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[RP] Vide-poche itinérant d'une Fleur en mer [II]

Narcysse
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    Neuvième jour de Mai , 1464.
    Port de Bordeaux.


                             Ça fait un moment que je n'ai pas pris le temps d'écrire vraiment. Ecrire pour moi, pour vider toutes ces choses que j'ai en tête, celles que je vis, que je vois ou que j'imagine. Et ça manque! Mais faut croire que j'ai le goût de griffonner que quand on prend la mer ... Parce que oui, ça y est! On a largué les amarres!
    Si tu savais comme ça fait du bien de voir Bordeaux s'éloigner. J'aime beaucoup cette ville mais à force, j'ai l'impression d'étouffer ... Au début on croit que c'est super grand, super vivant, super peuplé, que ça bouge tout le temps, que ça brasse du monde en permanence, mais en fait non. Oui c'est grand, oui c'est peuplé, oui c'est vivant mais c'est comme toutes les villes finalement. On fini par connaitre tout le monde et on se rend compte qu'on croise toujours les mêmes personnes. Et une fois l'euphorie de la découverte passée bin on tourne en rond. Comme partout.
                Alors reprendre la mer, ça fait un bien fou.

                             Au départ ce voyage c'était plutôt mal parti. Du jour au lendemain, Père m'annonce que le Black va quitter le port sans lui. Et ça, bin t'imagine bien que c'est juste pas concevable. Mais il avait des obligations à terre et donc c'était dame Lize qui devait prendre la barre. Je devais l'accompagner pour la seconder et puis parce que le Black c'est notre navire alors il en faut au moins un de nous deux à bord. Bon, j'avais dis oui mais juste parce que je peux pas tellement dire non à Père ... Partir en Grèce ou je ne sais trop quel pays, en mission sauvetage d'un homme que je ne connais pas, avec une presque inconnue à la barre de MON futur navire, avec un équipage que je connais encore moins, sans Père, sans Jakou, sans Sam et pendant des mois et des mois ... Tu t'imagine bien que j'étais pas franchement emballée par le truc.
    Puis ya eu la question de quand on devait partir. Pour moi il nous fallait quelques semaines de préparations, pour Lize il fallait partir de suite. Bon, déjà ça commençait moyen moyen l'affaire. Un sauvetage oui, un suicide, très peu pour moi. Puis Père a tranché et nous a dit que le départ serait pour juin. Bon, Lize a un peu ralé, mais je comprends, son ami est paumée au milieu de nul part depuis je sais pas combien de temps, mais moi, j'étais franchement soulagée. J'ai eu le temps de recruter deux personnes tout à fait charmantes, Lize a pu rassembler ses compagnons et la cale s'est doucement rempli de tout ce qu'il nous faudrait. En attendant juin, on devait partir avec Père en Bourgogne pour latter des méchants. Puis finalement ça s'est pas fait, les méchants sont parti ailleurs. Alors on devait partir ailleurs. Puis plus le temps passait, moins j'avais envie d'y aller. Ni en armée ni en navire. Et moins j'ai envie, plus je cogite. Et ça, c'est pas chouette. Parce que je fini par être moitié aigrie en moi et quand je croise les gens dans ces moments là, j'ai plus envie d'être gentille et aimable.
    Puis les gens ont commencés à jaser, jaser,jaser. Et moi je suis montée, montée , montée. Et paf. C'était décidé, j'irais plus nul part. Ni casser la tronche aux méchants avec père, ni sauver l'ami de Lize. Puisqu'on me laissait un peu sur la touche sans me donner de nouvelles de personne et que ça avait l'air de bien faire marrer les gens alors que moi j'étais en panique totale de plus avoir de nouvelles de Père, j'ai eu comme un gros ras le bol. J'ai préparé mon sac et Goral - le cheval que papa m'a donné quand je suis partie pour Montpellier- et j'allais partir de mon côté sans rien dire à personne; Puis quand ils me chercheraient tous, bin je les enverrais paître. Dans ma tête c'était bien ancré comme ça. Sauf que le jour de mon départ Père m'a écrit. "Embarquement dimanche sur le Black, je prends la barre pour aller jusqu'en Grèce. " ...Bon ... Bin j'ai remis Goral au prés , j'ai vidé mon sac et je l'ai refais avec le nécessaire pour un long voyage en mer.

                             Oh bin tu peux soupirer hein! J'ai de bons arguments. D'abord, la mer me manque. Et ça, c'est quand même pas négligeable. Puis là, Père a remit son tricorne, c'est lui à la barre. Déjà, ça fait deux points indiscutables. Puis j'ai promis à Hélona et Pépin qu'ils monteraient à bord du Black pour aller voir Alexandrie. Une promesse est une promesse.
    Puis après bin je sais pas trop ... J'étais bien déterminée à voyager seule avec mon cheval et "advienne que pourra" mais quelque part, je sais qu'au fond de moi j'attendais quelque chose qui n'arrivera surement pas. Je te le raconterais un jour, peut-être. Quand j'aurais toutes les réponses.

                             En attendant,les amarres sont larguées depuis ce matin, on remonte doucement l'estuaire de Gironde. Bientôt on aura l'océan en vue. C'est la première fois que le Black repart sans Jakou ... ça fait bizarre ... Faut que je lui écrive d'ailleurs.
    Dans quelques semaines on sera à Narbonne pour embarquer la petite tribu Lavergne-Windham et après ça sera parti pour une longue, longue traversé des mers. J'ai compté on va en traverser quatre! Voire même cinq selon où est le pèlerin à sauver.
    Ça risque d'être mémorable.





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Narcysse
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    Dixième jour de Mai , 1464.
    Golf de Gascogne.


                             Punaise c'que c'est bon d'être en mer!! Je retrouve mes petites habitudes, mes repères, ce quotidien qui me convient à merveille. J'ai repris mes parties de jeux avec Hirad. Il est pas commode le bougre! Jamais il me laisse gagner ... Bon je vais pas m'en plaindre, c'est comme ça que j'apprends le mieux, j'aime pas qu'on me ménage. Mais quand même. Rouste aux dames, roustes à la crapette, rouste aux osselets, rouste aux échecs ... Par contre je lui ai mis une rouste au tric-trac. Non mais.
    Il a voulu qu'on fasse un combat de pouces ... bin bien sur! T'as vu la taille de ses paluches?! Il pourrait me broyer une main entière avec un seul de ses doigts ... Alors quand j'ai refusé il a ricané en me traitant de "Peutit choueuse gamine! " avec son accent à couper au couteau et sa grosse voix de nordique. J'adore. Je l'adore. Mais je lui dirais pas. Parce qu' Hirad il aurait pu faire parti de la famille dans le genre qui sourit pas et qui laisse aucuns sentiments transparaître. Mais je crois que c'est ce qui fait que je l'adore vraiment. Il est à l'image de son Capitaine mon Père.Et puis on a pas besoin de se dire qu'on s'aime. On le sait. ça suffit.

                             Nous sommes sorti de la Gironde. On est en plein golf de Gascogne. Les vents nous collent à la côte. C't'un peu chiant là. Ça nous fait bosser surtout. Faut sans cesse rajuster les voiles, Père est accroché à sa nouvelle barre - qui est juste magnifique au passage. Moi aussi j'en veux une comme ça quand je serais Capitaine. - et du pont je peux voir ses yeux briller. Je suis sûre qu'il aime ça. Lui contre les éléments. Là il peut prouver toute sa force et toute la puissance du Black. Il est beau mon Capitaine. En toute objectivité hein. Être derrière la barre, à batailler contre les vents, avec son regard d'acier qui brille plus que d’ordinaire et ce léger, très léger, rictus au coin de la barbe, ouais. Il est beau mon Capitaine. Il était temps qu'on reprenne le large. J'ai jamais vu son regard s'illuminer autant à terre.

                             J'ai eu des nouvelles d'Hélona. Ils nous attendent et Pépin prendra la place de cuisinier avec plaisir. Et ça, bin c'est plutôt carrément chouette. Parce que bien manger c'est important et j'ai comme l'impression que nous sommes tous de bien piètres cuistot pour le moment. Puis Hélona m'a confié qu'elle est enceinte, apparemment Pépin le sait pas encore alors ça reste entre nous hein. Elle a cru que j'allais lui refuser de monter à bord à cause de ça. Ça m'a fait sourire. Je me rappelle que papa disait à maman qu'être enceinte c'est pas une maladie qui empêche de bosser quand la gouvernante avait prit congés pour sa grossesse. Il a raison mais bon, quand même. Je vais pas la poster à la hune si elle a doublé voire triplé de volume. Faut être pragmatique un peu. Donc j'ai déjà une petite liste de plein de choses qu'elle pourra faire sans se fatiguer et tout en s'occupant de leur petit Thomas.
    Puis du coup, j'ai cogité toute la nuit. Je sais pas ce que c'est d'être enceinte mais j'imagine que physiquement ça doit pas être la joie tous les jours. Je revois ces femmes se "traîner" au marché en se tenant le bas du dos en soufflant comme si chaque pas était une torture. Et je me rappelle me dire "mais comment c'est possible d'étirer sa peau à ce point?!" . Alors, je me suis dis que le hamac c'est peut-être pas ce qu'on fait de mieux. Du coup, comme je les ai tous rembourré de laine - ouais finalement j'ai trouvé le mien tellement topissime comme ça que je les ai tous fait.- bin ça fait comme un matelas fin. Donc posé au sol sur un lit de paille ça pourrait être moins pire. On trouvera un moyen de le bloquer pour pas qu'ils passent la nuit à passer de bâbord à tribord, avec une planche et trois clous ça devrait le faire. Ils verront quand ils seront à bord ce qu'ils préfèrent mais je pense que ça peut être une bonne idée.
    Je sais pas si une femme enceinte ça a des besoins particuliers par contre, autre que les envies culinaire tordues. Est-ce qu'il faudrait pas que je demande à Lize si elle s'y connait un peu? Juste au cas où il lui faille de soins ou je sais pas trop quoi ... Je demanderais à Hélona dans ma prochaine lettre. Peut-être qu'il y a besoin de rien de spécial. J'en sais rien ...

                             Bon je vais aller prendre le relais à la vigie. Je sais pas qui c'est depuis ce matin mais il est temps qu'il redescende. J'aime bien être la haut quand y a du vent. Hirad me dit que je suis tarée. Moi je dis que c'est lui le taré. Rester enfermé au mess quand on y voit si loin, c'est n'importe quoi.

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Narcysse
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    Vingt-troisième jour de Mai , 1464.
    Détroit de Gibraltar.


                             Nous voilà tout proche du détroit. Les vent se sont calmés depuis hier, j'ai l'impression qu'on va le passer sans trop avoir à brasser.
    J'aime cet endroit. Il y plane quelques chose de fort. Presque palpable. La séparation de deux terres tellement proche et en même temps tellement éloignées. Deux terres abandonnées de vie si ce n'est animale. Pas une ville ne borde les côtes. La prochaine qu'on apercevra sera Dénia. On sera au bout de la mer d'Alboran, à la frontière des Baléares. On sera presque arrivé à Narbonne finalement.

                             Narbonne. J'ai hâte d'y être. Déjà pour embarquer Pépin et Hélona. Je ne les ai vu que très rapidement à bordeaux mais je suis convaincue au plus profond de moi que se sont des gens bien avec qui il est impossible de ne pas s'entendre. J'espère ne pas me tromper mais ma première impression sur les gens est souvent bonne. J'ai l'habitude de m'y fier et jamais ça ne m'a fait défaut. Je vois pas pourquoi, là, ça changerait.

                             Et puis à Narbonne il y aura peut-être Yorgos. C'est moins sûr mais c'est possible. Tout dépendra du temps que nous mettons à remonter la côte. ça peut aller vite comme ça peut prendre des semaines. J'aimerais tellement pouvoir le revoir avant de repartir. C'est que quand on larguera à nouveau les amarres ça sera pour longtemps. Super longtemps. Avec des gens que je ne connais que très peu voire pas, à part Père. Alors voir un des seuls amis que j'ai à terre avant le grand départ, ça pourrait être chouette.
    Tu vois, lui aussi quand je l'ai vu la première fois bin j'ai senti, en moi, que c'était quelqu'un de bien. Bon, je savais pas encore qu'il allait me démonter les côtes en lice mais lui non plus il le savait pas alors je lui en tiens pas rigueur. Plus maintenant quoi. Oui, j'ai voulu lui arracher les yeux , parce que quand même j'ai douillé pendant de longues semaines après mais c'était amical déjà. "Qui aime bien châtie bien" on dit, bin si je me fie à ce dicton, on s'est apprécié très fort dés le départ.
    Non bon, sans blague, ça me ferait du bien de le recroiser.

                             Sinon bin j'ai eu des nouvelles de papa et maman. Pas terrible. Maman veut plus partir d'Auvergne, Papa galère avec le domaine et envisage de le vendre pour reprendre la route seul. Athar est avec maman et il prend assez mal la chose apparemment. ça m'étonne pas, y a de quoi. Un an en arrière j'aurais ragé contre maman, j'aurais hurlé sur papa pour qu'il vende pas et j'aurais secoué Athar pour qu'il se comporte en homme et qu'il aide son père à gérer l'affaire familiale. Il y a un an j'aurais réagi comme ça. Aujourd'hui ça me passe loin au dessus de la tête. Pourquoi ça ne me touche plus? J'en sais rien. Peut-être parce qu'avant de partir de Blois je pensais que ma petite famille était tout ce qu'il y a de plus normale et qu'après les confidences de papa je me suis rendu compte qu'on a grandi dans le mensonge.
    L'amour a toujours été sincère mais c'est tout. Et encore, comment en être sûre? Celle que j'ai appelé "maman" toute ma vie ne l'est pas, celui que j'appelle "papa" a je ne sais combien de vies différentes et va savoir si mon frère et bien mon frère ... Franchement ...
    Je pourrais leurs en vouloir , ça aurait pu me démolir. Mais non. En fait je m'en fous. Je crois que j'ai eu le bon élan au bon moment, je suis parti pile quand il le fallait et peut-être qu’inconsciemment je sentais qu'il fallait que je m'en aille. Maintenant j'ai ma petite vie, je la construit doucement mais sûrement, comme elle me plait à moi. Je garde les bons souvenirs et j'évince volontairement le reste. Je retournerais les voir, ou peut-être que non, c'est pas ma priorité dans l'immédiat.
    J'ai un long voyage qui m'attends et ma place aujourd'hui est ici, à bord du Black Bow.



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Narcysse
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    Vingt-cinquième jour de Mai , 1464.
    Mer d'Alboran.


                             Gibraltar est derrière nous. Comme à chaque fois, pour le moment, on l'a passé trop facile. A chaque fois que j'entends un marin en parler c'est toujours comme un passage terrible, limite la Mort cachée sous chaque vagues. Bin nous, à chaque fois qu'on est passé par là c'était les vacances ... A croire que le Black Bow est épargné de la colère de Gibraltar. Ce qui ne m'étonnerait en soi. C'est le Black.
    Bon puis quand même, Lize est une bonne Capitaine. Je dirais que la barre n'est pas vraiment adaptée à sa carrure mais elle gère vraiment bien. Parce que même si on a passé le détroit sans encombre, on a quand même subit des vents assez aléatoires.

                             Hier soir on a jeté l'ancre. On a pu passé une bonne nuit, complète, reposante.Je me suis littéralement écrasée dans mon hamac. J'ai sombré comme une pierre au fond d'un lac.
    On a passé une bonne soirée au mess avec Luan et Lize. Puis Hirad qui veillait au grain dans le coin de son comptoir mais , comme à son habitude, il n'a pas dit un mot. Il s'est contenté de ses grognement à peine audibles et de ses petites mimiques à peine perceptibles pour ceux qui ne le connaissent pas comme je le connais.
    Luan est un homme adorable en plus d'être un très bon matelot. Un peu dur à suivre dans la vie de tous les jours je crois mais adorable.
    On s'est imaginé notre arrivée à Alexandrie. Bin figure toi que eux, ils ont déjà prévu de se changer avant de débarquer. Pour être "présentable". Parce que là bas, parait qu'il y a des Princes et Princesses et qu'on peut pas débouler sapé comme des vieux loups de mer. Mais c'est un peu ce qu'on est non? J'ai pas trop compris pourquoi il fallait absolument qu'ils soient présentables avant de descendre la passerelle. C'est pas comme si on allait là bas pour acheter des esclaves ou se trouver un mari. Enfin pas moi en tous cas. Moi je veux juste manger du barracuda au pied du phare en espérant très fort voir des sirènes après avoir visité la bibliothèque.
    Des Princes ... Si je garde mes habits de marin il y a peu de chance pour qu'un Prince ou je ne sais quelle tête couronnée de là bas demande ma main à Père. Raison de plus pour pas me rendre présentable.

                             Tout le monde me parle de mariage depuis quelques semaines. Je commence à trouver ça bizarre ... Chiant, et bizarre. D'accord je vais avoir 17 ans mais bon ça va quoi, j'ai de la marge avant d'être catherinette. Puis quand bien même ça serait pas si grave. Enfin je crois ... Pour moi en tous cas. Et franchement quand je vois le nombre de mariage qui finissent par être dissous faute d'Amour, je me dis autant pas se marier. Si c'est juste pour devenir "madame de" ... voilà quoi ...
    J'arrive pas à voir l’intérêt d'un mariage comme ça. Ils finissent tous par se cocufier et se déchirer ... Enfin bon je dis ça mais le jour où père viens me voir en me disant "Fille, je te présente ton futur mari" bin je sais pas comment je réagirais ... On en a déjà parlé, une fois, quand il m'a demandé de m'adopter. Et bon, sur le coup je me suis pas posée plus de question que ça, trop heureuse de devenir sa fille, et sur le coup ça me paraissait pas insurmontable. Mais là, à force que les gens me parle de mariage, bin je me demande bien comment je prendrais la chose si ça arrivait demain ... 'Fin ça arrivera pas demain, c'est sûr. Tant qu'on est en bateau, j'ai pas de risques de ce côté là.
    Une raison de plus à rajouter à ma liste de "pourquoi j'aime la vie en mer" tiens.

                             Je sais pas quand on arrivera à Narbonne mais il me tarde! Lize dit qu'il va nous falloir une vingtaines de jours. ça dépendra des vents. Avec un peu de chance on gagnera du temps. On peut aussi en perdre selon l'humeur du temps. On verra bien. Mais j'ai hâte!


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Narcysse
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    Treizième jour de juin , 1464.
    Mer Ionienne.


                             Bin ça faisait longtemps que je m'étais pas posé pour t'écrire tiens!
    On est entre le sud de l'Italie et les îles Ioniennes. On est passé par le détroit de Messines, entre l'Italie et la Sicile. Je me répète mais Lize c'est une sacrée bonne Capitaine. Les détroits c'est toujours délicats à passer à cause des courants et des couloirs de vents mais franchement, que ça soit Gibraltar ou celui là bin elle les a passé les doigts dans le nez. Enfin non sur la barre , je l'imagine mal avec les doigts dans le nez ...
    Enfin bref, on avance bien c'est chouette. On devrait être rapidement en Turquie. J'espère que Lize arrivera à rentrer en contact avec le chef de port de Sarkoy. Si il parle pas un minimum l'angloy ça va être coton... Mais bon, j'ai confiance, puis ya le pèlerin sur place. Il devrait pouvoir nous aider. Après tout, c'est pour lui qu'on va zigzaguer entre la mer de Crête, la mer Myrtoenne et la mer Égée .

                             On va passer tout prés de la Grèce. J'aurais tellement aimé qu'on s'y arrête. D'après Yorgos les meilleures olives du monde se trouvent là bas. Je le soupçonne de pas être très objectif mais je veux bien le croire. Tout ce qu'il m'a fait goûter comme plats qui vient de chez lui était juste exquis. D'ailleurs il m'a préparé tout un tas - et j'exagère pas - de pleins de plats différents qui se garde assez longtemps pour que je puisse les manger en route. Bon, honnêtement, il me reste plus que les Kouloubiniou Koukoumaniou Koubouniniou Koukoubiniou ... Mince je sais plus, enfin les petits gâteaux trop bons quoi.

                             Ça m'a fait tellement plaisir de le voir avant de partir! C'était comme une bouffée d'air pur. J'étais triste de repartir, de pas l'avoir vu plus longtemps mais l'appel du large est trop fort pour que je loupe ce si grand voyage.
    Tu sais, je l'aime Yorgos. Je l'aime pas façon "amoureuse" , non. Je l'aime fort comme on aime un frère, C'est mon Yoyore quoi. Et je crois que je pourrais plus jamais me passer de son amitié. Elle est devenue beaucoup trop importante pour moi, si je venais à la perdre par je ne sais quel malheur, je pense que plus jamais je n'y croirais. Déjà Stat' ça m'a fait mal de m'avouer que je n'étais qu'une gamine de passage dans sa vie mais faut bien voir la vérité en face à un moment.
    Je pensais Statère être un ami, un véritable ami, mais il n'a plus prit la peine de répondre à mes courriers depuis celui où je lui ai offert un bracelet en cuir noir pour son anniversaire. C'était il y a presque un an je crois, on était dans les Flandres encore. Depuis je n'ai plus aucunes nouvelles de lui, pas même un petit mot griffonné à la va-vite pour me dire que tout va bien pour lui; Je garde le bracelet orange qu'il m'avait offert à Blois au poignet mais c'est plus que le symbole du début de ma vie, il ne représente plus l'amitié en laquelle je croyais. ... Yorgos, lui, en plus de m'écrire souvent, il se sépare de ses compagnons de route juste pour me voir une petite journée avant que je reparte en mer. Il a beau dire que c'est pas grand chose, moi je trouve ça tellement énorme. Et puis au delà de tout ça, j'arriverais pas bien à l'expliquer mais, je crois qu'il s'est fait une sorte de lien entre nous depuis le premier jour, la première fois où on s'est croisé en taverne avant d'aller en lice. Un lien fort qui s'est tissé sans qu'on demande rien, sans même qu'on s'en rende vraiment compte d'ailleurs. Mais il s'est fait, il est là et j'espère très sincèrement qu'il ne cédera jamais de la vie.
    Puis en plus il est arrivé à Narbonne avec une charrette de spécialités grecques qu'il a préparé spécialement pour moi!

                             En fait, là, en y repensant je me rends compte que tous les gens que je rencontre depuis mon départ de Vineuil finissent tous par me filer de la bouffe. Statère m'avait fait des crêpes, avec de la confiture de groseilles. ... Est-ce que c'est une façon subtile de me dire qu'il faudrait que je grossisse un peu? Je veux bien admettre que je suis pas ce qu'on fait de plus "en formes" mais bon ça va, je suis pas maigre non plus ... Enfin je crois ... Ou alors ça veut dire autre chose mais quoi? Ou ça ne veut tout simplement rien dire à part que j'ai le don pour tomber sur des gens qui savent cuisiner. ... Je sais pas trop si faut vraiment que j'analyse ça en fait. Ça pourrait être bizarre...

                             Sinon bin on a vu des dauphins! Le soleil se levait à peine, j'étais en poste à la vigie pendant que quasiment tout le monde dormait. Quand la mer est calme on ancre le Black pour la nuit. Du coup on était arrêté et j'aurais pu dormir mais comme Lize avait vu une caraque Italienne la veille, je surveillais qu'on soit bien seul, on sait jamais qu'on nous attaque en pleine nuit pendant que tout le monde roupille. Ça serait fourbe mais avec les Italiens on peut s'attendre à tout. Bref, je surveillais les alentours, mer plate, une aurore magnifique qui se levait sur la Corse, pas un pirate ni d'Italien à l'horizon et là, la surface de l'eau a commencé à bouger sur le côté du navire. Je prends la longue vue et je vois quoi, quatre dauphins qui jouaient à quelque mètres de la coque! Du coup je suis allée réveiller Hélona et Pépin pour leur montrer parce que c'est quand même pas tous les jours qu'on a des occasions pareille et puis Lize nous a rejoint. C'était vraiment magique. C'est un matin sur le Black qui restera gravé en moi à tout jamais.
    J'aimerais bien qu'on croise une baleine ou un truc comme ça. De loin. Parce que c'est quand même vachement gros. Mais ouais, c'est un truc que j'aimerais vraiment voir.

                             Après ça bin on a carrément croisé de près une armada de navires italiens. Une fois encore, Lize a eu le bon flair. Elle a préféré les contourner de loin quitte à se rallonger un peu. Mais comme c'est quand même une capitaine qui déchire, elle a rattrapé le retard en passant le détroit de Messines .
    Apparemment l'amirauté Française voudrait qu'on les attende pour qu'ils nous escortent jusqu'à bon port mais le temps qu'ils se décident on sera revenu d'Alexandrie ... Les joies de l'administration... Donc on continu. Si ils arrivent c'est bien, sinon, on fera sans eux. De toutes façon le Black est invincible.


                             Père est sorti de sa cabine. Enfin! J'ai même pu boire un verre avec lui au mess. Rapide rapide mais c'est toujours mieux que rien. J'aime pas trop quand il s'enferme comme ça pendant des semaines. Bon il est grand, il a pas besoin - je pense - d'être materné et encore moins par sa fille. Mais quand même. Je dois passer le voir pour qu'on passe un moment ensemble autour d'une bouteille de Bordeaux. Si je trouve le courage, je lui dirais peut-être que j'aime pas ne pas le voir et qu'il me manque quand il fait son ermite. Quand je l'ai vu se dresser sur le pont j'ai bien failli lâcher tout ce que j'étais en train de faire pour me jeter dans ses bras! Mais je me suis vite ravisée. D'abord parce qu'il nous a donné 4 minutes pour se mettre en poste aux canons et qu'en 4 minutes j'ai pas le temps de lui faire un câlin ET d'organiser mon équipe puis parce que c'est le Capitaine. On fait pas de câlins au Capitaine. Mais si tu savais combien j'en avais envie ... le serrer fort contre moi juste pour m'assurer qu'il est bien là, bien vivant.
    Peut-être un jour je lui dirais combien je l'aime et combien je suis fière d'être sa fille. Ce jour là je lui dirais merci aussi. Merci de m'avoir fait confiance et d'avoir cru en moi. Merci de m'avoir permis de devenir ce que je suis. J'aurais tellement à lui dire. J'espère qu'il le sait, que sous ses airs froids et distants il sait comme je l'admire et qu'il est conscient que je serais toujours, toujours là pour lui comme il a toujours été là pour moi depuis que j'ai ouvert la porte du Banastié à Montpellier.
    Mais peut-être qu'un jour il y aura un moment ou ça sera LE moment pour lui dire tout ça.


                             En attendant, c'est l'heure de ma partie de dames avec Hirad. Et après j'écrirais peut-être à Jakou; Parce que je lui ai même pas écris pour lui dire où on allait ... et ça, c'est pas bien.




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