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[RP] L'enfer, c'est les Autres ! *

Kachina
" L'enfer , c'est les Autres". *
Ou
Prendre son pied...En groupe, c'est pas le pied.



Imaginez...

On a posé devant vous, un présent.
Genre celui que vous aviez commandé sans vraiment y croire pour la saint Noël et qu'on vous offre à Paques en avance .
Il est là, à portée de regard, de doigts. Il suffit de tendre la main et il est à vous.

Vous savez déjà ce qui se cache sous le sac de jute qui sert d'emballage.
Vous savez déjà le plaisir qui en découlera.
Et vous avez déjà - folle que vous êtes - tiré la dague du fourreau pour couper le fin cordon de raphia qui ferme le tout.
Vous êtes fébrile, avide et impatiente.
Ravie. Foutrement ravie...


Sauf qu'un diablotin cruel ou un ami merdique, au choix a pipé les dés.
Il a ajouté une petite carte, une saleté de vélin parfumé qui vous impose une clause à la chose et qui dit : "Pas touche avant une semaine. "

Avouez, ça craint !
Je sais !


C 'est ce qui est arrivé à la Brune.

Parce que les défis sur cette terre de Provence sur laquelle ils ont posé leurs malles pour le moment, s'enchainent, tous plus fous les uns que les autres.
" Cap ou pas Cap ? ". Cap bien sûr !
Et peu osent s'y défiler.


Le leur était simple. Cruellement simple. Plus personne ne sait qui en a eu l'idée. Mais il a été lancé, un jour à l'auberge de la Volière, là où ils ont établi leurs quartiers.

Une semaine
7 jours
168 heures bordel......à pratiquer l'abstinence.

Oubliés les jeux charnels, les étreintes fiévreuses et les corps emmêlés.
L'abstinence en soi n'est pas si horrible que ça.
C'est avoir sans arrêt à proximité , l' objet du désir qui fait de ça un supplice . Tantale peut aller se rhabiller sur ce coup.

Ils ont tenu. Quoiqu'en pensent les amis, et leurs sourires en coin qui en disent long. Même si la plupart en doutent, ils ont tenu.

A se provoquer, s'éviter , s'enflammer, se repousser pour mieux se vouloir.
Elle a proposé une épée entre eux, évoqué Tristan et Iseult, invité le chat pour les nuits. Elle l'a parfois supplié d'envoyer au diable ce foutu cap .
Il a plongé dans la mer, l'entrainant avec elle par une nuit bien trop fraiche, bien trop noire. Il l'a détestée, fuit à certaines heures, embrasée à d'autres...

Ils ont joué à qui perd-gagne. Y prenant un certain plaisir même.
Flirtant insolemment avec les frontières sans jamais vraiment franchir l'ultime....

Trop orgueilleux pour cèder, ou trop joueurs.

Qui sait ?


    ...


Marseille et ses ruelles pavées en ce mardi 5 mai de l'an de grâce 1463.
L'Heure est simplement H. Les cloches ont sonné, annonçant la fin du défi.

Le mendiant assis sous un porche, suit du regard cette Brune échevelée qui martèle de ses talons les pavés sur le chemin qui mène de la Volière à la chaumière de Fez.
Sa mise n'a rien d'apprêtée , la crinière brune est lâchée, quelque peu emmêlée par la brise marine. Aucune coiffe ne la retient prisonnière. Néo a gardé les épingles qui retenaient le chignon posé bas sur la nuque.
Kachi n'a rien calculé.

Le désir est bien au delà de ça...


Dernier défi qu'elle se donne à elle -même alors que le regard vert étiré en amande se perd un instant sur l'étendue bleue au loin : Ne pas y aller en courant.
Se faire violence encore, alors que déjà se dessinent les silhouettes des bateaux amarrés au port.
Savourer encore cette insoutenable attente et le sang qui se fait vif-argent dans les veines.
Ne pas imaginer, anticiper.

Parce que chaque journée, chaque nuit n'a été qu'impatience.
Et désir.

La lassitude, la Liberté et autres garces du genre peuvent bien aller se rhabiller.

Pour l'instant, il est l'heure Mon Seigneur. Il est l'heure....

Non loin du port, au pied des remparts, la chaumière est là , se profilant dans le soir qui tombe déjà .

Malgré elle, elle presse le pas....


* Sartre

_________________
Neolonie
Imaginez...

Des hormones qui saturent l'atmosphère, les yeux qui s'écarquillent à la seule vue d'un lacet retiré, les poings qui se serrent alors que le jupon révèle une cheville déliée...
Des yeux brillants plein d'envie et de frustration lorsqu'on raconte une histoire de chemise mouillée après le bain...

C'est tout ça que Néo a fuit.
Imaginant à tort ou à raison qu'il seraient fichus de jeter leur gourme au milieu de la pièce sans se préoccuper de l'assemblée.
Et surtout, du point de vue péchés capitaux, elle préfère éviter l'Envie et la Gourmandise de la Luxure, sinon ça risque de la mettre en Colère.

Machinalement, elle a gardé dans ses mains les épingles de Kachi et elle les observe pendant qu'elle marche d'un pas tranquille vers la place du marché.
Bien en peine de s'en servir, elle qui a toujours la tignasse dans le vent.

A cette heure du soir, la place est vide mais stagnent les odeurs de marée et d'olives.
Les tavernes ont les portes ouvertes sur la chaleur rendue par les pierres, les marins désœuvrés et la milice peu rigoureuse s'offrent un dernier verre, sifflant de manière peu délicate le moindre jupon qui s'attarde.
La brune choisit de les ignorer, elle a bien suffisamment à faire pour le moment.

Ses pas la conduisent vers le port et elle s'assied sur le bout de la jetée.
Les onyx observent les vagues alors qu'elle regroupe ses genoux dans le creux de ses bras.
Elle se souvient du bain forcé, de la sensation du tissu mouillé qui colle aux jambes et empêche de nager, la trouille de ne pouvoir garder la tête hors de l'eau et la colère après le responsable. Puis le contraste avec un bras chaud qui l'a guidé jusqu'au sable.
Elle aurait du écouter son instinct et lui tomber dans les bras plutôt que se draper dans sa dignité humide...
Peut être qu'alors...

Va vraiment falloir que t'arrêtes ma vieille!


Une main lasse qui se frotte les yeux, tout pour éviter de laisser son imagination lui jouer des tours, ça ne lui réussi pas franchement en ce moment.
La faute aux autres là-bas!

Au loin, une voile se détache sur l'horizon.
Alors que son regard l'observe machinalement, Néo prête plus attention à mesure que la toile approche et met un instant avant de reconnaître le pavillon qui flotte au dessus du mat.
Mais non, elle ne rêve pas c'est.....
C'est bien....

La Sauvageonne saute sur ses pieds, prend ses jupes dans les mains, grommelant contre ces colifichets qui gênent la course.


Kachiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii!!!!

...


Kachhhhhhhhhhhhhhh!!



Il va lui falloir du temps pour dénicher la masure de Fez, mais la brune veut apprendre la première la nouvelle vachement importante à son amie.


Tant pis si en fait, elle vient de se planter de bateau....

_________________
Delfezzo
      [ Marcher sur l'eau, éviter les péages, jamais souffrir, juste faire hennir les chevaux du plaisir * ]
      Enfin, presque.


Imaginez !

Une bonne vieille canicule, du genre à faire s'évaporer la salive directement dans votre bouche ; les vêtements trempés de sueur, l'air brûlant, les pavés pas loin de fondre et là ! là, ce carré d'ombre où trône, sur une table, la cervoise fraîche que votre corps réclame à grands cris. Parois de verre embuées. Rondelle de citron glacé. Perles d'eau claire sur robe dorée. La cervoise obscène, quoi, celle que vous regardez avec le genre de douloureuse concupiscence qui pourrait lui valoir une mention X dans les dossiers du CSA (Conseil Supérieur des Assoiffés). Vous connaissez son goût, et elle est délicieuse. Et la langue râpe le palais, les dents grincent ; c'est qu'il y a cette satanée grille qui vous empêche d'aller faire un sort au breuvage !

Autant dire qu'à ce stade ce n'est plus un cap, c'est une péninsule. Un lopin de contenance qui vivote au milieu d’une mer passablement agitée. Le soir tombe et avec lui la chemise de Fez, jetée en boule dans un coin de la pièce. Il a chaud. Faim. Soif. Il égrène, les yeux fermés, un chapelet d'images qui brasse souvenirs et fantasmes en une même bouillie sévèrement aphrodisiaque. Ce soir, c'est toute sa chaumière qui crépite tandis qu'il attend, déjà à moitié fou, cette mademoiselle K briseuse de noix qui lui colle au désir avec toute l'insolence du monde.

Les trois coups nets frappés à la porte contre laquelle il est adossé lui font à peu près l’effet d’un séisme et, quand ses doigts actionnent la poignée, sa main libre est déjà occupée à délacer ses braies. Voilà un bon moment que les deux amants ont passé le stade du blabla préparatoire et après une semaine à chasser le naturel, Fez ne rêve que de galop. Kachina, c'est certain, ne lui en tiendra pas rigueur : il l'a trop dans la peau pour tourner autour du pot. La porte s'ouvre... et - misère ! - face aux deux visages inconnus qu'elle dévoile, le brun retient in extremis le falzar en partance et poinçonne les inopportuns d'un regard franchement hostile. Devant lui, un homme et une femme tirés à quatre épingles, si ce n'est cinq, compulsent une liasse de parchemins en se perdant en sourires éthérés. La quasi-nudité de Fez et/ou son air furieux provoquent quelques secondes de silence gêné, qui se trouve aboli sans ménagement par l'aboiement agacé du propriétaire des lieux :


C'est à quel sujet ?
Bonsoir messire ! avez-vous quelques minutes pour parler d'Aristote notre Sauveur ?
Euh... Non. Cassez-vous.
Prenez au moins la brochure !


La porte claque sur les vélins tendus et Fez pose à nouveau sa tête contre le bois. Légèrement refroidi, il entend les deux inconnus bizarres s'éloigner vers la porte suivante et se promet à voix basse que s'il est à nouveau dérangé ce soir, il étripera sans sommation.

Piochant une bouteille de génépi dans le petit stock qui, sur le rebord de la fenêtre, a valeur de consommation personnelle, il en fait sauter le bouchon d'un coup de dents rageur et boit une longue gorgée. Incapable de ménager plus de trente secondes de pause, le carnaval de ses pensées reprend joyeusement son tsoin-tsoin bordélique. A mesure que les minutes s'étirent, il lutte de plus en plus fort pour ne pas sortir de chez lui et aller chercher la brune par la peau des fesses. C'est que malgré sa propension récente à bramer à qui veut l'entendre qu'il n'est pas un animal et qu'une semaine d'abstinence, foi de Fez, il la brave les doigts dans le nez et les orteils dans les oreilles, il présente un nombre confondant de ressemblances avec un fauve en cage lorsqu'il fait les mille pas dans la chaumière. C'est bien simple : il la lui faut. Là, tout de suite, maintenant, ex tempore, right now, illico presto. Besoin de reins, envie de foie. Et le premier qui viendra lui raconter, ce soir, que l'attente est déjà un plaisir, la frustration un préambule à la jouissance, la patience mère de toutes les vertus ou des guignoleries de ce tonneau, il pourra aller cueillir des roses chez les grecs. Ce soir, Fez n'a pas envie de mots. Ce soir il n'a envie que d'elle.

D'elle avec son insupportable aplomb, les méandres de ses certitudes et les bas-fonds de ses doutes. Avec tout ce qu'elle a d'exaspérant et tout ce qu'elle a d'adorable. Avec le K sur son épaule...

Les coups suivants sur la porte lui font l'effet d'un séisme et demi. A ce rythme, il va finir au fond d'une crevasse. Plus prudent cette fois, il laisse ses braies à leur juste place et, en cueillant au goulot une autre gorgée de génépi, il ouvre.

Séisme au carré. Le regard qu'il visse dans les yeux verts face à lui s'accorde quelques secondes de suspension farouche, miettes de jeu, peut-être - le dernier pion qu'on dame avant de renverser le plateau - et puis en un instant explosif, la porte s'ouvre davantage, la bouteille de génépi éclate au sol, et Kachina est entraînée dans ses bras vers le brasier de la chaumière sans passer par la case purgatoire.



      [ Plus rien ne s'oppose à la nuit... * ]
      Enfin, presque !


* Bashung - Osez Joséphine

_________________
Kachina
*"Ce soir-là on s´est embrassés sans se parler.
Autour de nous, le monde aurait pu s´écrouler.
Les yeux cernés, des poussières dans les cheveux.
Le long de mes jambes, la caresse du feu. "


Le regard qu’il lui offre sur le pas de la porte est sans équivoque. Et les bras qui l’entrainent à l’intérieur se font prison dans laquelle elle se glisse, éperdue.
Avec délices.


Le long gémissement qui s’échappe de sa bouche quand ses doigts trouvent les épaules nues de Fez, en dit plus que tous les mots qu’elle pourrait prononcer. Elle ne veut plus que ça. Etre là, et qu’il la prenne nom de Dieu. Sans attendre.
Au diable, les préliminaires. Ils en ont pour une semaine d’avance. Qu’elle le sente au plus profond d’elle et qu’il apaise ce manque de lui qui la dévore et la rend affamée.

Que la Reyne envoie toutes ses armées envahir la Provence si ça lui chante, Kachi ne le lâchera pas. Et si un tsunami déferle sur Marseille, qu’il les emporte emmêlés l’un dans l’autre. Pourvu que les mains masculines courent encore au creux de ses reins, provoquant en elle ces délicieux frissons.

Le premier qui frappe à la porte en demandant à Fez s’il est propriétaire sous prétexte d’une enquête à la con sur les eaux usées de Marseille, elle le tue. Et il va morfler je vous jure. Et si le chat l'a suivie et les dérange, par ses miaulements et ses grattements à la porte, il finira farci aux marrons à mijoter dans le chaudron demain.


Elle se dégage pourtant, le souffle court alors que des mains impatientes remontent sa chemise de baptiste fine et l’en débarrassent.
Ses mains à elles ou celles de Fez …elle ne sait pas. Possible qu'ils fassent ça à quatre mains.
Elle ne sait plus rien. Juste que la jupe glisse le long de ses hanches, s’en va rejoindre les vêtements qui jonchent le sol, la laissant en jupon alors que ses seins dressés viennent s’écraser contre le torse nu et que leurs bouches se reprennent.


Elle est en enfer. Plongée dans des abysses brulants, en partance pour des heures de luxure.
Elle tremble et frissonne d’impatience et de désir frustré, le dévore des yeux, de sa bouche qui court sur la peau nue du Brun.
Elle se consume et fond. Affamée, affolée. Rivière de lave incandescente. Et elle exige autant qu’elle implore, qu’il s’embrase avec elle, qu’il devienne fou. Et s’ils foutent le feu à la pièce, peu importe. Que le Diable les emporte. Elle aime ça. C’est bon …foutrement bon.


Pourquoi Lui ? Lui, qu’elle a catalogué charmeur, avant de le juger intéressant, charmant, étonnant, déconcertant, agaçant pour enfin le traiter d’emmerdeur.
Lui et ses mille et une façons bien à lui d’alimenter l’incendie à coups d’étincelles au fil des jours qui passent.
Peut-être parce que depuis le départ, il n’a jamais voulu que ça, lui faire perdre le souffle. En 20 ou 44.9 secondes qu’est-ce que ça peut faire si le plongeon vaut le coup. Peut-être qu'après tout, elle n' a jamais souhaité que ça, plonger, se noyer...Couler, dériver, chavirer...


Dehors le monde continue à tourner. Et c'est bien. La marchande de poissons harangue les badauds sur la place du marché. Un chien aboie à quelques ruelles de là. Deux mégères se disputent et s'envoient des mots d'oiseaux.
Les bruits de la ville leur parviennent assourdis, étouffés par les soupirs, leurs halètements qui viennent se perdre contre les murs de pierre.

Leur étreinte sera duel ou danse, caresses et morsures à la fois. Impérieuse et imminente………Mais foi de Kachi, elle sera. C’en est presque vital.
De Louve tigresse , elle se fait douce et féline , supplie :

- Fez ! Pitié…….Maintenant……

"Kachiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii!!!!"

Oh bordel………La main qui déjà dénouait les lacets des braies de Fez s’interrompt. Elle cherche son souffle, accroche le regard du Diable à qui elle est prête à offrir son âme pour qu'il la fasse grimper au 7ème , et questionne mi- agacée, mi- inquiète ?

- Fez ? C’est Néo qui m'appelle là ?


Bon, c'est Néo quand même. Pas la dernière des greluches qui braille au milieu de Marseille. C'est Néo quoi !
Mais bon, vous vous souvenez ? 168 heures quand même. A le vouloir à en crever...
Alors désolée ma Belle Néo, mais non.....


Franchement c’est pas le moment. Que la Sauvageonne aille se rhabiller ! La Louve elle ne songe qu’à le déshabiller.
Les doigts fins s'acharnent à nouveau sur les liens…..Alors qu'elle marmonne :
On s'en fout....


*" Et quand la plaine ondule
Que jamais rien ne m´atteigne... "


* Pendant que les champs brulent - Niagara (reprise d'Izia)

_________________
Neolonie
[Je ne vous demande que 30 secondes!]


Si elle avait su...
Ou pas!
Ce que l'on ne vit pas nous laisse de marbre.
On ne peut compatir avec l'attente, l'envie.

Et puis faut bien avouer qu'elle n'a pas les yeux fixés sur la clepsydre, elle.
Ce qui fait qu'elle imagine que les retrouvailles sont faites et bien faites.
Que les amants rassasiés, - oui j'avoue ce serait elle, elle ne le serait pas non plus, rassasiée; mais c'est pas elle, donc je m'en moque -, sont attablés devant la fenêtre à regarder passer les bateaux, la télé n'existant pas encore.
Fez avec une bouffarde au coin du bec, Kachi en train de ravauder quelque jupon et à grommeler dans sa barbe qu'il aurait au moins pu durer plus que quelques minutes.
Nan mais si, avouez, ça fait envie!!

Pourtant, sur ce coup-là, vous pouvez râler, Néo a carrément oublié le cap, la fin du cap, l'envie, touça…
Pour elle c'est un jour comme les autres, enfin non, pas comme les autres puisque la voilà à dévaler les ruelles en hurlant le nom de Kachi.

Elle s'est déjà trompée deux fois, à cogner comme une furie sur des montants de bois.
La première fois, c'est un gosse qui lui a ouvert, l'œil noirci, la lèvre fendue, les yeux suintant de peur.
La brune en est restée coite, la bouche ouverte sur un cri silencieux alors même qu'elle réalisait que non, ça ne pouvait pas être chez Fez.

Elle a fouillé dans ses jupes pour en tirer quelques nougats gardés pour Bébert, les a fourré dans la main du mioche sans dire un mot, puis s'est retournée pour reprendre sa course.
Beaucoup plus calme sur l'instant, p'tete même qu'elle en a oublié pourquoi elle courrait, retournée par la vision du pauvre gamin.

Mais la vue du port au bout de la rue lui a rappelé sa mission, elle a repris sa course, juste un peu moins vite, criant un peu moins fort.

Kachiiiiii!


La seconde porte s'est ouverte sur un routard débraillé, la panse à l'air, les braies délacées, un fumet digne d'un sanglier en pleine course, le râtelier plutôt épars et un sourire à faire mourir de peur la moindre demoiselle un peu précieuse.

Ah ben nan, c'est pas Kachi!

Sauf que ledit sanglier s'est avéré avoir des réflexes de chasseur affamé face à une proie inattendue, et avant même qu'elle ait pu faire demi-tour sans même donner d'explication, la pogne de l'homme vient stopper net sa retraite en lui écrasant le poignet.

Ben si ma tout'belle!
Viens y donc.

L'est là ta Tatie.


Contrairement face au spectacle de la mine défaite du mioche précédent, Néo ne reste pas sans rien faire, ces situations-là sont fréquentes lorsqu'on a peu l'habitude de fréquenter les beaux quartiers.
Inutile d'user sa salive à tenter de justifier sa présence, le groin s'en fout comme de sa première chemise qu'il doit d'ailleurs toujours porter.
Pas possible de sortir sa dague de la main gauche, ce serait perdre le peu d'avantage qu'elle garde.

Elle se laisse tirer dans l'entrée, trébuchant volontairement pour agripper le mur de sa main libre, tire son bras prisonnier pour déséquilibrer l'homme qui la pense sans défense.
Lequel se retourne la main en l'air, espérant la sonner d'une baffe.
Juste la bonne position qui fait remonter le ventre débordant, la jeune femme prend appui sur son pied gauche et balance le droit directement dans les bijoux de famille ballotant, les faisant remonter jusqu'à la gorge.


Pauv'con!

Elle n'attend pas qu'il ait fini de tomber en se tenant le service trois pièces un peu brisé, d'ailleurs la porcelaine a l'air de tinter un peu.
Cette fois la course est reprise de plus belle, pour éviter de potentielles représailles, elle ignore qui pouvait se trouver dans la pièce sombre derrière lui.
De toute façon pour l'instant, il n'a pas le souffle pour crier.


La peur donne des ailes, l'adrénaline aussi, surtout quand on est passé sans dommage à côté du pire.
Mais cette histoire ne vaudra pas la peine d'être racontée, même si elle tremble d'une trouille rétrospective.
Le poignet tuméfié sera planqué, ou n'importe quelle excuse valable trouvée lorsqu'il le faudra.


Kachiiii!!!

Bordel, mais y sont où?


J'aurai bien fait d'me préoccuper un peu plus d'savoir où tout l'monde créchait.


Troisième porte, serait-ce enfin la bonne?
Sauf que la spontanéité a fait long feu depuis le port et que les portes renferment un peu trop de trucs pas clairs pour tenter une autre expérience.

Du coup, Néo reste vigilante, frappe vaillamment sur le montant de bois mais se recule ensuite vivement.
Si ça s'trouve, ça va lui sauver la vie des fois que les occupants soient des sauvages.


Kachii!!
J'ai une grande nouvelle!

_________________
Xciv
[Quelques minutes avant la fin du cap des abstinents]

La taverne se vidait au fur et à mesure, les chopes étaient vidées, certains allaient un tour au marché à faire, d'autres une balade près du port et enfin deux autres, un défi aussi fou que masochiste à boucler. C'est donc seul que le blond descend les ruelles de la ville, en direction de sa chariote. Elle était bien calée sur une petite bute, avec vue sur la mer, à l'extérieur de la ville pour avoir une petite tranquillité, après tout il fallait du calme à ses petits monstres.

Il rentra donc chez lui l'âme en peine, l'absence de sa moitié depuis plus d'un mois déjà se faisait sentir au quotidien et plus le temps passait, moins il espérait un éventuel retour. Mais c'était la vie, elle était faite de haut et de bas, seulement là, il était difficile de faire pire. Heureusement il n'était pas seul et la compagnie de ses amis l'aidait à tenir le coup, à se changer les idées. Seules ses nuits étaient trop longues.

Il sorti quelques écus qu'il donna à la jeune fille qui avait accepté de veiller à ses petits pendant son absence. Elle le remercia avant de lui dire une phrase qui allait le chambouler.


Tenez messire, vous avez reçu une lettre de Dié

De Dié? Non, me dites pas que...

Sans réfléchir plus longtemps il se saisit de la lettre. Ses yeux s'ouvrent grands, c'était elle. Il parcouru les lignes sans attendre, à plusieurs reprises comme s'il avait besoin d'être sûr que ce qu'il lisait était vrai. Elle était là, elle était revenue.

C'est fou comment, parfois, un simple petit rien vous redonne l'énergie et le pep's qui vous avait quitté quelques heures auparavant. La longue journée à la mine, les pintes consommées, lui avaient donné un bon coup de barre et il s’apprêtait à faire un bon somme. Seulement maintenant, hors de question de dormir, il était excité comme tout et il fallait qu'il le partage, qu'il le crie à tue tête!


Vous, restez ici, encore un peu, j'ai une urgence à faire, surtout vous ne bougez pas!

La gamine n'avait même pas eu le temps de prononcer un "mais...." qu'il était déjà dehors, courant et sautant comme un môme. Elle était de retour, et ça, ça, c'était bon!
Pepin_lavergne
[Il voudrait être un méchant de James Bond
Pour menacer la planète et soumettre le monde.
Armé jusqu'aux dents dans un repère qu'il imagine
A l'intérieur d'un volcan, ou dans une base sous-marine.
[...]
Il aurait un rire sardonique qui inspire la terreur
Pas trop sardonique quand même parce qu'il sait pas c'que ça veut dire
Quand c'est mal fait ça fait pas peur !]


Pépin n'était pas au courant de cette histoire d'abstinence. L'eut-il su qu'il se serait moqué de sa cousine. Non mais quelle idée que de parier de genre de choses, aurait-il dit en riant à gorge déployée.
Mais Pépin n'en savait rien du tout. Aussi marchait-il dans les rues de Marseille, innocent - s'il avait jamais été innocent - et joyeux. Il était heureux, parce qu'il venait de boire une chope de clairette avec Hélona, et qu'il aimait de plus en plus boire des choses avec Hélona. Il aimait aussi lui donner des choses, lui faire des cadeaux, parce que ça faisait pétiller ses yeux. En toute amitié, évidemment ! Il n'y avait rien à voir là que des marques d'affections amicales. C'était très clair entre eux. Pas d'amour. Du moins pas avant l'annulation du mariage.

Et en parlant de clairette, il en avait une bouteille en main. Et il avait bien envie de trinquer avec Kachinette. Sa chère cousine, qui Deos soit loué, avait encore sa tête bien en place, lui manquait. Boire avec elle lui semblait être une saine occupation. Ils parleraient du bon vieux temps, de la chasse aux grenouilles et des cavalcades après les papillons. Et les courses d'escargots ! Un sourire s'épanouit sur les lèvres du jeune homme, tandis qu'il arpentait les ruelles à la recherche de sa complice d'antan. Il aimait toujours ça, Pépin, les courses d'escargots. Encourager les gastéropodes alors qu'ils n'y comprenaient sans doute rien, c'était aussi drôle qu'inutile. Tout ce qu'aimait Pépin, en définitive.

Elle devait être... Où ça d'ailleurs ? Peut-être à la fameuse taverne de Fez, celle qui surplombait la mer, ou Deos savait quoi. Il s'y rendit en sifflotant, se réjouissant à l'avance de boire un coup avec sa cousine. Malheureusement, lorsqu'il arriva à destination, on l'informa que Kachina n'était pas là, pas plus que Fez, d'ailleurs. On lui donna une adresse : la chaumière de Fez, un peu plus loin, dans la ville. Sans doute s'y trouvaient-ils. Pépin bougonna un peu en reprenant sa marche. Il aimait bien le jeune homme, mais aurait voulu remonter le temps en la seule compagnie de Kachina. Cependant, il pouvait visiter la ville tout en cherchant la maisonnette. Ce qui n'était jamais désagréable.
Enfin, la chaumière fut en vue. La porte était fermée, ce qui était ennuyeux. Et puis, il y avait déjà quelqu'un, en plus. Tiens donc, il n'était donc pas le seul à chercher sa cousine ? Il salua la brune d'un signe de main, et ajouta le son de sa voix aux cris qui résonnaient devant la chaumière.


- Kachiiiiinette ! Viens boire de la clairette !


Edit pour modifications.

_________________
Delfezzo
      [ Inopportun : non prévu pour faire avancer ses intérêts. ]

      Ambrose G. Bierce - Dictionnaire du Diable

On y est. Jour J, Heure H, minute M, et la seconde S se profile à toute berzingue dans les souffles qui s'emmêlent et les lacets de braies maltraités à quatre mains. Un peu gonflants, d'ailleurs, les lacets. De rage, il a dû trop les resserrer après l'interruption des deux orchidoclastes de tout à l'heure. Ou bien, pétri de ses vieilles habitudes maritimes, il s'est fendu d'un bon vieux nœud en huit du genre à lui clouer les voiles au mât au moment le moins opportun. Quoi qu'il en soit, le schmilblick commence à taper sur les nerfs de Fez, d'autant que les assauts frénétiques de la vingtaine de doigts mobilisée sur les lacets récalcitrants tendent à empirer les choses plutôt qu'à les arranger et que, entre nous, certaines données anatomiques assaisonnées au contexte font qu'il se sent de plus en plus à l'étroit sous le tissu. Bref, le dénouement dans tous les sens du terme est réclamé à grands cris par le syndicat unanime de ses organes, si bien qu'il repousse la brune et se précipite vers la fenêtre pour récupérer la dague laissée sur son rebord. Aux grands maux les grands remèdes. Seulement, tandis que les lacets expirent sur le fil de sa lame, il croit percevoir à l'extérieur un beuglement perturbant. Si perturbant, d'ailleurs, qu'un faux mouvement de dague manque de lui valoir l'émasculation - ce serait la cerise, tiens.

Kachiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!

Non. Et non. Et re-non derrière.
Néo est bien brave, mais il y a des choses avec lesquelles il ne faut pas déconner. Son esprit déjà bien embrouillé éjecte sans plus attendre les appels de la Sauvageonne tandis qu'il repose la dague à sa place et fonce dare-dare vers la brune. Avec un peu de chance, elle n'aura pas entendu quoi que ce soit.

Les braies outragées, les braies brisées, les braies martyrisées mais les braies libérées, il déballe une gaule de général. On y est, cette fois ! Jour M, minute H, heure J, enfin, ce genre de trucs ! D'une main, il soulève la cuisse de la brune, occupé par ailleurs à la gratifier du baiser le plus indécemment langoureux de la saison. Mais alors qu'il s'apprête à jouer les grooms liftiers pour envoyer la dame au septième - et lui avec, si possible - il entend la voix étouffée de la brune haleter l'une des questions qu'il a le moins envie de se voir posées en cet instant précis, quelque part entre "vous voudriez pas m'épouser ?" et "il reste de la tourte au roquefort ?" :


Fez ?
Non ! Oui ?
C’est Néo qui m'appelle là ?
Oui. Non.
On s'en fout...
Absolument. Absolument.

Sur cet agréable consensus de sourds, Fez remet en branle l'incendie du moment et, avec un grognement déjà victorieux, il plante ses yeux dans ceux de la brune et...
... relève la tête vers la porte.
Parce que la voix s'est rapprochée, qu'elle est à présent tout près, et qu'il est de moins en moins évident de faire semblant de ne pas l'entendre.


Kachii!! J'ai une grande nouvelle!

Une grande nouvelle ! Lui aussi, il en a une, de grande nouvelle ! Elle s'appelle "une semaine, c'est LONG", et elle pourrait bien justifier un ou deux assassinats sanglants. Obstiné, Fez décide que Néo finira bien par déguerpir quand elle pensera qu'il n'y a personne dans la chaumière. Et de bâillonner les possibles protestations Kachiniennes d'un nouveau baiser, raffermissant sa prise sur sa jambe pour enfin mettre la frustration en déroute...

Kachiiiiinette ! Viens boire de la clairette !
Holy bloody fuckin' damn shitty hell*
, marmonne le brun dans un anglois grinçant, relâchant brusquement sa captive.

Le cousin a eu raison de sa patience. D'un geste rapide, il remonte ses braies ruinées, et les maintient en place tandis qu'il martèle le sol des trois enjambées titanesques qui le séparent de la porte. Qu'il ouvre avec fracas et en grand, bien décidé à faire comprendre aux deux intrus qu'ils ne sont pas les bienvenus - quitte à dévoiler au grand public des morceaux de Kachi que la pudeur ne saurait voir.
Débraillé, torse humide et regard de serial killer
(de quoi ?), il les toise successivement et prend une très grande inspiration pour prononcer le mot qui suit sans hurler :

Quoi ?

* Sapristi, me voilà fort contrarié.

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Pepin_lavergne
[Tu fais comme dans l’infanterie, tu te tires ailleurs]


Ailleurs, dans un lieu lointain, où il fait très chaud, et où une troupe de quarante voleurs aurait établi ses quartiers, Pépin aurait pu être celui qui prononce la fameuse formule. « Sésame, ouvre-toi ! » aurait-il dit en pointant un index vers le mur de pierre.
Mais Pépin ne songea pas une seconde à lancer ce genre de choses, pour la simple et bonne raison qu'il n'avait jamais eu l'occasion d'entendre parler d'un dénommé Ali Baba. Et il préférait inventer ses propres phrases célèbres, plutôt que de piquer celles des autres. Le vol de répliques n'était pas aussi réjouissant que le vol de bourses pleines d'or.
Tout ceci le ramenait précisément devant la porte de la chaumière de Fez, juste à côté de Néo. Toujours avec l'idée de boire de la clairette en compagnie de sa cousine. Sauf que ce n'était pas sa cousine, qui leur demandait ce qu'ils voulaient, à Néo et lui. C'était le propriétaire des lieux.

S'il avait été un peu plus attentif, Pépin aurait remarqué que le Fez en question n'avait pas l'air ravi de les voir là. Ou du moins, aussi ravi qu'il pourrait l'être de découvrir une famille de ver de terre dans le fond de son bol de soupe. A moins d'avoir des goûts culinaires vraiment très particuliers.
Mais Pépin était distrait, parfois. Et manque de chance, il l'était précisément aujourd'hui, là, maintenant. Il ne remarqua pas la façon dont le brun tenait ses braies, ni l'air agacé qu'il arborait, pas plus qu'il ne perçut le hurlement retenu dans ce simple « quoi ? » somme toute assez poli, vu les circonstances. Non. Pépin ne pensait qu'à boire - pour changer - et taquiner sa cousine comme quand ils étaient enfants. Il aimait bien Fez, mais leur relation était encore bien trop récente pour qu'il se permette de lui glisser un grillon dans la chemise.


- Elle est avec vous, Kachina ? demanda-t-il donc, l'esprit déjà occupé à chercher quelle farce lui jouer. Je la cherche partout. C'est qu'on avait rendez-vous...

Ce qui, naturellement, était un véritable mensonge. Il la cherchait bien, certes, mais n'avait pas du tout rendez-vous avec elle. Fez cependant, n'était pas censé savoir ça. Aussi, Pépin pensait bien que s'il savait où se cachait sa cousine, Fez n'hésiterait pas à le lui dire.
Le jeune homme se tourna vers Néo, attendant qu'elle explique ce qu'elle-même fichait ici. Tout le monde cherchait Kachina. Elle était l'Indispensable, assurément, et Pépin en tirait une certaine fierté. Savoir que sa cousine était si appréciée des autres, qu'elle avait des amis, qu'elle occupait une place importante dans le cœur de nombreuses personnes... Ca le rendait fier, extrêmement fier. Ca voulait dire qu'il n'y avait pas que lui, le cousin Auvergnat, qui s'était rendu compte de la valeur de cette femme. Et c'était toujours bien agréable de constater que les gens que l'on aime, sont aimés des autres.


- Alors ? Vous l'avez vu récemment ?


S'il savait, Pépin, à quel point c'était récent ! Serait-il parti en s'excusant ? Pas sûr...




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Neolonie
[Finalement c'était pas si important qu'ça...]

Faut croire qu'elle n'est pas la seule à avoir envie de voir la brune, v'là t'y pas que l'cousin s'en mêle!
Il a l'air bien, d'ailleurs, le cousin, pas longtemps qu'il les a rejoint mais pas le dernier pour lever son verre ou rigoler.
D'ailleurs, en parlant de verre, Néo se promet que s'il arrive à faire sortir la Louve, elle va leur coller au fessier, pas question de louper la séance clairette!

Elle le laisse donc interpeller à sa façon Kachina, se disant que si l'entrevue avec le propriétaire des lieux se passe mal, elle ne sera pas tout à fait en première ligne.

Parlant de ça, la porte s'ouvre d'un coup et c'est un Fez plutôt dénudé qui en sort.
Pas pourri le gars d'ailleurs...
Mais hmm, grumpf, elle va se faire tailler en pièces si la brune s'aperçoit qu'elle reste bloquée sur le torse du brun.
Pas d'sa faute hein, elle est à la diète elle!

De toute façon, vu le regard qu'il leur lance, elle risque pas de tomber en pâmoison!
Et Pépin qui ne se rend compte de rien...
Pourtant, à cet instant, Néo a oublié exactement de quoi elle voulait parler.
P'tete même que si elle pouvait, elle se jetterait directement dans la mer. A la fois pour se rafraîchir et pour disparaître.
Hmm, c'est une idée ça.


Euh....
J'ai... J'ai vu un bateau là bas...

Couleurs... d'Alexandrie. Ahemm... P'tet que...
Grmpfff.


Là, la brune se liquéfie au fur et à mesure et s'embrouille dans ses explications, réalisant que si Kachi est là dedans et que si elle ne sort pas, c'est qu'elle est.... ils sont...
Bref, ça pue les hormones!

Un pas en arrière, courageuse mais pas téméraire, elle laisse Pépin en première ligne.

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Kachina
"Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde ;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde."
(Beaudelaire)

L’enfer doit ressembler à ça.

La Louve qui aime à se bruler les ailes au risque de se consumer, celle qui croyait jusqu’ici que c’était un gigantesque incendie, illuminant la nuit, embrasant le corps et l’âme s’y trouve plongée d’un coup.
Elle espérait gouter au truc de fou qui vous emporte comme une vague déferlante. Impuissante et ravie bien loin du paradis trop fade, trop lisse. Celui qui vous fait oser tous les gestes, supplier tous les mots qui vous feront rougir quand vous retomberez sur terre.
Vous savez, quand le Diable frappe à la porte, que vous savez que vous êtes foutue d’avance si vous le laissez entrer, mais que pour être franche, il n’y a rien de meilleur que ça.

Et que vous en redemandez …Encore et encore….


Bah nan.

L’enfer c’est ça. Sa main à Lui, qui s’empare de sa cuisse, sa bouche impérieuse sur la sienne et cette sensation délicieuse de se liquéfier.
Ses mains qui s’agrippent aux épaules masculines, parce qu’elle n’est plus sur terre déjà et que si elle le lâche, s’il la délivre, elle tombe.


Et elle tombe. De haut même jusque dans les abysses infernales.
Parce qu’à l’instant T, alors qu’elle se cabre déjà à sa rencontre, la voici repoussée, plantée là, abandonnée, délaissée……..
Oubliée déjà ?
Seins nus en jupon, alors qu’il ouvre la porte se foutant comme de sa première paire de braies d’exhiber les charmes de sa partenaire de jeu, charmes pour qui c’est sûr, il aurait été prêt à mourir quelques instants plus tôt.

L’enfer c’est ça.
La porte qui s’ouvre et ce manque en vous, alors que vous vous apprêtiez à toucher les étoiles.


- Bordel ! Fez !!!!!!!!!

Et si cette situation-là est provoquée par deux des êtres que vous aimez le plus au monde, franchement, c’est plus l’Enfer, mais l’Apocalypse. Le chaos total….

Ils ne semblent pas la voir et c’est aussi bien.
Elle à le regard fiévreux, les lèvres gonflées, la crinière brune échevelée, sans parler de ses seins dressés qu’elle vient dissimuler de ses bras croisés contre son buste.
Elle ressemble à cet instant à une pucelle sur le point de ne plus l’être, qu’un père ulcéré vient de surprendre avec le maréchal ferrant si pauvre mais au regard de braise, alors qu’il la destinait à ce marchand si laid mais si riche.


Et elle reste figée là, comme la dernière des dindes à écouter Pépin parler d’un rendez-vous qu’elle n’a jamais donné, sans oublier une Sauvageonne qui tente de les mener tous en bateaux vers ce pays où les danses des femmes enflamment les sens. Quelques mots tournent en boucle, se mélangent sous le front de la Brune : je les déteste, j’ai envie de les tuer là.

Pépin, elle l’aime….Il est ce frère qu’elle n’a jamais eu. A en oublier Tynop, et ses lointaines errances.
Elle l’aime ce cousin. Aussi farceur que tendre. Audacieux que fou.
Même si elle sait bien qu’une sublime rousse l’emportera un jour loin d’elle.
Chacun sa route, chacun son chemin dit le poète.
Et c’est bien. S’il y a une chose que sait la Brune au jour d’aujourd’hui, c’est que rien ne dure jamais.


Pépin elle l’aime, Néo aussi.
La Sauvageonne est aussi presque sœur.
Complice aux épaules larges sur lesquelles, Kachi vient se réfugier les soirs de gris.
De galères en galères, ces deux-là ont fait toutes les guerres.
Et si certains ont peur des promesses, les deux Brunes se sont jurées un jour qu’aucun homme ne les séparera plus.


Sauf que là, elle abuse la Belle.
La Louve marmonne, pour elle-même, alors que ses prunelles claires, déjà assombries par le désir virent carrément au ciel d’orage :
Rien n’à foutre de ta barcasse, Néo !
Parce que franchement, même si c’était une frégate royale ou une superbe caraque battant pavillon noir, elle n’a aucune envie de courir sur le port.
Elle veut juste………

Du regard elle cherche la chemise qu’ils ont quelques instants plus tôt jetée au sol. Elle la plaque contre elle sans prendre le temps de l’enfiler d’un geste rageur et parcourt les quelques pas qui la séparent de la porte.
Les amandes fougères condamnent sans appel, les deux intrus.
Et là plusieurs solutions s’offrent à elle.


1 / Elle tire Fez par ce qu’il lui reste de braies, l’entraine à nouveau à l’intérieur et claque la porte à ceux qui ont oublié que la fin d’un cap c’est un peu comme un solde de tout compte, ça vous laisse libre. Et que la liberté sur ce coup, consiste pour les deux amants à se prendre. Jusqu'à l'assouvissement total qui leur fera oublier ces jours de frustration.
L’idée est foutrement séduisante, mais parait à la Brune un peu trop cavalier.
C’est le Prince qui enlève la Belle, pas le contraire…Et puis, elle lui en veut un peu de l'avoir laissée sur sa faim de Louve comme ça.


2/ Elle les plante là tous et va se pistacher la cravate comme dirait quelqu’un qu’elle déteste aimer ou qu’elle aime détester.
Seule.... en les laissant à leurs rendez-vous manqués, leurs bateaux à la dérive et leurs frusques dévastées à la dague.
Elle leur tire la tronche pendant……………hum. …..1 heure ou plus et elle n’accepte plus jamais un Cap.
Elle redort avec le chat et oublie tous les mots en A.
Comme AAAAAAAAAAhh !!! Nan, impossible, elle a trop envie de Lui.
Une semaine à ne vouloir que Lui, à ne penser qu'à ça. A en perdre la raison.
Elle est telle la prédatrice qui des jours durant a guetté une proie bien trop convoitée. Et le Fez, foi de Kachi, elle va le croquer tout cru. Ouais. Et sous peu , que ça soit dit, morbleu !


3 / Elle compose, leur explique avec son regard de biche qu’elle n’en peut plus, qu’elle va craquer, que s’ils l’aiment comme ils le disent, il le lui faut. Là…………
Parce que si vous croyez que cet intermède-là, lui a collé une migraine dantesque ou à éteint le feu qui court sous sa peau, vous vous gourez grave………..


1.2.3…………
elle laisse ses yeux clairs glisser de l’un à l’autre, se perd sur le torse nu de Fez, ravale sa salive, gorge sèche du pèlerin perdu dans le désert qui voit l’oasis se profiler devant lui.
Les dents mordent la lèvre inférieure, supplient :
Fez !!!
Parce que c’est lui, l’homme dans l’histoire. Lui censé les tirer de là. Il trouvera. Il saura quoi dire, inventera une parade, renverra Pépin et Néo à leurs chaudrons. Il est beau, fort, il sent si bon le sable chaud…….Sa peau est salée et…………

Et le chat se faufile par la porte ouverte, s’incruste lui aussi dans l’histoire avec dans sa gueule un rat à moitié mort qu’il dépose aux pieds de la Brune……Offrande précieuse d'un chat à sa maitresse...

Brune qui d’un coup lâche sa chemise sur la bestiole et court se réfugier sur un coffre qu’elle escalade en moins de deux……en hurlant alors que ses mains viennent à nouveau recouvrir son buste :


- FEEEEEEEEEEZZ !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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