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[RP]Chap. 2 des Chroniques Italiennes - La bataille de Sarno

Taliesyn_de_montfort
Ce rp se situe dans le passé, autour de Mai 1460 jusqu'à Mai 1461. Il peut y'avoir des incohérences avec l'uchronie de RR car il se base sur l'histoire réelle.
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Résumé de l'épisode précédent : Le Prince, la Médicis et le tyran.


Cliquez ici pour le chapitre 1



      Les prémices - 1443


    Alfonse d'Aragon fait légitimer son fils bâtard, Ferdinand, et le fait reconnaître comme habile a lui succéder au trône de Naples par le parlement de Naples. Un tour de force habile, mais le père est alors aimé, craint et respecté pour avoir conquis de nombreuses terres via des victoires militaires et être parvenu à conclure des alliances avec les vaincus. Mais en tant que Roy d'Aragon et de Navarre, il impose forcément le respect, et le peuple napolitain s'attend donc à voir une alliance prospère naître du lien entre les deux demi frère qui seront amenés à régner chacun leurs terres. Jean l'illégitime devient Jean Duc de Calabre, l'héritier de Naples.

      La création des alliances - 1444


    Prétention du pape a être suzerain du Royaume de Naples, après une prime reconnaissance d'Alfonse et de son fils (sans précision de légitimité) Eugene IV fait une bulle limitant aux fils légitime afin de bloquer la succession.
    Par la Ligue d'Italie entre Venise, Florence, Milan et donc Naples, Alfonse s'assure la reconnaissance par tous les Etats d'Italie de son règne et sa succession. Pour rajouter en sureté il procure à son fils plusieurs alliances dans ses états par les Orsini, en la personne du Prince de Tarente, qui par leur puissance (étendue des fiefs, vassaux, trésors, gens d'armes) était dans la capacité de détrôner Alfonse à tout moment.

      La mort d'Alfonse d'Aragon - Début 1458


    La mort d'Alfonse entraine sa principale crainte : le Saint siège ne reconnait aucun des prétendants au trône de Naples, ni Ferdinand le fils d'Alfonse, ni Jean de Navarre, son frère, ni même l'ancien régent René d'Anjou. Il défendit aux Napolitains de prêter serment de fidélité à ceux ci et délia de leurs obligations ceux qui l'avaient prêté. Il intervint auprès de François Sforza, Duc de Milan pour le faire intervenir en lui promettant le retour des terres prises par Alfonse ainsi que l'attribution de quelques autres en l'échange du passage sous domination de Naples en faveur du neveu de Calixte III : Pierre Louis Borgia. Le Duc refusa et promit même de seconder Ferdinand et la Maison d'Aragon de toutes ses forces.

      Le changement de donne - Mi 1458


    Le Pape Calixte meurt peu de temps après Alfonse et est succédé par Piccolomini soit Pie II, un savant et actif cardinal reconnu pour ses talents de négociateur par ses missions en Empire, son opposition talentueuse durant le concile de Bâle contre Rome etc... A son arrivée sur le Saint Siège, Pie II n'a ni hommes ni or, tout est parti chez les Borgia, il se voit forcer de réconcilier Rome avec Milan pour parvenir a tenir la cour romaine. Sforza l'oblige à reconnaître Ferdinand de Naples, ce qui l'arrange bien car il a pour vœux depuis des années de faire une croisade contre l'avancée des Turcs et donc a besoin d'une Italie unie. Il profite de ces négociations pour faire acter le retour du tribut des Etats Italiens auprès du Saint Siège, maria son neveu à la fille naturel de Ferdinand qui donna pour dot le Duché d'Amalfi, le Comté de Celano etc...

      Le retournement des barons - Fin 1458


    Malgré ses réussites en dehors de ses terres par les alliances de feu son père, Ferdinand n'en est pas plus désiré en son domaine. Son caractère : intriguant, cruel et avare pousse la noblesse a organisé une sorte de résistance.
    C'est le Prince Orsini qui fut le plus défiant envers le fils d'Alfonse et qui fut le fer de lance de cette résistance, n'osant pas quitter sa résidence de Lecce par crainte de finir poignarder ou empoisonner par Ferdinand. Il s'allia au Prince de Rossano, a Josias Aquaviva Duc d'Atri et au Marquis de Cotrone. Ils proposèrent à Jean de Navarre de lui offrir Naples, cependant trop occupé à ses affaires en Navarre et en Catalogne du fait des guerres civiles, il n'eut pas à cœur de rajouter l'Italie à ses problèmes et fut heureux de laisser son neveu à Naples pourvu qu'il fut toujours Aragon. La solution de la Maison d'Aragon n'existant plus par l'abandon de la succession par le fils légitime d'Alfonse, le Roy de Navarre, il se retourne vers leurs anciens maitres : les Anjou.
    Les barons rebutés par le roi de Navarre s'adressèrent à Jean, fils de René, Duc de Calabre, gouverneur de Gênes et toujours prétendant au trône des deux siciles. Il ne fut pas difficile de convaincre ce dernier de l'occasion à saisir. Ce dernier essaya de s'attirer le soutien de Milan, mais cependant n'y parvint pas, trop craintif de voir des Français à Naples en plus d'être à Gênes connaissant les vues des Maisons Française sur Milan, le calcul fut vite fait pour lui au vu des forces en présence et préféré rejeter la proposition.

      A la recherche d'appui - 1459


    Dans un même temps, toujours dans sa volonté de réduire la présence Française, il fit armer Pierre Frégoso, une figure de Gênes pour reprendre la ville à Jean de Calabre, en arme, homme et navire pour s'attaquer à la cité en février 1459. Cependant l'entreprise fut vaine, la ville tenue le siège, Jean de Calabre soutenu par ses habitants, aimé de ceux-ci car gouvernant la ville non pas comme un maitre mais comme le magistrat d'une ville libre, faisant dépendre ses décisions du Sénat et du peuple de Gênes. La proposition du Prince de Tarente fut par ailleurs soumise au Senat, montrant qu'il ne souhaitait recouvrer l'héritage de son père que si les Génois y consentaient. Gênes mit en branle son armée, soutenu par divers corps d'armes alliés.

      L'arrivée du Prince breton - Mai 1460


    A la demande de Nicola Pietravalle di Monforte, allié du Prince de Tarente et donc opposant du Roy de Naples leur suzerain, Ferdinand d'Aragon, Taliesyn de Montfort rejoint son cousin en Italie. Les buts du cousin étant à terme de reconquérir la couronne des Deux-Siciles. Fraichement débarqué à Gênes, le jeune Prince est rapidement mis dans le bain en étant sollicité par le Prince de Tarente, chef de file des vassaux en rébellion et le Doges de Gênes, Jean de Calabre, héritier légitime de la couronne Napolitaine. Les négociations sont tendus, mais l'appât du gain est important, le Prince parvient à négocier des terres importantes qui seront conquises contre un apport de troupes de sa part et la participation de Florence.

      La surprise Médicis - Mai 1460


    Arrivé à Florence, avec plusieurs buts en tête, le premier étant d'utiliser les accords entre la Banque Montfort et la Banque Médicis pour retirer 15 000 florins afin de pouvoir recruter et payer 1200 mercenaires, le second étant de convaincre Cosme de Médicis de se joindre dans le camp de Gênes. Arrivant à la Banque Médicis il tomba nez à nez avec la Duchesse Pazzi, Alessia Medicis, la surprise de voir la fiancée de son père devant ses yeux fit sortir de ses gonds le Montfort jusqu'à être sur le point de tuer l'italienne au sommet de sa colère. Lui reprochant avec force et colère l'abandon de son père avant le mariage, avant la maladie. Les tensions s'apaisèrent contre un accord de dernière minute : aider le Montfort dans ses manœuvres contre aider la Médicis à s'enfuir de son tyran de mari. Suite à sa rencontre avec Cosme de Médicis devant le Palais Pitti et à l'invitation à un bal le soir même, Taliesyn cherchant encore à savoir comment aborder les négociations fut emporter dans l'entreprise d'Alessia cherchant à provoquer tant son père que son mari.

      Le Carré manchot ! - Mai 1460


    Les quatre protagonistes se retrouvent au bal, Cosme, le chef d'orchestre de toute une ville, Alessia, la premier violon, avec une partition qu'elle seule connait, Taliesyn tel un piccolo laché dans un pupitre d'alto faisant tache par sa brutalité et enfin Alessandro Pazzi, un contrebasson jouant un concerto majeur, car sans une touche de drama, la vie n'est rien !
    Après avoir échangé une danse seule au milieu de la salle Alessia et Taliesyn se sépare, enfin la première disparait et le dernier la cherche, tombant par hasard sur un mari jaloux et furieux prêt à l'étriper. Un duel commence, l'un prenant le dessus sur l'autre et inversement, jusqu'à ce qu'à l'issue du duel Alessandro fut sauvé d'une perte douloureuse d'un appendice précieux par l'intervention de Cosmo de Medicis. Un échange s'en suivit où Taliesyn joue son va-tout pour tenter de convaincre Florence de se joindre à la guerre qui se prépare, un dernier rebondissement s'en suivit. En effet profitant de la faiblesse de la position du Prince, le Pazzi tenta de l'égorger purement et simplement, de justesse le breton se libère de son étreinte pour finalement lui couper un membre, son bras droit de dueliste. Ne reste plus qu'à attendre la réaction de Cosme de Médicis.

      Pour le Chapitre 2 - Juillet 1460

    Des interrogations se posent, quel sera le résultat de ces aventures, le Prince gagnera-t-il son pari qui consistait à faire venir Florence dans les rangs de Gênes pour gagner ses terres napolitaines, où est passé la Medicis qui a disparue en plein bal, quels sont les chances de réussite du parti de Jean de Calabre? Enfin de nouveau partis entre dans la danse.

    Nous sommes ici à Sarno, Citadelle fortifiée dans le creux d'une vallée aux défenses majoritairement naturelle liés aux montagnes. Bien que proche de Naples, tous les vassaux n'ont pas rejoint le parti de Calabre, Florence et Venise soutiennent le Calabre, mais seulement en sous-main et à des degrés divers, ce qui fait que le parti de Ferdinand est plus important en nombre, ce qui force Calabre à reculer pour attirer ses ennemis sur un terrain plus défendable que les plaines de l'abbruze
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Pour me suivre
Taliesyn_de_montfort
“Une bataille perdue, c’est une bataille qu’on croit perdue.”

    Non pas que je me cachais, mais je préférais éviter d'entendre les soldats et différents mercenaires maugréer et radoter sur une future défaite qui nous attendrait. A raison certainement, nous n’étions pas assez nombreux et nos différentes fuites en retraite lorsque l'ennemi s'approchait n'arrangeait rien au moral. Malgré qu'aux protestations des différents généraux le Calabre sur les indications du Prince de Tarente, avait reculé pour se retrouver sur un terrain plus favorable, la modeste citadelle fortifiée de Nole, sur la Sarno. Nichée au creux des montagnes, les murs semblaient ridicules à côté. Malgré une fortification rudimentaire, les murs pouvaient tenir quelques jours de sièges, mais certainement pas contre des armes modernes de sièges. J'avais à notre arrivée, fais un tour des différentes armes en état pour nous défendre, et seule la moitié des trébuchets fonctionnaient, ce qui sur les deux trébuchets, n'en laissaient qu'un.... Je rigolai intérieurement, d'un rire jaune forcément, les habitants du vassal de Tarente nous avaient accueillis comme si nous étions les libérateurs de Napoli, nous étions surtout ceux qui leur amèneraient le chaos dans leur ville voire la mort.

    Après avoir assisté à l'arrivée des troupes dans la plaine devant les citadelles, hors de portée des flèches, le camp en face s’installait, et les sapeurs avaient commencés à débiter du bois pour construire des outils d'assauts. J'étais fatigués, et mon humeur défaitiste n'apportait rien au moral de mes hommes, qui avait plus à craindre d'un manque d'engouement des généraux. Alors aussi bien pour moi que pour eux, je m'étais mis à l'écart. Logés actuellement dans le quartier du ghetto, sorte d'équivalence du ghetto vénitien, nous étions bien accueilli par les juifs marchands et banquiers qui avaient tout intérêt à ce que le siège ne tombe pas, la soudarderie étant prompt à piller et tuer les hébreux afin de se servir leur propre solde. Nous étions avec mes 1200 hommes accompagné des vénitiens, mercenaires pour la plupart d'une des maisons principales du conseil des dix du Doge, je n'avais pas eu l'occasion de croiser leur capitaine, mais c'est lui qui avait droit à plus de déférence malgré mon statut de Prince. Je compris vite qu'il était visiblement lui aussi hébreu par ce que mes soldats m'en dirent suite à des conversations avec les mercenaires vénitiens.

    Ainsi je tournai en rond, quand on vint me chercher, la nuit était avancée mais le Doge de Gêne, Jean de Calabre, celui que nous soutenions, venait à convoquer ses généraux et capitaines de troupes, dont je faisais partie, c'est mon écuyer, le jeune Nicolas qui vint me faire parvenir la nouvelle qui lui avait été missionnée. Ainsi je partis directement en direction du logis dans la place forte au nord de la citadelle, surplombant la cité en elle-même et offrant une vue sur l'ensemble du plateau, il valait mieux ne pas se retourner, les 25 000 hommes emplissaient la vue et les nombreux feux allumés avaient pour don de saper le moral, au vu de leur nombre, la consigne avait dû être passé d'en allumer le plus grand nombre possible pour jouer sur notre moral.

    Mes tripes se serrèrent avec cette vue, mais je n'en laissai rien paraitre, arrivant sur la haute cour, je vis que tous les généraux ou presque avait pris le temps de faire toilettes, je trouvais ridicule pour ma part de mourir propre, et n'avait pris le temps ni de me changer ni de me désarmer, ainsi, l'épée à une main à l'horizontale, je filais par la porte principale pour me présenter dans la salle du conseil. Le Prince de Tarente ; 3 000 chevaliers ; avec derrière Nicolla de Monforte mon cousin son vassal, je lui en voulait en ce moment même d'ailleurs de m'avoir emmener dans ce guêpier, le Calabre ; 4 000 hommes; et deux de ses conseillers, Calouste, le capitaine vénitien ; 2 000 hommes ; Sigismond Malatesti qui heureusement nous avait rejoint avec es 7000 hommes deux jours plus tôt, et moi et mes 1 200 mercenaires. Un total de 17 200 hommes représentés par ces différents généraux. Et les mines n'étaient pas joyeuses devant la carte de la citadelle. Je décidais de fermer moi-même mon visage et laisserai les différents hommes commencer les hostilités, quand la situation est mal avancée, les généraux s'engueulent autour de la table, c'est bien connu. Alors je ne dis rien et m'assit.

      Calabre - Messieurs, voici le plan, nous allons devoir compter sur nous-mêmes ces prochains jours, car maintenant que Malatesti nous a rejoint, plus aucune aide extérieure n'arrivera.

      Malatesti - Altesse, je serai honoré de mourir à vos côtés si nous devons périr durant les combats qui nous attendent


    Génial, voilà que nous allons tous crever, mais avec la joie. Il faut que je me rappelle si je venais à survivre, de ne jamais être loyal au point de venir mourir aussi gaiement que cet imbécile

      Tarente - Mes chevaliers, à pied ne serons pas d'une grande aide, nous pourrons êtes cela dit derrière la porte principale pour tenir celle-ci lorsqu'elle cèdera. Il est évident qu’ils n’attendront pas notre reddition ni ne construiront de trébuchet, cela prendrait trop de temps.

      Calabre - J'avais un autre plan pour vos chevaliers, il y'a un passage de col à faire, mais qui n'est pas impossible pendant plusieurs heures pour pouvoir par la suite à 2h de cheval revenir sur l'arrière de l'ennemi. Mais je vous avouerai clairement que c'est suicide de le faire, ils sont trop nombreux à déborder et nous aurons peu de chance de pouvoir tenter une sortie après leur premier assaut.

      Moi, oui parce que finalement je parle - Il faudrait pour pouvoir charger efficacement que leurs troupes soient enfoncés dans la citadelle, ce qui ne manquera pas d'arriver facilement au vu de nos remparts bas et du fait que nous n'avons pas des masses d'archers à part dans les troupes du vénitien. Oui je n'avais pas qu'observer les appartements de luxe de l'hébreu, mais aussi ses troupes.

      Calabre - Si nous abandonnons la porte sans arrière garde pour empêcher l'accès au châtelet du fortin, nous avons peu d'espoir de survivre à l'assaut. Il est impossible Monforte de suivre votre idée. Nous n'avons que comme solution de tenir au moins un assaut pour assurer une reddition en sauf conduit, croyez bien que c'est la mort dans l'âme, je ne pensais pas qu'ils mobiliseraient autant de monde avec si peu de fonds.

      Moi - Il faudrait alors les forcer à attaquer la façade des faubourgs, pour qu'ils s'enfoncent dans la vieille ville et qu'on les tienne dans les goulots de la ville, nous ne souffririons pas de notre manque de combattants dans les ruelles si nous les prenons en entonnoir, il suffirait que les vénitiens se postent là, là et là avec leurs arbalètes. Et avec mes mercenaires je me chargerai de couvrir la place du ghetto. Le tout c'est de trouver comment les forcer à attaquer par ce biais, en montrant une volontaire faiblesse, voir que nous abandonnons les faubourgs pour couvrir mieux les autres zones ?

      Malatesti - Il ne faudrait pas non plus qu'il tarde trop à attaquer, nous avons beaucoup trop de civil, cela fait plus d'un mois que nous sommes sur la route, nous manquons de vivres et les sièges ne sont jamais bon pour les mœurs, les hommes craignant de mourir à chaque assaut violent et pillent leur propre cité.

      Calabre - Qu'en pensez-vous Capitaine Calouste de cette proposition, vos hommes courront un risque important?

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Pour me suivre
--Calouste_rafael



    L'ambiance était des plus pesantes dans la citadelle fortifiée de Nole. Il y régnait cette sensation généralisée de peur comme dans tout siège, alors que la vie dans la cité semblait s'être éteinte au rythme du claquement des armures des milliers de chevaliers et gens d'armes qui avaient pris place dans la ville afin d'y affronter les troupes du prétendant au trône napolitain. Il suffisait de marcher dans les ruelles pour entendre ces murmures d'une défaite annoncée, de l'impossible victoire pourtant espérée par les citadins et les soldats, tandis que l'on s'empressait ensuite de mentionner sur un ton plus fataliste et tragique les interminables pillages et viols qui suivraient la chute de la ville, le massacre d'une partie de la population, et moult autres atrocités qui n'en restaient pas moins que des banalités pour quiconque avait déjà mené quelques batailles ou avait vécu un siège, ce dont pouvait se targuer – quoi qu'il n'y ait jamais eu grand honneur à cela à ses yeux – l'hébreu, lui qui, sept ans plus auparavant, fut le témoin de la chute de la Seconde Rome face aux hordes de barbares ottomans. Le moment n’était d’ailleurs guère sans lui rappeler ce douloureux souvenir du siège de Constantinople, tant il lui était, toutes proportions gardées, assez similaire en de nombreux points, à commencer par le sous-nombre des défenseurs par rapport aux assaillants, l’isolement de la cité ou encore l’impossibilité d’avoir quelque nouveau renfort rapidement. Nonobstant ces quelques traits communs, le byzantin avait prié Elohim pour que la cité italienne tienne, espérant en son for intérieur que ses prières soient davantage écoutées que celles d’il y a sept ans, lesquelles avaient été vaines face à la détermination des turcs à saccager l’ancienne Byzance.

    Bien que confiant en dépit de toutes ces facteurs qui, indéniablement, étaient en défaveur du camp qu’il soutenait, tout comme dans le fait qu’Adonaï, cette fois, écouterait ses prières ; Calouste préférait prendre quelques précautions. Ainsi, il s’était rendu dans diverses boutiques tenues par des confrères hébreux, situées au rez-de-chaussée des bâtiments alors mis à la disposition des troupes du Prince breton et des siennes le temps de la bataille, car il était une chose que la toute-puissance divine et même la force des armes égalait sinon même surpassait largement, c’était l’argent. Nerf de la guerre et plus grande faiblesse des humains, éternel vice proscrit ou moralement condamné par bon nombre de croyances, il restait pourtant, aux yeux du pragmatique oriental, l’une des meilleures solutions pour gagner cette bataille, voire même ce conflit. Aussi, et ce avant de rejoindre la réunion qui devait se tenir le soir, il avait décidé d’échafauder lui-même une stratégie purement pécuniaire, laquelle nécessitait toutefois l’aval et le soutien indéfectible de la communauté hébraïque sur place, qui, conformément à la tradition, possédait généralement davantage de richesses que les autres communautés étant donné la discrimination finalement positive dont elle avait été victime au cours du Moyen-Age à cause de différentes bulles pontificales restreignant aux hébreux les métiers accessibles en Occident à ceux de l’artisanat et touchant directement à l’argent, professions jugées plutôt impures par la doctrine pontificale. Dès lors, il lui sembla judicieux de profiter de cet avantage afin de parvenir à ses fins, et finalement, à celles de la cité fortifiée dans son intégralité qui n’avait logiquement aucun intérêt à perdre la bataille.


    Arrivant vers l’un des derniers édifices de la juiverie, il répéta les mêmes mots qu’il avait déjà prononcé une vingtaine de fois auparavant. « – Shalom ! Koroim li Calouste Rafael Isaac Fiskhe, ani b’aa me Yisra'el. Ani nasui sérène chèl ha tsava. Ani tshriha kecaph, calaph oyève. * » Il fixa fermement son interlocuteur, banquier de son état, tout en continuant de lui parler, expliquant brièvement qu’il pensait qu’en soudoyant les troupes ennemies, il serait fort possible qu’une partie abandonne la bataille en échange d’une forte somme d’argent que les généraux de Calabre ne pouvait toutefois débourser la somme qui, éventuellement, serait nécessaire pour mettre à exécution le plan. L’homme, en face, âgé d’une cinquantaine d’années, secoua légèrement la tête, invoquant qu’il n’avait pas non plus la somme, et malgré les arguments de Calouste, rien n’y faisait. « – Bewakascha… Esir elef shekel. Kol ha kéhila michtatéfète. ** » Les négociations durèrent, l’enturbanné multipliant des raisons assez diverses pour persuader, allant de l’avantage qu’il aurait à financer cette corruption – si tant est que son plan était par la suite approuvé – comparé au risque qu’il encourait en cas de chute de la ville ; qu’il y avait un code d’honneur entre frères hébreux et qu’on n’escroquait pas l’autre, etc. Mais, contrairement aux autres, l’homme semblait peu enclin à participer, et il sembla inutile au byzantin de poursuivre cette conversation somme toute sans issue favorable à sa cause.

    Quittant alors les lieux, Calouste fut interpellé par qu’arriva un serviteur de Jean de Calabre le conviant à rejoindre la salle du conseil afin d’assister à la réunion des généraux et capitaines qui allait incessamment sous peu s’y tenir. Fort promptement, s’il était rendu au lieu-dit afin d’assister aux débats dont l’importance était capitale pour l’issue de la bataille. A l’instar des autres participants, bien que cela fût naturel pour lui, l’hébreu avait adopté une expression faciale assez froide, dénotant la gravité de la situation, tout en conservant un regard sémillant, parcourant régulièrement l’ensemble des personnes présentes. Il préféra rester quelque peu distant par rapport aux discussions qui avaient cours, étant presque passif puisque se contentant d’écouter les différentes interventions dont certaines n’étaient point sans provoquer chez lui quelque remembrance de son passé proche à Constantinople. Lorsque le Doge l’interrogea, il fixa ce dernier avant d’entamer une réponse.
    « – Le seul fait d’être ici fait encourir à chacun de mes hommes un risque important, Calabre. Quoi qu’il en soit, de toutes les stratégies, celle-ci me semble être la moins dangereuse, mais surtout celle qui aurait potentiellement le plus de chance de réussir. » D’un bref geste de la main, il indiqua qu’il souhaitait poursuivre et qu’il ne marquait là qu’une simple pause, avant de reprendre. « – Mais avant toute chose, il est un problème qu’il me semble nécessaire de résoudre, celui de la supériorité numérique de nos ennemis. Et pour ce faire, il me semble que l’argent serait la solution, car il pourrait être astucieux de tenter d’acheter quelques compagnies ennemies, non point pour qu’elles viennent grossir nos rangs, mais uniquement pour qu’elles désertent l’armée d’Aragon. J’ai pris l’incitative de parler avec mes frères hébreux, et ces derniers sont prêts à débourser quelques milliers d’écus pour cela, j’en ai eu leur acréantement cet après-midi même. »

    De nouveau, l’hébreu marqua une légère pause le temps que l’idée ne fasse son chemin dans l’esprit des autres généraux et puisse potentiellement les convaincre. Pertinemment conscient que cette proposition risquée si elle était appliquée, il en fit alors une seconde, qui était similaire à la première mais qui permettait également de trouver une solution pour attirer l’ennemi dans la juiverie. « – Cependant, celle-ci ne saurait pour autant amener l’éventuel restant des troupes aragonaises à s’aventurer dans le ghetto. Pour cela, et ce tout en restant avec la tactique pécuniaire, il pourrait autrement être intelligent – quoi que quelque peu fourbe, je le reconnais – de notre part que de distiller dans l’esprit de ces mêmes soldats la rumeur qu’il n’y aurait plus aucun écus dans les caisses d’Alphonse tout en les informant en même temps que le ghetto regorgerait de tout cet or dont ils rêvent tant, et en précisant évidemment qu’il s’agit là du point le plus éloigné de la citadelle, ainsi que du moins bien défendu, bref, le plus propice à une attaque brève et victorieuse ainsi qu’à un pillage en règle. Cela pourrait être, du moins je le pense, un moyen de les y attirer, tout en permettant éventuellement de nous dégager de quelques compagnies qui, à la suite de la rumeur, pourraient déserter l’armée ennemie de peur de ne réellement pas être payées. » Alors debout depuis le début de son intervention, l’hébreu décida ensuite de se rasseoir, posant ses bras sur les accoudoirs tout en écoutant avec cette même vraisemblable impassibilité la suite des débats, mais également les réponses ou remarques qui pourraient lui être adressées pour rebondir sur ses deux propositions.


Adonaï & Elohim : Dieu
* : Salut / Paix ! Je suis Calouste Rafael Isaac Fiskhe, je viens d'Israël. Je suis un capitaine de l'armée. J'ai besoin d'argent, pour corrompre l'ennemi.
** : S'il vous plaît... Dix mille écus... Toute la communauté participe.

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Taliesyn_de_montfort
“Trouver n'est rien, c'est le plan qui est difficile.”

    Une fois assis, je ne parlais guère avec faconde, plutôt pressé dans mes pensées, l'hébreu avait trouvé une idée des plus lumineuses pour exercer à bien ce plan, et l'idée de prendre en étau nos ennemis parvenait doucement à me ragaillardir, il semblait évident que nous avions une chance. Alors, je cherchais un moyen de maximiser nos chances, ou de me mettre à la place de l'assaillant qui verrait une lorgnette aussi grande. Bien qu'il soit sûr de son fait, Ferrante n'en était pour autant à sa première bataille. Alors, adossé à mon siège, j'observais la carte étalée devant moi. SI je devais assaillir avec des mercenaires pressés de combattre et en surnombre sur les défenseurs, je ne prendrais pas toutes les précautions ni ne forcerai un siège de longue durée. Alors je ne m'obligerai pas à la rigueur d'une ligne de circonvallation et de contrevallation pour isoler la forteresse et couvrir des arrières que je ne saurai pas en danger. Nous sommes tous dans la citadelle. Je prendrai le temps cela dit de construire en plus d'échelles des mantelets pour couvrir notre progression. Mais les murailles sont pour autant bien couvertes par les rares pierrières encore en état. Ce qui si je devais assaillir par un angle me contrarierait. J'aurai quoiqu'il arrive tendance à attaquer l’axe principal qui bien que plus robuste serait plus facile d'accès car moins couvert par tous ces artifices de défense, il faudrait donc repousser certainement un premier assaut sur la porte principale de là à les dégouter de ce plan.

      Prince de Tarente - Qiu serait assez fou pour rejoindre le camp ennemi sans la crainte de se faire étriller? Je n'enverrai personne de mes hommes là-bas.

      Moi - J'ai un écuyer qui se chargera très bien de faire passer le mot dans leur camp. Ils ont des mercenaires français dans leurs rangs, il commencera par ceux-là et nous ne serons ainsi pas trahis par un quelconque accent vénitien, florentins ou génois. Et pour pouvoir glisser le long des remparts sans risquer de se rompre le cou, il vaut mieux être agile et léger. Et assez malin pour s'en sortir et assez loyal pour l’accepter.

      Calabre - Bien, Tarente, ils attaqueront certainement à l'aube, vous devriez préparez vos chevaliers pour partir après les matines, cela vous laissera le temps de vous mettre en position pour réaliser votre assaut. Je me chargerai donc de la mise en place des troupes au niveau de la défense du Chatelet. Retz, Calouste, je vous laisse vous organiser, et prévenez moi lorsque vous aurez le retour de votre écuyer. Avez-vous d'autres propositions avant que l'on se sépare?

      Moi - Une dernière concernant notre plan, je serai d'avis d'encombrer suffisamment la façade des faubourgs pour empêcher de positionner des mantelets au plus proche des fosses. Et de bouger nos pierrières au niveau de la porte principal que vous défendrez. Nous nous positionnerons avec Calouste sur ces remparts dans un premier temps, en étant en sous nombre mais avec une vue dégagée pour les arbalétriers. Cela durant la première vague qui sera certainement orienté sur le châtelet, car plus simple que de boucher le fossé avec des mottes de terres sous les carreaux de nos hommes. Après le premier assaut nous nous positionnerons sur les faubourgs laissant libre l'accès à l'enceinte du ghetto. Cela paraitra un repli stratégique pour renforcer nos positions après l'assaut principal. Cela m'étonnerait qu'ils attaquent sur les deux fronts au début.


    L'accord fut visiblement unanime, nous nous levions donc comme un seul homme sur la clôture par des encouragements de Calabre, certains que nous ne serions pas tous présent à la prochaine réunion. J'échange un regard avec Calouste, et lui précède le pas, rapide jusqu'à mon camp pour retrouver mon écuyer qui aurait la lourde tâche d'assurer la réussite de l'intrigue. Je préférais pour le coup être seul dans mes pensées, ne cherchant pas la conversation avec l'hébreu plus que nécessaire. Bien que j'entendais doucement mes tempes me frapper du rythme de mon cœur, ce n'était plus la peur qui me gagnait, mais la sécurité d'un plan qui parait bien construit. Cependant, selon la vague que nous devrions encaisser, seuls, rien n'était moins sûr que nous puissions y survivre. Il se pourrait que nous soyons des héros, sans pour autant y survivre. Arrivant au camp de fortune installé sur la place du ghetto, je rejoins directement mes hommes dans l'espoir de retrouver le jeune écuyer qui me suit depuis quelques années maintenant. Attrapant le premier de mes soldats passant par-là, je lui demandais d'aller me trouver le petit. Surnom affectif et assez réducteur qui lui était offert.

    Devant le feu de camp, les regards se tournent vers moi, je reste debout à les regarder, celui-ci n'est qu'un vague dédale de tente les unes contre les autres où il est difficile de mettre un pied devant l'autre, en même temps mes 1200 hommes sont là, et rapidement, il est su que je ne suis plus emmuré dans mes appartements, voir même que je sors de la réunion d'avec les autres capitaines. Circonspect devant l'affluence, je sens l'ivresse de l'adrénaline courir mes veines, bientôt nos vies dépendront l'une de l'autre. Alors il valait mieux que je les inspire autant que je l'étais désormais, car il serait insupportable de sentir la peur. Alors, de ma pensée, les yeux baissés sur le feu de camp, je commence à crier pour que tous m'entendent :

      Soldats, cette nuit dormez bien, dormez sereinement, car vous n'entendrez aucun clairon, aucun cor qui ne viendra perturber votre sommeil, profitez pour saluer les frères d'armes qui vous entourent, car demain, à prime, nous tuerons ceux qui nous ont oppressés jusqu'à cette position. Nous avons ce soir mis un plan qui sera des plus difficiles à tenir. Mais sachez-le, le sort de tous ce soir ne dépendra que de notre victoire. Sachez-le, nous serons les victorieux ou nous ne serons plus, sachez-le car bientôt, dans notre geste sera inscrit les faits qui se dérouleront demain. Demain, chaque coup de lames résonnera dans le coeur de tous, demain, nous étoufferons leur troupe en transformant leur surnombre en faiblesse. Je veux vous voir prompt à tuer car pour chaque soldat qui sera à mes côtés, aura trois soldats à tuer pour survivre. Nous devrons survivre à plusieurs vagues, et à la fin de la journée, nous aurons perdus nombre d'entre nous, mais si vous ne fléchissez pas, si vous combattez pour vous et pour votre frère d'armes, côte à côte, vous ne retrouverez pas notre seigneur avant l'heure, mais bénéficierez de l'or des mercenaires ennemis.


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Pour me suivre
L_aconit
"Tuez."

    Le simple mot m'hérisse le poil que j'ai encore rare. Le Prince de Retz a toujours les mots appropriés, tant pour la négoce que pour la guerre. Mais ce mot là est lâché comme l'évidence, comme la solution sine qua non à la vie. Tuer pour vivre, ma sagesse innée me laisse entendre que c'est là bien primitif, mais nécessaire.

    Nous sommes acculés à notre destin depuis plusieurs jours. Là, en face, ils nous guettent. Lames émoussées. Gueules cassées. Les chefs d'armée parlementent sans relâche pour trouver la solution favorable à notre sort. Et lorsqu'ils ne se réunissent pas entre eux, je les entends aussi, murmurer derrière leurs tentes. A leurs putains. A eux-mêmes. J'entends leurs cauchemars, et leurs voix étranglées, lorsqu'ils en sortent au fond de leur couche temporaire. Le camps sent la peur. Tu n'as pas idée. Aucun ne semble penser qu'au grand jeté de dés de la guerre, la victoire est écrite.

    J'ai observé comme à mon habitude, silencieux et effacé. J'ai vu les cernes sous les yeux du Retz. J'ai décrypté ses discours. Lorsque la main d'un soldat vient me frapper pour me dire qu'on m'appelle, je sais que c''est mon tour.

    Le temps est venu de faire tourner la roulette.


Le jeune écuyer s'avance sous la tenture du Montfort. Son visage très pâle est étrangement serein, encadré de ses longues mèches blondes. Au campement, on le dit fille, garçon, jouet du Retz. Les plus sordides rumeurs viennent déchiffrer la relation de l'adolescent et du Prince. Le petit androgyne évite les autres, préférant observer perché sur un toit le monstre ennemi gonfler non loin. Et aucune main ne s'avise de se compromettre sur sa blanche peau, immunité due au pouvoir de Taliesyn de mener à la victoire les rangs. L'Aconit est un intouchable, et reconnaissant, s'évertue de servir au mieux celui qui le protège.


- Vous m'avez fait mander, Altesse.

Deux billes bleues se posent sur l'impertinent breton.
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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) -Recueil
Taliesyn_de_montfort
“La plus grande audace est fille de la plus grande peur.”

    Mon discours est fini, après un silence qui en dit long, je pince mes lèvres, il allait falloir que demain, je parvienne à les motiver, sinon c'est les guêtres et les chausses empli de chiasse que mes soldats marcheront vers l'ennemi. Un soupir, je m'en vais dans la tente de mon lieutenant, absent, je resterai là toute la soirée pour rester au plus proche de mes soldats et les empêcher de ruminer. En ma présence, ils ne se permettront pas de défaitisme, et déjà, une veillée de combat sans cela, aidera grandement à tourner le moral des troupes.

      - Vous m'avez fait mander, Altesse.


    De dos, j'entends le pli de la tente laisser passer le frêle écuyer, un froissement fin, un pas léger, si la voix n'était pas reconnue on pourrait s'y méprendre, le jeune écuyer entre et attends. Finissant de me servir un verre, je me tourne, pour ce plan, Nicolas, sera l'équivalent du reiquet, cette petite gaule servant à faire tomber les fruits. Je souris à l'éventuel jeu de mot qu'il pourrait en sortir, après tout à 12 ans l'on pourrait en dire autant des attributs du jeune écuyer.

      - Oui, j'espère que vous vous sentez d'attaque parce que votre mission sera périlleuse, et de votre réussite dépendra nombre de vies des soldats que vous croisez.


    Je bois dans mon verre, étudiant la réaction du petit, courage, angoisse, de quelle matière était-il fait ? Bien que connaissant sa capacité à éviter de se trouver au mauvais endroit, là, dans ce plan, il n'y avait pas de fuite possible. Etre dans le camp de l'ennemi la veille de l'attaque, c'était automatiquement être au mauvais endroit. Je n'aimerai sincèrement pas être à sa place, préférant largement avoir une épée sur le champ de bataille et faire face à l'ennemi entouré de mes hommes.

      -- Vous irez ce soir joindre le camp ennemi, vous allez les forcer à attaquer nos positions à l'aube. Pour cela vous allez vous mêler à eux sur le camp, et instiller une peur bien pire que la mort pour des mercenaires, le manque de solde. M'est avis qu'ils n'ont à ce jour eu que peu de paie, le trésor du Napoli ne pouvant de toute manière se transporter si facilement et sur une longue cavalcade comme nous l'avons eu.


    Je prends une pause, repense au plan du fait de l'expliquer. Les chances étaient maigres que cela fonctionne, car parvenir à empêcher un assaut était finalement presque plus simple que de forcer un assiégeant à attaquer. Les solutions d'attendre que les défenseurs meurent de faim et défaillent moralement sont plus fortes dans la tête d'un stratège. Mais, je l'espérais mon analyse était bonne, j'avais observé l'installation du camp d'en face, et aucune ligne de défense ni de gros engins de sape n'étaient en cours. Le message était clair, il voulait faire plier cette rébellion de vassaux dans une mare de sang avec pertes et fracas, quitte à y perdre un nombre d'homme improbable. La bataille serait sanglante.

      -- Ainsi je vous charge de leur faire comprendre que le ghetto juif est empli de trésor, d'une manière ou d'une autre. Que les vivres ne manquent pas de notre côté, et que nos défenses ne sont pas prêtes que la porte principale sera bien défendue mais les faubourgs délestés pour défendre la place forte. Ce sera parfaitement visible et le doute dans la stratégie des généraux nous aidera. Je vous sais assez malin mon petit, pour vous en sortir. Nous vous ferons glisser le long des remparts, et nous vous attendrons avant laudes, car à prime, le soleil trop présent ne vous permettra pas de remonter discrètement, soyez à l'heure. Et masquez vos cheveux, grimez-vous, votre faciès sera au-delà de ma protection en dehors de ces murs.

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Pour me suivre
L_aconit
Nerveusement, les mains de Nicolas s'étaient jointes dans son dos à l'évocation de la responsabilité qui lui était confiée. Et lorsque le Prince avait décrit son intrusion dans le camps ennemi, les doigts s'étaient entremêlés , serrés. Pour autant, le petit n'avait pas fléchi. Droit dans ses bottes, l'esprit fécond traçait déjà les lignes de cette nuit où allait être mise à l'épreuve son courage. Lèvres closes, esprit vif bien ouvert.

L'Aconit se voyait au mieux l'enfant de la victoire, celui par qui viendrait le triomphe. Et dans le pire des cas ... L'enfant martyr, mort valeureusement pour une cause qui n'était pas la sienne. Car lui, le petit blanc aux cheveux d'or, lui l'étranger voyait sa cause se tenir inflexible devant lui, un verre de vin à la main, le poussant vers le danger au dépassement de lui même. Nul doute que si ce n'était pas pour le Retz, le petit n'aurait jamais été embarqué dans un coupe gorge pareil. Mais à douze ans, on commence à trouver l'aventure mornette à cirer les cuirs et à panser les chevaux. Douze ans c'est le fantasme des possibles. C'est l'aventure qui tenaille, le risque qui engaillardit. Comment accompagner un homme libre et respecté de tous sans l'envier un peu d'être un adulte...? Sur un ton plus que déterminé, le garçon acquiesça doucement.


- Je ramènerai avec moi la victoire, votre Altesse. Vous pouvez me faire confiance.


Je ne connais que trop bien les faiblesses des hommes, à vous regarder tous. Vous êtes cupides et votre opinion est celle du plus grand nombre.


***

La nuit tombée, deux hommes attachèrent le jeune écuyer à la taille, pas bien épaisse. Par dessus la muraille l'on jeta en pâture le petit, qui le coeur tambour battant à peine pied à terre mesura l'ampleur de sa mission. Porté par l'adrénaline, la mince silhouette passa les lignes ennemies sans faire de bruit, se mêlant aux mercenaires enivrés, certains endormis, d'autres querelleurs, se battant près du feu pour la meilleure place. Ceux là ne l'intéressaient pas . Il s'aventura plus profond dans le campement, à la recherche d'un groupe d'hommes encore bien éveillé, non loin de leurs montures. Ce dernier détail n'en n'était pas un, Nicolas avait une idée derrière la tête, qu'il avait soigneusement recouverte d'un capuchon pour ne pas dévoiler l'or peu commun de ses cheveux. Sur ses joues, la souillure des cendres d'un foyer éteint, dissimulant sa pâleur qui n'avait rien de la région.

Lorsqu'il vit enfin sa cible, un groupe de quatre hommes absorbés par leurs joutes verbales, l'Aconit les contourna. Il s'approcha de l'un des chevaux, et commença à le détacher, faisant mine de se dissimuler derrière sa jambe baie. Il éternua bruyamment, au moment où il s'apprêtait à se hisser sur l'animal, plongeant le groupe dans un silence suivi d'un bruit de mouvement et de bottes soudain.


- Là ! Le cheval !


J'ouvrais de grands yeux sur le mercenaire, faisant mine de me dépêcher pour voler sa monture sans me faire attraper, et lorsque sa sale patte vint m'attraper au collet pour m'êmpecher de commettre mon forfait, je me mis à hurler.


- Sale petit voleur ! Tu pensais aller où comme ça hein ?


Je me débattais comme un beau diable, jurant mille morts que s'il ne mourrait pas demain sur le champs de bataille, ce serait la faim qui l'emporterait, y allant copieusement de sa soeur et de catins, ce qui provoqua un rire général dans le voisinage. Une violente baffe éclata ma tempe, ce qui me cloua le bec quelques instants. Je ne pleurais pas, et finit par tenter de remonter sur l'animal, avant qu'un des hommes ne me fasse retomber sans ménagement.


- Il a le cuir dur le môme!
- Il a surtout la tête dure. Hein petit ? C'est un cheval que tu veux ?

- Parce que tu vas avoir la mandale de ta vie, à la place!


Je levais un bras en bouclier contre mon visage, parant la torgnole annoncée et cria:

- Je veux me casser pour ne pas crever avec vous! Des hommes là bas ont dit qu'ils allaient partir cette nuit, il n'y a plus d'argent pour payer les soldes! Je veux pas crever de faim!

Le coup de vint pas. L'annonce avait semble-t-il fait son petit effet. Les mercenaires échangèrent des regards peu surpris, et l'un d'entre eux cracha même en insultant un dieu que je ne connaissais pas. La faim, les conditions de vie, les blessures mal refermées avaient mis à mal l'incrédulité générale, et l'atmosphère était tendue. Le camps était un grand champs de paille... J'étais l'étincelle incendiaire.


- Qu'est-ce que tu racontes, Aragon paie!
- La paie? Quelle paie? Quand était la dernière hein?
- Ouais , on peut pas dire qu'ils sont ponctuels ces derniers temps !
- Qu'est-ce que t'as entendu d'autre le môme ? Parle !


Je fis mine de reculer pour leur échapper, attisant leur agressivité, sachant comment la désamorcer au moment le plus propice. L'un d'eux me saisit par le pied.


- Ils ont dit ! Ils ont dit que là bas, dans les rangs ennemis, on mange à sa faim! Que les juifs eux, ont de l'argent à foison ! Leurs défenses ... Elles ne sont pas prêtes près des faubourgs !

- Ha ouais ! Ils ont dit ça !

- En attendant tire-toi ou je te coupes les couilles, et je garde mon cheval !


Je détalais sans demander mon reste. La rumeur ferait son chemin. L'épidémie allait enfler, j'étais le patient zéro. Je m'enfonçais dans la nuit, écoutant les troupes s'indigner et les murmures de mutineries, l'affaire avait fait battre mon coeur plus que de raison, je sentais mes jambes se dérober sous mon poids. Dans des fourrés, je tombais avec lourdeur, cherchant les ressources en moi pour rentrer. Ma main vint trouver la tempe poisseuse, absorbé par mon rôle, je l'avais oubliée. Et le simple fait de m'en souvenir fit zébrer la douleur, pulsant au rythme soutenu de mon palpitant.

Rassemblant ses dernières forces Nicolas se leva, blondin cavalant à la lueur de la lune, il rentrait déjà victorieux bien avant Laudes, silhouette essoufflée s'évanouissant dans la végétation.

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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) -Recueil
Ferrante di Napoli, incarné par Taliesyn_de_montfort
“La faiblesse est le courage des autres.”

En face de la citadelle. Camp de Ferrante di Napoli

Un certain vent de panique s'instaure dans le camp, les cloches de l'église de la cité assiégée sonne à peine Laudes. Le Roy de Naples, imposé par le Pape par le biais d'un marchandage de titres et rentes du roy d'Arragon, ne parvenait pas à trouver le sommeil. Finalement ce n'était qu'un jeune Roy qui était plus à l'aise à maitriser les intrigues de cour et la gestion du peuple. Comme le dirait Machiavel quelques années plus tard, Ferrante était "De his qui per scelera ad principatum pervenere" soit de ceux qui sont devenus princes par des scélératesses. Mais de combat point de victoire à son actif, ainsi malgré ses fortes troupes, il n'était empreint d'aucune félicité et était tels ceux qui entame leur première bataille dans ses rangs, une colique interminable.

Ainsi c'est peu présentable, des cernes d'horreur sur un visage usé de fatigue, que Ludovico Sforza, Capitaine des armées Milanaise et héritier du trône ducal eu le faible honneur de découvrir la tête du parti pour lequel il allait se battre avec une certaine vaillance quelques heures plus tard. Si le Prince breton en face pouvait paraitre avec une certaine appréhension logique de celui qui sait qu'il se bat avec moins de moyens et une fortune toute limité, il ne devait pas en être autant pour l'assiégeant qui se trouvait là avec bientôt le double du nombre de combattants. A 25 000 contre 15 000, le sort devrait avoir peu à faire dans ce combat. Faisant les cents pas dans sa tente où sont renversés table et chaises de rage, Ludovico, commençant à connaître Ferrante, ne se fait pas annoncer et entre sans autre forme de procès sous la tente du commandant.


Sforza - J'ai appris que vous aviez ordonné aux capitaines de bataillon de préparer l'assaut pour l'aube. Pouvez-vous me dire quel est cette ineptie ? Nous n'aurons pas assez d'échelles d'assauts, et mes couleuvrines batardes sont encore en route !

Napoli - Nous sommes plus nombreux, je veux un massacre symbolique pour faire marcher en rang mes vassaux, si nous perdons là, nous perdons tout, et nous avons la force du nombre et eux sont acculés !

Sforza - Ne comprenez-vous pas qu'ils ont tout fait pour nous amener sur leur unique terrain favorable de toute la campagne napolitaine ?

Napoli - Et pensez-vous sincèrement que je me cacherai derrière votre poudre et vos canons. Nous n'assiégeons pas Constantinople, le lit des fosses est sec, et je n'aurai pas besoin de canon des Dardanelles pour faire plier quelques vassaux et rivaux, tous doge ou princes soit-il.

Sforza - Mais vous nous menez à un massacre, nous n'avons rien de prêt et n'avons ni mis en place des lignes de défenses ni des lignes d'attaques, à tout moment nous pouvons nous faire prendre par les deux fronts. Et que pensez de votre stratégie de foncez tête basse sur leurs remparts.

Napoli - Ecoutez-vous, suivez mes ordres ou votre couardise sera connue de Rome à Milan, que je n'apprenne pas que vos hommes défont leurs rangs comme j'ai appris que vos hommes n'étaient pas encore en ordre de marche pour l'assaut !

Sforza - Je ne suis pas couard, ni fou et c'est folie que de suivre un plan pareil, ils n'ont ni vivres, ni espoir de gagner. Mes canons seront là dans 5 jours, un coup de canon par quart d'heure aura fort de détruire leurs faibles remparts plats, et une victoire stratégique aura plus d'intelligence et de chance de réussite.

Napoli - J'entends vos arguments, mais dans 5 jours nous n'aurons plus d'hommes, je n'ai plus de quoi verser les soldes, les hommes du Pape m'ont couté une fortune, une alliance de façade quand il s'agit de payer les 9 000 hommes de Baglioni rubis sur l'ongle. Il se refuse d'ailleurs à faire la première vague d'assaut tellement il est peu inspiré. Et que faites-vous du panache, d'une victoire sans combat ? IL FAUT QUE J'ECRASE CETTE REVOLTE TELLE UNE VERMINE DE MON TALON, ET CE SERA FAIT DANS UN BAIN DE SANG !


La dernière phrase était sans équivoque, plus de fonds, manque de temps, des mercenaires qui étaient venus en file indienne réclamer des soldes et menaçant d'un départ, si le Napoli voulait bénéficier de l'ensemble de ses forces, 5 jours pour des couleuvrines seraient de trop. La colère faisait trembler Ferrante, mais la colère d^'etre aussi faible, de ne vouloir que d'une chose, courir se réfugier derrière des remparts. Pourquoi se retrouvait-il là, en tant qu'assiégeant, alors qu'il aurait été plus confortable d'attendre à Naples. Assurément Sforza avait la raison avec lui, attendre devant les remparts que des canons puissants arrivent, quitte a perdre des mercenaires qui ne se battront que de manière indiscplinée pour ne faire qu'a démi-mériter leur solde.

Ainsi, ravalant sa peur, le Roy de Naples apparaissait à prime, précédant l'aube de quelques minutes. Pas un regard pour ces hommes, pas un mot pour ces généraux, il grimpe sur son cheval et monte à l'arrière du camp pour surplomber la bataille. Son règne se joue sur un coup de dé. Ainsi un premier son de cor annonçait la mise en branle, les quelques mantelets s'avancèrent en direction du châtelet, bastion de choix au vu du manque de couverture des remparts des faubourgs couverts par des arbalétriers vénitiens. Et le choc des lames et le râle des premiers tués par carreaux de se faire entendre. S'enchaine des cris de guerre de toutes sortes de famille napolitaines, invoquant témérité, courage et honneur, se finissant parfois dans une ébullition de sang d'un poumon percé ou d'une gorge tranché. L'odeur horrible du champ de bataille commence à monter couvrant la fraicheur de la rosée, un peu de poudre, des tripes et du sang. Il n'y a pour ce premier assaut aucun vainqueur, mais les défenseurs profitent de leur position, pour un génois qui tombe, ce sont deux napolitains qui meurent. Le tocsin sonne sans arrêt et la rumeur enfle sur les remparts. Le pavillon de Calabre bat toujours sur le châtelet d'entrée, et bien que des portions de remparts de celui-ci soutiennent des soldats de Napoli, aucune avancée se fait depuis deux heures de combat. L'inertie de la bataille commence à entamer le moral des troupes en réserve. Les hommes tiennent difficilement le rang dans l'attente, et les hommes doutent de la pertinence d'un assaut si fragile et précipité, alors qu'ils sont les premiers à avoir demandé une solde que seul la victoire peut offrir. Sforza, commandant des hommes milanais, Baglioni, commandant des mercenaires romains, Ferrante, le roy de Naples.


Napoli - Mais que fout Orsini, il a peur de son cousin de Tarente ? A croire qu'il ne veut pas lui reprendre son fief de Prince. Il est tierce et nous ne triomphons toujours pas.

Sforza - Il est encore temps de sonné la retraite pour revenir dans deux jours avec un voire deux beffrois.

Napoli - Il suffit sale couard de Sforza, nous gagnerons en les écrasant, il nous suffit de prendre leur porte pour que nous nous enfoncions comme une vague déferlante dans cette piètre citadelle.

Baglioni- Si vos seigneuries le permettent, ils découvrent actuellement leur flanc du côté des faubourgs, visiblement ils commencent à manquer de force sur le châtelet. Si vous arrêtiez de chercher à savoir qui à le plus gros appendice, vous auriez déjà vu cela depuis quelques minutes maintenant.

Napoli - Assez parler, préparez vos hommes, nous allons profiter de cette ouverture, Sforza, vous serez en couverture pour la troisième vague et vous enfoncerez là où cela cèdera le premier leurs défenses.
--Diamantine_
La mercenaire attendait tranquillement dans son coin, entourée de ses hommes. Dans le coin, tous la regardait bizarrement. C'est qu'une femme, Française, portant une Claymore, l'épée des guerriers Écossais, sur un champs de bataille en Italie... Vous arrivez à suivre? Elle, elle s'en moquait pas mal. De même qu'elle se moquait bien de savoir qui était ses alliés et ses ennemis, qui étaient les "méchants" et les "gentils". Elle doutait même qu'un camp soit plus gentil que l'autre, m'enfin. On la payait pour agir, pas pour réfléchir, alors c'est ce qu'elle allait faire. On racontait d'ailleurs que les coffres étaient vides. Elle avait vu des soldats fuir, elle même n'avait pas eu sa solde d'ailleurs. Mais il suffisait de faire tomber cette fichue ville pour être payée, non? "Fuir, c'est pour les lâches. Pour ceux qui ne croient pas en la victoire. Pourquoi être venu se battre si ce n'est pas pour la victoire? Mourir avec une solde en poche ou se battre les poches vides, quelle différence? L'argent ne sert que si l'on gagne, que si l'on survit." C'était la vérité de Diamantine, c'était le discours qu'elle avait faite à ses hommes pour les faire rester. Ca avait marché dans l'ensemble.

Comme à son habitude, elle était assise, entrain de polir sa longue épée quand on était venu les prévenir : elle allait enfin passer à l'attaque. Elle faisait partie de la seconde vague, avait été choisie pour pénétrer les faubourgs. Enfin! Depuis le début, elle scrutait le champs de bataille, sans appréhension particulière. Elle ne faisait que son métier, elle n'avait pas à avoir peur. Le forgeron as-t-il peur de mourir d'un coup de sabot chaque fois qu'il doit ferrer un cheval? Bon certes, son camps s'en sortait plutôt mal, ils peinaient à avancer. Elle aussi avait remarquée les remparts à droite, quelques peu délaissés. Mais elle n'était pas stratège de guerre. Se relevant, elle avait rangée sa longue épée pour l'attacher dans son dos. La Claymore, quelle belle invention. Seule épée longue à pouvoir se porter sur soit plutôt qu'à la selle d'un cheval. Que c'était pratique! Le contrecoup, c'était de ne pas porter de boucher, et d'être plutôt lente dans ses attaques. Hé, ça pèse son poids malgré tout! Mais face aux lancier, une épée longue sera d'une grande utilité.

Bon, en route! On était venu lui expliquer le rôle de ses hommes.


Vous, vous passez en premier, vous allez prendre les mantelets, les échelles, et vous ouvrez cette fichue muraille.

Evidemment, les mercenaires, c'est toujours en premier. C'est nous qu'on se mouille ! M'enfin... Pas bête la diamantine, elle passera après ses hommes. De toute façon, elle ne va pas s'exposer gentiment aux arbalétriers quand quelqu'un d'autre peut le faire pour elle.

Vous avez tous entendu, on fonce, et ce soir c'est jour de paye! On dînera derrière ces remparts, le meilleur dîner depuis le début de cette campagne, et avec un toît sur la tête! Et peut-être en bonne compagnie pour les plus chanceux d'entre nous!

Ah, une belle soirée dans la couche d'une femme après un vrai repas cuisiner... Comment ça, elle aussi est une femme? Où est le problème ?! Elle rêve de la même chose ! Bref, revenons à nos moutons, et nos soldats, les voici galvanisés. Bien. L'organisation comme à l'entrainement, certains vont prendre des mantelets et avancent déjà. Elle regarde, dirige. Elle pointe un autre groupe d'homme, puis pointe les echelles du doigts.

C'est vous qui avez perdu aux dés tout à l'heure non? Pas de chance les gars, c'est votre tour les échelles !

Les hommes attendent, et elle aussi ! les mantelets en mouvement, elle fait signe à d'autres de suivre. Eux, ce sont les plus malheureux, ceux qui vont déblayer le terrain pour y caler les échelles. Sans doute ceux qui ne survivront pas. Bah, ce n'est pas grave, elle ne les a jamais aimée de toute façon. De loin elle observe, les carreaux fusent, des homme hurlent, s’effondrent, certains sont juste blessés - les pauvres vont agoniser - d'autres meurent. Lentement, mais surement, les plus malins qui s'abritent comme il faut derrière les palissades arrivent devant les remparts et commencent à libérer de l'espace. La rouquine fait signe aux échelles, c'est le moment ! Elle même se met en route. Elle va mettre un peu la main à la pâte. Evidemment, tous ne sont pas sous son commandement, ses mercenaires font leur vie mais autour d'autres hommes prêtent mains forte, et tout ce beau monde avance, unis, main dans la main... Hem, pas autant, mais ça fait comme un petit ras de marée, une vague humaine hurlante et déferlante, venant s'écraser aux pieds des remparts comme une lame d'eau sur un rocher.

Vite on s'abrite derrière les mantelets que les copains ont généreusement poussés. On pose les échelles... On essaye. Certains doivent se mettre à découvert, et quelques uns ne sont pas épargnés. Les échelles ne tiennent pas, ça tangue... Heureusement, ils ne sont pas nombreux sur les remparts et vite débordés. Et puis les arbalètes, c'est long à se recharger. Elle compte... Une salve... Une deuxième... Ca doit être bon ! Alors elle pousse ses hommes en avant, pointe une échelle du doigt. C'est la leur ! Elle laisse quelques hommes passés devant, pour servir de bouclier vous comprenez ? Puis elle suit. Ca grimpe ça grimpe, le malheureux qui arrive en haut le premier se prend un coup de lance, et il se retrouve en bas. Raté, essaye encore. Enfin non, il ne pourra pas réessayer. Tant pis, mais celui-ci, Diamantine l'aimait bien. Alors l'ennemi payera. En se planquant derrière les autres, elle arrive en haut, pose enfin le pied sur les remparts. Bien vite rejoint par le restant de ses hommes, et par d'autres qu'elle ne connait pas, tout le long du rempart.

Elle, elle se met à couvert, le temps de dégainer. Le combat est engagé, les lanciers ennemis face à ses mercenaires. Ils ont l'avantage, mais eux sont plus nombreux. Elle regarde les ennemis... Elle attend une brèche, et quand un de ses hommes se met sur la défensive, elle s'approche subitement, un pas en avant, un coup de Claymore, un lancier en moins. En face, ils sont surpris aussi. Oh comme elle aime attirer tous les regards. Et son coup avait galvanisé ses hommes qui reprenait de l'ardeur au combat, une clameur s'élevant petit à petit sur le rempart qu'ils étaient entrain de prendre. De nouveau elle s'avance, s'engage au corps à corps. Elle n'a pas le droit à l'erreur, son arme ne lui donne pas de seconde chance face à des lanciers. Alors elle le provoque et lui tire la langue. Elle hausse la voix aussi pour se faire entendre.


Et bien mon beau, tu as peur d'une femme?

Ca marche évidement. La fierté masculine, il suffit de la titiller un peu pour gagner un combat sans effort. Celui-ci s'avance, elle fait un pas de coté, esquive la lance, la claymore s'abat sans pitié. Elle inspire et regarde autour d'elle, ils sont entrain de gagner. Alors elle pousse un cri, hurle pour se faire entendre.

On continue les gars, tous dans les Faubourgs !

Elle même cherche les escaliers et descend les marches en courant. Cette fois, elle mène la charge de ses hommes, au milieu des autres alliés. Tout le monde s'engouffre dans les rues. C'est parti !
--Simonetto_baglioni



Une masse de cheveux sombres. Un faciès agréable. Des lèvres à faire pâlir d’envie le plus aguerri des eunuques. Et un corps à se damner. Pourtant, ce soir, alors qu’il honore sa courtisane Simonetto laisse voguer ses pensées vers d’autres faits. La basse besogne le vide et le fatigue. C’est sain qu’ils disaient. Lui n’en ressent plus aucun plaisir. Mais il le fait. Comme toute chose qu’on attend de lui.

Tapant les fesses de la donzelle du plat de la main, il la regarde courir vers d’autres venus. Ses braies se rajustent. Sans sa tête il est déjà tout à sa future bataille. Celle qu’il aimerait bien voir se muer en victoire. La victoire pour son roi. Pour son peuple. Pour Lui. Une étincelle de fierté dans les yeux du mentor. Ne tuerait-on pas pour ça ? La ceinture est rajustée à la va-vite. Se déshabiller. S’habiller. Il lui semble ne faire que ça depuis des semaines. En même temps, dans un cul de basse fosse pareil, que voulez-vous faire d’autre que de rendre visite aux putes du bordel ? Les derniers boutons de sa chemise. Sa cape de bonne facture. Et pour finir ses bottes, qu’une fille termine de lasser. Il ne manquerait plus qu’il ait l’obligation de se baisser. À ses souliers ce sont les autres. Devant la pointe de ses orteils. Un geste. Un seul petit geste. Et il écrase le monde. Du moins se plait-on à le lui rappeler depuis sa prime enfance. Et les mantras de ses pairs ont fini par avoir raison de lui. Il y croit. Foutre dieu, il y croit.

Simonetto tu vas tomber de haut. Et ça fera mal.

Les tentes sont avalées de son pas pressé. Partout des soudards. Certains déjà imbibés par de la mauvaise gnôle. Chacun cherche son courage avant de partie aux combats. Et il semblerait que pour eux ce soit au fond de la bouteille. L'homme est racé. La barbe soigneusement entretenue. La coupe savamment orchestrée. La démarche souple d'un habitué au maniement de l'épée. Les jambes arquées des gens qui ont trop montés à cheval. Le fond de la paume buriné en un cuir dû à l'exercice. L'alcool il connaît, mais pas avant d'en découdre. Son esprit doit lui appartenir.

D'un mouvement ample Simonetto Baglioni, militaire de son état, pénètre sous la tente des délibérations. Là où la bataille se joue en de petits soldats de bois que l'on déplace sur une carte. Dehors ce sont les cris, le sang et les entrailles. Rien à voir. Son bras passe devant lui, et il se plie en un mouvement élégant, saluant là le Sforza, ami de longue date.
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