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[RP geôles] D'un besoin plus qu'un défit (suite).

Axelle
Le trajet depuis la clairière lui avait semblé durer une éternité. Tête baissée et lèvres clauses aux côtés du roi, elle n'en finissait pas de chercher des réponses. En vain. Plus d'une fois, elle avait rongé comme elle l'avait pu l'envie de s’arrêter en plein milieu de la route pour exiger des explications. La seule chose qui était parvenue à garder sa langue bien rangée contre son palais était le souvenir du froid de sa propre lame à même sa gorge. Non, elle n'avait pas fait cela pour craquer maintenant.

Les lourdes portes des Yeux d'Hadès s'ouvraient sur son passage et se refermaient aussitôt sur les pas de l'improbable duo sans que la moindre question ne s'échappe des lèvres des gardes. Et l'un d'eux aurait ouvert la bouche qu'elle n'aurait pas répondu, tout comme elle refusait encore d'adresser le moindre mot à Donatien. Le seul son qu'elle daigna faire entendre fut un long soupir résigné en descendant l'escalier raide menant aux caves. Derrière eux, les verrous grinçaient en se refermant, et son pas hésita un instant avant de poursuivre cette descente inepte.


La Bosse était à son poste, le regard fuyant s'éclairant d'une lueur jouissive en reconnaissant le visage du Roi. Sa trogne grise s’éclaira d'un sourire qui ne se cachait pas, soulagé que la survie de la gitane lui assure encore quelques beaux jour au sein de ce nouvel havre de pierre et de fer. Pourtant aux premiers mots de la gitane, le sourire se débina, laissant place à une stupéfaction pleine.


Cellule 28. Gauthier Sarati. Visite interdite. Pour le coup, ce fut la Bosse qui resta interdit, fouillant le visage brun pour comprendre pourquoi diantre elle mentait. Mais sachant que s'il voulait une réponse il devrait la trouver par lui-même tant la gitane ne cracherait rien, sur un grognement âprement ravalé, il griffonna les indications et consignes avec un agacement palpable. Sauf que la manouche continua à parler et que le grognement ponctua la conclusion.

Faites apporter sur le champ paillasse, table et chaise. Un seau d'eau claire qui devra être changé au minima une fois par jour. Couvertures en nombre suffisant, linge, chemises et braies propres. Trois repas par jour.


Sans attendre davantage elle attrapa une clef et reprit sa route, sans adresser le moindre regard à Donatien, s'enfonçant dans le dédale de couloirs où les tristes portes ferrées se succédaient les unes aux autres pour enfin s'arrêter devant l'une d'elles. Les gongs grincèrent et elle entra dans la cellule froide et puant l'humidité.


Tu iras où j'irai ? Je suis là. Entre.

Elle n'en dit pas davantage, attendant que les gardes installent ce qu'elle avait fait demander. La Bosse avait beau avoir grogné, tout fut prêt avec une rapidité sans faille. Et ce ne fut que lorsque qu'ils eurent tous regagné leur poste que la gitane referma la porte, faisant sinistrement grincer la serrure. Puis elle resta là, le regard posé sur le bois épais et d'une voix monocorde, sans se retourner.


Lave-toi et change-toi. Ensuite, tiens ta première promesse et explique-moi. Fais vite s'il te plaît. J'ai froid.
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Donatien_alphonse
Que ce voyage aura parut être des plus longs pour notre Rey des thunes autoproclamé de la Cour des miracles, lui qui s'avançait depuis cette clairière aux abords de Paris et, en compagnie d'Axelle en personne, anciennement Prévôt de la ville de cette vaste citée.. Anciennement oui, car Donatien n'est pas un simple d'esprit comparé à ce qu'il pourrait laisser paraître.. pourquoi ne le mène-t-elle pas au Châtelet ? Il y a pourtant toutes les geôles dont un homme qui souhaite se faire enfermer pourrait rêver ! Des geôles aux sols recouverts de boue, de pisse et de sang, des murs encrés de sévices et lourds souvenirs anciens et ces marques, causées par les détenus eux même.
Dans de nombreux cachots et nombreuses cellules au travers tout Paris, il vous sera alors donné de pouvoir contempler les passages du Roi fou en personne. Avec le temps et une réputation qui n'a de cesse de s’accroître, ces vestiges deviendront bien vite, des œuvres d'art qui sait !

Les portes d'un bâtiment qu'il ne connaît pas sont enfin poussées. Même si l'endroit lui paraît être familier, c'est bien la toute première fois que le cuir de ses chausses recouvre cette terre et ces uniformes autour de lui.. jamais encore il n'en a vu de tels ! Ce n'est pas la Prévôté et visiblement pas un ordre de chevalerie, ni une famille réputée.. Axelle n'a pas chômé visiblement mais le balafré se doit de tirer tout ça au clair.
Première halte face à cette montagne de.. de.. face à cette boule ou tout ce qu'elle pouvait représenter encore, il n'en savait foutrement rien et le Donatien préférait détourner le regard plutôt que de s'attarder sur cette.. chose.. Enfin, vint l’énumération de la liste des biens dont il pourrait disposer une fois en cellule, ce qui s'annonçait être l'un de ses plus beaux séjours en geôle pourrait alors prendre l'allure de véritables vacances.
Rendez-vous compte, pas encore mariés et déjà, tous deux auront le droit à leur lune de miel dignes des rois et pour cause, n'a-t-elle pas dit "trois repas par jour" ? Avec un tel confort de vie, pourquoi diable voudrait-il quitter ce lieu ?

Mais sans un mot toujours, restant à bonne distance de la gitane et des quelques gardes qu'ils rencontrent, le fou lui ne peut néanmoins s'empêcher d'adresser à ces derniers, quelques sourires provocants tout en agitant de temps à autre, ses paluches, d'un air de dire "j'ai les mains libres, j'peux m'toucher comme bon m'semble !". Et oui, c'est qu'il avait toujours un foutu problème avec tout ce qui pourrait s'apparenter à de l'autorité.
Alors un homme en uniforme, qui porte une arme et qui pionce le dos posé contre un mur, attendant la venue de la gitane pour dans un sursaut se redresser, lui il appelle ça, une foutue autorité !
Quoi ? Nan, Axelle c'est.. comment dire.. c'est différent, mais vous ne pouvez pas comprendre, c'trop compliqué..

Et la descente aux enfers commence, le prophète du Malin s'en va rejoindre son seul et unique Maître et pour l'heure, elle est Maîtresse. La gitane ne tarde pas à pousser la porte d'une cellule avant que l'invitation ne soit enfin donnée, forçant ainsi un balafré à faire son entrée en cet espace qui sera le sien pour une période qu'il ne peut déterminer encore.
Enfin, d'autres foutus gardes occupés à apporter tout ce qu'Axelle avait mentionné un peu plus tôt et c'est d'un regard parfaitement attentif que lui veillait à ce que rien ne manque. Jusqu'à ce que les gardes repartent enfin et que la porte claque dans son dos. Lui qui pensait alors être seul, ce qui ne fut pas le cas, bien conscient de ce fait lorsqu'il entendit de nouveau, la voix de la Casas. Elle s'était donc décidée à rester et à se montrer patiente, jusqu'à ce que des explications lui soient apportées. Les femmes !

Mais le Roi fou restera de marbre, nul mot ne lui sera adressé en retour, elle qui n'est pas censée ignorer se trouver être en la présence de son nouveau détenu. Le corps recouvert de crasse et de sang ne tarde pas à empoigner le sceau d'eau en question pour déposer ce dernier sur le dessus de la maigre table. Ainsi, pendant quelques instants, ses yeux restèrent plantés dans son propre reflet.
Et que voit-il alors à cet instant précis ? Un sourire éternel alors que sa créatrice n'est pas loin.. un visage lacéré, tout comme celui de Kelel.. mais où est la Pâle alors ? Mérance a-te-elle les compétences requises pour, qu'elle vive ?! De force, le regard se détourne alors que les mains plongent une première fois.. le visage est rincé abondamment et déjà, sang séché se mêle à cet eau pourtant clair jusqu'à présent.. ce sang est celui de la Matriarche du clan Azzurro.. comment lui peut-il encore vivre après cet acte odieux qu'il vient d'accomplir..

Ses fripes sont retirées une à une, ceintures et nombreux objets et autres accessoires accrochés à ces dernières sont alors déposés sur le dossier d'une chaise et c'est sans la moindre retenue, qu'il se mit à nu. Dévoilant ainsi, tous les tatouages qui recouvrent l'intégralité de son torse et, son dos.
La toilettes se veut être soignée, appliquée et surtout, rythmée !
"Hm hm hm hmmmm.. Hm hmmm hmmm.." C'est qu'il y en avait du sang séché et de la crasse à retirer, peut-être la gitane finirait-elle pas perdre patience mais au moins, elle pourrait converser et ce pour la première fois, avec un Donatien propre !

Enfin, braies propres et chemise sont portées.. préférant rester pieds nus pour l'heure et ne s'occupant aucunement de reboutonner son nouveau haut, le Roi fou pouvait alors se vanter être traité comme un véritable petit prince, malgré cette atmosphère dans laquelle il se trouvait pourtant.


"Depuis ce soir à l'auberge du Chat.."

Enfin, les aveux pouvaient commencer alors qu'il se tenait toujours debout face à la tablée sur laquelle il prend appui du plat de ses deux mains, regard parcourant le dessus de cette eau quelque peu rougit.

"Une seule pensée n'avait de cesse de me hanter.. je ne savais pas, si.. si.. l'idée de te savoir morte me tourmentait jour et nuit !"

Lentement, il se redresse, tournant sur lui même, faisant pleinement face à la porte de sa nouvelle cellule.

"Raison pour laquelle, j'ai fais mander Maryah, pour qu'elle te recherche car.. tu n'étais pas non plus au Chât'let !"

Le Roi fou se tient bien droit, prêt alors à dévoiler ce que jamais encore, il n'aura eut le courage d'aborder réellement avec qui que ce soit.

"Depuis ce soir Axelle.. je ne suis plus moi même.. j'ai.. des absences.. certains disent qu'ils m'ont vu parler aux ombres, d'autres me fuient et préfèrent ne rien avouer.. j'ai fais des choses bien plus horribles que le seul Donatien n'aurait été capable de réaliser !"

Des choses que lui même n'aurait jamais pensé pouvoir accomplir.

"Ce sang qui recouvrait mon visage.. c'est celui de Kelel ! J'ai.. je l'ai frappé sans ret'nue.. avant de lui lacérer le visage avec du verre brisé.. pour finir.. je lui ai crevé un œil ! Donatien lui n'aurait jamais fait ça !"

Nerveusement, il s'avance d'un pas puis, d'un second, sa voix se veut être quelque peu saccadée, enfin il cède à un semblant de panique, comme s'il craignait que l'autre ne vienne à nouveau lui souffler à l'oreille.

"C.. ce n'était pas moi Axelle ! Je l'entends dans ma tête, il sait puiser la colère et la haine au fond de moi ! Ce n'était pas moi Axelle, crois-moi !"

Et comprend alors le fait qu'il vaut mieux enfermer ce personnage à tout jamais dans cette foutue cellule, l'avenir de Paris, du Royaume tout entier et des pucelles en dépend !
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Axelle
Le regard vissé sur le bois dont les nœuds dessinaient d'improbables visage, parfois drôles, parfois effrayants, la gitane attendait d'une patience toute relative alors que les clapotis de l'eau et autres cliquetis se perdaient dans son dos. Elle en était à dévisager un homme au nez infiniment long et à la bouche trop petite quand, enfin, les premiers mots de Donatien depuis la clairière la tirèrent de son imaginative contemplation. Elle écoutait chaque mot, décortiquait chaque respiration ponctuant les phrases, percevait chaque pas glissant sur le sol de pierre, jusqu'au gémissement infime de la table sous un poids l'accablant. Alors, délaissant l’exercice enfantin de débusquer lutins et autres gnomes dans les veines d'une porte, elle cherchait à reconstituer tout ce qu'elle aurait pu si facilement voir, mais refusait encore de regarder. Comme si simplement l'avoir face à elle, observer son visage, se perdre dans son regard et dévaler le long de sa carrure avait eu ce don prodigieux d'altérer le jugement qu'elle posait sur les aveux qu'elle écoutait.

Et le premier jugement était des plus cinglant.


Arrête Donatien. Les petites voix dans le crane, ça n'existe pas. C'est juste le baratin recuit de ceux qui n'assument pas leurs crimes. Leur besoin d’alléger leur conscience de toutes les façons, même les plus minables, d'un magistral et honteux: c'est pas ma faute !


Oui, sans aucun doute, là aurait été les mots qui seraient sortis âprement de sa bouche alors qu'elle se retournait, si elle n'avait su, bien que le connaissant finalement si peu, que Donatien n'était pas de ces inconséquents-là. Le roi des Miracles était certes une des pires raclures de la capitale et certainement aurait-elle dû chanter les louanges de tous les saints possibles et imaginables d'être encore vivante et entière, le roi n'en demeurait pas moins droit et honnête dans ses actes. Sous la couche de tatouages et de cicatrices sur lesquels le regard noir divaguait, se tenait un sens de l'honneur et une loyauté certaine envers ceux qu'il jugeait assez dignes de la recevoir. Pour la gitane, s'il y avait une dualité en Donatien, c'était celle-ci. Dualité assez intrigante et désarmante pour que la gitane soit captivée par cet homme qu'elle aurait ignoré s'il y avait eu en lui la moindre trace de fausseté.

Et lorsque qu'elle délaissa les circonvolutions d'encre gravées au torse s'offrant à son regard et à sa convoitise pour retrouver le regard mâle, encore une fois, elle ne lut que la sincérité. Sans le moindre masque, il lui dévoilait sa panique, ses tourments, sa peur. En toute conscience, il lui tendait une arme dont elle aurait pu se saisir pour le détruire bien plus sûrement que toutes les lames réunies du Royaume. Pourtant, le visage gitan ne pouvait être plus doux quand, s'approchant d'un pas, elle parla d'une voix basse.

Donatien, es-tu en train de me dire que me croire morte t'a rendu fou*?


En pas de plus encore.
Mais regarde-moi, je suis là. Et d'un élan s'approcha encore, fondant son corps contre le sien sans la moindre hésitation. Je suis là, tu vois, bien vivante, alors, tu es guéri. N'est-ce pas ? Plus besoin de t'enfermer. Non ?

Raccourci, sans nul doute, mais à l'instant, la gitane déboussolée par les révélations ne pouvait encore dire mieux.


[Désolée, je n'ai trouvé de vidéo sans les commentaires, mais tenais vraiment à cette de version Crazy par Sol.]

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Donatien_alphonse
Cette cellule dans laquelle tous deux se trouvent alors, un Roi fou aux yeux rivés sur cette porte de bois face à laquelle se tient la gitane, parfaite en toutes circonstances car cette dernière ne cesse alors de lui exposer son dos et cette chevelure inimitable qui ne tient qu'à elle. Mais Donatien n'est point en ce lieu dans le simple but de se trouver être sous l'emprise d'Axelle, seule véritable libératrice de ce mal qui le ronge depuis bien trop longtemps déjà à son goût.
Mais enfin, elle finit par se retourner, offrant son visage à celui balafré qui jamais ne cesse de se confier, éclater la vérité au grand jour.. et, triste vérité que voici et pourrait tout droit le conduire en un espace que l'on réserve aux fous jusqu'à ce que ces derniers meurent de par leur propre tourment.
Et en voici une idée, un tel lieu n'existerait-il donc pas déjà ? Et ce lieu ne se nommerait-il pas « Cour des miracles » ? Bien entendu, mais l'idée qui germe en l'esprit du Rey semble lui être bien plus que plaisante, si bien qu'il pourrait s'en perdre alors..

Mais la présence gitane est bien plus forte et semble happer la conscience du balafré qui se laisse prendre, tout son esprit est sien et le voici alors comme, apaisé, en proie à des griffes qui autrefois, se voulaient être menaçantes à son égard.. dans cette clairière, lorsqu'elle prenait enfin le dessus pour le marquer à vie de sa lame.
Depuis, pas une seule journée n'est passée sans qu'il ne pense à la Casas et à chaque fois qu'il croisait son propre reflet alors, il se trouvait être comme projeté en ces souvenirs intacts, la trogne collée à cette herbe quelque peu maculée de leur sang. Jamais il ne pourrait oublier cette toute première danse en compagnie d'Axelle.

Cette dernière s'interroge et dans un sens, elle dit vrai, bien qu'avec le Roi des fous, tout est tellement plus complexe à chaque fois et pourquoi seulement se devrait-il de faire simple ? Les simples d'esprits s'en trouveront être les toutes premières victimes, SES victimes et des proies de choix dont il pourra se délecter à sa guise.
Qui l'a regarde, il ne fait que ça depuis qu'elle s'est retournée vers lui.. comment pourrait-il ne pas l'observer alors qu'elle prend enfin la parole, elle dont la présence à tout son effet sur Donatien, lui, déboussolé et bien plus encore lorsque les deux corps vinrent se rencontrer. Machinalement, ses deux mains se posent sur les hanches adverses alors que le regard est plongé parfaitement dans celui de la gitane.
Ces fines lèvres qui s'agitent face à lui, ces traits fins, cette peau très légèrement caramélisée et de nouveau, cette chevelure dont jamais il ne se lassera.. La Casas était parfaite et jusqu'à ce qu'il en perde la voix, il pourrait le brailler sur tous les toits de la vaste citée Parisienne.


« Axelle je.. tout a commencé oui suite à cette nuit au Chat Glouton et.. à partir du moment où je te pensais morte. »

Donatien tenait plus que tout à se faire enfermer suite à ce qu'il venait de réaliser en la cave du Repère Azzurro à la Cour des miracles. Kelel.. saurait-elle seulement un jour lui pardonner son atrocité ? De toute évidence, la seule façon pour lui de fouler à nouveaux ces pavés des bas quartiers, serait que la Pâle finisse par le pardonner, il ne peut en être autrement.

« Je.. je n'veux pas te faire mal.. je n'veux plus faire de mal à ceux que j'aime Axelle ! »

Oulah, coupez tout, éteignez les lumières et veuillez quitter la scène, il y a comme un malentendu dans le scénario là ! Scénariste ?! Venez par ici ! Pouvons-nous savoir pourquoi ce « j'aime » est sortit de la bouche de Donatien ? Hm hm.. d'accord donc oui.. tout naturellement et ce, même pour celui que l'on nomme le Roi fou, celui-ci n'en restait pas moins humain avant tout et c'est bien un cœur qui se trouvait être en sa poitrine.. le fait alors qu'il lui soit donné de développer certains.. sentiments – oui c'est le mot – à l'égard de certains et certaines était une chose tout à fait abordable.. mais de là à ce qu'il en fasse indirectement l’aveu à la gitane alors..

« Je souhaite rester enfermé quelques jours ici.. je veux être certain que je sois enfin.. libre ! Comprends-tu ? »

Et de nouveau, ce même regard qu'il lui avait offert autrefois à l'ombre du châtelet de la Prévôté. Ce même regard qu'il ne maîtrisait pas ou plus et qui n'avait de cesse de le trahir sur ce qu'il pouvait ressentir..
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Axelle
Elle avait écouté. Sans plus broncher. Sans plus qu'un seul mot ne franchisse le seuil de sa bouche. Puis avait détourné le regard de celui qui, sans le moindre doute, une fois de plus, aurait altéré son jugement en s'enroulant perfidement à sa raison. Trop impulsive, elle savait l'être. Souvent ce trait de sa personnalité était souligné par d'autres, sans pourtant qu'elle n'en ai besoin pour le savoir. Elle savait agir trop souvent sur un coup de tête, quand ce n'était pas sur un coup de cœur. Sauf qu'à cet instant, elle devinait que la plus grosse erreur qu'elle pouvait commettre était d'agir de la sorte. Ceux qui connaissaient ce penchant de sa personnalité qui, trop souvent, la faisait buter, tentaient de la résonner, pour son bien. Mais Donatien, là, face à elle, s'il avait compris un peu de quel bois elle était faite, serait-il de ceux qui aident ou de ceux qui usent et abusent ? Finalement, elle n'en savait rien, ne le connaissant que si peu. Les choses avaient si rapides, si intenses que toute cette étrange relation avait été bâtie sur l'instinct. Et pouvait-elle réellement se fier à cet instinct si versatile ?

Le regard noir se fit lointain, un long moment. Un moment nécessaire pour remettre les choses en place, même si tout restait de guingois. Puis avec une lenteur alarmante, le regard noir se posa à nouveau sur le visage balafré.


Ceux que tu aimes ? Mais Donatien, je me contrefiche de ceux que tu aimes. La blonde est défigurée avec un œil en moins ? Mais que veux-tu que ça me fasse ? J'aurai même plutôt tendance à en sourire vois-tu, elle qui était à deux doigts de tirer sa lame alors que j'étais au sol et qu'elle me croyait incapable de me défendre encore. Si je ne le fais pas, c'est par considération pour toi, et rien d'autre. Et l'aurais-tu tuée que ça m'aurait même rendu service. Je ne suis plus Prévôt, Donatien, mais crois-tu vraiment que ça ait changé quelque chose ?


Elle secoua la tête mollement, alors que se reculant quelque peu, elle suivit la courbe des tatouages exhibés en lentes caresses ambiguës. Tu me parles de ceux que tu aimes. Que tu ne veux plus me faire de mal. Je ne peux qu'en être touchée, mais as-tu pensé au risque que je prends s'il venait aux oreilles des tiens que je te retiens ici ? La main divaguait, couvée par le regard noir qui s'allumait de lueurs obscures. Tu me parles de ceux que tu aimes, mais as-tu pensé à ceux que j'aime, moi ? À leur colère, à leur vexation, à leur douleur même peut-être s'ils savaient l'attention que je te porte ? À la trahison que je leur cache et qui me donne la nausée tant mentir à ceux qui m'offrent leur confiance me pèse ? Non, tu n'y as pas pensé, car tu ne penses qu'à toi et aux tiens. Et quand bien même serais-tu moins égoïste que tu n'aurais pas même pu, quand de ces autres que j'aime, de ma vie hors de ces murs gris ou de ceux du Châtelet, tu ne sais rien. Tu ne sais, strictement rien de moi, Donatien.

La main brune poursuivait ses cajoleries et la bouche gitane se rapprochait dangereusement des lèvres mâles, jusqu'à les frôler, quand déjà les souffles s'entremêlaient. Un sourd certainement aurait souri, voyant là des roucoulements amoureux, et peut-être n'aurait-il pas eu tout à fait tort jusqu'à ce que la main manouche, soudain vive et intransigeante, ne vienne serrer la gorge offerte, plantant ses doigts jusqu'à sentir chaque battement du sang autoproclamé royal.

Le regard sombre alors se planta à nouveau dans celui de Donatien, l'arrachant sans ménagement en le fouillant.

Alors dis-moi Donatien, faut-il que je t'aime ou que je te déteste ?
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Donatien_alphonse
Et que pouvait-il seulement penser de tout ceci, des dires de la Gitane face à lui, et de ce qu'elle pouvait penser. Non, ce n'était plus un secret désormais, elle venait de l'avouer, les mots sont lourds aux oreilles du Roi fou qui peine à comprendre.. Kelel, la Pâle, Matriarche du clan Cielo Azzurro, habituellement, jamais il n'aurait laissé qui que ce soit s'exprimer de la sorte concernant celle pour qui il est certain de pouvoir offrir toute sa confiance.. il en était certain, qu'en est-il maintenant ? Il y pense malgré la situation présente, Kelel saurait-elle seulement accepter le retour de Donatien auprès d'elle.. lui même n'en est plus certain et alors, quel serait son destin si jamais plus il ne pouvait espérer vivre aux Miracles en toute quiétude.

Mais il ne dira rien de tout ceci, préférant dans un premier temps, laisser Axelle s'exprimer, c'est que jamais encore tous deux n'avaient eu l'occasion de pouvoir ainsi échanger et délivrer l'un à l'autre, ce qu'ils ressentaient. Le regard ne se détache pas du visage de la Casas et ce malgré l'index curieux de cette dernière, parcourant bon nombre de ses tatouages offerts. Elle ne s'arrête plus, de parler, le besoin est visible et il le comprend, bien qu'elle se trompe.
Jamais personne appartenant au clan Azzurro n'oserait lever la main sur Axelle, pas tant que le balafré serait encore en vie. Même Kelel serait alors privée du loisir de pouvoir lui retirer la vie et ce, malgré les pensées émanant de vices et les envies qui traversent l'esprit de la Pâle.

Un court instant, le regard du fou s'échappe, il fuit, signe d'une faiblesse évidente face à la gitane dont les mots se veulent être de plus en plus profonds et aucun ne lui échappe. Tout à un sens alors et bien que leur situation pourrait être similaire, lui comprend enfin.. d'un côté il y a les Azzurro, de l'autre, une ancienne Prévôté.. et au milieu.. deux ombres, deux âmes que tout sépare et rapproche à la fois.
Il y a toujours ces regards qui en disent bien plus long encore que tout ce flot de mots qui s'échappent des lèvres d'Axelle. Enfin, il y a toujours eu cette envie de la retrouver, la revoir encore et encore, simplement, profiter d'une présence suffisamment apaisante pour chasser des tourments dignes de ceux du Sans Nom en personne. Car l'autre n'a rien dit.. depuis la cave du repère.. serait-ce une nouvelle ruse..

Son regard, lentement, plonge de nouveau dans celui de la Casas.. que tout s'arrête si bien lui même aurait voulu ne jamais quitter cet acte, ne jamais lever le pied des planchers de cette scène aux draperies rouges sang.. car à jamais, ce qui à ce don de les réunir à chaque fois, sera scellé dans le sang d'une première rencontre épique, pourtant douloureuse pour chacun des deux.
Les lèvres se rapprochent, le voici de nouveau projeté dans l'ombre du Châtelet et à cette nuitée qu'il n'oubliera pas.. et comment aurait-il pu se douter que cette main, fine mais néanmoins meurtrière puisse venir au contact de son cou de la sorte.. le regard se veut être interrogateur mais déjà, le balafré se retrouve en cette situation qu'il aura évité toute sa vie et pourtant.. pourrait-il seulement regretter l'instant présent.


« Aime moi.. ou déteste moi Axelle.. quelle est la différence ? »

Et les yeux du Roi se font alors, plus qu'insistants à l'égard de la brune, plus aucune expression ne vient trahir ses pensées présentes, pas même un sourire en coin comme il en est de coutume.

« Saches que seule une corde au cou, ma carcasse exposée aux miracles est la seule mort que je souhaite et qui saurait venir me prendre. »

Une façon comme une autre de lui faire comprendre qu'à cet instant précis, jamais il ne laisserait la gitane lui retirer ne serait-ce qu'un soupçon de vie supplémentaire.. enfin, quelle autre mort pour un Rey des thunes, que celle de se faire exécuter en public ?
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Axelle
« Quelle est la différence ? »

Le mots égrainés par le Roi tournaient dans le crane gitan, s'entrechoquaient et ricochaient entre ses tempes, fracassaient ses tympans comme s'ils avaient été hurlés.

« Quelle est la différence ? »

Les pensées acrobates tournaient et se retournaient pour trouver le sens de cette réponse. Comment pouvait-il répondre cela après ce qu'elle avait avoué ? Après qu'elle est elle-même donné la réponse à cette question, au travers ses mots trop emportés ?


« Quelle est la différence ? »

Trop égoïste peut-être, ou portée par un désir poignant de remettre de l'ordre dans ce chaos infernal et pourtant si envoûtant, cette différence éclatait au grand jour aux yeux de la Casas. Cette différence était la clef de chacun de ses actes à venir. D'un futur qui s'esquissait ou d'une fin qui s'annonçait. À cette question, elle avait besoin d'une réponse comme un arbre battu par la tempête avait besoin d'une racine pour rester droit. Une réponse pour que le flot de colère qui l'agitait puisse s’apaiser et qu'enfin, elle puisse entendre, vraiment. Une réponse pour que ces actes ne soient plus complètement insensés mais se justifient, d'une façon ou d'une autre, et échappent à la menace de l'indifférence paisible dans laquelle la Casas se lovait si régulièrement, tant il était si facile de s'y prélasser plutôt que de porter son regard sur ces autres trop nombreux qui, trop souvent, l'avaient déçue ou simplement abandonnée. Une réponse pour pouvoir croire qu'elle n'était pas qu'un instrument utile à certains moments et dont il se détournerait dès qu'elle aurait rempli son office ingrat. Une réponse pour savoir si, comme lors de cette nuit au Chat Glouton, il ne lui tournerait pas dos, la laissant seule se dépêtrer avec le bordel qu'il semait sur son passage.

« Quelle est la différence ? »

Une réponse, pour qu'il comprenne enfin l'absurdité de sa crainte qu'elle ne le tue. Qu'il comprenne enfin qu'elle n'en était plus capable depuis l'instant où sa lame couverte de son sang avait chuté dans l'herbe détrempée de la clairière.

« Quelle est la différence ? »

Une réponse pour qu'il comprenne. Une réponse pour qu'elle sache. Et qu'importait en fait quelle aurait pu être cette réponse, une possibilité comme l'autre aurait été une accroche suffisante, tant qu'il ne lui servait pas cette mélasse dans laquelle elle ne lisait qu'une indifférence polie et déguisée. Et finalement, sous le couvert de ses paupières baissées, elle n'en finissait pas de voir le dos du Roi s'éloigner et rejoindre les siens quand elle risquait, elle, non plus d'y perdre la vie, mais ceux qui, jour après jour, lui offraient une confiance que pour Donatien, elle écorchait. Et peut-être était-ce bien pire que des flammes léchant ses jambes. Et peut être, à cet instant, aurait-elle préféré se trouver face à un menteur, histoire d'écluser un temps ses craintes et puiser la force suffisante pour relever la tête.

« Quelle est la différence ? »

Les doigts gitans relâchèrent leur emprise et la main brune chuta mollement, frôlant le torse offert en pâture pour se rabattre dans les plis noirs de la robe. Le regard sombre, pour la première fois, se refusait à celui que le roi lui offrait. Tête basse, elle recula avec lenteur jusqu'à ce que son dos butte contre le bois et les clous de la porte. Et enfin, d'une voix atone, laissa couler entre les murs gris.

Tu avais besoin de moi pour t'enfermer, voilà qui est fait. Ne me reste plus qu'à te laisser seul et ma mission sera accomplie.


La main brune glissa dans la poche de la robe et se referma sèchement sur la clef qui y trônait.


Si tu tiens vraiment crever exposé aux miracles une corde au cou, tiens-toi tranquille, que personne ici ne te découvre. Et surtout pas Eddard. Et si tu ne le fais pas pour toi, épargne-moi au moins de te retrouver mort chez moi.


Et d'un mouvement vif, de se retourner pour enclencher la clef dans la serrure.

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Donatien_alphonse
Que pouvait donc bien signifier une telle ignorance de la part de notre balafré, lui, qui ne pesait plus ses mots, lui, qui ne réfléchissait plus à ce qu'il pouvait apporter, lui, qui ne se rendait pas compte de tout ce qu'il engendrait autour de sa seule personne. N'était-il pas enfin face à celle qu'il avait cherché aux miracles puis au Châtelet avant d'engager la Maryah et ses talents de pisteuse.. pourquoi donc s'obstiner, pourquoi résister, pourquoi maintenir ainsi les portes closes à la gitane alors que cette dernière serait plus que le bienvenu à entrer et découvrir par cette simple occasion, tout ce que le Roi fou renfermait en sa tête, et en son âme.
Craignait-il seulement réellement ce que les siens pourraient penser ? La réponse fut toute évidente, bien entendu que non ! Non pas qu'il s'en carrait l'oignon, loin de là mais c'est que le Rey était du genre à n'en faire qu'à sa tête, ne craignant que bien trop rarement les conséquences.. et quelles conséquences à dire vrai ? N'était-il toujours pas en vie à cet instant précis, isolé, enfermé, éloigné de tout et en présence.. d'Axelle..

Et la prise est relâchée alors que Donatien, observe chacun des mouvements de la Casas avec une attention toute particulière, conscient du fait qu'il venait très certainement de franchir une limite, un cap qui sait.. ses mots n'avaient pourtant pas dépassé ses pensées, comme cet être pouvait-il ainsi se donner par les mots aussi aisément.. il n'en sera jamais ainsi et elle se devra de l'apprendre.. si toutefois, tous deux auront de nouveau cette occasion si précieuse, de se revoir, encore et encore. Sans relâche, il cherchait à comprendre mais sans grand résultat, allez expliquer à un marmot crevant la dalle que voler, c'est mal.. et bien, il en est de même avec la Roi fou et pourtant.. tout semble bien plus compliqué à la fois, comme si ses tourments ne suffisaient plus, tout laissait alors entrevoir des sentiments entremêlés qui n'avaient de cesse de se livrer bataille.

Elle s'échappe de quelques pas et pourtant, elle lui semble déjà bien trop loin, si bien qu'en sa poitrine, tout s'emballe, ça part en vrille et sa main, instinctivement vint au contact de sa peau tatouée, le visage laissant apparaître une grimace qu'il ne cherche pas à dissimuler. Que fait-elle, que dit-elle, son souhait présent est-il vraiment celui de le laisser croupir seul en cette geôle ?
Et bien, soit, qu'il en soit ainsi. Alors qu'elle se retourne sur elle même, le Roi fou observe, sans ciller, sans doute est-ce la toute dernière fois que son regard serait amené à se poser sur ce corps et.. cette chevelure.

Qu'elle reparte d'où elle est venue et que jamais plus elle ne vienne ouvrir cette lourde porte à moins que ça ne soit dans le seul but d'alléger la citée Parisienne d'une tumeur représentée par la personne qu'est Donatien Alphonse François. Fuir sera donc sa seule option.. plus rien alors ne semble le retenir en ce lieu. Il n'aura qu'à prétexter un état revenu à la normal avant qu'il ne s'en retourne auprès des siens afin de rétablir un équilibre bien trop dérangé et ce, par sa propre faute..
Adieu..
« Axelle.. » La main robuste recouvre celle de la gitane s'apprêtant à tourner la clé, ses pas auront donc décidé de le conduire jusqu'à elle qui représente alors l'une des raisons pour lesquelles il serait capable de se battre, jusqu'à ce que la mort le prenne. Il se tient le corps droit, dans son dos, visage porté au dessus de son épaule et bouche offerte à son oreille à laquelle il ose enfin siffler ces quelques mots avec une délicatesse qui ne lui ressemble pourtant pas.

« Tu ne peux partir.. je t'ai cherché pendant bien trop longtemps, j'aurai pu déclarer la guerre au Roy s'il le fallait, pour te retrouver. »

La pause est marquée. Peser ses mots il devait dorénavant car l'esprit gitan semblait vif et ce, plus que jamais.

« Comprends ce que tu veux mais saches que jamais plus, je ne souhaite être séparé de toi et ce.. peu importe ce que les miens auront à dire, s'ils n'acceptent pas.. alors.. ils devront se passer de moi, et la Cour des miracles avec. »

Donatien ? Nous avions dit « peser les mots » et là, t'es prêt à tout claquer pour une minette que t'as vu quoi ? Deux, trois ou peut-être quatre fois ? On va parler ce soir avec ta mère, tu pars loin mon pauvre garçon !
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Axelle
La clef commençant à pivoter s'arrêta net dans son élan alors que la grande main, qui si souvent se couvrait de sang, couvrait à présent la sienne. Instinctivement, le regard gitan chuta, se posant sur cette paluche qui, de sa seule chaleur, chamboulait à nouveau la donne. Et là, tout contre son oreille ronde alors que le souffle de Donatien s'invitait à sa joue, les mots coulèrent, se gravant les uns après les autres dans la conscience manouche, éclatant de tout leur sens et de tout le poids de sa responsabilité.

Inlassablement, le jeu de dés sans règle se poursuivait, même malgré eux. À chaque mot, la mise était rejouée, inlassablement. Et à ce jeu dont les enjeux ne cessaient d'être toujours plus élevés, plus dangereux, plus envoûtants, plus addictifs, la Casas se laissait emporter. Et quelle importance qu'elle ne connaisse pas les pas de cette valse quand elle lui tournait la tête à ce point.

Qui un seul jour, une seule minute, une seule seconde avait été prêt à un tel sacrifice juste pour elle, sa gouaille, son sale caractère et sa peau trop sombre ? Personne. Il n'était nul besoin de réfléchir pour en avoir la réponse. Fallait-il que cette pureté émerge de la fange la plus glauque ? Ce n'en était que plus renversant. Elle-même qui sortait de la boue, aurait-elle été capable de tant ? Rien n'était moins sûr. La respiration gitane s'alourdit, alors qu'enfin elle ouvrait les yeux sur la bêtise de ses craintes. Sur la futilité de sa colère. Sur le gouffre de son égoïsme et de l'aveuglement qui fermait ses yeux de trop de fierté.


Sombre idiote.


Son cœur craquait en s'étirant de droite à gauche. Lentement, hésitante non plus de lui mais d'elle-même, elle releva la tête et tordit son cou jusqu'à ce que le profil autoproclamé roi emplisse tout son horizon, le regard flou. Quitter la cour des miracles, quitter les siens le saccagerait. Elle le savait. Il le savait, mais pourtant était prêt à le faire pour une raison qui lui échappait mais qu'elle ne chercha pas à comprendre. Mais ce sacrifice, elle refuserait qu'il le fasse quand ce n'était plus seulement par sa lame qu'elle refusait de le blesser.


Pardon...

Dans un élan irrépressible, les lèvres brunes s'écrasèrent aux siennes, sans plus d'hésitation, l'embrassant en se tournant vers lui avec une ferveur qui répétait inlassablement l'aveu de son injustice. Jamais Donatien ne lui avait menti et, en cet instant, aucune raison n'était valable pour qu'il commence tant il n'aurait rien eu à y gagner. Les mains brunes s'enfoncèrent dans ses cheveux, s'accrochèrent à sa nuque, caressèrent ses pommettes comme si un précieux trésor y était déposé. La mascarade n'avait pas sa place, alors qu'à l'orée de sa bouche, entre deux baisers, elle ne parvint qu'à murmurer.


Pardon d'avoir été si longue à te voir. Pardon d'avoir été si longue à comprendre. Pardon d'avoir été si égoïste.

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Donatien_alphonse
Lui pardonner ? Mais de quoi au juste.. lui pardonner d'être elle tout simplement, d'être celle dont il ne peut plus se passer, d'être Axelle, autrefois main meurtrière ayant marqué son visage et en ce jour alors, être l'équivalent d'une dépendance fortement marquée au point même que les tourments ne le lâchent plus lorsqu'il s'en trouve être trop éloigné.
Et bien si elle le souhaite alors pour tous ces faits, il lui pardonne, si c'est ce qu'elle souhaite au plus profond d'elle même.. de nouveau, yeux dans les yeux, le fou ne peut que se délecter de ce profil qui s'offre à lui, le visage de la gitane ne peut alors être que plus rayonnant, malgré l'échange présent.. tous deux ne se comprennent qu'à peine pour tout avouer. Alors que tout semble les opposer, ils ont réussi à creuser et à puiser le nécessaire capable de les rapprocher, au milieu de cet enfer terrestre représenté par tout ce qui les entoure. Mais plus rien ne semble avoir quelconque importance désormais, plus rien ne saurait le faire revenir sur ses derniers mots, que ceux-ci restent à jamais scellés et que la mort le prenne vivement s'il en venait à faillir.

Et dans une surprise parfaitement réussie, la Casas ne perd pas un seul instant de plus avant de se retourner vers le balafré, vers Son balafré alors que déjà, les lèvres se joignent, s'entremêlent et se perdent dans cette nouvelle danse au rythme prenant, frénétique, parfaitement.. délicieux si bien que lui même, se laisse mener et ce, sans montrer le moindre signe de résistance aucune.
Non.. il se contenta instinctivement de poser ses mains contre les hanches de la gitane, plaquant le corps tout entier contre le bois de la porte de cette geôle, appréciant l'instant et les doigts qui se frayant un chemin sur son crâne. Ses yeux se sont fermés, privé de la vue à cet instant, tous ses autres sens se trouvent être renforcés, l'amenant à apprécier d'avantage cet échange dont il ne pourrait plus se passer désormais.. jusqu'à ce qu'elle finisse de nouveau par prendre la parole.

De nouveau, des pardons mais ces derniers, n'ont pas lieu d'être. Ne serait-ce pas plutôt au Roi fou de se faire pardonner ? Demander pardon pour avoir été lui, s'excuser de cet esprit si compliqué à comprendre et à cerner si bien que personne encore ne semble avoir réussi à mettre le doigt sur ce seul et unique point qui dictait sa vie toute entière. Qui peut seulement encore ignorer le fait que le Rey des thunes n'est autre qu'une carcasse de chair et d'os à l'esprit tourmenté ? Tourmenté, non, il ne l'est pas, mais la différence qu'il représente impose bien trop souvent, des jugements certes un peu trop hâtifs à son égard.
Non, les pardons sont de trop, la gitane ne peut que se féliciter elle-même d'avoir tenu le coup, là où d'autres se seraient d'ores et déjà tranchés la gorge dans le seul but de ne plus l'entendre parler. Ses simples paroles ont bien trop souvent le don de mener votre esprit en un état de confort certain mais pour la gitane.. il n'en est rien.. aucun mensonge, aucune tactique.. une sincérité nouvelle et non dissimulée pour un fou qui se forçait à vivre en pleine solitude et ce, sans ne jamais dévoiler le fond de ses pensées si complexes et variées.


« Axelle.. »

La main remonte jusqu'au visage gitan alors que son pouce vint caresser la joue adverse et ce, sans que jamais le regard ne quitte le sien. Un sourire se dessine lentement au coin de ses lèvres, lui qui n'imaginait plus un jour pouvoir savourer ces instants devenus bien trop fragiles.. et c'est à deux, de les renforcer, chacun de leur côté et ce, en s'adressant à leur entourage respectif.. concernant le balafré, lui ne pourrait se permettre de dissimuler ne serait-ce qu'une infime partie de la vérité, à la Matriarche du clan Azzurro.

« Tes pardons sont de trop. Tout est de ma faute en réalité. »

Comment pouvait-il ne pas dire vrai.. lui qui tel un marmot, n'avait aucunement cherché à se creuser la caboche et ce, dans le seul but de faciliter cette tâche pourtant déjà quasi-impossible au commencement et qui finalement.. et qui finalement, se termine ainsi.. mais, se termine-t-elle vraiment ? Ne serait-ce pas plutôt, un commencement..
Les lèvres du Rey vinrent une nouvelle fois rencontrer celles de la Casas mais bien vite, le visage se recule à nouveau afin de l'observer.


« Je tiens néanmoins à rester enfermé ici Axelle.. quelques temps.. mes tourments sont encore bien trop proches dans les faits.. sois celle qui à jamais, chassera cet autre qui a fait de moi un monstre.. fou je suis mais pas au point d'en être devenu une bête. »

Lèvres qui se rapprochent de nouveau, visage qui se redresse légèrement et.. un premier baiser délicat, sur le front de la gitane.. un autre.. sur le bout du nez puis, les lèvres se rencontrent.. un rythme beaucoup plus posé et qu'il apprécie grandement..
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Axelle
Pouvait-on réellement désirer être enfermé dans une geôle, même si celle-ci ne puait pas encore la pisse ? Même si les rats n'avaient pas encore réussi à s'y frayer un chemin ? Même si elle était affublée d'un confort soit sommaire, mais toujours plus avenant qu'un maigre tas de paille moisie ? Oui, Donatien le souhaitait, et de toute évidence, la gitane n'était pas plus que lui décidée à sortir. Où était donc la folie ? Ici même ou à l'extérieur de ces murs gris ? Le Rey se disait cinglé d'avoir défiguré la blonde, mais la gitane était-elle vraiment plus saine d'esprit quand, avec la même application qu'elle mettait à croquer les visages croisés dans les vénielles de la capitale pour coucher sur le vélin un sourire inconnu ou un regard dérobé, elle avait sculpté, de sa lame même, les joues royales sans ciller ?

Oui, sans nul doute aurait-elle pu rompre le baiser langoureux qui berçait ses pensées d'une douceur neuve pour étaler cette vérité devant les yeux de Donatien. Cette vérité qu'il ne pourrait que difficilement nier. En matière de cruauté sordide, elle n'était pas beaucoup mieux lotie que lui, et il était bien placé pour le savoir. Mais soit, alors, il n'était qu'un ex-taulard qui avait abattu ses poings sur son visage encore et encore jusqu'à ce que tout se colore de rouge. Soit, il semblait proche de la blonde, et c'était bien là que se cachait la différence, mais qu'avait-elle fait, elle, pour mériter un tel châtiment ? Car au fin fond de l'esprit gitan s'agitait la certitude que cet homme qui l'embrassait avec tant de délicatesse n'avait rien d'une bête et ne punissait pas sans raison.

Mais pour l'heure, les pensées gitanes se diluaient suavement sur le bout de sa langue s'enroulant à la sienne, aiguisant l'envie de se foutre de tout sauf de ce goût poivré inondant son palais tant le désir s'invitait dans son sang corrompu. Alors que ses mains légères louvoyaient sur les épaules mâles, se faufilaient sous le tissu de cette chemise inconnue pour la faire chuter au sol dans un froissement plaintif et outragé d'être ainsi délogée, son index la brûlait de se poser sur ses lèvres offertes pour le faire taire et l'entraîner dans une folie toute autre, où seul l'abandon serait la rédemption. S'il était fou, alors qu'ensemble ils basculent dans l'oubli salvateur de deux corps s'étreignant. Car c'était ainsi qu'elle avait appris à s'oublier et à survivre et, de cette connaissance apprise auprès d'un Chat, elle usait et abusait depuis des années sans même vouloir chercher une autre solution. Solution futile peut-être, dévergondée certainement, mais efficace sans le moindre doute, d'autant plus quand son cœur tambourinait à ce rythme dans sa poitrine.

La bouche manouche s'échappa dans un soupir étouffé de l'emprise du souffle autoproclamé royal et s'égara le long du cou dont elle prenait possession, l'explorant avec une lenteur dévote, sans demander d'autorisation, alors que ses mains, remontant les flancs tatoués, comptaient chacune des cotes se découvrant sous ses doigts. À chaque baiser humide, ses sourcils couvant ses yeux clos se froissaient, avide qu'elle était-elle de ne rien laisser échapper de cette peau que jamais elle n'aurait pensé goûter tant cette rencontre restait improbable.

Qu'il reste enfermé s'il estimait que là se trouvait sa guérison, alors elle resterait enfermée avec lui et que la démence soit contagieuse. Doucement, avec la précaution dévouée à un convalescent, la bouche brune remonta le fil de la mâchoire réputée folle et dénichant le lobe de l'oreille y murmura


Je sais blesser, enfermer et tuer Donatien. Je sais caresser et embrasser jusqu'à l'irraison.

La tête brune se recula, sans pourtant que le souffle gitan ne cesse de caresser le visage du Rey, basse, pensive, avant que les yeux ne se relèvent pour piquer d'une lueur floue le regard du balafré.


Mais ce que tu me demandes, il faut me dire comment faire, car je ne sais pas.
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Donatien_alphonse
Est-ce ainsi donc la manière de faire chuter un royaume complet, faire tomber la tête d'un Roi ne nécessitait pas forcément une lame aiguisée et tous pouvaient à présent en prendre pleinement conscience. Car la gitane venait tout juste de conquérir un territoire pourtant invisible mais néanmoins, hors de portée pour les esprits même, les plus téméraires et les plus tacticiens. Elle venait de réussir, là où d'autres, avaient échoué, pour une fois, nul besoin du moindre combat, aucune lame en évidence, aucune injure, aucun plan de bataille, il n'y eu que ce calme, avant cette tempête qui se joue alors en chacune de leur poitrine.

Car pour la première fois, le Roi fou semble s'éveiller, son esprit quant à lui, se trouve être apaisé et les tourments qui le guettent pourtant sans cesse, ne l'effraient plus. Plus aucune pression ne pèse sur ses épaules, ses poings serrés ne trouvent alors plus qu'un réconfort certain à découvrir ces formes qui se dévoilent à lui, chair contre tissu adverse, la Casas était parfaite et ce, comme il l'avait imaginé en rêves, pour le peu que son esprit lui est offert ces quelques trop rares instants de répit lors des jours passés.
Comment alors pouvait-il encore se poser toutes ces questions, son clan, les siens, sa famille, pour lui tout semblait évident et ils n'auront d'autre choix que d'accepter la présence gitane pour ainsi retrouver un Rey certainement toujours en proie à une folie prononcée mais alors éloigné de tout tourment qui pourrait de nouveau causer du tord là où nul besoin qu'il y en est. Cette simple explication, preuve d'une vérité certaine, offrirait alors, une place de choix dans le cœur de chacun des Azzurro.

Le Roi se perd, il s'offre pleinement, jamais encore sa garde n'aura été aussi rabaissée – hormis bien entendu à chaque fin de nuitée où il se retrouve endormit, complètement saoul et couché sur la tablée d'une taverne – et au fond de lui il le sait et en a pleinement conscience, ce duel est voué à être perdu, la Casas sera gagnante et en occurrence, elle sera Reyne.
Les mains adverses en viennent à faire tomber la chemise, comme l'on ferait chuter les défenses lors d'un siège et ce, juste avant que l'assaut ne soit sonné, la prise ne sera pas héroïque non, elle sera, tout bonnement naturelle et emplit de grâce, ça n'en fait aucun doute. Le rythme bien que lent, celui-ci se veut être néanmoins soutenu et, régulier et c'est sans faille que lui se délecte de cet instant présent, ayant tout oublié du danger potentiel qui pourrait se trouver en cette bâtisse.. notamment, l'entourage de la gitane qui pourrait avoir une envie certaine d'en découdre avec le Roi fou mais pour l'heure, comment pourraient-ils gâcher l'instant à parlementer de telles choses.. il y a un temps pour tout et celui du croisement des fers ne saurait tarder.

Prise de parole de la Casas alors que lui se délectait pleinement de cette bouche parcourant non sans mal, son propre cou. Les yeux restent clos alors qu'il écoute avec la plus grande attention qui lui soit possible de donner. Elle semble ne pas encore saisir ce dont elle est réellement capable, elle qui ne comprend pas l'importance qu'elle représente, elle qui ne se rend pas compte de cet obstacle, cette barrière qu'elle est face au Sans-nom et aux tourments que ce dernier aime imposer à certains esprits faibles ou qui présentent des failles évidentes à investir.
De nouveau, l'une de ses mains remonte jusqu'au visage, venant à la rencontre de cette fine peau douce, posée contre la joue puis, se frayant un chemin jusqu'à l'oreille pour entamer une traverser des cheveux, suivant parfaitement la courbe de ce crâne, parfait, comme tout le reste à dire vrai. Ses yeux se sont ouverts et ces derniers suivent l'avancée de la main conquérante et sur ses lèvres, ce même sourire.. car en guise de réponse, les mots encore une fois, ne sauraient être suffisants. Pourtant les lèvres du Rey s'entrouvrent quelque peu et..


« Pourtant Axelle, tu y arrives parfaitement en ce moment même. »

La main continue son avancée mais le regard lui se détache et vient de nouveau à la rencontre du sien.

« Comme tu as créés involontairement ce qui me tourmente jours et nuits depuis cet autre soir.. tu créeras ce qui à l'inverse le détruira. »

Avouons-le, en terme de solutions apportées, autant dire que le Rey n'avait aucunement généré la moindre avancée susceptible d'aider ou d'aiguiller la gitane dans sa quête de réponses..
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Axelle
Si l'un voulait échapper à l'emprise morbide d'une voix navigant sans amarre entre les méandres rosés de sa cervelle, la seconde aurait peut-être dû prier sans relâche pour être atteinte de la même tumeur. Petit crabe discret la mettant en garde. Mais rien, définitivement rien ne se baladait entre les tempes gitanes à cet instant hors la chaleur de cette peau sous ses doigts et ce regard qui l'épinglait comme un papillon idiot sur le tableau de chasse d'un entomologiste avide de compléter son cabinet de curiosités.

Elle avait été sèche, avait giflé, mais la situation se renouvelait sans pourtant cette fois qu'elle ne soit capable ni même ne veuille s'en offusquer. À nouveau, Donatien la mettait face à une situation qui avait tout d'un sac de nœuds indémêlable et la laissait se dépatouiller avec. Quel étrange présent qu'il lui faisait encore. Il ne donnait aucun piste à explorer et, s'il s'était autoproclamé Roi, il avait réellement tout d'un pacha, se laissant embrasser et caresser, prenant ce qui lui était offert sans sembler réfléchir aux mots dont la manouche avait pourtant appuyé chaque syllabe.

Qu'avait-elle à gagner dans ce bordel sans nom qui suivait chacune des apparitions de roi fou ? De l'argent ? Aurait-elle été cupide et avide de richesses que ses terres de Guyenne lui apportaient bien plus d'écus qu'elle ne pouvait dépenser, et lui aurait-il donné tout ce qu'il possédait que ça n'aurait certainement pas changé grand-chose quand d'autres pouvaient la couvrir d'or des pieds à la tête à la moindre amorce de demande. Ce que pourtant jamais elle n'avait fait quand elle ne parvenait déjà qu'avec difficulté à accepter les présents d'un faste sans nom qu'un autre, lumineux quand Donatien était l'ombre, s'entêtait à vouloir lui faire. Le prestige, la renommée ? Quel prestige, quelle renommée un roi des gueux autoproclamé pouvait-il donc lui apporter quand elle était vassale d'un Prince à la couronne bien réelle ? Couronne lourde mais qui savait lui porter assez d'attention, de confiance et de respect pour lui prodiguer les conseils les plus éclairés jour après jour. La protection ? De quelle protection avait-elle besoin quand Eddard au moindre signe de détresse ou de danger, était là, toujours présent, allant jusqu'à lui sauver la vie quand Donatien lui-même l'avait mise en péril ? Non, là non plus, il ne pourrait rien lui apporter. L'amour ? Comment même penser à mettre cette chimère versatile dans la balance tant elle était changeante et instable ?

Non, le roi ne pouvait lui apporter que des ennuis, ainsi qu'il l'avait fait jusqu'à présent. Et rien d'autre. Il était corrosif et bien trop addictif pour être salvateur. Mais cette main fichée sur son crane comme celle d'un sorcier aux pouvoirs occultes, semblait happer tout raisonnement logique et insuffler sa propre folie en échange. Voilà ce qu'il lui donnait, à elle qui bien que noble ne ferrait jamais partie de ce monde de taffetas et qui, d'une couronne sur la tête, ne serait plus jamais non plus la gamine à la robe rouge aux manches trop courtes et aux genoux écorchés faisant la manche dans les rue d'Arles sous le joug d'un père aussi tyrannique qu'indifférent. Ce que Donatien lui offrait était le goût du sang dans la bouche, le danger agitant son sang pour qu'elle ne s'endorme pas dans une facilité que d'autres lui offraient en brassées généreuses. Il était l'ombre, l'obscurité rétablissant un équilibre dont finalement elle avait besoin pour ne pas s'égarer sur des sentiers dont elle ne verrait jamais les hauteurs et somme toute, ne souhaitait pas les voir. Il était cet atavisme poisseux et pourtant si envoûtant des bas fonds et de leur férocité mystérieuse.

Demain, dans une semaine, dans un mois, dans un an, certainement regretterait-elle mais, plongée dans l'humidité sombre de cette geôle, le corps tout contre le sien, aucune voix ne s'élevait contre la contagion. Les prunelles sombres enchâssées à celles du Rey, les lèvres à peine entrouvertes sur un souffle trop agité, la main brune se glissa entre les corps liés d'un obscur sortilège pour dénouer avec lenteur les cordons noirs de la robe trop précieuse pour s’abîmer dans un cachot. Et pourtant, le tissu abdiqua, baillant sur sa peau brune avant, d'un mouvement souple des épaules, de couler avec une paresse vaincue le long de sa gorge, de ses seins, de son ventre et parvenir enfin, tel un funambule accroché du bout des doigts à une paroi instable, à se rattraper à la courbe de ses hanches. Crampon pourtant bien précaire alors que les paumes gitanes enveloppaient les joues balafrées en coupe et que la gorge se déployait, déjà chavirée de sentir cette peau là contre la sienne, pour cueillir encore et encore cette bouche, qui, si elle n'avait pas de direction à indiquer, devrait se taire et s’essouffler à l'apprendre par cœur.

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Donatien_alphonse
Lenteur mélangée à la délicatesse, tout semblait prendre une proportion démesurée, que ça soit dans les mouvements, dans les souffles que les chairs n'ont de cesse de percevoir de par une chaleur nouvelle et, dans ces échanges de baisers, les lèvres apprennent à se connaître et semblent déjà montrer un certain mal à se défaire l'une de l'autre. Comment cette gitane aux mains créatrices de ce surnom nouveau pour un Roi fou qui se fait désormais nommer « balafré » pouvait-elle ainsi produire en cette poitrine noircie par un cœur dont le sang pompé y est foncé comme les abîmes, de toutes autres sensations, nouvelles sans aucun doute, mais des sensations dont il semblait ne plus pouvoir se passer.. n'était-ce pas là, cette clé de la guérison tant recherchée, n'était-ce pas là réponse à tant de questions et de maux qu'il ne pensait plus pouvoir guérir de part ses propres moyens.
Il y avait eu une saignée, dans une piaule à l'étage d'une auberge, une servante du tout puissant, une créature pure, douce et délicate mais pourtant, son rituel n'aura pas suffi à faire fuir cet autre qui jusqu'à présent, n'avait de cesse de sévir encore et encore.

Tel un liquide qui se durcit lentement, le trou est bouché, la plaie refermée, la faille est alors inexistante et ce qui était une parfaite invitation à pénétrer en son esprit pourtant déjà en proie à une folie certaine mais habituelle, n'est plus qu'une simple barrière pour quiconque voudrait encore agir au nom du Rey des thunes de la Cour des miracles. Le trône pourrait être reprit, la main ferme pourra de nouveau s'abattre sur des contrats douteux mais néanmoins enrichissants.. mais pas dans l'immédiat non, il lui faudrait avant toutes choses, retrouver Kelel et sans aucun doute, subir une vengeance qu'il mérite grandement, il en a pleinement conscience.
Et quelle serait alors cette vengeance ? Voudrait-il lui prendre un œil ou un simple bout de chair, aurait-elle seulement l'intention de le tuer pour son dernier geste l'ayant poussé vers une remise en question, la seule qu'il n'est jamais eu et qui finalement, l'aura poussé dans les bras de la gitane.. car c'est elle et elle seule, cette Casas.. elle seule détient l'issue de ce gouffre dans lequel le fou semble se perdre et ce, depuis ses tous premiers méfaits.. mais surtout, depuis ce grand incendie de la Cour des miracles car là est l'un de ses plus grands secrets.

Lui ne voit rien et pourtant sa main devine avec aisance, la robe adverse n'est plus et la paume semble vouloir recouvrir chaque parcelle du corps de la gitane et ce, sans la moindre gêne. Et quelles différences alors, tout les oppose de nouveau et ces même différences pourtant n'ont de cesse de vouloir les rapprocher encore et encore.
L'adversité n'est autre que douceur tandis que l’assaillant lui ne peut qu'offrir une peau martelée, abîmée, laissant facilement deviner quelques cicatrices plus ou moins anciennes mais surtout, une peau très légèrement gonflée, comme enflée, une peau ressortant très faiblement là où chaque tatouage est Roi sur son corps.. ses touages, nul besoin pour lui de parler, de se confier lorsque toute son existence est gravée à même sa peau.

L'échange présent ne semble plus vouloir s'arrêter et c'est gagné par une envie se voulant être crescendo que le corps gitan finit par se retrouver plaqué contre la lourde porte et ce, par le plat de la main aidée par le corps du fou. La prise sur la chair est ferme mais néanmoins, attentive, la nuque est empoignée et les lèvres sont abandonnées alors que les crocs se referment enfin sur la peau de ce cou.. une douceur dont il se délecte comme si ce simple contact provoquait en lui une abondance de ce dont son corps éprouvait le besoin depuis maintenant, bien trop longtemps.
Garder le rythme, ne rien relâcher, maintenir chacune de ses prises et replonger la gitane dans un duel dont l'issue se voudrait être toute autre que lorsque les deux se trouvaient aux abords de Paris, au milieu de cette clairière que jamais rien encore n'était venu souiller.. jusqu'à leur arrivée..

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Axelle
Ainsi donc la prophétie se réalisait-elle. Ainsi donc, avaient-ils eu raison. Eux. Tous ces autres. Ainsi donc leurs yeux clairvoyants avaient lu l'avenir, sans même certainement qu'ils n'en aient pleinement conscience.

Au creux protecteur de cette geôle glauque qui jamais n'aurait dû être témoin de ces soupirs là quand elle n'était que dédiée aux plaintes désespérées et douloureuses, enfermés à double tour derrière une porte cloutée qui n'aurait jamais la force de les emprisonner davantage que les caresses et les baisers dévoyés, la maudite Prunelle, la satanée basanée, l'âme damnée, la sorcière, le démon terrestre, la non-nommée ainsi que chacun, les uns après les autres l'avaient surnommée, offrait son cou palpitant à la morsure si douce du démon sans nom. Sans crainte. Sans hésitation. Qu'il morde alors. Qu'il y plante ses crocs. Qu'il prenne, qu'il pique, qu'il inocule son mal si tel était son bon vouloir. Mais où était donc le mal ? Serait-il déjà anéanti ? Était-il imposteur quand il se révélait si plein de pudeur et de douceur jusqu'à la paume de ces larges mains la dessinant encore et encore ? Nulle écaille râpeuse, nul sabot de bouc, nulle autre brûlure que celle de son souffle se perdant à sa peau nue.


Qu'il soit écrit sur tous les murs que le démon n'a rien d'une bête. Ou plutôt non, que personne ne le sache, mais que le secret s’inscrive dans les prunelles noires à chaque regard que la manouche poserait à présent sur lui. Nouvelle cicatrice qui n'aurait de cesse de la tourmenter jusqu'à la récidive. Elle le savait déjà. Il était trop tard, ou bien trop tôt. Elle n'aurait su le dire quand la tête renversée, par la fente de ses yeux luisants, le plafond pourtant terne et taché d'humidité se gravait dans sa mémoire comme un ciel d'azur.

Pourtant, autour d'une tablée pouilleuse, sous l'oreille attentive d'une poignée de dés hasardeuse, elle lui avait tout avoué quand il agitait sous son museau la promesse d'un duel où elle se sentirait proie et prédatrice à la fois. La voix manouche avait été basse mais, sans détour, elle avait dévoilé ses cartes délictueuses. Proie et prédatrice, elle ne l'était jamais aussi effrontément qu'au creux des bras d'un amant la parcourant de baisers indécents jusqu'à ce que la fièvre coule dans leurs regards entravés. Et aujourd'hui, alors que certainement il avait oublié la confidence, le Roi tenait magistralement sa promesse.

Souviens-toi...


Malgré l'envie que les lèvres royales ne chutent aux enfers de son corps, sournoisement serpentine, elle se dégagea de l'emprise blessante de la porte pour, lèvres contre lèvres, entraîner Donatien à travers la pièce exiguë. De la robe, il ne resta que le souvenir informe perdu sur le sol de pierre, abandonné, là, avec pour seule compagnie les souliers de cuir fin. Les mains serrées sur les joues balafrées, la marche lente et chaotique, son pied nu buta enfin contre la paillasse et, sans un instant permettre au roi la moindre la fuite, s'y allongea en l'entraînant dans sa chute lente. Jamais le duel entre eux ne cesserait, quelque-soit la danse.

Conquérante en roulant sur lui, les boucles brunes s'éparpillèrent sur le torse du Rey où, du bout de la langue ou d'une bouche pleine, elle lut chaque tatouage, explora chaque cicatrice, lécha chaque marque avec une attention lascive et patiente quand pourtant son ventre bayait d'un désir affamé. Et quand la tête lui tourna trop, elle se redressa, au-dessus de lui, ainsi qu'elle l'avait fait, dans cette clairière baignée de la lueur blafarde de la lune , avant de le marquer à vie. Mais point de lame dans la main cette fois, juste ses cheveux dégoulinant en désordre sur son dos et entre ses seins. Plus d'armes non. Juste un regard aussi troublant que troublé cherchant le sien et entre ses doigts, le cordon des braies qu'elle dénouait lentement.


... Et dépose ta marque, que jamais je ne m'éloigne.

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