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[RP] Italienne et brodeuse : L’initiation continue …

Arylis
Quand elle sentit les lèvres sur son épaule, puis dans son cou, Arylis ferma les yeux. Elle s’obligea à respirer calmement, à mimer le sommeil. Pourtant elle était parfaitement réveillée, elle n’avait pas vraiment dormi, et son corps réagissait délicieusement à la caresse des doigts sur son flanc. Elle s’efforça néanmoins à ne pas bouger, à ne pas frémir.

La brodeuse savait parfaitement dans le lit de qui elle se trouvait. Elle connaissait l’identité de la personne dont le corps épousait le sien. Elle avait maintes fois touché cette main qui venait de se faufiler dans la sienne. Elle imaginait sans peine les traits du visage enfoui dans ses cheveux.

La respiration se fit plus régulière, lui apprenant que l’autre corps s’était rendormi. Ses paupières se soulevèrent de nouveau, et des images de la veille s’imprimèrent de manière désordonnée dans l’esprit-papillon.

[Les Murmures d’Absaintes, la veille au soir]

Un baiser est plaqué de mauvaise grâce par-dessus un comptoir.
L’échange est agressif, dépourvu d’envie, dégoulinant de frustration.

~~~~~~~~~~

- Je t’aime …

Elle reste sans voix, pétrifiée par une révélation qu’elle ne conçoit pas mais qui, elle ne peut le nier, la remue agréablement.

~~~~~~~~~~

Ses mains se ferment autours des genoux et ses lèvres se font plus avides. Elle prend l’initiative des caresses et des baisers qui parcourent le corps offert.

~~~~~~~~~~

La chaleur a envahit ses joues pendant qu’elle réajuste sa chemise. Elle a encore des palpitations au creux du ventre. Mais elle est perdue.

- On y va ?

Elle sort de la taverne et suit, sans dire un mot.


[Dans le lit, plus tard ce matin-là]

L’autre corps se désolidarisa du sien. De nouveau, elle garda les paupières clauses.
Attentive, elle écouta les mouvements de l’autre, l’imaginant en train de rajuster sa chemise, de rédiger un mot avant de sentir la main arranger une de ses mèches rebelles. L’esprit-papillon ne put s’empêcher de penser que ce geste était en pure perte. Sa crinière avait toujours été ingérable.

Quand la porte se referma, Arylis attendit un moment. Puis elle bascula sur le côté. Sa tête froissa le parchemin qu’elle saisit du bout des doigts pour le déchiffrer.




Ma si belle,

J'opère une retraite stratégique et ponctuelle mais je n'abandonne pas la partie, bien au contraire, il me tarde déjà de reprendre...

Ton italiaime.

Un sourire étira la bouche trop large, expression de joie et de malaise. Arylis ramena ses jambes contre sa poitrine, ensevelissant son corps nu dans les draps encore chauds. Elle prit une grande inspiration, grisée et inquiétée par l’odeur d’un corps qui n’était pas le sien, mais celui de la brune. Elle resta ainsi de longues minutes, le cœur battant la chamade, se demandant ce qu’elle faisait là, ce que ça voulait dire, si elle avait le droit, si elle ne trichait pas. Et dans le même temps la brodeuse se souvenait combien ça avait été bon, comme elle en avait eu envie et à quel point la présence de l’italienne l’avait comblée. Elle avait beau être seule, elle rosit en repensant à son audace.

L’esprit-papillon était en branle. Il venait de faire une découverte étrange. Parfois, il était possible de perdre le contrôle du corps duquel il était chargé. Habituellement c’était lui qui faisait des folies, se perdant à droite et à gauche sans réfléchir et convaincu que les jambes et les bras de la brodeuse suivraient, peut-être avec des conséquences, potentiellement douloureuses, mais l’assemblage de chair et d’os obéissait, quoi qu’il arrive. Hors la veille, il n’avait rien pu faire, rien pu dire. Les lèvres avaient ouvert un passage à un voile étrange qui s’était dressé comme un mur devant lui, lui interdisant l’accès aux fibres qu’il maîtrisait habituellement. Il s’était heurté à une vague qui l’avait englouti, le noyant sous un déluge de sensations. Pour une fois c'était la peau qui lui avait envoyé des signaux, grisants, enivrant, saoulant même. Il avait été évincé, mis sur le banc de touche et n'avait joué aucun rôle dans la partie qui avait suivie.

Arylis poussa un long soupir avant de s'extirper des draps. Saisissant chemise et jupe, elle se rhabilla rapidement. Après un instant d'hésitation, elle griffonna une brève réponse en-dessous du message de la brune. Puis elle attrapa sa besace dans l'entrée et se glissa à l'extérieur.
La brodeuse venait d’expérimenter le désir. Et un drôle de vide, l'emplissait toute entière.

[Edit pour oubli de balise ...]
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De petites fées ...
Arylis
Post écrit à quatre mains.
Quatre mains baladeuses pour deux corps amants. A bon entendeur !


Arylis glissa doucement la clé dans la serrure. La porte s’ouvrit sans un bruit. Elle abandonna besace, chausses et manteau dans l'entrée puis se faufila dans la maison silencieuse. La chambre était restée entrouverte, un sourire mutin se posa sur les lèvres de la brodeuse. Guidée par la respiration régulière, elle avança jusqu’au lit avant de s’arrêter, hésitante. Un rayon de lune infiltré dans une faille du volet, teintait d'argent la chevelure brune, seule partie visible du corps allongé sous l'épaisse couette. L’air taquin de la blonde laissa place à une expression indécise. Sans un mot, elle s'assit au pied du lit, incapable de savoir ce qu'elle devait faire, ou simplement ce qu'elle était venue faire.
L’italienne du sentir sa présence, car soudain elle se redressa. Félin se jetant sur sa proie, elle immobilisa la brodeuse en se plaquant dans son dos. Un couteau avait été prestement sorti de sous l’oreiller et fut instinctivement pressé contre la gorge sans défense.

Ah !

Plus qu’un cri, ce fut un murmure qui s’échappa de la bouche de la blonde, paralysée autant par la surprise que par la douleur.

Buona sera damoiselle. Alors comme ça on vient voler du sommeil chez les braves gens ... Vous savez que c'est un très grand crime ça ?

La tendresse perçait dans la voix accusatrice de la brune, aussi Arylis recommença-t-elle à respirer. Mais quand le glacé du métal disparu, aussitôt remplacé par la fraîcheur de la chair, son coeur ne se calma pas, bien au contraire. Les battements s'emballèrent et elle parvint à peine à articuler.

Voleuse je ne suis pas. Mais brodeuse de rêve, oui …

L'italienne happa de ses lèvres la peau vulnérable de la clavicule qui s'offrait à elle.

… On … m'a parlé d'une tapisserie à finir … peut-être à commencer …

La main de la brune glissa sur l'épaule de la brodeuse, traçant une ligne de feu qui entraîna sa chemise. La bouche gourmande courut vers l’épaule mise à nu et la respiration de la blonde accéléra encore.

… En … En tout cas d'une bobine de fil à dérouler … Je … Alors je suis passée …

Arylis se sentait prisonnière et terrifiée. Etrange écho à cet instant de panique où la brune l'avait arrêtée pour l'emmener. Pourtant, il y avait quelque chose de différent. Le corps dans son dos était presque nu et la blonde sentait les seins de l'italienne tout contre elle, son bassin contre ses reins, ses cuisses autours de ses hanches. Affirmation de sa position dominante, ou tentative pour la rassurer, la main de l’italienne pressa son ventre, semblant vouloir l'imprimer encore d’avantage contre elle.

… Mais … si vous … coupez le fil … le rêve …

La brune défaisait les lacets rebelles de sa chemise. Elle en ouvrit le col et sa main vint frôler la courbe de son sein. La brodeuse planta ses doigts juste au-dessus des genoux de l’italienne et, presque malgré elle, sa tête s'inclina, offrant d'avantage son buste aux caresses.

… ne sera jamais terminé …

Arylis ne lutta pas quand la brune saisit son visage à deux mains, l’obligeant à tourner la tête et à plonger dans son regard sombre. Mais sa voix n'était plus qu'un souffle.

Tu m'as dit de venir. Alors je suis là ...

Ces derniers mots furent happés par les lèvres avides de la brune. Au moment où cette bouche s'empara de la sienne, la brodeuse oublia les questions et les incertitudes. La seule chose qui avait encore voix au chapitre était le désir qui pulsait dans tout son corps. Elle rendit goulument son baiser à l’italienne, pivotant doucement jusqu'à se retrouver à genoux sur le lit, face à elle. Instinctivement, ses mains retrouvèrent le chemin des cuisses de la brune et glissèrent le long de ses hanches, de ses flancs puis de ses bras, pour remonter lentement la chemise de nuit qu'elle finit par lui ôter.
Leurs visages s'étant éloignés, la blonde en profita pour examiner d'un oeil curieux un autre corps que le sien. Le vague rayon de lune n'éclairait pas grand chose, mais il laissait suffisamment deviner de son corps souple et musclé. La jeunette eut d'abord un sentiment de puissance à se sentir ainsi, habillée, puis la sérénité de l'italienne entama sa belle assurance et elle se sentit de nouveau perdue, ne sachant plus comment interagir avec cet autre corps. Finalement impressionnée par cette nudité, la brodeuse avait besoin d'être guidée.
La ténébreuse du sentir sa fragilité et son inexpérience, car elle prit les devants. Avançant ses mains vers la brodeuse, elle effeuilla un à un ses vêtements, semblant jouir de chaque parcelle de la peau qui s'offrait à ses yeux comme cherchant à les graver dans sa mémoire oublieuse.

A chaque espace de peau mis à nu, Arylis s’étonnait de pouvoir être ainsi regardée, désirée. A chaque effet qui tombait, c’était ses propres barrières qui s’écroulaient, et elle se sentait un peu plus fragile.
Un peu plus soumise.
Un peu plus excitée.


Quand elle n'eut plus pour vêtement que la lumière de la lune, se fut comme si un vide s'était créé en elle. Un vide que l’italienne s’empressa de combler, collant son buste contre le sien, s'emparant de sa nuque et scellant de nouveau leurs lèvres fiévreuses. Arylis se sentit chavirer sur le lit.
Allongée sous l'italienne, elle était à la fois égarée et enflammée. Elle ne savait pas ce qu’elle devait faire mais ne pouvait rester inactive. Ses mains courraient sur le corps pressé contre le sien sans savoir où s'arrêter, où s'attarder. Ses doigts étaient tendres avant de devenir soudainement agressifs, griffant la peau, pressant la chair. Ses bras cherchaient des passages pour mieux enserrer. Son corps tout entier fuyait l'étreinte de peur de se consumer, avait de revenir s'y brûler comme un papillon à la flamme d'une bougie. Ses caresses étaient compulsives, nage frénétique au milieu d'un océan déchaîné de sensations. Sa seule certitude étant qu'elle ne pouvait pas s'arrêter, au risque de sombrer.

Longtemps les lèvres de la brune continuèrent leur délicieuse torture, se faisant tantôt furtives et douces, puis gourmandes, intrusives et mordantes. Soudain, les mains de l’italienne se fermèrent autours des poignets de la brodeuse, les maintenant contre les draps. Le corps de la blonde se mit à vibrer à cet écho troublant du jour de l'enlèvement. Il s’agissait cette nuit d’un autre voyage, autrement.
La bouche ravisseuse quitta celle de sa prisonnière pour se fouir dans son cou, traçant sur la peau une arabesque subtile. Elle vogua vers le creux de son épaule, poursuivit son chemin vers la naissance de son sein qu’une joue curieuse vint frôler. Les lippes avides en dessinèrent lentement le contour avant de glisser le long de la courbe jusqu'à une pointe que ce contact inconnu rendit plus ferme. La respiration de la brodeuse s'accéléra et tous ses muscles tendirent. Malgré elle, elle arqua les reins pour faire durer ce savant baiser, pour l’intensifier encore. Et quand les doigts de la ténébreuse relâchèrent ses poignets pour se mêler aux siens, elle se rattrapa à cette prise comme à un radeau.
Elle pressa d'avantage son ventre contre celui de la brune dont l’autre main vint souligner la cambrure de son dos. Sa jambe en enveloppa une autre, sa cuisse s'appuya contre une hanche, caressant la courbure d’une fesse. Elle finit par se mordre la lèvre, autant pour rester silencieuse que pour ne pas perdre pied. Mais surtout parce que le plaisir se répandait dans tout son corps, excitant le désir qui pulsait dans son bas-ventre, anéantissant toute velléité de raisonnement.

Car l'esprit-papillon avait son propre mode de fonctionnement. En général, il n'y avait pas de règle. Il voletait sans suivre de logique, et passait du mouton à la poule sans se poser de question. Pendant la précédente initiation, il avait cherché à fuir la réalité par tous les moyens à sa disposition, perdant pied dans son équilibre instable qui ne trouvait d'amarres qu’en sa ville natale. Ou, plus récemment, dans la présence de la brune. Mais ce voyage-ci le voyait alourdi, incapable d'échapper à l'emprise du corps dont il avait la charge, et rien n'existait plus que les sensations.
Le sang qui pulsait dans chaque vaisseau.
La peau qui brûlait à chaque caresse.
Le désir qui poussait chacun de ses muscles à une gymnastique complexe avec une unique finalité : L'embraser.


Déjà la main de la brune repartait, dessinant le galbe d'une hanche, s'agrippant à la rondeur d'une fesse, à la fermeté d'une cuisse. Il lui semblait qu’elle cherchait à anéantir le moindre espace possible entre leurs deux corps mêlés afin de les faire battre à l’unisson.
Les doigts de la blonde glissèrent dans la chevelure sombre, dessinant le contour d'une oreille, glissant le long de la nuque élégante. Soudain, ils s'agrippèrent à une épaule et les yeux clairs s'écarquillèrent de surprise. Les habiles de l’italienne venaient de s’aventurer contre l'intérieur de sa cuisse. La brodeuse crut que sa peau, si fine à cet endroit, devenait incandescente et son gémissement fut étouffé par le bâillon avide des lippes de la brune. Arylis renforça leur baiser en se redressant légèrement, incapable de maîtriser l'arc de son corps lorsque la main guide se posa enfin sur l'origine du monde. Les doigts de l'italienne se mirent à chercher doucement, parcourant, apprivoisant cet obscur objet du plaisir, tandis que le corps initié trouva de lui-même le rythme parfait pour accompagner cette caresse intime, pour se soumettre encore d'avantage à la torture du plaisir.

Et alors que la main de la brodeuse repartait en exploration, se plaquant contre le sein de la brune, et que son pouce jouait doucement avec la pointe dressée, Arylis perdit pied. Cinq de ses doigts se refermèrent sur la main de l'italienne tandis que les cinq autres se cramponnaient à son dos. Les lèvres de la brune ne suffirent plus à faire barrage au murmure de plaisir qui franchit celles de la blonde alors qu’un nouveau cortège de sensations l'envahissait toute entière.

La jouissance se répandit dans tout son corps comme une vague de feu.
L'éblouissement de l'esprit-papillon la submergea toute entière.
Le bien-être l'envahit ensuite, pour mieux la laisser pantelante.


La brodeuse planait dans un monde encore inconnu d'elle quelques secondes plus tôt. Et dans ce monde elle était seule, seule avec l'italienne.
Ses mains vinrent se loger dans son cou et se mirent à jouer avec les mèches brunes, à caresser la naissance d'une mâchoire ou le lobe d'une oreille.
Ses lèvres se pressèrent doucement contre la bouche offerte.
Elle n'avait plus envie de rien, si ce n'était de la sentir contre elle.
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De petites fées ...
Arylis
Le clap-clap du métier à tisser retentissait dans l’atelier.
La broderie demandait un certain degré d’attention. Arylis devait veiller à ce que les points soient réguliers et le dessin respecté. Mais pour ce qui était de tisser, elle pouvait le faire en pensant à autre chose. Et ce matin-là c’était exactement ce qu’elle faisait. Ses pieds et ses mains bougeaient machinalement, mais l’esprit-papillon était loin, très loin de la Dentelle Bleue et de la toile en confection.
La blonde essayait de mettre de l’ordre dans ses idées et, plus ardu, dans ses sentiments.

~~~~~~~~~~

- Oh elle n’a rien d’une princesse charmante. Se serait plutôt une reine vous voyez. Une reine charmeuse. Elle peut tout prendre si elle le souhaite. Je n’ai ni la force, ni l’envie de le lui refuser.
- Et vous lui donnez tout ? Vraiment tout ?

Elle n’avait pas répondu.


~~~~~~~~~~

La brodeuse avait beau être naïve à l’excès, elle avait très bien saisi où voulait en venir l’homme assis en face d’elle.
Donnait-elle son corps à l’italienne ? Bien sûr qu’elle le lui offrait volontiers, osant de plus en plus s’emparer du sien en retour. Mais cela voulait-il pour autant dire qu’elle lui donnait tout ?

~~~~~~~~~~

- Apprécier tout le monde, c’est n’aimer personne.

Prononcée sans arrière pensée, la phrase avait pourtant cueillit Arylis au creux de l’estomac.


~~~~~~~~~~

Etait-elle incapable d’aimer ?
Elle se sentait bien avec la brune. Elle avait confiance en elle et se liquéfiait littéralement sous ses caresses. Elles riaient, passaient de longues heures à discuter et leurs baisers réveillaient en elle un désir ardent et délicieux. Mais l’aimait-elle ?

La brodeuse voyait bien qu’elles ne formaient pas un couple comme les autres. Quand elles se retrouvaient en taverne, elles échangeaient des formules de politesse là où d’autres s’embrassaient avec effusion. L’italienne n’était jamais bien loin, réservant les places au plus près de la sienne, mais le contact physique était rarement établi. Les amoureux s’abreuvaient de bière autant que de cajoleries, alors qu’elles n’utilisaient que leur prénom ou les qualificatifs de leurs activités quotidiennes.
Et cette situation convenait parfaitement à Arylis. Elle aimait que la brune soit près d’elle sans pour autant la toucher. Elle aimait qu’elle l’appelle « la brodeuse » et pas « mon ange ». Elle aimait ses sourires et ses regards qui voulaient à la fois tout et rien dire. Mais l’aimait-elle pour autant ?

Bien sûr, elle se rendait presque tous les soirs chez l’italienne et elles passaient la nuit ensemble. Mais il n’était pas rare qu’au matin la blonde se réveille seule dans le grand lit, un mot sur l’oreiller. La brune était une femme occupée. Arylis ne se sentait pas pour autant abandonnée dans ces moments de solitude. Elle en profitait pour savourer les derniers effluves de la nuit, grappiller la moindre parcelle de chaleur résiduelle ou faire jouer sur ses doigts les rayons filtrant par la fenêtre. Puis elle sortait de la chaumière sans déplacer quoi que se soit, sans fureter dans un tiroir, sans chercher à s’approprier ne serait-ce qu’une parcelle de l’endroit. Quand elle partait, c’était comme si elle n’était jamais venue. Etait-ce par ce qu’elle ne l’aimait pas ?

Ou du moins pas autant, pas pareil, pas comme il faudrait ? Peut-être pas comme l’italienne le méritait ?

La porte de la Dentelle s’ouvrit. L’esprit-papillon réintégra l’atelier. Quand Arylis en franchit le seuil, passant dans la boutique pour accueillir son client, toutes ces questions étaient déjà loin derrière elle.
L’amour était une chose trop complexe et trop sérieuse pour qu’un esprit volage comme celui de la brodeuse s’y attarde d’avantage.
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De petites fées ...
Arylis
Oh ! Vous m’écoutez tous les deux ?

La voix était sortie d’un amoncellement de tissus posé sur un tabouret, près d’un bouleau et d’une porte, au beau milieu d’un jardin saintais figé par l’hiver.

Si si je sens bien que vous n’êtes pas très attentifs … Je sais que vous n’êtes pas de bois, mais arrêtez de vous lorgnez comme ça, je vous parle là !

Le sommet du monticule pivota légèrement et deux yeux clairs apparurent, fixant durement ses interlocuteurs plus ou moins végétaux.

Déjà que je fais l’effort de te sortir par ce froid pour que vous puissiez passer un moment ensemble, vous pourriez avoir la bonté de me prêter une oreille amicale. C’est pas comme si vous étiez durs de la feuille. Et même là j’aurais eu besoin que vous fassiez un minimum semblant !

Arylis s’adressait avant tout à la porte. Ou plus précisément à SA porte. Un soir, en taverne, elles avaient noué un lien profond, et il n’était pas rare à présent de voir la brodeuse promener le battant de bois dans les rues saintaises. Depuis quelques mois néanmoins, la blonde entretenait une relation avec une autre sorte d’ébène et elle négligeait un peu son ancienne compagne. Fort heureusement, la chance tournant autours du n°10 lui avait permis de gagner à la loterie de la ville un bouleau taillé du plus bel effet. Et depuis qu’il trônait dans son petit jardin, la porte faisait feu de tout bois pour obtenir les faveurs de ce beau jeunot.
La brodeuse reprit son monologue.

Je disais donc : Ils sont partis pour Niort.
Franchement, je trouve qu’elles exagèrent les Mules ! Nous avons eu la gentillesse de les recevoir au premier tour, ils auraient quand pu faire l’effort de venir au second !
Niort !
Non mais Niort ?! Il fallait vraiment qu’on aille là-bas ?


Le tas de couvertures frissonna, signe qu’à l’intérieur ça s’agitait ferme.

Bien sûr que j’ai dit que j’irai pas ! En même temps, elle me dit ça comme ça « Je pars. Tu viens avec moi ? »

De nouveau, la calotte du monceau de frusques se tourna pour regarder par-dessus une épaule invisible, cherchant un soutien de la part des deux silencieux bavards.

Vous trouvez qu’on amène les choses comme ça vous ? Il y a un minimum de tact à avoir dans ce genre de situation. Et puis de toute façon qui craint les feuilles évite d’aller au bois. Je n’allais quand même pas m’infliger moi-même la torture de quitter Saintes. Et puis vous feriez quoi sans moi, hein ?

Les yeux clairs quêtèrent une approbation à travers la mince fente laissée par le châle et le bonnet. Seuls lui répondirent le silence moralisateur de la porte et un craquement réprobateur du bouleau.

QUOI !?

La brodeuse s’offusqua.

Comment ça j’exagère ? Et je ne mets pas dans tous mes états ! Je suis parfaitement calme et sereine quand à cette décision !

Les fines branches de l’arbre s’entrechoquèrent doucement sous l’impulsion d’un coup de vent.

NON JE NE CRIE PAS ! Et je n’ai pas entamé cette discussion pour que vous vous liguiez contre moi !

La blonde se leva brusquement et voulut quitter la compagnie du couple boisé. Mais engoncée comme elle était dans ses couches de vêtements, elle se prit les pieds à l’intérieur et s’étala de tout son long. Les épaisseurs amortirent sa chute et elle ne se fit pas mal, mais elle resta étendue sur le sol, immobile.

Arylis n’était pas d’une nature calme. Elle était vive, maladroite et débordante de vitalité. Mais l’énergie qu’elle dégageait était toujours positive. Quand elle hurlait c’était parce que sa copisoule ou la Malarrya était dans les parages. Quand elle fulminait c’était parce qu’on ne voulait pas jouer, et ses grimaces de colère ne trompaient jamais personne. En fait, la première et dernière fois que la brodeuse était devenue furie, c’était quand l’italienne l’avait obligée à quitter la ville. Et voilà que maintenant la furieuse revenait parce que, justement, elle l’avait laissée derrière.
La blonde était nauséeuse rien qu’à l’idée de passer les murs d’enSaintes, mais elle se rendait compte à présent qu’elle aurait préféré le cisaillement des cordes l’empêchant de quitter la charrette plutôt que la sensation de déchirement qu’elle éprouvait en l’absence de la brune. Et cette dépendance inhabituelle à une autre qu’elle l’agaçait au plus haut point.

Gnniiiiiiaaaaarr !

Le cri s’accompagna d’un martellement du sol gelé par les pieds et les points entravés. Il y eut quelques minutes de flottement pendant lesquelles la porte et l’arbre détournèrent leurs regards, ne voulant pas humilier la brodeuse en étant témoins de la scène de tortillage qu’elle offrait en essayant de se lever. Elle finit par s’extirper de son monticule, le gilet remonté jusqu’à la poitrine, la chemise à moitié sortie de la jupe, une moufle en moins et la crinière en pagaille.
Elle pivota sur ses genoux pour lancer un regard noir aux porteurs de tourtereaux.

Silence ! Je ne veux rien entendre !

L'être et le battant de bois obtempérèrent avec délicatesse, se contentant de s'appuyer un peu plus l'un sur l'autre pendant qu'elle ramassait son bazar pour se préparer à la suite.

Et si cette scène vous a paru bizarre, c'est que vous n’avez pas encore suffisamment côtoyé la mésange à l'esprit-papillon. Mais persévérez ! Il paraît que ça peut-être payant !
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De petites fées ...
Arylis
Bon.
Aller.
C’est parti.
HHHHffffffffhhhh Pffffffffffff Tu peux le faire !


Bon la mésange, on y va oui ?!

OH CA VA !

Arylis jeta un regard mauvais à l’Alani assise au bord du chemin, un peu plus loin. Evidemment, même si elle avait pris la décision de rejoindre les Tiseurs, ou plus précisément l'italienne, elle ne pouvait y aller seule. Par chance, ou plutôt parce que la Marion avait du flaire, elle était restée en ville. Il faut dire qu’après une petite crise de jalousie amicale parce que la blonde n’avait pas confié à son amie d’enfance qu’elle voyait assez régulièrement (quotidiennement) une autre brune, l’Alani avait pris la chose avec le sourire et entrepris d’encourager l’inexpérimentée dans ses découvertes. Alors quand Arylis avait annoncé qu’elle ne suivrait pas l’équipe, la Marion avait du voir l’anguille sous la roche et décidé d’attendre à Saintes. Et en voyant débarquer la brodeuse chez son ancienne patronne, une expression sombre dans ses yeux clairs, l’Alani avait eu l’air de se dire qu’elle avait bien fait. Ni une ni deux elle avait fait leurs bagages, récupéré le Brunel à son atelier d'orfèvre et ils étaient partis.
Enfin façon de parler, parce que ça faisait maintenant plus de trente minutes que les deux bruns se les caillaient sur un tronc d’arbre en attendant que la blonde veuille bien lâcher les remparts. S’il n’avait pas fait aussi froid, la scène aurait été comique.

La brodeuse avait passé tout son corps à l’extérieur de l’enceinte de la ville. Elle s’était même tellement éloignée, qu’à présent seul le bout de ses doigts touchait les pierres familières.
Elle expira un grand coup.

Pfiouuuuuuuuu …
Aller … Uuuuun … Deeeuuux … Trois !


D’une poussée, Arylis se détacha du mur. L’impulsion avait été légère, pourtant elle vacilla dangereusement. Il faut dire que pour en arriver là, la blonde avait ingurgité une quantité importante du délicieux hydromel fabriqué par Nannou. Nannou qui, bien sûr, était à Niort avec les Saintais Tiseurs !
La brodeuse grommela.

Bon …

Nouvelle expiration, et la blonde leva un pied pour le poser un peu plus loin.
Sur sa souche, la Marion s’était redressée.

Hé ! Hé ! Regarde ça y est elle ...

L'Alani fit signe au Brunel de se taire.

Chhhhhhhhut ! Tais-toi tu vas encore la faire fuir !

En effet, la première fois qu’elle avait encouragé la progression de son amie, elle n’avait fait que la déconcentrer. Arylis était retournée aussi sec à l’intérieur de la ville et il avait fallut tout recommencer. Donc l’Alani restait aussi silencieuse que possible, croisant les doigts pour qu’ils arrivent enfin à passer le cap du virage quelques mètres plus loin.

Bieeen ! C’est bieeeen !
Aller ! Encore un !


La brodeuse tentait de se motiver, se concentrant sur sa voix, pour oublier qu’elle n’entendait plus les bruits de la ville (juste derrière elle), et sur ses chausses, pour ne pas voir que les cailloux du chemin n’étaient pas ceux des rues de Saintes (C’est une experte en cailloux. Si elle vous dit que c’est pas les mêmes, c’est que c’est pas les mêmes !).

Pour la décharge de la blonde, quitter Saintes était pour elle l’équivalent de marcher au bord d’une falaise quand on a le vertige. C’était se retrouver dans des creux de cinq mètres de haut quand on a le mal de mer ou descendre dans une cave quand on a peur du noir ET des araignées. C’était la période de sevrage d’un alcoolique, le moment où l’on dérape pour se sentir tomber ou encore la dernière heure d’un condamné (Et c’est à peine exagéré !).

Pourtant, contre toute attente, la brodeuse réussit à longer la faille, à retrouver une eau plus calme, à allumer la lumière, à se rattraper d'une main et elle ne mourut pas. En revanche, elle resta rond comme un coing tout le reste du trajet.
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De petites fées ...
Arylis
Il était un moment, dans toutes relations, où une question incontournable se posait : Sommes-nous sur la même longueur de l’onde ?
Arylis n’avait aucune idée de la manière dont on mesurait la taille des ronds dans l’eau, de même qu’elle n’avait jamais réfléchi à ce qui pouvait-être attendu d’une relation de couple. Mais quand on savait qu’elle n’était déjà pas certaine d’être en couple, cela n’avait rien de surprenant.
Quoiqu’il en soit, il y avait eut plusieurs étapes, un certain nombre de situations, sans forcément de rapport entre elles, qui avaient fini par mener au moment fatidique de : On fait quoi ?

Première partie :

I : Un soir, trois personnes, un jeu innocent, un défi brillamment exécuté par la brodeuse (sans aucune arrière pensée bien sûr).

II : Un autre soir, plus de personnes (pas les mêmes), un autre jeu innocent, l’aveu de deux premiers baisers : Un volé et un donné.

III : Une proposition de voyage dans le sud.
III/ a : Une blonde fortement éméchée pendant tout le trajet.
III/ b : Un mariage à venir qui entraîne une prolongation du voyage, encore plus au sud.

Conclusion de la première partie : La brodeuse et l’italienne arrivent à Bayonne. Tout va bien.

Deuxième partie :

I : La blonde est toujours complètement bourrée (elles sont toujours sur les routes).

II : Une presqu’inquisitrice entame avec l’italienne passionnelle une discussion sur la nécessité d’aimer.

III : Le baiser donné par défi revient sur le tapis.
III/ a : La blonde signale que c’est « pas la peine d’en faire tout un plat ».
III/ b : La brune parle de l’importance de la fidélité.
III/ c : La brodeuse se fait expliquer ce que c’est : « Rien que d’avoir envie … c’est être infidèle ».
Note : Il s'agit de l'esprit-papillon qui a déjà du mal à contrôler ce qu’il dit. Alors ce qu’il pense ou ce dont il a envie …

IV : La presqu’inquisitrice souligne les visions de chacune.
IV/ a : L’italienne préfère partir, plutôt que de souffrir en voyant la blonde avec quelqu’un d’autre.
IV/ b : La brodeuse ne comprend pas, puisqu’il lui semble que pour être heureux il faut rester tous ensemble, la brune y compris. Et puis de toute façon, elle ne songe à personne d’autre, elle ne peut juste pas promettre qu’elle ne le fera jamais.
IV/ c : La presqu’inquisitrice préconise l’arrêt des frais immédiat afin de ne pas augmenter les pertes par la suite.

V : Panique de la blonde qui ne veut pas être laissée sur place. Déception de la brune qui se croit reléguée d’avantage au rang d’escorte que de compagne.

Conclusion de la deuxième partie : La brodeuse et l’italienne quittent à Bayonne. Rien ne va plus.

Troisième partie :

I : L’italienne devient russe et aussi fraîche que ce lointain pays. La brodeuse se fait aussi petite et prévenante que possible.

II : La brune se réchauffe, mais une petite bise souffle toujours. La blonde s’efforce de lui plaire et se fait encore plus soumise qu’à l’accoutumée.

Conclusion de la troisième partie : La brodeuse et l’italienne reviennent à Saintes. Tout le monde est perdu.


Et donc l’inévitable question : Que fait-on ?
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De petites fées ...
Nadjka
[LR-Saintes: A bride abattue]

Le soleil plongeait dans l'océan quand les deux cavalières quittèrent le port de la cité rochelaise. La brune avait prévenu Kayla qu'elle ne ménagerait pas Euphrate. Même si le Poitou tour avait été riche en rires, émotions, discussions et surprises, la brune avait hâte de rentrer, de retrouver... les lueurs familières de Saintes. Seul le bruit régulier des sabots résonnait dans la nuit quand elles aperçurent les remparts. Nadjka salua sa brune compagne qui avait su tenir le rythme effréné de la course et sans un mot, leurs chemins se séparèrent.

La ville était calme et paisible. Bientôt elle fut devant la porte. Nulle lumière ne filtrait. Comme elle l'avait fait des milliers de fois à Murat, Nadjka amadoua la serrure qui ne sembla pas présenter de résistance. Elle entra, s'approchant de ce moment qu'elle avait imaginé tout le trajet durant... Souriant d'avance à la surprise qu'elle pensait faire.

Ce qu'elle vit brisa net le sourire de l'italienne. Une chambre vide. Un lit déserté.

Où était-elle? L'angoisse sourdait dans son ventre. Quelqu'un aurait-il osé l'enlever? Pour sûre que ses quatre malheureuses épines n'auraient su la défendre! Pire... peut-être était-elle partie consentante... Une douleur pressa son souffle comme l'étreinte du doute.

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Arylis
[2 chemin des pendus à Saintes, cette nuit-là]

Arylis se redressa dans le lit. Elle resta un moment immobile, cherchant ses repères et ce qui l’avait tirée du sommeil.
Après quelques secondes, elle se souvint. Le courrier annonçant le retour imminent de l’italienne, et sa décision de l’attendre chez elle.
Un court instant encore et la brodeuse comprit pourquoi elle s’était réveillée. Mais avant qu’elle n’ait le temps d’associer les bruits de l’autre côté de la cloison avec une éventuelle effraction, la porte de la chambre s’ouvrit brusquement.
Une silhouette sombre se découpa dans l’encadrement, ombre chinoise sur le contre-jour du feu mourant dans la pièce adjacente. Assise sur le lit, chemise lacée jusqu’au col, serrée aux poignets et couvrant ses pieds nus, la blonde était comme un papillon pris dans un faisceau lumineux.
Les yeux clairs aux pupilles élargies ne parvenaient pas à détailler l’entrant.
La bouche trop grande restait entrouverte sur une interrogation non formulée.
Les doigts agiles étaient pour l’heure figés, agrippés à l’édredon familier.

De longues secondes passèrent. La lueur changeante souligna l’ovale du visage, incendia l’ébène d’une boucle. L'italienne était sortie de l'ombre et la brodeuse se remit à respirer.
Elle était rentrée et cette constatation alluma un feu dans le ventre de la blonde. Depuis quelques mois que leur relation avait débuté, l’initiée avait découvert et appris beaucoup de choses. Ce soir, pour une fois, elle eut brusquement envie d’être celle qui mènerait la danse.
Arylis bascula lentement sur les genoux, avançant à quatre pattes jusqu’au bord du lit. Sa chemise immaculée, incroyablement longue, soulignait le creux de ses reins et le rebondis du fessier. Plus elle avançait, et plus le tissus se tendait sur sa poitrine dressée. Elle atteignit l’extrême limite du matelas et tendit une jambe galbée afin de se redresser.

Elle s’emmêla les pieds dans sa décidément trop longue robe ...
S’écroula au pied du lit !
Aux pieds de l’italienne ...

Le visage violemment teinté de la brodeuse se leva vers la brune qui, à son grand soulagement, resta de marbre. Elle songea que l’entraînement militaire avait parfois du bon. Sans plus s’occuper d’élégance ou de sensualité, elle sauta sur ses pieds et fit face à l’italienne.

Bon tu me laisse faire d’accord ? Tu m’as rendue expérimentée, ce soir c’est moi qui t’expérimente !

A la fois amusée et sérieuse, excitée et intimidée, la blonde jouissait d’avance du pouvoir que lui laisserait la Castelfranco, tout en appréhendant son aptitude à l’utiliser à bon escient. Elle était un délicieux « mille-chaque » d’émotions, enrobé d’un adorable glaçage rose pivoine, à défaut de bonbons.
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De petites fées ...
Nadjka
[Même endroit, même nuit]

Après être entrée dans toutes les tavernes de la ville, la brune inquiète rentra chez elle. La chaleur d'un feu mourant illumina à nouveau son visage et elle ouvrit sans ménagement la porte qui la séparait de la chambre. Elle était là. Pendant une éternité, les deux restèrent immobiles, sans voix. Jusqu'à ce que la brodeuse se lève du lit pour venir à elle et... tombe à ses pieds!

Décidément, la blonde était une tombeuse. Nadj ne pu s'empêcher de repenser à ce jour où elle l'avait entraînée dans sa chute: cette fameuse chute de tonneau qui, on ne sait par quel mystère, l'avait conduite à sa chute de reins.
La main qu'elle lui tendit pour l'aider à se relever l'attira vers elle.


Je voudrais vous manger, appétissante brodeuse.

Elle la poussa contre le mur, cloua ses mains avec la paume de ses mains. Ses cils battaient dans les cils d'Arylis. La brodeuse plongea ses yeux clairs dans ceux de la brune.


Le murmure des lèvres, si proches de la bouche gourmande de l'italienne, la surprit. Elle était décontenancée par la proposition... C'était bien la première fois qu'on lui proposait de l'expérimenter! Et puis... elle aimait mener la danse, saurait-elle se laisser conduire? Intriguée par les mystères que lui réservait son nouveau mentor, elle relâcha son étreinte, prête à se soumettre.
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Arylis
[Mains brodeuses pour corps italien]

Arylis saisit la Castelfranco par les poignets et l’attira jusqu’au lit. Avec une lenteur calculée, elle dénoua les liens de la cape en peau d’ours qu’elle repoussa aussi loin que possible, avec une petite grimace. Précautionneusement, elle retira toutes les couches qui protégeaient le corps convoité, jusqu’à ce qu’enfin la chemise en soie délivre le buste pâle. D’un geste plus vif, la brodeuse tira sur le cordon de cuir qui retenait l’épaisse chevelure brune, la laissant se répandre sur les omoplates nues. D’une pression aux épaules, l’initiatrice fut assise sur le divan. L’initiée s’accroupit devant elle pour délacer les bottes. Elle fit lascivement glisser les bas le long des jambes italiennes, et finit enfin par la dénuder complètement.
D’un geste machinal, la blonde se débarrassa de son unique vêtement. Elle s’assit à califourchon sur les genoux de l’expérimentée et, d’un baiser, l’incita à remonter dans la couche. Les lèvres s’entrouvrirent le temps qu’un souffle s’échappe.

Tu m’as manquée …

Toujours avec la même douceur lente, Arylis fit basculer le corps alangui sur le ventre. Jambes écartées, elle se positionna sur les fesses de l'abandonné, et ses mains agiles commencèrent un long travail de modelage. Elle chercha les fils de tension dans les chaires sollicitées par le voyage, et entreprit de les dénouer méticuleusement. Suivant les contours de chaque muscle, elle massait, caressait, pressait ou embrassait au rythme des gémissements de la brune. De la nuque au creux des reins, elle s’appliqua à délasser le dos fourbu. Les habiles se posèrent en haut de l’échine, paumes de chaque côtés de la colonne et doigts en éventail sur les omoplates.

La brodeuse appuya brusquement de tout son poids sur ses bras tendus.

Les vertèbres de la brune émirent un craquement sec.
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De petites fées ...
Nadjka
[Aie confiance... Crois en moi...]

Arylis entreprit un lent et doux déshabillage. Nadjka admirait à chaque fois la manière dont ses doigts habiles la parcouraient pour la dévêtir. Sans doute l'habitude du maniement et du contact des étoffes. Elle s'étonna de l'aisance avec laquelle ses mains lui intimèrent l'ordre de se poser sur le divan. Déterminées, elles achevèrent leur besogne de mise à nu de leurs deux corps qui ne songeaient qu'à s'épouser.

Face à elle, l'italienne regardait la brodeuse comme elle regardait la mer le soir quand elle ne la voyait plus. Hypnotisée par sa bouche sur la sienne, la brune suivait les lèvres meneuses. Kaarylis la conduisit avec la lenteur de qui sait que la proie est en son pouvoir. Ventre contre drap, Nadjka sentit le bassin de sa compagne s'imprimer sur son fessier. Quand ses doigts commencèrent à parcourir son dos, la brune soupira d'aise... juste ce qu'il lui fallait après sa chevauchée depuis les murs de La Rochelle. Mais elle elle sentit bientôt une pression plus vive accompagnée d'un craquement, son corps se tendit:

Hé!!! Doucement...

Elle eut beau protester, la craqueuse était bien décidée à la dévertébrer alors la brune bougonna et serra les dents.
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Arylis
[Mésange prise qui croyait prendre]


Hé!!! Doucement...

Arylis sentit l’italienne bouger sous elle. Des cuisses et des paumes, elle la maintint contre la couche.

Non non, ne bouge pas !
Ca va te faire du bien.
Et puis de toute façon maintenant il faut tout faire.


Une fois le corps détendu sous elle, Arylis reprit son craquage en règle. Ce ne fut que lorsque toutes les vertèbres eurent été passées en revue, qu’elle posa ses lèvres contre la nuque nue. La bouche trop grande longea l’échine, la couvrant de baisers jusqu’à la courbe des reins. Elle poursuivit par l’exploration gourmande des monts postérieurs, glissa vers une hanche pendant que l’italienne roulait sur le dos. La langue de la brodeuse se fit mutine. Elle taquina le ventre de la brune, jouant dans la vasque de son nombril, savourant le parfum de sa peau.

Les lippes gourmandes suivirent une ligne invisible sur le corps chaud. Elles se dirigèrent vers le visage chéri qu'Arylis embrassa tendrement … HEIN ?!
La blonde eut un mouvement de recul quand ses lèvres rencontrèrent une barrière échevelée et indisciplinée ! Obéissante aux injonctions de calme, l’italienne n’avait pas pris l’initiative de dégager les sombres épaisseurs de son minois lorsque la brodeuse l’avait faite basculer. La surprise arrondit les yeux clairs. La brodeuse retira un cheveu de sa langue frustrée. Puis les opales s’illuminèrent de malice quand, dans la pénombre de la chambre, elle se mit à la recherche des lèvres désirées, balayant plus ou moins savamment les mèches qui la gênaient.

La bouche se fit avide, la langue curieuse. Le souffle s’accéléra comme le baiser se faisait plus profond. Les doigts se mêlèrent, s’emmêlèrent, s’entrecroisèrent pour ne plus se quitter. Une longue respiration fut partagée avant que les lippes quittent leurs jumelles pour se perdre dans le cou de l’italienne. Une main desserra son étreinte, s’enroula autours d’un poignet, survola en une longue caresse l’intérieur d’un bras. L’effleurement se poursuivit sur le mont d’une épaule, dans la vallée d’une clavicule ou le long de la colline d’un sein, contre la combe d’une aisselle pour s'échouer sur les coteaux d’un buste.
Le tressautement de la dite cage thoracique surprit la brodeuse qui cessa son baiser, ne gardant que son souffle chaud à portée de gorge. Ses doigts continuèrent les câlineries et, de nouveau, le corps de la brune se déroba. Un sourire étira la bouche trop grande tandis qu’elle accentuait le frôlement. Un rire s’échappa de la gorge italienne qui chercha à se mettre hors de portée. La blonde, profitant de sa position de force, se mit à chatouiller allègrement son initiatrice, mêlant son hilarité à la sienne. Pourtant, elle déchanta vite, car en quelques secondes, l’italienne reprit le dessus.
Arylis se retrouva submergée par sa compagne mieux entraînée, plus forte et habituée à dominer. Bientôt elle fut sur le dos. La brune la surplombant de ses baisers, de ses caresses. Elle finit par réussir à contenir ses hoquets frénétiques.

Stooooop ! Arrêêêêteeeee !

Elle se débattit sans réelle conviction.

Ca suffit, recouche-toi !

La voix de la brodeuse s’était faite autoritaire, autant que pouvait l’être un timbre léger et chantant comme le sien. Afin de renforcer son ordre, elle avait croisé les bras et serré les lèvres. Sa bouche trop grande n’était plus qu’une fine plaie rose dans son visage rougi, et ses sourcils froncés se touchaient presque. Pourtant, dès que l’italienne se rallongea, avec la langueur et la sensualité qui étaient siennes, les traits blonds se détendirent et la joie les illumina de nouveau. Il ne fallait pas grand-chose à l’esprit-papillon pour retrouver son pétillant, et il gratifia l’esprit-guide d’un baiser reconnaissant.

Merci.

L’embrassade ne s'attarda pas, rejoignant bientôt les mamelons généreux de la brune. Les mains brodeuses parcouraient le corps offert. Elles s’agrippaient à une fesse, découvraient l’intérieur d’une cuisse, tandis que la bouche trop grande titillait, mordillait, suçotait. Les pointes dressées de la blonde s’écrasaient ou effleuraient le ventre italien, suivant la rythmique des deux corps échauffés. La chaleur, Arylis la chercha à l’origine du monde, et quand elle la trouva, elle laissa éclater un petit rire joyeux.
Elle saisit l’intérieur d’un genou et le replia, lentement, l’amenant tout contre ses lèvres. Les lippes embrasèrent la peau fine d’une série de bises goulues, jusqu’à se nicher à l’aine italienne. Une ligne symétrique fut tracée le long de la seconde cuisse, du bout d’une langue incandescente, avant qu’elle n’aille se perdre dans la moiteur brune, avide de devenir une source inépuisable de plaisirs.

Quand le corps de l’italienne se détendit complètement, quand la brodeuse comprit qu’elle était ivre de jouissance, ses caresses se firent plus tendres, moins ciblées. Arylis s’abandonna à des câlins alanguis, satisfaite et repue d’avoir pu combler la brune.

Dans l'esprit-papillon qui ne vivait qu'au présent, le passé tourmenté n'existait déjà plus. Quand au futur incertain ... On verrait bien !
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De petites fées ...
Nadjka
[D'Achille en aiguille, vague à larme...]

Quand elle sentit le souffle chaud puis les lèvres se poser sur sa nuque, un frisson la parcouru. Le plaisir s'intensifiait à mesure que le tracé descendait vers ses reins. Les lèvres mutines récitaient la peau de la brune, jouèrent sur son ventre où la brodeuse aurait pu entendre un tou toump tou toump régulier, puisque c'était là que le cœur de l'italienne battait.
Quand une main brodeuse s'aventura, trop délicate, sur son flanc, la caresse se fit chatouille sur la peau de la brune qui tressaillit. Ce tout petit coin de peau était son talon d'Achille et l'ayant compris, Arylis en abusa bien vite! Invitée ainsi au combat, le naturel revient bien vite au galop et rapidement Nadjka avait renversé sa cruelle ennemie, la maintenant immobile et la torturant de chatouilles-caresses et baisers mélangés.


Stooooop ! Arrêêêêteeeee !

Ca suffit, recouche-toi ! 


Ah oui... se laisser expérimenter, c'est vrai! Elle avait déjà oublié. Pffffiou, pas si simple comme exercice... Elle se concentra pour garder son sérieux devant la mine autoritaire qui ordonnait et s'exécuta sans broncher.

Satisfaite, la brodeuse repris son oeuvre. La brune, même si elle connaissait ses qualités de guide, devait reconnaître que la mésange était particulièrement douée, elle avait parcouru avec un naturel déconcertant le chemin depuis la nuit de la Samain, explorant nouvelles contrées, découvrant des territoires mystérieux avec la légèreté, la joie et la maladresse qui la caractérisaient... Jusqu'aujourd'hui où elle inversait les rôles.

Il y avait quelque chose comme un refus et un abandon mélés qui submergeaient la brune. Refus de s'abandonner et désir de céder à l'emprise. Elle sentait avec une appréhension délicieuse que le courant allait l'emporter, tant les caresses de l'initiée étaient devenues savantes. Résister, rester maître de soi, ne pas perdre pied... Le poid de la tête qui glissait sur son aine l'effraya. Ses mains agrippèrent le drap et ses dents mordirent sa lèvre pour ne pas crier. Des fourmillements parcouraient ses jambes. Elle sentait tout son corps se tendre, soumis à la bouche qui persévérait dans un divin baiser. Son corps prenait la lumière de ce baiser comme le sable prenait l'eau.
Elle ne put retenir un léger cri comme un gémissement venu des profondeurs quand la vague submergea son corps entier, pas plus qu'elle ne put retenir la larme qui s'était formée au coin de son oeil l'instant d'après. Elle avait perdu et elle aimait la saveur de la défaite, elle se sentait échouée, sans plus de forces, son corps pesant s'enfonçait dans les sables du lit.
Les tendres caresses de la brodeuse la sortirent peu à peu des limbes, la ramenèrent à la vie. Elle la pressa fort contre elle, comme pour se protéger de l'état de vulnérabilité extrème dans lequel elle avait été, pour se donner le temps aussi... de quitter la petite fille apeurée et retrouver la brune ténébreuse et maîtresse.

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Arylis
[Loin des yeux loin du cœur ?]


Quelques mèches d'or, rebelles, s'échappaient de la coiffe blanche, auréolant le front pâle appuyé sur la grille de fer. De la bouche trop grande, d'un incardanin humide, s'envolait le souffle régulier d'une âme enfermée. Les yeux clairs se perdaient de l'autre côté du jardin, traversant le mur d'enceinte pour rêver les champs et la route de Saintes. Le foulard immaculé soulignait la rondeur du visage, dissimulant la finesse de la nuque, l'arrondi de l'épaule, la courbe des seins.
Immobile, dans la lumière tombante de cette fin de journée estivale, princesse Mésange se laissait aller à la mélancolie. Du haut de son donjon, prisonnière d'une secte bien-pensante, la belle espérait l'arrivée flamboyante d'un cheval blanc. Elle glissa sa main fine à travers les barreaux, la laissant se balancer avec élégance et nonchalance. Un soupir s'échappa de sa poitrine, serrée par le manque.


Cela ferait bientôt trois mois que la brodeuse se trouvait au couvent des Saintes-Anges, et elle apprenait avec âpreté l'austérité de l'abstinence. Ainsi, son initiation était complète.
Au début, le manque de l'italienne avait été physique. Une torture quotidienne quand elle ne pouvait s'empêcher de songer au ballet de ses mains ou à la chaleur de ses baisers. La blonde avait même le sentiment que le simple rire de la Castelfranco aurait pu faire vibrer son corps de plaisir. Quand elle avait fini par se sevrer de ce désir charnel, lui avait succédé la nostalgie de son soutien. Il y avait mille et une anecdotes journalières qu'elle désirait lui raconter, et il n'était pas rare qu'elle se retourne avec le sourire pour partager un moment cocasse, avant de se souvenir que la brune n'était pas près d'elle. A présent, la douleur s'en était allée, et quand elle pensait à son premier amour, c'était dans une tendre rêverie.
Elles s'étaient séparées car leurs chemins divergeaient, mais dans l'esprit-papillon elles ne s'étaient pas quittées. Elles avaient commencé le voyage sans que la blonde s'en rende compte, l'italienne déroulant autours de son cœur innocent de larges ramifications. Loin de sa source vitale, l'arbre d'amour perdait de sa vigueur et les branches libéraient peu à peu la mésange, ancienne captive volontaire. Les racines néanmoins continuaient de s'ancrer dans le terreau fertile de la jeunesse brodeuse, et il semblait que la souche, jamais ne mourrait. La blonde laissait parfois un bourgeon s'éveiller, en rêvant qu'une nouvelle fois, la brune vienne l'enlever.

D'ailleurs le son fracassant d'épées s'entrechoquant vint résonner à ses oreilles. La tempe blanche s'encastra un peu plus profondément dans le métal froid. Elle entendait la cavalcade de ses sauveurs qui cherchaient à présent à enfoncer sa porte.

ARY !

Enfin elle allait sortir ! Sentir le vent ! Les pavés de la ville ! Les odeurs du marché ! La ...

ARY !!!!

Quoihoihahahahaha ?

La brodeuse, secouée comme un prunier, sortit brusquement de son fantasme éveillé. Un regard à la fois rieur et sévère la fixait, tandis que des mains amies la bousculaient.

Tu n'as pas entendu la cloche du repas ? Je me demandes à quoi tu rêvais encore ...

Hum ... Mieux vaut ne pas savoir. Qu'est-ce qui se passe ?

Le dîner ! Ca fait déjà deux fois que sœur Agathe sonne la cloche.

Arylis se dressa d'un bond.

Mais qu'est-ce que tu fais là ? On va être en retard ! Dépêche-toi !

Levant les yeux au ciel pour l'implorer de lui donner la patience nécessaire, la jeune novice suivit la mésange hors de la pièce.

Je sais qu'un jour, je serai payée de tous mes efforts pour t'éviter les ennuies.

Quelles vilaines pensées ! Si tu n'es aussi prévenante que par intérêt, ce ne sont pas des bénédictions qui vont te tomber sur la tête, mais une catastrophe !

Je te l'ai dit : Tu m'es déjà tombée dessus ! A présent, une catastrophe est une bénédiction !

Arylis se tourna vers sa compagne, mi-rieuse mi-interrogative. Cette dernière la chahuta en riant.

Dépêche-toi. On va vraiment finir par être en retard !
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De petites fées ...
Nadjka
[Le puy de la sérénité, quelque part entre Rieux et Niort]

Heure de se voir dans les yeux de sa mère
Et de s'énerver d'être si tumultueuse italienne
Heure de vouloir que le Zwingli glace les foudres de Zarath
Et que de ce combat de titans coule enfin...
La larme.
L'espérer comme la pluie libère l'orage.

Seule autour du feu, la brune jetait machinalement des branches, attisant un foyer qui brûlait surtout en elle. Elle prit la plume. Ecrire à la seule personne qui... Qui quoi? La seule personne qui lui manquait terriblement. Elle s'était noyée sous les charges comtales et militaires. Depuis le départ de la blonde pour les Saints-Anges, la Castelfranco comblait le vide laissé par la brodeuse par une foule d'occupations diverses et variées.

Elle déplia la lettre reçue dernièrement et la lut à nouveau, pour retrouver un peu de son absente qui dure...




Chère Nadj,

Evidemment que Frans (qui c'est d'abord celui-là ? Est-il réellement digne de porter mon numéro ?) ne peut pas me remplacer ! Une souleuse brodeuse incapable de poutrer il n'y en a qu'une (par chance pour l'équipe et la soule en général) mais je suis certaine qu'il a d'autres qualités qui te seront utiles à ce poste. Et certaine aussi qu'il est plein de bonne volonté. Tous les numéros 10 ne peuvent pas te mettre des étoiles dans les yeux et des papillons dans le coeur, sinon ce serait de ce chiffre que tu te serais entichée et non de la porteuse de maillot.

Horrible, horrible ... N'exagérons rien. Disons qu'il fut un tantinet difficile, mais (je ne sais plus si je l'ai déjà fait) je ne te remercierai probablement jamais assez pour m'avoir contrainte à ouvrir les yeux et à découvrir des endroits comme l'Imaginarium. 
Et il est vrai que chaque voyage est différent. De même que si, un jour, peut-être, nous repartons ensemble, cela n'aura rien à voir avec mon initiation soulesque, ton voyage avec Sarah ne peut-être que différent. Il est dommage que vous rebroussiez chemin, j'avais pourtant cru comprendre que vous vous entendiez bien toutes les deux.

Quand à ta conclusion, elle trouve en moi un échos que je n'imaginais pas. Je n'aime pas la nostalgie, même la tristesse que m'évoque cette phrase. Elles me blessent et me rendent morose. Quand tu m'annonçais t'intéresser à Sarah j'ai eu un pincement au coeur mais un sourire aux lèvres. A présent j'ai la poitrine oppressée et les yeux humides.
Tu me manques aussi, et d'avantage maintenant que j'aimerai combler ce petit creux en toi. 
Pourquoi ne continues-tu pas la route ? Même si c'est toute seule ! Tu rencontreras sûrement du monde en chemin et même si je commence à être sacrément curieuse de cette satanée Lorraine qui me volent une bonne part de ceux que j'aime, tu trouveras là-bas de nouvelles aventures ! De quoi t'occuper, de quoi t'éloigner de la politique viciée du Poitou et de tout ces gens que tu connais déjà par coeur. Vas donc rejoindre le marin. Une italienne et un botté ça fera forcément une bonne paire !!!
Et puis il y a Isolda. Et puis tu pourrais aller voire Gezekell. Il a l'air d'être heureux là-haut.

Saintes-Anges me convient car nous n'y sommes jamais allées ensemble. Mais si je devais continuer à vivre à Saintes ou dans le Poitou en te sachant loin, je deviendrai nostalgique à chaque passage dans un endroit où nous aurions été ensemble. Peut-être même que j'en deviendrai folle !

Bref, tu me manques aussi et pour ça tu dois t'envoler. Je suis certaine qu'Euphrate ne demande que ça, t'emmener vers un air un peu plus pur, un peu plus vivant.

Prend soin de toi s'il-te-plaît.

Arylis.


Un sourire se dessina sur les lèvres de l'italienne, sourire lancé aux étoiles, qui étaient les mêmes que celles qui éclairaient un couvent quelque part. La brodeuse savait toujours trouver les mots. Oui, elle partirait parce que la vie l'attendait et qu'elle aimait la vie. Parce qu'elle était forte de ce lien tissé solidement au fil du temps...



Arylis,

Ta lettre m'a fait grand bien et je souhaite par ce retour de courrier te faire retrouver ton beau sourire, même si je sais que tu n'es pas douée pour la tristesse trop longtemp, ce qui est ta force de papillon.
Nous revenons à Niort mais ce n'est que pour repartir ensuite: le vrai et grand départ enfin! Enfin je l'espère... Sarah est tellement attachée au sort de Niort. De toute façon, ma décision est prise: avec ou sans elle, je partirai!
Nous nous entendons bien en effet et nous pourrions être amies si je n'avais ce fichu caractère hérité de ma mère qui fait que j'aime absolument. J'ai tenté de lui expliquer la manière dont je vis les choses mais je crois bien que ça a été maladroit. J'ai entendu et compris pour ma part sa vision des choses et je saurai je pense la faire mienne pour qu'elle et moi gardions une qualité de relation.
Je te promets de prendre soin de moi. Raconte-moi les Saints-Anges et je te raconterai le voyage, les rencontres, l'aventure...

Prends soin de toi, douce brodeuse. Je t'embrasse très chastement comme à mon habitude.

L'italienne

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