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[Rp] Une descente d'enfer

Helene.blackney
    Il faut se lever, ouvre les yeux, ouvre les maintenant! Mes paupières se levèrent enfin, combien de temps avais je dormi? Était ce un mauvais un rêve? Je passais ma main sur le côté du lit, il était froid et il n'y avait personne. Seulement moi et ma peine. Je me redressais péniblement, on ouvrit la porte, surement que mes dames devaient guetter mon levé, qui aurait pu dire si j'avais dormi longtemps?

    - Ma Dame, je vous apporte un déjeuner?

    La tête dans le pâté, l'idée de manger me rendait malade. Moi, la Reine des biscuits, ne pouvait rien avaler, mon estomac était noué. Je fis non de la tête, mais mon ventre légèrement arrondit disait le contraire. Il nécessitait que je mange, alors je fis oui de la tête. Hildegarde me fit lever et commença à s'occuper de ma longue chevelure blonde. Elle me réchauffa les mains car aussitôt sortie du lit, je ressemblais à un glaçon. Elle ajouta une bûche dans l'âtre qui crépitait déjà.
    Elle me regardait à peine, n'osant pas croiser mon regard, peut être fuyait elle ma peine et je la comprenais sur ce point.
    Je demandais d'une petite voix:


    - Les cloches ont elles déjà sonnées?

    Elle fit oui avec sa tête, j'avais du dormir longtemps et je savais aussi que l'ordre était bien présent au Mont Saint Michel. Je devais m'entretenir avec l'abbé Onael, comment annoncer qu'il n'y aurait pas de mariage, ni même plus rien après cette défaite cuisante? Il fut porté un déjeuner, je ne pus manger que du pain et des fruits secs. C'était assez pour me redonner des couleurs.

    Ayant terminé de me préparer, je me décidais, après bien des réflexions, à aller voir mère. Monter là haut, c'était m'avouer que c'était terminé et je ne me sentais pas prête à le faire. Cette peine me tiraillait le ventre. Je soufflais doucement, m'appuyant sur le rebord d'une table, ma main tremblait. Je me repris juste le temps pour moi d'être aux pieds des escaliers qui me séparaient d'Onael. Les appartements de l'abbé se trouvait en hauteur, au plus près de l'archange.

    Un dernier souffle, une à une, comme un pèlerinage, je gravis le Mont Saint Michel, chaque marche était douleur. Il y eut assez de peine pour souhaiter en louper une. Cette volonté fut exhaussée, je trébuchais. Ainsi va ma vie, me fuyant désespérément. Je ne pus me retenir, la chute fut lourde.

    J'échappais des cris de douleur au pied de l'escalier, je n'avais pas réussit à le gravir. Ne pouvant me relever, je restais recroquevillée, du sang s'écoulait lentement sur les carreaux joliment vernissés.

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Onael_
Elle était là,affairée dans son office,à plancher sur les registres,trier et remettre de l'ordre dans les vélins de l'Abbaye.Un vrai foutoir,tout se mélangeait depuis des mois,voire des années.De quoi arracher quelques râles entre deux montage de piles.
Mais l'Abbesse était motivée à tout remettre au cordeau pour repartir sur une bonne gestion de cette Abbaye.Elle était même honorée,elle,à peine la vingtaine,la plus jeune des Evêques de France,déjà Vicaire de son Ordre,et à présent Abbesse.

Sourire doux aux lèvres,elle appréciait malgré tout la chance qui lui était offerte de séjourner dans de tels lieux.Le froid était bien là,le climat hostile,mais elle aimait ce lieu,aussi étrange que cela puisse paraitre.
Affairée donc à sa tâche,emmitouflée dans une cape bordée de fourrure à empiler des vélins à même le sol,elle tendit toutefois l'oreille en entendant soudainement un bruit sourd.Le tout suivi d'un court silence,qui fit hausser ses épaules avant qu'elle ne se remette à trier.
Ce n'était qu'en entendant un cri de douleur monter des escaliers qui menaient à son bureau qu'elle fronça les sourcils en regardant la porte.
Un frisson parcouru son échine en entendant un second râle de douleur.Prenant son courage à deux mains,l'Abbesse prit une chandelle sur son bureau,ouvrit la porte et passa la tête dans l’entrebâillement de la porte et de jeter un oeil au bas des marches.

Elle y distinguait une silhouette allongée.Panique à bord!Le bruit...les cris..une chute à coup sûrs!Il fallait dire que les escaliers de pierre en cette saison étaient humides et glissants.Avec précaution,la champenoise descendit les marches pour arriver bientôt auprès d'Helene.Elle eut d’ailleurs un hoquet de surprise en découvrant le visage de la Vicomtesse.
Aidée par la chandelle,elle éclaira le couloir et aperçu un frère qui passait au loin.


Mon Frère!A l'aide!!Va quérir deux frères pour la porter,et Soeur Carmen!Elle doit être dans les parages,je l'ai aperçu à l'office des Laudes!

Ni une,ni deux,voilà le moine partit en courant.Le regard porté sur la jeune femme,elle passa doucement une main sous sa tête pour la tenir délicatement,et tenta de parler d'une voix douce

Ma Dame,ouvrez les yeux,je suis là.Tout va bien,on va venir nous aider.

Et deux moines arrivèrent sur l’entrefaite,prenant à bras Helene sous les consignes prudentes d'Onael qui leur emboita le pas et ouvrir une cellule juste à côté

Posez la sur la couche,allez faire bouillir de l'eau,et des linges,et revenez ensuite!Et trouvez Soeur Carmen!

La jeune femme,si elle avait assisté quelques soeurs médicastres au Couvent des Cordeliers,n'avait que très peu de connaissances médicales.
Aussi prit elle doucement la main d'Helene,et lui parla calmement,en attendant l'arrivée de Carmen.


Avez vous mal quelque part?

TOut en lui demandant elle posa sur elle une couverture pour lui tenir chaud[/i]
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Helene.blackney
    J'avais fermé les yeux me laissant un goût de sang dans la bouche, il y avait des cris autour de moi, je ne distinguais pas qui parler. La dernière image que j'avais en tête est ce liquide qui ruisselait sur le carrelage.
    Je les ouvris à nouveau lorsqu'on me serra les bras, on devait essayer de me relever, mes jambes restaient molles. Je n'avais aucun contrôle sur mon propre corps. Je portais mes mains à mes temps, j'avais mal à la tête, très mal, je ne voyais que du rouge.
    Une voix à nouveau, peu audible, m'appela. Qui était elle? Dans ce délire, j'eus le réflexe de porter ma main ensanglantée sur mon ventre, je n'avais aucune douleur juste cette sensation de chaud qui s'écoule de moi. Il fallait que j'articule, que je me concentre pour parler. Cela m'était impossible.

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Carmen_esmee.
Carmen préparait ses sacs, l'heure du départ approchait, il ne fallait pas manquer la marrée basse, hors de question de reprendre la mer dans son état, son estomac n'y survivrai pas... Sacs devant la porte de ses appartements, elle regarde une dernière fois par la fenêtre, la baie du Mont, elle ne connait rien de plus magique, de plus majestueux. Cette eau qui vient lécher les pieds du mont sans jamais l'engloutir par pur respect ?
Une chose est sur, ici elle se sent très proche du Très Haut.

Un homme vient frapper à la porte entrouverte et sort Carmen de ses rêveries.


"C'est tout ce que vous avez ?
- Oui, je laisse quelques effets ici pour rendre visite à Dame Hélène.
- Bien, je descends cela
- Merci beaucoup"


Carmen appréciait de ne pas avoir à porter ses sacs, elle sourit doucement en caressant son ventre, protectrice et aimante. Elle ferme la fenêtre puis la porte derrière elle, elle reviendra au printemps pour la naissance du second héritier du Rocher.

Il fait presque nuit, quelle idée de partir a cette heure, elle aurait bien mieux fait de partir à l'aube mais la brune s'ennuyait de son mari.
Des marches encore des marches.. toujours des marches... Le mont c'est jolie mais faut être en forme.. Carmen se dirige vers les appartements d'Hélène pour lui dire au revoir quand elle entend des cris, puis son nom, une voix de femme qu'elle est sur de connaitre et des voix d'hommes... Que se passe t-il ? Elle suit les voix et découvre avec horreur une Hélène étendue sur une couche, sans vie ou presque à la lueur des chandelles...


Hélène !

Carmen se penche au dessus de la couche et balaye du regard le corps de la frêle jeune femme. Les yeux clos, elle porte faiblement sa main à sa tempe, Carmen fait de même et vient passer ses doigts sur cette dernière.

Du liquide, épais et chaud.. Carmen fait glisser ses doigts l'un contre l'autre, ça colle.. elle approche ses doigts de la flamme.. du sang... La jeune femme en a le souffle coupé.


Ma trousse, vite, rattrapez le valet, c'est une besace brune..

La main d'Hélène vient se poser sur son ventre, protectrice, elle retrouve dans ce geste, la maternité de la vicomtesse.. Elle craint le pire, sa main tremblante vient saisir une chandelle, et balaye la jeune femme de la lueur... Du sang sur sa robe... Carmen a de nouveau le souffle coupé d'horreur, elle pose une main sur ses lèvres pour retenir un petit cri... Trop de peur, d'inquiétude et de tristesse... Est ce qu'il se peut que .. ?


De combien de marche est elle tombée
, demanda t-elle à Onael, L'as tu vu tomber ?

Carmen parle vite, peut-être trop vite.. elle examine la plaie à la tête pour commencer, le temps de retrouver ses esprits...
Un homme entre en sueur avec la besace de la jeune femme, un autre avec des linges et une marmite d'eau chaude. Heureusement que Onael avait pensé a demandé cela. Le médecin profite de l'état d'inconscience de la patiente, nettoie la plaie des quelques poussières, effectue trois points de suture et bande le crâne de la pauvre enfant.


Carmen inspire profondément,
Je vais vous demander de sortir messires.. Onael, si tu veux, tu peux rester, j'espère qu'il n'est pas trop tard pour un miracle..

Il ne faudra qu'une demi heure à la brune pour vérifier ce qu'elle avait à vérifier.. Elle ne dit pas un mot, elle va se laver les mains et sort un instant de la pièce, troublée, bousculée.. un peu de tout mais surtout de la peine... Elle cherche les mots, comment annoncer à une personne si douce et aimante que l'enfant qu'elle chérissait déjà en son sein n'est plus...


Une humble dame passe dans le couloir,

"Pardonnez moi, pourriez vous amenez une toilette pour la vicomtesse et la changer avant son réveil.. Je vais faire prévenir le passeur que mon départ est reporté. "

Carmen passera la nuit à veiller et à prier pour que la jeune femme se remette de sa blessure mais aussi de sa perte.. que son ventre puisse accueillir d'autres enfants..

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Helene.blackney
    La voix de Carmen, elle était douce et tendre lorsque je l'entendis, je me sentais protégée. Le reste appartient à mon inconscient, je savais très bien qu'elle me soignait, je ressentais la douleur, l'aiguille qui s'enfonce pour ressortir de ma chaire. Dans mes cauchemars, je disais adieu à mon enfant et à mes projets avec Aeglos, mon amour était à la hauteur de ma peine. Il était partit, surement qu'un jour je croiserais sa route et il m'ignorera, dans ce respect, je ferais de même, nous ignorer était une alternative louable. Je pouvais être en colère, le poursuivre et vouloir le tuer etc, néanmoins, j'étais incapable de le faire, ces sentiments ne feraient que me détruire. Et malgré tout ce qu'on pourrait dire, j'aimais tendrement Aeglos.
    C'était une fille, elle me saluait de la main de loin pour finir par disparaître. Jamais, je ne pourrais avoir d'autres enfants, c'était un déchirement de lui dire aurevoir.
    Je me réveillais, combien de temps avais je dormi? J'ouvrais les deux yeux avec l'impression d'avoir été rouée de coups. Carmen était présente à mes côtés, je posais doucement ma main sur la sienne sans dire un mot.

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Carmen_esmee.
Les yeux de la jeune femme s'ouvrirent, Carmen échangea un regard avec elle avant de baisser les yeux... Cette situation la rendait si triste et mal à l'aise.. Elle resta ainsi jusqu'à ce qu'Hélène vienne poser sa main sur la sienne. Tout simplement sans dire un mot... Il n'y en avait pas besoin. Quand la brune osa regarder Hélène, elle comprit qu'il était inutile de lui expliquer ce qu'il s'était passé, elle recouvrit la main de sa patiente par la sienne, et caressa doucement sa paume.

Je suis là...

Carmen aurait voulu lui dire que tout irait bien, que des enfants elle en aurait avec l'aide du Très Haut mais dans quel but ? La jeune femme vient de perdre deux amours... Elle n'a besoin que de repos, de la présence et le soutien des personnes qui lui sont chers.

Elle lui caressa le front, vérifiant que la plaie n'est pas saignée, au niveau de sa tempe, dans la nuit puis elle se pencha et dans un geste tout à fait maternel, elle lui baisa le front.

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