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[RP] Une fuxéenne à Embrun

Yrh
    Après la rencontre impromptue avec la fuxéenne dans les Ateliers -à croire que toutes les routes menaient à Embrun- le grand brun l'invita à le suivre jusqu'à son bureau. Pour ce faire, ils parcoururent les quelques mètres qui séparaient la boutique du Palais épiscopal, dans les ruelles étroites du quartier canonial, puis une fois au Palais ils n'eurent aucun mal à passer la Garde. La rumeur disait que celles et ceux qui se présentaient sans un mot du Prélat pouvaient mettre quelques temps avant de passer les portes, sans doute la faute au personnel un peu zêlé des lieux et à l'état d'urgence tout récent décrété dans tout le diocèse. Fichus réformés qui parcouraient les montagnes à leur guise.


    Ainsi, une fois le petit salon d'accueil dépassé, ils montèrent les escaliers menant au premier étage et au bureau de l'Archevêque. Pour une fois, il était bien rangé. Le feu crépitait toujours dans la cheminée et il faisait encore jour. La pièce était chaude -presque trop- et donc bien éclairée. Des tapisseries des flandres sur les murs, une bibliothèque avec des ouvrages rares -Droit Canonique et Dogme- dont ceux qu'on lui avait remis au jour de son intronisation, deux fauteuils, enfin, faisant face au foyer de la cheminée. Il invita la fuxéenne à prendre place sur l'un d'eux et alla s'asseoir sur l'autre. Non loin de là, une petite table avec une miche de pain entamée et un pichet d'eau. Autrement dit, le reste du déjeuner frugal du montagnard. Il attendit que Ceriera prenne place, préparant mentalement les quelques questions qu'il avait à lui poser. En lien avec sa dernière excursion en Toulousain où il n'avait eu le temps de la voir.

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HRP : cause irl chargée, présence et RP ralentis jusqu'à fin février - en cas d'urgence privilégier les MP forum - merci
Ceriera
C'est l'esprit encore à la robe qu'elle venait de commander que Cerièra avait suivi le brun, à bon pas. Le relief que l'on peut trouver dans les rues d'une ville de montagne lui était tout à fait familier, et c'est avait plaisir qu'elle retrouvait cette sensation dans les jambes, après des semaines passées en bateau, ou dans le plat pays des abords de la Loire. Foix commençait à lui manquer, pour les mêmes raisons… sans doute irait-elle faire un tour dans ses montagnes à elle, en rentrant, celles qu'elle connaissait comme le fond de sa poche sa besace.

Elle sortit de cette pensée lorsqu'ils passèrent la garde du palais. Rarement elle avait vu un lieu si bien gardé, et elle ne put s'empêcher de s'en demander la raison.

Couloir, escalier, couloir… Il s'était passé beaucoup de choses depuis les événements qui étaient à l'origine de la venue de Grialaltro à Foix, deux mois plus tôt. Il lui faudrait un effort particulier pour se remettre dans le contexte d'alors, pour pouvoir répondre au plus juste aux questions qui lui seraient posées. Invitée à s'assoir, elle déposa sa besace au pied du fauteuil et laissa ses yeux parcourir la pièce un instant avant de s'installer. Au pain et à l'eau l'inquisiteur ? Si elle l'avait reçu à Foix, elle l'aurait amené au Central : au moins auraient-ils eu à boire. Elle revint à lui, un sourire confiant aux lèvres. Elle n'avait rien à cacher, et ne craignait pas grand chose de lui.


Je vous écoute.
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Πίστις, ἐλπίς, ἀγάπη
Yrh
    Yrh se cala un peu plus dans son fauteuil puis réfléchit quelques instants à la manière dont il allait aborder la conversation. Il ne savait pas vraiment -au fond- à qui il avait affaire. Et son dernier passage en Toulousain lui avait appris que la situation locale était bien plus complexe qu'il n'y paraissait.


    J'espère que la commande dans nos ateliers vous donnera satisfaction. Il est vrai qu'il est peu commun d'avoir une pareille boutique sous l'autorité d'un Archevêché.


    Et cela offrait plein de possibilités et d'opportunités nouvelles au diocèse. Outre les tenues liées aux fonctions ecclésiastiques -qu'il pouvait donc faire réaliser à domicile- l'atelier faisait une bonne publicité pour la ville et plus généralement pour l'archevêché bien au delà de la région. Tous les moyens étaient bons pour diffuser le message du Très-Haut et la rencontre du jour était d'ailleurs un bel exemple. Le grand brun avait la conviction intime -peut-être se trompait-il- que la fuxéenne était venue sans connaître la position particulière de l'atelier... ni le propriétaire des lieux.


    Nous aurions dû nous voir, à Foix, lors de mon dernier passage. Mais... nous nous sommes ratés de peu, à ce qu'on m'a dit. Tant pis ou tant mieux, nous nous voyons aujourd'hui. Pour évacuer rapidement l'affaire qui m'avait mené jusqu'à chez vous, je pense que je vais classer ça sans suite... une histoire de chemise enlevée dans une église par quelqu'un peu au fait des traditions. J'ai vu bien pire, et, je pense que le jeune homme a compris la maladresse de son geste.


    Non, en fait... Je voulais que nous parlions un peu de vous. J'aimerais que vous me contiez votre parcours au service de l'Eglise. J'ai envie de comprendre ce qui anime les homme et les femmes qui prêchent dans cette région. Sincèrement.



    Sur ces liminaires, le grand brun sortit de sa besace -qui trainait au pied de son fauteuil- une bouteille de génépi dont il servit deux godets. Quoi ? Ils n'allaient pas boire de l'eau, non plus. Et puis, le breuvage montagnard allait sans doute lui délier la langue, à la pyrénéenne.

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HRP : cause irl chargée, présence et RP ralentis jusqu'à fin février - en cas d'urgence privilégier les MP forum - merci
Ceriera
Jusqu'à ce qu'il en vienne à ce sur quoi il souhaitait l'entendre, Cerièra avait laissé parler le brun d'Embrun. Elle avait souri quand il avait évoqué la boutique, l'homme avait donc deux marottes : le Très-Haut et la couture ? *Ma foi…*
Elle avait acquiescé alors qu'il parlait de classer dans suite l'erreur innocente de Robert, un peu soulagée, non pas pour l'ami d'Asphodelle qui n'avait pas grand chose à craindre, ni même pour son archevêque à elle, mais soulagée pour la foi que Rome ait autre chose à faire que passer des mois sur cette histoire.
Elle n'aurait donc pas à livrer sa version des faits, soit.


– Je voulais que nous parlions un peu de vous.

Par contre, elle ne s'était pas attendue à ça. Pas du tout. Elle masqua mal sa surprise, à la fois étonnée qu'on s'intéresse à son cas, et jamais bien à l'aise à parler d'elle. N'importe quel sujet théorique, pour peu qu'il l'intéresse, pouvait la rendre intarissable, mais même à ses amis elle parlait peu d'elle. Même parmi ses plus proches, certains avaient mis longtemps à apprendre qu'elle n'avait pas toujours vécu à Foix, pour prendre un exemple anecdotique.
La solitude lui avait laissé l'habitude de peu se livrer, et puis… qu'aurait-elle eu à raconter ? Selon elle, n'importe quel autre sujet était plus intéressant. L'exercice lui serait donc difficile, mais elle s'y plierait.


– J'ai envie de comprendre ce qui anime les homme et les femmes qui prêchent dans cette région.

Heu… Je ne sais pas si je suis très représentative… un petit sourire timide, alors qu'il la servait. Un hochement de tête en guise de remerciement, elle était encore toute à sa question, se demandant par où elle allait commencer. Elle sentit d'abord la boisson, avant d'y porter ses lèvres…

Génépi ? C'en était certainement, selon ce qu'on lui avait raconté de l'homme. Un arrière-goût de fruit, je ne saurais dire lequel… pour en arriver enfin au sujet.
Mon parcours dans l'Église… pour le résumer, je dirais qu'on a su me secouer à plusieurs reprises. Un petit rire retenu : la brune est un rat de bibliothèque. Ça n'est pas elle qui serait allée se «tailler une place». Pas son tempérament.

Vous avez un peu de temps devant vous j'espère ? Sur le ton de l'humour. Après tout, il l'avait convoquée, ça n'était pas pour la mettre dehors tout de suite, supposait-elle. Elle essaierait de rester factuelle :
En 1460, je me suis inscrite à l'Université et j'ai choisi la Voie de l'Église. L'archevêque d'alors ne tarda pas à me contacter, la cure de Foix étant vide, pour savoir si je souhaiterais m'y investir. À l'époque j'ignorais beaucoup de l'Église, dont le rôle que je pourrais jouer, il a du m'expliquer. Il m'a demandé si j'étais baptisée, je lui ai précisé que non, mais que j'avais suivi ma pastorale.
C'est donc lui qui m'a baptisée, en juillet, et m'a nommée sacristaine dans la foulée. Il m'a demandé si être «curette» m'intéresserait, mais je n'étais pas très enthousiaste. Je lui ai précisé que je ne souhaitais pas faire de vœu de célibat.
Un petit sourire. Je ne l'ai jamais souhaité, je ne désespère pas de fonder une famille un jour, même si pour l'heure cette précaution ne m'a servi à rien… son regard se perdit un instant dans le vague au souvenir de celui qu'elle aimait assez pour envisager de l'épouser, avant qu'il ne quitte ce monde. Elle se reprit vite, préférant ne pas risquer d'en arriver à s'épancher devant lui. Récupérer ses nerfs, donc, vite, et continuer :
Quoi qu'il en soit, rassurant, respectant mes choix, il m'a évoqué le diaconat, et je me suis inscrite au séminaire. Il avait tout tenté, patiemment, gentiment, l'archevêque, pour faire quelque chose de Cerièra… Échec critique. Avant même d'entamer l'enseignement, j'ai été accueillie par une leçon de morale sur mon comportement. Elle s'était juste un peu impatientée devant la lenteur administrative… Je n'étais déjà pas très rassurée d'être là, cette froideur m'a découragée, j'ai abandonné et n'ai donc pas été diaconesse à cette époque-là. Une petite pause. J'ai du le décevoir… évoquant l'archevêque … mais il ne m'en a jamais fait le reproche.
En parallèle, ma charge de sacristaine ne se passait pas très bien : j'étais distraite, je n'assurais pas la préparation des messes régulièrement. Je suis allée au couvent me reposer quelques semaines après. Une main devant la bouche, le regard au sol, à farfouiller dans ses souvenirs… On doit être là… au début de l'automne je pense. Je n'envisageais pas d'y rester très longtemps et… Tout d'un coup un franc rire. Cerièra, c'est une revenante, il ne tarderait pas à s'en rendre compte, l'inquisiteur ! Elle reprit une gorgée avant de lui confier ce «saut dans le temps».

… nous voilà en mai 1463 ! Elle continuait de rire. C'est dangereux le couvent, c'est comme des sables mouvants, ça vous ensevelit. Il se dit même que certains n'en reviendraient jamais.

J'ai du me réacclimater à un monde que je ne connaissais plus. J'ai vite été à l'église Saint-Volusien de Foix, pour constater qu'il y avait un sacristain. J'étais rassurée, je m'en voulais un peu d'avoir abandonné les miens.
J'ai rapidement repris les études aussi, domaine connu donc rassurant pour moi. Et puis j'ai rencontré Asphodelle, que vous avez entendue il me semble.
C'était juste pour vérifier qu'il écoutait encore. Elle ne lui demandait pas vraiment confirmation, elle le savait déjà, mais elle guettait sa réaction, curieuse. En fait Doemino, notre mairesse, aspirait au baptême… et elle aussi elle savait qu'il l'avait rencontrée … et notre sacristain, qui se faisait appeler «Mon Père»… Clerc, vous l'avez rencontré lui ? Lui, par contre, elle ne savait pas. Il lui disait qu'elle n'avait pas besoin de pastorale, ce qui m'a surprise. Je me suis demandée si les choses avaient à ce point changé pendant mon absence, alors j'ai vérifié auprès de l'archevêque en place, Asphodelle, donc. Parce que sans blague, la pastorale, c'est notre seule occasion de leur mettre les textes sous les yeux, nous n'allons pas nous en priver tout de même ? Elle reprit une gorgée, pour passer à la suite, et parce qu'elle était en train de dévier vers… n'importe quoi qui la détournait du sujet : elle. *Allez, fais un effort…*

Pardon, je m'égare… bref. Asphodelle m'a rapidement sollicitée pour que j'aide les Voie de l'Église dans leurs études In Gratibus. Étant donné que je suis doyenne de théologie, c'était tout à fait à ma portée.

Et puis il y a eu, à la fin de l'été dernier, la reconnaissance comtale, via l'Édit de Liberté des Consciences.
Son regard se pose sur lui, scrutant sa réaction : savait-il de quoi il s'agissait ? Elle essaya de résumer la portée de l'Édit : Les trois obédiences aristotéliciennes se voyant co-officielles, en gros… là, il y avait une chance qu'il s'étouffe avec son génépi. Ces mots devaient le malmener un peu le romain, persuadés qu'ils sont d'être les seuls aristotéliciens … Asphodelle a pu former une équipe de clercs. Elle a donc nommé une diaconesse-sacristaine à Castelnaudary et puis… venait mon cas.

Mon problème, voyez-vous, c'est que j'ai les pieds qui démangent. Je fuis toute responsabilité qui me clouerait sur place. Sacristaine, donc, non : j'ai déjà donné, avec le succès qu'on connaît ! Diaconesse… j'y avais songé, avec un gros «oui mais». Dans mon idée, je ne voulais pas être liée à une paroisse mais plus libre que ça.
Au moins autant que son cheval, sinon plus. J'avais été voir dans la documentation de l'Église Romaine, à laquelle j'appartenais encore récemment du reste, s'il y avait quelque chose pour moi. Trop peu d'informations, rien de clair, trop compliqué… tout ceci en illustrant avec les mains, en bonne sudiste, la confusion dans laquelle la laissait toujours la complexité de l'institution.
À ce moment-là, Asphodelle, qui connaît mon tempérament, m'a parlé de devenir diaconesse «itinérante». Elle a donc inauguré le «poste», un peu sur mesure pour moi… comme vos tenues ! Un petit sourire.
En fait, si je parlais comme un boutiquier, je dirais qu'elle m'a fait une meilleure offre. Plus accessible, plus simple à mettre en place. Un brin taquine. Ma nomination est récente, je suis encore un peu à prendre mes marques, mais j'apprécie la souplesse, d'abord de notre Église, sans se perdre sur «comment on la nomme», mais aussi de cette formule.
Si ça pouvait leur donner des pistes… parce qu'après tout, Cerièra n'a rien contre l'Église de Grialaltro, c'était la sienne il y a encore peu.

Elle porta à nouveau son godet à ses lèvres, hélas il était vide. Elle fit une petite moue et le reposa avant de lui demander, enfin :

Mais… en quoi ça peut bien vous aider de savoir tout ça ?
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