[RP] Moi ? Mais je croyais qu'il était avec toi !

Lililith

La fillette avance dans la ville, elle entend ses bottes claquer sur le pavé. Ici elle a un mouvement pour éviter un seau d'eau jeté d'un premier étage, là elle saute par-dessus un mendiant à moitié avachi au sol et dont elle sait qu'il est parfaitement valide contrairement à ce qu'il paraît montrer. Elle sourit à l'homme, ils se connaissent bien maintenant, mais elle est déjà passée.
Lili avance, profitant du jour de marché pour voler une ou deux bourses ici et là. Custos la suit de loin, protecteur discret d'une fillette rendue trop imprudente à cause de son nom.

Elle marche d'un pas léger et son souffle se matérialise devant elle. Il fait froid et la fillette baisse la tête parce qu'elle sent le regard des gens sur elle, qui devient persistant, insistant. Alors elle se retourne et lance « viens » à son chien. Elle attend qu'il soit à sa hauteur et pose une main sur l'encolure de l'animal puis se remet en marche. Elle tremble. Non pas à cause du froid mais parce qu'elle sait que Daeneryss est là. La Méchée est à Fribourg, comme elle. Elle avance en sachant que ce soir, elle pourra effacer la longue farandole de traits gravés dans la cire de sa tablette.

L'Étoile arrive enfin devant une porte et lève son petit poing. Elle hésite un instant. Doit-elle revenir dans la vie de la rouquine ? Ou bien la laisser - leur laisser, à Gabriele et elle - le soin de se retrouver... ou non ? A-t-elle ce droit ? Peut-elle sans scrupule laisser s'abattre sa main sur ce panneau de bois alors qu'elle ne sait pas s'ils continueront à écrire leur histoire ensemble ? Peut-être est-ce mieux qu'elle fasse demi-tour maintenant. Elle oubliera Pandou si effectivement elle se rend compte qu'ils ont décidé autre chose que ce qu'elle espère. Un soupir émane d'elle alors qu'elle ne sait plus quoi faire. Mais le chien-loup la pousse du museau, elle le regarde un instant, avant d'acquiescer et de reporter son attention sur la porte.

Elle frappe. Un coup. Deux. Trois.

Et quand la porte commence à s'ouvrir, elle interroge avant même de voir qui est derrière :

- Dae ? C'est Lili...
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Daeneryss

Une femme, deux vies. Deux mondes bien différents et définis. Deux mondes dans lesquels je me perds, deux univers totalement différents, déviants, qui font de moi une femme quelque peu bipolaire. Je me perds dans mon propre reflet, je ne sais plus qui me rend ce regard sombre malgré la clarté des azurites. Est-ce Daeneryss Corellio, femme enceinte et fragile qui se languit de son époux et qui pleure à chaque courrier reçu de n'avoir qu'un vélin à respirer au lieu d'un corps à étreindre, ou Daeneryss Corleone, qui ressent peu à peu sa force s'effacer, au point de venir réclamer au mari Corleone le remède nécessaire à son Mal.
" Fais quelque chose !", lui avais-je hurlé... Et comme toujours, Il avait fait. Il était celui qui ne me laissait pas tomber. Il est celui qui ne se perd pas dans d'autres bras quand je ne suis pas là. Il est... Lui. Lui et tout ce que j'avais aimé par delà les éternités et qui me démontrait par sa détermination, son désir de me garder.
J'ai douté de lui, comme de moi. Mais douter de nous, malgré tout l'amour que j'ai pour Diego, revient à douter de la force du monde dans son intégralité. Cette force, je ne la tiens qu'à ses côtés, et je la ressens uniquement lorsque nous partageons ce que je ne partage avec personne d'autre. Si ce n'est un écart... Un seul. Mais le carmin Corleone est un poison précieux, dévastateur, envoûtant. Il est mon poison et moi sa Possédée, il est mon Désir et moi l'Assoiffée. Il est ce qui me fait être ici, à Fribourg. Loin de tout.

Égarée jusqu'à perdre ma conscience, la femme enceinte que je suis oublie par moment qu'elle est une arrondie abandonnée du donneur de ce fruit tant aimé. Si j'aime Diego, l'enfant que je porte de lui n'en est pas moins un amour tout autre, mais qui m'affaiblit de jour en jour. Et je n'en peux plus.
Je déteste les regards des passants sur mes courbes, je viens à haïr les ivrognes qui me disent vouloir consolée l'Esseulée que je suis. Mais je ne suis pas seule, il faut que je m'y fasse. Je ne peux l'être entourée du Clan, et déterminée à reprendre ce que j'ai laissé il y a des mois de ça, c'est ici, accompagnant Gabriele, que je compte oublier que je mène une double vie, pour affronter.

Ce souvenir de cette distance reste gravée dans ma mémoire, comme marquée au fer rouge. Sur le dos de l'équidé, Romeo dans les bras, nous avions chevauché au point de tuer la pauvre bête à notre arrivée à Annecy. Seul Pandou avait été capable de me rappeler que je comptais aussi pour les autres. Pour l'Etoile que j'avais appris à aimer, car elle comprenait malgré son jeune âge. De sa candeur, elle avait su percevoir l'Amour dans le lointain, n'hésitant pas à envoyer son bien le plus précieux. Ce chat que j'ai gardé, et que je lui renvoyé, quand à mon tour, je me devais de la rassurer.
Mais depuis cet emprisonnement et même depuis mon retour au sein du Clan, je n'avais eu le plaisir de croiser l'Etoile ni même le félin. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles dit-on...
C'est pourquoi je suis assise sur ce lit, la dernière lettre du Corellio dans ma main. Je lis et relis ce passage incendiaire. Peut-être qu'à force de le lire, mes larmes ne couleront plus. Peut-être qu'à force de le lire, je ne l'aimerais plus. Peut-être qu'à force...

- Dae ? C'est Lili...

... A force, je deviendrais sourde au point de ne plus entendre les coups sur la porte de ma chambre. La chambre Corleone.
D'un revers de la main, je chasse les salines et abandonne négligemment la lettre sur le lit. Cette voix, sans même qu'elle n'eut prononcé son nom, je l'aurais reconnue entre mille. Pourtant, elle ne parle pas beaucoup. Mais une Etoile se contente de briller, et elle le fait si bien. Dans l'obscurité, elle guide les perdus. Vient-elle pour me guider, moi, Damnée dans la nuit noire ?
Allant à sa rencontre, c'est à genoux que je l'accueille, bras ouverts, ayant besoin de serrer la petite fille amie. Avec un peu de chance, elle ne remarquerait pas les rondeurs, avec un peu de chance, elle ne m'en tiendrait pas rigueur...

- Lili ! Oh ma Douce, comment vas tu ? Viens, fais moi un câlin.

Comme un besoin... Comme si l'enfant était la seule à qui, là, j'avais envie de serrer contre moi.
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Lililith

Elle sait. Elle sait, quand elle voit enfin la Méchée, qu'elle a pris la bonne décision. Alors quand elle réclame un câlin, l'enfant lui donne, volontiers, entièrement, parce que la dernière personne à qui elle en a fait un, excepté Gabriele, c'est Azurine. Et elle a beau grandir trop vite, ces marques d'affections lui manquent.

Lili la serre fort contre elle, enfouissant sa tête aux cheveux coupés dans le creux du cou de la Corleone. Puis finalement, elle se recule un peu et ferme la porte derrière elle, derrière eux, ne les laissant plus que seules. Elle jette toutefois un dernier regard au chien-loup qui se couche devant la porte.

Elle sourit et se tourne vers elle puis pose sa main sur le ventre rond de la future mère.

- Il viendra quand ? Je pourrais en être la marraine aussi ?

Elle la regarde sans que son sourire ne la quitte. Bien sûr qu'elle sait aussi qu'il n'est pas de l'Ange. Elle a rêvé de voir le concepteur mort, pour tout le mal, la souffrance, pour toute la peine qu'elle a pu ressentir chez Gabriele à cause de lui. Mais elle n'en tient pas la Méchée pour responsable. Ou si peu. Parce qu'elle a appris que les hommes avaient des pulsions dont ils ne pouvaient se défaire. La première personne qu'elle a connu qui en a fait les frais était sa mère. Sa vraie mère. Elle se souvient encore, la bourse, le visage affolé de sa génitrice qui lui demandait de courir, et le lendemain... La chaumière brûlée. Elle n'était qu'une guérisseuse, et avait effrayé tout le monde. La sorcière n'avait eu que ce qu'elle méritait.
Elle s'était promis de la venger, mais sa mère n'aurait pas voulu voir sa fillette aussi mauvaise qu'eux. Lili avait donc tu sa douleur jusqu'au jour où, lors de son premier combat, Rodrielle l'avait faite éclore à nouveau. Alors l'Étoile l'avait faite grandir et briller de mille feux. C'était elle son moteur désormais. Et elle n'avait pas encore vraiment eu l'occasion de s'en servir.

L'enfant enlève sa cape et la pose sur la chaise avant de regarder à nouveau la rousse.

- 'Neryss...

Elle vient juste de trouver le surnom. Son regard se pose un instant sur le ventre rond puis elle la regarde à nouveau dans les yeux, faisant un pas vers elle.

- Tu... Tu vas rester... Hein ? Tu... Tu restes avec nous maintenant ?
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Daeneryss

Ce câlin... Sûrement le câlin le plus pur que j'ai reçu depuis des années. Cette petite étreinte de douceur alors que je serre l'Etoile dans mes bras, passant tendrement ma main dans sa blondeur raccourcie. Je ne relève pas cette coupe plus courte, l'Astre a ses raisons, et il est inutile de parler sans doute de ses choses là. La présence enfantine est un réel réconfort, qui m'offre un instant de répit parmi les doutes et le mal-être. Un instant où je me sens apaisée, libérée et légère face aux derniers événements. Dans ce rapprochement, je ne peux m'empêcher de m'interroger quant à cette relation changeante qui nous a rapprochées toutes les deux. Elle avait été l'enfant silencieuse que je ne comprenais pas au début, que j'essayais de cerner en questionnant Gabriele, et elle avait été la première à ne pas me tourner le dos lorsque ma vie tournait d'elle-même la page sur un chapitre de ma vie. Elle s'inscrivait d'elle-même dans la suite de l'histoire, écrivant avec facilité le chapitre de l'amour fraternel. Je ne pouvais me leurrer sur ma situation ; sans famille à moi, reliée aux Corleone par les liens sacrés du mariage et par la loyauté du clan, lorsque les journées prenaient cette couleur sombre de nostalgie, l'espoir d'avoir un jour peut-être une lumière se poser sur moi ne me quittait plus. Et Lili est, à elle seule, cette clarté suffisante pour éclairer le chemin des égarés. Comme moi. Elle pouvait représenter la soeur que je n'avais jamais eu. Un amour simple et sororal, honnête et franc.
Tout en m'écartant, je constate qu'elle ressemble à une enfant, qu'elle est une enfant, mais que son regard trahit sa maturité bien plus que je ne l'aurais pensé.
" 'Neryss ..." Jamais encore on ne m'avait appelé comme ça. Elle était la première. Cette sonorité avait semblé si naturelle entre ses lèvres, si simple. Un surnom qui coule de source, qu'elle prononce avec légèreté, comme s'il en avait toujours été.

- Oh ma Douce, tu sais très bien que j'ai du mal à te refuser quelque chose. Mais de toi à moi...

Comment lui dire, même si elle se doute certainement, que l'enfant n'est pas du Tatoué ? Comment prononcer les mots douloureux du refus à cette demande, non pas par manque d'envie - bien au contraire, j'en suis touchée - mais par respect pour Romeo et Gabriele ?

- Nous en parlerons avec Gabriele, tu es d'accord ? Tu connais la complexité de la situation, là dessus tu es bien plus grande que l'on pourrait le croire et mille fois plus intelligente qu'une enfant de ton âge.

Ma main vient épouser la petite joue enfantine, alors que je me redresse lorsqu'elle pose sa deuxième question. Rester... Que répondre...
Mon regard se pose sur le courrier incendiaire du Corellio, abandonné un peu plus tôt. L'enfant à naître devrait voir son père et Diego et moi nous étions promis nous voir durant la grossesse. Belles paroles, alors que nous avons désormais du mal à nous écrire sans ressentir nos tensions dues au manque. Oui, il me manque.. A en mourir. Comme le Tatoué me manquait lorsque j'étais auprès du Corellio.
Mais il fallait que j'affronte l'Etoile, que j'affronte sa question, car elle mérite une réponse.

- Gabriele et moi sommes mariés, ma Douce. Il y a des choses qui ne changeront jamais tu sais. Mais, tu dois bien te douter que.. il me faudra faire au moins encore un voyage, n'est-ce pas ?

Tout en parlant, ma main s'était posée sur mon ventre pour qu'elle comprenne que je me devais d'aller auprès du père de l'enfant. Non pas par amusement, mais d'une part parce que le petit être qui grandissait en moi courrait un énorme risque en restant au sein des Corleone, et surtout parce je voulais que son père en profite. Nous avions conçu cet enfant par hasard, mais il n'en restait pas moins un enfant de l'Amour.

Nos regards sont désormais l'un dans l'autre lorsque je m'assieds sur le rebord du lit, l'invitant à me rejoindre en tapotant du plat de la main à côté de moi. Changer de sujet devient primordial pour ne pas rompre le charme des retrouvailles. Je m'habitue à vivre dans le mal-être d'une vie scindée en deux, mais je me refuse de voir la Luciole perdre son sourire pour moi.

- Alors, dis-moi, comment va Pandou ? Je suis surprise de ne pas le voir ici. Qu'en as-tu fait ?
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Lililith

- Nous en parlerons avec Gabriele, tu es d'accord ? Tu connais la complexité de la situation, là dessus tu es bien plus grande que l'on pourrait le croire et mille fois plus intelligente qu'une enfant de ton âge.

Elle écoute la Méchée, hoche la tête, son regard s'allumant à peine quand elle la complimente. C'est plus fort qu'elle. De fait, de par son environnement, de par ses meurtres, elle a été amenée à grandir trop vite. Et parfois elle croit que ce corps va craquer sous le poids de son esprit qui lui paraît trop lourd tellement il lui semble différent de son corps.

Elle écoute et comprend. Ces histoires sont compliquées, mais l'être humain est compliqué. Il l'a toujours été, et le sera toujours.

- Je pourrais venir avec toi ?

Peut-être pour s'assurer qu'elle reviendra, ou peut-être pour lui garantir une « protection », somme toute relative puisqu'elle est encore une enfant. Mais sait-on jamais.

- Alors, dis-moi, comment va Pandou ? Je suis surprise de ne pas le voir ici. Qu'en as-tu fait ?

Elle s'est assise à côté de la Méchée et tout à coup elle tourne la tête vers elle. Pandou. Le nom tant aimé vient de refaire surface brusquement, alors qu'elle ne s'y attendait pas. Un coup de poignard qui la transperce comme à chaque fois qu'on l'évoque devant elle. Elle pose son regard ambré sur la rousse, un peu étonné au fur et à mesure que les mots font mouche dans son crâne.
Et puis, elle préfère préciser. Parce que c'est un secret qu'elle n'a jamais révélé, qu'elle a gardé contre elle, préférant mentir plutôt que de risquer d'attirer les foudres sur elle... et d'empirer les choses dans ce couple atypique.

- Pandou n'est pas avec moi. Je te l'avais envoyé. Tu te souviens ? Je ne l'ai dit à personne. Même quand j'ai su que tu l'avais bien récupéré, je n'ai pas dit qu'il était avec toi.

Elle ne comprend pas ce que 'Neryss veut lui dire. Pandou a dû partir chasser, et elle n'a pas réalisé. Et il n'est pas encore rentré. Oui, ce doit être ça. Elle en est tellement convaincue qu'elle la regarde, simplement.

- Il t'a apporté à manger déjà ? Parce que ça veut dire qu'il t'aime bien. Ou alors il est parti en chercher pour te faire un cadeau. Des fois il fait ça. Même si au début je trouvais ça dégoûtant...

Ses jambes se balancent dans le vide tandis qu'elle sourit à l'adulte. Une grande sœur, c'est tout à fait ça qu'elle vient de retrouver.
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Daeneryss

- Pandou n'est pas avec moi. Je te l'avais envoyé. Tu te souviens ? Je ne l'ai dit à personne. Même quand j'ai su que tu l'avais bien récupéré, je n'ai pas dit qu'il était avec toi. Il t'a apporté à manger déjà ? Parce que ça veut dire qu'il t'aime bien. Ou alors il est parti en chercher pour te faire un cadeau. Des fois il fait ça. Même si au début je trouvais ça dégoûtant...

- Mais... ? Pandou est...

Je la regarde, perplexe, bercée dans l'incompréhension la plus totale. A plusieurs reprises, j'entreprends de mettre bout à bout les éléments qui semblent se faire nombreux et surtout bousculés. D'un froncement de sourcils tout d'abord, suivi de la bouche que j'entrouvre à peine pour chercher mes mots, je me vois contrainte de comprendre que le Chat n'a jamais rejoint l'Etoile. Comme si un malheur n'était pas suffisant, il fallait dès à présent que j'en affronte un second. Au diable la lettre de l'époux Corellio, la Luciole mérite toute mon attention.
De ce balancement de jambes typiquement enfantin, je la regarde. Elle, qui ne m'a jamais jugée malgré les faits totalement désapprobateurs à mon encontre, sa neutralité envers la situation a toujours placé Lili par dessus les autres. Malgré sa jeunesse, la maturité de ses raisonnements se voit plus mature que ceux des adultes. Si seulement certains membres du Clan pouvaient se parfaire de cette façon de penser, la vie au sein du groupe serait meilleure. Surtout pour moi.

De manière sororale, ma main vient se poser sur la sienne. D'un pressement aimant, mes doigts enserrent sa petite main. Je sais que Pandou est ce compagnon tant aimé que tout un chacun aimerait avoir la chance de connaître au moins une fois. Je ne peine pas à me souvenir de l'animal en piteux état lorsqu'il avait rejoint Annecy pour moi. Il avait été une force, pour moi l'adulte. Alors je n'ose même pas imaginer l'impact que pouvait avoir le Félin sur la mini Corleone. Pas un seul instant, je n'avais douté de la chose à faire lorsque les gardes m'avaient enfermée. Il m'était apparue comme l'évidence même, la simplicité et la confiance absolue. Remettre sa vie entre les mains d'un animal relevait sans doute de folie, mais si Lili avait fait confiance à Pandou et qu'il m'avait retrouvée, pourquoi n'en aurais-je pas fait autant ?

- Ma douce...

Je sais déjà que l'annonce va être dure et cruelle et je n'imagine même pas la peine qu'elle pourra ressentir. Elle m'avait fait confiance, et j'avais failli. Je lui avais affirmé dans une lettre que je lui ramènerai Pandou, que je lui rendrais en mains propres. Son chat...

- Ma puce, je... suis désolée. J'ai été enfermée en prison à Tonnerre et j'ai relâché Pandou pour qu'il te retrouve, que tu puisses enfin le retrouver. J'avais écrit une lettre pour que tu ne t'inquiètes pas...

A quel moment dois-je m'arrêter véritablement ? Tout en conservant ma main sur la sienne, je m'attends déjà au retour de la médaille. Comme les autres, elle m'avait faite confiance et se voyait, à son tour, confrontée au fait qu'on ne peut pas me faire confiance. Quoiqu'il arrive, les choses ne se déroulaient jamais comme prévu, et le chat ne faisait pas abstraction...
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Lililith

La gamine la regarde, attendant de savoir où se trouve le quadrupède. Elle continue de balancer ses jambes sans comprendre pourquoi la Méchée hésite ainsi. Elle laisse sa main être faite prisonnière, prête à tout entendre. Ou presque…
Quand les mots arrivent, elle la regarde sans cesser de sourire. Lili n’a pas compris. ‘Neryss lui fait une blague, dans quelques instants elle va se mettre à rire en lui disant que Pandou est bien au chaud, dans un panier sous le lit.

Elle se laisse donc glisser au sol pour vérifier, mais à peine ses pieds retrouvent-ils la terre ferme qu’elle comprend ce que la rousse vient de lui dire. Pandou n’est pas là ; il a été envoyé. Il devait lui revenir mais il ne l’a pas fait.
Elle sent son visage se décomposer petit à petit. Elle a l’impression qu’il se détache d’elle par petites plaquettes. Pandou a disparu. Personne ne l’a revu. Il n’est plus là. La Minusculissime relève ses yeux devenus sans expression et les plante dans ceux de la Méchée. Une idée lui traverse l’esprit, mais comment aurait-elle pu aller le chercher puisqu’elle était persuadée qu’il avait retrouvé Lili ?

Autour d’elle, le temps s’est arrêté. Il aurait pu y avoir une explosion qu’elle n’aurait pas bougé d’un pouce. Toutefois, elle est certaine qu’il est en vie. Elle l’aurait su d’une manière ou d’une autre, s’il était mort. Elle l’aurait senti au plus profond d’elle-même.

- C’est qu’il ne m’a pas encore trouvée.

Elle se redresse, elle reprend sa forme initiale, animée d’une foi nouvelle. Son chat est en vie. Désormais, ce ne sont plus les pillages qui comptent. La Famiglia, cette entité qu’elle chérit par-dessus tout, vient de passer brusquement au second plan. On ne la comprendra pas et elle le pressent déjà, mais peu importe. Son chat vient de faire pencher son centre de gravité. Elle le retrouvera, coûte que coûte. Même si elle doit traverser le royaume de long en large.

- C’est qu’il ne sait pas où je suis. Mais je le retrouverai.

Son visage est sérieux et s’illumine à nouveau alors qu’elle prend cette décision. Elle va faire un choix difficile, celui de s’éloigner de sa famille pour retrouver un quadrupède. Elle regarde la Méchée et lui fait un léger sourire.

Jacta alea est.*

*Le sort en est jeté.
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Moi ? Mais je croyais qu'il était avec toi !

Daeneryss

Lililith

Daeneryss

Lililith

Daeneryss

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