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[RP] Dans la troupe, y a pas d'jambe de bois...

Della
    Non, nous, dans la troupe, on a Clément !


Ah, ce voyage...

Prévu.
Reporté pour cause d'élections gagnées !
Prévu.
Reporté pour cause de loyauté ! Merci Lisa, moi aussi, je t'aime.

Ce voyage, donc, allait enfin voir le jour !
Tout, absolument tout était prêt : l'itinéraire à suivre, les marchandises à vendre, l'escorte, les coffres bien cachés dans les doubles-fonds des chariots, les vivres...Tout. Della en aurait bien sauté de joie.


Partaient avec elle ses deux fils, le vaillant et le malade, deux de ses vassaux même si la situation d'un des deux n'était pas claire, Maryah, une femme à la tête au moins aussi dure que la sienne, un ami de Maryah, la petite Cecy, petite-fille du vassale à la situation encore floue et Anne, dernière arrivée dans le monde merveilleux de Della et chargée de veiller sur Dorante et Cecy.

Chacun savait ce qu'il avait à faire, pour que le voyage se passe au mieux. Et Della ne doutait pas un instant de la responsabilité de ses compagnons, elle savait qu'elle pouvait aussi leur faire confiance et que...tout irait bien.

A dire vrai, pour ne pas leurrer plus longtemps les fidèles lecteurs, un des membres de l'équipée lui posait souci : un de ses fils.
L'on pourrait penser, pour peu que l'on connaisse l'était de santé du puîné, qu'il s'agisse de Dorante, que sa santé pourrait tracasser sa mère aimante et attentionnée, qu'elle se faisait du souci quant au fait de savoir si oui ou non il supporterait la route.
Mais non.
Ce n'était pas Dorante.
Mais alors...???
Clément ?
Ce fils portait craché de sa mère, aussi blond qu'elle, avec les mêmes yeux et le même sourcil gauche qui se lève ? Ce fils aîné qui héritera de la plus grosse partie du magot et des terres quand sa mère ne sera plus que poussière ? C'est lui ?
Hé oui...
Parce que si ce fiston ressemble tellement à maman physiquement...il en est autrement de son caractère, de sa façon d'être...Là, hélas, ce rejeton ressemble beaucoup trop à son père.
C'est le genre de gamin à s'arrêter pour admirer un papillon ou pour cueillir des fraises. D'accord en hiver, il n'y a rien de tout ça mais il ne faut pas sous-estimer le pouvoir des grands distraits !

Alors, Clément a eu droit à des sermons :
"Tu ne dois pas t'éloigner de nous, tu dois nous suivre, partout, tout le temps, tu ne peux pas t'arrêter sans nous prévenir, même pour faire pipi, je dois te voir tout le temps, savoir où tu es et ce que tu fais. Compris ?"

Et l'enfant a répondu sagement :
"Oui oui, maman chérie."

Et un matin, la troupe a pris la route.

_________________
Maryah
La troupe a pris la route oui.
Pas d'jambe de bois non ...
Mais une sacrée bande de bras cassés mwahahaha.

La vision de Maryah est tout autre. Elle voit derrière le visible, et le départ de Percy la laisse sur la réserve. Elle est là, mais elle n'y est pas vraiment. Elle encaisse cette énième déchirure; d'habitude c'est elle qui part et elle a toujours une bonne raison pour s'éloigner. Mais là ... là ... Torvar l'avait prévenu et encore prévenu : on ne fait pas des enfants pour soi, leur fils est grand, devenir Chevalier c'est tout un métier, ça s'apprend. Et ça s'apprend loin de sa mère. L'heure est venue, Percy a fêté ses 7 ans et il est parti pour devenir Ecuyer auprès d'un Seigneur, recommandé par Della.
Maryah est en confiance, malgré toutes ses râleries, et ses remarques désagréables, elle a foi en Elle, elle a foi en Eux.
Della, Torvar, et Compagnie, quelques jours qu'elle voyage avec eux, et étrangement, malgré l'absence de son fils, et malgré ce qu'elle est, elle a ce sentiment tant recherché d'être en famille. Un peu d'elle, beaucoup de lui ; un peu de douceur, beaucoup de sécurité. Car quoiqu'il se passe dans le groupe, chacun veille sur l'autre. Selon les aventures du jour, chacun exprime ses forces et ses difficultés.

Ganael, toujours aussi effacé, a continué à la suivre. Elle apprécie sa présence, qui la rassure et qui lui assure des regards doux et une écoute compréhensive. L'homme au loup est fidèle et expérimente aussi la vie en groupe, la vie en famille. Il est comme un jeune frère sur qui Maryah aurait à cœur de veiller, consciente de ce que ces royaumes lui ont fait. Elle le regarde s'épanouir un peu plus chaque jour, se terrer un peu moins pour s'ouvrir à la lumière du soleil et aux autres.

Et puis il y a Della. Della qui a trouvé une place à Percy pour prouver ses bons sentiments à l'égard du fils du Cosaque. Della qui regarde souvent du côté du Cosaque, qui ignore les regards transperçant. Maryah prend plaisir à la regarder s'occuper de ses deux fils, douce et ferme à la fois.

Clément lui fait souvent penser à Percy, un grand rêveur, qui se laisse surprendre constamment par la vie et qu'il faut surveiller comme le lait sur le feu ... faute de le laisser un instant et de ne plus le retrouver. Et malgré toute la bienveillance du groupe, il réussit toujours à passer entre les mailles du filet et à s'éloigner.

Dorante est plus jeune, plus fragile, il réclame une toute autre attention, et la bridée aime à aller lui raconter d'extraordinaires histoires de dragons, quand elle lui trouve ce regard un peu triste qu'elle ne voudrait voir chez aucun enfant.

Xena est un vrai soutien pour la petite famille, c'est aussi un bourreau de travail. Elle profite des ressources de chaque village, pour contribuer à subvenir aux besoins de tous. Verger, lac, forêt, mine ... rien ne lui fait peur, rien n'est trop dur pour elle apparemment. Elle est tellement occupée que Maryah n'a pas vraiment eu le temps de parler avec elle.

Anne ... Anne tout un poème. Sa fragilité résonne avec les peurs de Maryah. Des fois, elle croit se reconnaître plus jeune en elle. La Bridée voudrait que rien ne lui arrive, mais elle ne sait que trop que tôt ou tard quelqu'un du passé de la petite surgira pour tenter de la ramener là où elle doit être. Alors Maryah compte les forces en présence et se rassure en se rappelant qu'à l'exception des enfants, ils sont tous des combattants et qu'il faudrait un bon nombre pour les mettre à terre.

Cecy n'est d'ailleurs pas trop décidé à laisser Anne s'occuper d'elle. Et parfois un rire échappe à Maryah en voyant le drôle de couple qu'elles font. La jeune femme fragile dépassée par la petite cosaque sauvageonne. Le départ de Percy a considérablement poussé Maryah vers Cecy. Bien sûr, la Bridée évite de toucher Cecy ; elle a remarqué que son contact n'était pas très bien vécu par la petite. Elle a connu ça aussi à Paris, et se maitrise pour contrôler ses élans d'affection ou son naturel tactile. Par contre, elle a décidé de prendre son éducation en main. Et elle ne fait pas semblant. Elle a longuement parlé avec la petite cosaque. Elle lui a assuré qu'elle ne remplacerait jamais sa mère, mais elle s'est promis de faciliter le quotidien de la petite. Et ça, ça passe par le travail. Lors du montage du campement, Maryah a tenu à la faire participer. Qui sais de quoi demain serait fait, et il était préférable vu son tempérament que cette petite apprenne à faire seule. Aussi Maryah l'occupe utilement : aller ramasser du petit bois et en profiter pour poser des collets, car oui Maryah va lui apprendre à cuisiner ... , dépecer les lapins et volailles, les préparer à la broche ou la marmite, porter les seaux d'eau, cueillir des plantes et fruits sauvages, et lorsqu'elles ont la chance d'être dans des villages, elle l'emmène au lavoir, et commence à lui apprendre à entretenir le linge. Et chaque soir, en mémoire de Percy, elle vient au coucher de la petite, après que Torvar soit venue lui souhaiter la bonne nuit, lui raconter une histoire.

Alors chaque soir, elle croise Torvar, que parfois elle n'a pas vu de la journée. Elle s'étonne là encore ; elle le haïssait il y a 15 jours encore. Là, elle se sent comme une femme dans un mariage arrangé, et jour après jour elle apprend à l'aimer, encore et encore. Elle le regarde préparer les itinéraires avec Della et quelques gardes et cosaques mélangés, elle l'observe mener et veiller sur son petit monde. Pas un seul mot ou un seul geste inutile, comme si ses forces étaient concentrés sur le nécessaire. Il ne lui semble plus froid ou dur, juste efficace. Il sait veiller aux besoins de chacun, a toujours un mot gentil pour les enfants, une attention pour les dames et demoiselles. A plusieurs reprises, elle l'a vu inspecter la tente ou la chambre de Della avant que celle ci n'y entre, telle une ombre. Elle l'a vu aussi aider la jeune Anne dans ces moments de faiblesse, discrètement. Le Chevalier d'argent des premiers jours est bien présent. Et elle aime à le voir mener ses troupes et encadrer ses proches, de cette façon qui lui est si naturelle, si spontanée. Alors elle oublie les paroles dures, les défis et les misères qu'ils se font régulièrement. Le temps de la guerre n'est plus là. Elle garde un œil sur lui, à distance, trouve des moyens de l'attirer vers le feu quand il fait trop froid ou qu'elle a vu sa main trembler, elle lui envoie la petite Cecy quand elle le trouve trop triste, elle va parfois s'occuper des chevaux pour qu'il ai un peu moins de travail, d'ailleurs sa peur lui ai presque passé ; chaque jour à cheval a effacé ses craintes et ça, elle lui doit aussi. Certaines nuits, elle erre dans le campement à la recherche du sommeil, repoussant ses questions sur ce que vit Percy loin d'eux, et s'égare vers les chevaux. Elle ne manque pas de remonter la couverture ou d'en apporter une au cosaque endormi ... sinon il mord. Elle l'aime bien son Mercenaire. Et elle l'aime bien le Seigneur de Cheny. Et il manque à son cœur comme à son corps.

Les journées passent ainsi, presque sereinement, que ce soit en pleine forêt ou au cœur d'un village agité. Maryah digère l'absence de Percy, s'occupant, s'affairant, observant les faits des uns des autres, enfermant son petit cœur qui est comme un explosif dormant. Elle attend avec hâte le passage à Limoges, elle sait que Lina l'y attend, elle sait qu'avec l'amie d'enfance et d'errance, elle pourra boire et parler jusqu'au bout de la Nuit.

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Bannière réalisée par LJD Pépin_lavergne
Severin_de_volvent
De Bourgogne un messager réussit tant bien que mal à relayer un message qu'il espérait bien important, tant il avait fait d'efforts pour retrouver la trace de sa destinataire.
Ses pas l'avaient dont mené plus au Sud ou profitant d'une halte de la troupe, il remit enfin la missive rédigée il y avait maintenant une bonne quinzaine de jours.
L'enveloppe était modeste, scellée à la cire gravée du blason au renart de sable, l’emblème des Volvent.





A Della, Cousine aimée,
De Severin ,

Le bonjour tendre parente.
Ne sois pas fâchée je t'en supplie, du long silence qui a été le mien.
Nous allons bien, les enfants et moi.
J'ose te penser en bonne santé, auprès de tes enfants et de ton promis.
Ne sois pas fâchée.
Beaumont nous a été le refuge dont nous avions besoin pour lécher nos plaies et nous retrouver. La vie suit son cours.
Te trouves tu quelque part en Bourgogne ?
Quand pourrai je te revoir, te parler encore ?
Ecris moi bientôt.

Fait à Beaumont ce xx Novembre,

SdV.

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Torvar
Un voyage, un de plus... Torvar s'en serait bien passé mais une promesse avait été faite, il n'était pas homme à se dérober. Et puis, rester en Bourgogne pour faire quoi au juste ? "Elle" appartenait à un autre et ne serait jamais entièrement à lui, il le savait alors il valait mieux plier bagage et tourner les talons. C'était ainsi et il devait l'accepter. Il lui avait pourtant proposé à la roussi-blonde de venir avec lui, de faire de ce voyage un saut dans le temps... elle princesse aux mille couleurs, lui Khan d'un autre monde mais celle qui lui avait rongé l'esprit durant des mois avait su se refuser gentiment à cette offre tentante... leur vie respective était ailleurs et certainement pas ensemble... une impression de vide étreignit alors son coeur mais Torvar ne fit rien paraitre, dodelinant de la tête et murmurant à cette merveille qu'elle avait raison, que c'était là la chose la plus raisonnable à faire... qui pouvait bien penser que le cosaque était raisonnable ? De toute manière, Eliance ne sortirait plus jamais de ce cœur qui l'avait emprisonnée à jamais... Et de rencontres en secrets, Il emportait un peu de ce bonheur avec lui pour ne plus s'en défaire... Mais bonheur ne voulait pas dire qu'il offrirait des sourires à tire-larigot, il ne fallait pas se tromper. Torvar restait un cosaque et ce cosaque-là avait plutôt des choses à digérer et des pendules à remettre à l'heure.

Si dans un premier temps il avait imposé à Maryah le silence et surtout l'obligation de faire ce qu'il lui disait, même si pour y parvenir il l'avait menacé, c'était aussi pour s'assurer qu'elle tiendrait parole et les accompagnerait. Il savait que Della et sa suite transporteraient des biens et franchement, une arme de plus n'était pas de refus même dans ces conditions. Mais après leur énième affrontement, il avait eu peur qu'elle se désiste au dernier moment. Maryah avait joué une fois de plus avec l'âme du cosaque et ce dernier quand il l'avait appris était entré dans une colère noire... Jamais personne ne l'avait vu ainsi et même les siens qui avaient pourtant l'habitude de son âme torturée s'en étaient écartés de peur de prendre un coup mal placé.

Mais Torvar ne se trompait jamais de cible, c'était Maryah qu'il avait dans le collimateur et personne d'autres aussi, il était venu à elle, l'avait regardé dans les yeux et lui avait lancé "tu ne me connais pas, tu ne sais pas qui je suis et tu n'as jamais eu à faire à ce que je suis ! Aujourd'hui tu vas comprendre ce que c'est qu'être cosaque !". Et depuis, Torvar distillait ses ordres et sa façon de voir, imposait à l'Epicée ses choix et surtout l'abandonnait quand le moment de faire une halte ou bien de se reposer s'imposait. Rien, elle n'aurait rien, du moins de sa part. Jamais il ne s'était permis de passer outre ses certitudes ou ses désirs, il avait toujours fait en sorte qu'elle décide et reste maitresse de sa vie mais elle... elle... Elle était passée outre ses propres convictions et avait utilisé un subterfuge pour le soigner.... et même si au finalement, elle lui rabâchait à longueur de temps que c'était parce qu'il avait des enfants à s'occuper qu'elle avait agit ainsi Torvar ne la croyait plus et avait décidé que c'était la dernière fois qu'il se laisserait avoir. Et le soir venu, il partait dormir avec les siens...

Les siens.... Quelques fidèles qu'il n'avait pas encore renvoyé auprès de Matveï, son neveu, avaient pris par au voyage. Et même si cela rendait le cosaque taciturne de leur imposait ce mode de vie, il leur en était reconnaissant au final de pouvoir compter sur leur présence... Présence qu'il savait tout aussi importante pour la petite Cecy qui se construisait à l'image des slaves. Petite rebelle dans l'âme, princesse cosaque au regard pur et intraitable, elle avait l'orgueil de ces ancêtres qui coulait dans ses veines et Torvar le voyait chaque jour. Proche de Dobromir, il savait que l'enfant n'aurait jamais meilleur gardien que son cousin. Mais il savait aussi que ce dernier aurait bientôt un choix à faire, rester près de lui et renvoyer son propre fils Lub sur leur terre natale ou bien l'y accompagner. Et cette décision rendait l'âme slave encore plus chagrine qu'elle ne l'était déjà alors Torvar se murait dans de longs silences, se gardant d'approcher les autres, mettant de la distance entre tous... Il ne préservait personne mais les affaires de famille ne concernaient que les intéressés... et quand le soir tombait, c'était autour du feu de camp que le glacial ancêtre daignait approcher afin de laisser couler la gorsalka à flots rendant chantant les rires ainsi que le dialecte slave se répandre aux alentours. Et leur monde restait une affaire d'hommes du froid prêt à en découdre avec les plus maladroits qu'ils trouveraient sur leur passage... mais en attendant l'importun, la routine s'installait jusqu'à la prochaine étape... Et les jours se succédaient sans vraiment jamais changer...

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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, je ne mords pas.
Della
Le "Oui oui, maman chérie." résonnait encore dans les oreilles de Della lorsque à la première étape, Clément avait déjà disparu !

On était venu prévenir la Renarde, celui qui avait été envoyé avait du perdre au tirage de la courte paille parce qu'il avait l'air penaud de celui qui sait bien qui va s'en prendre plein la tête pour un truc dont il n'est pas responsable. Et il ne se trompait pas. Le pauvre messager fut traité d'incapable, d'étourdi et de bien d'autres choses que nous préférons éviter d'énumérer ici pour ne pas choquer les âmes sensibles.

Lorsque le pauvre bonhomme eut quitté la tente, congédié qu'il fut par le jet d'un bol après la tête, Della hurla le nom de son fils comme si hurler ainsi allait le faire apparaître...Comme s'il suffisait d'un cri pour que ce gamin devienne enfin responsable et se conduise en presque adulte qu'il était, comme si faire entendre à tout le campement combien elle enrageait allait effacer la bourde du gosse...

Trois hommes furent envoyés à la recherche de Clément qui fut retrouver quelque part entre là et ici, le nez en l'air, cherchant sa route mais sain et sauf.
Sauf que...une fois ramené à sa mère, il en prit pour son grade. Le discours que Della tint à son rejeton avait pour but de lui faire prendre conscience qu'il commençait doucement mais sûrement à lui casser les pieds et qu'elle envisageait sérieusement de l'attacher au chariot de façon à ce qu'il ne s'éloigne plus !


Je te préviens, Clément : encore une frasque comme celle-là et cette corde te liera au chariot jusqu'à ce qu'on arrive !

Il ne répondit pas, baisa les yeux et regagna son lit quand sa mère le lui ordonna.
Je t'interdis de quitter cette couche jusqu'à demain. Au moins, je saurais où tu te trouves.

Le lendemain et le surlendemain, Clément ne se fit pas remarquer, il devait avoir compris la leçon.

Mais toute tranquillité a une fin, hélas et alors que tout le monde faisait une halte à Montbrisson, que les tentes étaient montées hors de la ville et qu'il fut l'heure de se rendre en ville pour se ravitailler...il fallut bien se rendre compte de l'absence de Clément !

La fureur dans laquelle la Renarde entra fut telle qu'elle en vint même à affirmer que dès que Clément serait à portée de main, elle l'étranglerait !
C'est qu'on n'était pas parti pour six mois !
A ce rythme-là, on arriverait à Sainte Illinda en été !

Il fallut deux jours aux hommes envoyés à la recherche de l'héritier pour le retrouver, perdu encore...

Cette fois, Clément, tu exagères ! Tu nous fais perdre du temps, de l'argent et...il n'y a rien à faire à Montbrisson ! Même pas un chat dans les tavernes, personne...pas un seul client pour le vin ! Est-ce que tu te rends compte de la portée de tes bêtises ?
Clément se fit tout petit, une fois encore et usant de ce regard qui émouvait sa mère, il s'en sortit avec seulement une bonne remontrance et il fut confié à Anne. La jeune fille, un peu farouche, saurait bien retenir la fougue de l'Amahir-Euphor et le ramener sur terre si jamais il s'envolait encore.

Et l'on reprit la route jusqu'à Polignac...


Mais ce n'est pas possible, ça !
Je veux voir Clément.


Et Clément se présenta devant sa mère.
Je te soupçonne d'avoir une très mauvaise influence sur Anne.
Elle semble avoir elle aussi eu le besoin de cueillir des champignons.
Nous l'attendrons donc deux jours à Polignac.
Deux jours de perdus, encore.


Bawi mais c'est bon les champignons, et belles les fleurs ! Et puis l'hiver se chargera d'achever de les tuer si on ne les cueille pas.

Je crois que Dorante m'a volé la couronne que père m'a offert pour mes 5 ans. Mais je ne voudrais pas dénoncer.


Les yeux de Della devinrent couleur acier et sans ajouter quoi que ce soit, Clément fila aussi vite que ses jambes le purent et sans sa couronne.

Quant à Della...elle eut soudain une très grande envie de pleurer mais elle en fut empêchée par l'arrivée d'un messager qui semblait avoir parcouru la terre entière.
Il lui remit un pli dont elle reconnut immédiatement le cachet qui fut brisé aussitôt.
Les larmes de colère retenues furent bousculées par des larmes d'un tout autre acabit : Séverin était enfin sorti de son silence et de ses murs de solitude, il allait bien, enfin.


Citation:
    Séverin,
    Mon Cousin, mon Ame,

    Enfin.
    Te voilà.
    Tu vas bien.
    Je suis heureuse.
    Tu m'as tellement manqué.
    Tu es chez toi à Beaumont, tu avais parfaitement le droit de t'y réfugier.
    Embrasse les enfants pour moi.

    Je suis en voyage, j'ai du vin à vendre.
    Tu vois, le temps passe mais rien ne change.
    Le raisin pousse, le vin coule et il faut le vendre.
    Nous allons vers Sainte Illinda. Je souhaite y prier ardemment pour implorer la Sainte de guérir Dorante. Depuis l'hiver dernier, il est très malade et très affaibli. Il ne sait plus marcher seul, on doit le porter. Depuis peu, il a repris un peu de forces et il peut venir s'asseoir près de nous et nous parler mais il est resté inconscient bien longtemps.
    J'ai bon espoir qu'il puisse être rétabli pour l'été. J'aimerais tant le voir courir avec son frère au milieu des vignes.

    Mais toi, vas-tu enfin bien ?
    Et les enfants ? Sont-ils en bonne santé ?
    J'ai tellement de choses à te dire et de questions à te poser, quelque chose à t'avouer aussi qui me pèse sur la conscience et pour laquelle j'ai besoin de ton pardon.
    Oui, il faut que l'on se parle, j'ai besoin de te voir, de t'enlacer et de te serrer contre moi.

    Drahomir est mort.
    Mais nous n'étions plus fiancés. Un jour, il m'a annoncé que nous deux, c'était terminé. J'ignorais la raison. Rien ne semblait avoir changé pourtant. Mais il cachait bien son jeu et sa fourberie puisque j'ai appris un peu plus tard qu'une femme était enceinte de lui. Un jour, j'ai appris sa mort, je n'ai rien ressenti. Enfin, que veux-tu, c'est la vie et c'est sans doute mieux ainsi. Comme me le disait Clément, un jour, très étonné que je puisse penser à me marier : "QUOI ? Mais maman ! C'est papa votre époux." Voilà. Tout est dit. La vérité est celle-là.

    J'ai tellement envie de te revoir, Séverin.
    Puisse le Très Haut nous réunir bientôt.

    Je dois te laisser, il faut organiser la suite du voyage, Torvar m'attend.
    Je t'embrasse.

    Qu'Il te garde.
    Della

_________________
Maryah
Entre le départ de Percy partir faire sa vie, et un homme qui ne l'aimerait jamais mais la gardait à ses côtés pour se venger, et une petite sauvageonne qui ne voulait pas d'elle comme substitut maternel, Maryah se demandait bien ce qu'elle fichait là. Elle se demandait surtout pourquoi elle n'avait pas déjà pris la poudre d'escampette, comme elle savait si bien le faire. Comme elle l'avait toujours fait d'ailleurs.
Depuis quand la Bridée tenait ses engagements ? Depuis quand escortait-elle les Nobliaux ? Elle n'était pas dupe, elle savait que Torvar l'avait entrainé, car elle connaissait la plupart des brigands de France, et qu'ils ne feraient pas de mauvaises rencontres ; ou qu'elle trouverait toujours à négocier. D'autant plus avec la marmaille qu'ils se trimballaient.

Les jours encore passaient rapidement, depuis qu'elle s'était personnellement investie de l'éducation de Cecy. Mais les nuits étaient un calvaire. Elle était seule, elle avait froid, et elle n'avait plus de but. Vous savez cette petite chose qui vous tient éveillé, qui vous fait savoir pourquoi vous vous levez le matin et repousser l'heure à laquelle vous vous coucherez. Percy depuis deux ans avait été sa mission. Elle avait appris à le connaître, ils s'étaient apprivoisés avec quelques difficultés, puis ils s'étaient aimés comme une louve peut aimer ses petits. Elle avait changé pour lui, elle avait même changé de vie. Elle avait fait pas mal de sacrifices, et avait appris à se taire, rongeant son frein en silence. Elle avait oublié les ventes illégales, les guerres léonines, et le goût du sang. Elle n'avait même plus d'amant depuis ce qui lui semblait la nuit des temps. Mais Percy avait un père. Une famille. Un avenir.
Et maintenant Percy était parti ; elle voulait partir aussi. Bien sûr, tout ça devait être pensé intelligemment. Elle allait recontacter ceux de son ancienne vie oubliée, ramener Ganael à Sarlat, et acheter sa liberté auprès de Della. Mieux valait faire les choses proprement. Et elle pourrait aller observer son petit Percy, devenir un homme.

Elle aimait ça, observer, regarder sans être vue. Et de la branche d'arbre sur laquelle elle s'était perchée en rentrant de la milice d'une nuit où elle s'était engagée pour tuer ses insomnies, elle regardait cette jolie Della si concentrée à l'écriture d'une lettre. Elle l'observa la relire encore et encore, essuyant imperceptiblement du bout des doigts la bordure de ses yeux.
Bon sang ?! Etait-ce qu'elle pleurait ? Est-ce que la bienfaitrice de son fils était en train de s'abandonner au chagrin ? Peut être une mauvaise nouvelle ... ou ... ou ... Il fallait en tout cas qu'elle en ai le cœur net. Et sans plus attendre, elle sauta au bas de l'arbre, fière d'avoir totalement récupérer l'usage de ses jambes.
Discrètement, elle s'introduit dans la taverne et vint jusqu'à la tablée de Della, retirant sans plus attendre sa cape et prenant place sans y être invitée.


Della ?
Je crois que nous devrions parler vous et moi.
Je vous suis éternellement reconnaissante pour ce que vous avez fait pour Percy, et de ce fait redevable.
Cette lettre ... enfin euh ... je vous vois émue ... pas de mauvaises nouvelles j'espère ? Vous savez je peux aider s'il y a le moindre souci, je vous dois bien ça. Et je peux aider ... de multiples manières ... sans véritable frontière ...
Voulez-vous m'en parler ?

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Della
Surprise par l'arrivée discrète de Maryah, Della leva un regard étonné vers Maryah. Puis, elle lui sourit, doucement. C'était sa façon à elle de souhaiter la bienvenue, un sourire. Maryah venait parler de Perceval.
Oui, elle la remerciait d'avoir fait entrer son fils à la cour d'un Noble mais Della devinait parfaitement que cette séparation était difficile. Elle aussi avait été séparée de ses enfants bien des fois et elle savait exactement le déchirement que cela faisait lorsqu'on les regardait prendre une autre route que la sienne.
Alors, elle sourit encore à Maryah parce qu'elle se sentait proche d'elle dans cette épreuve.


Bonjour Maryah. Bien sûr, nous pouvons bavarder, nous avons toute une journée pour cela. Un rire léger s'éleva, ils étaient bel et bien coincés tous encore pour une journée à Polignac, même si cela contrariait bien des plans.

La Renarde fit servir deux verres de vin et commanda deux potages avant de reprendre le cours de la conversation. Elle voulait que ce temps passé avec Maryah soit convivial, que le courant passe entre elles deux parce que oui, elles avaient des choses à se dire et peut-être à livrer...


Perceval sera bien traité chez Basile, soyez-en certaine, je lui fais confiance. C'est un homme respectable, rude sans doute mais loyal. Votre fils grandira en apprenant à devenir chevalier, comme il le souhaite. Mais vous ne me devez rien, Maryah. Nous savons toutes les deux que mon aide était intéressée même si je suis heureuse d'avoir pu agir de la sorte. D'ailleurs, il faudra que je parle à Torvar bientôt. Le regard bleu se posa sur un point loin derrière l'épaule de Maryah. Je n'ai toujours pas écrit au Héraut. Je ne peux m'y résoudre...j'espère encore. L'arrivée du potage permit une diversion et Della abandonna le sujet Torvar. Maryah avait sans le vouloir sans doute lancé une perche.

C'est gentil à vous de vous soucier de moi. C'est une lettre pour mon cousin, Séverin de Volvent. Il a vécu quelques moments très difficiles, son épouse n'est plus et...il a eu besoin de se retirer du monde. Il y a quelques jours, j'ai reçu une lettre de sa part, il me disait qu'il allait mieux et...voilà, je lui ai répondu en lui disant que nous nous reverrions bientôt. Tout en parlant, elle avait plié la lettre, elle la ferait porter par un messager plus tard. Mais elle avait soudain envie de continuer à parler, elle le faisait si peu souvent depuis le départ de Séverin. Il est un des rares membres de la famille Volvent encore vivant. On se ressemble un peu, nous avons les mêmes caractères, nous sommes fragiles...Elle sourit. Oui, derrière cette Renarde Noire, la femme était délicate et si souvent fragilisée qu'il en faudrait bien peu pour achever de la briser. Séverin a deux enfants, ils sont adorables...il a un fils, notre nom survivra encore un peu. Et j'ai un frère aussi...enfin...plutôt un demi frère, il est le fils de mon père...Et c'est tout...Les autres s'en sont allés.
Tandis qu'elle parlait, son visage était passé de rayonnant à trsite lorsqu'elle évoquait les Renarts autrefois si nombreux et soudés et aujourd'hui si rares et épars...Cependant, elle se livrait sans doute trop et elle se tut pour tremper un morceau de pain dans le potage.

Vous devez être triste d'être séparée de votre fils. Le pain fut mangé, les yeux posés sur Maryah. J'ai connu ça aussi...la séparation d'avec mes enfants...parfois parce que c'est ce que je voulais et parfois contre ma volonté...mais quelle que soit la raison, je sais que pour une mère, c'est difficile. Enfin, aujourd'hui, ils restent avec moi... Et cela, rien ne pourrait le changer.

Dites-moi, Maryah...Torvar et vous...Ce fut le verre de vin saisi alors qui rompit la conversation, il fallait laisser un blanc...juste un instant...J'ai appris à le connaître, je sais qu'il est parfois difficilement supportable mais je vois aussi comment vous vous regardez, comment vous vous évitez aussi...Tout n'est pas accompli entre vous. Je me trompe ?
Confidences pour confidences...
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Maryah
Sotte.
Maryah avait été sotte. Une fois de plus elle avait imaginé le pire. A force de trainer avec l'insensible cosaque, elle ne faisait même plus la différence entre des larmes de joie et des larmes de tristesse. Mauvaise espionne qu'elle ferait à cette heure ci.


Bonjour Maryah. Bien sûr, nous pouvons bavarder, nous avons toute une journée pour cela.

Le sourire et l'accueil chaleureux de Della lui avaient toutefois apporté cette petite étincelle de vie qu'il manquait en elle, depuis le départ de Percy. Un sourire, c'était rien, mais c'était tellement tout en ces temps mouvementés. On ne pouvait pas dire que la Bridée attirait les gestes attentionnés ces jours ci. Alors un sourire de la bienfaitrice de Percy, c'était le summum.
Et sans qu'elle n'ai pu encore répondre, un pichet de vin, du potage et du pain atterrirent sur la tablée. Maryah n'avait pas d'appétit, mais elle avait soif. Soif de vivre, de manigancer encore un peu et soif de partir. Elle n'imaginait pas une vie aussi lisse et froide, elle avait horreur du froid. Elle était mère du Feu, elle voulait brûler de désirs et d'envies tout aussi inavouables qu' indescriptibles. Depuis qu'elle avait appris la mort de Tord Fer, elle voulait rejoindre ses abysses, son Enfer ... là bas il faisait chaud. Et à chaque fois qu'elle frôlerait la mort, elle se sentirait vivante.


Perceval sera bien traité chez Basile, soyez-en certaine, je lui fais confiance. C'est un homme respectable, rude sans doute mais loyal. Votre fils grandira en apprenant à devenir chevalier, comme il le souhaite. Mais vous ne me devez rien, Maryah. Nous savons toutes les deux que mon aide était intéressée même si je suis heureuse d'avoir pu agir de la sorte. D'ailleurs, il faudra que je parle à Torvar bientôt.

Maryah sourit, certes un peu gênée, mais tellement rassurée. Les silences et absences de Torvar lui permettaient de tout contrôler, comme elle l'avait si souvent fait. Il n'aurait pas du la menacer. Il n'aurait pas du la rejeter. Et surtout ... surtout ... il n'aurait jamais du la traiter comme une femme, sans foi ni volonté. Peut être que les paysannes faisaient comme ça, peut être que les cosaques obéissaient comme ça ... mais essayez donc de parler "Obéissance" à une ancienne esclave ... vous n'avez plus qu'à observer le carnage.
L'Epicée se sentait inutile, soumise, et enchainée. Alors elle avait pesté, râlé, et même pleuré ... ce fameux soir de bal. Mais chaque jour qui passait la rendait plus forte, plus résistante, plus déterminée. Chaque soir qu'il passait loin d'elle, lui avait fait comprendre qu'elle avait atteint un point sans retour possible. Il la haïssait, il la maudissait. Il se servait d'elle pour la traversée de la France, et il se servait d'elle pour tenir ses admiratrices à distance. Dans ses changements de comportement, et dans son refus de partager la même couche que la bridée, Maryah avait compris que le cœur du Cosaque battait pour une autre, vivante ou morte, elle n'aurait su le dire. Ce qu'elle devinait, c'est qu'elle n'existait plus pour lui, elle n'était plus qu'une petite souris agonisante dans les griffes d'un chat redoutable.

Alors, elle avait revu ses priorités. Elle s'occuperait de son égo et de son cœur blessés plus tard. The Show must go on. Elle était entrée dans la danse des faux semblants. Percy au service de Basile, sous la protection de Della, et les menaces de Torvar devenaient inexistantes. Elle allait baliser chacune de ses menaces, et s'assurer qu'il ne pourrait en mettre aucune à exécution. Elle prenait exemple : froide et méticuleuse. Organisée et maitrisée.


Je n'ai toujours pas écrit au Héraut. Je ne peux m'y résoudre...j'espère encore.
Maryah sourit doucement, clairement rassurée par les propos de Della. Torvar resterait Seigneur de Cheny, à l'abri des misères et du froid qu'il ignorait. Elle osa même demandé de le tenir à l'égard des guerres trop répétitives, trop sanglantes. Et le voyage, et les promesses d'un bel avenir commercial, éloignaient tour à tour les risques de guerre. Maryah aimerait toujours Torvar, quoiqu'il dise, quoiqu'il fasse. Et elle s'arrangerait toujours pour que rien de fâcheux ne lui arrive, à distance, et quelque soit le moyen. Mais elle y parviendrait. Il l'avait maintes fois protégée et secourue, elle avait une dette envers lui. Il avait fait de son fils un homme qui serait important et respecté, ça jamais ô grand jamais elle n'oublierait. Elle avait remercié Della une fois de plus, insistant sur le rêve de Percy de devenir Chevalier, se réjouissant de voir un bel avenir pour son fils, mais aussi pour le père de son fils, le Seigneur de Cheny, et une porte de sortie de la comédie tragique qui se jouait à l'heure actuelle.

Et puis Della avait parlé de son cousin, et Maryah s'était recentrée sur la jolie blonde qui semblait faire des miracles telle une fée marraine, comme on en lisait dans divers contes.


Vous ? Fragile ? J'ai du mal à le croire Della. Vous savez quoi, nous devrions lui rendre une petite visite à ce Séverin en chemin ! Autant profiter de ceux qu'on aime tant qu'ils sont là. Et je suis certaine que vous ramènerez une étincelle de vie chez lui. Comme vous le faites toujours ...

Maryah était en quelque sorte subjuguée par Della. Elle s'était mise à lui poser tout un tas de questions, sur ses enfants, son défunt mari, ses fréquentations, ses envies de mariage, ses vassaux, ses projets, et même sur son surnom. La Renarde Noire. Intéressant. La bridée, au cours de cette longue après midi en taverne avait appris tout un tas de choses ; Della enfant était une rebelle ; son petit garçon, le plus jeune, ressemblait trait pour trait à son défunt mari, mais Clément le plus grand tenait d'elle. Et cela s'était remarqué sur les routes, puisqu'il avait suffi que sa mère lui dise de ne pas s'éloigner pour qu'il le fasse. Elle en aurait ri si ça n'avait pas retardé ses retrouvailles avec Lina.
En même temps, au fil de la conversation, elle se trouvait une amie en Della. Une précieuse alliée certes, mais une nouvelle amie. Et Maryah manquait cruellement d'amis. Elles avaient parlé d'amour et de trahison, et la bridée avait innocemment fait glisser la conversation sur Torvar.

Della avait un profond respect pour lui et elle n'était pas dupe sur ce qui se jouait actuellement, ou justement ne se jouait pas entre le Cosaque et Maryah. Elle avait testé la sincérité et l'authenticité des sentiments de Della pour lui. Et puis elle s'était lancée dans les confidences.
Percy à l'abri, loin d'elle, loin de lui, elle s'était déjà assurée que Della veillerait toujours à ce que Maryah puisse voir son fils. Et ensuite elle avait parlé. Elle avait avoué à Della qu'il était trop tard pour elle et le cosaque, qu'elle l'avait drogué à trois reprises et qu'il ne lui pardonnerait jamais.
L'alcool aidant, elle avait même révélé le fait qu'elle partirait dès l'escorte terminée. Elle renouvelait ses propositions d'aide pour Della, mais celle ci lui avait réaffirmé qu'elle était Libre. Ce mot lui avait donné tous les courages. A demi mots, elle lui avait confié le comportement autodestructeur du cosaque, et son refus d'aimer. Son refus de tout ce qui serait bien pour lui. Elle avait presque imploré Della de ne pas écrire au Héraut, elle avait même menacé d'intercepter et de brûler les courriers, et même de tuer le Héraut ; mais cela n'avait pas été nécessaire.
La femme qu'était Della, et la Suzeraine qu'elle était, ne laisserait jamais tomber Torvar. Et silencieusement, Maryah remercia Déos. Elle avait joué son rôle : Percy avait un avenir, et Torvar était à l'abri. Un sentiment de joie et de plénitude l'envahit. Et quand Della avait confié apprécier ce moment de partages, Maryah s'était retenue pour ne pas lui sauter au cou.

Et puis était venue l'heure du diner, Della allait retrouver ses enfants et ses vassaux. Maryah avait besoin de temps pour repenser à tout ça, et surtout pour trouver quoi faire, qui devenir après l'escorte. Elle avait regardé la femme de tous ses bonheurs se lever et quitter la taverne, et puis d'un bond, elle l'avait rejoint et lui avait glissé un papier :


Della ? Della ... Merci et euh ... tenez ... pourriez vous remettre ça à Torvar ? s'il vous plait ... c'est le courrier de Percy, il est arrivé à destination.
Je dois finaliser les besaces pour le départ de ce soir, et je ... voudrais dire au revoir à Estaloth.
Je vous retrouve pour le départ ...
Et merci, encore ... votre aide m'est précieuse ... très précieuse ...


Il n'y avait plus là aucun subterfuge, le sourire fut franc et appuyé ; un petit geste de tête, un mouvement de cœur compatissant, et l'Epicée s'éloigna. Elle avait quelques courriers à envoyer, au plus vite.
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Perce_val


Hannnn ... il avait été long ce voyage, et pas très rigolo. Avec Drobomir et Lub, il aurait été rigolo, mais avec les gardes de Della c'était pas pareil. Pas pareil du tout même. J'avais pas de temps pour jouer, pas de père pour faire l'ours dévoreur ou la bagarre, pas de maman pour me raconter des histoires et me serrer dans ses bras.

7 ans ... 7 ans et j'allais exaucer mon rêve. Et tout ça, maman elle avait dit que c'était grâce à mon père qui était Seigneur. Moi je savais que c'était surtout grâce à Della, elle était trop belle Della, et elle voulait certainement que je devienne tout fort, comme ça un jour on se marierait. C'est sûr.

Mais c'était un peu triste. Maman elle disait qu'on pouvait pas tout avoir, mais là c'était trop vrai.
Parce que maintenant Torvar c'était vraiment mon père, et il pouvait pas venir.
Et maman non plus.
Et puis on avait fait la paix avec Cecy, et j'allais pas pouvoir apprendre le Cosaque.

Des fois, c'est quand même pas rigolo la vie. Mais j'allais devenir Chevalier alors bon ... c'tait pas grave. J'allais sauver le Royaume quand même ... !
J'étais tout excité à l'idée d'aller travailler pour un Seigneur tout fort. Un jour, j'irai à la guerre avec mon père, ça serait trop trop bien ! Et je m'occuperai de ma maman, et elle n'aurait plus jamais besoin de partir pour aller travailler. Et même que je lui achèterai une jolie robe, comme les grandes Dames. Et j'en achèterai une aussi à Cecy, même si elle râle. Comme ça elle sera toute belle. Et si je lui fais des cadeaux, elle continuera à me faire parler le cosaque. Et on fera encore la bagarre, enfin pas quand elle aura sa robe, mais ...

Mais là, ils sont pas là. Et ils me manquent. Vorobei aussi il me manque. C'est quand même comme mon frère. Et à Zéphyr aussi il manque. Là c'est un peu comme son fils. Moi je sais pas trop si je voudrais devenir un cheval ou un dragon. Cecy elle, elle dit tout de suite, qu'elle voudrait être un cheval. Moi je trouve que les dragons c'est quand même bien. ça crache du feu hé hé ...

J'avais le temps de penser à tout ça pendant qu'on était à cheval. Et pis, un jour, on est arrivés à Tours. Enfin. Le seul truc bien dans le voyage, c'est que Geoffroy, le garde personnel de Della mon amoureuse hihihi, il m'obligeait pas à prendre tous les jours un bain. ça a été juste à l'arrivée. Sinon on faisait comme les cosaques, on se passait de l'eau et un peu de saponaire pis voilà.

On était descendus dans une auberge du coup, pour que je sois tout présentable. Et c'était bien parce que quand on est sortis de la chambre, y avait une dame très gentille, et très belle, qui nous a donné l'endroit où on pouvait trouver mon Seigneur. Il avait un hostel à lui, et même que la dame elle irait aussi dormir là bas.
J'étais à peine arrivé et j'avais déjà une amie. Une grande. Une riche. Je crois qu'elle m'aime bien parce que elle a passé sa main sur ma joue.


Citation:
De Percy,
Pour mon père, ma maman, Cecy, Vorobei,
Et aussi Della,
Et les cosaques qui sont pas venus avec moi,
Et Lub qui me manque trop !


ça y est ! On est bien arrivés à Tours.
Mais c'était long et pas marrant. Enfin c'est pas grave, je me suis occupé des chevaux comme personne. Y en a un, il s'appelle Gri-gri de Nuit de folies ! C'est Gaspard qui l'a appelé comme ça. Il a dit que quand je serai grand, moi aussi je prierai pour des nuits de folie. J'ai dit que ma maman, elle priait Déos et ils ont tous ri.

On est dans la taverne en train de manger un peu de bouillon parce que j'ai trop faim, de toujours galoper comme ça. Par contre avec ma cape en peau d'ours j'ai jamais froid. Et même que aujourd'hui j'ai pris un bain, t'es contente maman ? Je dois être beau parce que y a une dame qui me fait des grands sourires et même qu'elle veut m'offrir un lait chaud.

Ce soir, on va aller à l'hostel du Seigneur de Pelamourgues. Dit papa, pourquoi t'as pas un hostel toi en Bourgogne ? ça serait bien ça. Et Della elle en a un elle d'hostel ?
La jolie Dame en taverne, elle a dit que le Seigneur il était gentil, mais qu'il fallait bien lui obéir ... sinon il est colère. Mais c'est normal vu qu'il fait la guerre. Tu vois maman, faut pas t'inquiéter. ça va être trop bien. Et Cecy, tu vois moi aussi je vais faire la guerre héhé.

Mais quand même, vous me manquez. Cecy faudra bien prendre soin de Vorobei et Drobomir, ils doivet être tout tristes que je suis parti. Dites ... vous viendrez me voir ?
ça fait tout bizarre d'être loin de vous.
Et en plus, vous êtes avec Della ! Papa tu pourras lui faire un bisou pour moi ? Et lui dire encore merci parce que je vais apprendre à faire la guerre.

Bon je finis vite, sinon Drobomir il va encore crier.

Gros bisous à tous,

C'était Percy le grand Ecuyer !
Hihihi



J'avais à peine fini que Geoffroy et les gardes se levaient. Il était temps de devenir un Grand !

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Cecy_
    Voilà plusieurs jours déjà que le voyage a commencé. Plusieurs jours qu'à chaque ville, on devait attendre quelqu'un.
    Les adultes disent toujours qu'ils ont peur de perde leur enfants en chemin mais finalement, c'est surtout les eux qui se perdent. De toute façon, nous, on doit faire que les suivre, on n’a pas le choix. Même si Clement a douze ans, je trouve qu'il est grand, alors je le mets dans le groupe des "adultes", parce qu'il peut se marier, lui, au moins. Moi je dois attendre. Peut-être que ce sera Torvar qui choisira mon mari? Au moins, si c'était lui, je serais sure qu'il sera fort. Mais quand même, j'ai réfléchis. Je crois que je ne veux pas me marier de suite, parce que quand j'observe les adultes, je vois qu’ils ne font que se disputer, moi je n'ai pas envie de ça. Vraiment, ce n'est pas drôle de s'énerver tout le temps. Je préfère rester seule et jouer seule. Ou avec Percy, parce qu’il a presque mon age, même s’il veut devenir Chevalier. Surtout que quand on grandit, on dirait qu'il y a quelque chose qui se casse. Comme si un jour, on est obligé de prendre la décision de ne plus s'amuser. Les adultes doivent toujours prendre des décisions, je suis déjà fatiguée rien qu’à l’idée d’y penser. Je préfère laisser ça aux autres.

    C'est ennuyeux, d'être grand. J'ai essayé, un jour. Mais il y a un lapin qui est passé près de moi dans la forêt, alors j’ai essayé de lui donner des gâteaux à la nature. Les adultes, ils n’auraient pas fait ça. Ils lui auraient couru après pour le repas du soir. Plus longtemps je serais dans le groupe des enfants, et plus je serais contente. Même si pour ça, il faut encore que je supporte Maryah.
    Depuis qu’on a parlé toutes les deux, elle veut tout le temps passer du temps avec moi. Elle m’appelle sans cesse. Je ne peux presque plus jouer, sauf quand on passe plusieurs jours dans la même ville. Le matin on va poser des collets, après on fait de la cuisine et des fois on doit laver le linge. Sauf que laver le linge, ça me donne envie d’aller me baigner. Et même s’il commence à faire froid, je m’éclipse souvent les après-midi en ignorant les appels de la Bridée pour aller à la recherche d’une rivière ou d’un lac. Je sais qu’elle ne sera pas contente, mais moi je ne suis pas prête à être grande alors je préfère l’ignorer.

    Elle me sourit souvent. Je crois qu’elle voudrait que je lui fasse des câlins comme Percy. Sauf que je n’ai pas trop envie, je n’aime pas trop toucher les gens. Quand j’étais seule, ils voulaient toujours me faire du mal alors que je cherchais uniquement à manger. Vraiment, les adultes je ne les comprends pas. Elle croit peut-être que si je passe mes journées avec elle je vais devenir sa fille ? Mais moi je vais toujours rester la fille de Mama, et la petite fille de Dedouchka. Surtout qu’elle n’aime pas trop le froid, alors que nous on l’adore. Maryah elle râle souvent après Percy, je n’ai pas trop envie qu’elle râle toujours après-moi. Mais quand même, j’aime bien quand elle me raconte des histoires avant de dormir. On est calme, et je m’endors facilement maintenant qu’il n’y a plus Percy. Avant, on parlait beaucoup avant de dormir. Mais maintenant que je suis seule je ne parle avec personne. Je n’aime pas trop parler avec les adultes.

    Aujourd’hui, on attend Anne. En me promenant, j’ai aperçu un lac. Du coup je suis partie en courant pour aller me baigner. J’ai jeté mes vêtements au sol, et j’ai sauté dans l’eau froide sans plus attendre. L’eau m’a mordu la peau. Ca picotait, ça faisait du bien. Je n’allais pas rester longtemps, j’avais peur de louper le départ. Juste le temps de sentir mes .
Severin_de_volvent
A nouveau le messager plein de zèle réussit à retrouver la trace de la Duchesse de Chartres et lui transmis une nouvelle missive scellée du sceau des Volvent.



A Della, ma très chère,
De Severin ,

Comme je suis heureux Della de te lire et d'avoir enfin de tes nouvelles.
Je suis navré de lire la trahison de Drahomir.
Sommes nous donc condamnés à être déçus par ceux que nous aimons ?
Mais le ciel est bon d'avoir permis à ce triste sire de decouvrir sa véritable personne avant qu'un serment ne vous lie pour de bon.
Console toi ma soeur.

Je suis triste d'apprendre les soucis de santé de Dorante.
Je prierai pour lui, et ferai célébrer une messe afin d'unir nos prières pour son rétablissement.
Nos enfants sont si précieux, ils méritent bien toutes les prières du monde.

Ici, les miens vont bien. Samperu a commencé depuis l'été à recevoir l'enseignement du chant, des prières, la lecture et le calcul. C'est un enfant intelligent avec qui je prend plaisir à discuter et à jouer. Parfois il m'arrive d'oublier qu'il n'est pas de mon sang.

Lucie est plus fragile. Depuis notre retour en Bourgogne elle s'est murée dans le silence. Sa nourrice la surprend quelques fois a parler lorsqu'elle joue, et elle s'adresse de temps en temps a son frère par un mot de ci de la. J'essaie de passer plus de temps avec elle. Elle me ressemble tant que je fais mon possible pour préserver sa santé et lui assurer une attention constante.

Tu vois, j'apprend à être un père présent et aimant.
C'est dur, mais cela me fait du bien.

Je dors mal ces jours ci.
Je ne suis pas tranquille.
Je rêve de renarts morts, de corbeaux, de brume.
Je pense qu'il me faut me purifier.
Aussi, J'ai pris la décision de venir te trouver à Sainte Illinda.
Nous partirons dans trois jours et en mettrons une quinzaine tout au plus.
Je ne sais de quoi tu souhaites me parler, mais il n'est rien qui me vienne à l'esprit qu'il faille te pardonner.
Je me hâte auprès de toi. Nous parlerons; nous nous embrasserons, nous implorerons ensemble la sainte de guérir nos âmes et celle de nos enfants.
J'arrive.

Sois prudente sur les routes et que le très haut te garde ainsi que ta suite.
A bientôt.

Tendrement.

SdV

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Della
Parler sans réserve, sans devoir éviter certains termes ou en étant obligée de se mordre la langue pour ne pas lancer : "Vous êtes vraiment imbécile ! ". Parler comme autrefois, lorsqu'elle était encore si naïve et si jeune qu'elle pensait que tout le monde était gentil, que toutes les rencontres débouchaient sur des amitiés sincères, parler et oser dire les choses, évoquer même ce qui fait mal parce que l'on se sent en confiance et en sécurité, articuler le nom de celui qui lui a brisé le coeur sans avoir honte de la voix qui tremble et ne pas cacher que la santé de son fils lui cause bien des tourments.
Mais aussi écouter et deviner les choses que l'on tait par pudeur ou douleur, observer le visage de la belle Maryah et détecter ces petits signes qui trahissent les émotions et les partager simplement, sans rien dire.
Enfin se sentir bien et rire, s'amuser comme avant avec un charbon pour dessiner une belle moustache à la dame qui ronfle dans un coin de la taverne. Et si on n'était pas si vieux que ça, finalement ? Si la vie valait encore la peine qu'on y croque dedans à pleines dents ? Si l'avenir était encore aussi bleu qu'un ciel d'été ? S'il suffisait d'oser vivre sans avoir peur...?

Bien des choses avaient été dites. L'une comme l'autre s'en irait en emportant ses impressions et tiendrait ses engagements parce que c'était comme ça, aussi simple que ça.

Della veillerait sur Torvar parce que comme elle l'avait rappelé à Maryah, cela faisait aussi partie du serment échangé lorsqu'il était devenu son vassal.
Certes, elle avait demandé à Basile d'accueillir Perceval pour que Torvar lui en soit reconnaissant, dans l'espoir que face à cela, il revienne sur cette décision qui la chagrinait tant. Pourtant, elle n'était pas très fière en son fors intérieur d'avoir agi de la sorte dans ce dessein précis. Si elle était vraiment heureuse de ce qui allait se passer maintenant pour Percy, elle savait parfaitement bien que lorsqu'elle serait devant Torvar, jamais elle ne se servirait de ce geste pour l'obliger à demeurer son vassal.
Elle avait fort bien compris les propos de Maryah, à la taverne. Le Cosaque n'échappait à la loi de la nature qui met en tous une parcelle de faiblesse. Il avait les siennes, lui aussi. Il refusait sans doute de les admettre, comme beaucoup, il les cachait et se les cachait, comme elle le faisait aussi. Derrière des carapaces bien rodées et endurcies, la faiblesse humaine trouvait refuge et tremblait à l'idée de se sentir démasquée. Qui pouvait ne pas se sentir concerné ? Alors, Della ferait en sorte de ne pas approcher de trop près des points sensibles de son vassal. La partie serait délicate. Peut-être y laisserait-elle des plumes...

Ce n'est que le lendemain que l'occasion deremettre la lettre de Perceval à Torvar se présenta.
Il était près du feu, le regard porté sur les flammes, quelques uns de ses compagnons étaient là mais pas tout près, Torvar était seul. Pour l'instant.
Della enjamba le banc en prenant appui sur l'épaule du Cosaque et elle s'assit à ses côtés. Tournant alors la tête vers lui, elle lui sourit. Bien qu'elle lui ait promis moult tourments pendant ce voyage, jusque là, elle ne lui en avait encore infligé aucun. Elle l'aimait trop pour l'ennuyer. Surtout, elle ne voulait pas qu'il la trouve trop casse-pieds, elle jouait gros, elle jouait leurs liens féodaux. Elle aurait tout donner pour satisfaire Torvar, tout sauf rompre ce serment qui les unissait. C'était encore plus fort qu'un mariage, c'était une amitié vraie et sincère qu'elle avait souhaité exhalé à travers un fief parce qu'il était fait pour être Seigneur même s'il prétendait le contraire. Et elle ne comprenait pas pourquoi lui, souhaitait mettre fin à ça.


Bonjour. Elle enroula sa cape autour d'elle pour échapper à la morsure du froid. Je voudrais qu'on parle. Le regard se porta lui aussi sur les flammes qui dansaient entre les bûches. Il faut que nous parlions. Si la voix était monocorde, c'était pour lui interdire toute variation qui aurait pu laisser deviner dans quel état de tension elle était. Et j'ai une lettre pour vous. Une main gantée sorti de l'intérieur de la cape, qui tenait la fameuse lettre maintenant tendue à son destinataire. Elle est de Perceval. Elle avait la gorge sèche et sous la cape, elle croisa les doigts pour que tout se passe bien.
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Desneval
    - Je veux que tu sois sage. Que tu sois comme tu as toujours été. Même si nous sommes avec d'autres personnes, ne change rien. Regarde devant et, quand je t'enfonce mes talons dans le ventre lâche toi.

    Desneval caressait le cou solide et puissant de son cheval. Le souffle de la bête long et régulier montrait à quel point sa puissance était naturelle. Une véritable force de la nature mise à disposition des hommes. L'ami fidèle qui jamais ne pourra faillir, jusqu'au bout il sera là. Autant pour les longs que les brefs périples. L'homme n'avait carrément pas l'habitude de voyager avec un groupe. De caractère pourtant solitaire, il avait fait une folie. Pour une fois, il n'allait pas voyager seul et se taper des monologues interminables qui n'ont pour réponse que le silence. Pourquoi, les chevaux ne parlent t'ils pas ? Imaginez un instant que celui puisse être possible. Imaginez juste la tête d'un cheval, quand son maître lui dirait : "Hue canasson, hue !" Euh... Le cheval se retournerait pour regarder son cavalier d'un air un peu WTHeck : "Euh mecton, tu es sérieux là ?". Enfin ça se serait pour le pire cas ! Dans le meilleur des cas le cheval dirait plutôt : "Ouais, vas-y chevauche moi encore. Je trace !". Hum, inquiétant. Mais revenons à notre Desneval et à son cheval. (Qui ne parle pas.)
    Son dernier voyage en groupe n'avait pas été une réussite. De nature distant et froid, l'homme n'aimait pas tellement les rapprochements au coin du feu. Le partage des rires et histoires à dormir debout n'était pas non plus sa tasse de tisane préféré. Si sur ce coup il avait fait un effort considérable c'est parce qu'il avait retenu la leçon de sa dernière aventure groupée.

    "La nuit était noire et remplie de silence ce soir là. Le vent pourtant habituel dans les larges forêts de France était inexistant. Aucun bruit aux alentours du camp, ce qui ne faisait qu'empirer les petits bruits des animaux nocturnes. Les lapins aimaient bien cette période de la journée, car ils pouvaient facilement se cacher dans l'ombre. Desneval connaissait tout du mode opératoire de la chasse en pleine nuit. Toujours se mettre à contre jour du feu, ou en plein dans la vision de la lune pour voir refléter un œil dans l'obscurité. Mais, ce soir là il ne fit pas comme d'habitude. Au lieu de se balader tranquillement à la recherche de petit gibier... Il eut une idée qu'il voulait essayer. Ses compagnons de voyage étaient en plein rêve sûrement et le calme ne pouvait pas être dérangé car l'homme était persuadé d'être seul à des lieux à la ronde.
    Avec une agilité ayant coûté la vie à quelques braies, il monta depuis le tronc d'un arbre, pour se ficher à quelques mètres du sol. De là, il pouvait apercevoir tout mouvement d'animaux gros, ou petits, de près comme de loin. Ayant pour seul limite l'ombre de la lune. Alors qu'il attendait le moment propice pour décocher une flèche meurtrière, il entendit tout près des chuchotements suspects. Inquiet tout de même que des gens se soient réveillés il porta son attention ce coup ci sur le camp, qui était à quelques dizaines de mètres de lui. Dans un froncement de sourcils et intense concentration auditive il pu entendre des bruits. Des bruits de lames, de fourreaux et de cris étouffés ! Dans une surprise extrême il vit une paire d'homme qui était en train d'égorger sauvagement, et discrètement tout les gens qui étaient en train de dormir. Une mort dans son sommeil, quoi de pire ? S'être livré à l'endormissement, le moment où même le plus redoutable des guerriers offre sa faiblesse. Tuer des gens c'est mal, mais pendant qu'ils dorment ? Un grognement et un profond souffle sortit alors de la bouche de Desneval. Il encocha une flèche, visa, et détendit son arc. L'homme tremblait trop, il sentait qu'il perdait le contrôle. Dans la nuit obscure il vit passer comme des petits copeaux de bois étincelants, et il chuta de l'arbre.
    A peine eut il le temps de se redresser qu'un homme fonça sur lui. Armé d'un poignard ruisselant de sang, il n'était pas là pour discuter, c'est certain. D'un coup de bassin extérieur il pu éviter le coup, et le second qui revenait dans le sens opposé ne fut pas aussi facile à éviter. La ligne, que le tranchant du coutelas arrivait à dessiner ne coupa pas que l'air, il découpa légèrement le flanc du vieil homme. Plus aussi agile qu'à l'époque, il s'était fait à l'idée que les cicatrices étaient simplement une question de temps. Un cri de douleur retentit alors, et Desneval pu enfin se mettre sur ses pieds. Horrible et complètement taré quand les circonstances l'oblige, le barbu s'extériorise de façon nette. Il joigna trois doigts et grâce à ses ongles longs et mal taillés, découpa un morceau de gorge à son agresseur. Le sol qui lui n'avait rien demandé, fut inondé de vermeil. Et afin de faire peur au prochain ennemi qui le regardait, attendant son combat en singulier, Desneval trempa ses doigts dans le sang encore chaud et se mouilla les lèvres avec. Dans un sourire plus grimace qu'autre chose il sauta sur son adversaire telle une araignée sur un insecte. Ce qui suivit, ne fut pas visible par le dernier rescapé de l'attaque. Heureusement pour lui, l'ombre de la lune était trop important. Mais, sa fuite fut rapide et brève, il n'avait même pas remercié l'homme...
    Depuis cette fois là. Desneval se jura de ne plus se laisser aller à ses délires nocturnes alors qu'un campement est sous sa responsabilité. Que trop d'innocents ont déjà donné leur vie pour lui faire retenir une leçon trop chère à ses yeux."


    - Bonjour. Je suis Desneval. Je vous ai rencontré en taverne Limougeaude tout à l'heure. Hum. Est-ce ici le point de ralliement pour le voyage ?

    L'homme, habillé de vêtement nullement raffinés, mais plutôt bon marché, se tenait assis sur son cheval. Sa tenue était donc simple, mais sombre. Sa tête coiffée à la va-vite ainsi que sa barbe fouillis, montrait un peu quel genre il était. Aucune attention n'était porté sur sa forme physique, il était venu comme il était. Ayant quelques soucis quant il s'agit de discussion, il était pourtant quelqu'un de calme et respectueux. Malgré un côté sombre, qu'il n'aimait pas dévoiler, quelques fois la situation l'oblige. Espérons tout de même que cela n'arrive pas.
Torvar
Les routes s'enchainaient, les jours, les nuits... tout semblait figé dans le temps. Et Torvar continuait comme à l'accoutumé. Silencieux et fermé, il n'admettait personne dans son périmètre de confort et même les siens avaient du mal à venir jusqu'à lui. Pourtant ce matin-là, il appela Dobromir afin de se confier à lui mais aussi lui confier une mission... une mission personnelle que personne n'avait à connaitre.

S'éloignant l'un et l'autre dans la prairie à côté histoire de faire galoper leurs chevaux respectifs, Torvar en profita pour lui expliquer ce qu'il attendait de lui. Dobromir ne moufta pas mais un sourcil inquisiteur vint à se soulever.


- Quoi ? Tu as quelque chose à redire sur ce que je te demande ?

- Niet... mais... je ne resterais pas là bas... Je ramène Lub auprès de Matveï. Ici il n'a rien à apprendre. Ton fils est aujourd'hui en lieux sûrs à appréhender sa future destinée, le mien se doit de retourner auprès du clan afin de s'y illustrer. Je sais que ton neveu a reçu une demande d'aide d'un grand seigneur de Russie... quelques clans mongols se prennent encore pour des membres de la horde d'or et veulent soumettre et surtout récupérer quelques terres... les affrontements vont aller bon train dès la fonte des neiges et Lub se doit d'en être, tu le sais aussi bien que moi.

Torvar avait ralenti l'allure puis posant une main dans le cou de Vorobeï, il en descendit. Prenant les rênes entre ses doigts il fit quelques pas avant de se stopper et de faire face à son cousin.

- Bien... qu'il en soit ainsi... Lub rentre auprès de la famille mais... et toi ? Désires-tu rester auprès de Matveï ou bien reviendras-tu ?

Le juron en langue russe s'échappa des lèvres de Dobromir. Levant la tête dans la direction du guerrier, Torvar soupira.

- Tu verras au moment voulu... je ne t'oblige à rien, juste à faire un détour... enfin pas vraiment, ça reste sur ton chemin...

Et la conversation fut close. Torvar remonta sur le dos de sa monture qu'il lança au galop afin de rentrer au campement. Et sans un mot de plus, enfermé dans ce silence qui le caractérisait depuis quelques temps, il s'empressa de panser son cheval, histoire de calmer l'agitation qui prenait racine dans ses entrailles... tout parait en vrille depuis quelques temps et il serait bien vu que ça s'arrête là...

Au bout d'un certain temps et d'un temps certain, le cosaque décida d'aller se réchauffer auprès des flammes qui dansaient au centre du campement. Il n'avait pas vraiment envie de parler mais c'était sans compter sur l'esprit de la blonde duchesse qu'il accompagnait depuis un moment. Levant la tête dans sa direction alors que cette dernière prenait place à ses côtés, Torvar resta assis sur une souche d'arbre qui trainait là depuis des lustres aux vues de sa décrépitude. Inspirant profondément, il la salua avec respect.


- Parler ? Pour dire quoi ? Je pense que le voyage se déroule relativement bien si on oublie un peu les incartades des enfants... quant au reste, personne n'a à se plaindre des hommes ni de leur comportement donc...

Et puis parler de Percy, il n'en n'avait pas envie. Certes il savait l'enfant désireux de devenir un chevalier mais quelque part, on le lui avait arraché sans même l'en avertir et ça aussi, ça ne passait pas... il n'était finalement qu'un prête-nom pour un enfant qui menait sa vie comme sa mère l'avait désiré, tirant les ficelles derrière son dos... il n'avait pas son mot à dire et pas un mot à y redire... serait-il écouté, il en doutait donc le sujet était clos pour lui...
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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, je ne mords pas.
Della
Vous la lirez, n'est-ce pas ?
Elle posa la lettre sur les genoux de Torvar puis remit la cape en place, pour ne laisser entrer aucun courant d'air.

Il faut que nous parlions de nous. Que vous le vouliez ou non, nous n'avons pas terminé notre conversation l'autre jour, en Bourgogne. Je n'ai pas écrit au Héraut. Je ne désire pas le faire. Je n'ai pas changé d'avis et quand je vous observe, je sais que j'ai raison d'agir de la sorte. Vous repoussez tous ceux qui tentent de vous approcher, il n'y a que Perceval et Cecy qui trouvent grâce à vos yeux. Alors, pensez à eux et oubliez votre ego un instant. Etre noble n'est pas une tare, c'est un atout dans la vie. Cheny vous permettra de subvenir àvos besoins et à ceux de votre famille, Perceval ne peut qu'être fier de savoir son père Seigneur, il le sera sans doute un jour lui aussi. Oubliez les poules de Bourgogne et leurs disputes de basse-cour, regardez autour de vous...Ce campement, ces gens, ils sont nos compagnons de voyage, sommes-nous différents d'eux parce que nous appartenons à la noblesse ? Est-ce que je suis différente de Maryah parce que je suis...duchesse ? Oui, je ne me soucie pas de savoir si mes enfants auront à manger demain et alors ? Est-ce mal ? N'est-ce pas pour nos enfants que nous traçons notre chemin,pour les mettre à l'abri ?

Elle parlait, elle parlait de lui, tentait de le tenter...mais ne ferait-elle pas mieux de dire ce qu'elle ressentait ?
Elle inspira une fois ou deux profondément, le froid dessinait des volutes autour de ses lèvres...


J'ai besoin de vous. Besoin de savoir que vous êtes là.
Je ne veux pas vous empêcher de vivre, je veux juste...savoir que vous avez assez confiance en moi que pour demeurer mon vassal. Vous ne saisissez sans doute pas tout le sens que ce lien a pour moi, vous ne comprenez pas que cette terre nous lie d'une façon particulière...Ce serment échangé, il a énormément de valeur pour moi, ce ne sont pas que des mots prononcés sans aucun fondement. Et je sais que pour vous non plus.

Elle se tut, battant des cils pour évacuer la brume qui semblait s'y déposer, essuyant sa joue discrètement avec le tissu de sa cape. Je n'arrive pas moi-même à m'expliquer pourquoi. Je sais seulement que si j'écris cette lettre au Héraut, je perdrai une part de moi-même. Elle fixa le sol, le bout de ses bottes plus précisément, intensément...Ce que j'éprouve pour vous est au-delà de ce que je peux expliquer avec des mots. J'ai de l'amitié pour vous, plus que ça même, je vous aime, mais je ne vous aime pas comme une épouse doit aimer son époux, non...vous m'êtes indispensable et j'enrage de ne pas pouvoir passer au-dessus de ces sentiments que je ne comprends même pas ! J'ai peur que vous ne pensiez que je veux vous garder prisonnier d'une noblesse dont vous ne voulez pas, j'ai peur de vous perdre, j'ai peur de vous faire peur !
Alors, elle releva le regard, qui avait eu le temps de redevenir sec, et le plantant dans celui de Tovar, elle acheva : C'est pour ça que je vous hais.

Fragile...elle l'avait dit à Maryah, l'autre jour, elle était fragile...la vie l'avait fragilisée à un point tel qu'elle finirait bientôt par se briser définitivement si elle n'y prenait pas garde. Elle venait de dire toute cette fragilité, elle venait de dévoiler à quel point elle était vulnérable.

Vous avez de ce tord-boyaux...vodka, c'est ça ?
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