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[RP] Carnet de voyage, Catalunya.

Ceriera
Divendres, lo 19 de junh de 1463
Vendredi 19 juin

Elle avait déjà quitté Foix depuis quelques heures, et emprunté les petits chemins peu fréquentés de la montagne qu'elle connaissait bien. Caminaire, son compagnon à quatre pattes, ne ménageait pas son effort pour qu'elle puisse passer la ligne de crête avant la nuit. Elle laissait derrière elle les vives émotions des jours passés, non sans une pointe de regret de laisser les siens, mais mue par un besoin impérieux de prendre le large.

Les Pyrénées étaient capricieuses, elle ne tarda pas à être prise dans un violent orage, ce qui ne la surprit guère. Quand le cœur est aussi lourd que ce ciel de vêprée, fatalement, il faut que ça craque. Post Tenebras Lux, «l'éclaircie vient après la pluie». Le bruit et la fureur les encerclaient de toutes parts, ce qui n'était pas pour lui déplaire, elle les ressentait comme un écho. Sous une pluie battante, elle poussa un long cri, aussi fort qu'elle pouvait, un de ceux qui vous vident. Caminaire, plus raisonnable qu'elle, lui trouva un abri dans une petite grotte.


Bande son a écrit:
Hantaoma
Dans la nuit, ode à Pyrène


Impossible de faire du feu, ou pas le courage ? Peu importe, c'est la belle saison. Un rapide inventaire la rassura : dans son bagage, quelques vêtements secs l'attendaient, et surtout les quelques feuilles de vélin pliées qui lui serviraient de carnet n'avaient pas pris l'eau. Elle s'allongea, et, rincée par les éléments, se prit d'un fout rire mêlé de larmes.

Dissabte, lo 20 de junh de 1463
Samedi 20 juin

Un faible rayon de soleil matinal vint la réchauffe et la réveiller. Caminaire déjeunait déjà des quelques touffes d'herbe qu'il trouvait ça et là. Elle s'assit sur un rocher et entama un petit morceau de pain, en admirant le paysage devant ses yeux. Quand on est ici, rien ne manque. On n'a rien, mais on a tout. Elle saisit son carnet et commença à dessiner la scène :

Cerièra, dans son carnet, a écrit:

Sereine montagne, ode aux Pyrénées…


Alors qu'elle allait ranger son carnet et plier bagage, un son attira son attention :

– Krôôa, krôôaaa…

Sur un petit rocher voisin, un corbeau, immobile, la regardait fixement. Son carnet encore en main, elle esquissa l'oiseau le plus rapidement possible, s'attendant à chaque instant à ce qu'il s'en aille. Ce qu'il ne faisait pas, elle put achever son dessin.

– Alors tu te laisses dessiner ? Merci pour la pose !

Cerièra, dans son carnet, a écrit:

Le corbeau qui se laisse dessiner


Elle fit un large sourire à la bête avant d'aller seller Caminaire. L'emplumé vint se poser sur son épaule. Elle le regarda en riant :

– Tu veux m'aider ?

Il s'envola et se mit à tourner autour de sa tête. Certains en pareil cas auraient pu redouter un mauvais présage, tant l'animal a mauvaise réputation, mais elle aimait les bêtes et lui ne semblait pas hostile. Elle partit au galop, l'oiseau volait derrière eux.

Elle fit une halte à midi, à l'ombre aux environs d'Urgell, pour grignoter une miche de pain et prendre des nouvelles de son village. Elle s'amusa de voir le corbeau, toujours là, visiblement agacé qu'elle accroche à la patte d'un pigeon son message.


– Tu es jaloux mon… ? Mon quoi ? Mais c'est que si tu veux nous suivre, il va falloir que je te trouve un nom ?

Elle réfléchit un instant…

– Pèire ! Que Dis-tu de Pèire ? Après tout, c'est sur une pierre que je t'ai rencontré !

Pèire sembla approuver, et Cerièra comprit qu'il était bien décidé à être son compagnon de route.
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Ceriera
Diluns, lo 22 de junh de 1463
Lundi 22 juin

C'est au petit matin qu'elle arriva à Lleida. Elle avait galopé de nuit pour profiter de la fraîcheur, il était encore tôt, les maraîchers terminaient de mettre en place leurs étals. La ville était calme, la transition avec ces quelques derniers jours de solitude était parfaite.
Elle se rendit à la crypte où reposait la défunte Impératrice d'Aragón, Rhiannon, dont elle avait entendu parler. Sûrement par sororité, elle se sentait touchée par le destin des femmes souveraines. Elle se recueillit un instant devant sa sépulture, se laissant pénétrer par la quiétude des lieux.




Une longue journée l'attendait, elle resta donc un moment dans la crypte, et sortit son carnet pour graver le lieu dans sa mémoire.

Cerièra, dans son carnet, a écrit:

Crypte de Lleida / Lérida


Comment tuer le temps quand les tavernes sont vides ? Elle fit un tour au marché et tomba par bonheur sur un bouclier à un prix intéressant : elle avait prêté le sien à une jeune amie, mais n'aimait pas en être dépourvue. Elle reconnut quelques visages, de ceux que l'on oublie pas quand on les a craint. Elle ne s'y attarda pas.

Son amour aux cheveux de blé mûr ne quittait pas ses pensées, mais qu'il lui manque à Foix ou ici revenait bien au même ; en son absence, tant valait voyager. Sur ce point ce n'est pas lui qui la dédirait. Son cœur se serra un instant à cette pensée : pourquoi l'amour est-il si compliqué lorsqu'on a tant à vivre ensemble ? Elle ne tint plus et prit sa plume, et après beaucoup d'hésitations, laissa simplement parler son cœur, advienne que pourra.


Cerièra, dans son carnet, a écrit:

«Tu es dans le moindre de mes pas, tu ne me quittes jamais. Puisse le temps nous réunir»


Elle n'était pas mauvaises en Langues Modernes, mais son espagnol laissait à désirer. Cela ne l'empêcha pas le soir venu de tenter sa chance en taverne. Dans un joyeux brouhaha se mêlaient les discussions en espagnol entre le Maire et un érudit de la ville, un troisième homme qui suivait, trinquait en catalan mais parlait peu, et un écossais qui s'excusa d'entrée de jeu de ne pas parler espagnol.
La conversation se finit partiellement en anglais, bien que l'écossait parlait le français, pour qu'à peu près tous puissent comprendre. Il s'y trinqua dans de nombreuses langues.


Cerièra, dans son carnet, a écrit:

Salud Santé Cheers Salut Santat


Ceriera se fit la réflexion que tout de même, apprendre à un écossais à dire «Santat» au sud des Pyrénées, ça n'a pas de prix !
C'est un peu ivre qu'elle prit, la nuit tombée et la fraîcheur revenue, le chemin de Tarragona, heureuse de ce joli foutoir latin.

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Ceriera
Dimarç, lo 23 de junh de 1463
Lundi 23 juin

La foguera de Sant Joan - Les feux de la Saint-Jean

Arrivée à Tarragona, Cerièra flâna dans les rues quelques heures, à la recherche d'un peu d'animation. Les tavernes étant vides, elle prit la direction de la mer.
Sur la plage, elle vit quelques hommes commencer à allumer des feux. Curieuse, elle se rapprocha : c'était des feux de la Saint-Jean, comme il était coutume d'en faire aussi en terre occitane, un rite d'entrée dans la saison ensoleillée, où chacun était invité à brûler ses peines, et à formuler des vœux.

Elle arracha une page de son carnet, y écrit :
«Nos tourments»
… et la jeta dans le feu.

Elle resta assise un long moment, dans ses pensées, absorbée par le vacillement des flammes, à regarder le feu brûler leurs larmes.



Dimècres, lo 24 de junh de 1463
Mercreci 24 juin

Bande son a écrit:
Barcelona ~ Freddie Mercury & Montserrat Caballé
The bells are ringing out
They're calling us together
Guiding us forever
Wish my dream would never go away

Les cloches sonnent,
Elles nous appellent, tous deux, nous guident,
Puisse mon rêve ne jamais disparaître…


L'agitation régnait dans cette grande ville cosmopolite. Comme à chaque fois qu'elle visitait une ville côtière, le premier réflexe de Cerièra fut d'aller se promener vers le port.
Celui-ci était imposant, avec un chantier naval, et ses grands bateaux la faisaient rêver. Il lui rappelait celui de Montpelhièr, où, quand elle y vivait, ressentait l'appel du large, de ces destinations lointaines et inconnues, sans jamais avoir osé embarquer. Si son Comté et ses amis ne commençaient pas à lui manquer, elle serait volontiers partie sur un coup de tête.

Elle choisit un endroit plus petit, plus calme aussi, du port, pour tracer sur un vélin les horizontales, verticales, et obliques des bâtiments, de pierre comme navigants. Tout était question de regard, de proportions, de mesures, de rythmes…

Elle fit son dessin à la hâte, n'étant jamais à l'abri de la bousculade. Et ça se voyait dans ses traits imprécis.


Cerièra, dans son carnet, a écrit:

Port de Barcelona


Elle voulut déjeuner de poisson, et trouva que c'était un comble de n'en trouver ni sur le marché ni en taverne. Si on lui avait dit qu'il était plus aisé de trouver un tel menu dans son piémont pyrénéen que dans une capitale côtière !

Alors qu'elle grignotait un bout de polenta accompagné d'un morceau de son pain qui lui restait, une vieille femme l'aborda :


– Un écu une carte !

Son apparence était originale : un foulard aux motifs chatoyants sur ses cheveux, plusieurs couches de vêtements brodés malgré la chaleur, et ses mains accueillaient des dessins entremêlés, d'un brun chaud. Cerièra se demanda comment ils avaient été réalisés, par quel pigment. Curieuse, elle mit un écu dans sa main, sans lui dire que la vraie raison de son geste était de la regarder de plus près.

La femme lui tendit un éventail de dos de cartes, et l'invita à en tirer une. Sceptique mais amusée, Cerièra s'exécuta. Elle sortit du jeu une image représentant une femme tenant dans ses mains la gueule d'un lion, annotée d'un chiffre, XI, et de deux mots «La Force»




Elle fronça les sourcils, interrogative. L'étrange dame aux cartes lui dit ces quelques phrases :

– Dans la nature, une Force se mesure aux tensions et à la confrontation d’au moins deux éléments.
Un orage peut être plus ou moins fort. Or un orage se produit lorsque des vents chauds rencontrent des vents froids.
Lorsque deux animaux ou individus se confrontent et luttent l’un contre l’autre physiquement, ou intellectuellement dans le cas des humains.
La tension éprouvée et l’énergie extériorisée génèrent ce que nous appelons Force.


La vieille femme partit en ricanant et en laissant la carte.

Cerièra resta sur place interdite, et après un moment d'hébétude, mit la carte entre les pages de son carnet. Sonnée, elle décida d'aller s'en jeter un derrière le gosier, et eut une pensée pour sa compagne habituelle de taverne, restée à Foix.

Elle comprendrait bien plus tard.

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Ceriera
Dijòus, lo 25 de junh de 1463
Jeudi 25 juin

Girona n'était pas très peuplée, une cinquantaine d'habitants, tout comme Foix. Mais Dieu que c'était calme ! Le ciel entre chien et loup, les quelques tavernes étaient encore vides, comme elles l'avaient été toute la journée. Elle ne s'attarderait pas ici.

D'autant que les nouvelles de Foix étaient mauvaises : son cher village avait été attaqué la veille, par les mêmes qui causaient tant de trouble en Armagnac, ayant amené les toulousains à la guerre pour défendre leurs amis. Comme elle aurait voulu être à Foix, avec les siens, sur les remparts, pour défendre !
Hélas, les humains n'avaient pas la faculté de voler par-dessus les montagnes…


– Tu me prêtes tes ailes Pèire ? J'en aurais bien besoin…

Elle ne traînerait pas en chemin, mais la distance était ce qu'elle était, et Caminaire ne pouvait pas galoper jour et nuit.

– Lundi. Je serai là lundi, avec l'aide du Très-Haut…

Ne voulant pas se laisser gagner par la mélancolie, elle lui préféra l'action, et quitta le dernier village catalan de son itinéraire.

– Endavant, Yihaaaaa !
En avant

C'était parti pour longer la côte…

– Lo país, ma tèrra foissenca, lèu-lèu !
Le pays, ma terre fuxéenne, vite !
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Ceriera
Divendres, lo 26 de junh de 1463
Vendredi 26 juin

Ils avaient galopé longtemps. Enfin, «ils»… surtout Caminaire ! Il était temps de le laisser se reposer, la route jusqu'au pays était encore longue. Le paysage était sec, mais les collines y tombaient dans la mer, il trouverait bien de quoi se sustenter aux alentours.
Cerièra fit une pause sur la plage, quitta ses chausses pour s'approcher de l'eau, trempa ses pieds… et jeta un regard aux alentours. La crique était déserte… ça se tente une baignade non ?

Le peu de vêtements qu'elle n'avait pas quitté était complètement trempé, elle se roula dans le sable en rigolant, poussa un grand cri, encore un de ceux qui libèrent… les éléments lui inspiraient cela, dans les Pyrénées ce fut ce violent orage, ici c'était cet ardent soleil.
Puis elle courut se rincer à nouveau dans la mer.

Elle s'assit sur un rocher et resta un long moment à regarder l'horizon…


– Coquin d'appel du large, ne me tente donc pas… je veux retrouver les miens !

Si elle ne pouvait pas atteindre l'horizon, peut-être pourrait-elle en capturer un peu ? Elle attrapa son carnet et commença à dessiner ce qu'elle voyait.

Cerièra, dans son carnet, a écrit:

«Costa Blava», la Côte Bleue


Elle replia son carnet avant de céder à un moment de mélancolie, ou de nostalgie ? Elle ne savait pas très bien… elle pensait encore à lui… sans peine, sans tourment, heureuse de ce qu'elle ressentait pour lui, simplement. Seul lui persistait un léger pincement au cœur à ces pensées : «Lui, que ressent-il ? M'ouvrira-t-il à nouveau ses bras ?»

Bande son a écrit:
Droit dans le soleil, Detroit
Quand le parfum des nuits sans pareilles
Et l'éclat des corps qui s'émerveillent
Ses lèvres avaient un goût de miel
On regardait droit dans le soleil

Tourne, tourne la terre
Tout se dissout dans la lumière
L'acier et les ombres qui marchent à tes côtés

Les serments se dispersent dans l'air
Et les mots qui retombent à l'envers
On ne sait plus comment ça s'épelle
Regarder droit dans le soleil


Après tout les choses étaient comme elles étaient… troubles, flottantes, incertaines… et il fallait faire avec. Elle avait encore un peu de mal à relier les points, mais elle savait qu'elle ne tarderait pas à le faire. Même l'étrange carte avec le lion ne semblait plus si obscure.
C'était tout de même le cœur plus léger qu'à son départ qu'elle prit la route du retour, ses pieds nus encore pleins de sable dans ses étriers, ses bottes attachées à la selle de Caminaire.



Dimenge, lo 28 de junh de 1463
Dimanche 28 juin

C'est enthousiaste qu'elle entrait à Carcassonne. Elle y retrouva un ami qui avait accepté de l'accompagner à Foix. Dans son inquiétude pour le sort de sa chère ville, qui menaçait la veille d'être prise, elle lui avait adressé un courrier. Son amitié, ainsi que celle de sa douce, était pour elle aussi précieuse qu'inattendue.


Diluns, lo 29 de junh de 1463
Dimanche 29 juin

Bande son a écrit:


Il se mettait en place le tableau, peu à peu. Ses incursions à Carcassonne pour la théologie, fructueuses ou pas, avaient semé les graines des amitiés d'aujourd'hui. Et rien de ceci ne se serait produit ainsi sans un cœur contrarié, sans un voyage.

C'est autour d'une joyeuse tablée de carcassonnais et de fuxéens, sous le regard exigeant de la commandante, qu'elle rejoint «La belle du Sud». Pourtant, elle n'aimait pas ça la guerre. Elle n'avait jamais compris ce qui pousser des Hommes à initier la violence contre d'autres. Fallait-il vraiment qu'elle se sente à sa place dans cette troupe, sinon, elle se serait débinée.

Moins de deux mois qu'elle était sortie de sa très longue retraite. Près de trois ans d'isolement, ça vous rend gauche au monde.
Elle pensait se remettre dans le bain en douceur, progressivement, mais apparemment le Très-Haut ne l'entendait pas de cette oreille.
Il lui avait envoyé deux leçons de vie en pleine poire, de celles qui vous retournent les tripes dans tous les sens : l'amour, et la guerre.




Locké à la demande de la joueuse. Modo J.

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