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[RP] Ch'ny chaud, Ch'ny froid

Eliance
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Et elle partira, comme elle est venue
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Une ombre approche, passe le porche, traverse la cour. Une ombre cahotante mort la poussière, foule les terres de la seigneurie. Une ombre hésitante, brinquebalante, sur un cheval monté. De la silhouette, ne se détachent qu'un large mantel et un capuchon. Silhouette tout en tissu. Le tout a pour incidence de recouvrir totalement son propriétaire, de le dissimuler. De cacher ce qui le retient à la selle, pour éviter les regards étranges.

Eliance est partie le matin-même. Elle ne s'est pas arrêtée jusqu'à cette cour. La journée a passé. Trop rapidement : elle est déjà là. Trop lentement : elle aurait voulu arriver plus tôt. Cet étrange sentiment de trop tôt/trop tard, l'angoisse un peu. Elle n'a pas prévenu de la visite. Qu'aurait-elle dit ? Qu'aurait-elle écrit ? Elle est venu, simplement. Sous le capuchon, les yeux marron balaient les alentours, les murs, les fenêtres, chaque détail. Elle a eu peur de se tromper de route. Elle a eu peur de ne pas reconnaître. Mais cette cour, elle s'en souvient. Elle est à bon port.

Les pas du cheval ont résonné sur la terre dure. Sans doute ont-ils été entendu par les occupants des lieux. La fin de journée est calme, silencieuse, ici. C'est du moins ce qu'il lui semble, sitôt arrivée. Elle a tiré sur les rênes. Le cheval s'est immobilisé, docile, enfin. Il était temps. Puis, le mantel a été repoussé des deux jambes, dévoilant la tricherie qui lui permet de rester en selle, sans n'avoir aucune notion équestre, aucun équilibre. Des cordes enlacent les cuisses de l'harnachée, la fixant fermemant à la selle, à la mode rôti de veau.

Les doigts fins ont commencé à s'activer, sur les cordes. Avec les secousses des chemins, les cahots du galop, les nœuds se sont serrés. Les ongles tentent de gratter, d'accrocher un bout, de défaire le tout. La galère... Elle les aura, ces fichus nœuds !

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Dobromir
[Cheny, après avoir rendu son titre et avant de partir pour Chalon]






    - Va te faire voirrrrrrrrrrrr ! Tu n'avais qu'à le faire toi-même !

    Le ton dur et l'accent est encore plus prononcé qu'à l'ordinaire. Les cris, les injures volent. Je suis fatigué de ce que veut ou pas Torvar. Un coup blanc, un coup noir. Depuis l'affaire de son gosse qui a disparu sans laisser d'adresses et les coups de fouet que j'ai eu en récompense, depuis que sa petite-fille est tombée malade et qu'il a été obligé de revenir de cette ville maudite où des bâtards de brigands se sont donnés en spectacle en prenant une mairie, depuis qu'il a décidé que tout ça ne serait plus à nous il est devenu invivable. Et quand je dis invivable c'est IN IV VA BLE !

    Pour un peu ils nous foutraient à la rue sans avoir le temps de récupérer nos affaires. Et aujourd'hui il veut aller dans une autre ville parce qu'il parait qu'une dame lui a demandé son aide. Quant est-ce qu'il va s'arrêter de courir et d'aider tout le monde ? Peu pas penser un peu à lui ce couillon. J't'en foutrais moi des donzelles à sauver. Mais pour qui elles le prennent à la fin ? Le chevalier blanc ? nan mais hooo ça suffit là !

    Je lève la main pour attraper une besace de cuir remplit de "je-ne-sais-quoi" pas si lourd que ça et je la balance par la fenêtre. Plus vite arrivée en bas, plus vite chargée dans une chariote. Môsieur a donné des instructions et Môsieur compte bien sur moi pour les faire respecter. Et lui il fout quoi d'ailleurs ? Ah oui j'oubliais il doit aller voir sa suzeraine qui n'est plus sa suzeraine... j'en perds mon russe moi avec toute cette histoire... j'savais pas que le vieux loup pouvait se pavaner dans autant de lit moi. Je pensais mon cousin sérieux, presque moine à force de ne pas le voir dans une paillasse autre que la sienne ben je me suis gouré. Elles le veulent toutes. A croire qu'il a un truc exceptionnel. Et c'est de famille ? Quoi j'me renseigne !

    Sourire en coin qui s'affiche mais pas pour longtemps. Des sabots résonnent sur le pavé. Je descends de mon étage, laisse Lubim superviser les derniers préparatifs et m'avance vers ce qui semble une forme sur un cheval. Plissage de zyeux et j'essaie de comprendre où est le bout pour dérouler la chose mais....qu'est-ce que c'qu'ça encore ?

    Stupéfaction, je regarde ce qui ressemble à une donzelle saucissonnée sur un cheval... ben ça alors, on me l'avait pas encore faite celle-là. Qu'ils ont d'étranges idées par ici... nom de zeus ! Faut qu'on s'tire avec Torvar et Lubim sinon on va finir tarés comme ces françoys... on peut nous traiter de sauvages mais eux sont pires. Des bêtes j'vous dis qui savent pas quoi inventer pour s'faire du mal. Les cinglés, j'veux pas finir comme eux. Bon j'm'approche quand même en espérant qu'elle ne soit pas possédée la donzelle, j'voudrais pas m'faire mordre parce que s'ils l'ont attaché c'est pas pour rien hein donc j'garde ma main sur mon sabre histoire de trancher la tête dans le besoin. On m'a toujours dis qu'il valait mieux tuer et discuter après. Donc j'm'avance avec prudence et finalement je pointe mon sabre dans sa direction.

    - T'es qui toi et tu viens faire quoi sur les terres de Cheny ? J'te connais pas et t'es pas attendu alors tu m'dis c'que tu fous ici ou j't'aide à vite finir ta vie... avec l'allure qu't'as déjà, j'pense que j'te rendrais service. Mais t'inquiète pas, j'garde ton ch'val en souv'nir de not' rencontre !

    C'est ça la magie des cosaques. Une donzelle on s'en tape par contre la monture, elle est pour nous, quoi qu'il arrive ! Pis comme j'aime bien faire partager...

    - ETTTT TORVARRRR ON A DE LA VISITEEEEE !
Eliance

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Introspections
(cala)miteuses
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C'est fou comme une femme qui ne réfléchit jamais peut se mettre, d'un coup d'un seul, à tergiverser tout le jour durant, avec de seuls rares passages à vide. Alors, bien sûr, la démarche est hésitante, l’œil hagard derrière le godet vide depuis des heures. Mais les nœuds cérébraux sont bel et bien présents. D'ordinaire, pour la roussi-blonde, une seule réponse à ses problèmes : la falaise. Mon mari me trompe ? Falaise ! Mon mari se casse ? Falaise ! Ma sœur m'abandonne ? Falaise ! Je ne sais pas qui je suis ? Falaise ! Je suis toute nulle, toute pourrie ? Falaise !

Sauf qu'à l'instant, il n'y a pas de problèmes en vue. Alors la falaise ne convient absolument pas comme réponse. D'ailleurs, pourquoi cogiter si aucun souci n'est apparent ? Parce qu'une faille s'est ouverte. Un truc qui fait que les choses simples et coulant de sources sont moins simples et coulent moins de source. L'eau en bouteille a cette praticité indéniable d'être canalisée et contenue. Mais la caboche ménudiérienne est une source qui tantôt s'assèche, tantôt déborde. Elle n'a rien de la sage flotte minérale plastifiée qui ne fait pas de vague ni de remous.

Au fond de son godet, semblent écrits les derniers mots de Diego : « Vous avez une vie à vivre, des enfants à faire naître, des hommes à briser. » Parce que les prunelles marron détaillent avec une attention infinie les dernières gouttes qui peuplent ce fond. Et que ces mots-là lui reviennent. Elle n'a pas envie de faire souffrir quiconque. Mais il faut avouer que dans la situation telle qu'elle est, certains risquent de souffrir. Certain, certains. Peut-être tous.

Et puis, ensuite, ce sont les parois du godet qui monopolisent ses yeux. Le Cosaque ne souffre-t-il pas déjà ? À cause d'elle ? Depuis leur première rencontre ? N'a-t-il pas l'âme agitée par sa faute ? Mais que faire ? Comment être une femme à peu près convenable sans faire souffrir aucun des hommes de sa vie ? Comment préserver Elias tout en sauvant Torvar ?

Bien sûr, ni le fond, ni les parois du godet n'ont la réponse à ça. Un autre jour, elle en aurait parlé à Atro. Mais comment parler à Atro de Torvar sans qu'elle lui jette un simple « Qu'il crève ! » bien senti ? Sur ce coup-là, Eliance est seule.

Pourtant, l'honneur est encore sauf, elle en est sûre. Un dépôt de souvenir furtif sur une bouche, ce n'est pas tromper, n'est-ce pas ? Les yeux se lèvent pour balayer la salle d'auberge, cherchant un regard confirmant ses pensées. Qui saurait lire dans sa cervelle muette ? Personne ? Bandes de lâches... Un type approche. Il accapare toute l'attention de la roussi-blonde. Sans doute, ce gars-là sait-il tout ça, a-t-il la réponse !


'voulez r'boire un truc ?


C'est le tavernier... Et il ne semble pas avoir de réponse. Alors Eliance se lève et part, à la recherche d'un cheval et de cordelettes... entre autres.

***

Bordel de vinguette...

La roussi-blonde s'acharne sur un noeud. Pas un seul n'a consenti à déserrer l'emprise faite sur sa chair, pour le moment. Foutue ignorance équestre. Foutue incompétence à garder le séant posé sur une simple selle. Foutue équilibre si peu équilibré. Foutu Cosaque qui vit si loin de Mâcon. L'arrivée d'un type stoppe net les activités marines de la roussi-blonde et son nez se fige devant l'accueil particulièrement délicat et amical. Pas de doute, c'est un Cosaque ! Un autre, un inconnu. Un terrifiant.

Elle ouvre la bouche pour tenter une réponse, mais aucun son n'en sort. Elle reste ainsi donc, à s'assécher le palais, tandis que tout son corps tremble entre les ficelles et la selle et le cheval. Crever de la main d'un Cosaque alors qu'elle vient rendre visite à un autre. Un comble.


Je...
Un son. Bon début. Les cordes vocales semblent encore capables d'activité. Elle a bien percuté ce qu'a dit le Cosaque. Si elle formule la raison de sa venue, elle a éventuellement une chance de finir en un seul morceau avec le coeur battant encore, intact. Mais voilà, la trouille et la difficulté à dire à voix haute le pourquoi précis de sa venue l'empêchent de trouver sa verve habituelle.

Euh... Ca va finir en charpie, cette histoire. Je...
Son teint a perdu les couleurs provoquées par la chevauchée. Le sang semble avoir quitté la tête de la roussi-blonde, comme pour anticiper le coup de sabre à venir et éviter un trop grand jet lors de la coupe franche et nette. Livide, l'oeil terrifié, elle parvient pourtant à répéter, après le Cosaque : Torvar...
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Torvar
Trop de choses à penser, trop de choses à gérer. Le temps n'était jamais au rendez-vous lorsqu'on avait une épée de Damoclès au dessus de la tête et pourtant le cosaque s'obstinait. Il voulait que tout soit en ordre avant de quitter les lieux. La décision était prise, il n'y avait plus à revenir dessus. Si les siens pouvaient lui en vouloir c'était sans compter sur la colère et la tristesse que Della ressentirait... mais ça ce sera pour un autre jour. Pour l'heure, assis dans son bureau, le cosaque rangeait donc des papiers, des courriers qu'il désirait garder, d'insultes comme de mots plus tendres... Souvenirs d'une période de sa vie qu'il ne regrettait nullement, il voulait pouvoir mettre des souvenirs sur ces mots... la nostalgie, quelle garce, savait s'inviter toujours lorsqu'on ne le souhaitait pas...

- ETTTT TORVARRRR ON A DE LA VISITEEEEE !

Les doigts du cosaque se figèrent sur les vélins en main lorsque la voix de son cousin résonna entre les murs du château. Soupirant de lassitude avec l'envie d'être loin, très loin, il se demanda encore ce qui pouvait bien motiver Dobromir cette fois. Cet homme avait la capacité de mettre les nerfs à fleur de peau du cosaque. Sans doute sa jeunesse et sa fougue le rendaient ainsi tandis que le vieux mercenaire, lui, aspirait à une tranquillité bien méritée. Mais apparemment ce n'était pas le moment, certainement pas. Alors, avec des gestes lents et lourds, Torvar se redressa puis traversa le couloir qui lui parut d'une longueur bien plus importante qu'il ne l'était vraiment, jeta un coup d'oeil à droite ou à gauche, dans les pièces où l'on s'affairait pour finir par montrer le bout de son nez à la porte d'entrée qui était restée entrouverte afin de permettre aux gens de maison de rassembler les affaires dans la cour.

- C'est quoi ton problème Dobromir ? Tu ne peux rien faire tout s...

L'œil du cosaque fut alors aussitôt attiré par la roussi-blonde et déjà il se précipitait à ses côtés.

- Pizdec*...Eliance qu'est-ce que vous f...

Le regard du cosaque observa le visage d'une pâleur à faire peur glissa rapidement sur les épaules, le buste pour s'arrêter sur les jambes emprisonnaient dans le cordage.

- Bordel... Dobromir, aide-moi... vite...

La main du cosaque se glissa dans son dos afin d'agripper un poignard au pommeau de nacre serti de pierres précieuses, à la lame courbe qui déjà venait frotter les cordes qui enserraient les jambes d'Eliance. Un lien puis deux puis quelques autres se desserrèrent lentement aussi Torvar arrêta sa manoeuvre afin de laisser faire son cousin tandis que lui-même passaient ses bras vigoureux autour de la taille de la jeune femme. Enfin il put la soulever de la selle et la tint caler contre son torse, un bras sous ses genoux, l'autre dans son dos et ensemble, ils se dirigèrent vers la grande maisonnée. Le pied en avant, le cosaque ouvrit un peu plus la porte puis de ses grands pas il traversa le hall avant de venir déposer la roussi-blonde sur un siège où quelques coussins trainaient encore. Plongeant son regard acier dans celui de la jeune demoiselle, il inspira profondément avant de déposer une main sur sa joue avec délicatesse.

- Si vous voulez apprendre à monter Eliance, dites-le moi et je me ferais un plaisir de vous enseigner les rudiments de base au lieu de vous saucissonner ainsi... vous auriez pu vous casser quelque chose...

Un sourire chaleureux vint terminer sa phrase avant de soudain froncer les sourcils en signe d'inquiétude.

- Mais que faites-vous là Eliance, on vous a fait du mal ?

Et quand il disait "on", Torvar sous-entendait le tailleur de ces dames... S'il avait levé la main sur elle... Dieu le garde car il n'aurait pas de pitié ni de cesse de le traquer...



*m**de ou plus vulgaire dans le sens agacement.

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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, je ne mords pas.
Eliance
Les regards se croisent, alors que la vie revient peu à peu dans la chair ménudiérienne. Sa tête ne devrait pas être tranchée de suite. Côté rassurant du débarquement du « vieux » Cosaque. Ça n'empêche que sa bouche reste sèche à mourir, pas franchement plus à même de taper un brin de causette à cet instant précis. Et c'est pas tout le monde qui est amené à lui couper la chique, à la bavarde Eliance. L'effet cosaque en général, donc, puisque les deux présents la lui coupent, la chique, chacun à leur manière. Elle observe silencieusement la lame trucider sans pitié ses cordelettes, se disant que c'est malin, il lui en faudra trouver de nouvelles pour le retour. Mais l'idée s'évanouit bien vite pour laisser place à une rougeur faciale non dissimulable quand elle se retrouve soulevée par les bras de Torvar.

Protester ? Dire qu'on peut marcher ? Qu'on n'est pas encore impotente ? C'est faisable. Mais, techniquement, elle n'a pas le choix de la décision finale, ne fait pas le poids face à la différence de carrure. C'est un fait : se débattre serait ridicule. Râler encore plus. Alors elle se laisse trimbaler, non sans ressentir quelque malaise. Quelqu'un la touche !

La traversée de la maison lui permet d'observer discrètement le Cosaque de près, sans trop se faire remarquer. Et ce qu'elle remarque, elle, c'est que la couleur de ses pupilles est étrangement similaire à celle du tailleur. Les hommes de l'Est ont-ils tous cette particularité un brin envoûtante ? Elle envisage un instant de penser à scruter celles de l'homme qui l'a menacé en arrivant, avant d'y renoncer couardement.

Et puis, vient l'atterrissage dans le fauteuil... le contact osé et direct sur sa joue... et ce regard qui ne la lâche pas d'une semelle. Tout ça mis bout-à-bout lui fait baisser les yeux un instant. Elle fait mine de détailler le siège où il l'a installé, tentant d'apaiser les couleurs un peu honteuses de son teint qui ne font qu'empirer d'intensité.


Le saucissonnage empêche justement le cassage d'os, vous savez.

Un battement de cils plus loin, elle ose affronter de nouveau le regard braqué sur elle, lui sourit même en retour, voulant rassurer Torvar quant à ses pratiques équestres peu glorieuses et plus que douteuses. Mais le regard gris de celui qui la fait tant rougir s'assombrit d'un coup d'un seul. Comme une éponge à émotion, son sourire à elle diminue quelque peu, prenant une touche sérieuse et confidente.

Vous avez parlé d'une étincelle de vie... une fois.
Et dans votre dernière lettre... enfin, j'me suis dit que vous en auriez bien b'soin...


Elle n'a pas bougé, de son fauteuil. Pas un doigt, pas un orteil. Comme elle a été posée, elle est restée. Elle se contente de le regarder. Et d'avoir un peu mal au cou. C'est qu'il est grand !
Elle ignore le « on » ; elle ignore la proposition des leçons équestres. Après tout, elle n'est là ni pour parler de l'un, ni pour se faire enseigner l'autre.

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Torvar
Le regard se portait sur Eliance, l'observait, attendait. Le moindre mouvement était décortiqué comme à l'ordinaire. C'était sa façon de faire, peu importe qui était en face de lui. Et là, s'il ne lâchait pas des yeux c'était aussi pour essayer de sonder l'âme de la Roussi-blonde... Entre elle et lui c'était un perpétuel jeu de cache-cache... "Je t'aime, moi non plus"... "Adieu et à jamais"... et ils étaient là, encore réunis, poussé l'un vers l'autre par cette attraction fatale et sans équivoque, cette attraction qui avait donné des ailes à Eliance au point qu'elle avait osé donner un baiser au cosaque... Ce dernier inspira profondément tandis qu'Eliance se lançait dans une tentative d'explication puis il se retourna, avisa un tonnelet de gorsalka dont il ouvrit le robinet afin d'en verser le contenu dans deux godets d'étain. Le mouvement était sûr et ils furent remplis comme il se devait. Torvar finit par faire face à son invitée surprise, lui apportant ce petit remontant avant de prendre à son tour la parole.

- On s'est dit tellement de choses vous et moi...

Torvar porta son verre à ses lèvres après avoir trinqué. Il huma le parfum particulier de ce breuvage venu de ses terres natales qu'il affectionnait bien plus que sa propre raison... Paupières clauses, il se vit dans ces contrées lointaines assis autour des braises d'un feu de camp, dans une yourte où des tapis régnaient en maitre sur le sol, des coussins aux couleurs chatoyantes parsemés un peu partout, des rires graves, des gestes lents, des doigts qui se frôlaient et des mots à demi murmurés... le passé s'invitait dans ce présent qui pourtant n'avait rien à voir et le manque terrible de ces sensations et ces odeurs familières vint lui broyer le coeur alors machinalement, Torvar fit couler le breuvage dans son gosier afin d'atteindre ce sentiment de plénitude qui l'envahissait à chaque fois et qui ne manquerait pas aujourd'hui de faire son œuvre... le cosaque exhala alors un soupir de bien être. Cette inconscience dura quelques instants, à peine le temps de battre des cils puis il revint à Cheny, ces terres qui bientôt ne seraient plus siennes.

- J'aurais besoin de quoi au juste Eliance ? Pensez-vous donc que ma vie est à ce point si terriblement pitoyable que vous venez tel un agneau que l'on sacrifie ?

Certes elle lui avait dit qu'il s'était lamentablement raté, comme à son habitude lui avait-elle même glissé à Macon lorsqu'ils s'étaient rencontrés mais voilà, c'était fait. Il n'avait pas pour habitude de regarder en arrière ni même revenir sur certaines décisions. Où disons plutôt que tout dépendait de la personne et que dans ce cas-là, il n'y avait plus rien à dire. Une femme amoureuse oui mais pas une femme qui vient à lui par dépit, parce qu'un mari n'a pas joué son rôle et a été voir ailleurs... fatigué de jouer les doublures... Le regard du cosaque se releva et posa à nouveau ses mirettes insondables sur Eliance avant de s'installer sur le siège en face d'elle.

- Je vous le redemande Eliance et ne me parlez pas par énigme, que faites-vous là ? Pourquoi avoir bravé la nature bourguignonne et les armées pour venir vous perdre jusqu'à Cheny alors que vous avez vous-même un mari qui vous attend bien au chaud dans votre chambre à l'auberge...

Il avait beau avoir des sentiments depuis belle lurette pour la Ménudière, il y avait une chose qu'il ne voulait pas c'était la mettre dans une situation qu'elle n'arriverait pas à gérer. Et Eliance était bourrée de contradiction. Ce qu'elle pensait être merveilleux aujourd'hui la rongerait demain, de ça il en était persuadé alors il reprit ouvertement.

- Je n'ai pas pour vocation de vous apporter un conflit intérieur et si vous franchissez l'espace que nous avons établi vous et moi, vous ne serez plus jamais à même de revenir en arrière et forcément, vous m'en voudrez... encore... On peut avouer bien des choses dans un courrier mais de là à passer à l'acte Eliance, il y a un gouffre... et je ne suis pas certain d'avoir envie de vous le voir franchir ce gouffre... je n'ai pas envie de vous voir souffrir à cause de moi...

Comment pourrait-il se regarder en face si jamais il entraînait Eliance sur cette pente-là ?
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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, je ne mords pas.
Eliance
Eliance a saisi le gobelet offert, s'est contenté de l'entourer de tous ses doigts et d'espionner Torvar boire le sien. N'importe qui aurait saisi l'occasion sans réfléchir. N'importe qui aurait laissé parler ses pulsions comme il se doit. Pas Torvar. Et devant les doutes, les questions de l'homme, Eliance voit ses lèvres s'étirer malgré elle. Parce que le Cosaque est, une fois de plus, à deux doigts de tout gâcher, par simple respect pour elle. À deux doigts de la renvoyer dans les bras de son mari. Alors qu'elle est là, face à lui, pour lui. Le sourire amusé empire. Sans doute est-il utile pour camoufler l'appréhension des mots trop francs qui doivent être dits. Puisque c'est la demande explicitement formulée par Torvar. Une dent fait irruption et tente de discipliner le sourire inapproprié en le châtiant comme il se doit.

J'suis là... Vous savez ce que ça veut dire. Mais s'il vous faut des mots... soit.

Jusqu'alors immobile, elle contre-glisse à présent ses fesses sur le rebord de son siège, penche légèrement son buste en avant, ses coudes prenant appui sur ses cuisses, afin de réduire un peu l'espace entre les quatre pupilles qui ne se quittent plus. Le regard qu'elle porte sur le Cosaque est déterminé. Davantage sans doute que l'âme elle-même qui est bien moins sereine.

J'ai réfléchi, avant de venir. Je suis là parce que j'ai réfléchi. Longu'ment. Et vous m'y avez invité. À réfléchir et à venir. Alors j'ai décidé. J'ai réfléchi et décidé. Par moi-même. Vous m'avez souvent reproché de ne pas le faire, réfléchir et décider. Et d'pas assez penser à moi. C'est chose faite.

Peu importe le reste. J'suis là parce que j'ai envie d'y être. J'ai eu envie d'vous voir. J'ai eu envie d'être à nouveau cette étincelle dans votre vie. Et qu'vous en soyez une dans la mienne, aussi. Votre vie a rien d'pitoyable. Vous avez mal compris. L'seul moment où vous m'avez fait souffrir, c'est en écrivant des mots trop durs qu'vous pensiez pas. J'vous ai détesté pour ça. Seul'ment pour qu'ça fasse moins mal. J'crois pas qu'votre gouffre me f'ra souffrir.


Une pause s'impose. La Gorsalka est bue à coup de petites gorgées successives. Causer sans image, Eliance a essayé. Mais ça revient rapidement. C'est sa manière à elle de dire les choses. Ça lui évite ainsi d'évoquer directement son presque-mari et ses potentielles futures souffrances.

Est-ce que j'ai réell'ment une tête d'agneau ?!

Un petit rire furtif fuse de la gorge réchauffée tandis que le gobelet se voit échouer sur l'accoudoir du siège, libérant ainsi les doigts de la roussi-blonde qui viennent lentement mais sûrement se poser sur la peau tannée d'une des mains cosaques. L’œil ménudiérien a pris une teinte plus grave, plus inquisiteur que jamais.

À vous de m'dire si vous voulez revivre cette étincelle. Ou si vous préférez me mettre à la porte.

Le sourire espiègle revient, l'espace d'un instant.

Sachant que d'l'autre côté d'votre porte, dans votre cour, y a un fou qui veut m'trancher la tête. C'est vous qui voyez...

N'est-ce pas un argument comme un autre pour rester ?
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Torvar
Le regard du cosaque se posa sur la jolie roussi-blonde tandis que son pouce remontait inlassablement la ligne des doigts d'Eliance. La douceur de sa peau contrastait avec celle plus dure et plus tannée par les années du cosaque... le contraste entre les deux mondes se montrait au grand jour, la douceur et la rudesse, la jeunesse et la vieillesse, le passé et l'avenir... en un instant, on voyait la réalité des choses et Torvar, loin d'être fou, les comprenait. Aussi inspira t-il profondément avant de chercher quelques évidences dans les yeux de celle qui venait, la bouche en coeur, jouer sur son terrain.

- Vous savez très bien que vous n'avez rien à craindre de mon cousin... il aboie beaucoup mais ne mords pas toujours. Dobromir est un peu un chien fou... toujours prêt à sauter sur ce qui bouge...

Le sourire est léger au coin de la bouche et la tentation est grande de se laisser aller. Cela serait si facile... cela l'a toujours été avec Eliance. Un mouvement, un regard, le cosaque a déjà la main levée pour venir attraper une boucle qui se sauve le long de la joue de la jeune femme. Il a connu la tignasse plus longue et mieux entretenue et se demande ce qu'elle a bien pu fabriquer mais sachant Eliance à fleur de peau souvent, il se doute qu'un acte désespéré est venu semer le trouble de ce côté-là... Le cosaque recula un peu son propre visage pour mieux observer l'ensemble et la main de continuer son incursion, lâchant la boucle soyeuse pour parvenir sur le rivage du visage. D'abord la pommette puis la joue sont soumises à la rudesse du pouce. Le geste était pourtant tendre mais la peau tannée n'était pas faite pour ces gestes-là... et la main de se prendre de légers tremblements d'hésitation. Le désir grandissait et le fait d'avoir enfin le droit de réaliser un rêve... car Eliance était ce rêve devenu inaccessible depuis tant d'années qu'il en avait mal de la considérer comme proche de lui aujourd'hui. Pourtant Torvar reprit d'un ton plus profond encore et à peine audible.

- Vous savez très bien que je ne peux vous demander de partir... j'aimerais mais je n'y arrive pas...

Un soupir déchirant se brisa dans la gorge du cosaque. Le chaos qu'il ressentait dans chaque fibre de son être ne faisait qu'ajouter à son désir. Un désir qui grondait et qu'il ne pourrait pas maitriser encore longtemps... jusqu'à maintenant il avait rongé son frein pour ne pas succomber, la laisser tranquille, la voir vivre ailleurs, loin de lui, avec un autre, des autres mais là, elle était venue jusqu'à lui et il ne pourrait pas toujours enfermer le loup en lui... et ce loup réclamait l'agneau...

Les doigts du cosaque se firent plus légers, caressant le soyeux de cette peau avant de se glisser dans son cou, là où palpitait cette veine, source de vie et de désirs... Soudain la tête du cosaque se pencha lentement et il vint appliquer ses lèvres sur cette vibration... ce fut si léger qu'on aurait dit qu'il ne l'avait pas touché... et le souffle du cosaque remonta jusqu'aux lèvres si longtemps convoitées... un instant d'hésitation encore, le regard acier accrocha les mirettes de la roussi-blonde avant de se laisser aller à ce commandement impérieux... et la bouche de Torvar vint recouvrir celle d'Eliance avec tendresse tout comme elle-même l'avait fait lorsqu'ils s'étaient retrouvés à Mâcon...

Mais à peine eut-il cédé à la tentation que le cosaque prenait du recul. Ses mains se mettaient en coupe autour du visage aimé et d'une voix peu assurée, Torvar reprit doucement pied dans la réalité.


- Eliance... c'est de la folie... penser à vous ne veut pas dire vous faire du tort... pensez à Romanov... vous l'avez choisi celui-là ... si vous, nous... si on franchit la barrière qui s'est toujours dressée entre vous et moi vous ne pourrez plus vous regardez en face...

La chose était certaine. Torvar lui vivrait avec sa culpabilité, une fois de plus. Sa vie était ainsi faite mais il ne voulait pas entraîner la roussi-blonde dans son sillage. Mais qu'avait-il osé faire, était-il devenu fou, l'amour était-il à ce point si destructeur ?
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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, je ne mords pas.
Eliance

Se regarder en face... Est-ce une chose couramment pratiquée par Eliance ? Elle y réfléchit sérieusement un instant, sous l'impulsion de Torvar. Du moins, elle tente, alors que tout son être est troublé par l'attitude slave. Les gestes doux ont davantage de portée, parfois, quand ils viennent d'un être qui semble si dur et froid, quand ils sont attendus, repoussés, depuis si longtemps. Eliance n'est pas du genre à se regarder dans un miroir. Et c'est cette réflexion, s'attachant au sens premier des mots, qui lui vient, même si elle perçoit le sens second sous-entendu. Ses lèvres se remettent à peine de la chaleureuse entrevue fugace d'avec leurs voisines, qu'elles se mettent à nouveau en action, mais pour parler, cette fois.


Pourquoi ça m'ferait du tort ? J'vous ai dit. J'y ai réfléchi. Elias est Elias. Il rest'ra Elias. Quoiqu'il en soit. Quoi qu'il arrive.
Vous êtes... si... différents, tous les deux.


Une main est montée pour recouvrir une de celles qui cueillent son propre visage. Elle ne la recouvre pas entièrement. Loin de là. Mais ce n'est pas franchement le but ultime, de faire concurrence à la taille des paluches cosaques. Les deux hommes sont différents. C'est un fait. Une réalité. Et l'un et l'autre ne sauraient lui offrir la même chose. Pourtant, chacun à sa manière apaise la jeune femme. Chacun à sa manière lui apprend à vivre. Chacun à sa manière la pousse à être meilleure, à s'éloigner de ses tourments. Chacun croit en elle, en son bonheur possible.


Est-ce qu'on peut pas vivre un présent et un peu de passé en même temps ?


Confronter plusieurs vies en une seule. Là est l'idée profonde à laquelle la roussi-blonde a songé.

Vous et moi, on sait que vous vous laiss'rez plus enchaîner à une femme, Torvar. Vous fuyez, toujours. Votre envie d'rester libre surpasse tout l'reste. N'empêche que vous avez l'droit à une étincelle.

Et pour moi...
La bouche ménudiérienne se tord un instant, cherchant les mots justes dans la profondeur des prunelles grises qui lui font face. ... disons que j'refuse plus mon passé. Et qu'il entach'ra pas mon présent.

Un sourire vient conclure les paroles ménudiériennes, juste avant que son visage n'entraîne les mains qui l'encadrent plus à proximité de leur propriétaire. Et ce n'est pas un baiser furtif, qu'elle lui offre cette fois-ci, c'est deux, trois, quatre..., toujours plus intenses, toujours plus appuyés, toujours plus osés. Un murmure s'échappe des lèvres jointes, dans un soupire presque commun.


Laissez-nous vivre notre souvenir, notre secret.


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Torvar
La tête du cosaque explosa en mille étincelles qui vinrent doucement pénétrer son âme tandis que sous la glace couvait un feu profond nourri depuis bien longtemps d'espoirs chimériques. Le temps d'inspirer plus longuement que déjà le baiser que lui donnait Eliance arrachait un léger grognement au cosaque. Le souffle lui manquait, la pensée lui faisait défaut, la peur s'immisçait dans chaque cellule de son corps avant d'être chassé par autant de bulles de désirs éclatant en mille morceaux. Les doigts sur les joues d'une tendresse passive jusque-là glissèrent le long de la nuque de la jeune femme pour venir se perdre le long de son échine... Enfin le rêve devenait réalité, enfin les barrières cédaient et chaque fragment de son âme et de son corps vibraient à l'unisson.

Soupirs d'extase tandis que la bouche tendre d'Eliance prenait ses droits sur celle du cosaque lui offrant ce qu'il attendait depuis si longtemps... aurait-il pu faire plus beau rêve dans cette vie-là, il en doutait tellement il se sentait enfin apaisé. Elle le libérait, lui ôtant enfin un poids malsain qu'il trainait comme un boulet depuis tant de temps, il la cueillait à l'aube de cette nouvelle existence qu'elle tentait de se forger et un long frisson chevaucha l'échine pour se perdre dans la nuque masculine... le désir de la conquérir lui vrilla alors les entrailles aussi soudainement qu'il en eu le souffle couper ou bien était-ce tout simplement tout cet amour qu'il ressentait pour elle qui venait l'empêcher de respirer normalement lui arrachant au passage de tendres gémissements... il ne le savait plus et ne cherchait pas à le savoir... rien n'aurait su l'arrêter désormais... il ne pouvait plus faire machine arrière alors la main de Torvar se crispa légèrement dans le dos de la jeune femme pour être certain qu'elle était bien là et qu'il ne délirait point... Et rapidement, les doigts du cosaque reprirent leur voyage, vagabondant sur chaque centimètre de ce dos qu'il tenait, gravant à jamais dans sa mémoire l'image de cet instant.

Des minutes qui s'égrainaient, de longues vibrations qui parcouraient Torvar aussi se laissait-il happer par les émotions, la tendresse, le besoin de l'aimer, elle et personne d'autre, de la sentir plus proche encore de lui alors sans crier gare, il se laissa tomber à ses pieds, genoux à terre comme s'il rendait enfin les armes devant tant de conviction naissante, tendant à l'extrême son buste pour mieux se pencher sur ses lèvres tentatrices et offertes. Une main glissa alors sur la hanche de la roussi-blonde, curieuse d'en connaitre la forme et de la conquérir avec douceur... tout en Torvar n'était que gestes lents, légers et délicats, trop peureux de la faire fuir loin de cette bulle de bonheur qu'ils venaient de se créer... La bouche masculine en profita pour s'échapper de la tentation et vint se perdre dans la chevelure encore courte d'Eliance, respirant son odeur avec délectation, son parfum bien à elle, fermant les yeux pour mieux se les approprier. Puis il partit à la recherche de cette chaleur qui lui manquait déjà, celle de ce tendre cou et de l'arrondi de ces épaules qu'il devinait sous la chemise... Torvar déposa une pluie de baisers avant de rencontrer le regard d'Eliance.


- notre secret... à jamais...

Que pouvait-il rajouter à ça ? Elle prenait les rênes de leur existence pour quelques instants, quelques minutes, quelques heures qu'il chérirait jusqu'à la fin des temps...

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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, je ne mords pas.
Eliance
Transportée, elle a fermé les yeux, devant la grande proximité qui s'impose à eux comme une évidence. Elle laisse le Cosaque l'envoûter, l'explorer de mille façons. Elle le laisse faire, non sans un souffle qui s'intensifie, une raideur musculaire qui augmente, des pensées bordéliques qui se perdent, une chaleur qui s'installe. Tout s'emballe, même si ses mains à elle restent sages, timides, hésitantes. Une se prend à explorer maladroitement le rasage de mauvaise qualité, pour ensuite aller tâter de la peau plus tendre, celle située sous l'oreille.

Ce qui envahit Eliance l'effraie au plus haut point. Elle ne se reconnaît pas dans ce sang qui coule trop fort en elle, trop vite, alors qu'un homme la touche, l'effleure. Un autre homme que celui qui lui a appris à ne plus avoir peur. Un autre aux gestes si différents, à l'odeur si particulière, qui réveille pourtant en elle des profondeurs insoupçonnées.

Il est loin, le baiser furtif offert en taverne simplement pour lui, d'abord, en guise d'offrande secrète, de souvenir personnifié. Si Eliance rougit, si sa respiration se hâte, c'est de sentir son corps vibrer sous les gestes délicats du Cosaque. C'est de se sentir si vivante, si entière entre ses mains. C'est de respirer avec délectation ce soufle qui s'offre à elle, qui vient la cueillir avec tant de douceur et de fougue mêlées.

En venant à Cheny, elle ne donnait pas cher de sa peau. Elle ne savait pas vraiment si elle saurait retrouver ce sentiment rencontré brièvement quand, pour la seconde fois, elle avait confondu ses lèvres avec celles de Torvar. Elle ne savait pas si la fuite ne serait pas toute la conclusion. Elle ne savait rien, à part que ne pas venir se transformerait indéniablement en un grand regret.

Là, contre lui, avec lui, elle ne regrette rien. Un instant, ses paupières se sont soulevées pour croiser les gris enflammés, pour entendre la voix rauque, chaude, ensorcelante. Et, malgré elle, Eliance s'est prise à sourire, heureuse que ce « à jamais » présente une teinte si différente de celle habituelle à leurs adieux temporaires. Heureuse, peureuse, mais rassurée. Elle ne fuira pas. Elle vit. Simplement parce que c'est lui. Lui et son regard troublant. Lui et son amour débordant. Lui et sa tendre protection.

Alors, prenant enfin une décision, ses doigts osent venir arpenter le corps de Torvar, cherchant à identifier le détail de chaque muscle de son torse, chaque mouvement, chaque tremblement, pour mieux se glisser ensuite sous la chemise et remonter lentement, comme des bêtes apeurées mais curieuses. L'exploration se poursuit, mais cette fois, les paumes ménudiériennes découvrent le grain de la peau slave, passent sur quelques cicatrices, ne se gênent pas pour fouiller ce passé violent et guerrier.

Elle ne rêve plus que de se presser davantage contre lui. Elle ne rêve plus que de sentir encore et encore ses lèvres dévorer les siennes. Elle ne rêve plus que de cet instant où rien n'existe d'autre que eux. Le temps s'est arrêté, oscillant entre passé et présent, tandis qu'elle a glissé un peu plus vers le rebord du siège pour effacer le dernier gouffre resté entre eux.

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