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[RP] Obèsquium, Aurchidium et Concilium

Aurchide_de_castelvielz
Lire ici et ici pour mieux comprendre le contexte et y participer


Ce matin là, deux rangées de charmes bordaient le chemin de deux cavaliers cataclopant tout en percussions. De taille moyenne, les coryacées dans leur manteau d'or entremêlaient leurs hauts rameaux au dessus de la tête des deux acolytes. Toit de branchages en voûte postillonnant lumière et quelques feuilles dorées sur leurs cheveux telle une augure. En l'essence, sous le nimbe, ce n'était que deux potes qui revenaient d'une guerre où ils étaient volontaires aux côtés de son altesse Actarius. Puis vint ce parchemin d'une dénommée Jujoss évoquant un Maine toujours occupé par l'Anjou, et vint avec, le temps de partir vers de nouvelle aventures tant que la trêve avec l'Empire perdure.

Eux? Ils sont indéfectibles amis, unis par une Amitié consolidée par mille et un riens et un gros tout. Faiseurs de rêves, défaiseurs de réalités, liés tout autant par de nobles valeurs malgré leurs dadas aux antipodes. S'il aimait les bordels, les fûts, et la castagne, elle avait les ovaires gelées à en oublier qu'elle était une femme, mais le ciboulot était constamment foisonnant d'idées pour deux.Puis par temps de paix elle s'adonnait à la finesse, la subtilité, le verbe, les mots d'esprit, l'humour raffiné, la haute gastronomie. Ce qui ne l'empêchait pas paradoxalement d'être souvent échevelée, habillée sobrement, les vêtements tâchés, bouffant jusqu'aux criquets grillés quand elle était affamée, usant de saillies sans que ses joues ne se fardent d'un voile de fausse pudeur. En l’occurrence là, habillée de braies sombres et d'un gambison d'homme épais couvert de poussière, de bottes montantes. Son visage était frais, l'allure altière, elle croustillait comme une miche de pain aux figues, conviait le lard, et le fromage, le cidre clair et les chansons entonnées par des voix hilares. Zénitude chevaleresque.

S'il y'avait eu une résistance mainoise à leur arrivée ou un conseil révolté, ils auraient proposé comme à Troyes leur bras armé ou se seraient joints à une révolte. Mais le Maine, atteint d'une absence hu-Maine sévère, allait vite cracher sous leur pas un silence gluant qui féconderait le plus stérile des imaginaires. Dans la vie il y'avait les chemins droits nus qui nécessitaient des armées et des masses d'hommes cruellement manquants en ce lieu, et il y'avait les petits chemins bucoliques, des nefs où l'on évoluait tout en beauté, baignés de lumière palpitante entre bronze et ambre aux confins de la voûte, les invitant à joindre l'utile à l'agréable. C'est ainsi que l'idée est née, a crû, enflé, grondé au fur et à mesure que le château étranglait dans ses bras gris leurs yeux exorbités.

La Pomme hésitait légèrement devant l'idée pressante qui la taraudait : Pourquoi ne pas espionner de l'intérieur?. Fort heureusement le château avait ce pouvoir d'aspirer au fond de son orbite ses dernières hésitations.

Sans crier gare, le regard bleu et trouble se fit clair à présent, elle tourna son visage vers son compagnon joufflu, lui lança d'une voix cristalline qui cisailla le silence comme celle d'un dieu clamant "Soit"


    -Tu seras sa Grasse Lopé ou tu ne seras pas.


C'est connu" les bons comtes font les bons amis"*. Par cette promesse laconique commençait l'histoire abracadabrantesque d'une Aventure pas comme les autres. Un vélin clairsemé de mensonges-que la guerre justifierait allègrement et pour lesquels elle irait se confesser sans rougir- sera envoyé par messager vers l'antre angevine depuis leur auberge.






A vous, occupants de ce lieu.



Nous ne sommes que deux pèlerins de la paix, qui venions flâner par les derniers soirs d’été près de ce beau château. Mon ami n'obéissant qu’aux cycles de la lune, il en a la lune pleine, un peu trop pleine à en déborder de ses braies. Mais voilà je suis riche, il m’est cher, et il chérit la gravette frivole.

Sauf qu’à trop conter fleurette, il n’est pas très habile. Dès qu’il sort un anneau, la coquette s’enfuit. Il vit depuis comme une taupe recluse loin des belles femmes luminophiles. Comment ferait-il pour les mener au déduit des femelles pâmées si je ne lui redorais pas son blason.

Le rêve de sa vie, serait de visser son auguste fondement sur un trône comtal. J’ai ouï dire que ce château était vide, et j’aimerais savoir s’il était possible de le louer un jour et une nuit.

Vous comprendrez, qu’il pourra se pavaner comme un tortillon devant la ravissante Annélide.

Considérez que c’est un caprice d’une nantie, n’y voyez qu’intérêt mutuel.


Dîtes moi votre prix je vous prie.



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Merci à jd Aimbaud pour la bannière Kdo
Finn_o_mordha
Des lettres, ils en avaient reçu de toutes sortes ces derniers temps. Dépecer terre royale apportait son lot de foudres, de compliments, ou encore de propositions farfelues.
Cette lettre-là faisait clairement partie de la dernière catégorie.

S’attendant à tout si ce n’est à rien, Ó Mórdha déplia ce nouveau vélin dans un léger soupir soulevant sa brigandine avant de poursuivre sa lecture d’un air dubitatif. La prose était poétique et la page, de qualité, généreusement aérée. On n’avait pas regardé à la dépense, ici. Probablement des saltimbanques, de riches saltimbanques. Ce fût du moins ce que l’Irlandais alla annoncer à ses compères face à l’offre, ou plutôt la requête, qui leur était présentée.


Citation:



    Chers visiteurs,
    Salut et bienvenue en Maine dévasté.

    Vous êtes bien informés : le château du Mans est vide des angevins rapaces qui l’ont occupé ces dernières semaines. Seuls quelques volatiles de moindre lignage chient encore sur les corniches.

    Adoncques s’il ne tient qu’à nous, Buses, de réaliser le rêve de poètes en manque de veine sociale, considérez votre vœu exaucé. L’auberge comtale du Maine vous ouvre ses portes pour un jour et une nuit. Les Mainois ne semblant pas particulièrement attachés à ces lieux, vous y trouverez un voisinage complaisant ; l’idéal pour les bandes de troubadours en pleine tournée à travers la région et portés sur le saccage d’auberge et le tapage nocturne. Pensez néanmoins à apporter quelques paillasses et autres objets du quotidien, le mobilier a été brûlé ou revendu.

    Car vous êtes de sérieux fêlés et qu’en Anjou on a du respect pour ça, il ne vous en coûtera que la modique somme de 1000 pièces d’or.

    Bon séjour à vous et n’hésitez pas à nous aider à améliorer la qualité de nos services en nous renvoyant un commentaire avant de libérer les lieux.






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Aurchide_de_castelvielz
[Le 22 octobre, peu après l'aube, peu après la transaction]



Lorsque la jeune femme, accompagnée, poussa la double porte massive de la salle principale, une scène chaotique les y attendait. Les meubles étaient renversés et calcinés. Les murs et le sol étaient couverts de suie et de cendres, Les tapisseries déchirées traînaient à terre entamées par le feu. Il ne restait rien d’intact. Rien que le feu n'aie léché, abîmé. L'odeur âcre du carbonisé pénétra violemment les courtes ailes de son nez, pour s'y loger peut-être à jamais.

Mêlée à une baguette en corne, un chignon desserré laissait apparaître quelques mèches de cheveux brunes retombant sur sa nuque anormalement raide. Elle portait de façon altière la tête des mauvais jours et malgré cela, se dégageait de son visage une macabre sérénité. Ses yeux exprimaient cet état d’esprit assez trouble où rougeoyait imperceptiblement sous un manteau de cendres gris et froid, la braise de la contrariété. Ses lèvres surtout, restaient serrées, comme soudées par des flammes prêtes à tout instant à se rompre et à embraser l'Anjou en entier. Immobile entourée de quatre hommes, la normande luttait pour mettre tous les affects en veilleuse, tenter de recoller l'histoire, comprendre ce qui a pu se passer dans ce lieu . Quel dragon désaxé a soufflé le feu sur ce château de cartes.

Un rai de lumière perçait à travers la vitre de la salle et infusait son goutte à goutte de souvenirs vénéneux d'une invasion sans résistance, oripeaux calcinés sur le champs brûlé de la conscience d'une reine trop absente pour défendre son domaine. Le soleil levant baissait sa herse de rayon sur les chaises démembrées, racontait autant les flammes d'un proche passé, qu'un avenir incertain en cendres. Quels remodelages en découleraient, quel bouleversement profond allaient connaître ces terres. Sa tête bouillonnait, les idées floues et fumantes ne parvenaient à se fixer nulle part devant une désolation bien trop douloureuse et pénible à avaler. Milles impacts pleuvaient sur ses viscères à chaque fois que son pied faisait craqueler des restes carbonisés de codex, de tapisserie ou de bois. Que de jurons étouffés à défaut d'avoir pu étouffer les flammes.

Non ça en ressemblait en rien en apparence à ce qu'elle souhaitait lui offrir, non ça ne méritait pas mille écus pour un jour et une nuit. Tudieu que ses rêves lui coûtaient chers des fois, heureusement qu'elle avait les réalités modestes. Un coup de pied et elle faisait valser les restes d'un bouclier dans un nuage de cendres, un autre poussera sans peine les vestiges d'une chaise. Les quatre hommes initialement chargés de couvrir ses arrières et l'accompagner à l'intérieur au cas où la transaction ne serait qu'un traquenard fouillaient discrètement en quêtes d'objets de valeur. La bonne nouvelle c'est qu'il n'a pas été question d'un guet-apens, l'ennemi n'a eu qu'une parole et elle était au fond d'elle, sous le courroux, sensible à l'honneur même quand c'est une fleur qui bourgeonne sur un tas de déchets. Les doigts pleins de suie s'en venaient à masser lentement sa propre nuque, les yeux ballants des débris aux visages masculins, droite comme une reine éphémère d'un enfer refroidi.


    -les gars, je vais avoir besoin de vos gros bras au delà du convenu et pour deux jours supplémentaires.


Des mots qui n'oubliaient ni les mâles égos ni la raison, ponctués par le cliquetis d'une bourse qui voltigera traversant la salle en arc-en-ciel jusqu'à atterrir entre les mains du meneur. Ce n'était qu'un acompte certes mais ils n'avaient pas de quoi être échaudés puisque payés déjà la veille rubis sur ongle pour les services rendus cette aube.

    - Vous dégagez à deux cette pièce, je vais farfouiller s'il n'y a pas quelques meubles épargnés quelque part avec vous autres.


Les mots articulés déchiraient et creusaient encore un peu plus profond l’incommensurable vide qui remplissait la salle. Ce serait un prétexte tout trouvé pour s'égarer dans les couloirs déserts du château si elle avait eu à croiser un occupant. Des rumeurs lancinantes couraient depuis l'aube qu'ils étaient tois partis tôt ce matin même peu après la transaction, et elle se devait d'en avoir le coeur net. La brune avait en elle cette indicible force qui lui permettait de gérer n'importe quelle situation jusqu'à la plus délicate avec une redoutable efficacité. Il lui suffisait de se dire que tout ça demain ne sera plus qu’un mauvais rêve, un drame qui renforcerait le royaume aujourd'hui battu comme un jeu de cartes écorné par la puissance du grand cardinal destin et les caprices futiles d'une guerre bancale et d'un ennemi plus soudé.


[Le 22 octobre, deux heures plus tard, début de matinée]


Elle avait été au galop jusqu'à l'auberge prendre un bain, les muscles endoloris, non sans avoir laissé pendant ce temps les quatre paires de bras louées finir de dégager les lieux et donner à la salle une allure quelque peu convenable. L'idée était de dégager au mieux les plus gros débris vers un pavillon abandonné, d'y installer ensuite une table et une vingtaine de chaises dégotées depuis toutes les ailes du château, les moins touchées par le feu idéalement. Une lettre était d'ores et déjà partie par messager à l'adresse du capitaine royal l'informer de la vacuité du château et de son état. Du courrier reçu le matin même l'attendait cumulé sur cette table d'auberge et pourtant, elle ne l'ouvrira pas, sautant ruisselante sans même se sécher dans des braies, un chemisier ample à moitié rentré dans l'urgence, pour finalement longer le couloir au pas de course, et jubilante tambouriner à la porte du gros de ses deux poings serrés, s'époumonant de toutes ses forces.

    -Lopéééé! réveille toi, habille toi convenablement c'est ton jour le gros! c'est ton gros jour je te dis!


Parfois il suffisait d'une poignée de mots, tel un "abracadabra", pour transformer le temps d'un délire un beau crapaud en comte à dormir debout.
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Merci à jd Aimbaud pour la bannière Kdo
Sa_grasse_lope
[Ce même matin du 22]


- Bouaaaaaaaaaargh

C'est le terrible bruitqui accueillit le réveil de la délicieuse Aurchide. Le gros ouvrit un oeil, puis l'autre tout en faisant claquer une langue pâteuse contre son palais. Puis, lentement, il se levait, sa grosse pogne venant saluer les morbaks qui dérangeaient son entrejambe. Sans trop se presser, à cause de sa gueule de bois, notre roux prit ses habits d'apparat. Entendez par là que c'étaient les moins miteux et les moins susceptibles de déclencher une nouvelle épidémie de peste. C'est donc vêtu de ses plus beaux atours que sa grasse ouvrit la porte pour se planter devant la Normande, une main toujours dans ses braies. Sur sa tête bouffie et rouge, trônait une jatte de bronze comme une couronne.

- Chère vassale, j'vous salue. Comment qu'vous trouvez y mon diadième ? J'l'ai chipé à la t'nancière. Y a pas du comte mainois là, direct ? Sinon, poussez-vous vot' joli fessard vassalique, y a l'peuple mainois qui d'mande qu'un dirigeant lui montre qu'il en a là-dessous.

Autant dire que le pouvoir lui montait plus vite à la tête que la vaisselle. Après tout l'obèse n'était qu'un noble et on a vu dans ces contrées vendre pair et maire pour un titre de baron. Il sortit de l'auberge en accueillant le soleil matin avec un glaviot rempli des restes de la nuit passée. Ca allait être une grande journée pour lui. L’ascenseur social avait jamais été tendre avec lui, le limitant au mieux, au poste de tavernier. Là, il s'était trouvé comte du jour au lendemain grâce au talent de sa potesse Aurchide. Il ignorait tout de ses tractations diplomatiques pour qu'il puisse poser son gros dargif sur le trône et d'ailleurs il s'en cognait un peu l’oignon. Il savourait, tout simplement et se mettait en route avant de s'arrêter.

- Narchide ! Vot' suz' a b'soin de votre auguste conseil. Z'auriez l'amabilité d'vous ramener ? C'est par où l'castel ?

Pouet pouet.
Au château. Il prenait grave ses aises, directivant à droite, à gauche, bougeant les derniers restes de meubles calcinés au gré de ses envies et de son plaisir à emmerder les loufiats qui étaient sous ses ordres. Il était installé sur le siège le plus haut, les mains croisées sur sa bedaine et la mine contrite. Il manquait quelque chose dans cette pièce. Soudain, son visage porcin s'illumina et il éructa, joyeux, en direction du mercenaire de sept pieds qui s'esbignait à rouler les tonneaux de bière que Lopé avait fait venir avec une reconnaissance de dette pour le Maine.


- Hep toi ! Oué toi l'gaillard qui a une gueule d'porte-bonheur ! Dis m'faut un conseil en fait. Tout comte a b'soin d'une dizaine d'gus pour faire l'boulot à sa place. Du coup, t'as une mission. Toi et quatre d'mes gens, t'vas chercher 11 bonhommes et t'seras payé en fonction d'leurs têtes. M'ramène du présentab' quoi, faut pas qu'le conseil soit dépareillé avec son chef. Tape pas dans l'angevin ni dans l'clodo (pléonasme) et à mon avis, t'auras bon. Brèfle, atta, j'te fais un papelard. C'sera plus simple pour l'recrutement.

Citation:
Ayé !
Moi, Lopé, comte mainois au joli minois vous informe en c'jour qu'nous ouvrons les portes du pouvoir à qui qui veut servir l'peuple. Ceusses qui ont les mains, les noix, assez solides pour v'nir nous aider dans cette tâche qui nous est et chue est l'bienvenu. Bon par contre magnez-vous la rondelle pask'on commence cet aprem'.

Y aura du pinard.

Lopé, comte par la grasse d'Deos et d'Aurchide.



Satisfait, il roula le pli, le maculant, au passage, de gras. Il n'y apposa pas de sceau, se disant que l'messager avait l'air assez couillon et sot pour pouvoir s'en passer. Puis, il se tourna vers la Normande, cherchant son avis.

-T'croives qu'faut que je fasse une allocation publique à la populace histoire qu'elle voive ma trogne ?
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Lapointe.
[Marche ou rêve !]
 
Ohhhhhh ! Pomponette Pomponette !
En débarquant dans le Maine l’hirsute avait rencontré un petit équidé qui à première vue pourrait paraître ridicule, sujet à toutes sortes de quolibets et moqueries. D’autant que cachée dans un bosquet on pouvait lui voir le fessu remué en dehors faute de place dans la cachette improvisée.
Lapointe, pourtant rarement téméraire, s’était approché suivi par sa vieille carne Grin son chat loupé dont le chaloupé n’avait rien de la grâce féline ordinaire.
La ponette semblait effrayée même traumatisée quand ses grands yeux noisette se posèrent sur le sieur Lapointe. La journée touchée à sa fin et en fin de journée l’édenté qui se rince le gosier dès le chant du coq n’avait plus les idées très claires. Ni la vision.
Habituellement lors de ses excès éthyliques il croise plutôt des pachydermes roses avec qui il tape volontiers la discute, parfois il visite les vignes du Seigneur qui lui posant amicalement la main sur l’épaule beugle qu’Aristote veille sur les enfants et sur les ivrognes, ce qui amuse toujours Lapointe lui le grand enfant.
Mais une ponette ? Dont la robe avait une couleur normale qui plus est. Si au moins elle arborait un vert chatoyant ou un bleu nuit, mais non ! C’était une ponette normale. Quelque chose d’étrange se trame pensa-t-il en s’envoyant une lampée sur la glotte qui en réclama aussitôt une autre. S’il boit autant ce n’est que pour ravir sa glotte sachez-le.
 
« Non de moi ! C’est une bénédiction cette ponette » s’esclaffa-t-il quand il se rendit compte qu’il pouvait la poneycher et parcourir le Royaume sur son dos. Aussitôt il l’avait adopté et baptisé avec la lie d’une piquette qui parfois lui servait de repas.
« Je te baptise ponette….Pomponette ! Que le très Haut en soit témoin s’il n’est pas trop occupé ailleurs » puis il traça sur son flanc une sorte de fût avec le bout de son doigt.
 
Il pouvait maintenant rêver à des horizons lointains, avant il marchait !
Mais son squelette qui a vu défiler bien des printemps montrait quelques faiblesses et réticences à se déplacer. Son godillot troué peinait à dépasser la botte trouvée qui recouvrait l’autre pied.
Il clopinait certes joyeusement mais clopinait quand même. Ses os craquaient quand ils ne grinçaient pas. Se mettre à la verticale au sortir du pucier lui prenait un temps incroyable d’autant qu’une majeure partie de ce temps était passé à prendre la décision ou non de sortir du pucier.
Mais là il retrouve une ixième jeunesse. Son sourire aux six chicots, sa tignasse en bataille, son pif rubicond, son corps osseux et gringalet, son regard vitreux, tout cela l’éloignent de toute ressemblance avec Adonis. Mais la jeunesse est dans la tête ne dit-on pas ? Pour se rassurer quand on vieillit.

 
Oh Pomponette ! Je te chante une amourette, je te chante une bluette. Oh Pomponette tu fais du bien à mes gambettes, tu apaises mon squelette.
L’hirsute se dandine sur le dos de l’animal, ayant bien fêté le baptême il tangue même au rythme du pas. Le chat piteux qui suit observe et attend la chute en dodelinant de la tête pour suivre le mouvement de l’édenté.
Oh ma Pomponette ! Va ! Va sur les chemins. Emmène-moi là où tu voudras, à deux nous serons heureux
Miaou ! Ronronron ! Le chat foin à la queue chafouine.
A trois nous serons heureux, pardon Grin
 
Chemin faisant ils cheminent au gré des envies de la courte sur pattes. Eternel errant, vagabond, Lapointe étrenne son râtelier émaillé et arbore ses six ratiches de ville en ville au petit plaisir du hasard en chantonnant.
Mais d’aventure en aventure, de cuite en cuite, de port en port, jamais je te le jure je n’ai pu oublier ton corps ô ma Grandiose
 
Une ville se présente à eux. Etrange. Le gringalet ne comprend pas pourquoi les gens pointent Pomponette du doigt et se carapatent aussitôt en criant « ils reviennent, ils reviennent ».
Lui qui voulait jouer le fier destrier en faisant une entrée triomphale, c’est raté.
Traversant les ruelles pavées sous un crachin Mainois, le castel se dévoile devant eux. En s’approchant de dessous les fenêtres, une odeur de brûlé vient titiller les blazes qui reniflent plus que d’habitude.

Olà ! Olà ! Mon petit doigt me dit qu’il y a moyen de se sustenter par ici. Ca sent la grillade, ça doit être jour de fête
Malgré la faible hauteur de l’équidé il peine à y descendre sans se retrouver les fesses au sol. Plus tard il lui apprendra à se mettre à plat ventre ce qui facilitera la chose.
Mais en attendant il empoigne sa guiterne et fait valser les notes en direction de l’ouverture murale.

 
Tout est au Duc ici, Monsieur, tout est au Duc,
Tout est au Duc, tout est au Duc.
Il possède à lui seul des millions de ducats
Ah oui, vraiment monsieur, c'est fou ce que le Duc a !
Le Duc a tout, monsieur, pour être un homme heureux
Mais le Duc est très malheureux :
Depuis vingt ans il a perdu ses cheveux.
Il nerveux, il est nerveux
Et nous cherchons, en vain, depuis un truc
Pour faire pousser....les poils du Duc.*

Tout est au Duc ici, Monsieur, tout est au Duc,
Tout est au Duc, tout est.....

Crévindiou ! Je vous avais pas vu

Devant lui se dresse soudain La Montagne. Le chat pitre en le voyant a poussé un cri aigu et s'en est allé courir la gueuse de son espèce. Pomponette, elle, a fourré sa tête dans un buisson d’aubépines. Face au patibulaire l'édenté sourit malgré la panique de ses gambettes.
Je me nomme Lapointe ! Vagabond en bon état ou presque. Et vous ?
Mais la paluche qui se pose et attrape l'hirsute par la peau du cou lui fait dire qu'il ne répondra pas.
Ohohoh ! Que vous avez de grandes mains et que vous avez de grandes dents aussi. Vous allez pas me manger quand même ! Je vous préviens, j'ai beau avoir macéré dans le vin depuis des années ma viande n'en reste pas moins faisandée, indigeste. A la rigueur en me pressant fort vous aurez un tonneau de vin digne de la meilleure picrate
Tu m'suis
Ah mais doucement, je ne suis pas un homme si facile. Mettez-y la manière un peu de courtoisie pardi ! Contez-moi fleurette, montrez-vous galant ! Je vous passe le bouquet de fleurs, ça me chatouille le pif
Grrrr !
Pas très sensuel ! Trop viril !
J'ai un gros défaut...j'ai pas d'patience
Ah ! Bon et je vous suis où ?
Les doigts qui viennent de s'enfoncer sur sa nuque ont raison de ses provocations et taquineries.
Jusqu'à la Grasse Lopé !
Vous avez dit...la grasse ?
Là ça devient intéressant pour Lapointe qui bat des jambes entre l'étau du monstrueux, puisque pour lui « grasse » signifie rondondités, fessu dodue, charnue, corps moelleux et corpulente.
Il imagine déjà une Callipyge, une vénus aux formes douillettes. Il est déjà en amour de cette Lopé et papillonne de ses yeux vitreux. Il roucoulerait presque si l'ogre qui le tient à bout de bras était plus avenant.

Fallait le dire de suite, on ne fait pas attendre une dame !
Grrrr !
Lopé c'est joli comme nom, vous pensez qu'elle aime les poèmes ? Et dites je peux prendre Pomponette ?
Parce que j'imagine qu'il y a des tas de marches à grimper et mes jambes vont pas aimer. Ca ferait son petit effet de me voir poneycher en me présentant à la grasse Lopé non ? Elle n'en serait pas insensible

Pas d'animaux
Bien ! J'ai l'impression qu'avec vous il ne faut pas insister!
L'hirsute balance toujours à une vingtaine de centimètres au-dessus du sol et Pomponette ressemble à un hérisson.
Dites vous êtes combien dedans ? Je demande parce que vous pouvez pas être seul dans ce corps c'est pas possible. Faut s'y mettre à deux ou trois pour être comme vous ? Ou même cinq en fait, un par jambe, un par bras.....
Avance !
Vous n'êtes pas causant vous ! Parlez-moi de Lopé, un homme partage sa vie ? Vous pensez qu'elle aime les gringalets ? Et les chansons ? Je vais prendre ma guiterne pour lui chanter quelques ritournelles.
Avance !
Je veux bien mais reposez-moi avant ! Vous voyez bien que mes jambes moulinent dans le vide là...regardez !
Lapointe mime la marche sous le regard du colosse qui rêve d'envoyer ce vagabond dans le duché voisin.
Voilà c'est mieux !
Ou amant, je veux bien être amant ça ne me dérange pas. Je trouve ça bien qu'elle se fasse appeler « grasse », elle assume sa beauté moi ça m'émeut. Elle aime les hommes sensibles ? C'est pour savoir si je dois verser une larme ou jouer le dur comme vous

Grrrrr ! Si je te porte jusqu'en haut tu la fermes ?
J'ai le choix ? Je peux très bien parler dans vos bras vous savez
Pas l'choix non !

Et voilà l'hirsute dans les bras de La Montagne, tel un enfant dans les bras de son père.
Les couloirs défilent, les marches s'empilent et l'édenté garde les deux mains sur sa bouche. Motivé à garder le silence à l'idée de rencontrer la femme qui sera de sa vie, il en est persuadé.
Puis une grande porte est franchie, déjà les yeux de Lapointe roulent dans tous les sens à la recherche de la grasse. Jusqu'au moment où il est jeté au sol. Quel affront, il devra ramer sévère pour séduire la Lopé maintenant.


Votre Grasse Lopé, je vous ai amené un premier manant, je vous le laisse et me retire
A quatre pattes Lapointe regarde le pas lourd de La Montagne s'éloigner, il le maudit en silence. Puis fermant les yeux comme pour retarder LA rencontre avec celle qui déjà fait chavirer son cœur.


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"Mon père est marinier dans cette péniche.
Ma mère dit : la paix niche dans ce mari niais."
Boby Lapointe
Vestale, incarné par Aurchide









Le Maine…Vieux souvenirs qui semblaient vouloir perturber la séduisante brune depuis quelques temps.
Quelle idée lui avait pris de venir voir les ruines et la énième victoire de l’Anjou sur le Maine? L’idée germant d’une nouvelle déception qui fait prendre des décisions inconsidérées, sûr ! L’idée de son éternelle réponse à tous les problèmes : marcher et partir plus loin…


Alors, elle est là, à errer dans les rues sans âme de la ville désertée par les uns et les autres. La désolation fait écho à l’isolement qui résulte de ses départs précipités et à la déception qui étreint encore son cœur quand elle pense à ces dernières semaines.
Bref, elle erre dans les rues que la grisaille du ciel n’égaie pas d’une once de lumière. Arrivée devant le château, la jeune femme frissonne. Non pas qu’elle éprouve un sentiment de compassion pour les Mainois mais, si sa robe est parfaite pour le climat clément de Bordeaux, elle ne suffit pas à apporter une quelconque chaleur bienfaitrice à la brune dont les yeux étincellent pourtant. Le châle est serré autour des épaules graciles et le chemin poursuivit.

Comme trop souvent, elle ne prête pas attention aux autres et lâche un petit cri de surprise quand elle se prend le nez sur une montagne……de muscles.

Dites, les montagnes, c’est plus à l’Est, vous êtes perdu ! Allez, on bouge !
Et Vestale de faire un premier pas pour passer son chemin, et le second pas d’être interrompu par une main gigantesque qui étreint le bras déjà douloureux de la jeune femme…
Aïiiiiiiiiiiiie ! La brune se tourne vers le géant :
Vous savez pas où est l’Est, c’est ça ? Elle tente de se défaire de la prise avant que son bras perde toute vie et mobilité ou qu’elle ne pleure comme une fillette.
Lachez-moi, brute ! Je vais vous aider !

Pourtant, quand son regard se pose sur l’homme hors norme, ce n’est pas un regard vide d’intelligence qu’elle rencontre mais bien un regard concupiscent qui la déshabille sans vergogne. La frêle main passe devant le regard lascif pour le ramener à la réalité de son bras meurtri.
Vous me faites mal ! Laissez-moi poursuivre mon chemin !
La tête grosse comme un melon oscille de droite et de gauche.
Nan, ma p’tite dame, j’vous embauche et, donc, vous m’ suivez…
La brune fulmine déjà, il la prend pour une fille de joie ou quoi ?
Il va mourir, il est déjà mort aux yeux de Vestale et elle imagine déjà comment son épée s’enfoncera dans cette montagne humaine à l’instant où il la lâchera…’fin, si son bras peut encore bouger après ce traitement…

Voyez, y a un comte qui veut des gens dépareillés et vous êtes parfaitement dépareillé, j’vous assure. Alors, vous m’suivez !
Vestale, femme avant tout, s’inquiète aussitôt pour sa tenue.
Non, ma tenue est parfaitement assortie et élégante ! Vous n’avez aucun goût !
Cette fois, l’homme disproportionné a le regard vide. Qu’est-ce que cette donzelle lui raconte ? Sa tenue, il s’en moque, il ne veut que lui retirer et voir un peu plus de la peau qu’il devine…
Bon, avec les femmes, faut faire court. Il lui met alors la lettre du comte locatif sous le nez, sans pour autant lui laisser le loisir de la lire.

Voyez, ça, c’est un mandat qui m’autorise à vous garder sous mes yeux.

Citation:
Citation:
Ayé !
Moi, Lopé, comte mainois au joli minois vous informe en c'jour qu'nous ouvrons les portes du pouvoir à qui qui veut servir l'peuple. Ceusses qui ont les mains, les noix, assez solides pour v'nir nous aider dans cette tâche qui nous est et chue est l'bienvenu. Bon par contre magnez-vous la rondelle pask'on commence cet aprem'.
Y aura du pinard.
Lopé, comte par la grasse d'Deos et d'Aurchide.



Alors, croyez bien que je ne vais pas me priver d’un tel spectacle. Si je dis que vous êtes dépareillée, vous l’êtes ! Alors, vous m’suivez et pis c’est tout !

La brune est aussitôt vivement engagée à entrer dans le château. En clair, ses pieds touchent à peine le sol alors que la prise sur son bras se fait encore plus forte et que l’homme la soulève d’une main en lui faisant passer la porte. Elle, forcément, se débat, râle, injurie, pleurniche mais rien n’y fait. Elle est déposée devant la porte de la salle du conseil alors qu’une odeur de brulé lui pique les narines.
Entrez, souriez et dites oui ! Maintenant !
L'alternative n'est pas flagrante dans les derniers propos. Le visage de la brune reflète les sentiments qu’elle éprouve à l’instant. Elle le hait et ça se voit mais elle a mal aussi, mal à en hurler, mal à en vomir…Hmm, oui, vomir sur les chausses-péniches… Pourtant, elle tente une dernière révolte.
D’abord, je ne vous ai pas suivi, vous m’avez poussée et portée alors apprenez à parler correctement, idiot. Puis, je ne suis pas dépareillée, homme sans goût ! Vous….

Bordel, elle est plus têtue qu’une mule, celle-là ! La Montagne ouvre la porte de la salle, et son pied de la taille d’une nave genoise est lancé au cul de la brune.
Hop, affaire classée ! J’vous garde à l’œil et pis c’est tout !
L'homme tourne les talons. L'affaire est close, la porte aussi. Pas question de voir disparaitre la déesse trop entêtée mais il a encore quelques conseillers à recruter pour l'heure.

Elle a pu esquisser un pas mais ça n’a pas suffi, le coup de pied a été donné avec trop de détermination…La brune se retrouve à quatre pattes dans la salle du conseil qui vibre encore de leur entrevue musclée. Les regards se tournent vers elle alors qu’elle cherche à reprendre son souffle coupé par la surprise.
Elle inspire fortement, elle ne veut pas vomir !

Comment…..traiter….moi…reine des trib..ens ?
La bile remonte dans sa bouche. Nooon, ne pas vomir encore, respirer, inspirer, expirer…se lever, ne pas rester dans cette position si peu convenable qui doit trop laisser voir d’elle ! Une jambe est remontée sur son torse, Vestale, pâle comme les draps d’une vierge, puise dans ses réserves pour lutter encore. Trop tard….
Je ….réf.... Bluuuuurp…juge….bluurp….

L’odeur de suie se mêle à celle de son estomac déversé sur le parquet noir charbon. Vestale grimace, se demandant ce qui l’attend encore. Mais, qu’allait-elle faire dans cette galère ?





Posté pour jd Vestale

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