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[RP] - L'ombre d'une missive.

Antoine..
Arsène..

Lucius inspira , la tête penchée en arrière. Les vagues souvenirs qu'il avait sans cesse voulu écraser, oublier comment grandir était une torture lorsque la tromperie était le pain du jour. Ce nom il ne l'avait pas entendu depuis des années, depuis la dispute, cette séparation le début d'autre chose. Le vélin étendu sur la table, n'attendait que la caresse frêle , timidité de la réponse qu'il en suivrait. Était-ce réellement nécessaire? Pourquoi lui reparler? Sa main vint se coller sur sa joue, et par des sillons se la gratter. Son regard revint se poser sur le billet , plume en main et larmes prêtes à s'imprimer sur le papier.

J'espère que tu... vas bien?..

Une grimace déforme son visage, une rature.

Pourquoi j'ai pensé à t'écrire.

Son regard pesant, encore une rature.
Il se leva, mains croisés parcourant la taverne de fond en comble, cherchant une accroche. D'une démarche lente, telle une scène théâtrale il se mit à réfléchir. Ses talons venaient appuyer son pas, grinçant le parquet. Ses doigts étiraient ses lèvres, tandis que l'autre main saisissait sa croupe avec hargne.
Au bout d'un certain moment, il vint se retourner et s'assoir correctement, d'une droiture il prit sa plume humectant le bout. Tel un artiste il avait sa toile, il ne restait que l'inspiration pour dresser ses formes, ses dires tout en suivant sa dialectique instantanée.


Citation:
Arsène,

Qui aurait pu croire que je puisse t'écrire à nouveau après toutes ces années? Peut être parce qu'une certaine Eliza m'a fait rappeler qui était ma sœur. Qui aujourd'hui dirige un clan. Ce n'est pas avec fierté que je t'écris, oh non. Ni par mépris, tu connais mon avis là dessus, trop de mal mes mains n'ont encore récupéré leurs teint de base.
Je ne sais pas ce que tu deviens, ni qui tu es hors d'être une cheffe de clan.
Je n'irais pas jusqu'à dire que j'aurais du t'écouter, mais là où j'en suis m'apporte une neutralité certaine. Enfin c'était avant, plus les jours passent, plus j'ai l'impression d'attirer des ennuis, plus ce masque opaque devient translucide et je perds cette discrétion qui m'avait protégé depuis tant d'années.
Si tu te demandais des nouvelles de mon côté, dis toi : rien d'un grand intérêt et je vais bien.
Je n'ai pas trop changé, du moins c'est ce qu'il me reste.

Que sa lumière te guide,

Lucius


Il marqua cette fin de missive par un soupire, qui pour lui en valait la nécessite. Il enroula le billet qu'il noua à la patte d'un pigeon. Une légère hésitation lors du nouage, il serra bien.

Un murmure pour lui même, lorsque le messager prit la route.

Graviora manent...



Graviora manent : le pire est à venir.

_________________
Arsene
    « Cruel est le combat des frères » Aristote.


    A la faveur d'une noirceur envahissante, la jeune femme s'est fondue dans l'épais brouillard et s'est mêlée aux quidams des bas-quartiers. Grêle silhouette à la démarche feutrée et à l'aura inquiétante, elle profite des ténèbres ouatées pour s'adonner à ses rapines en toute discrétion. L'âme exalte des relents de charogne, corrompue et gangrenée jusqu'à débridement par la compagnie de la lie de la société. L'aigreur et la férocité s'avèrent être les partenaires régulières du galbe dont le sang bouillonnant se révèle dénaturé par les assauts vigoureux d'émotions contradictoires. Elles agitent et distillent au sein du corps maigrelet leurs sillons brûlants et venimeux. Le chuintement de ses pas contre les pavés humides ricoche et résonne sur les murs fissurés. Les crevasses s'affichent fièrement, offrant aux regards égarés l'intimité d'une cloison de mauvaise qualité et l'occasion d'apercevoir la lueur tremblotante et fugace d'une bougie dont la cire s'amenuise au grès des minutes qui s'égrainent avec une lenteur détestable. L'atmosphère chargée de stupre et de carmin s'impose à ses narines et pourtant Corleone se complaît dans cet amas de chair à l’œil torve et à la fesse frémissante. L'ombre et le souffle ardent des trois gueules affamées du Cerbère s'abat pour mieux couver les nuques des parias et hérisser le poil court et duveteux qui les recouvre. L'imposante entité veille et materne ses portes-paroles d'un regard affectueux tandis que de ses griffes, elle écarte les importuns pour mieux se faire reine et dicter ses désirs.

    A l'abri, dans le confort sommaire d'une chambre d'auberge piteuse, les doigts fins glissent imperceptiblement sur le verre épais d'une bouteille de vin. Le récipient se balance au dessus des veines boisées et usées d'une large table. Le liquide émettant par intermittence un borborygme en guise de protestation. Les effluves d'alcool bon marché viennent appâter et narguer les narines du visage tacheté qui se penche avec langueur vers le goulot. Les lippes vermeilles avalent une gorgée aussi revigorante que nécessaire et les gouttes dégringolent la cascade raide de sa gorge laiteuse. Rafraîchissant et amollissant la chair sous leurs sillages âcres. Elle savoure silencieusement sa maigre récompense, l'épiderme se réchauffant nonchalamment à la fusion des miasmes dans ses veines au carmin abondant. Les prunelles cerclées de prasine fixent attentivement un parchemin où s'aligne droitement, plusieurs lettres jusqu'à former des mots lourds de sens pour la jeune femme. Les doigts arachnéens trace des zébrures imaginaires sur les veinures boisées et irrégulières d'un étal ayant subi les assauts répétés et vigoureux du temps. Brodant minutieusement un dessin imaginaire comme l'araignée s'entête à tisser impeccablement sa délicate toile meurtrière, ils évitent sans l'avouer, les quelques phrases inscrites sur la peau.

    La griffe se saisit pourtant d'un fusain et dans une impulsion, elle trace à son tour l'ébauche d'une réponse. Les arabesques se rejoignent pour mieux former l'arantèle parfaite à l'écriture draconienne et harmonieuse. Les sinoples arborent une lueur de mélancolie quand les pensées vagabondes flirtent avec son passé tumultueux. L'étincelle du ressentiment prend lentement sa source au sein de sa carcasse, elle dévore avec placidité chaque parcelle du derme abîmé pour mieux s'animer et l'embraser entièrement. De ce frère, l'émotion n'a sublimé que les litiges et pourtant, il y aurait tant à dire sur leur relation.



    Citation:
    A Lucius, ce frère ingrat,

    Je te pensais raide mort au fond d'un fossé, servant de compagnie et nourriture à des vers. Visiblement, ce n'est pas encore le cas.

    Je suis devenue ce que j'ai toujours été. Cette jeune femme acerbe et mauvaise. Mais j'ai su, avec l'âge, prendre de meilleures décisions et développer certaines qualités qui ont pu parfois me manquer. J'ai côtoyé mon père pour mieux être déçue encore et j'ai rencontré cette famille dont j'avais tant rêvé étant môme. La réalité est loin de mes fantasmes et pourtant, j'ai trouvé au sein de ce clan, ma place et un idéal.
    La réussite a guidé mes pas puisque effectivement, je suis à la tête du clan et de sa compagnie de mercenaires. Tu devrais, au contraire, être fier de moi ou tout du moins de ce sang en commun. Et si tu m'avais suivi ou même écouté, tu aurais eu autant de succès si ce n'est plus, au lieu de rester ce jeune homme anonyme.

    La neutralité n'est que passagère, tu ne pourras pas toujours faire semblant et renier ses traits de caractère que nous partageons. La mal et ses mauvaisetés ressortent toujours finalement. Il suffit de savoir faire vivre avec.

    Que fais-tu ? As-tu réalisé tes ambitions ? Ou t'es-tu simplement contenté de lâchement te cacher derrière une vie discrète et ennuyante ?

    Je me prend à repenser à notre enfance et je te revois au coin des feux, inventer des contes et légendes propres à ton imagination. Je n'irais pas jusqu'à dire que ces moments me manquent, mais ils restent en ma mémoire.

    Que les mânes de nos ancêtres te guident,


    Arsène.


_________________
Antoine..
«Adhuc sine crimine vixi et fama mea clara est.»

-Jusqu'ici j'ai vécu sans crime et mon bon renom et sans tâche-


Sous un toit crépitant de mignotes mitouardes en transe avec hommes qui ne cessent de morguer notre muguet. Lucius était installé
sur un banc parallèle à une table en bois foncée par les coulées de graisses animales, de cires comme de crevasses de lames. Autour de lui hommes aux morions
et musardes par milliase se pavanaient , dansaient ou encore paillardaient dans un coin reculé et sombre de la taverne.
Lucius , capuchon sur l'oeil et le menton dans son manteau admirait ce paradis aux membratures moulant les braies de ces hommes, comme des pitres baisant
le regard de ces animaux. L'oeil verron n le nez légèrement courbé et bien fait, la pomette large et rieuse. Une hautesse en la mine et l'air à ne pas se laisser morguer,
franc comme écu non rogné , sans chiceté ni méchantise. Lèvres friandes lapent comme chats ces piquaneries de femmes.
Son déduit fut cependant écourté, une demoiselle au regard bleu dégonda son attention des mâles afin de quérir une missive au jeune homme reculé du festin.
Cela était constant , il passait la soirée loin de ses compains festoyants le dernier jour de l'an de grasce 1462.
Son regard pencha vers l'avant , une doutance vint lui occuper l'esprits et songes quelques moments. Peut être ouvrir cette misive était - ce un danger?


Dans un regard déconforté , déconnu il abandonna la lettre qui se fit logit sur la table, Lucius occupa un instant son regard sur une demoiselle,
le ton rêveur et abstrait de la réalité, papillonnant des cils. La lueur des bougies le poussa à s'ensommeiller pendant cinq petitimes minutes, lorsque
deux mains le saisissait au col, le secouant. Lucius hucha d'une voix

Qu'est - ce là? jà le matin? 1463?

Sieur, éveillez vous ! Votre billet s'en est failli s'envoler ! Sans cela je ne vous aurais désommeillé.


Le jeune homme opinant vivement du chef, la demoiselle s'en alla vers le buffet laissant Lucius battre des cils dedans sa solitude , où porte refermant l'oeil
en coeur et la lèvre amicale. Son regard blèze comme hésitant, loucha sur le billet. Ses mains frissonnent, bicotte le vélin qu'il déroule face à son regard
qu'il affronte pour ne pas retomber dans la nuit. L'attention ardante, lettres pliées , terribles et constantes ; Lucius soupire un moment reposant le papier
sur la table. Ses émotions paressent , ses doigts errent autour, la machoire hâche les quelques particules sur ses molaires. Son visage fermé, nez attendrit.
Il pensa aux divers phrases , qu'il pourrait faire élever sur la toile. Suivant la dialectique , il prit en sa besace un morceau de vélin froissé.
Lucius passa sa main délicatement appuyée sur celui - ci pour le lisser. Serrant l'étau de ses ongles sur la plume, il trempa ces lèvres dans l'encre
comblant le vide.

Citation:
Arsène,

En lisant ta missive , j'ai senti l'odeur folieuse qu'il en dégageait, j'espère que tu n'as pas gagné ta place en prêtant ta gorge à de divers défilés.
Néanmoins , il est plaisant de de telles vers de gausseries, mais l'on ne gêle pas le bec d'un enfant ainsi.

Je suis content, mais loin d'être fier de toi c'est à eux de lire en toi la fierté. Tu es peut être devenue forte , respectée voire puissante ; mais tu as
le verbe bien trop facile. Tu restes pour moi maloneste, et mauvaise comme tu le dis. L'âge peut être t'a aidé, jà tente de ne point devenir ménine.
Il est bien trop aisé de renier ce que nous avons vécu jadis, je doute pouvoir être un jour comme toi. Vois - tu je finirrais dans un fossé, navré.
Mais n'est pas dans mes comptes de me vautrer dans une telle perdition et compromission.

En ce qui me concerne , Arsène ; je suis sujet de voleries de piperies et intempéries.
Même anonyme, je reste irréfragable. Peut être est - ce mieux de rester comme l'on est jà.

Sous son regard,

Lucius

_________________
Arsene
    « Écrire, c'est se mettre nu devant les fantômes ; ils attendent ce moment avidement. Les baisers écrits ne parviennent pas à destination, les fantômes les boivent en route. » Franz Kafka


    Dans les relents d'une chambre d'auberge miteuse, Corleone s'attable. Les doigts fins, parcourus par les spasmes de l'écriture, explorent avec curiosité les replis d'un parchemin abandonné sur l’écritoire. La stature haute et hautaine, elle laisse glisser ses sinoples avides sur l'écriture courbée et insolente. Les mots s'insinuent au creux de ses veines déjà bouillonnantes d'émotions mal-contenues. Les sentiments âcres se forment, distillant leurs funestes symptômes et déjà, la nervosité la gagne et agite en son sein des ressentis qu'elle croyait enfin oubliés, étirant un rictus sur son minois aux traits harmonieux. Le sourire s'esquisse, tordant pour mieux exposer la cicatrice qui brise le vermeil charnu en son milieu exact. La haine et ses sbires prend place pour mieux affoler les sens déjà sensibles et exacerbés de son corps. De ce frère pourtant choyé autrefois, elle ne ressent que l’amertume de choix incompris. Et ce sang commun qu'elle a toujours protégé, lui semble de plus en plus lointain. Elle n'a pas répondu. Perdue entre les affres d'une vie de mercenariat et des afflictions proprement féminines. Mais, un bref instant, l'esprit traître a laissé entrevoir l'esquisse d'un passé où leur relation était perçue comme un idéal. Son souvenir marquant de son passage ses pensées perverties.

    Les digitales oscillent et déjà la plume aux barbules serrées et fauves se niche entre le creux de ses phalanges. Avec vivacité, l'arantèle de sa réponse se trace, piégeant en sa toile lugubre les mots d'une verve acide mais travaillée.



    Citation:
    A Lucius, ce frère effronté,

    Ainsi que tu devrais le savoir, je ne tiens pas à suivre l'exemple d'une mère qui fut trop absente de notre vie pour me marquer de ses habitudes. En guise d'héritage, je ne prête pas gorge mais je fais rendre gorge à ceux qui m'importune. Tâche de ne pas passer de ce côté, tes jours pourraient en être compter.

    Et pourtant, tu peux être fier : de ce passé commun que nous partageons, de cette ambition que nous avons pu porter et ce que j'ai su sublimer. La gloire et la renommée talonnent mon chemin et sont palpables. J'ai dépassé mes rêves d'enfants et j'en nourris de nouveau. Plus grands, plus beaux.
    Pourquoi renier ce que nous avons été ? L'oublier temporairement est aisé. Mais ton souvenir hante parfois ma mémoire. Je ne suis pas ingrate, je n'ai pas délaissé l'enfant que tu étais.

    Tu es sujet aux duperies ? Aurais-tu des soucis ?
    Si tu préfères une vie d'anonymat et d'ennuis, loin de moi l'idée de te faire rejoindre celle plus tumultueuse mais tellement plus fructueuse du mercenariat. Tu pourriras dans la même terre que moi après tout, la marque durable de ton souvenir et de ton existence en moins.

    Que les mânes de nos ancêtres t'accompagnent,

    Arsène.




_________________

Antoine..
Lucius avait passé ces deux derniers mois à errer entre deux sentiments : désolation et consolation. Pouvait - il vivre finalement sans la femme à qui il a juré la vie éternelle?
Après avoir passé quelques semaines chez les frères, sous la cime des verger, lui donnant toujours un avantage précis sur la teneur de ses mots vils soient - ils.
Il repensait à cette vie, ce calvaire et ces avenirs qu'il devrait suivre selon les remous et courants. De loin, très loin , il repensait et relisait uniquement par erreur la lettre méprisante de sa sœur ainée le poussant à tomber dans le fossé de la débauche.
Mais il savait au fond de lui que ces verbes, cette calligraphie recelait une vérité, certes bien rude à tolérer pour un homme qui prêche la liberté, or la liberté est l'utopie qui mène dans le brigandage.
Il prit soin de saisir un vélin, éclairé par la faible et nuancée bougie , dont la cire coule tantôt sur son long, venant s’égoutter sur les pans de la lettre.
Pris par une inspiration douloureuse, une certaine conviction et hésitation orne ses lettres, suçant ses joues lorsqu'il écrit, il inspire très légèrement.





A toi Arsène ,

J'ai connu bien pire que la solitude d'une mère absente, mais aussi celle d'une sœur qui n'a aucun sentiment pour un frère qui se meurt et s'oublie dans les méandre des ombres. J'aurais très bien pu mourir tu n'en aurais point eu de nouvelles et cela n'est que faute mienne. Tu m'as proposé de suivre ta voie, qu'aurais - je ? La vie ? La liberté ?
J'ai perdu ce qui me gardait , me privait de suivre le chemin que tu as tracé, tes pas se sont estompés. Mon épouse s'en est allée.

Je n'ai guère oublié l'enfance et l'enfer qu'elle fut, me débrouiller et devoir renoncer à te suivre, car oui j'ai été un enfant perturbé par une mère sacrifiée et effacée.
J'espère que tu pourras me pardonner pour ces deux mois de silence, et sans doute pour ces mots dont je n'étais pas encore conscient. Je doute que tu puisses souhaiter me trancher la gorge pour cela.

J'ai eu me soucis, et aujourd'hui vivant dans une ombre , personne ne me regarde puisque je ne suis désormais sans identité et sans marque. Actuellement à Dijon, une ville bien peuplée de riches comme d'ingrats.

En espérant que tu pardonne plus que tu ne condamnes,

Lucius.

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