comtesse Illustre Azraelle ... en 1456. Felipe était fidèle, loyal et il avait apprit à transgresser discrètement la limite qui séparait le service de l'amitié. Eavan aurait pu le considérer comme un frère, et il le savait, s'il n'y avait pas eu la différence de rang. Et parfois, le rang s’effaçait un peu. Il y avait aussi au campement Gregori, le riansais. Garde recruté par Cassandre de Zyelinski en personne alors qu'il était Comte de Rians. Gregori n'était pas peu fier de ce fait là qui avait au mois valeur de fait d'armes héroïque tant l'exigence de Lordcassandre était devenue légendaire sur les terres de l'ancien comté. Eavan savait que si elle n'avait pas été vassale de Rians avant d'en hériter à la mort de sa cousine, les gens de là bas ne l'auraient jamais réellement acceptée. Entre Cassandre, sa femme Lucillus et leur fille Marianne, Rians pouvait se targuer d'avoir été un fief mené le plus intelligemment et géré de manière exemplaire. Etre à la hauteur était un défi sans cesse renouvelé. Tous les trois, la vicomtesse, son valet et son garde, alternaient l'exercice de leur vigilance afin d'assurer une garde constante. Et la vicomtesse se tenait prête à lancer le branle bas de combat à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit ...
Tandis qu'elle se restaurait, la Gaelig tâchait de se remémorer depuis quand elle occupait ce carré de terrain à l'extérieur des murs ... Aout dernier, si ses souvenirs étaient bons. Aout 1462. C'était depuis cette date qu'elle n'avait pas dormi dans un lit confortable. Un regard vers les frais remparts arlésiens. Sa maison n'était pourtant pas loin. Un regard vers l'est, son castel salonais non plus. Léger sourire un brin désabusé.

Le regard revint vers sa tente. Et le sourire changea. Perdue dans ses pensées, la vicomtesse laissa ses traits s'adoucir. Le souvenir de ce qu'il s'était passé dans sous cette tente il y a peu lui tirait toujours une expression simple de satisfaction. Il s'était passé 8 longues années. Il avait fallut 8 longues années pour que cela arrive ...

Raclement de gorge de Felipe. Le geste était discret mais sans appel. Et le regard vicomtal alla aussitôt au salonais, interrogateur.


Nous n'avons pas parlé de ce qu'il s'est passé, commença le salonais en la regardant bien droit dans les yeux.

Devrions nous ?

Je ne sais pas, à vous de me le dire.

Felipe semblait tenter de savoir quelque chose. Oh il savait déjà ce qui s'était passé. Eavan le savait. Et le salonais savait bien qu'elle le savait. Alors inutile de s’emmêler davantage les pinceaux. Mais la Gaelig avait conscience du côté inhabituel de l'évènement. Et elle laissa le bénéfice du doute à son valet. Sa simple intervention dépassait les bornes de ses prérogatives mais à quoi bon le sanctionner.


Je ne ressens pas l'envie d'en parler avec toi.

Et le besoin ?

Eavan sut discerner l'inquiétude. C'était donc cela. Le salonais s'inquiétait pour elle. Il s'inquiétait toujours et c'est pour cela qu'elle lui laissait toujours, enfin le plus souvent, le temps d'y arriver. Les dernières semaines n'avaient pas épargnés la Gaelig. L'annonce du décès de sa filleule l'avait abattue. Et quelques mois plus tôt, durant l'hiver, c'était son corps qui avait flanché. Ses gens avaient vécus plusieurs semaines dans la peur avec interdiction formelle d'en parler à qui que ce soit. Elle ne pouvait guère blâmer Felipe, toujours aux premières loges, en première ligne, d'être le premier inquiet. A lui, elle ne parvenait pas à tout lui cacher. Lui savait.
Si quelqu'un voulait se renseigner sur Eavan, c'était l'homme qu'il fallait. Au détail près que sobre il ne révèlerait aucune information.


Non plus.

Felipe resta une poignée de secondes à la fixer. Puis il eut un très léger sourire avant de retourner à son bouillon. Un petit silence plus tard et il ajouta simplement.


Si cela se sait ...

Je sais, Felipe. Je ne sais que trop bien.


Le panier de crabes ... Elle savait oui. Elle avait été, était, ou serait de toute façon trop grande gueule pour qu'une telle chose se soit pas utilisée contre elle si cela s'apprenait. Le tout était donc, que cela ne s'apprenne pas. Enfin, pour l'instant, ils étaient, en tout et pour tout, 4 à être au courant. La Gaelig pouvait encore espérer conserver un peu de discrétion.
Léger sourire doux ...
Avant de se souvenir qu'il lui faudrait mettre une personne dans la confidence ... Mais qui ? C'est que choisir un confesseur ne se faisait pas au hasard ... Et Drak et Rehael n'étant plus là ... La vicomtesse était à court ... Historis ? Nan .. Trop loin ... Eavan ignorait qui saurait être réellement discret. Après tout, elle avait pu observer que Rome était somme toute un lieu de pouvoir comme un autre, avec ses détournements divers et ses négociations sous soutane et bure. Alors qui ? Tiens c'était une question qui saurait bien l'occuper au moins le temps de sa garde de cette nuit.

Parce que ce n'était pas avec l'action proposée par le Comté de Provence qu'Eavan parvenait à rester éveillée durant ses gardes ...



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Eavan
Les yeux rivés dans le vide, quelque part entre le ici, et l'ailleurs, la vicomtesse cherchait les bribes de ses pensées. L'exercice était plus délicat qu'elle n'aurait pu le songer. Elle était attablée, fesses sur un siège de bois et coudes sur une table simple mais robuste, sous la tente de commandement qui était aussi la sienne.

Mais si, sur la gauche, il y avait un coin de la tente isolé du reste par une toile et un drap brodé aux couleurs de la famille Gaelig servait de "porte". Dans ce coin là, il y avait une couche : de la paille surmontée d'une bonne quantité de peaux qui formaient, somme toute, une sorte de matelas confortable. Ce n'était pas de la plume, pas comme dans la maison de la vicomtesse qui n'était même pas à quelques centaines de mètres de là, mais cela faisait l'affaire. Il y avait également le nécessaire d'hygiène : le seau d'eau propre et le pot de chambre, un baquet était dans un coin, prêt à être remplit en cas de besoin et un coffre avec quelques effets achevait la décoration.
Mais alors que la nuit avancait, Eavan n'était pas dans ses "appartements" mais bien dans la partie la plus spacieuse de la tente. La table lui servait de bureau, tout autant que de support pour les cartes qui pouvaient de dérouler de tout leur long, à loisir. Après tout, c'était une tente de commandement, il fallait bien de la place pour discuter stratégie et décider des manoeuvres.
Quand il y en avait, des manoeuvres.
Pour l'instant c'était donc un bureau pour la vicomtesse. Le plume était dans l'encrier depuis de longues minutes, et ce après avoir bêtement séchée à l'air libre et goutté un peu d'encre sur quelques parchemins de moindre importance. La Gaelig était rarement à court d'inspiration lorsqu'il s'agissait de rédiger. Mais voilà qu'elle était prise en défaut.


Citation:

Moi, Eavan Gaelig, à l'heure où j'écris ces lignes, je suis saine de corps et d'esprit,

Qu'il soit su *barré*

Car nul *barré*

Je *barré*


Etait ce donc si compliqué de rédiger son testament ?
Comment commencer ? Le plus simple ? Etait ce donc tout bonjour, ça a truc, ça a machin, bonne journée au revoir ?

L'esprit militaire d'Eavan aurait pu s'en satisfaire. Mais tout de même, cela ne manquait il pas d'un peu de panache ? La Gaelig eut un sourire, il y avait pourtant un temps où elle en avait eu, du panache, du moins par la plume. Ah que l'on avait rit lors des joutes oratoires. Ou encore cette fois là où des sortes de pirates à la langue bien pendue étaient venu jouer à qui l'avait la plus longue, de langue bien sûr, en mettant au défi les arlésiens de leur rendre leurs vers.
Léger rire de la vicomtesse.
Ah il était loin le temps où certaines choses pouvaient se monnayer en vers ou en prose poétique. Quelques instants de plus passèrent et la Gaelig se décida à ranger ce parchemin. Cela devrait attendre plus tard, l'amie muse n'était pas avec elle.

Sourire songeur.
Un toussotement dernière la toile de tente, venant de l'extérieur.


Oui ?

Reprendre un peu de son sérieux et ramener son esprit au présent.

Entrez.

Grégori, le garde riansais se glissa, avec une brève hésitation, entre les pans de toile, avant de s'avancer un peu.

Vicomtessa, ma ronde est terminée. Rien à signaler pour l'instant.

Ah, il était donc si tard.


Parfait, vas te reposer, je prends la relève.

Et Eavan de se lever, un peu fatiguée. Quelle idée aussi de se mettre à l'ouvrage sur un testament alors que le jour est déjà couché ... D'un geste presque réflexe, la vicomtesse attrapa son ceinturon et le ceignit avant de relever la tête vers le garde, avec le regard concentré de quelqu'un qui vient de penser à quelque chose.


Gregori, des réponses à mes courriers ?

Aucun Vicomtessa.

Merci. Tu peux disposer.

Le riansais amorça un demi tour avant d'hésiter puis de finalement se retourner tandis qu'Eavan buvait quelques gorgées d'eau, espérant se réveiller un peu avant d'affronter son tour de garde.

Je peux vous accompagner dans votre garde ? Je n'ai pas sommeil.

Grégori mentait mal. Et Eavan faillit le lui faire remarquer du tac au tac. Mais alors qu'elle prenait une bonne inspiration, histoire de faire bien la chose, elle s'arrêta. La Gaelig réfléchit un instant à la proposition et finit par sourire légèrement. Bon, le regard qu'elle lui renvoya disait clairement qu'ils savaient bien tous les deux qu'ils étaient tous les deux autant en besoin de sommeil l'un que l'autre. Mais le sourire disait aussi qu'elle admettait sa part de fatigue.

Avec plaisir. Et tu pourras en profiter pour me parler de cette histoire de source qu'il y aurait au nord est de Rians. J'ai entendu des gens du pays raconter des histoires mais je ne sais que croire dans l'affaire.

Gregori opina, visiblement soulagé de recevoir cet accueil là plutôt qu'un autre et le duo sortit de la tente pour se diriger vers les postes de gardes en discutant d'une obscure histoire de source qui aurait jaillit entre deux rocs dans les contreforts du nord du fief riansais. Eavan avait ouïe dire qu'il y avait un contentieux quant à l'appartenance de la source et à l'usage qui devait en être fait.
Et le sujet les occuperait bien jusqu'à la fin de leur garde. Assurément.

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Kachina
Elle n'avait pas pu résister. Souvenir d'un autre temps quand ils pensaient pouvoir éternellement veiller sur la Bourgogne. Avant que ne se baisse l'étendard rouge, il avait claqué au vent, insolent et arrogant.
Elle avait aimé ça. Adoré même.
Les voir si fiers, occupés au campement. Les 4 G et Apollina la Belle. L'arrivée remarquée du Sanguinaire, tout lui revenait à cet instant là. La tente du commandement, visible et imposante, et la sienne plus intime et discrète. Et un Bossu appuyé sur sa canne . Arka et Max, Azure et Bart.
Jusqu'au silence qui avait suivi la descente de l'étendard.

Elle n'avait pas pu résister à s'approcher. Curiosité toute féminine, à vouloir découvrir la façon dont étaient disposées les tentes, à regarder ces lions sur ces gonfalons. Tenter de deviner où seraient entreposées les armes, les victuailles. Compter le nombre de chevaux, de chariots.

Elle avait appris par Adrian que c'était une femme qui menait tout ça. Kachi imagina un instant tout ce que ça pouvait impliquer de soirées solitaires à attendre que là bas dans un lointain château on ordonne les roulements de tambour.

Si vis pacem, para bellum * Etrange devise qui ici sur cette terre de Provence aux allures si paisibles prenait toute sa valeur.


- Oh là , tout doux !

Sa voix brisa le calme du lieu, accompagnée de l'éternel claquement de langue . Et le cheval aussitôt ralentit son pas, alors qu'ils atteignaient les abords proches du camp militaire.
A la lueur vacillante des torches allumées aux remparts, elle devina au loin deux silhouettes se découpant dans le soir qui tombait. C'était l'heure entre chien et loup où le jour rechignait encore à céder à la nuit.
La Louve reconnut parmi ces deux ombres qui marchaient côte à côte, la vicomtesse croisée en ville le jour même. La maitresse en quelque sorte de ce campement.

La longe fut tirée pour guider l'étalon vers l'entrée. A sa cuisse , le contact rassurant de son épée lui offrit ce qu'il fallait d'audace pour se rapprocher encore.

Elle était là, sens en alerte, attendant la suite. Qui la remarquerait en premier ? La renverrait-on sous la menace des lances ou aurait-elle la chance qu'on l'invite à visiter l'endroit ?


Elle resta là, immobile, cuisses enserrant les flancs chauds du cheval, silencieuse et attentive au moindre mouvement.



* « Ainsi, celui qui désire la paix devrait préparer la guerre. Celui qui désire la victoire devrait entraîner soigneusement ses soldats. Celui qui désire des résultats favorables devrait combattre en se fiant à ses habiletés et non à la chance. »

— Végèce, Epitoma Rei Militaris

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(Merci à Jd Axelle pour la bannière)
Felipe
Le salonais était du genre calme. Heureusement d'ailleurs. Il serait devenu fou autrement. Rester à longueur de temps à de rares exceptions entre les quelques tentes de ce campement ... Il avait de quoi devenir fou. Et la vicomtesse s'infligeait ça depuis l'été précédent alors qu'elle faisait en sorte que ses gens ne restent jamais plus de deux semaines de suite au campement et se relaient pour lui tenir compagnie. Et assurer sa sécurité.

Pff ... Assurer la sécurité d'Eavan Gaelig. Mon oeil. La chose était impossible. Cette femme là avait un don véritable pour se mettre en danger. C'est ce dont Felipe était convaincu. Alors autant faire de son mieux en sachant bien que cela ne servirait pas à grand chose.

Au moins, depuis quelques temps, la vicomtesse avait elle reprit le chemin de la ville. Elle allait même en taverne. Après des mois d'isolement, il était temps.

Mine de rien il jetait des coups d'oeil fréquents à sa "maitresse". Elle discutait avec Gregori. La gestion de ses fiefs donnait toujours du soucis à la vicomtesse, selon l'avis de Felipe. Et elle acceptait de surcroit les régences d'autres fiefs. Il fallait vraiment qu'elle apprenne à dire non.
L'homme était assis sur un rocher. Un des quelques qui parsemaient le campement. Il fut tiré de ses pensées par le bruit familier des sabots d'un cheval. Et aux abords du campement il distingua un.. non une cavalière. La luminosité ne permettait pas de distinguer ses traits. le salonais posa la main sur le manche de son épée et se leva sans violence.


Qui va là ? Qu'est ce qui vous amène ?


Le ton n'était pas sec. Les visites étaient trop rares pour que l'accueil soit glacial. Cependant Felipe savait se montrer prudent. Et il était sur, de surcroit, d'avoir parlé suffisamment fort pour que l'attention de la vicomtesse soit attirée.

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Felipe
Ombre officielle de la Vicomtesse de Salon de Provence
Kachina
Elle avait vite été remarquée. Preuve que le campement était bien gardé. Aucune trace d'animosité dans la voix de celui qui l'interpellait. L'homme faisait juste son boulot, c'est tout.

Elle attendit un instant pour lui répondre. Louve joueuse qui s'amusait de l'incertitude dans laquelle devait être plongé le soldat. Un léger sourire narquois vint s'afficher sur sa frimousse, alors qu'elle se penchait pour caresser la crinière de l'étalon noir en lui parlant doucement .



Tous les campements militaires se ressemblaient. Tentes parsemées avec au centre la tente de commandement. Des braseros et leur odeur de bois brulé, mêlé au parfum des ragouts qu'on y faisait cuire parfois.
Il suffisait d'un coup d'oeil pour deviner l'ambiance. Une agitation fébrile de chacun impliquait que l'armée était sur son pied de guerre. Chevaux dont on vérifiait les fers, lames qu'on aiguisait soigneusement. Victuailles chargées dans des chariottes, ordres lancés à la hâte.

Ici, l'atmosphère respirait le calme, voir l'ennui. L'impatience devait s'emparer de bien des soldats avides d'en découdre. La capitaine, elle rêvait-elle de victorieuses batailles où elle s'illustrerait ou au contraire priait-elle pour que la Provence reste sereine et paisible ?

Levant son visage vers l'homme qui venait de l'interpeller, elle se présenta enfin , lassée de le faire attendre :


- Je suis Kachina ! J'ai croisé la vicomtesse en ville et je lui ai promis une visite à son camp.
Veuillez me faire entrer, je vous prie !


Et sans façon, elle poussa du talon le flanc de Fantoche pour l'emmener jusqu'à l'entrée.
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(Merci à Jd Axelle pour la bannière)
Eavan
Felipe haussait la voix. De la visite ? La vicomtesse eut un regard pour Gregori et ils prirent la direction de l'entrée du campement.

Là, Eavan, d'abord méfiante car il était mal aisé de savoir à qui l'on avait affaire, sentit finalement un sourire apparaitre sur son visage. C'est que la demoiselle ne manquait pas de culot. S'approchant encore, la vicomtesse arriva juste à temps pour éviter à Felipe de répondre.
Au regard, elle devina, parce qu'elle connaissait bien le bougre, que la cavalière avait une manière de dire les choses qui ne lui convenait pas. Aussi Eavan lui fit signe qu'il pouvait disposer et alla au devant de celle qui lui rendait visite.


Rebonjour Kachina. Je vous en prie, entrez.

Léger sourire toujours amusé.


Vous devriez laisser votre monture aux bons soins de .. Gregori.


Non Felipe n'avait pas apprécié le contact alors autant ne pas prolonger la torture. Et le riansais à l'appel de son nom s'avanca un peu, signalant de ce fait qu'il était disposé à s'occuper du cheval de la cavalière.


Le campement n'est pas très étendu.
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Kachina
- Fantoche n'obéit qu'à moi !

Elle répondit d'une voix douce mais ferme. Personne ne toucherait à l'étalon noir.
Peut-être , si elle en avait l'occasion, conterait t-elle un jour à Eavan, ces journées à apprivoiser l'étalon, là bas du côté de Saumur en pleine guerre d'Anjou.
Elle avait refusé , alors d ' abandonner la monture d'un homme follement aimé, que la Faucheuse venait de lui ravir. Il lui avait fallu séduire le cheval , perdu lui aussi sans son cavalier.

En attendant, la Brune se laissa glisser à terre, gardant la longe dans sa main gauche. Le regard étiré en amandes signifia à l'homme qu'il n'avait pas intérêt à venir porter la main sur Fantoche.
Mais très vite , ses lèvres se fendirent d'un sourire quand elle s'adressa à la chef d'armée.


- Bonjour Eavan ! Voyez j'ai répondu à votre invitation !
Votre campement semble bien organisé ! Il est calme. Bien trop calme, non ?


Elle restait là, appliquée à rester à sa place mais follement impatiente de parcourir le campement. Déjà l'étalon lui poussait le dos du museau, avide de reprendre leur ballade du soir.
Mais elle n'y prenait garde, revivant en pensées ces soirs passés lorsqu'elle suivait une armée. Les odeurs familières et le mobilier sommaire qu'elle devinait derrière les toiles de tente. Une table, une malle, une paillasse dans un coin où on se laissait tomber fourbu à la nuit noire. Une cuvette, un seau, quelques effets et des cartes qu'on étalait pour des stratégies de combat.
L'attente parfois insupportable, du jour où serait décidé un assaut. Instants fébriles où commencerait la danse avec la Camarde.
Trois chefs d'armée l'avaient jadis menée au son du cor. Thoros, Guilhem et Boulvay. Trois hommes qu'elle avait suivis, docile et en toute confiance. Mais jamais elle n'avait obéi à une femme capitaine.


La lourde natte sombre vint battre son épaule quand son regard revint accrocher celui de la Vicomtesse. Que pouvait ressentir une femme à diriger des hommes , les mener au combat ? Elle enchaina d'une voix mi-fière, mi-nostalgique :

- J'ai plusieurs fois fait partie d'une armée !

Qu'est ce que la dernière l'avait rendue fière. L'étendard était si familier. Si désiré.

Elle osa quelque pas, n'y tenant plus,regard toujours rivé à Eavan, avant d'ajouter :


- La dernière fois, c'était en Champagne. On faisait peur. Il aurait fallu désavouer certains des nôtres. Au final nous avons brulé l'étendard.

Que ça lui paraissait loin, tout ça...Avait-elle aujourd'hui encore envie de ça ? Serait-elle toujours habile à trancher les chairs de sa rapière ? Elle laissa là ses pensées pour questionner son hôtesse :

- Qu'est ce qui vous a poussé à devenir chef d'armée , Eavan ? L'ennui ou l'envie ?

Allez savoir pourquoi, l'histoire de cette femme qui marchait à ses côtés intéressait la Louve.
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(Merci à Jd Axelle pour la bannière)
Eavan
Du culot ... Et du caractère.
La vicomtesse eut un sourire sincère. Un regard à Grégori, non, il ne s'y risquerait pas. Eavan eut un léger mouvement, il pouvait disposer. Elle le sentit hésitant, sans doute qu'il craignait pour sa sécurité. Mais il s’exécuta, s'éloignant pour aller occuper un poste de garde. La Gaelig n'avait peut être pas de famille, mais elle avait des gens qui se comportaient souvent tout comme.


L'attention pleine et entière alla donc à Kachina. Pour dire vrai, Eavan ne s'attendait pas vraiment à sa visite. C'était là une agréable surprise. Des gens tenant leur verbe, cela se faisait rare. Très.
La première remarque fit suspecter à Eavan que la brune devait connaitre un peu la chose militaire. La vie de campagne. Le commun des mortels ne voyait généralement qu'un groupe de tentes. Léger sourire, aussi, à cette remarque bien placée.


Merci du compliment.

La capitaine était satisfaite que ce campement paraisse organisé. Mais il aurait été difficile qu'il en soit autrement avec un campement de moindre importance comme celui ci. Et puis la Gaelig avait une réputation de rigidité extrême. Il fallait bien tenir un peu de cette réputation. Le regard suivait celui de Kachina.

Bien trop calme oui. S'en est presque triste.

L'aveu s'accompagna d'un geste d'Eavan qui rattrapa une mèche brune, rebelle, pour la placer derrière son oreille. Geste badin mais inhabituelle pour la vicomtesse, qui trahissait le fait que la question avait touché. Très bien même.

Fantoche poussait un peu, parfaite diversion pour les pensées de la Gaelig. Cela rappelait Calabrun à Eavan. Le destrier coulait une retraite heureuse mais qu'avait il pu être impulsif et va-t-en-guerre dans sa jeunesse ... Un peu comme la Gaelig, de fait.
Le regard se posa sur elle. Et elle revint sur son interlocutrice, les prunelles d'un marron se teintant de vert accrochant celles de Kachina. Le ton, la phrase, tout tira un sourire doux sur les lèvres d'Eavan. La vicomtesse pouvait comprendre. Et elle avait la conviction qu'ils n'étaient pas nombreux à se comprendre entre gens d'armes. Entre gens de combats. La Gaelig aurait pu dire que l'apprendre ne la surprenait pas, mais elle préféra le silence et laisser la parole à Kachina. Il y avait sans doute mille histoires à conter.
Et Eavan suivit le mouvement imprimé, l'armure en jouant émit quelques grincements caractéristiques et le bas de la cape aux couleurs de sa famille, de sable au lion d'argent au centre et bordé d'azur, joua un peu avec le vent. Elle ajouta quelques pas aux premiers, la main senestre posée sur le pommeau de l'épée, au repos et par habitude. L'invite était bien là et elle aimait l'idée de discuter en déambulant. Après tout la brune était venu pour voir le campement, sans doute. Et peut être aussi un peu la vicomtesse, qui sait ?

Les souvenirs de la brune et sa manière de les narrer en disait long. Et plus cela allait, plus la Gaelig l'appréciait franchement. Eavan appréciait le courage qu'il fallait pour renoncer à quelque chose de cher. L'étendard en était, elle en était certaine.

Et puis, il y eut la question. Eavan se demandait un peu ce que les souvenirs avaient pu remuer chez son interlocutrice. Mais elle ne l'interrogerait pas. Elle ne se permettrait pas, sans doute. Et de toute façon, c'était à son tour de s'offrir un peu à la curiosité de Kachina. La réponse ne fut pas immédiate, parce que la question n'était pas badine et qu'Eavan préférait bien répondre.
Finalement, un sourire étira le lèvres de la vicomtesse, elle venait de trouver comment commencer sa réponse.


L'amour ... pour la Provence.

Sourire, regard amusé pour savoir si cela pique la curiosité, si cela surprend.

L'envie de protéger ces terres. Et par là j'entends ceux qui y vivent.

Le regard d'Eavan se détachait de son interlocutrice pour se poser sur les remparts arlésiens et les parcourir, avant de revenir vers la brune.

Je sais me battre. Et je pense le faire bien. Moi aussi j'ai été dans les rangs de plusieurs armées, pour diverses raisons, diverses causes.


Et le regard de repartir vers le campement. Il y avait la nostalgie et la fierté, et peut être aussi un peu de lassitude ou de fatalisme dans la voix. Eavan n'était pas sûre de le savoir elle même.

J'ai commandé aussi. Des lances surtout. Des armées, parfois.

Je ne sais pas si tout les conflits auxquels j'ai participé, pour lesquels j'ai mené des soldats sur le champ de bataille et pour lesquels eux et moi avons saigné, étaient justifiés. Mais je sais que défendre son foyer l'est. La Provence c'est mon foyer. Alors je le défends.


Léger sourire.


Même si pour l'instant, cela signifie veiller et attendre. Même si pour l'instant la Provence n'a pas besoin de mon armée. Le jour où elle en aura besoin, moi, je serais prête.
Et à défaut d'animer ce campement et de tromper mon ennui, cela me motive à poursuivre cette veille.


Rire doucement, amusée de sa propre spontanéité. De sa propre franchise.


Vous devez me trouver vaine ...
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Kachina
- Vaine ? Pas du tout !

Elle ralentit un peu le pas, oubliant un instant le campement, l'âme en partance vers une contrée tant aimée avant d'expliquer à Eavan :

-Je n'ai plus de terre à défendre aujourd'hui, même si j'apprends chaque jour à aimer la Provence. Mais je suis fille des Comminges et j'ai veillé bien des nuits sur les remparts pour que ma ville Saint Bertrand , reste libre. J'ai été bourgmestre, organisé une défense civile. Nous avons un jour repoussé l'assaut d'une horde de Vénitiens pendant presque une semaine, les regardant au final repartir la queue basse !

Elle racontait, le fier rocher et sa réputation à l'époque de village imprenable. Elle revoyait les monts d'Armagnac et les visages aujourd'hui disparus. Joran, Toucoule et tant d'autres. Elle ne parla pas de la plongée en eaux troubles, du retour au pays pour enterrer l'Essentiel. Et de la renaissance , de cette armée avortée, du décrêt maudit et injuste qui les rendait indésirables, les poussant à quitter le village tant aimé. Il leur aurait fallu à toutes les deux bien trop de temps.

Le regard vert détailla un instant songeur le visage de la capitaine. Qui avait-il vraiment derrière cette armure ? Quelle femme , quelles blessures ? quels regrets, quels souvenirs éblouissants, inaltérables ? La Louve se surpris à vouloir connaitre mieux celle qui marchait à ses côtés. Sans trop savoir pourquoi. Juste comme ça.Certaines sympathies sont innées et ne s'expliquent pas.
Et Kachi fonctionnait à l'instinct. Elle poursuivit dans un sourire mi tendre , mi moqueur :


- L'amour d'une terre , implique obligatoirement d'autres amours. Vous le savez bien !

Elle aurait eu bien d'autres questions.
Est ce qu'un homme parfois faisait rendre grâce à la guerrière au plus noir de la nuit ?
Est ce qu'un enfant s'était accroché à ses seins, la rendant douce et tendre ?
La démarche assurée, l'allure fière et l'habit de combat ne parvenaient pas à cacher la féminité d'Eavan.
Donner la vie, la prendre, une femme pouvait faire. La Louve se souvenait encore du regard étonné de cette première victime, du côté de Toulouse , quand ils donnaient l'assaut à un château de pierres roses. La lame qui s'enfonce et l'odeur de la peur et du sang, ce corps étranger , si proche. Etreinte funeste et ultime.....Et la puissance ressentie à cet instant. Suivie bien plus tard de l'amertume et des remords qu'on refoule au plus profond.


Elle ne demanda rien de tout ça, laissant entre elles le silence s'installer un instant. Ses prunelles détaillaient chaque recoin du campement, cherchant vainement une faille. Rien ne semblait avoir été laissé au hasard , la Vicomtesse se révèlait efficace dans son rôle de chef d'armée. L'oeil aguerri de la Louve cherchait sans le trouver une erreur, une éventuelle marque de faiblesse.
Mais rien.


- Une femme ne peut vivre que de ça. L'attente...Dites moi que vous avez d'autres rêves Eavan.

Tenant toujours les renes de l'étalon, elle chercha de sa main libre la gourde accrochée à sa ceinture, la tendit sans façon à Eavan. Elles n'étaient pas dans une assemblée mondaine à jouer les dindes de salon. Eavan devait connaitre aussi bien qu'elle, le plaisir d'une gourde qu'on se passe. Et l'alccol fort qui vient réchauffer l'âme et les tripes. Elle se contenta d' un : Armagnac, vieilli en fût de chêne, 10 ans d'âge. Du bon ! Vous en voulez ?
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(Merci à Jd Axelle pour la bannière)
Eavan
Ces derniers temps Eavan se sentait lasse. Le poids de l'armure n'avait pas changé, ni même celui de la cape ... Peut être était ce donc les épaules qui changeaient, irrémédiablement. Peut être que d'autres choses, moins visibles que cape et armure venaient se poser comme un fardeau ... Ces derniers temps Eavan se sentait lasse et remplit de doutes. Que ressentait elle ? Que se passait il ? La Gaelig ne comprenait pas tout.

Par exemple, elle ne savait pas d'où lui venait la franchise avec laquelle elle avait tendance à parler ces temps ci. Particulièrement aux inconnus. A ceux susceptibles de passer plus que de rester. A ceux dont elle était moins susceptible de s'attacher. Peut être.
Deux ans en arrière ... Aurait elle été si relâchée ? Si laxiste ? Le terme n'était pas si fort. Elle faisait visiter un campement militaire à une presque inconnue. Et plutôt que de l'inquiéter, cela l'amusait et lui faisait du bien. Etait elle arrivée à un point où la solitude est trop pesante ? Le silence vieil ami se faisait il traître ? Où en était elle ? Mystère.

Ce dont elle était sûre, c'est que quelques années en arrière, il aurait fallut davantage pour qu'elle se dévoile. Oh ce n'était pas flagrant mais sur ces quelques pas, elle parlait sans détour, sans masque, sans vaine tentative de casser quoi que ce soit. Et son interlocutrice n'était pas dupe. Eavan le sentait bien.
Mais la vicomtesse ne fut pas refroidit, comme elle préférait se l'imaginer. Se préparer au pire et savoir apprécier le meilleur ? Philosophie parfois difficile à tenir. Mais cet instant le reflétait bien. Et la réponse que lui offrit Kachina l'adoucit énormément. Un sourire. Un soulagement sans doute palpable. Ne pas être jugée ? Fichtre que c'était doux. La conversation n'en serait que meilleure assurément.

Eavan n'avait plus vingt ans. N'en avait pas trente non plus. Mais la réputation qu'elle avait lui donnait parfois l'impression d'en avoir cinquante aux yeux des gens. Un truc de marbre, rigide et froid, dur et austère. Bonjour le tableau. Qu'avait il donc pu se produire ?

La vicomtesse écouta. Le discours faisait écho. Echo de batailles mais aussi écho de rires, écho de fierté. Et la Gaelig opinait doucement. Elle savait ce sentiment de donner tout, tout pour tenir. Elle savait cette lutte difficile ... Pouvait elle dire que ses meilleures années étaient celles des luttes pour l'indépendance ? De l'insolence ? De l'orgueil provençal ? Eavan connaissait bien la réponse et son regard s'éclaira d'une petite lueur, pâle reflet de ce qu'était le brasier de l'époque. La guerre en Provence, les guerres en Provence ... Cela occupait des livres entiers, alors il valait mieux ne pas lancer le sujet, la source aurait été intarissable.

Il y eut un moment, que la vicomtesse qualifierait d'étrange, où Kachina la regarda. Peu le faisaient. Pas de cette manière en tout cas. Le rang rendait lisse à certaines familiarités. Et le rang rendait lisse à laisser des ouvertures. Mais l'ouverture était bien là. La franchise, la fraîcheur étrange de cette nostalgie partagée ... Eavan ne se formalisa pas. Chose rare. Elle s'en amusa. Pas une première, mais presque. Comme elle aurait pu s'amuser de la remarque de la brune ... Si seulement.
Cela dû se voir. Même un peu.
Ce sujet là était bien sensible. Et la vicomtesse dû un peu forcer le sourire pourtant sincère qu'elle offrit à Kachina en retour. Et elle souffla, que pour elles deux, peut être même uniquement pour elle-même.


Je le sais bien oui ...

Il y avait tout à la fois un subtil mélange de tristesse, de colère et de cette sorte de béatitude caractéristique. Oui, bien sûr qu'elle pensait aux hommes passés, ces lâches, ces goujats, ces ... Mais elle pensa aussi à son poète et le regard alla à sa tente sans qu'elle n'y prenne garde. Le sourire n'était plus pour la brune et se fit tendre et doux. Huit longues années. Sérieusement ? Quels gamins ils avaient fait tous les deux ... Deux adolescents qui n'osent pas, ne disent pas et ressentent pourtant. Sourire tendre, doux ... amoureux peut être.
Le regard de la Gaelig passait pour être dur, froid pensaient certains. A ce moment là, il n'en était rien. Le meilleur qualificatif eut été moelleux. Tendre, en somme. Il n'y avait pas la flamme dévorante des jeunes amours. Pour elle, ce n'était plus cela. C'était autre. C'était plus mature, peut être. Plus sage ? N'exagérons rien.

Les mots de Kachina la rappelèrent à leur conversation. Le sourire s'amusa de cette petite digression mentale. Mais avant qu'elle n'ait pu répondre une gourde apparut. Oh elle n'avait pas eu besoin de l'explication pour comprendre. Il est des gourdes qui ne trompent pas. Eavan eut un sourire éclatant et rieur. Sa gant alla chercher sa flasque. Amusée, elle prit la gourde et tendit la flasque à la place.
Avec la même absence de cérémonie et le même naturel. Le ton peut être un brin bravache.


Prune, 30 ans d'âge. Plus ou moins.

Non elle ne demanda pas si elle en voulait. C'eut été offensant, sans doute. Elle lui offrait la flasque, évidemment que quelqu'un qui boit de l'armagnac sait apprécier de l'eau de vie de prune ...
Ouvrir la gourde, humer un peu. Oh quelle odeur. A réveiller les morts et à tuer les vivants. Parfait. Et de prendre une gorgée brûlante tout autant qu'excellente. Se laisser embraser la bouche et la gorge.


Bien sûr que j'ai des rêves. Vous venez d'en rajouter un à ma liste d'ailleurs : aller en Comminges et dévaliser une cave d'armagnac.

Eavan éclata de rire. Et elle le pensait, c'était le pire.

Je rêve de voyages.

Et de redevenir plus sérieuse.


Je rêve de famille aussi.

Sourire doux.


Et vous ?

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Kachina
- Moi ?

Le sourire se fit rêveur un instant. Elle avait tellement voyagé, arpenté tant de chemins. Elle se surprenait parfois à rêver d'une terre à elle. A aimer et protèger comme avant. Tout en sachant au fond d'elle que l'appel de la route la reprendrait très vite.

- Mes rêves changent. J'ai longtemps eu un homme pour seul rêve. Il était mon Essentiel. Ensuite, j'ai rêvé de chevaucher entourée d'amis, au côté d'un homme aimé. J'ai perdu ce rêve , dans l'espoir vain de garder l' homme. J'ai cru en des foutaises, des toujours qui n'en n'étaient pas.
Je me suis mentie à moi même, bouché les yeux.
Aujourd' hui.......

Le sourire s'accentua pour se faire mi- tendre, mi- rieur, alors qu'elle plantait à nouveau ses amandes dans le regard d'Eavan.
Cette femme qui lui faisait face était un étrange mélange de force et fragilité. Elles auraient pu devenir amies.
Vraiment.
La Vicomtesse et ses titres, ce monde si étranger à Kachi qu'elle avait parfois cotoyé. Et puis , elle, la sauvageonne sans foi ni loi, défiant les bien pensants et les puissants à coups d'Irraison. Au final sous l'armure de la guerrière et la carapace invisible, dont se parait la Louve, ne restaient que deux femmes avec au coeur les mêmes envies......
Elle termina de formuler sa pensée :


- Aujourd'hui , je ne veux plus être que moi ! Ne plus suivre un homme , aveuglée par le désir ou autre sentiment qui vous rend faible.

Là encore, elle ne parlerait pas de ce serment échangé , ces mots galvaudés : "Je ne te quitterai jamais ! " . Elle avait changé ces derniers mois. En bien...
Elle ajouta pour finir avec ce sourire qu'ont les femmes quand elles parlent de leur enfant , alors que défilait en elle l'image d'un petit mioche rieur et vif au regard sombre :


- J'ai un fils ! Il a trois ans ! Il est beau !

Elle mêla son rire à celui d'Eavan. Il éclata dans l'air du soir, libérateur alors qu'elle lançait à sa comparse du moment :

- Dévaliser l'Armagnac, gaffe, c'est un de mes très vieux rêves, ça ! Je l'ai laissé en chemin, ne me le ravivez pas !


Et la prune vint couler dans sa gorge, brulant sa bouche et réchauffant son ventre. Echange de bons procédés. Etrange partage que cet instant là. Elle avait suivi son instinct qui la menait à cette femme, ne le regrettait aucunement.

Le museau de l'étalon vint cogner dans son dos, la ramenant à la réalité. Avec un nouveau sourire accompagné d'un regard de défi cette fois, elle tendit le bras, désigna la gourde de prune à la vicomtesse.


- Elle vaut le coup ! je la garde en souvenir !

Et sans façon, elle glissa la gourde à sa ceinture de cuir. Glissant le pied droit à l'étrier, elle enfourcha l'étalon et regarda Eavan.

Dans l'obscurité, le visage éclairé par les torchières de son hôtesse lui apparut comme celui d'une femme que la vie n'avait pas épargnée. Libre et fière. Généreuse aussi. Elle inclina la tête dans un salut , tout en contenant l'animal qui piaffait déjà d'impatience.


- Il se fait tard, je dois rentrer ! J'ai été ravie Eavan, vraiment.
Merci !


Et tournant bride, elle quitta le campement sans se presser, se retournant de temps en temps pour regarder s'éloigner la fière silhouette de la capitaine....
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(Merci à Jd Axelle pour la bannière)
Eavan
Eavan buvait. Non pas l'armagnac, une gorgée suffisait bien, elle devait retourner à des occupations sérieuses après, hors de question d'être ivre. Non, elle buvait les paroles. Et le regard glissait sur Kachina, trouvant mille raisons de s'accrocher quelques instants ci et quelques instant là. Le regard, le sourire, la posture ...

Ah Eavan aurait pu discuter longtemps des serments non tenus, des serments idiots. Elle même en faisait pas mal dans le genre. De ceux que l'on rêve de ne jamais quitter, de ceux a qui l'on a fait cette promesse. Parler du phénomène commun et pourtant sans cesse occulté de la mort. Tout ça ... Parler des départs plus volontaires et néanmoins tout aussi définitifs ... des engagements, des trahisons ...
Et la conclusion de Kachina laissa Eavan un brin pensive. Considérait elle l'amour comme un de ces autres sentiments qui rendent faible ? Y échappe-t-on vraiment ? Cesse-t-on jamais de le chercher ? Sous une de ses multiples formes, sans doute.

Révélation de maternité. Ah ce regard. Eavan glissa doucement en référence à la beauté du fils.


Toujours aux yeux de leur mère.


Léger sourire. Connaitrait-elle jamais ce sentiment là ? Prendre la vie elle savait faire ... Aider à donner la vie aussi ... Mais la donner ? Cela compenserait il d'une quelconque manière toutes celles qu'elle avait prise ? Une compensation était elle nécessaire ?
Sourire encore qui se teintait d'amusement alors que la discussion allait vers l'armagnac. Oh Eavan aurait été bien capable de proposer un rendez vous. Rendez vous dans les caves de l'Armagnac, vous et moi. Mais la vicomtesse se tut. Nul besoin de s'engager pour une chose dont elle savait bien que ce ne serait pas avant des lustres.

La Gaelig regarda bêtement un instant durant, Kachina mettre la prune à la ceinture. Ah c'était fort ça ! Et pas qu'en alcool ! Non de non ! Et de rire fraîchement.


Je garde la vôtre. Il va me falloir des réserves avant de mettre le nez dans une cave de là bas.


Echange de bon procédé. Elle l'aimait bien ce brin de brune. Liberté condensée dans cette fierté là. Liberté ou un peu de perdition ? Savait elle où aller ? La Gaelig tenait pour philosophie que la liberté réside dans le choix, mais pour choisir il faut savoir où mène la direction que l'on s'apprête à suivre ... La métaphysique serait elle aussi des sujets de conversation à aborder avec la visiteuse ? Ou allaient elles s'en tenir à l'armagnac ?
Kachina repartait. Le destrier était maître à bord, parfois, sans doute. Sourire doux d'Eavan.


Je vous retourne le compliment. Merci à vous de cette visite. A la prochaine, assurément.


Eavan se cala contre un arbre qui trainait là pour regarder s'éloigner la cavalière. Visite rapide. Visite agréable. C'était donc cela que d'échanger avec d'autres êtres humains, et autrement que pour débattre avec de nobles gens en de nobles assemblées traitant de nobles choses. Sourire moqueur. Parfois cela faisait foutrement du bien d'arrêter d'être vicomtesse cinq minutes pour être Eavan, simplement.

Vicomtessa ?

Ca n'aura pas duré bien longtemps. Profonde inspiration, remettant l'armagnac là où se trouvait la prune un peu plus tôt. Puis se tourner vers Gregori.

Oui ?

Des nouvelles de Franche Comté.


L'homme avait l'air grave. Eavan revint aussitôt dans les bottes de la capitaine, vicomtesse, maitre d'armes, ex générale, ex vidame, et écarta la fille de pêcheurs qu'elle était pour accorder toute son attention au riansais.

Apparemment ce soir il va y avoir de durs affrontements.


Gregori lui tendit un parchemin contenant quelques informations que la vicomtesse avait fait quérir de ci de là. Les armées engagées ... Bien sûr la Provence était neutre, mais il y avait des connaissances là haut, dans les deux camps d'ailleurs. Et puis un choc France-Empire ce n'était pas non plus tout les jours. Et ce qui arrivait là haut pouvait très bien rejaillir sur la Provence. Y aurait il une nouvelle guerre dans les champs de lavande et d'oliviers ? Eavan prierait pour que non.

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Eavan

Vingt cinq avril en fin d'après midi ...
Journée de merde.

Eavan revenait d'Aix. A ses cotés, Felipe gardait un oeil inquiet sur la vicomtesse. Celle ci n'avait pas lâché un mot depuis qu'elle était sortie de l'assemblée des nobles. Mais le regard n'était sans doute pas lié au silence.

"Faites quand même attention si vous montez à cheval". Voilà ce qu'un tavernier lui avait dit un peu plus tôt dans la journée en lui apportant une bière. La Gaelig ne s'était pas arrêtée à cette bière là. Cela faisait même un petit moment qu'elle n'avait pas eu si bonne descente. Et tout ça, avant d'aller à l'assemblée ... Et après avoir rendu son petit déjeuner. Oui oui, après.
Felipe s'inquiétait donc davantage de savoir si la vicomtesse n'allait pas glisser de sa selle plutôt que du fait qu'elle était d'une humeur massacrante.

Ils arrivèrent au campement. Ce dernier était encore plus silencieux qu'à l'accoutumée. Gregori n'avait que rarement vu la vicomtesse dans un tel état de nerfs. La nouvelle qu'elle avait reçu au matin l'avait totalement fait sortir de ses gonds.
D'un geste réflexe, la Gaelig arrêta Mistral et se pencha en avant pour mettre pied à terre. Aussitôt Felipe se précipita. Et cela agaça profondément Eavan qui ne se garda pas de le faire savoir.


Oh ça va ! Je sais encore descendre de cheval sans aide !


Il y avait encore quelques relents de la diction imprégnée d'alcool, mais ce n'était plus que quelques traces en comparaison de ce que cela avait été plus tôt.
Et avec la quantité d'eau qu'elle avait ingurgitée pour tamponner un peu l'alcool ... La Gaelig y voyait plus clair. Le salonais, lui, s'écarta pour laisser la place à la vicomtesse de descendre de sa selle et attendit pour s'occuper des chevaux. Sans un mot de remerciement ni un regard Eavan se dirigea vers sa tente. L'agacement avait ravivé un peu la colère, mais hors de question de pousser une gueulante en plein air. On aurait pu l'entendre aisément et la Gaelig n'avait pas besoin de rompre son devoir de réserve en plus de s'être donnée en spectacle face à ses pairs un peu plus tôt. Le pas était vif. Pas un mot non plus à Gregori qui tenta un mouvement vain pour faire son rapport. Déjà le pan de tente retombait derrière la vicomtesse. Et peu importait l'épaisseur de la toile, pour le riansais qui était juste derrière, tout fut bien audible.


Journée de merde ! Tu parle de noblesse ! Mon cul !


Gregori eut un mouvement net de surprise. Eavan énervée, d'accord. Eavan vulgaire ? Le pauvre n'était pas habitué. Un regard alla vers Felipe, plein de questionnements. Le salonais eut un signe de tête négatif, oh non, il valait mieux ne rien faire, ne rien dire, attendre que ça passe et prier pour que rien ne vienne se rajouter.
Et en fond d'échanges de regards fichtrement informatifs ...


C'est pas une guerre ça ... assassinat ! ... Quand ... réagir ? ...


Il y eut un peu de remue ménage dans la tente. Sans doute le ceinturon avait il était envoyé dans un coin avec un peu plus de force que d'habitude. Puis un coffre fut claqué.


... au dessus de tout ! ... vierge ... Sainte Nitouche ! ...

Il y eut quelques interjections incompréhensibles de plus et puis cela se calma. Au campement on n'entendit seulement le soupir de soulagement de Gregori qui alla vers Felipe, un peu sous le choc. Il n'avait pas été habitué à ça. Un petit silence s'installa. Puis le riansais se tourna vers le salonais.

Mais qu'est ce qui se passe ?

Felipe prit une profonde inspiration.


Cette nuit, le fils de la Reyne de France a attaqué l'armée de sa mère plutôt que de les soutenir face aux impériaux. Le général de France qui conduit cette armée est le filleul de la vicomtesse.

Un général français ? Son filleul ?


Il n'a pas toujours été général.


Léger sourire de Felipe. Et puis de redevenir sérieux.


La vicomtesse tolère très mal la trahison, sous toutes ses formes et plus encore sur un champ de bataille.


Gregori eu envie de répondre quelque chose mais préféra opiner silencieusement. Felipe, lui poursuivit plus bas.

Et une noble provençale fait partie des traîtres. Elle est intervenue à l'assemblée des nobles. Je ne t'en dirais pas plus mais tout ça a rendu malade la vicomtesse.

Vrai ?


La salonais opina gravement.


J'ai cru un instant qu'elle allait embrocher la comtesse de Saint Rémy sur place, sans aucune forme de procès. Ou alors qu'elle allait défaillir...


L'homme fut interrompu par un clair et haut : "Felipe !" provenant de la tente de la capitaine. Il s'excusa d'un regard et alla s'enquérir de ce que voulait la vicomtesse.

Eavan était assise sur son siège. Vidée. Cette journée l'avait totalement vidée. Le gout amer au fond de sa gorge n'avait rien à voir avec l'alcool. Et son dernier éclat de colère l'avait laissée plus calme, fatiguée. Les réactions de ses pairs ne lui laissaient guère d'espoirs quant à la droiture de la noblesse provençale. Tout était il donc perdu ? Jusqu'à la morale et l'honneur ? Soupir las.
Lorsque Felipe entra elle lui demanda de faire envoyer un pli à Namaycush. Quelque chose de sa main à lui et non de la sienne, quelque chose qu'elle ne scellerait pas, histoire qu'on ne vienne pas le lui reprocher derrière.


Dis lui simplement que j'espère que lui et sa fille vont bien, qu'ils sont saufs. Dis lui que mes prières l'accompagnent et que la meilleure réponse à donner à la vilenie et la traitrise est la droiture et l'honneur.

Autre chose ?

Apporte moi de l'eau. Et pardonne moi pour tout à l'heure, ma colère était mal dirigée.

Tout de suite vicomtessa.


Le salonais eut un sourire pour répondre à la seconde partie de la phrase. Un petit quelquechose de complaisant. Un peu comme à un enfant qui a piqué une crise. Et Eavan ne trouva rien à y redire. Lorsqu'il fut sortit, elle rejeta la tête en arrière pour observer le "plafond" de sa tente. Soupirer, encore.
Journée de merde.

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--Yueel_arystote
Le Doyen était resté un moment à l'Assemblée des Nobles après le départ de la vicomtesse. Il faut dire qu'il avait eu à faire tant les débats, une fois n'est pas coutume, étaient animés.

En sortant du Castel en fin de journée il prit son cheval pour se diriger vers Cassis, comme à son habitude. Pourtant, il tenait fermement la bride dirigeant le canasson, lui-même et sa faible escorte vers l'est.

C'est Flavien qui interrogea en premier le Comte resté silencieux.


- Nous allons à Carpentras ?

Arystote frémit rien qu'en entendant le nom de son vicomté.

- Grand Très Haut non ! Il ne manquerait plus que ça... Une journée à l'ADN et une soirée à entendre le consul des notables se plaindre. Jamais ! Nous allons sur Arles. Je suis inquiet pour la Vicomtessà de Rians.

Et ils firent route jusqu'à Avignon avant de prendre un embranchement au sud du Rhône pour longer le fleuve en direction d'Arles. Le Comte n'avait pas vu les abords du Rhône depuis des mois et il se sentit apaisé en les voyant. Certes il avait grandi à Cassis, l'air marin et les calanques pour le bercer et il aimait ça. Pourtant chaque fois qu'il venait vers Arles, il comprenait l'amour que sa mère portait à la ville, elle qui disait qu'Arles avait un lyrisme unique en Provence.

Il se prit à sourire chassant un instant les inquiétudes qui le rongeait. Pour autant, perdu dans ses pensées, il n'entendait pas les discussions vives qui animaient Flavien et Clotaire. Les deux hommes discutaient de la grande affaire Ledzeppelin chacun ayant un avis clair sur la question. Le premier plus jeune estimait qu'il s'agissait là d'une énorme erreur et le second plus âgé disait que la Comtesse avait vengé des provençaux morts au combat et qu'il se fichait bien de savoir si elle avait bafoué un ordre ou pas.

Heureusement le Comte n'y prêtait pas attention, n'entendait même pas et chacun pouvant donc librement donner son opinion sur la chose publique.

Plus Arles approchait, plus le fleuve s'éloignait se perdant dans les forêts qui entouraient la ville. Le fleuve s'épaississait et s'ils avaient continué vers le sud, les marais salants de la Camargue seraient venus les ralentir. Ils ne se dirigèrent pas vers le sud. Les remparts de la ville leur faisait face et ils les contournèrent vers l'est mais pas assez pour pénétrer Trinquetaille. Ainsi, au nord-est des remparts, ils trouvèrent le campement de l'armée.

Il fit s'arrêter son cheval à l'entrée et posa un pied à terre, aussitôt imité par les deux hommes. Flavien, tenant la bride de son propre cheval, vint se positionner à la droite du Comte en bon protecteur tandis que Clotaire restait légèrement en retrait.

Arystote cherchait du regard un homme ou une femme en armure qui viendrait les accueillir mais la nuit tombait et le campement semblait bien calme. C'est Flavien qui brisa le silence.


- C'est un campement fantôme ou quoi ?, dit-il suffisamment fort pour espérer vexer le premier arlésien engagé qui l'entendrait.
Felipe
Felipe se reposait. Ordre vicomtessal. Il lui arrivait de penser que sa maitresse, la Gaelig, était une sacrée tête de pioche. Souvent même. En fait, environs chaque jour. Ordre de se reposer, alors qu'elle même ne se l'accordait pas.
Aucun d'eux n'avait eu une bonne journée.

Le salonais était dans sa tente, en train de réfléchir à ce qu'il s'était passé. La vicomtesse aurait elle réagit différemment si cela n'avait pas concerné son filleul ? Peut être ... D'un autre coté, vu qu'elle avait faillit mourir une fois à Draguignan à cause d'une trahison semblable, peut être qu'elle aurait réagit pareil. Felipe ne savait pas. Il la connaissait pourtant bien la jeune femme. Qui n'était plus si jeune d'ailleurs.
L'homme ne se faisait aucune illusion. La vicomtesse avait du mal avec Saint Rémy depuis longtemps. Sans doute des caractères fait pour ne pas s'entendre et des manières de faire différentes. Il y avait eu aussi cette histoire de plainte quelques années auparavant.

Felipe entendit du bruit à l'extérieur. Gregori devait faire sa ronde, mais pas dans cette zone là. Attentif, le salonais pencha l'oreille. Il put donc parfaitement discerner la teneur de la remarque. Las, il se leva et sortit de sa tente à une poignée de mètres de l'entrée du campement. Le ton était un peu sec, sensiblement agacé, quand il commença.


Si c'est pour des sarcasmes, repassez demain. Aujourd'hui y'a plus de patience en réserve ici.


Et d'avancer en finissant pour reconnaitre la silhouette de Cassis. Nom de dieu ! Mais que faisait il là ? Le salonais pâlit, fort heureusement le manque de luminosité le cacherait efficacement. Mais venait il bien de se montrer sec avec un comte ?
Ett merdeee ... pensa-t-il. Et d'ajouter plus respectueusement.


Pardonnez moi votre Grandeur. Je ne vous avais pas reconnu, ni la voix mélodieuse de votre escorte.

Regard noir vers les deux autres, ne sachant lequel blâmer, avant de revenir vers le jeune comte.


Puis je vous conduire à la vicomtesse ? Elle doit être dans la tente de commandement.

Il se retint de dire : comme toujours. Ou encore : attention, aujourd'hui, elle pourrait mordre. Non ce dernier point, Cassis devait bien s'en douter puisque lui aussi avait assisté aux débats.

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Felipe
Ombre officielle de la Vicomtesse de Salon de Provence
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