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Retrouvailles entre soeur et frère.

[RP]Après le silence

Aurchide
Assise sur une souche d'arbre, dans sa modeste demeure à Lisieux, la jeune femme passait un doigt délicat sur les haut-reliefs jonchant la surface d'un coffret posé à même ses genoux. Travail d'un ébéniste orfèvre du bois qui avait reproduit à merveille une scène de danse.

Les robes des cavalières représentées jusqu'aux plis fin, les verres des danseurs levés, les profils des visages soignés, tout était criant de vie. Il était pour ceux qui la connaissent, de voir Aurchide arborer cette gravité quasi solennelle, le pouce heurtant dans un effleurement régulier les bosses polies des reliefs. Son oeil vagabondait au loin, fixant un invisible objet au sol, sans que la mèche de cheveux agitée, ne vinne troubler ses élucubrations intimes.

Ce qui trottait dans la tête de la brune n'avait pourtant aucune consistance, elle y amassait le tas maigrelet de souvenirs qu'elle a pris soin depuis son enfance à garder vivace en ressassant chacun jusqu'à l'imprimer dans sa rétine. Or le temps avançant, elle avait de plus en plus de mal à se souvenir de tous les détails, de certains prénoms, des visages, du goût du pain, de la voix de son frère, des colères de sa mère.

Elle avait appris par coeur et par tripes la dernière lettre qu'on lui avait fait parvenir au couvent, destinée à porter à sa connaissance les dernières volontés de son père décédé. Les doigts fins, albâtres s'égarent à présent le visage de la brune pourchassant les cheveux jusqu'à les assiéger derrière l'oreille. Ses lèvres carmines ne piperont mot, scellées dans un silence salvateur.
Elle se souvint soudain qu'elle était dans son jardin, qu'elle avait la lettre entre les mains, et qu'elle devait ouvrir le coffre, mordue par le doute, pour relire le prénom laissé par son père sur un papier. Mordred. Un prénom peu commun qui tambourinait sans cesse contre la vitre de sa rétine depuis sa lecture : Les lettres se dessinaient en boucle devant ses yeux, encore et encore. Mordred se répétera-t-elle, se demandant si un jour la vie fera en sorte que leurs chemins se croisent.

Avoir foi, et elle l'eut, et elle eut raison, car peu après sa sortie, elle apprit qu'à Dieppe, un jeune homme s'appelait ainsi. Mieux encore, il y'a quelques jours, Gaugericus lui donnait les clés de la taverne municipale en présence de deux jeunes hommes de passage : Jason et Mordred. Inutile de dire qu'elle fut troublée, inutile de préciser qu'elle eut beaucoup d'espoir dilué de craintes sordides. Le fait est qu'elle se promit de vérifier bientôt s'il était ce frère recherché. Le faire surtout discrètement pour ne pas indisposer les gens.

En quête d'ailleurs de cette discrétion, elle sautera sur la première occasion qui lui ouvrirait une discussion avec celui qui porte le prénom de son frère. Et l'occasion vint justement portée par des ailes puissantes d'un oiseau de proie , elle apprit que Jason Et Mordred recherchaient à former des personnes à l'art de la fauconnerie. Ni une ni deux, aimant la matière en question, elle ira s'inviter au Havre de Paix, leur tanière. Ses doutes ne firent que se renforcer, devant un Mordred au regard troublant d'un mystère qui s'était épaissi. Or elle ne put l'approcher, car elle fut bien accaparée par les leçons prenantes. Il fallait donc le rencontre ailleurs, en avoir le coeur net.

Le soleil s'était couché laissant place à une fraîcheur des plus agréables. Les cris stridents des hirondelles rasant le sol accompagna la jeune femme jusqu'à sa porte où un feu de bois crépitait. Le coffret est posé soigneusement sur la table. Un cierge est allumé est posé à côté. Puis un vélin vint rejoindre l'attirail d'écriture. Aurchide était prête à se lancer à l'eau, et d'assumer enfin le risque qu'elle soit complètement à côté de la plaque. Plus tard, une écriture fine et déliée vint orner la virginité du support.



Citation:


Lisieux, le Dixième jour de Septembre, de l'an de grâce 1463
D'Aurchide, tribun de la ville de Lisieux
A vous Sieur Mordred


Le bonjour,

J'ose vous écrire une missive qui va fort probablement vous troubler. J'en suis profondément navrée d'avance si tel était le cas, mais j'ose également espérer que vous comprendrez bientôt ma démarche. En effet, j'ai quitté le couvent de Sainte-Cécile pour intégrer Lisieux, à la demande d'un ami à mon père, venu me livrer un coffret. Dedans il y'a eu cette lettre, écrite par mon père décédé, m'expliquant que j'avais hérité de quelques écus..et d'un frère. Je ne sais de ce frère hélas que le prénom, et il est le même que le vôtre. Mordred donc.

Depuis notre rencontre en taverne, je n'ai qu'une idée obsédante qui tourne en boucle, celle de vous écrire et vous poser la question qui s'est d'elle-même imposée :
Avez vous une soeur donc que vous ne connaissez pas encore? Peut-être qu'un simple oui mériterait que l'on se rencontre. Si la réponse est négative, je vous prie d'ignorer ce que vous aurez tôt d'associer à une lubie.

Bien à vous



Aurchide



Le vélin est enroulé, et sera certainement amené en main propre au destinataire, moyennant quelques piécettes et une paire de gambettes d'un enfant livreur de courrier.
Mordred_castelviel
    Il avait hérité du statut de chef de famille de feu son père Philibert de Castelvielz, en tant qu'aîné. L'aîné d'une fratrie perdue de vue bien trop tôt suite à la mort de leurs parents, sans pour autant les laisser sans moyens.
    De ce fait, après moults voyages, les années passant entre travail, rencontré et divers paysages, ce besoin de retourner en Normandie, ses racines, s'était naturellement imposé à lui. Où donc d'autre mieux que la bas pouvait-il espérer retrouver des informations sur sa famille ?

    S'il s'était trompé sur la reconstitution, manquant d'éléments importants à ce jour rétablis, il n'était pas du genre à baisser les bras. Surtout quand il sentait qu'il touchait au but.
    C'était la chose primordiale pour le jeune homme. S'il était aimé, père, il n'en restait pas moins qu'il avait besoin de retrouver son sang, l'identique, non distillé. Et il avait la certitude que sa soeur et son frère, dont parlait régulièrement ses parents dans le tas de missives retrouvés parmi les effets personnels de ces derniers, étaient en vie, voir non loin de lui.

    Aussi, guettait-il discrètement chaque visage de personnes croisées pour tenter de trouver quelconque ressemblance avec ses parents, dont le souvenir s'embrumait au fil eu temps mais qui pourtant perdurait, se refusant à les oublier totalement.
    Quand de retour d'Alençon, le voyage nefaste prit une toute autre couleur quand ils rencontrèrent une jeune femme à Lisieux. Petillante, elle aspirait la sympathie bien qu'elle accepta aussitôt de s'occuper de la taverne municipale. Seulement, à ce moment là, le prénom ne lui avait pas sauté à l'esprit.
    Mais une impression familière ne le quittait pas, même quand il la revit chez eux pour prendre des cours de fauconnerie.
    Il n'avait néanmoins pas osé...qu'aurait il pu dire ? "Dites, connaissez vous votre famille ?" ou "Tiens, je me disais, peut-être êtes vous ma soeur.".
    Non, le jeune homme avait tout de même un peu plus de tact pour ne pas mettre mal à l'aise une demoiselle.

    Le Castelvielz ruminait dans son bureau sur la question quand un pigeon inespéré lui vint. Il le lu, le relu, un nombre incalculable de fois pour s'assurer que les mots ne le trompaient pas.
    Alors, le plus calmement, il prit plume et vélin pour répondre. Lui aussi avait besoin de savoir. Au moins d'essayer.

    Examinant la missive reçue, à nouveau, il opta pour un parchemin tout aussi solennel vu qu'elle y avait mit sa charge, et annonça par la même son nom.

Citation:
A Vous, Aurchide, Tribun de Dieppe,
De Nous, Mordred de Castelvielz, Comte de Logne, Seigneur de la Jarousse, Tribun de Dieppe entre autre,

Salut et paix,

Il est vrai que votre missive me trouble. Non point dans le sens où vous l'attendiez cependant.
En effet, et pour être franc, j'en était arrivé à une même conclusion.
J'ai bien une soeur, que je connaissais dans ma tendre jeunesse.

Je propose de nous voir plutot que d'en débattre par missive, et d'apporter chacun une lettre de nos, peut-être notre, pères afin de comparer l'écriture. Je saurais également reconnaître le sceau.

Je vous rejoins à Lisieux au plus vite, ainsi nous seront définitivement fixés.

Fait le 10 septembre 1463,
À Dieppe.

    Laissant le pigeon revenir aupres de sa maîtresse pour lui annoncer la nouvelle, il prit sa besace et fila d'un pas pressé à la chambre.


    Jason ! Jason ! Je dois filer à Lisieux ! Tu comprends ? Je reviendrais vite, promis
    .

    Conscient qu'il s'emballait un peu, il prit la peine de respirer profondément un instant pour lui expliquer de quoi il en retournait.

    Aurchide m'a écrit. Elle me dit qu'elle a un frère qui s'appelle Mordred. Je me dois d'aller vérifier sa lettre, voir si c'est bien mon père qui l'a écrit...et s'il s'agit bien de ma soeur.

    Un grand sourire, un baiser, y compris à tous les enfants, et le voilà qui fonce à l'écurie sans plus attendre, pas même la réponse de la jeune femme.
    Plein d'espoir, il file au vent, chevauchant à vive allure à quelques lieux d'ici en cette belle journée, le soleil rayonnant.

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(bannière en attente)
Aurchide
"Qu'avait-il précisé déjà dans sa lettre, qu'il apportera la sienne oui" Des questions réponses intimes tournent en boucle, depuis le réveil, dans la caboche de la brune pendant qu'elle prépare sa modeste demeure à recevoir Mordred. Tout est en place pourtant, une table aussi épaisse que le voile de brouillard automnal sur la forêt de Lisieux trône au centre d' une salle à manger décorée sobrement des matières primaires qu'elle considère nobles. Bois, cuir et lin se déclinent donc dans des nuances de marron à l'infini s'associant là, se dissociant ailleurs pour mieux se mettre en valeur. Un bureau dans le coin appartenant à l'ami de son père qui lui a aménagé ses pénates juste avant d'aller l'accueillir à la sortie du couvent. C'est certainement un peu fouillis, et la maisonnée entière fleure bon le foin et la concrète de tubéreuses et autres plantes, mais c'est une maison claire, orientée en plein sud, avec des fenêtres donnant sur un champs de blé, et un jardinet botanique.

Il ne lui reste plus que de s'armer de patience et de guetter par la fenêtre quelqu'apparition de l'homme qu'elle n'avait croisé que deux fois dans sa vie. D'abord en taverne il y'a quelques jours à peine, ensuite chez lui dans le havre de paix, Persée, un aigle juché sur le gantelet qui habillait sa main. Qui est Mordred? y'a-t-il un lien? Ces regards échangés dans son domaines, emprunts d'une curiosité et d'une affection fraternelle à fleur de tout, prête à être accordée, seraient-ils des signes? Puis sa ressemblance avec son propre père, ces pommettes saillantes, le menton anguleux, le nez aquilin, ou du moins ce qu'il lui en reste comme souvenirs, est ce véritablement une ressemblance établie ou n'est ce juste que le fruit de son imagination débordante. Ne voit-on pas parfois que ce qu'on désire ardemment de voir?


Au loin, un passant use d'un sentier juxtaposant son champs et s'approche de la maisonnée, elle crut son coeur louper un battement. Puis non se souvenant de la silhouette élancée et élégante, elle chassa vite cette pensée, chassa une mouche voulant entrer dans la même lancée, et c'est là qu'elle le vit sans aucun doute juché sur son cheval, reconnaissant ce port altier qui lui est propre. Ni une ni deux, elle se retrouve devant la porte, vêtue d'une robe vert claire, cheveux noués, et le visage poupon arborant le plus affable des sourires.

Quelques instants lui sont laissés pour descendre de sa monture, avant d'aller vers lui l'accueillir d'une chaleureuse voix, tremblante d'impatience

-Quelle excellente initiative que vous avez eu là. Entrez Mordred

Cela ne se faisait pas d'appeler les nobles par leurs prénoms, mais elle les appelait en général tels qu'ils se sont présentés eux même à elle. Détournant la tête un brève instant, elle se souvient que la veille, l'orage avait éclaté en soirée, emportant vers le sud l'édredon de chaleur qui emmitouflait Lisieux depuis des jours, laissant un chemin vicinal boueux. L'oeil acéré de la brune avait tôt fait d'évaluer les dégâts, s'inquiétant légèrement auprès du jeune homme, de ce qui était au fond futile comme inquiétude si ce n'était qu'elle était exacerbée par l'excitation d'enfin savoir

-J'espère que vous n'avez pas croisé d'orage, que votre route a été bonne.

Une chèvre choisit l'instant pour débouler d'un talus leur barrant le passage avec son flanc. Elle la chasse calmement d'une claque bruyante sur la coupe, avant de se redresser et de diriger son regard vers la demeure.

-La maison est modeste, mais j'y suis heureuse. Si vous avez besoin de vous reposer avant toute discussion, je vous ai préparé une chambre

Et il était vrai qu'un rien la satisfaisait en matière de confort, et ce malgré ses goûts élevés en différents aspects artistiques. Tout aussi vrai qu'elle est au petits soins pour tout invité qui aurait franchi le seuil de sa porte
Mordred_castelviel
    Le Castelvielz avait lancé sa monture et ce n'est que quand la soif se fit sentir qu'il interrompit sa monture alezan histoire de se désaltérer tout autant que l'animal qui faisait sa fierté.
    Seulement, la pluie capricieuse s'était invitée sans y avoir été conviée. Le temps tournait si vite dans ce coin que le jeune homme n'avait prévu cette possibilité dans sa hâte. Tout juste une cape de voyage rehaussée sur le sommet de sa tête en capuche improvisée afin de lui assurer la vue pour suivre le chemin. La campagne avait par la même perdue de son charme.
    Adieu verdoyantes plaines, champs lumineux sous les rayons du soleil et terre chaude. Bonjour rideau froid, grisâtre, martelant le sol d'où demeure une triste brume. Un tableau changeant selon les humeurs du temps, et qui trempait pour le coup Mordred.

    Rien de tout cela n'arrivait cependant à entacher la volonté du Loup, encore moins quand son but touchait possiblement à sa famille.
    Aussi, arriva t-il à bon port après avoir bravé les aléas, devant la maison d'Aurchide qu'un badaud lui avait indiqué contre quelques écus sonnant et trébuchant.
    Une demeure qui semblait de prime abord accueillante, surtout une fois les nuages éparses. Simple certes mais qui semblait fort accueillante déjà vue de l'extérieur.

    Ses azurs ne s'attardent cependant pas bien longtemps sur la modeste bâtisse, bien vite attirés par la silhouette qui semblait avoir guetté sa venue. Et cela se confirma des qu'il eut tôt fait de poser pied à terre, la voyant à sa hauteur. Fort heureusement elle le réconforta quant à sa venue impromptue.

    Une inclinaison du minois en guise de réponse, les vêtements encore imprégnés des intempéries, et le voilà qui profita de la suivre pour observer sans offense ce bout de femme. D'elle émanait une fraîcheur mais aussi une certaine grâce. Comme si sa vie n'avait pas toujours été ainsi et que sa destinée se trouvait ailleurs mais portant avec elle le gage d'une vie simple. Un subtil mélange d'une éducation et de la joie de vivre, d'une noblesse bien au déla d'une possession matérielle.
    Son port de tête, sa chevelure à la couleur presque identique à la sienne subtilement déposée le long du cou gracile,à l'image du corps élancé, la peau rappelant la perle précieuse....S'il n'avait pu étudier les traits de son faciès il en aurait aussi tôt cru revoir sa mère, bien des années auparavant alors qu'il la suivait dans la chapelle pour les vêpres.

    De quoi remuer un peu l'esprit du jeune homme après tel souvenir, telle première ressemblance. Quand un chèvre vint et le rappela à la réalité,


    Oh oui. Bonne route. Presque.

    Evasif, préoccupé, et piètre menteur, Morded en profita pour lever les yeux à son visage, comme pour se rassurer, plus discrètement, et fut frappé par ce dernier. Si l'humeur avait été maussade à son retour en Normandie après quelques mésaventures, peu farouche à les conter cette fois-ci, il n'avait pu pendre le temps de regarder la jeune femme.

    Dans la fleur de l'âge, elle n'avait rien à envier aux dames de la cour. Les lèvres proche d'un carmin aux coutures gourmandes, telles une pomme à croquer, et des yeux d'un bleu charmant surmontés de sourcils noisette qui soulignaient le regard.
    A la voir ainsi, qui aurait pu imaginer qu'elle vivait ici ?
    Quelques hommes auraient dû la remarquer, la désirer, sauf lui bien évidement, coeur déjà prit.
    Sans doute son narcissisme habituel lui faisait apprécier l'image par sa ressemblance avec lui même, au féminin.


    Juste une tisane chaude me suffira.

    Pressé ? Peut-être. Personne n'a dit que calme allait forcément de pair avec la patience. Et qui ne le serait pas en telle situation...A deux doigts d'avoir une révélation, ou une déception. Entre appréhension et l'envie de savoir. Un doux paradoxe qui animait l'homme.
    Alors dans un souffle il ajouta :


    Nous pourrons ainsi voir ces lettres.

    C'était lancé, dans le vif du sujet qui les reliaient pour l'instant en attendant de voir si il avait bel et bien plus comme tous deux le pensaient, ou du moins l'espérait.

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(bannière en attente)
Aurchide
La porte poussée déversait une lumière poudreuse dans la salle à manger éclairant les lieux, la table plus précisément, puis un angle du coffret sculpté qui couvait la lettre. Elle se tint sur le pas de porte après l'avoir devancé le dos retenant la surface en bois pour qu'elle ne se rabatte sur son passage. C'est là qu'elle remarqua les vêtements trempés, et constata l'impérieux besoin d'une boisson chaude. Une cheminée, près de là, offrait un peu de chaleur à la solitaire occupante de ces murailles en bois. Bientôt à eux deux. Dans l'âtre, dans une marmite en fonte, chauffait l'eau en permanence ou presque.

Depuis son arrivée ils s'étaient échangés des œillades, de biais, de front, de dos, ils savaient qu'ils se dévisageaient sans craindre quelqu' ambiguïté. Même quête dans ces regards assombris d'impatience et d'angoisse mêlées, aiguisés par la curiosité, attendris par la perspective. Mêmes espoirs peut-êtres, des tentatives de lectures furtives de tel ou tel signe pour ne pas sombrer dans l'illusion, parer à une éventuelle déception, ou à l'inverse asseoir un doute et le nourrir.

De taille moyenne, svelte, mais la dépassant d'une demi-tête, ils avaient aussi en commun ce goût pour les belles étoffes, c'en était évident en constatant l'agencement de ses atours. Quoiqu'il existe peu de chance que les goûts soient innés, elle s'est demandé néanmoins combien une éducation pendant leur tendre enfance, éventuellement vécue sous un même toit, pourrait forger le leur.

La lumière du soleil, une fois assis éclaira jusqu'à la transparence les iris du jeune homme d'une sorte de bleu paon, un bleu moiré et là, son sang ne fit qu'un tour. La ressemblance avec son père et elle devenaient frappantes par instants, fracassantes même. Quelques tremblement s'emparèrent de ses doigts pendant qu'elle versa l'eau brûlante sur les herbes aromatiques pour l'infusion attendue. Il a fallu un monceau de maîtrise de soi pour ne pas se hâter et se brûler la main.

La tasse à peine déposée devant lui, qu'elle se précipite enfin sur la porte pour la fermer, les fenêtres tout autant, comme s'ils allaient à deux charcuter leur courrier, éventrer un possible secret de famille, comme si leurs vies prendraient possiblement bientôt une nouvelle tournure toute neuve. Ou pas.

Une main se pose soudain sur son coffret, héritage paternel, comme pour le sceller que mieux, et elle s'installe à ses côtés sans pour autant l'ôter du réceptacle.

-C'est étrange comme sentiment de se dire qu'un virage dans nos vies respectives pourrait être caché là..Que nous sommes encore maîtres du destin, que nous pourrions renoncer à savoir..

Puis l'ébauche d'un sourire espiègle vint étirer les lippes charnues

-Pourtant nous savons que la curiosité de savoir sera plus forte que tout..Alors je me sens dans la non-obligation de vous demander solennellement

Les paroles tintées de badineries avaient en leur creux un peu de vérité pourtant. Elle garda le silence un instant avant de pousser le coffret vers lui

-A vous de décider si vous voulez savoir ou pas. Il est encore temps de revenir sur votre décision


évidemment qu'elle serait déçue qu'il renonce, évidemment que ce n'était qu'un jeu, mais l'attente de l'instant où il poserait sa main pour l'ouvrir ce coffret fut infiniment longue et cruelle.
Mordred_castelviel
    Le voici au creux de l'antre féminin, l'habitante à priori seule en ces lieux. Loin d'être rudimentaire il était plutôt à l'image extérieure, simple mais chaleureuse.
    Il attendit la permission de la maitresse des lieux pour pouvoir s'asseoir, déposant sa cape plus si chaude par l'humidité imprégnée dans ses fils sur le dossier de chaise.
    Face à la table, il pu la voir oeuvrer, préparer la tisane demandée, avec une certaine frébilité dans ses gestes perçue. Le loup se demanda un instant si cela était dû à la situation dans l'ensemble ou à sa propre personne, peu loquace jusqu'alors, pensif.

    La lumière ne filtrait plus que par les carreaux limpides lorsque la porte fut fermée, laissant le son de leur voix entre ces murs, dans le secret que seules leurs oreilles en aurait la portée.
    L'émotion palpable, le Castelvielz gardait pourtant contenance, le visage impassible. Pas même l'ombre d'un sourire quand, coeur battant, il vit le coffret rejoindre la tasse sur le support de bois, la laissant prendre place non loin de lui.


    Croyez-vous que j'ai fait tout ce chemin pour ne point savoir le fin mot de cette histoire.


    Franc, parfois trop sérieux, ne tournant pas autour du pot pendant longtemps, voilà qui pourrait possiblement la rassurer sur ses intentions.
    Un léger sourire perça à nouveau sur ses lèvres, tandis qu'il posa sonnellement une main sur le coffret sans néanmoins en soulever le sommet. Sa dextre plongeat alors dans sa besace pour en ressortir l'une des lettres de son père en sa possession.


    La vie est ainsi faite, d'aléas, de séparations et de retrouvailles.

    Et pour le coup il espérait fortement à des retrouvailles, teinté sa vie d'un peu plus de joie après avoir vu si longtemps des personnes chères prendre d'autres chemins ou voir ceux-ci birfurquer.
    Au delà de l'amitié, c'était sa famille entière qu'il espérait ardemment retrouver. Une partie de lui, de son passé et de son futur si cela se confirmait.

    Lentement mais surement, il rompit enfin l'attente d'un mouvement, ouvrant délicatement le coffret. La lettre trônait en ce dernier.


    Permettez que je lise ?

    La question avait beau être réthorique, il s'était sentit dans l'obligation de demander.
    Peut-être par jeu à son tour, peut-être afin gagner un laps de temps supplémentaire pour se ressaisir avant le moment fatigue.
    Peut-être car c'était la aussi un bout d'intimité, entre elle et son père.

    Pourtant, son regard cherchait le sceau, et la retourna au moins pour le détailler au dos.

    Le brun avait sous ses yeux une première certitude mais n'osait y croire avec précipitation.
    Tant qu'il ne la partageait pas à l'instant à la jeune femme, retenant inconsciement son souffle alors qu'il ouvrait le pli.
    Sans vraiment en parourir les lignes, pourtant où son prénom figurait, c'était la comparaison qui s'imposait comme un besoin. Sur la table, il déplia l'autre missive aux côtés de la première.

    Sans un mot, se contentant de lever les azurs sur Aurchide pour la détailler avec plus d'instance, avec une pointe de tendresse, comme pour graver cette image, s'y habituer tout en faisant appel à ses souvenirs d'enfance, il la laissa constater la vérité jaillie, indélébile.


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(bannière en attente)
Aurchide
Lui a osé baissé les yeux, elle, elle ne regardera que lui. Les iris rivés sur le faciès de son vis-à-vis, c'est lui qu'elle a choisi de lire, analyser ses mimiques, décortiquer ses micro-tics comme son sourcil qui s'arque, sa lèvre qui frémit imperceptiblement. Tout est délateur de ses doutes tandis qu'ils fondent comme neige au soleil, délateur du foetus d'une certitude qui grandit en pleine lumière. Les battements sourds du palpitant tambourinent "tu le savais".."tu le savais". Oui elle le savait d'intuition mais refusait d'y croire du fait du barrage dressé par la raison. être seule a été martelée à même ses côtes depuis sa plus tendre enfance. C'est gravé dans ses gènes, sur les micro-sillons de son iris, sur les parois des pores de sa peau. Tout transpirait cette vérité : leur ressemblance, certains goûts en commun, malgré une montagne de différences. Etre seule, était devenu un choix, un art d'être, un bouclier contre déceptions et le désarroi. Comment accepter qu'un être lié à soi pénètre aussi violemment nos vies. Allait-il l'accepter?
Son sourire non dénué de tendresse était un début de réponse, elle eut le même en miroir, quoique les yeux avaient quitté son visage pour s'égarer depuis sa chaise sur le champs de luzerne et de chardon visible depuis la fenêtre.

Nulle effusion, tout en réserve, tout en pudeur, ils ne pouvaient que garder le silence un instant. S'imprégner de cette vérité, lui laisser une place dans sa propre réalité, la laisser franchir la frontière infiniment fine entre intuition et fait avéré. Deux fois qu'elle ouvre la bouche pour la refermer, sceptique quant à l'utilité des mots, sceptique quant à la charge d'émotion qu'ils seraient aptes à lui transporter. Le gras d'un index dessinant des tourbillons sur le bois ciré de l'épaisse table. Des ronds, des ronds des tourbillons à n'en plus finir, matérialisant ainsi ses pensées en cet instant même.


-Est ce que j'ai une place dans votre vie?

La question n'en reste pas moins directe frôlant l'abrupt, mais elle lui laisse une seconde porte. Tout ce qu'elle sait de lui au présent c'est qu'il vit en couple avec Jason, qu'ils ont tous deux trois enfants, ou plus, ou moins. Elle en frissonne à l'idée d'être une tante, elle qui peine à s'attacher aux mômes. Voudraient il d'une femme comme elle dans leur vie bien rangée de nobles? "Choisis pour eux Mord" semble lui demander son regard, "choisis pour l'avenir et le reste". Elle, elle est seule, avec une vie tout sauf rangée, une vie qui débute et où Mordred aurait toute sa place de grand frère.

-Il ne nous resterait plus qu'à nous apprivoiser, ce sera peut être long, je m'y attends.

Malgré le sourire tout en nuance de tendresse qu'elle lui adresse, elle ne peut faire taire ses inquiétudes les plus intimes : et s'ils ne s'entendaient pas, elle avec son caractère de cochon, n'avait-elle pas tenu tête à Jason, leurs caractères respectifs faisant des étincelles. Et s'il était comme lui, impulsif malgré ses évidentes qualités, ils ne se seraient connus que pour se compliquer la vie. Un gâchis. Que d'idées noires, marrons, grises, mais faisant partie du lot des émotions qui l'assaillit, des craintes et des angoisses mêlées. Le visage s'était inévitablement rembruni, elle suffoque croulant sous ses propres idées, une envie d'air.

-ça vous dit une balade à cheval ? Ou auriez vous prévu à faire, je ne voudrais vous retenir plus que de raison.

Prononcer son prénom avec une voix aux trémolos bavards ne lui permettait pas de reconnaître ses propres intonations. Il y'a peu de temps cet homme assis devant elle n'était qu'un étranger de passage dans sa vie, dans la taverne de Lisieux, censé disparaître pour ne plus se revoir.
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