Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP]"Three months ago I was a nun, now I'm a bride"*

Eldearde
« Dites moi oui, je vous en conjure »
Raphaël Ribeaupierre

    Le solitaire adorne un annelet vermeil dont la forme fluette épouse avec justesse l'annulaire de la jeune Kierkegaard. Le bleu, d'une profondeur abyssale, habille de contraste la hâve senestre au squelette de verre, effilée par de longues semaines d'indisposition. La jeune femme se plaisait à imaginer que ce riche ornement provenait de quelques nébuleuses contrées autrefois sillonnées par son baroudeur de fiancé. La pierre azurée aurait été adroitement négociée à un autochtone corrompu avant d'être consignée dans une cassette d'acajou sculpté, attendant son heure. Les prétendantes empressées, les soupirantes avides, auraient rivalisé de grâces et de tendres agréments pour recueillir à leurs doigts tremblants ce gage d'amour doré. Mais, contre toute attente c'est sur un pieux tendron fichtrement maigrichon que le marchand parvenu aura jeté son dévolu.
    Romanesque, la promise ? Un tantinet.

    L'aiguille louvoie entre les mailles d'un vaste drap de lin, piquetant les roides contours de deux consonnes accolées ; la marque de la mariée.
      R, parce que Ribeaupierre par l'alliance.
      K, parce que Kierkegaard par le sang.
    Raphaël ne s'unissait point à une dot quelconque, sa douce amie en étant tout bonnement dépourvue. Icelle, cependant, dans son éternel souci d'honorer traditions et convenances, s'était résolue à confectionner un trousseau de mariage digne des épousées les plus raffinées de ce faste Royaume. Aussi la rosière chine-t-elle ça et là quelques brocatelles de facture raisonnable, divers morceaux d'étoffes valables, débattant minutieusement le moindre écu réclamé, la moindre pièce potable. Viennent ensuite piquoir et dés à coudre qui, dans un âpre combat contre la vétusté des tissures, tentent de redonner leurs lettres de noblesse à ces antiquailles oubliées. Morne pensum, mais que la jouvencelle exécute avec abnégation et minutie, évinçant ainsi l'idée déplaisante de convoler à ces noces les mains tout à fait vides.

    Tout en ravaudant les linges vaporeux dans lesquels son mariage sera bientôt consommé, Eldearde amorce doucettement ce vain processus d'introspection féminine succédant presque toujours aux décisions importantes. Nul regret d'avoir balbutié ce « Oui » quelque peu exalté : la jouvencelle est indubitablement éprise de demoiseau là, de ce drôle de diable faussement nonchalant, réellement indocile, de ce bon-vivant au verbe affûté et au charme facile. Adoncques, aucune réaction n'était envisageable autre que cet assentiment immédiat, y compris pour un esprit aussi peu primesautier que celui d'Eldearde. Et cependant, il y a cette ombre au profil mordant qui toujours talonnera l'habile commerçant, distillant quelques souvenirs à son oreille droite, ameutant le passé d'un oeillade troublante : la tristement célèbre "ancienne amante".


*"Il y a trois j'étais une nonne, maintenant je suis une mariée"
Titre inspiré du morceau suivant : "I'm a bride" de Monique Maion.

_________________
Raphael..
Dans le flot de pensées tourbillonnantes, deux perles hantent le crâne du jeune Rafiot. A l'instar de l'étendue abyssale d'une mer tourmentée, ces gemmes azuréennes brillent profondément lorsque la jeune fille à qui elles appartiennent, susurre le "oui" tant espéré. L'homme, pourtant bien plus expérimenté, n'avait pas su trouver le courage de se lancer dans l'aventure du mariage. Peut-être que la ré-apparition d'un fantôme du passé l'avait obligé à se rendre compte qu'il avait commis tant de fautes antérieurement comme il remettait tout à plus tard.
Plus question d'atermoyer davantage, il avait juré d'enterrer l'avant, pour ne se concentrer plus que sur le présent et l'avenir. Difficile perception que le marchand a finalement compris et intégré, pour entamer un nouveau chapitre avec une créature aux allures de chétive demoiselle, quand en dessous se cache une puissante jeune femme.

L'âge est ennuyeux pour qui ne s'arrêterait qu'à l'écart qui les éloigne plutôt que de voir l'étroitesse de ce qui les rapproche. Le Rossignol n'est sûr de rien car trop confus par des sentiments longtemps oubliés, mais pourtant il ne peut être plus certain de son choix quant à celle avec qui il fondera son foyer. Candide, Naïf, Crédule, lui direz-vous ? Ne faut-il, pour être pris au sérieux dans ce monde, qu'être excentrique, désirer le pouvoir, forniquer avec tout le monde, ou encore dévoiler la friponnerie de ses actes ? Ne peut-on désirer des choses simples et anodines sans être associé à une quelconque simplicité d'esprit ? Les temps sont bien étranges et pour l'heure, le Ribeaupierre n'a d'autres préoccupations que cette future union et le confort de vie qu'il devra entretenir pour deux... ou plus à l'avenir.
Eldearde
« Tu ne peux imaginer à quel point la nouvelle de tes fiançailles m'a ravie »
Mahelya d'Elicahre-Kierkegaard

    La jeune Kierkegaard, dans un soupir de contentement, se laisse choir sur le douillet de l'édredon, en une parfaite quoique fluette étoile de mer. Le long billet tout juste consulté, cause de tant de plénitude, repose entre les doigts de la dextre gracile. Marie-Amelya, la cousine bien aimée ne désavouait point l'union à venir : bien au contraire, elle s'en réjouissait. C'est que la réaction de la rousse parente aurait pu, et de façon légitime, s'avérer toute autre : n'avait-elle pas été témoin, durant de longues semaines, de la profonde affliction dans laquelle s'était vue jetée la gracile Eldearde, du fait de la volatilisation soudaine de l'insaisissable patichon ?

    En plus de consentir à ce mariage d'amour, Mahelya et Kylian semblaient vouloir faire crouler la candide fiancée sous un amoncellement de présents tous plus fastueux les uns que les autres. Des somptueuses parures de lit à la fière monture, le Vicomte et sa promise ne négligeaient rien, résolus à transmuer la future Ribeaupierre en une jeune mariée pourrie gâtée. Et c'est là que le bât blesse. Ces généreux bienfaiteurs, également engagés l'un envers l'autre, pour le meilleur et pour le pire, méritaient assurément d'être honorés des mêmes largesses. Pour autant, les menus revenus de la demoiselle efflanquée ne pouvaient contenter ces dépenses colossales quoique primordiales.
    Allô, chéri, j'ai b'soin d'aide.

    Fulgurant roulé-boulé et les petons retrouvent promptement les algides dalles de pierres grises. Attrapant de la main droite son indispensable taille-plume, délicat surin à lame courbée, et de la main gauche une rémige opaline ayant encore peu servi, Eldearde déboule dans le vieil escalier, braillant à tue-tête :


    - Bertiiiiiille ! Où pourrais-je dénicher du vélin s'il vous plait ?
          ***

Citation:
    A toi, la cousine dont je suis si fière,
    De moi, ta dévouée Eldearde,

    Ma solide Marie,

    Ta précieuse bénédiction ainsi que ta petite trogne espiègle et colorée me suffisent amplement. Je n'ai besoin de rien. Je reçois déjà tellement : une parente que je qualifierais aisément d'"héroïque" et un honnête demoiseau en guise de futur époux -il fut, en effet, marchand d'étoffes rares-. Le Très-Haut, Créateur de toute chose, semble vouloir me gâter ; tu n'es point tenue de faire de même ma délicieuse Ephélide. Néanmoins, j'entends bien qu'il me sera impossible de te faire abandonner l'idée de ces dons généreux. Aussi, si tu le permets, te gratifierai-je des mêmes bienfaits. Nostre prochain séjour en la capitale du Royaume -car oui, cette perspective m'enchante- donnera lieu, j'en suis certaine, à moult prévenances habilement mutualisées. Nous reviendrons ainsi exquisément parée afin d'honorer l'existence confortable que le Ciel nous accorde.

    Anne-Catherine m'a en effet proposé le poste de Tribun au sein de la ville. Décidément, Grande Chancelière, on ne peut rien te cacher ! Je t'avouerais que la chose s'annonce ardue : chaque jour que Dieu fait, de jeunes âmes tout juste arrivées trépassent en silence, et ce malgré mes pléthore de missives et mes prières quotidiennes. Ces disparitions me laissent un goût amer et un profond sentiment de travail inachevé : le tribun est responsable, le tribun est coupable.
    Quant au siège que tu me proposes avec tant de naturel, bienveillante cousine, je l'occuperai volontiers si tu me penses capable et qualifiée. En outre, je t'assure de mon soutien absolu dans ce projet grandiose -et dans tous ceux qui suivront, bien entendu-. Compte sur ma présence auprès de toi, mignonnette.

    Ainsi, les brigands ne vous ont point approchés, toi et le bébé : mon soulagement est indicible. Point de fiel mais beaucoup d'ivresse, selon tes dires. Une idylle qui se prolonge et que j'espère infinie : longue vie à vous, Mahelya et Kylian. Dieu, il me tarde de sentir les trémoussements du petit Deschenaux à venir !

    Mes prières t'accompagnent, mon Autre Kierkegaard.
    Je t'embrasse,

    E.


Citation:
    De Eldearde Kierkegaard
    A Kylian Deschenaux-Carsenac

    Mon cousin,

    Vous avez un grand cœur.
    Dieu m'est témoin, je saurai répondre à chacune de vos largesses, parole de Kierkegaard.
    En attendant, je vous remercie pour cette tendre attention dont vous faites preuve et vous communique toute ma plus sincère affection.

    Très bientôt, en effet, nous nous réjouirons autour d'une bonne boustifaille. Il me tarde de vous revoir, vous, Marie, et vostre enfant bienheureux. Je sais que vous les chérissez plus que vostre âme : voyez, je ne me sens même pas obligée de vous le quémander.

    Prenez soin de vous très cher Kylian,
    Mes prières vous accompagnent,




_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)