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[RP] Celui qui enseigne tient le même rang qu'un père. *

Narcysse
* Lao She


    Peu de temps après le grand tournois en lice de Bordeaux. La frêle petite fleur qu'est Narcysse a perdu son combat. Le premier et unique combat de sa vie. Si l'on peut appeler ça un combat ... Deux tournoyeurs du dimanche qui se sont mit une branlée sans vraiment le faire exprès ... Si ça a donné naissance à une belle amitié, ça a aussi fêlé quelque côtes à la brunette.

    Et alors qu'elle était à terre et que sa lèvre fendue laissait s'échapper un filet carmin sur la terre battue , elle a croisé le regard d'acier. Elle l'a entendu stopper le combat, déclarer son "adversaire" vainqueur et elle a entendu la peur dans sa voix.
    Elle se souviendra toujours avoir rassemblé les forces qui lui restait pour se relever et sortir de l'arène la tête haute, elle se rappellera comme son corps entier lui faisait mal et comment elle l'a caché le plus qu'elle pouvait pour qu'Il ne soit pas furieux contre elle, pour qu'Il ne soit pas déçu de sa défaite.
    Mais il y a des blessures plus faciles à cacher que d'autres. Et quand ils se sont rejoint le soir pour partager un repas et faire le point sur la journée de tournois, elle n'a pas pu mentir sur son état. Elle boitait, rire lui faisait un mal de chien, s'asseoir aussi, tousser même. En fait le moindre mouvement lui faisait atrocement mal. Et elle a bien vu comme les mâchoires du Géant se crispaient de colère à chaque fois qu'elle à geint de douleur simplement en tendant le bras pour attraper le pain à table.

    Elle s'est remise, doucement, surement, elle a laissé ses os se ressouder correctement, ses bleus disparaître et ses plaies se refermer. Physiquement, elle s'est plutôt vite remise sur pieds.
    Mais à l’intérieur, au plus profond d'elle même une question tournait en boucle: Comment peut-elle prétendre être la fille du Colosse si elle n'est même pas en mesure de se défendre contre un seul gars qui ne sait même pas se battre?
    Une seule question parti pour la hanter quelque temps. Et quand elle fut totalement remise, elle s'est décidée à changer ça.
    Ne plus être une jeune femme incapable de se défendre. Jamais elle ne veut revoir cette étincelle de peur dans ses yeux quand il la regarde, elle.
    Elle sait qu'elle en est capable. Elle peut devenir comme ces femmes qui arborent fièrement un uniforme de l'armée, ces femmes soldats qui partent en guerre, épée au poing et la rage de vaincre au fond des yeux. Il lui faut juste apprendre. Apprendre à avoir moins peur, à être plus courageuse. Qu'elle apprenne à maîtriser sa force, à l'utiliser. Si la vie sur la caraque de guerre a dessiné ses muscles, il lui faut maintenant s'en servir. Autrement qu'en maniant des voiles et des cordages.

    Un soir, elle est sorti discrètement de sa chambre. Le château est endormi , seule une lueur faible éclaire les couloirs qui mènent à la salle d'armes.
    Elle s'est habillée d'une paire de braies et d'une chemise ample, a enfilé une paire de bottes et s'est faufilée presque secrètement jusqu'au râtelier d'épée de son Père.
    Comment choisir son arme quand tout ce qui peut s'y apparenter jusqu'à maintenant entre ses mains est une fourchette? Une fourche, à la limite ...
    Elle pose sa lanterne au sol et en prend une, au hasard. Ses bras sont directement tirés vers le bas sous le poids de l'épée. Elle en essaye une autre, puis encore une autre. Toutes ont le même effet. Impossible à lever plus haut que ses hanches sans que ses avant bras ne tremblent de tous leurs os. Désespérée,navrée, déçu et en colère contre elle même d'avoir usé toute la collection de lames sans avoir réussi à en manier une même en faisant semblant, elle lâche bruyamment au sol celle qui lui reste en main sans s'inquiéter une seconde du bruit qui résonne dans tout le château .
    Elle s'assoit à même le sol, les genoux repliés contre son corps et enfouie sa tête dans ses bras. Elle s'en veut d'être ce qu'elle est. Elle se maudit d'être aussi faiblarde. Et tout ce qu'elle trouve à faire, là, dans l'immédiat, c'est de chialer. Chialer comme une gosse qui aurait envisagée de faire une surprise gigantisme et qui n'y est pas parvenu. Elle chiale parce qu'elle s'imagine que c'est tout ce qui lui reste à faire avant d'annoncer à son père dès premières lueurs du jours qu'il peut peut-être revenir sur son choix d'adoption, la renvoyer d'où elle vient et faire comme si ils ne s'étaient jamais croisé.

    Parce qu'un homme comme lui ne peut se traîner un boulet comme elle derrière lui à longueur de temps.

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