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[Rp] A chacun son inconscient

--Dacien2
And now, i have finally seen the light
I have finally realized
What you need……*


La coupure à son bras se résorbait doucement. Trois fois rien s’était-il dit quand il avait enfin constater que le tranchant de la lame était venu rencontrer sa peau pour offrir une vue béante sur ses tissus musculaires et osseux. Il n’avait pas fait appel à Flore, trouvant cela bénin et, de toute façon, elle avait plus important à se charger. Adryan. Comment oublier cet homme….Comment oublier ce qu’il pouvait provoquer chez lui…Certes, il l’avait violé, volé, l’avait poussé au bout du bout pour obtenir satisfaction sans résultat. A cause, ou grâce à Alphonse, Adryan s’était arrêté à temps. Finalement, n’était-ce pas la meilleure chose qu’il avait faite quand on savait que ce fut Dacien qui l’avait empêché de mourir. Sans le savoir vraiment, il lui avait certainement sauvé la vie et Adryan ne le saurait pas de sa bouche.

Tout était ainsi fait. L’on était là l’un pour l’autre, que l’on puisse s’en rendre compte ou non. Que l’autre le sache ou non. Une famille ressemblait à cela. Malencontreusement, personne ne se souciait de ce moindre détail. Et pourtant….

Pourtant, cette journée serait différente. L’Arrogant avait hésité à s’y rendre. Sentant le besoin d’être sûr que tout n’était pas fini, il prit son courage à deux mains et se dirigea vers cette chambre où il avait vu le Nobliau sur son lit, inerte de tout. Cette force qu’il avait puisé pour prêter mains fortes à Flore et aux acteurs de la scène, il la puisait encore pour se rendre compte de lui-même que la fin était encore loin.

Ne pas frapper. Passer la porte. Entrer dans la pièce. Ne rien dire et attendre qu’un œil s’ouvre enfin pour être sûr que la fin n’avait pas sonné. Dacien le regarda. Le contempla même tout le temps qu’il dormait sans l’ombre d’un dout quand il s’apercevait que les draps bougeaient au mouvement de respiration. Rassuré fut-il assez pour prendre siège aux côtés de son lit et attendre patiemment qu’il revienne à lui.




*Et maintenant, j'ai enfin vu la lumière
J'ai enfin réalisé
Ce dont tu avais besoin.

"Madness" de Muse.


--Adryan
No matter how many deaths that I die I will never forget
No matter how many lies that I live I will never regret
There is a fire inside of this heart in a riot about to explode into flames
Where is your god? Where is your god? Where is your god?
Do you really want?
Do you really want me?
Do you really want me dead?
Or alive to torture for my sins?
Do you really want?
Do you really want me?
Do you really want me dead?
Or alive to live the lie?
Thirty Seconds To Mars- Hurricane


Son sommeil était gris. Sans goûts ni odeurs. Tiédasse. Aussi lourd qu'une chape de plomb sous la couverture abrutissante du lait de pavot. Il n'était rien d'autre que salvateur quand dans son ombre collante et opaque, il étouffait la colère. La douleur. La tristesse. La calomnie. La révolte. Et l'amour, tout autant que la haine, Oui, sommeil bienvenu dont le Castillon ne sortait que tiré de force par l'élancement lancinant et acide enferrant sa jambe. Brefs éclats de conscience qu'il noyait avec précipitation dans la drogue pour mieux oublier tout et plonger à nouveau dans le néant.

Dans ces brefs moments de présence, pourtant, il n'était jamais seul. Une voix l'accompagnait, éthérée, sans visage, à laquelle il s’accrochait dès que ses yeux gris erraient sur le plafond blanc. Cette même voix qu'il avait entendue quand et des paumes, et des doigts, et des poignes invisibles le maintenait de force au matelas malmené sous ses coups de reins furieux pour s'arracher aux mains médecins fouillant ses os. Une voix étouffée et basse et qui pourtant avait su surpasser les hurlements de dément ébranlant les murs de la chambrée sans âme dans l'esprit malade d'Adryan. Mirage ou réalité que cette voix ? Si le Castillon en avait eu la force, peut-être aurait-il cherché à savoir, et certainement même aurait-il reconnu le timbre familier. Mais plus rien n'avait de sens quand seule la volonté de l'oubli faisait encore pulser son sang délavé.

La respiration calme s'agita doucement, les yeux s'agitèrent sous leurs paupières closes. Sa jambe à nouveau se broyait sous les vapeurs trop légères du pavot. La main nobiliaire se serra sur le drap. La potion était trop loin, trop inaccessible, et pour parvenir à s'en saisir, il lui fallait de l'aide.


Parle-moi. Parle-moi. Entre supplique et ordre, la voix nobiliaire résonna enrouée dans la pièce. Encore.

Peu importe combien de fois je meurs, je n'oublierai jamais
Peu importe combien de vies je vis, je ne regretterai jamais
Il y a un feu dans ce coeur, une émeute prête à exploser en flammes
Ou est ton Dieu ? x3
Tu veux vraiment... ?
Tu me veux vraiment... ?
Tu me veux vraiment mort ?
Ou bien vivant, pour me torturer à cause de mes péchés ?
Tu veux vraiment... ?
Tu me veux vraiment... ?
Tu me veux vraiment mort ?
Ou bien vivant pour vivre un mensonge ?
--Dacien2
I want to reconcile the violence in your heart
I want to recognize your beauty is not just a mask
I want to exorcise the demons from your past
I want to satisfy the undiscolsed desires in your heart.*


Le calme faisait emprunte dans cette chambre, étant coupé pendant quelques secondes de sombres gémissements qui plissaient les paupières refermées sur ce gris anthracite qui ne mesurait rien. Sa cheville droite posée sur son genou gauche et le regard perdu dans cette scène qui tournait en boucle, sans cesse, de le tenir dans ses bras, inerte, maculé de sang et sans l’ombre aucune de savoir s’il respirait encore. Sa force n’avait été que l’espoir de survie qui devait rester exemplaire pour ne pas sombrer dans les abysses certaines de la destruction. Une douleur à la poitrine qui s’était estompée en contemplant le ventre se gonflant à peine à chaque souffle prit et de le voir gigoter, remuer, voulant s’extirper des enchevêtrements humains l’obligeant à rester immobile pour mieux tenter d’atténuer ses douleurs corporelles. Sans mot, sans regard, sans larme. Rien que cette peur encré au plus profond de lui s’évaporant afin de laisser place à la dévotion de toute une vie pour sauver la sienne.

Ce calme devenait presque lancinant. Endormant de tranquillité alors que le corps Castillon restait de marbre. S’enfonçant dans le fauteuil en attendant un signe, un geste. La tête se posa au dossier, s’appuyant de tout son poids pour essayer de la vider en regardant le plafond blanc. Cet esprit restera embrumé, ne prenant aucun temps de le vider quand le souffle s’accentua légèrement. Dacien se redressa, regardant le corps de Adryan essayant d’émettre quelque chose. Les phalanges nobiliaires serrèrent le tissu qui se trouvait en dessous. La crispation. Sûrement celle de la douleur qui se montrait. Il ne comprenait pas. Pas encore. Ses doigts se posèrent sur la dextre contractée, cherchant à rassurer du mieux qu’il pouvait. Ses émeraudes cherchèrent autour de lui quelque chose. Mais quoi…..Et, au bout du lit, sur une petite console, la potion. L’Arrogant s’en saisit, ôta le bouchon minuscule de liège et se rapprocha de la tête du Nobliau. Sa main passa sous sa tête, la relevant doucement et portant le goulot fin à sa bouche pour lui en administrer un peu et de calmer la douleur qui avait l’air de devenir lancinante.


Bois un peu. Lui dit-il lentement. Ses verts le dévisagèrent avec cette tristesse apparente. Une gorgée avalée, il posa la potion sur le chevet, non loin du haut de la couche. Sa main sous sa nuque s’abaissa pour reposer sa tête sur le coussin délicatement. Tu ferais mieux de rester tranquille……Souffla-t’il quand une commissure s’étira finement.

*Je veux réconcilier la violence dans ton cœur
Je veux reconnaître que ta beauté n'est pas qu'un masque
Je veux exorciser les démons de ton passé
Je veux satisfaire les désirs inavoués de ton cœur


--Adryan
Oui, parle-moi, rendors-moi, mais ne pars pas. Reste là.

La voix enfla doucement entre les murs sans que les mots articulés ne résonnent entre les tempes engourdies. Futilité du sens quand le timbre seul suffisait à tracer l'esquisse d'un sourire rassuré sur les lèvres malades. Le pavot glissa lentement dans les veines nobiliaires tel un sirop visqueux, aussi lénifiant que morbide. Il ne rendormirait pas la douleur dans l'instant, mais l'amertume enveloppant sa gorge sèche était déjà tant promesse d'accalmie que la main du Castillon se détendit sur le drap, le laissant en paix pour quelque temps. Au souffle léger caressant sa joue, le sourire se dessina davantage, jusqu'à abandonner l'impersonnel du drap pour réchauffer ses doigts froids à la chaude douceur d'une nuque fantasmée, la ployant avec une lente détermination jusqu'à ce que les lèvres se frôlent et se caressent, pour enfin s'étreindre d'un baiser si léger qu'il semblait éthéré, en parfaite harmonie avec le monde fiévreux et peuplé d'illusions dans lequel les plantes invitaient le convalescent à errer. Lent, long, pour ne rien perdre de ce remède improbable.

Son méfait commis, la tête brune se renfonça dans le traversin, ne songeant pas un instant à s'excuser du larcin, et encore moins, et cela certainement était le plus impensable, à s'en offusquer. Les paupières lourdes se fendirent, laissant le gris des prunelles s'agiter sur le plafond blanc, comme affolées, avant de se fixer sur un point indistinct dans un soupir de satisfaction. Là sur le plafond, dans une auréole à peine visible, le Castillon retrouvait ce rapace qu'il aimait tant contempler durant ses brefs instants d'éveil. Le port de la tête était fier et guerrier, les pattes longues et fines. Un oiseau magnifique et racé, pourtant l'ombre pliait l'aile droite à contre sens, la brisant sans détour. Les yeux gris s'ouvrirent davantage, sans libérer un éclat de seconde l'objet de leur contemplation exclusive.


Regarde. Regarde-le. Il est beau n'est-ce pas ? Mais dis-moi, le fait que son aile soit brisée, l’enlaidit ou le rend plus beau encore ? Je n'arrive pas à savoir. Dis-moi, parle moi, toi qui sais.
--Dacien2
Les doigts nobiliaires s’emparèrent de cette nuque fébrile et tremblante sous le contact des deux peaux. Ses paupières se fermèrent un court instant quand sa bouche vint effleurer la sienne, amenant douceur et délicatesse à la fois. Combien de fois y avait-il pensé. Combien de fois l’avait-il rêvé. Il ne les comptait plus et, à cet instant présent, Dacien avait cette impression de vivre un mirage, se délestant de toute pensée.

Déguster cette seconde où le baiser si espéré fut échangé. Admirable. Admirant et admiré. Ses paupières se relevèrent, observant Adryan d’un vert pur, simple, dépourvu de tout et rempli de rien. Une inspiration fut prise. Une seconde de bonheur accompagnée d’une vague de chaleur. Et ce sourire qui se déployait à ses lèvres, gardant l’emprunte de sa bouche quand le Nobliau ne confondrait en rien le geste accompli. Le gris s’agita derrière le visage de Dacien. Il tourna la tête au plafond, cherchant ce qu’il voyait sans vraiment le trouver. Ses anthracites se déployèrent, comme pour admirer quelque chose dont l’Arrogant ne soupçonnait rien.

Il essaya de regarder. Voir ce qu’il ne voyait pas. Comprendre ce qu’il ne pouvait imaginer alors qu’il comprit dans un excès de paroles que le Castillon émanait simplement ce que la perception du monde restait à nos yeux. Le superflu.
Dacien osa s’allonger à ses côtés, glissant un bras sous tête pour la relever afin de contempler ce qui était invisible et de prendre une inspiration pour répondre lentement.


Son aile brisée n’a rien de laid. Tu as bien remarqué qu’il était beau. Il faut voir plus loin que l’apparence parfois.

Que dire de mieux. Certes, il était beau mais l’intérieur l’était encore plus quand on grattait un peu sous le vernis qu’il préférait exhiber. Dacien avait mis du temps pour comprendre que seul les actes parlaient pour eux. Enfin, il avait compris.

--Adryan
La voix s'éleva à nouveau, chaude et réconfortante. Cependant le Castillon fut détourné des mots prononcés par une chaleur diffuse irradiant son flanc. S'arrachant à la vision fantomatique glissant sur le plafond, il tourna la tête avec lenteur accablante et posa son regard flou sur le profil se dessinant à son horizon. Longtemps, il dut lutter pour associer ce visage aux brides de réalité flânant catholiquement entre ses tempes jusqu'à ce qu'un mouvement incontrôlé de recul ne le fasse gémir de douleur par trop d'élan.

Dacien.

Pourquoi fallait-il donc que ce soit lui ? Pourquoi donc était-ce cet homme plein de sans gêne jusqu’à s'inviter sur son lit qui reste présent, inlassablement, à ses côtés, quand le Castillon n'avait que mépris. Cet homme qui l'avait drogué pour le prendre sur le carreau humide des bains. Pourquoi était-ce lui qui portait dans le creux de ses mains tant de réconfort ? Pourquoi le dégoût lui glissait-il entre les doigts pour se muer en une abjecte reconnaissance de n'avoir pas fait comme elle, et d'être là, à veiller sur lui ? Et la colère glissa de l'homme aux yeux trop verts pour se frayer un chemin jusqu'à lui-même d'être assez faible, assez inconstant, pour prendre le réconfort là où il se trouvait. Fusse-t-il de cet homme-là.

À moins que l'Arrogant ne se joue de lui, le narguant de souvenirs, quand en termes de gueule cassée, Dacien avait eu son compte des poings même d'Adryan. Vengeance sournoise et ironique ou attachement si pur qu'il échappait à la conscience fourbue du convalescent ?

Tout tournait beaucoup trop vite sans qu'une réponse ne parvienne à s'imposer, laissant le Castillon dans l’incapacité la plus honteuse à trancher dans le vif. Délaissant le profil ciselé dans la faiblarde lueur orangée d'une chandelle, Adryan préféra se noyer à nouveau dans les plumes du volatile imaginaire, laissant les secondes s'éclater au sol avant que sa voix profonde mais teintée d'une sécheresse abrupte ne résonne entre les murs craintifs de la scène se déroulant sous leur badigeon immaculé.


Depuis combien de temps es tu là ?
--Dacien2
Le vert agrippé au blanc du plafond pour laisser le temps s’effiler avec la lenteur d’un métronome battant une mesure à quatre temps. La beauté du monde ne se trouvait qu’à l’intérieur. L’extérieur ne reflétait que des simagrées évoluant au gré des interlocuteurs pour garder en soi l’invisible, l’insoupçonnable et l’envers d’un décor florissant qui émanait parfois la bonté de chacun. Conserver en soi ce qui ne pouvait se contempler et d’instaurer autour le contraire afin de maitriser la distance avec ce reste du monde. Et quand la familiarité se faisait trop cruelle, l’abattement de la dernière carte devait se faire en éloignant le semblant de compassion qui pourrait se mettre en place mais qui se refusait allègrement.

Le gris se sentit à son profil. La chaleur de son corps aussi. L’incompréhension de l’effleurer semblait peser dans cette chambrée. L’incompatibilité de deux êtres se fourvoyait dans chaque pensée que l’anthracite lui soufflait malgré que le vert fuyait du mieux qu’il pouvait l’intense regard de la perdition. Sa dextre passa sur son visage, enlevant ce voile d’inquiétude ternissant quelque peu l’arrogance et de balayer éventuellement la peine qu’il avait de le voir souffrir ainsi. Le corps nobiliaire se décala un soupçon. Délicatement pudique fut-il de descendre de la couche pour s’asseoir à côté et d’appuyer son dos sur le chevet. Apparemment sa place ne devait pas être à ses côtés. Dacien se sentait petit et presque impuissant de pouvoir lui faire comprendre que cette veillée était une part d’inquiétude amoureuse qui ne pouvait rester morte en le laissant seul, comme abandonné quand il avait remarqué la disparition de Camille depuis quelques temps. Adryan ne pouvait être seul. Il ne devait être seul.

Jetant ses jades à la recherche de ses grises. "Depuis suffisamment de temps pour savoir que je t’aime encore, plus fort qu’avant et que je souffre autant que toi."


Assez longtemps pour t’aider à prendre ton calmant.

Et il se tut. Avant de n’en dire plus qu’il ne le fallait à ce moment-là. Son regard n’en pouvait plus de transpirer cette envie de le soulager du mieux qu’il pouvait pour lui prendre ce mal et de l’envoyer valser. Malheureusement il ne put empêcher cette impression de ne pas être à sa place à cet instant là.

--Adryan
There's nowhere left to hide
In no one to confide
The truth burns deep inside
And will never die
Lips are turning blue
[...]
Our wrongs remain unrectified
And our souls won't be exhumed*

Muse - Sing for absolution



« Assez longtemps pour t’aider à prendre ton calmant. »

Le regard gris se perdait au plafond pour retrouver le volatile qui, malgré son aile brisée, s'envolait pour ne laisser comme empreinte de son passage qu'une futile tache grisâtre d'humidité. Délaissé par ce compagnon lunatique avec qui le Castillon avait passé des heures et des heures en tête-à-tête mutiques, un soupir résigné fusa des lèvres nobiliaires. Telle était la sentence de ne plus être seul malgré la chaleur confuse s'échappant de son flanc que moins de fierté aurait cherché à retenir.

Tu es là depuis bien plus longtemps, je le sais. Je t'ai entendu me parler. Tu étais là. Tu as toujours été là.


Lentement, la tête brune pivota sur le traversin dans le gémissement du drap de se voir ainsi mis à contribution quand si longtemps, il avait été abandonné sur une étagère ternie par la poussière de l'indifférence. Les prunelles grises s'ancrèrent un instant dans les vertes avant de se perdre sur le vide affligeant du mur. Toi qui as voulu savoir durant tant de temps, tu sais tout maintenant. Cela valait-il tant de curiosité ? Regarde comme c'est laid. Les sourcils noirs se froncèrent doucement. Voilà donc ce que m'aura valu la virginité de ma sœur. Un petit rire cynique fusa, terminant sa course dans une quinte de toux rauque. Et oui, vois-tu, j'ai payé la virginité de ma sœur entouré de putains, à faire la pute moi-même. Mais la voilà mariée, bien en sécurité. Tant préservée dans son cocon de soie qu'elle n'est pas venue me rendre visite. Mais, je ne peux pas lui vouloir. Elle m'a envoyé un canne avec un pommeau d'argent. Le regard revint se poser sur Dacien, comme quémandant une réponse que pourtant personne ne pourrait lui donner. Alors, je ne peux pas lui en vouloir n'est-ce pas, de me laisser seul. Non, je ne peux pas leur en vouloir... Parait-il. Railla-t-il alors que ses yeux se gorgeaient de la noirceur d'une colère funeste. Pourtant, le regard retomba devant l'évidence éclatant entre ses tempes.

Mais toi tu es là. Tu as toujours été là. Mais moi, je ne sais pas pourquoi je suis encore là, à pourvoir encore te parler.


*Il n'y a nulle part où aller se cacher
Plus personne à qui se confier
La vérité brûle au plus profond
Et ne mourra jamais
Les lèvres bleuissent
[...]
Nos torts demeurent non réparés
Et nos âmes ne seront pas exhumées
--Dacien2
J’ai soutenu t’avoir aimé comme bon te semble
J’ai combattu chaque minute de ton silence.
La distance menace le temps qui court devant nous
Si tu tiens tes promesses, c’est pour mieux faire demi-tour….

M.Pokora. Entre parenthèses.

Adossé encore au chevet. Dacien contempla ce néant blanc qui se trouvait au-dessus de lui, tentant de voir ce qu’Adryan voyait. Il avait juste compris qu’il parlait d’un oiseau dont l’aile était cassée. Il s’imagina alors un oiseau blanc dont les contours étaient noirs pour mieux le distinguer. Le blanc offrant l’espoir de comprendre cette détresse criante dans ce regard gris pour essayer de le soulager un tant soit peu. L’Arrogant aurait presque eu le réflexe de quitter, le quitter quand la pesante sensation de se sentir de trop se décuplait mais, les mots ne se taisaient pas. Il parla. Aussi surprenant soit-il, Adryan lui parla.

Il ne dit rien. Le laissant lâcher prise un instant pour déployer ce silence qui ne pouvait plus être tu et d’écouter simplement pour ingurgiter ce mal-être et essayer de l’envelopper dans un cocon afin que le Nobliau ne puisse plus s’en éprendre.
Depuis son retour, depuis ce crime odieux, il était toujours là mais dans l’ombre, sans qu’il ne puisse le voir ou soupçonner sa présence. Il en était mieux ainsi. Le gris vint se poser un instant dans le vert pour s’enfuir la seconde d’après vers ce lointain blanc qui teintait le mur. Et Dacien le laissa encore sortir les mots tels qu’ils venaient sans interrompre un seul son pour qu’il puisse se libérer peut-être de cette tristesse, de cette rancœur qui avait de l’encombrer. Son ricanement vint fendre le silence et cette toux lui ouvrir la douleur qu’il ressentait à chaque mot qu’il posait. Pouvait-il ressentir cette peine? Ce désarroi? Cette rancœur tellement à fleur de peau? Non mais son discours y contribuait.

La tête baissée un instant quand ses anthracites vinrent rappeler ses émeraudes. L’asthénie accompagna l’incompréhension alors que Dacien essayait de mettre bout à bout chaque mot. Il ne répondit rien. Pas Encore. Il préféra le laisser finir dans son monologue afin de ne pas interrompre ses aveux comme offert sur un plateau. L’éméché prit la colère pour la répercuter à cette jade tuméfiée. Et les derniers mots sonnèrent le glas de son silence et l’atmosphère se refroidit d’un coup. Que dire…..Que faire…….Alors qu’il s’accouda sur le matelas du lit, laissant sa main agrippé le drap et d’enfoncer sa tête dans le chevet.


Parce que je ne pouvais pas te laisser partir…..Répondit-il dans un souffle légèrement tremblant. Ta sœur n’a pas connaissance de ce qu’elle aurait pu perdre….Quand il eut comprit la haine qu’elle devait lui vouer pour vouloir le faire disparaitre. Moi je le sais….Lui avoua-t’il dans un soubresaut. Et toi……Toi tu te punis déjà assez……Non…..Tu ne peux lui en vouloir…..Mais, tu n’es pas seul pour autant…..

"Entends que je ne te laisserai pas. Ecoutes que tu as une nouvelle famille."

--Adryan
C'est le malaise du moment
L'épidémie qui s'étend
La fête est finie, on descend
Les pensées qui glacent la raison
Paupières baissées, visages gris
Surgissent les fantômes de notre lit
On ouvre le loquet de la grille
Du taudis qu'on appelle maison

Protect me from what I want
Protect me from what I want
Protect me from what I want...

Placebo – Protège moi




« Parce que je ne pouvais pas te laisser partir… »

Les mots de l'Arrogant roulaient et enflaient de tout leur sens, léchant l'âme revêche du Castillon pour la réveiller quand elle n'avait qu'un désir, s'endormir et se perdre dans le néant blafard d'un vide où rien n'aurait plus de prise. Où les souvenirs pourraient se flétrir, grillés par les rayons infernaux d'un soleil destructeur pour ne laisser plus qu'un petit tas de cendres dérisoires que le premier coup de vent envolerait. Les mots de l'Arrogant battaient à ses tempes brunes comme un fléau déficient, irritant de ses battements réguliers l'amertume et le désir empoignant son ventre de dévorer tout ce qui le séparait de son blême dessein. S'envoler avec cet oiseau. Les familles, les soi-disant alliés, ces autres aux sourires forcés quand ils n'étaient pas menteurs, le noble leur crachait dessus avec la force de ce mépris qui le tirait vers cette vie méprisée. Dacien n'avait pas compris. Le constat dressé n'était plus un appel à l'aide, mais le refus de tout, quand malgré son intransigeante nature, il se trouvait coupable d'avoir trop regardé les autres pour le faire encore. Et Dacien était là, fidèle, tenace, amoureux à crever du vide. Et de tout, c'était certainement cela qui tiraillait le plus le Castillon, incapable de ne pas ressentir ce picotement si particulier dans le bout des doigts quand il n'avait envie que de s’absoudre à toute sensation. Non, Dacien ne comprenait pas le danger de réveiller les morts.

Regarde te dis-je, comme c'est laid.

Trop fort le picotement. Trop intense le fléau pulsant dans son crane. La main nobiliaire, vive et forte, prit d'assaut cette nuque fautive de trop d'attentions et d'un geste brusque, la força à ployer. Les lèvres féroces et acharnées firent taire les mots à l'orée de la bouche courtisane. Sauvages, violentes elles dévastèrent tout du souffle, tout de l'attachement d'une langue impie et furieuse se déclarant souveraine des désirs arrogants. Sans laisser s’échapper sa proie, la dextre nobiliaire glissa de la nuque brune à la main courtisane, la saisissant avec autant de poigne pour l’écraser sur le vit roide et palpitant monstrueusement de vie qui toisait avec insolence la jambe réduite à l'impuissance à son côté.


Tu n'avais pas le droit. Les mots claquèrent, secs et rudes entre les murs avant que la tête brune et brisée ne se détourne dans la plainte avachie du traversin.

Vas t'en.


Tu n'as pas le droit. Ni de me sauver. Ni de m'aimer.
--Dacien2
Je croyais que tu te foutais du regard des autres….

Quand le Blessé insista à dévoiler la laideur de l’oiseau alors que la comparaison n’avait d’attrait que lui. Défait presque de le voir ainsi s’apitoyer sur son sort tel un mort cherchant le mot de fin de sa triste et pitoyable vie. Le vert passa doucement sur le visage de Adryan pour constater avec effroi combien il voyait sa laideur lui-même et cette lueur noire au fond du gris se mouvant dans un vide intersidéral qu’il appelait inconsciemment pour terminer de vider le peu de dignité qui lui restait encore. L’âme se mourrait doucement et Dacien ne pouvait rien y faire apparemment. Aucun mot ne parvint à le dissuader de rentrer dans ce cercle vicieux qu’il avait connu quelques mois plus tôt.

Tu vois seul……

Il ne put continuer sa phrase quand sa nuque fut prise d’assaut et que ses lèvres furent plaquer à même la bouche du Nobliau. La langue s’amena et embarqua sa jumelle dans un tourment diabolique de désirs. Dacien se laissa faire, se laissant étreindre avec cette pulsion presque machiavélique et de sentir autant de frénésie de celui qu’il aimait à prendre sa souffrance lui-même pour le soulager, lui donnait ce tourbillon d’émotions de ne plus toucher terre l’espace de quelques secondes et de s’éprendre à rêver que tout ceci n’était pas réalité. Il ne pouvait se défaire de cette bouche tellement la dextre nobiliaire le retenait contre son propre gré. Pourtant, il aimait ça. Il jubilait presque intérieurement de le sentir ainsi, qu’il le possède à sa façon et de le transporter dans un autre monde. Mais, la triste réalité lui sauta aux yeux quand, ses phalanges furent entrainer au mât déjà droit, son vert dans son gris, cherchant la flamme dévorante de l’envie quand il ne la trouvait pas vraiment mais plutôt de voir les méandres s’enchevêtrer dans ce regard alors que la tête se détourna dans le coussin.

Je n’en ai pas autant maintenant non plus.

"Vas t’en" claqua-t-il alors que l’Arrogant fit glisser sa main à sa hanche pour la ramener à lui.

Tu m’attises? Tu viens me chercher? Et faut que j’me barre? Se mettant debout d’un coup en toisant son dos. T’as cru quoi….Que j’allais m’casser parce que tu m’le demandes? S’asseyant sur le bord de la couche. Tu vas jouer encore longtemps à m’prendre pour un con? Se tournant vers lui, plaquant sa main en dessous de son menton pour lui forcer à tourner son minois et de le regarder dans les yeux avec cette colère qui montait. Tu tiendras pas tout seul. Et j’te laisserai pas tout seul. Acceptes-le parce que je n’te laisse pas l’choix!

Sa dextre relâcha le cou et Dacien s’allongea une nouvelle fois à ses côtés. Non, il ne le laisserait pas tomber. Il savait ce qu’était le tourment et la douleur de s’en vouloir de tout. Ses pieds furent déchaussés, croisés. Un bras se mettant sous sa nuque et de regarder le plafond.

Maint’nant, dis moi c’que tu vois.....

--Adryan
La colère monta, enflant comme un cheval au galop pour s'imposer dans chaque veines du Castillon. Colère envers lui-même d'être cloué à ce lit quand son poing le brûlait de s'écraser encore sur la mâchoire de l'Arrogant. Qu'importait si le goût de ses lèvres consumait encore les siennes d'une ardeur fiévreuse. S'il frissonnait, ce n'était que de rage d'être si impuissant, incapable même de sortir de cette pièce terne, condamné à subir une présence qu'il ne souhaitait pas. Et fou furieux envers Dacien, de profiter de la situation. Alors le regard soudain plus noir que gris, la colère se déversa dans un torrent démentiel. Et qu'importait qu'elle soit injuste quand plus rien n'avait de sens.

Tu es lâche, tu as toujours été lâche. Tu m'as drogué avant de me prendre et aujourd'hui c'est sur un lit d'où je ne peux m'extraire qu'à nouveau tu m'imposes tes désirs et tes choix, sans jamais écouter ce que je veux, moi.
Redressé sur les coudes, il frémissait de tout son être, oubliant jusqu'à la douleur poinçonnant son genoux, indifférent au drap découvrant son torse lardé d'hématomes. Qui se fout de la gueule de qui ? Tu me laisses à moitié crevé sur le carreau d'une salle des bains, pour ensuite me sauver d'une mort que pourtant je voulais. Profite de ce pouvoir illusoire. La voix se fit murmure rauque et malsain, comme sorti d’outre-tombe. Je ne t'ai jamais rien demandé. Ce que tu as de moi Dacien, tu l'as pris sans que je ne te le donne. Alors écoute, écoute bien, un jour, je partirai, et tu n'y pourras rien. D'une geste furieux du bras, le chevet innocent se vit renverser avec fracas, éclatant au sol tous les pots et fioles en mille Morceaux coupants dans des effluves trop fortes de parfums piquants.

Vas t'en, tu ne comprends rien ! Je ne fiche d'être estropié, quand je suis déjà privé de protéger mon fils. Je ne fiche d'être laid ou beau quand je ne suis que vide. Prends ce baiser et vas t'en, j'ai rien d'autre à donner! Tremblant, les yeux fermés si fort qu'ils en pleuraient, la tête baissée sur des poings serrés jusqu'à s'éclater sur le drap, la sentence tomba, sans plus de bride.

DEHORS ! TU ME FAIS MAL À DEMANDER QUELQUE CHOSE QUE JE PEUX PAS DONNER !
--Dacien2
Le fracas du bois contre le bois résonna dans la pièce. Dacien n’avait pas bougé d’un pouce, se contentant d’admirer le blanc devant ses yeux, celui qui était là-haut et d’entendre sans vraiment écouter quand il avait déjà entendu ses maux avant. Encaisser jusqu’aux paroles les plus tordues alors qu’elle étaient véridiques et censées sans pour autant s’y attarder vraiment alors que la colère de se sentir moins que rien jaillissait malgré lui.

Ca y est? As-tu fini? Quand son visage se tourna vers le Nobliau, avec le même noir qu’il possédait à la place du gris. Vas-tu continuer à t’accabler sur ton sort encore longtemps? Se levant du lit pour faire le tour et de ramasser la console ou du moins, ce qu’il en restait pour mettre les boiseries cassées ainsi que tout ce qui se trouvait dessus un peu plus loin. T’en fais un bordel quand même….Tu m’excuseras hein, en le regardant avec un air dédaigneux et un sourire en coin laissant la cicatrice se renfoncer dans la commissure, j’préfère que tu passes tes nerfs sur moi plutôt que d’attraper je n’sais quoi pour t’ouvrir les veines.

Tout était rangé dans un coin de la chambrée, au loin de l’estropié quand l’Arrogant se rendait bien compte qu’il était loin dans le gouffre et qu’il ne souhaitait en aucun cas assister à un bain de sang encore une fois. Il revint s’allonger, à ses côtés, préférant encore prendre ses crises et ses coups à la place du silence qu’il avait subi depuis trop longtemps. C’est vrai. T’as pas besoin de moi pour te morfondre et pleurer sur ton sort comme une fillette. Tu le fais très bien tout seul. Sarcastique au point d’en être stoïque et ne voulant lui laisser aucun répits. Vrai aussi, je t’ai pris ce que tu ne voulais pas me donner mais….Un sourire carnassier. T‘as aimé. C‘est ça en fait qui t‘emmerde au plus haut point. D’avoir aimer.

Un rire fendit la pièce alors qu’il se faisait violence pour lui parler ainsi. S’il s’écoutait réellement, Dacien le supplierait de rester, de partager avec lui sa détresse et ce mal qui engluait complètement son être. C’est évident, j’ai été lâche. Mais moi au moins je suis là. Dois-je être fort finalement et t’abandonner comme Elle? Dois-je me voiler la face et avoir peur de l’amour que je ressens pour toi pour t’abandonner du jour au lendemain et te laisser croupir dans ta tristesse et ta détresse? Dégageant une mèche de son visage. Bah non. Désolé. Je vais rester….

Un silence.

Rallonges-toi. Tu te fais du mal. Se mettant de côté et de ne pas hésiter à l’affronter du regard. C’est toi qui n’a pas compris. Je n’te demande rien……Et ses lèvres se rapprochant de ses écoutilles pour lui souffler en douceur avant de filer à sa bouche avec la ferveur qu’Adryan avait su décupler quelques minutes avant. Je t’offre…

--Adryan
La tête basse, les cheveux le dérobant à la vue même des murs, les joues du Castillon se trempaient de larmes sans qu'il ne pleure, comme si son corps, soudain souverain, décidait de réagir malgré lui, quand de lui, ne restait qu'un volcan épuisé après avoir craché sa lave et épuisé ses fumées toxiques. Son corps pulsait au tambour assourdissant claquant entre ses tempes, autorisant tout juste quelques brides de mots du courtisan à atteindre ses tympans. La présence de Dacien, il ne l'entendait plus, ne la voyait plus, mais la ressentait, animal instinctif quand ses cris furieux avaient dévasté toute sa force sur leur passage.
Sort... Bordel... T'as aimé... Elle... Rester... Tu te fais du mal. C’est toi qui n’a pas compris. Je n’te demande rien. Je t’offre…

Une chaleur contre ses lèvres, chaude et douce. Il se laissait embrasser sans embrasser lui-même, rouvrant enfin les yeux pour ne voir qu'un visage, proche, si proche, que ses traits se brouillaient. Le regard gris cherchait, fouillant cet horizon trouble sans le trouver, si fort qu'il voulut voir, et avec une lenteur impensable, se rallongea. Et alors il put regarder ce visage qui malgré les vociférations, les ordres, les insultes, restait là, penché au-dessus de lui. Comment Dacien pouvait-il encore rester et offrir, après tant de refus, de rejets, de colère ? La ténacité exacerbée du courtisan à ne jamais rien lâcher, jusqu'à le conduire aux pires dérives avait d'abord agacé le Castillon, jusqu'à le mettre dans des rages et des rancœurs sans fond. Mais dans cette chambre morne, ce soir-là, c'était cette même ténacité qui fissurait le sarcophage au fond duquel le noble se terrait, certain qu'il était que rien ne pourrait l'en faire sortir. Longtemps, dans le silence retrouvé de la pièce les prunelles grises détaillèrent les pommettes ciselée, la bouche pleine, la ligne sèche de la mâchoire et le regard vert au-dessus de lui. La dextre toujours si lente qu'elle semblait engluée dans une vase indistincte remonta vers le visage ravageur de volonté sans portant se poser, comme le dessinant dans le vague.

Qui es tu ?

Sans attendre de réponse mais avec la même paresse, le blessé se redressa sur un coude, approchant ses lèvres entrouvertes et essoufflées de celles de l'étrange tortionnaire, se réchauffant à son souffle avant d'y déposer un baiser léger, presque chaste, presque craintif. Il se recula un peu pour regarder à nouveau ce visage qu'il se prenait à découvrir, pour revenir en déposer un second, puis un troisième, puis un quatrième... À chaque baiser déposé, les lèvres nobiliaires s'offraient davantage et sa langue s'échappait pour goutter, lécher, un peu, jusqu'à ce que le chapelet saccadé d'embrassades se lisse et n’arrête plus. Jusqu’à ce que la main se dépose à la nuque. Jusqu'à ce que les yeux se referment. Et un long soupir s'échappa quand, malade peut-être encore davantage, le sens du verbe protéger s'effaçait de sa mémoire.
--Dacien2
Il reste toujours une lumière même quand le noir se fait de plus en plus obscur. JD Dacien.

L’amour était souvent plus fort que tout. La preuve fut faite encore ce soir-là. L’Arrogant avait encaissé sans faillir, sans sourciller une seule fois, sans s’émouvoir au premier abord, les maux du Nobliau. Il n’avait rechigné en rien, préférant lui laisser le pouvoir de continuer s’il l’avait souhaité afin d’enlever toute cette torture qu’il ressentait en cet instant et de le délester de ce poids qui ne se faisait que de plus en plus amer à ses dires. Si le Courtisan avait du prendre au pied de la lettre chaque syllabe, il ne serait plus là et, peut-être Adryan aurait-il fait la plus énorme bêtise de sa vie. Il s’en serait voulu de l’avoir abandonné au moment où il ne fallait pas. Il ne se serait pas remis de son trépas et pire, il l’aurait rejoint. Dacien ne pouvait concevoir ceci quand la scène passait déjà en boucle dans son esprit et ce fut pour cela qu’il l’affronta sans pour autant épuiser sa force à le confronter. Garder au fond de soi cette misérable peine et préférer lui offrir ce que personne n’aura jamais quand il n’y avait que lui qui le possédait au final, depuis le premier jour.

Juste effleurer ses lèvres et de lui offrir ce dont il avait besoin. Un défouloir s’il le souhaitait. Une épaule s’il le désirait. Un réconfort à portée de mains à toute heure, tout moment, de jour comme de nuit quand Dacien ne pouvait lui offrir rien d’autre que tout cela. Peut-être rien, peut-être tout. Aller savoir….Il l’observa s’étaler de nouveau sur sa couche, avec la lenteur d’un estropié qui se réinstallait à l’aise pour ne pas souffrir de trop. L’anthracite détailla chaque détail de son visage qui ne laissait apparaitre que la personne touchante qu’il fut à cet instant précis, voilée par cette arrogance bien trop présente à certains moments mais dont il ne pouvait se défaire pour mieux murer ce qu’il ne fallait pas voir. Dacien ne bougea pas d’un cil quand la dextre nobiliaire vint parfaire les contours sans jamais les toucher, sentant la chaleur à même la peau alors qu’il ne touchait rien. "Qui es tu" lui souffla-t-il quand cela le fit sourire doucement.
L’Arrogant n’eut le temps de répondre et, en avait-il vraiment envie alors que Adryan voyait au plus profond de son âme ce soir-là. Peut-être avait-il cru que tout n’était que mascarade. Peut-être avait-il cru aussi que tout n’était que faux semblant. Et pourtant…..Malgré tous ses mots, il constatait avec stupéfaction sûrement que tout ceci ne l’avait pas poussé à fuir.
Se remettant sur son coude, voilà que la bouche nobiliaire s’approcha et d’effleurer ses lèvres avec une crainte palpable. Dacien l’embrasse du bout des lèvres sans plus, ne sachant réellement à quoi s’attendre. Plus d’une fois, il lui avait fait le coup. Plus d’une fois, il l’avait embrassé de façon abrupte que cette douceur devenait presque bizarre mais tellement équivoque de désir en même temps. Un regard profond ne pouvant se détacher de ce gris retrouvant sa couleur originelle et de le laisser faire sans rien attendre en retour. Un second qui s’appuya un peu plus que le premier et de sentir une saveur nouvelle. Un troisième suave qui allait chercher la fièvre sans le savoir. Et un quatrième. Plus charnel quand les deux organes charnues vinrent s’entrelacer quelques secondes.

Mais ce dernier baiser embarqua la continuité sans faille et de ne plus pouvoir défaire ces lèvres contre à contre pour entrainer les langues en une danse dissolue et lente au goût irisé d’une passion dévorante. Sa dextre venant se déposer à la naissance de sa chevelure, l’obligeant à fermer ses paupières, sans se préoccuper de ce qui arrivera dans une seconde, une minute ou demain. Plus rien ne comptait à part Lui.

Et la magie opérait, encore plus fiévreuse quand sa main se décupla pour rejoindre son cou, de s’emprisonner dans ses cheveux et de venir coller son corps habillé au sien sans aucune retenue puisque l’abandon à son sort se faisait de lui-même. Dacien ramena ses phalanges à sa joue. Les poser sur sa peau, doucement et de rompre le baiser tant précieux un instant pour l’observer, l’admirer et de lui souffler avec toute la délicatesse du monde.


Maint’nant tu sais…..

Un sourire en coin, doux. Un baiser langoureux qui s’en suivit et de défaire lentement le lacet pour ôter sa chemise et de poser son torse contre le sien. La chaleur ne pouvait que s’en multiplier quand tout ceci était bien plus qu’un désir ou qu’une envie. Il n’y avait pas de mots pour définir les sentiments qu’il pouvait avoir pour Lui. Adryan avait toujours été la personne la plus importante et le sera toujours, quoiqu’il puisse arriver.
Et le souffle court, les lèvres revinrent se celer aux siennes, passant sa dextre à son front, redescendre dans sa chevelure et de tomber aux épaules pour parsemer le torse nobiliaire de caresses quand sa bouche parcourut le buste aussi pour aller se réfugier auprès de son ventre. Quelques coups de langue, quelques baisers charnels et le vert qui chercha à attraper ce gris de désir alors que le vît était à portée de bouche et que la dextre s’en saisit lentement. Doucement les caresses s’investirent à le rendre roide et de le maintenir avec des vas et des viens quand la langue venait s’y mêler. Lentement il ferait, doux il serait. Attentionné il restera.


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