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[RP] Cerièra's Place, 1 Boulasse St

Ceriera
Deux jours qu'elle était rentrée de la capitale, et Cerièra n'avait toujours pas défait ses bagages. Pas le temps, pas l'envie… elle avait préféré sortir et profiter des fuxéens encore présents pour le moment.

Les amoureux étaient partis visiter le Comté à leur tour – décidément, il en fallut de peut pour qu'ils ne se croisent en chemin – et Lyviia repartait le lendemain soir. Quant à Manga, elle sortait peu, et commençait à manquer bigrement à la griotte !

Émergeant de sa sieste, elle décida de forcer un peu les choses. Elle qui avait toujours un peu négligé son aménagement – à quoi bon ? il y a tant de choses à faire… ailleurs que chez soi – elle ouvrit grand les fenêtres pour laisser entrer le soleil, puis passa par précaution un coup de balai sur le sol.


Bon, maintenant, le désordre.

Elle balança tout le contenu de ses bagages par terre, ouvrit son coffre où s'entassaient de vielles affaires auxquelles elle n'avait pas jeté un œil depuis des années, et les mit avec le reste.

Quelques linges défraîchis, et menus objets, mais pas grand chose de bien vieux finalement. On lui avait dérobé en chemin la plupart de ce qu'elle possédait avant 59, quand elle était venue aménager à Foix.
Un dessin, qu'elle regarda un moment avec nostalgie, avant de le poser retourné sur ses étagères. Une flûte en bois, dont elle essaya de se remémorer comment en sortir quelques notes. Quelques textes, lettres, livres et partitions de chant, qu'elle posa sur sa table, espérant ne pas se laisser distraire de son rangement.


Passons aux choses sérieuses.

Elle commença un grand tri, faisant des allers-retours avec l'extérieur où un grand panier accueillait ce qui était destiné à aller se faire laver dans l'Ariège. Ce qui attendrait bien le lendemain.
Sa demeure resterait modeste, mais au moins deviendrait-elle vivable. Histoire que rentrer chez soi soit chose agréable à cet égard. Pour ce qui est de décorer, elle verrait plus tard, peu à peu…



[edit : Youtube m'avait supprimé Hair, le vilain !]
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Ceriera
Caressant le nez de Caminaire, puis sa crinière, Cerièra lui disait : Je ne te laisse pas beaucoup te reposer, mon beau… en plus je vais te charger comme une mule ce soir, pauròt !

Sur ce, elle rentra commencer à faire ses bagages. Pour combien de temps ? Impossible à dire. Elle reviendrait quand Foix lui manquerait, et il y avait fort à parier que ce ne serait pas de si tôt.
Elle plia soigneusement ses vêtements, afin d'arriver à tout faire rentrer, même certains qui n'étaient pas encore de saison, ne sait-on jamais.


Pèire, je te confectionnerai un perchoir plus tard. Le corbeau non plus n'en menait pas large, certainement que s'éloigner des Pyrénées ne le réjouissait guère.

Elle protégea entre les pages d'un livre le dessin retourné sur l'étagère. Elle ne le laisserait pas là, elle l'emporterait.
Elle soupira en regardant ses murs… s'occuper de sa maison, pour mieux la délaisser, voilà un joli paradoxe ! Un de plus, s'il en fallait.

Sa malle posée non loin de la porte, prête à être emportée, elle alla s'enquérir auprès du groupe de nouvelles du départ. L'après-midi serait longue…

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Ceriera
Non non non non non non nooooon !
Lyviaa n'est pas passée, ça n'est pas possible ! Mes pauvres !

Une désolation… toutes crevées, toutes séchées, ses petites plantes chéries. Elle pouvait s'en douter, mais le constater était un crève-cœur…
*Plus tard, je ne veux rien en savoir pour l'instant*

Cerièra soupira, et posa ses bagages.
Les simples, à plat sur la table, qu'il faudrait bien amener à Cumluna.
Le champain… ah… le champain… le demi-champain plutôt ! Elle alla chercher un torchon propre pour l'envelopper, puis le rangea en sacurité dans une boîte en bois sur les étagères. Non loin des livres. Après tout, si elle s'était laissée convaincre par l'arlésien d'en emporter, c'était bien que Sebelia et elle en espéraient d'apprendre des choses.
La jolie robe qui avait fait la noce. Elle en prendrait soin et la laisserait là jusqu'à la prochaine occasion de réjouissance.
Les notes de lectures et…


Mais il y a encore du sable partout au fond de ce sac !

… sac qu'elle vida donc entièrement, avant d'aller le secouer dehors. Un peu des Saintes-Maries de la Mer dans son jardin…

*Mais commençons par le commencement…*
Elle s'assit à sa table avec plume et vélin, puis laissa tomber la plume. *Pas assez large, pas assez grand* Elle lui préféra un morceau de bois léger, taillé en biseau pour l'occasion, qui, trempé dans l'encre, faisait un bien meilleur outil.


Bonjour Foix !
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Ceriera
[panique à bord !]

Quelqu'un chez Cerièra, c'était une grande première. À plus forte raison un homme, et surtout… lui. Il était assez tard hier soir quand elle retrouva Alexandre au Central. Ne s'y étant pas pris plus tôt pour trouver une auberge, il lui avait demandé l'hospitalité.
C'était pour elle assez… bizarre. Inattendu aussi, donc pour quelqu'un qui aime avoir la maîtrise des événements, un énorme «au secours» avait résonné dans sa tête alors qu'elle le prévenait de la simplicité des lieux. Ça n'était pas grand chez elle, elle l'avait donc installé dans la pièce à vivre. Heureusement Alexandre était un homme correct – elle avait misé dessus –, dans le cas contraire, c'est elle qui connaissait la maison et savait où étaient rangés les couteaux.

Ils ne s'étaient pas couchés tôt, le temps pour elle d'évoquer de vieux souvenirs avec Parotech autour d'un verre des retrouvailles, qu'ils rentrent, de préparer au blond quelque chose d'acceptable… mais Cerièra s'était levée de bonne heure. Elle était allée faire un tour dans son potager, histoire de voir ce qu'elle trouverait pour agrémenter le pain, qui lui ne manquait jamais. Le blond avait une seigneurie, si elle pouvait le recevoir le moins mal possible, ce serait déjà ça.
Elle rentra, fut rassurée de le trouver encore assoupi *Il ne manquerait plus qu'il me trouve la mine défaite*, et le temps de mettre à cuire une tarte aux légumes improvisée dans son échoppe attenante, elle fila vite s'apprêter un minimum. Une fois présentable – les finitions attendraient qu'ils aient déjeuné –, elle revint s'affairer.
Elle ne put résister à le regarder dormir quelques instants. Il était là, paisible, dans son univers à elle, et c’était beau. Puis elle dressa la table, volontairement un peu brusquement, en espérant que les bruits le réveillent.

C'est qu'elle ne voulait pas rater la messe de la MammaSantissima…

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Astian
Impolitesse prévisible ?

Curieusement son excuse n'avait pas convaincu la brune. En était-ce pour autant un mensonge ? Certainement pas, mais, il est vrai que le blond n'avait pas entrepris activement des démarches pour trouver une auberge à temps. Espérait-il inconsciemment se faire inviter par son amie et découvrir ainsi une nouvelle partie de sa vie ? Sa façon de vivre ? Sa façon de s'organiser ? Son monde à elle ? Espérait-il de grandes conversations ? Une découverte de leur personnalité et de leur vécu autour d'un feu avant de s'endormir sous la fatigue ? Ces questions resteront pour l'instant sans réponse.

La soirée passa en effet à une grande vitesse et se passa en majeur partie en taverne. Rythmée par une retrouvaille entre Ceriera et son ami
, il fut vite trop tard pour aborder quelconque autre sujet. Tous deux semblaient fort fatigués pour prononcer d'autre mot que la bonne nuit.
Le soleil levé, il joua la paresse en ne répondant aux vas et viens que faisait Ceriera pour mettre en oeuvre le petit déjeuner. Il laissa apparaître cependant un petit sourire en s'imaginant qu'elle devait vouloir "trop" bien faire pour l'accueillir. Il trouvait ce côté charmant, et attachant.

Pour ne pas paraître trop indiscipliné, il entrepris son réveil. Fort heureusement, il était un homme qui présentait une mine radieuse à son réveil; il tenait ça de sa mère. Confiant, il s'affaira de réajuster ses vêtements et de se présenter vers Ceriera.


Voila longtemps que je n'avais pas dormi aussi tard. Surprenant, que l'on entende aucun brouhaha citadins chez vous. Ma demeure Toulousaine située en plein centre ville et en face du marché, ne présente pas le même atout. Qui vous réveille donc le matin ? Avez vous bien dormi ?

Il hésita un peu, perdu dans ce qu'il devait faire. La saluer formellement, proposer la bise, avant de favoriser la deuxième option et s'installer près d'elle.

Quel est le programme de la journée ?
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Ceriera
*Il est bien bavard de bon matin* Heureusement qu'elle avait eu le temps de s'affairer, et ainsi bien se réveiller, elle ne serait pas grognonne. C'est souriante à sa vue et à sa bise qu'elle l'invita donc d'un mouvement de bras à rejoindre la table. On y est mieux pour discuter.

Ce coin de Foix est calme oui, j'apprécie ce silence quand je dois travailler ou étudier, j'ai l'esprit plus clair. Je n'ai pas besoin de brouhaha pour me réveiller, d'ordinaire je me réveille seule quand j'ai assez dormi.

Sauf ce matin. Elle n'avait pas eu son compte, mais s'était levée comme les poules. Un peu nerveuse, sans doute…

Cet après-midi, je vous propose de vous faire visiter la ville… enfin ! Vous avez déjà certainement arpenté certaines ruelles, mais Foix est spéciale, jadis ville comtale, longtemps forteresse imprenable. Vous comprendrez mieux le caractère un peu brut des montagnards en vous familiarisant avec son histoire. *C'est ça, planque ta tête de mule derrière le patrimoine…*

Pour l'heure, la matinée est déjà bien avancée. Je ne sais pas vous… Fichue manière de ne rien souhaiter lui imposer, il serait bien étonnant qu'il ne la suive pas ! C'est son courant à lui après tout, alors à moins qu'il n'ait perdu la foi… mais moi je ne risque pas de rater une messe d'Asphodelle. Navrée d'avoir hâté votre réveil, mais je vous en prie, prenez ce qui vous fait envie.

Et de l'inviter au petit-déjeuner. Parce que depuis le temps qu'elle est levée, elle a sacrément faim !

Attablés, ils étaient près de la fenêtre pour profiter de la lumière, qui révélait la pièce difficile à appréhender la veille dans l'obscurité. Cheminée comme ustensiles de cuisine dans le dos de Cerièra, suivaient des étagères pleines d'un fatras de livres et vélins, une porte, un grand coffre en bois, un bureau en désordre lui aussi. Elle avait installé Alexandre sur une couche de fortune sur le mur à gauche du bureau. Une autre porte, puis celle d'entrée. Un petit meuble haut dans son dos à lui, surplombé d'un vieux petit miroir de métal poli.

Tout en grignotant tour à tour de la tarte, un peu de fromage sur du pain, de la compote des dernières pêches, quelques gains de raisin – une picoreuse ! – elle le familiarisa un peu avec les lieux, lui commentant ce qu'il ne pouvait pas déduire du simple regard :


Cette porte indiquant du bras celle entre le bureau et la cheminée donne sur un couloir qui mène à la boulangerie. Si vous ne me trouvez pas… cherchez là-bas !
Latrines et bain sont à droite. Faites comme chez vous !


À gauche, une petite pièce-placard où elle entreposait ce qui ne servait pas quotidiennement, mais il devait s'en douter, c'est de là qu'elle avait ramené ce qu'il fallait pour qu'il ne dorme pas sur le parquet.

Je ne vous commente pas les deux autres ?

Ils étaient entrés par la porte d'entrée, et elle avait disparu par celle de sa chambre. Pas nécessaire, donc. Tout en disant ça, elle alla ouvrir le bureau et y classer tout ce qui était en vrac dessus, à l'exception de quelques vélins, des notes de cours, qu’elle mit dans sa besace. Elle lui fit un petit sourire : Le commencement du monde… ça ne plaisante pas !
En attendant le bureau était dégagé *ce prétexte à deux écus, mettre des cours dans ton sac…* si ce grand bosseur avait besoin de revoir quelque document.

Elle espérait… sans doute qu'il se sente à l'aise, peut-être même qu'il décide de rester. Après tout, il ne s'encombre pas – trop – de précautions pour s'inviter. Et en fait oui, ça lui plairait qu'il reste, ils auraient davantage de temps ensemble. Et puis c'est bon d'avoir quelqu'un chez soi, quelqu'un d'autre à s'occuper que de sa pomme uniquement. Mais le lui dire ? «Restez» ? *Plutôt me couper une main !* Elle agissait comme s'il était évident qu'il resterait, à lui de comprendre…

Elle revint s'assoir finir de manger, en espérant que les cloches ne sonnent pas tout de suite. Pas chaussée, pas coiffée, et pas envie de courir.

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Ceriera
[mornautomne]

Il pleut sur Foix, la ville est bien morne, les collines sont bien grises…
Cerièra regarde par la fenêtre les épaisses gouttes tomber et déposer un voile sur le paysage. Elle vient juste d'arriver, pendant la nuit. Seule. Ce voyage qui était censé leur faire du bien, qu'avait-il fait d'eux ?

Alexandre lui avait semblé ailleurs, tout du long, et n'avait visiblement pas profité de l'expédition. C'était incompréhensible à la griotte, lui qui avait été si impatient qu'ils partent ! Mais faute de pouvoir partager ces moments avec lui, elle lui avait demandé de la raccompagner à Foix. Sans plus interroger ses états d'âme, peut-être les lui partagerait-il, un jour ?
Depuis, elle l'avait perdu en route… *Où est-il en ce moment ? Que se passe-t-il dans sa tête ?* Ces questions se fracassaient dans son esprit comme les gouttes sur le chemin de terre battue qui menait au potager, et qu'elle ne quittait pas des yeux, le regardant à peine. Ailleurs elle est ailleurs, aussi, à cet instant… au moins en pensées.

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Ceriera
[dernier contact ?]

Un jour que son visage s'était fermé, et qu'en bonne introvertie elle avait voulu garder sa contrariété pour elle, Alexandre l'avait attrapée par le bras, assise, et avait insisté pour qu'elle lui parle. Elle avait raconté cela à Antoynette. Elle ne pouvait se résoudre à taire celui qui hantait ses pensées, le taire, ce serait le tuer elle aussi un peu.

Antoynette lui avait répondu «Si cela vous fait du bien de lui parler, faites-le». Lui écrire, puis brûler la lettre, lui évoquant que ce geste pourrait l'apaiser.

Sur le conseil d'Antoynette, Cerièra prit la plume…




    Mon amour,

    Je n'ai jamais osé t'appeler ainsi, ni te dire que je t'aime éperdument, toujours par peur d'aller trop vite avec toi. Si j'avais su que tu me serais enlevé… Quand j'ai appris que je ne reverrais plus jamais ton sourire, ni ne sentirais tes lèvres sur les miennes, je n'ai pas pu y croire. Je ne me fais toujours pas à cette idée.

    Alexandre, ton absence m'est insupportable. Quand je suis ici, je te vois partout, en creux. Je ne parviens plus à trouver le sommeil chez moi. L'idée de te rejoindre m'a traversé l'esprit, je t'avoue, mais je sais que tu n'apprécierais pas. Tu n'aimais déjà pas me voir contrariée, et me poussais à te confier mes tracas. Et puis je me damnerais, donc nous ne serions même pas réunis.
    Si encore tu m'avais déçue, trompée, quittée, je pourrais te maudire, et t'oublier. Là je ne peux maudire que le sort, qui ne nous aura pas laissé le temps de vivre notre bonheur.

    J'essaierai d'aller mieux, je mobiliserai pour ça le peu d'énergie qui me reste. Je le ferai pour toi, pour ta mémoire. Pour toi qui croyais en moi, pour toi qui me soutenais et voulais me voir réussir ce que j'entreprenais.
    Je prie pour garder la foi. Je ne parviens pas à comprendre pourquoi le Très-Haut t'a mis sur mon chemin pour te reprendre si vite à moi. Le diaconat va m'être difficile tant que je n'aurai pas trouvé de sens à ta disparition. La chancellerie va m'être difficile aussi, ton image sera partout là-bas, pour moi. Tant de mes projets reposaient sur toi, sur ton affection qui me donnait de la force…

    J'essaie de ne pas me laisser aller à la solitude, ni de devenir de trop mauvaise compagnie, mais l'agitation des gens autour de petites préoccupations quotidiennes me paraît vaine, alors même que mon monde s'est écroulé quand ton cœur a cessé de battre. J'espère retrouver goût aux animations, aux bonheurs simples, mais en suis bien incapable aujourd'hui.

    En attendant, je te dessine sans relâche, j'ai déjà rempli un carnet entier de portraits de toi, craignant que peu à peu tes traits ne s'effacent de ma mémoire. Cela me permet, en public, d'être à la fois là et pas là, présente aux conversations sans y être complètement. Et toujours avec toi.

    C'est un peu ridicule de t'écrire alors que tu ne me liras jamais. C'est un conseil que l'on m'a donné, puis de brûler la lettre. Je me dis que si ton âme se promène encore aux alentours, peut-être il y a une chance qu'elle se frotte à la fumée de mes mots. C'est aussi pour ça que je t'écris, pour te laisser partir. Vas-y mon amour, pars tranquille, et quand je voudrai te voir, je regarderai droit dans le soleil, à m'en brûler les yeux.

    Cerièra


La cheminée ?
Elle regarda l'âtre, et comme à chaque fois qu'elle posait les yeux sur le moindre endroit de sa maison, des images de lui lui revenaient. Ou plutôt, des sons cette fois-ci. Ceux d'Alexandre allant éteindre le feu en essayant de ne pas la réveiller, alors que complètement saoule du tournoi des Six Chopes, elle s'était endormie contre lui.

Non, il fallait un endroit en hauteur. Que la fumée monte vers lui et puisse l'atteindre. Demain elle escaladerait Saint-Sauveur. Demain. Avec le jour.
Ouvrant le carnet une page au hasard , elle le serra contre son cœur avant de s'endormir de fatigue au coin du feu, parvenant pour une fois à trouver le sommeil chez elle le temps d'une sieste salutaire.

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Ceriera
[Je vois tes volutes bleues…]

«Je vous suppose assis et fumant. Votre attention se reposera un peu trop longtemps sur les nuages bleuâtres qui s’exhalent de votre pipe. L’idée d’une évaporation, lente, successive, éternelle, s’emparera de votre esprit, et vous appliquerez bientôt cette idée à vos propres pensées, à votre matière pensante. Par une équivoque singulière, par une espèce de transposition ou de quiproquo intellectuel, vous vous sentirez vous évaporant, et vous attribuerez à votre pipe (dans laquelle vous vous sentez accroupi et ramassé comme le tabac) l’étrange faculté de vous fumer.»
Charles Baudelaire ~ Les Paradis Artificiels



Cerièra se leva chez elle ce matin, Aryanna l'y avait raccompagnée avant sa ronde, et la griotte s'était laissée faire. Elle était reconnaissante à Sebelia pour son hospitalité, mais il était temps d'essayer de reprendre possession des lieux. De toute façon, elle partirait ce soir… l'irrésistible appel de l'ailleurs…

Elle avait oublié la veille de rendre sa pipe à Manga. Oubli peut-être inconsciemment volontaire : elle trouvait depuis deux jours un peu de réconfort dans cette curieuse herbe bleue que Lyviia lui avait donnée…
Elle n'en avait pas beaucoup, alors Cerièra la dosait avec soin, pour la faire durer. Elle en mit un peu au fond de la pipe, et contempla les jolis nuages bleus qu'elle recrachait. Elle ne toussait plus, la fumée lui était même douce en gorge.

Les volutes envahissaient l'espace de la pièce, amenant au lieu comme une nouvelle énergie, plus calme… son corps se détendant peu à peu, Cerièra laissait son esprit vagabonder, profitant de ce temps d'apaisement, de ce répit.

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Bomacip
[Quand on arrive en ville…]

«Viens donc passer les fêtes à Foix, Bomacip, ça me fera plaisir !» lui avait dit la brune quand elle était passée à Montferrier avec son amie.
Cela fait bien longtemps que l'homme n'avait pas mis les pieds à la ville, mais il ne pouvait rien refuser à celle qu'il avait connue, houlà… pas plus haute que ça ! Et puis il aimait bien Foix…


1, rue de la Boulasse, ah, c'est là !

Un tour de clés, il entra et déposa ses affaires. Il avait eu pour consigne «fais comme chez toi». Alors il mit une bûche dans le foyer et fit chauffer un peu d'eau. Plus tard, il ferait un tour en ville. Il paraît qu'il y aurait un sapin…
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Artiste du noir et du blanc.
Doemie
Doemino passa chez Ceriera avant d'aller à la taverne.

Elle déposa un panier recouvert d'un torchon devant la porte avec un petit mot dessus.


"Bomacip, voila quelques sablés pour vous que nous avons confectionné Ben et moi pour vous remercier de votre aide.

Ne mangez pas tout ce soir, gardez en un peu pour demain"


Elle prit ensuit le chemin de la taverne.

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Bomacip
Ce matin, Bomacip s'était mis en tête de ranger un peu pour le retour de Cerièra. Elle rentrerait certainement épuisée de son voyage, à vrai dire, il l'avait même trouvée un peu imprudente de prendre la route en ce moment. Mais allez essayer de retenir un cheval fou, vous…

Il nettoya les récipients et ustensiles de cuisine qu'il trouva, mit un peu d'ordre sur le bureau de la brune, sans toutefois être indiscret, et passa un coup de balai partout. Derrière le baquet il trouva un vêtement d'homme. Il fit un petit soupir, et le plia et le posa sur le lit de Cerièra. La pauvre n'avait pas du le voir.

Après quoi il partit rejoindre Doemino sur la place, afin de voir si quelqu'un avait besoin de lui pour décorer le sapin. Sortant de la maison, il trouva un torchon, accompagné d'un mot, qu'il lut.


Oh, mais il ne fallait pas ! Elle va me gêner !

Il rentra les biscuits, les rangea, et en prit quelques-uns à grignoter en chemin.
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Artiste du noir et du blanc.
Ceriera
[alla casba]

Home, Sweet Home… voilà bien une pensée étrangère à Cerièra, surtout ces derniers temps. C'est pourtant cette impression qu'elle eut, alors qu'elle rentrait chez elle avec Bomacip, en constatant ce que son ami avait fait du désordre qu'elle avait laissé en partant.
Ils avaient passé la journée autour du sapin, et c'est entre chien et loup qu'elle put enfin poser ses bagages.

Un bon bain, voilà ce qu'il lui fallait. Et se changer. Il était temps de laisser ce noir. Elle avait respecté un deuil digne, et puis… «l'habit ne fait pas le moine» dit-on… noir ou pas, elle continuerait de le pleurer. Mais inutile de rajouter de la morosité au chagrin. Elle était lugubre, et elle détestait cela.


Je n'en peux plus de ce noir ! Je ne veux plus jamais avoir à porter ça tu m'entends ? Le premier d'entre vous qui meurt, je l'escane* de mes mains !

Bomacip restait stoïque. Cerièra savait qu'il la laisser sortir ses émotions sans interférer, et intérieurement elle le remerciait pour cela. Lui s'occupait d'allumer du feu dans la cheminée, et faire chauffer de l'eau.

Allant dans sa chambre chercher des vêtements propres, Cerièra se figea un instant à la découverte de la chemise pliée sur le lit.


Bomacip, c'est toi qui a trouvé ça ?

Elle pressa le vêtement contre son visage, et prit une longue respiration de l'odeur de son amour. Un shoot, littéralement. C'était meilleur que l'herbe bleue, mais ça faisait mal aussi. Elle rangea soigneusement son nouveau grigri, l'odeur ne tarderait pas à disparaître elle aussi, il ne fallait pas en abuser.

~

Elle se rapprocha de la cheminée pour sécher sa tignasse, et se réchauffer.

Tu sais Bomacip : je n'ai jamais été frileuse. Mais depuis qu'il n'est plus là, j'ai froid en permanence, j'ai froid dedans, j'ai froid jusque dans les os. C'est comme si on avait soufflé mon feu intérieur…

Assise en tailleur devant le feu avec une tisane bouillante, elle relisait ses notes pour assurer son cours de Logique du lendemain.

* je l'étrangle
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Bomacip
Cerièra séchait près du feu, et avec une pointe de gourmandise dans le sourire, Bomacip sortit les biscuits de Doemino du torchon qui les avait bien conservés, les disposa sur une assiette pour les présenter à son amie :

Tiens pichoneta*, pour ton cœur brisé je ne peux pas grand chose, mais pour ton estomac vide…
Goûte ça : ce sont des biscuits que Doemino a apportés. Je t'en ai gardé quelques-uns… je ne sais pas comment j'ai fait tellement ils sont bons !


Le moral ne s'améliore pas si le corps lâche, si l'on ne mange pas, si l'on ne dort pas. La petite avait toujours été indomptable, oh gentille, mais indomptable, elle n'en faisait qu'à sa tête !
Mais à têtue, têtu et demi, et Bomacip resterait le temps qu'il faudrait pour qu'elle se requinque. Son atelier ferrimontain attendrait, de toute façon les journées étaient trop courtes pour travailler convenablement.


Tu sais Cerièra, on n'est que des voyageurs. Chacun de nous, on passe notre vie à cheminer, même lorsqu'on a l'impression de rester sur place. Vous avez cheminé ensemble sur quelques étapes… il s'est arrêté avant toi, sans doute était-il arrivé à destination, mais vous avez fait ensemble un joli bout de chemin.

Toi tu n'es pas arrivée à destination, et même si tu voulais revenir sur tes pas, aller le chercher, tu sais bien que ça n'est pas possible. Tu dois suivre ta route.
Je te trouve très courageuse tu sais, de te remettre au travail, de vouloir officier… tu aurais pris davantage de repos que la terre ne se serait pas arrêtée de tourner !


Admiratif de cette force vitale qu'elle arrivait à trouver, même si son visage trahissait sa fatigue et sa peine, mais un peu inquiet aussi : il faudrait bien qu'elle se ménage, et qu'elle prenne le temps de faire le point.

– Je n'ai pas le choix Bomacip. C'est peut-être une fuite en avant, mais c'est ça ou me laisser couler. Tu sais, quand je suis partie de Montferrier, j'ai vécu seule de nombreuses années. Je me disais que comme ça je n'aurais plus à avoir mal comme après le décès de mes parents. Depuis, ici, il y a les amis. Et puis il y a eu lui, qui a partagé mon quotidien un temps ici. Ça m'a étonnée moi-même de m'habituer à sa présence ! Le souci c'est qu'après, la solitude devient insupportable.
Merci d'être là.


Voilà qui lui confirmait qu'il faisait bien de rester à Foix pour une durée indéterminée. Elle avait besoin de parler, elle lui faisait confiance, il serait là. Il eut une pensée pour Enric et Beatritz, qui seraient certainement désolés de voir leur fille si tourmentée, mais rassurés de savoir que Bomacip «prenait le relais», comme une famille de substitution.

* petite, dans un sens affectueux
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Artiste du noir et du blanc.
Antoynette
La Saint Noël approchait, et les préparatifs allaient bon train. Tout le monde mettait la main à la pâte. Tout le monde? Non. Pas Antoynette. De plus en plus habile de sa main gauche, elle n'en restait pas moins handicapée de la droite, et beaucoup de choses qu'elle aimait faire lui paraissaient insurmontables.

Le bon coeur de Cerièra vint à son secours. La diaconesse l'avait invitée à venir lui expliquer comment on décorait le pain d'épice avec du glaçage. Surement qu'elle pourrait y arriver d'une main, mais elle n'avait pas encore pris le coup.

Cerièra et Antoynette se soutenaient souvent l'une l'autre, se confiant mutuellement leurs états d'âme. Par moment, Antoynette s'en voulait de se plaindre: son amie avait perdu bien davantage qu'elle. Aujourd'hui, elle se consacrerait uniquement à ce pourquoi elle était venue.

Sur cette bonne résolution, elle frappa.


Cerièra? C'est Antoynette. Je suis venue avec Olympe pour glacer tes pains d'épices.

Faire des petits gâteaux et lui changer les idées serait un bien meilleur remède que la soûler avec ses jérémiades concernant sa maladresse... ou ses attentes concernant Willyam.
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