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[RP] Faites demi-tour dès que possible

Henrii
« - Vous êtes perdu, hein ?
- Bien sûr que non ! J'ai juste un peu de mal à me repérer pour l'instant. »

Le Roi des Murgos – David Eddings

Henri était en mission, de la plus haute importance. Porter un message à un jeune homme, de la part de sa dulcinée. Une missive parfumée, une missive d'amour, une missive qui allait changer le cours d'une vie. Non mieux ! De deux vies. L'histoire était banale : une fille aimait un garçon, ils étaient sur le point de se marier, mais les pères voulant à tout prix s'impressionner, s'étaient bêtement défier. Sauf que l'un des deux, le père du damoiseau, n'arrivait plus à manier l'épée. Alors il avait délégué le combat à son fils, qui avait embroché le père de sa fiancée.* Et après une année de séparation, maintenant, les amoureux pouvaient se marier. C'était beau.

Le blondinet tenait serré dans sa main la lettre qui devait changer le destin des amants. Paris, c'était bien, c'était beau, mais c'était grand. Si le jeune homme savait se repérer dans la forêt et dans la campagne, suivre la piste d'un écureuil ou d'un lapin, se guider la nuit avec les étoiles... il était bien incapable de trouver une rue, ou de s'orienter dans ce méli-mélo de ruelles sombres et de places grouillantes de monde. En résumé : il était perdu.

Et merde. C'est où, maintenant ?

Pas le choix, il fallait qu'il demande son chemin. Les parisiens étaient-ils serviables ? Les gens des villes n'étaient pas réputés pour leur cordialité, ils méprisaient, à ce qu'on disait, les campagnards dans son genre. Henri devait donc trouver quelqu'un dont la mission sur Terre était d'aider son prochain. Une nonne, un prêtre, ou un... moine. Et justement il en venait un. Rondouillard, les bras chargés de pains, de fromages et de saucissons, il avait lentement, le front couvert d'une pellicule de sueur.

« Oh là ! Moine gourmand !* Tu saurais m'indiquer... La taverne du Champion ? Je dois aller voir d'Envers. »

Le moine ouvrit de grands yeux et laissa échapper un rot tonitruent. Ça commençait bien, tiens.

« La Sans-Nom ? Continue tout droit, et tu tombes bien en Enfer, t'es sur le bon chemin ! »

L'homme d'église décampa à toute vitesse en se signant, et laissa derrière lui un Henri plus perturbé que jamais. Le moine avait un de ces accents ! Peut-être un Germain, pour confondre les sons comme il le faisait. Donc la Champion c'était tout droit, et il trouverait rapidement le Sieur d'Envers, le fameux fiancé assassin. Que c'était compliqué, cette affaire !

Bon, alors on va tout droit.

Plus il s'avançait, plus Henri trouvait les lieux sombres, et peu engageants. Qu'irait donc faire un amoureux transis dans un coin comme ça ? Une porte ornée d'un crâne... Par Saint-Georges, le gars avait viré alcoolique, mercenaire, tueur... Pauvre gus ! Et c'était bien sa veine, à lui, de devoir trainer dans ce coin glauque. Mais quelle idée, mais quelle idée ! Néanmoins, Henri frappa, et entra. Le quartier qui s'offrait à lui lui arracha une grimace de dégoût. L'horreur dans toute son ampleur. Trainées, malandrins... Odeurs de sang, de sueur, d'urine et d'autre chose pas franchement appétissantes... Comment retrouver quelqu'un dans cet endroit ?

« Ohé ! Est-ce qu'un homme du nom d'Envers loge dans le coin ? »



* inspiré du Cid, de Corneille
inspiré de la publicité pour le chaussé aux moines

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Henri pense. « Henri parle. »
La Luisa, incarné par Nizam
    La Sans Nom. Antre des chairs mauvaises et crasseuses, rade où se mêlent les souillures, les minois malins et les trognes pochardées. Ce fut une banale journée au bouge de la Spiritu Sanguis, les braillements des poivrots couvraient les murmures douteux d'autres débauchards, les godets se remplissaient de mousseuse jusqu'au raz de leur gueule fendue, plus le soûlard picolait, plus son pognon roulait au comptoir. Alors sa bourse se délaçait aisément, et à la gnôle, s'ajoutaient les tentations offertes par les lieux empuant le stupre.

    La Luisa le savait. Le Déos avait donné un minois ordinaire à la jeune femme, mais cette dernière l'égayait, elle soulignait ses pommettes et ses carminées de touches de rouge, parfois même elle entortillait des rubans dans sa chevelure blondine pour mieux la soutenir. Elle avait obtenu assez des bourses masculines pour dénicher ce qui satisfaisait sa coquetterie et son besoin d'attirer l'oeil du premier micheton. La robe portée avait des salissures, de ces coutures malmenées par les pognes trop rudes des hommes, mais elle avait encore l'avantage de servir à merveille les atours de la ribaude. Le galbe roulé et le buste mal serré, la poitrine se réhaussait avec un certain orgueil à chaque inspiration, la fille des rues relevait parfois ses jupons et faisait en sorte de conserver l'une de ses épaules plus dénudée que l'autre, bien dans l'intention qu'un aventureux désire tirer sur ce tissu contre quelques écus.

    La catin était jeune, mais emplie de l'audace qu'il fallait pour espérer vivre dans ce quartier. Plutôt que de vendre ses charmes et ses cuisses dans les ruelles, elle avait préféré le bouge de la Spiritu Sanguis et son essaim de grivois, eut-elle tôt raison puisqu'elle s'agrippa aisément sur les genoux d'un joueur de ramponneau. Le gaillard causait fort et se faisait rustaud, mais il avait la main chanceuse : il empochait les mises et c'était ce qui importait à la ribaude qui récompensait le mâle en frottant un peu plus sa chair à la sienne chaque fois que ses gains montaient. Le client fut ainsi tout désigné, du moins, jusqu'à l'instant où la chance quitta la tablée.

    Les mises continuèrent et la maigre fortune, plutôt que de gonfler, cette fois-ci fondit, le sourire de la Luisa avec. Elle ne fera rien d'un homme aux poches vides, et les promesses qu'elle lui avait laissé envisager risquaient de la plonger dans une sale situation. Elle devait s'extirper de là, le mieux étant de s'accrocher à d'autres bras, le premier greluchon conviendra... Et greluchon entra. Blondinet, propret et beau-garçon, il n'avait rien de la crasse du quartier, mais la question lancée fut l'excuse de la ribaude afin de quitter son malchanceux. Buste cambré, l'échancrure peinait à couvrir la poitrine, ce fut ainsi qu'elle rejoignit le mignon et, mains à ses hanches généreuses, s'adressa à lui.


    - D'qui donc tu causes, mon joli ? T'sais, quoi que tu cherches, j'suis sûre que tu le trouveras ici... Ton homme n'doit pas être loin, pourquoi tu n'prendrais pas un godet plutôt que d'te presser à l'voir ?

    La Luisa s'approcha, la mine enjôleuse minaudant ces mots au beau môme qui lui faisait face; s'il était coursier, nul doute qu'il était payé... Elle posa doucement sa menotte sur l'un des bras du jeune homme, le regard aguicheur planté dans ses prunelles.

    - Et peut-être que j'le connais, ton messire, tu n'veux pas v'nir et m'en dire un peu plus ?
Henrii
« Help, I need somebody »
Help – The Beatles

Oh, une jeune fille !

Henri lui sourit, en garçon poli qu'il était. Surtout qu'elle se proposait de l'aider. Sa tenue vestimentaire laissait à désirer, c'était certain. Il manquait quelques morceaux de tissu par-ci par-là. Le blondinet déglutit. Ce n'était pas le genre de filles qu'il fréquentait d'habitude. Elle n'avait rien d'une fille de ferme, en tout cas. Troublé, il essayait de ne pas regarder trop longtemps cette gorge offerte pour se concentrer sur son visage, mais ce n'était pas chose facile.
Il se passa une main dans les cheveux, et se massa les paupières. Il était là dans un but précis. Porter une lettre à un imbécile qui avait embroché son beau-père. Le blondinet se racla la gorge, et se força à ne pas laisser dériver son regard un peu trop bas. Ça ne se faisait pas, parait-il.

« Un verre, oui ! J'ai fait longue route et j'ai grand soif. Bonne idée ! »

Henri se retrouva devant le comptoir sans savoir si c'était lui qui s'en était approché ou elle qui l'y avait amené. Le bras de la blonde autour du sien ne l'aidait pas à réfléchir.
Sans avoir reçu d'éducation particulière, le blondinet savait que c'était à l'homme d'inviter. Il invita donc, commanda au hasard une bouteille de vin. Il se saisit de son escarcelle, qu'il ouvrit toute grande. S'y trouvait une trentaine d'écus, à laquelle il préleva la somme demandée pour son vin.

« Ça vous dérange si... On peut s'asseoir peut-être ? »

Cette fois-ci, il en était presque sûr, c'était lui qui l'avait conduite jusqu'à une table. Bouteille et verres en main, Henri se laissa tomber sur une chaise. Sans attendre, il emplit les deux godets au ras. Il lui fallait toute sa concentration pour ne pas regarder la poitrine ronde et engageante de la prostituée. C'était la première fois qu'il parlait avec l'une d'entre elles. Il en avait déjà vu, parfois, mais il n'en avait jamais fréquenté. En bon garçon, il préférait les filles de paysans peu farouches dès que venait la moisson. Et se retrouver face à l'une d'elles... Ceci dit, elle avait l'air aimable. Elle se proposait de l'aider à retrouver le jeune sire d'Envers. Elle voulait juste lui porter assistance, et en aucun cas... Henri but avidement dans son verre pour se donner contenance.

« Oui, alors, vous disiez connaître celui que je cherche ? C'est un jeune homme, le sieur d'Envers, il est noble, et il parait qu'il s'est réfugié ici. Je ne sais absolument pas à quoi il ressemble. Mais il a du se faire connaître, sûrement. Pourriez-vous... me donner son adresse ? Je dois lui remettre ce pli dans les plus brefs délais. »

Pas la peine de dire pourquoi, ça n'intéresserait pas la donzelle. Curieux, il observa tout autour de lui ce qui se passait Ce n'était pas le grand luxe, ça braillait dans tous les coins, et l'endroit aurait bien eu besoin d'un coup de balai. Qu'est-ce qu'un fils de comte aurait été faire dans un endroit pareil ? Le désespoir brisait un homme, mais à ce point ? Passer du faste de la richesse à la crasse de... et de quoi au juste ? C'était quel genre d'endroit ? Henri n'osait pas s'aventurer à lui attribuer le moindre qualificatif. Juste une taverne où les pauvres de Paris venaient boire un coup pour pas cher. Ouais, voilà. C'était neutre, c'était pas inquiétant, c'était peinard. Tout le monde avait le droit de descendre une bière ou deux, après tout. S'il commençait à vouloir nommer les choses précisément, pour sûr que ça ne lui plairait qu'à moitié. Pas qu'il était particulièrement peureux ! Il était surtout totalement désarmé. Aucune arme, rien ! Ni sa dague (seule chose de valeur qu'il possédait), ni son arc, lui qui était si habile avec. Juste ses deux poings, et si tous ces types lui tombaient sur le coin du museau, ils ne lui serviraient pas à grand chose.

« Vous comprenez. C'est que je suis pressé. »
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Henri pense. « Henri parle. »
La Luisa, incarné par Nizam
    Les carminées de la ribaude s'étirèrent finement. A l'évidence, le coquet agrippé lui convenait plus que tous ces lourdauds aux pognes rudes qui la lorgnait comme un bout de chair tendre et libidineux. Ne rechignait-elle pas à décrasser ces pochtrons contre le brillant poisseux de leurs écus, le jeunot n'avait eu point encore de mauvais mots ni d'oeillade coupable vers les étoffes bâillantes et débauchardes de la Luisa. Ces niaiseries rares et fraîches surent plaire à la racoleuse. Elle s'enhardit vitement et affermit si tôt son emprise sur le bras du coursier qu'elle ne quitta pas jusqu'à une tablée libre du rade. Jouant de leur proximité, elle avait aisément remarqué ce que contenait l'escarcelle du mignon et jugea que c'en fut bien suffisant pour qu'il tâte des charmes du quartier. Les lippes ourlées à outrance du rouge audacieux offraient ces sourires fripons des courtisanes en quête des faveurs d'un petit miché.
    La Luisa partagea volontiers le godet du blondin et, face à lui, elle posa avec toute l'impudence des catins ses coudes contre la table vernissée de sorte à ce que les frippes lui gonflent une poitrine orgueilleuse. La jeune femme humecte ses lèvres et ne quitte du regard le coursier désormais bien trop hâtif à son goût.


    - Allons mon beau, n'te crispe pas, si tu as ouvert cette bouteille-là, c'est qu'tu n'es pas si pressé. Rares sont les joliets comme toi qui viennent dénicher un blasonné à la Sans Nom.

    Le menton de la blondine se cala contre l'une de ses paumes.

    - Comment l'nommes-tu, ton nobliaud, déjà ? Ça fourmille de tout et de rien ici, l'trouver te prendra du temps... Un temps que je pourrais rendre plus agréable, n'aim'rais-tu pas ?

    Un gloussement s'échappa de sa gorge. Tandis qu'elle lui parlait, la Luisa se penchait faiblement vers son mignon et rapprochait l'une de ses menottes de la main d'homme tenant la chope. Elle avait nullement l'intention de le laisser lui échapper, le coursier avait l'argent et le minois des galants qui se distinguaient dans la masse brute des vermines. Telle occasion ne présentera pas le lendemain, ni les jours prochains.
    La fille des rues allait poursuivre son jeu empreint d'une lasciveté guère secrète lorsque dans son dos brailla une voix avinée à la clarté gauchie par l'alcool.


    - Toi la bellasse ! J'te caus' ! Que j'te.. d'la gnôle, d'mon pognon ! Et t'fous l'camp !

    Misère. Le joueur de ramponneau. Et salement pinté pour qui a ruiné sa maigre fortune au jeu. La Luisa plissa ses lèvres, tant contrariée qu'inquiétée par un rustaud qui venait certainement réclamer les quelques promesses lubriques qu'elle avait marmonné plus tôt à son esgourde. Foutredieu, ce poivrot lui fera rater son affaire avec Blondinet.

    - Ah tu t'cajoles d'jà à un autr', traînée qu't'es ! C'est qui c'lui-là ? Ça t'plait d'piquer les donzelles, p'tit branleur ?!

    Les compagnons du pochard ne tardent pas et les trognes se tournent vers la tablée de la catin et du coursier, guettant fébrilement la venue d'une énième bastonnade dans le rade. Malgré une gueule cuitée, rougie et grenaillée par la picole quotidienne, le rustre en imposait de par sa carrure et bringuebalait au rythme de ses emportements une lame souillée à sa ceinture, rien de bon augure pour la Luisa et son mignon. Si l'homme levait la main sur la catin, il en répondrait devant qui la femme donnait part de son argent pour subsister dans ce quartier, le blondin, en revanche, ne pouvait se targuer d'avoir quelconque protection sur les terres sombres et grondantes de la Spiritu Sanguis.

    La ribaude quitte sa chaise, fait mine d'arranger, exaspérée, les étoffes lui roulant généreusement le galbe et enfin, mains sur les hanches, désigne Blondinet.


    - Il m'a proposé mieux qu'toi, soûlot, 'rrange-toi 'vec lui et son pognon, n't'avise plus de m'causer comme à ta chienne d'femme !

    La Luisa lance un dernier regard navré au jeune coursier. Dommage, mais dans ce bouge l'on sauve sa peau avant de se faire du lard avec l'or des autres.
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