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[RP] Et c'est ainsi qu'elle fut Shawnaper !

Shawie.
Putain la vache, celle là, obligée elle était pour moi !


Sam est une créature étrange. Une mélange d'homme et de femme, de chien velu et de carotte. Un mélange assez spécial qui évidement donne au final un truc assez louche. Physiquement, rien ne cloche bien au contraire. Tout est à sa place et en bonne proportion, pas de troisième tête, pas de doigt en moins, des pieds classiques, des cheveux pas trop roux, ces deux yeux. Un mélange de Samsa et de Samuel. Comme si deux forces s'opposaient ou au contraire, s'attiraient. Mais mentalement, c'était une autre histoire.

Alors que la brigande observait son aimée de loin faire, elle ouvrait sa bouche au fur et à mesure de son étonnement. Un chien coursé par un cerf, j'peux vous assurer que c'est pas courant. Elle, elle était installée tranquillement sur un bout de bois, regardant la scène hébétée et le bec ouvert entre étonnement, respect et blase-attitude. Elle en avait vu des fadas, mais là, c'était quand même du vachement haut niveau ! Aussi, Sam perchée dans son arbre, elle beugle. Mais l'Espagnole est perdue dans ces pensées, dans son analyse vulgaire de sa compagne.

Plusieurs longues minutes s'écoulent et Sha reprend conscience. Elle a toujours le bouclier de Sam sur le dos et deux épées. Elle s'équilibre et en met une de chaque côté de sa ceinture, remonte ces braies et rattrape sa ceinture. Le bouclier est mis devant -concrètement, elle n'utilise pas ce genre d'objet- Si Sam sait s'en servir, il n'y a pas de raison que Sha' n'y arrive pas, hein !



Sam par tous les saints du monde, tu me fatigues a être stupide !


Elle se dresse ces pattes, se contracte et enclenche la première, voir même la seconde.


IDIOTE !


Le cerf est de dos, lui offrant son culot alors hein, elle fit ce que n'importe qui de droit dans ces bottes auraient fait : elle charge le cerf bien sur. Elle analyse absolument pas le "danger" que peut représenter cette charge parce qu'elle est comme ça elle, elle obéit à la dure loi de l'improvisation et du plan Z. Elle court droit sur lui, elle accélère et une fois à proximité :


IDIOTEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE ! Putain de merde, j'fais n'importe quoi !

Yahhhh !



Le bouclier s'encastre dans le cul du cerf, elle a juste le temps de dévier sa course prenant conscience de la connerie immense qu'elle fait. Femme contre cerf, ça pu sévère. Elle percute de l'épaule droite le fessier animal, assez pour la faire changer de direction, balancer le bouclier à terre et se barrer. On peut entendre un bruit de "gling gling" vu qu'elle se traîne deux épée à la taille qui font un bordel monstre et qui semblent exciter l'animal encore plus.

Tel un petit poucet, elle défait la première épée et la laisse chuter au sol sans s'en préoccuper. Elle fait de même avec la seconde épée qui chute non loin et continue sa course folle. Le foulard qu'elle avait sur les cheveux se retrouve éjecté aussi -pas de superflus dans une course poursuite- Mais l'enfoiré court vachement plus vite qu'elle, c'est pourquoi elle est obligée de zizaguer et finit par se vautrer plus loin, la tronche dans l'herbe.

Faire la morte, c'est le meilleur moyen de semer doute dans l'esprit de l'ennemi.





Samsa.
    "J'ai le coeur qui syncope,
    L'adrénaline me dope,
    En battant la mesure."
    (Mélissa Mars - Bim Bam Boum)


-Je suis pas une idiote pardi ! Je te l'avais dit qu'il y avait un truc pardi ! AH !

La Cerbère donne un coup de botte dans les bois du grand cervidé qui se tend et s'acharne. Sale bête !
Et puis tout à coup, vision. Mirage ! Miracle. Shawie charge. Samsa la regarde faire avec un oeil critique et un air étonné sur le visage. Première remarque, cette charge est courageuse. Stupide, mais courageuse. Elle grimace au cri de charge qui ne va pas du tout; il faudra arranger cela en ne gardant que le "yah" qui peut trouver sa place avec un peu d'entrainement sur la tenue et la puissance de voix. Cerbère plisse un peu le nez parce que niveau technique, Shawie n'y est pas non plus, trop hésitante une fois et trop précipitée l'autre fois, ça se voit aux foulées, bouclier mal tenu, le corps pas assez carrée... Bref, une chance que c'est un cerf de dos et pas un bon soldat bien baraqué. Ou un arbre. Il y a du boulot quoi.
L'Espagnole rentre dans le cerf et ce n'est pas de main morte -mais toujours avec beaucoup de grâce-. L'animal trébuche, glisse sur le bois avec fracas, rue et se cabre alors que Shawie s'enfuit déjà, poursuivie à son tour. Samsa les regarde un instant, admire la technique du zigzag espagnol plutôt inefficace, descend prudemment de son perchoir et commence par récupérer le bouclier pour le remettre à son épaule. Voilà, ça devient mieux là ! En trottinant, elle suit la trajectoire que les deux ont emprunté, ramassant les affaires au fur et à mesure. Son épée vient retrouver sa hanche avec un soupire de soulagement et elle ramasse l'autre avec le col, un peu plus loin. C'est finalement un spectacle étrange que Samsa découvre : Shawie étendue au sol et le cerf la sentant, museau collé à elle.

Putain ! Personne ne touche et ne renifle son Espagnole, à part elle !

Détentrice de l'étrange capacité à jalouser un caillou -ou un cerf- en quantité raisonnable, la Cerbère s'approche et frappe le pommeau de l'épée qu'elle tient sur son bouclier en même temps que de se mettre à beugler. Le boucan est bientôt assez important pour que l'animal prenne la fuite après un dernier regard à la Bordelaise. Celle-ci s'approche près du cadavre de son aimée et lui picote un peu les cotes de la pointe de l'épée avec un sourire.


-Fais gaffe pardi, tu vas te prendre une pomme de pin sur la tronche toi aussi pardi. Ça fait mal té.

Nulle pointe d'ironie de la part de Samsa qui a complètement gobé l'histoire. Elle s'accroupit au-dessus de l'Espagnole, détaille comme elle peut dans l'obscurité ambiante en plus de celle des vêtements sombres les traits corporels de Shawie. Un doigt vient suivre la course de la colonne vertébrale, se repose aux omoplates pour les sublimer et effleure finalement les cheveux ébènes.

-T'es mourue pardi ? J'te préviens je rigole si tu t'es assommée comme une glandue en tombant pardi !

Ce serait stupide quand même, bien que Samsa ne semble pas inquiète plus que cela. A la guerre, des coups, on en prenait tout le temps. On tombait facilement assommé ou dans les vapes à cause d'une douleur trop importante, alors une chute suite à une course avec un cerf enragé, ce n'est pas ça qui tuait quand même non ? Ou bien était-ce le bruit que la Cerbère avait fait qui avait assommé la pauvre Shawie ?

Et si c'était une nouvelle technique de brigandage, en duel et en combat rapproché ?



_________________
Shawie.
L'avantage avec cette technique c'est qu'à tout moment, vous faites semblant d'être tombée sur la tronche et que vous ne vous rappelez de rien. Ou encore que tout était prévu et que bien sur, la position était souhaitée. Ou encore que, bah rien, pas besoin de se justifier. Après tout chacun sa technique. Pour le moment, elle sent la bête -pas Sam mais bien le cerf- lui renifler la tronche mais elle ne pipe mot ni ne remue un bras.

Puis voila que c'est l'autre bête qui s'avance. Vraiment Sam t'es tellement stupide avec cette histoire de pigne. Mais foi de Sha' qu'elle lui dirait un jour. Pour le moment, c'était top secret et à ce train là, elle pourrait lui faire gober que les n'enfants naissent dans des choux. Rhha c'était quand même super génial avec un compagne aussi naïve que ça.Pourtant son Dog Royal était loin d'être con à proprement parler, mais dans certaine situation, il se trouvait qu'elle était crédule comme jamais. Et ça, c'était du pain béni pour l'Espagnole.



C'est toi la glandue déjà !


Et de marmonner pour se retourner, s'essuyant le visage rapidement, toujours avec classe. Elle reste au sol et observe Sam puis tout d'un coup, touchée par la grasce divine et / ou une pulsion animale dictée par la pleine lune, elle attrape Sam par le col et l'attire sur elle. Autant joindre l'utile à l'agréable. Elle lui aurait bien arraché sa chemise avec les dents, dégager son bouclier et ces deux épées d'un simple regard, elle aurait voulu l'allonger la tout de suite et goûter chaque parcelle de son corps au milieu de la nature. C'était super romantique sans penser aux pignes de pins, sans penser aux épines, sans penser à la terre s’immisçant n'importe où. Romantique comme jamais !

A défaut de faire toussa, elle se contenta de venir chercher ces lèvres, ces deux jambes passant autour de la taille de la Cerbère -évitant toute fuite ou refus d'ailleurs- Espagnole la maintient grâce a à ces jambes mais c'est pas tout, elle glisse une main -pas si discrète que ça, sous la chemise Cerbertienne, découvrant du bout des doigts
un petit ventre tout chaud.



Glandue mais à moi, j'crois que ça fait perdre un peu le niveau de glanduterie.


Gardant sa main bien au chaud sous la chemise, elle regarde légèrement autour d'elle. Personne. Normal en même temps c'était quasiment la nuit, en pleine foret. A part croiser un cerf ou un goret, ou un sycopathe mais bon. Elle sourit et reporte de nouveau son attention sur son dû -Sam- et dépose son autre main sur sa joue, assez tendrement. C'est qu'elle s'y attache à sa Chose. Et c'était bien peu dire. Bon bien sur qu'elle ne lui dirait pas, Sam deviendrait intenable dans son ego.

Parce que les sous entendus, et être fine, elle ne savait pas trop. Perte de temps inutile alors que des fois, il suffit simplement de demander. Mais en y pensait, c'était étrange de demander ça. Alors faudrait faire deviner à Sam ces envies animales nocturnes.

Elle délaisse ces lèvres et s'en vient chercher son cou qu'elle mordille tout sourire puis à son oreille :



Envies nocturnes ... autre que brigandage ...


Ça c’était fin et filou !




Samsa.
    "Et si on s'accouplait ?
    Oh le temps d'un couplet.
    Dans ma langue ou la tienne;
    Dis-moi celle qui te gène."
    (Vianney - Veronica)



Shawie se réveille et elle va apparemment bien. Elle jure, grogne, râle, donc elle va bien; ça en devenait presque agréable en fait. Samsa s'amusait plus qu'elle ne s'agaçait de ce genre de gens qui aimait grogner car elle savait voir sous leur carapace. Shawie n'échappait pas à cette règle où la Cerbère discernait bien son caractère tendre, sinon amoureux. Voir était plus important pour elle que d'entendre, c'est pourquoi elle ne se formalisait pas de la difficulté de l'Espagnole à simplement, parfois, parler et exprimer. Qui plus est, tout le monde n'avait pas eu à vivre l'expérience de la perte d'un être cher qu'on pensait due à une incompétence verbale; c'était le genre de chose qui faisait parler, bon gré mal gré. Attrapée au col, la Bordelaise se fait attirer jusqu'à s'allonger sur l'Espagnole qui vient prendre ses lèvres en même temps que de l'emprisonner entre ses jambes.
Et c'est ainsi qu'elle fut Samsaper. Samnaper ? Samsanaper ? Mince comment disait Mélissandre déjà ?

Bon, soit. Passons.

Sous ses airs de femme solide et même parfois distante, Samsa couvait beaucoup de sentiments. Elle ne transpirait pas de romantisme mais elle avait des attentions, des mots, des attitudes que l'on qualifierait de tendres, d'amoureuses. Elle avait surtout le sang-chaud et il n'était pas nécessaire de partager sa couche pour le savoir; rien que ses colères en disaient très long. Un rien les allumait. Un rien allumait Samsa tout court.
Une main fraîche vient se glisser sur son ventre chaud qui frémit du changement soudain de température, chaleur perdue que les lèvres compensent sur leurs homologues.

Glandue mais à elle ouais.
Et ça compte.

Profiter, à son tour, de la protection qu'elle ne cesse de donner. Savourer ce sentiment d'être importante pour quelqu'un, autrement qu'avec un lien amical ou fraternel. Admirer l'Espagnole qui gronde et râle à celles qui tournent autour de son Cerbère. Elles se battaient à celle qui serait le moins jalouse parce qu'elles avaient, au fond, toutes les deux ce besoin d'entretenir une image qu'elles donnent et se donnent à elles-même, cette image de force. Et pour être forte, il fallait ne pas être vulnérable, pas vrai ? Ne pas reconnaitre que quelqu'un pouvait être un point faible, qu'on pouvait être vulnérable. Mais la jalousie n'avait pas que des défauts.
Shawie inspecte les alentours et Samsa rentabilise ce temps de suspension en retirant ses gantelets qu'elle pose à côté d'elles, elles et ce couple étrange qu'elles forment, celui d'une ancienne brigande -en cours de sevrage tout du moins hein- et de la Prime Secrétaire Royale, celui de deux complices d'aventures impériales où la logique et le rationnel n'avaient jamais fait acte de présence.

Posant les avant-bras sur la terre de chaque côté de la tête de Shawie, Samsa peut maintenant profiter en tout repos des lèvres qu'elle embrasse, caresse ou mange selon les instants, comme si seule une fraction de seconde de chaque baiser pouvait lui apporter le goût des lèvres espagnoles et qu'il fallait recommencer chaque fois, plus intensément et rapidement. C'est son cou que la bouche de Shawie prend en cible, dents en avant, et la truffe de Cerbère vient glisser sur ses cheveux ébènes. A son oreille, c'est un murmure qui vient s'échouer et réchauffe le corps bordelais qui n'en avait pourtant pas spécialement besoin.
Un avant-bras se plie quelque peu, se recale, afin que la main vienne se poser sur le visage de l'Aspirante, en caresse la peau pendant que les lèvres reviennent s'abreuver aux siennes, l'espace d'un instant.


-C'est le moment de vérifier que j'ai bien suivi les consignes pardi ?
Promis, pas de dessous pardi...


Ça, c'était aussi sa manière de dire que l'envie était partagée. Samsa savait parler certes, mais pas forcément toujours très bien. Les événements d'une vie pouvaient changer quelqu'un, mais pas sa nature. Pas vrai ?
La main posée sur la joue de Shawie s'éloigne -mais pas les lèvres, apparemment insatiables- afin de détacher d'un geste aveugle, expert et habitué, le bouclier à son épaule gauche qui tombe à côté d'elles, non loin des précédents gantelets. Celle de Shawie chatouille délicieusement le ventre de Cerbère. Ou bien sont-ce les papillons internes ? Bah ! Elle sait de toute façon qu'elle finira par ne plus savoir qui elle est ni d'où elle vient.
L'appel de la peau se fait, bientôt plus puissant que celui des lèvres, et celles de Samsa viennent trouver le cou espagnol alors que la respiration inspire son odeur et expire un souffle chaud qui glisse sur la peau. Patte droite de Cerbère s'infiltre sous la chemise de Shawie et se pose sur la chair de sa taille qu'elle pétrit un instant avant de remonter en une longue caresse qui prend soin de souligner chaque forme rencontrée.

Règle numéro 1 : toujours caresser la suzeraine dans le sens du poil. Même si elle n'est pas poilue. Ou pas trop.
Règle numéro 2 : ne jamais refuser un contrôle. Ja-mais.
Règle numéro 3 : toujours coopérer en y mettant du sien.
Règle numéro 4 : oublier ces règles et aimer.
Règle numéro 5 : n'existe que parce que cinq est la moitié de dix. C'est tout.



_________________
Shawie.
La jalousie est une blessure, quelque chose qui ronge lorsqu'il s’agit de la personne aimée, femme, maîtresse, mari, amant. Elle est parfois une atteinte à l’amour propre, blessure infligée au narcissisme. A partir de ce sentiment, on peut se sentir diminué, dévalorisé dans sa personne. Elle est diablesse ; elle est ce sentiment douloureux de l’amour inquiet, cette situation qui mine la personne jalouse, entre jalousie humiliante et jalousie sincère, entre le soupçon, le doute et la certitude d’une infidélité. Elle est un curieux mélange d’amour, de peur et de souffrance.

Mais avec Sam, cette sensation s'estompe légèrement. Juste assez pour que l'Espagnole puisse profiter sans se poser trois cents questions à la seconde. De toute façon, c'est bien connu qu'un brigand ne réfléchit pas et encore moins si c'est une femme.

Toujours allongée elle se sent bien. Généralement le fait de se sentir "soumise" est désagréable. Il pourrait y avoir un long débat sur la question d'ailleurs. Ces jambes sont toujours enroulées autour de la Cerbère. Oh, elle fait confiance à Sam, mais elle ne se fait pas confiance. Se connaissant parfaitement bien, elle se sait toujours à la limite. Redoutant chaque jour de faire le faux pas de trop et de se retrouver seule.

Les lèvres ne sont jamais lâchées. Elles sont savourées et goûtées. Croquées puis immédiatement apaisées. C'est volontiers que son cou est tendu pour offrir sa propre peau à un assaut de baiser. Une patte est glissée sous sa chemise et la voila qui frissonne comme une jeune pucelle lors de sa première fois. Tout est découverte et c'est bien ça qui est excitant. C'est terrible de se sentir si faible face à une personne -sa personne- savoir que le moindre geste la ferra chavirer et que la moindre parole la ferra sombrer. C'est terrible d'avoir une faiblesse.

Le chuchotement est reçu comme un appel à plus. Comme un sous entendu qui crie et hurle "viens vérifier si tu ne me crois pas".



Jé préfère vérifier ... tu vois juste pour ma conscience.


C'est chose faite pour l'Espagnole qui se redresse, les deux mains déposées sur les hanches de la presque rousse, puis qui viennent habilement ouvrir d'un coup sec la chemise devenue gênante. Le regard est posé sur la vue offerte, et ces mains viennent découvrir les deux monts à pleine main, puis du bout des doigts. Ceux ci sont rapidement remplacés par des lèvres Espagnoles remontant autour de ces lèvres, jouant avec celles ci. Les baisers s'attardent sur la pommette gauche, légèrement marquée puis sur sur la tempe, elle aussi marquée d'une histoire bien sombre de colline et de cœur brisé. Comme si chaque baiser pouvait apaiser une certaine douleur.

La Brigande finit par plonger son regard verdoyant dans le brun sombre de sa compagne comme pour essayer de lui dire quelque chose qui ne voulait décidément pas sortir. Comme si ce mot lui était interdit pour le moment. Et pourtant Sam avait un pouvoir -qu'elle ignorait sans doute- sur l'Espagnole. Elle aurait pu lui demander n'importe quoi, qu'elle baisserait la tête et le ferrait. C'était ainsi. Pas de demie teinte. Blanc ou noir, jamais de gris. Finalement, c'est un simple sourire qui s'affiche sur ces lèvres et qui parlent vachement mieux qu'elle dans ce domaine.

Un baiser est déposé en coin de lèvre, ces mains se font baladeuses et se glissent sur son dos, griffé légèrement. Le bouton de ces braies est défait et ces mains se glissent sur le fessier sécrétarial. Allumer encore un peu la mèche pour que la Cerbère attaque. Oui, c'était un très bon jeu et savoureux. C'est toujours agréable de se laisser porter pour mieux répliquer ensuite. Alors ce n'est que quelques étincelles que l'Espagnole allument, juste pour voir si le combustible est à la hauteur de la flamme.






Samsa.
    "Tatoue-moi sur tes seins,
    Fais-le du bout de mes lèvres.
    Je baiserai tes mains,
    Je ferai que ça te plaise."
    (Mozart l'Opéra Rock - Tatoue-moi)


Samsa n'avait rien d'une dominante, elle aimait se mettre au service des autres. Sa vie n'avait été faite que de cela. Durant près de deux ans, elle avait trouvé son bonheur dans celui qu'elle donnait aux autres, puis elle l'avait trouvé en protégeant les voyageurs avant de servir les Grands. Tant qu'elle ne se sentait pas écrasée, elle acceptait, tel Cerbère, d'avoir un maître qui lui donnait des consignes.
Shawie a cet avantage immédiat de pouvoir laisser ses mains courir sur tout le corps de Samsa quand celle-ci ne peut encore caresser ni son dos, ni ses fesses. La frustration était légère mais participerait activement à la fougue caractéristique de la Prime Secrétaire Royale; c'était l'effet papillon.
Un sourire étire les fines lèvres bordelaises sous le murmure rendu. Cette façon de dire sans dire faisait partie d'elles, de leur relation, et c'était bon. Elles n'avaient pas besoin d'exprimer explicitement les choses, elles se comprenaient jusque dans leurs efforts mutuels, ces petits détournements qui signifiaient tellement plus.

La Cerbère se laisse redresser et frissonne brièvement à l'air frais qui vient glisser sur son corps moitié dénudé à présent. Les mains de l'Espagnole s'y posent et Samsa ferme les yeux avec un soupire d'aise. Elle se cambre quelque peu, frémit, suit mentalement le tracé de baiser laissé sur sa peau. Ses mains sont loin d'être en reste, arpentant le bas du dos de Shawie, glissant sur les éventuelles cicatrices, ces marques bien présentes sur le corps espagnol, absentes sur celui de la Bordelaise mais bien plus sur son visage. L'Aspirante s'y attarde d'ailleurs, d'abord sur la marque à sa joue laissée par sa barbute lors du sauvetage de Mae, puis sur celle à sa tempe, la plus discrète. Cerbère se laisse faire, acceptant humblement ce baume posé, ce temps de douceur que ses mains retranscrivent sur le dos de Shawie bientôt difficile d'accès à cause de la chemise; elle ne fera plus long feu non plus celle-là. Samsa se bridait souvent, même légèrement, participant à entretenir son sang-chaud en tout point. C'était son petit jeu à elle, ce flirt entre la liberté et la retenue, savant mélange pour avoir le plus beau feu d'artifice par la suite.

Cerbère suspend ses gestes quand l'Espagnole accroche son regard au sien. Comment pouvait-on être aussi belle ? Elle n'entend pas mais elle voit et c'est ce qui compte. Le temps, elles l'ont, elles en auront autant qu'elles le voudront. Un sourire finit par les prendre et Samsa revient à ses lèvres avec bonheur, retrouve leur goût et les mains reprennent leur ballet en retirant la chemise de Shawie, investissant enfin tout son corps, toutes ses formes, de ses hanches à sa nuque en passant par son dos et sa poitrine -qu'elle gardera intacte di diou-. Aussi libres que les mains, les lèvres voraces se promènent, poursuivent les frissons après les avoir provoqué, savourent la peau et s'harmonisent aux courbes. Les crocs viennent jouer à leur tour avec douceur quand Shawie a opté pour les griffes qui font onduler avec souplesse et légèreté le dos royal.
Elle sent à peine ses braies glisser mais se soulève quelque peu, instinctivement, lorsque la peau signale la présence des mains espagnoles. Le souffle de Cerbère grimpe encore en intensité alors qu'elle vient mordiller la lèvre de Shawie, peut-être plus fortement parfois qu'elle ne le voudrait. Cerbère atteint le point où le mélange arrive à maturation. Ses baisers et ses caresses se font plus gourmands et appuyés, se teintent de cette fougue caractéristique qui portent ses sens au paroxysme.

Samsa cherche son souffle entre le jeu de ses lèvres, ce souffle chaud qui se fait plus précipité. Une de ses mains se pose sur la nuque de Shawie quand l'autre se cale au bas de son dos et la Prime Secrétaire Royale se laisse basculer lentement en arrière pour accueillir, à son tour, l'Espagnole sur elle. Les braies de sa compagne, devenues indésirables, sont chassées et Cerbère profite des nouvelles formes qui s'offrent à elle. Elle se fait exploratrice, aventureuse, conquérante; amante. Les mains glissent et caressent, filent dans les cheveux bruns, les lèvres embrassent et mangent, inlassables, et Samsa s'emplit de son Espagnole.

Jusqu'au revirement.

Cet instant où Samsa n'est plus vorace mais carnassière, plus conquérante mais détentrice. Elle les font rouler afin d'inverser de nouveau les positions et s'arrache à ses lèvres un instant, le temps de lui offrir un sourire sans équivoques. Le dos se ramasse et les lèvres suçotent le cou avant que les dents ne viennent jouer également avec la peau. Du côté droit, le visage bordelais passe à gauche et la bouche applique elle aussi de la tendresse sur le tatouage de l'Espagnole. "Ça représente ma vie" avait dit Shawie sans expliquer plus avant et Samsa prenait pause dans son entreprise pour s'y attarder un instant avec soin et respect. Elle repart ensuite dans une course mesurée, semant des baisers ardents sur la peau de Shawie qu'elle sublime avec l'aide de ses mains qui suivent, appliquées dans leur tâche. Les lèvres bordelaises se font légères et délicates sur le ventre abîmé, s'aventurent ensuite à une seconde frontière et Cerbère relève ses petits yeux sombres, luisants dans l’obscurité, qu'accompagne un sourire en coin tendre.

"Conquérante !" était le cry de la Prime Secrétaire Royale, et une nouvelle contrée n'attendait que d'être conquise avec assentiment.



_________________
Shawie.
Une danse harmonieuse en quelque sorte que mène parfaitement bien Cerbère. Elle se laisse diriger et ne fait que suivre la cadence imposée. Oh, non pas qu'elle subisse, bien au contraire, elle se laisse vivre et savourer chaque instant, chaque baiser et chaque caresse reçue. Lorsque les lèvres viennent chercher les siennes, elle les offre tout simplement, jouant avec et prolongeant le baiser langoureusement puis tendrement. Elle aurait voulu lui manger, la griffer, la marquer pour que personne ne s'approche d'elle désormais.

Un premier revirement et la voila qui se retrouve au dessus d'un Cerbère bien vulnérable et d'une brigande totalement abandonnée. Oubliant presque une partie de la gêne qu'elle a en se retrouvant quasiment nue puis entièrement nue devant son Dog. Pendant ce bref instant, elle retrouve "son pouvoir" et en profite largement, quoi que pas assez. Elle aurait presque envie de râler qu'on lui sorte sa pitance de dessous le nez si vite. Goûte mais n'avale pas, c'était exactement ça ! Elle a juste le temps de lui mordre la lèvre.

Elle pouvait paraître confiante et sure d'elle, elle pouvait tenir tête dans un tribunal, elle pouvait se battre jusqu'à la mort si elle jugeait le combat nécessaire, elle pouvait beaucoup de chose mais se retrouver nue, ça, c'était son fardeau. Alors quand la Cerbère jugea utile de reprendre le dessus, l'Espagnole se crispe un instant, les frissons ne peuvent que la trahir tout de même, car faut bien l'avouer, Sam est douée pour faire monter le désir.

Son tatouage est détaillé -elle lui expliquerait un jour sa définition- et elle tend le cou comme une offrande, toujours famélique et assoiffée de caresses. Elle soupire, longuement. C'est un soupire de bien être et d'impatience.

Son ventre est effleuré, l'Espagnole se cambre. Une main est glissée dans les cheveux toujours presque roux de sa compagne comme pour donner une autorisation aussitôt reprise. Par peur ? Comme si s'offrir était une marque de faiblesse et qu'à tout moment, tout pouvait disparaître. Instinctivement elle relève le visage de Sam et se redresse légèrement pour venir chercher ces lèvres, se rassurer aussi. Ces deux mains posées sur les joues royales. Il semble qu'on ait absolument aucun contrôle sur nos propres cœurs. Des situations peuvent changer sans prévenir. Une histoire d'amour peut faire battre le cœur, tout comme la panique. Et la panique, peut arrêter le cœur brusquement.

La panique, c'était ça qu'on pouvait lire dans ces yeux. Mais elle tenta de la cacher, ce n'était pas sa première fois alors ce n'est pas une crise de panique qui allait tout chambouler. L'Espagnole reste un instant sans bouger, rapprochant simplement son corps de celui qui pourrait la réchauffer, la protéger, la rassurer aussi. Surtout la rassurer. Son nez est niché dans le cou voisin, une main vient se poser sur les hanches de Sam, l'autre caresse les petites lèvres fines qui la feront sans doute chavirer.






Samsa.
    "Et si la terre est sombre, et si la pluie te noie;
    Raconte-moi, qu’on puisse trembler ensemble.
    Et si le jour ne vient pas dans la nuit des perdus;
    Raconte-moi, qu’on puisse crier tout bas."
    (Coeur de Pirate - Crier tout bas)



Le contrôle.
Ce sentiment qui rassurait tant de gens, qui en faisait fantasmer d'autres quand certains fuyaient son ascendance. Les craintifs, les avides et les sauvages, tels étaient ces gens et tout le monde était un mélange de ces trois représentations.
Le contrôle.
Samsa ne l'aimait pas, elle lui préférait la maîtrise, beaucoup plus intérieure au contrôle. Oui, ce sentiment si pur qu'est la maîtrise, la jouissance procurée lorsque l'on s'aperçoit que tout fonctionne chez soi comme on le souhaite. La maîtrise est ce sentiment interne parfait quand le contrôle est externe et inquiétant. La maîtrise glisse, le contrôle accroche et tape.

Son visage est ramené vers celui de Shawie avec une précipitation qui n'est pas fougueuse, comme un instant de peur ou de panique que la Cerbère ne voit pas mais perçoit. Le souffle bordelais se fait plus long, plus profond, en même temps que la tendresse se déverse et nuance la fougue, maîtrisée. Samsa pose une main sur la joue de Shawie en réponse aux siennes. Tous les gestes parlent, des plus doux aux plus violents, et celui-ci dit qu'il a entendu. Les émeraudes ne peuvent pas s'accrocher aux onyx car les paupières de celles-ci sont closes. Le nez effleure la peau de l'Aspirante, les lèvres suivent les règles de ce jeu de retenue, les transgressent parfois en déposant un baiser ici ou là. Samsa a une bonne vue, une bonne ouïe, un odorat désirable, un goût acceptable bien que peu aiguisé, mais son toucher est un sens très développé, probablement le plus qu'elle ait. Qui l'aurait cru d'une femme perpétuellement -ou presque- en armure ? Elle ne voit pas la panique espagnole, s'y refuse sans doute comme lors de leur rencontre en Empire lorsqu'elle avait gardé silence et immobilité quand Shawie s'était cautérisée, afin de lui laisser dignité. Si, en fait, Samsa voit; elle ne regarde simplement pas et réagit avec discrétion et légèreté, comme si les choses pouvaient passer inaperçues entre elles dans une sorte de respect mutuel d'un probable égo à peine prouvé.

Le corps de sa compagne se rapproche du sien, le rejoint dans un appel auquel Cerbère répond en collant leur peau. Une fois le nez de Shawie dans son cou, Samsa appose sa tête sur la sienne avec bienveillance et tendresse alors qu’immanquablement, son corps réagit à la main sur sa hanche, à ses mains tout court, et que sa peau frémit. La Bordelaise fait glisser sa main sur l'Espagnole et se laisse lentement choir à ses côtés, jusqu'à ce que Shawie puisse reprendre position ascendante si elle le souhaite, sans presque que cela ne se remarque. C'est presque même si elle ne l'incite pas. Il fallait dire quand même que Shawie était bien foutue, il était agréable d'y promener ses mains. Pour Samsa, dessus, dessous, tout cela n'a aucune importance tant qu'il n'y a pas jeu d'égo, jeu de petite bataille; elle trouve des avantages à presque tout; c'était bien là une des rares choses qu'il restait de celle qu'elle avait été avant.

Les petits yeux sombres qui ne luisent que grâce à une étincelle particulière en leur sein se rouvrent, cherchent leurs homologues avant que le menton royal ne se redresse, envoyant les lèvres happer avec douceur et légèreté celles de Shawie dans une danse qui va et vient, des temps de contacts courts qui s'allongent alors que quelques doigts effleurent à peine le corps espagnol qui voit peu à peu les mains se reposer pleinement.
C'était comme revenir en arrière et recommencer d'une manière différente, rassurer par la douceur, la chaleur et la pourtant présente légèreté. Emprunter un chemin différent, apprendre les sensibilités et les obstacles, donner tout ce qui pouvait être offert.

La Cerbère détaille le regard de Shawie. Elle aussi, elle aimerait parler, dire quelque chose, parce qu'elle le sent. Il est temps de parler mais pour dire quoi ? Pas n'importe quoi en tout cas. Il y avait quelque chose à dire, quelque chose qui rentrerait parfaitement dans le contexte et la situation, dans l'instant et cette suspension. Quelque chose de plus intelligent que "il fait beau n'est-ce pas ?" et de plus pertinent que "tout va bien ?". Comment pouvait-on être une bonne diplomate en même temps qu'une piètre oratrice ?


-Je... Hum... Tu es... Tu es sublime pardi...

Dans le noir de la nuit s'affiche un sourire un peu stupide en même temps que les joues se colorent quelque peu d'une teinte rosée et que les mains viennent souligner les traits du visage de Shawie avant de glisser sur son dos, comme si la Cerbère se trouvait face à un premier émoi. C'était typiquement le genre de paroles que Samsa peinait le plus à dire, on ne savait pas trop pourquoi, comme si cela pouvait la rendre plus vulnérable qu'un "je t'aime" ou qu'un "tu me manques", mais, comme chaque fois qu'elle ouvrait la bouche, c'était pour dire quelque chose dont elle avait envie.
Quelque chose de vrai et de sincère, quelque chose de pensé et de ressenti.
Quelque chose d'objectif -si !-.



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Shawie.
Chaque baiser arraché est prolongé, appuyé et savouré. Sa main vient se loger derrière la tête de Sam pour la maintenir contre elle. C'est une petite respiration saccadée qui se fait entendre et qui, comme tout le reste, est contenu.

C'est comme si elle n'avait plus besoin de parler et qu'elles étaient fusionnel autant dans la connerie que dans l'intimité. C'était tout aussi bien si l'Espagnole n'avait pas besoin de parler connaissant ces facultés pour ne pas dire ce qu'elle pouvait ressentir. Ne rien dire était finalement une délivrance pour ne pas paraître faible. Ou de dire une connerie.

Alors, des qu'elle a l'occasion de reprendre le contrôle, elle ne résiste pas et grimpe au dessus. Tout était différent maintenant : c'était une brigande confiante et sure d'elle qui reprend, comme par magie, un grand bol d'air frais. Le compliment est entendu mais pas écouté. Beaucoup trop occupée à détailler le corps de la Cerbère sous elle.

Ces lèvres viennent goûter son cou mais rapidement, effleurer puis c'est le lobe de son oreille qui est suçoté avant de s'en défaire aussitôt. La bouche de là Cerbère est esquivée avec malice, un simple souffle s'égare dessus pour continuer son petit bonhomme de chemin entre ces deux monts. Ils ne sont pas ménagés et directement mordillés puis apaisés en y déposant ces lèvres délicatement.

Ces mains prennent le relais alors qu'elle continue de descendre autour du nombril. Un petit coup d'œil vers Sam, s'assurant ainsi que tout allait bien même si concrètement, elle ne l'aurait pas vu étant fine comme du gros sel. Aussi, tant que Sam ne venait pas lui arracher les cheveux, la griffer violemment, crier ou la dégager, l'Espagnole n'avait pas l'intention de s'arrêter.

Son bas ventre est goûté puis lentement ce sont ces cuisses qui sont passées au crible des baisers. Alors que son ventre est effleuré des doigts. C'est toujours agréable de découvrir le corps de sa partenaire. Ne pas savoir où aller, tâtonner et se laisser guider en quelque sorte, par les réactions corporelles. L'intérieur des cuisses est testé des lèvres, son intimité juste effleurer. Juste suggérer qu'elle pourrait s'y attardait plus tard.

Plus tard, c'est justement maintenant. Envieuse, elle se contient, préférant largement faire languir Cerbère. La titiller, la faire de réveiller mais pas trop. Jouer avec sa langue, juste assez pour qu'elle en redemande mais pas trop pour prolonger ce moment.





Samsa.
    "Si je ne te connaissais pas encore,
    Notre aventure vaudrait de l’or,
    Si on se rencontrait à peine,
    Mon amour, quelle aubaine.
    J’aurais la langue délicieuse,
    J’aurais une part de moi mielleuse,
    Que je répugne désormais."
    (Boulevard des Airs - Bruxelles)



C'était amusant comme des petits rien pouvaient changer le cours des choses. Samsa le savait bien, elle l'ancienne schizophrène, l'ancienne borderline, l'ancienne lunatique aigüe dont il restait des traces. Elle savait combien un mot pouvait tourner ou retourner une situation, mais elle trouve encore à s'en amuser chaque fois qu'elle le constate chez autrui.
Shawie la détaille et Samsa maintient en elle la légère appréhension, celle que son corps sculpté aux combats et aux efforts physiques, marqué par une grossesse, ne lui plaise finalement pas tant que ça. La Prime Secrétaire Royale n'avait rien de gracieux, rien de désirable en soi, avec sa stature charpentée, trapue, rustique. En toute objectivité, en suivant les critères de beauté en vogue, on n'aurait pu la qualifier que de convenable; du Samsa teinté de Samuel.
L'Espagnole se penche, vient goûter son cou, geste qui fait échapper à la Prime Secrétaire Royale un soupire, long et léger, témoin d'un bien-être et d'un désir perceptible. C'est volontiers qu'elle tourne quelque peu la tête, lui offrant ce cou qui est sien, cette partie ô combien sensible pour chaque personne qui a l'habitude de combattre, mais plus encore pour la combattante au touché sensible, ce sens exacerbé à cause des paupières closes, mais déjà la bouche espagnole migre, gagne son oreille et fait étirer l'ombre d'un sourire discret à la Bordelaise. Ses mains redécouvrent sans cesse le dos de Shawie, tantôt glissant dessus avec facilité en des gestes parfois aléatoires dont les débordements au postérieur sont loin d'être exclus, tantôt purement verticaux, n'ayant pour but que de le recouvrir de caresses, comme un drap posé.
L'Espagnole revenant de sa trop courte expédition, Cerbère espère bien prendre ses lèvres, sa lucidité déjà en chemin pour se perdre, mais ce n'est qu'un souffle qui lui est donné, les précieuses fuyant vers d'autres horizons pas moins riches en soupires. Les doigts royaux pétrissent la peau de Shawie avec plus ou moins de régularité, venant de temps à autre dans ses cheveux ébènes, les laisser filer entre eux, alors que son propre corps se cambre légèrement, souplement, un adjectif qu'il est bien rare de pouvoir octroyer à Samsa. Aux dents et aux lèvres succèdent les mains et celles de Cerbère viennent se poser sur les avants-bras de Shawie, tant qu'ils sont encore à portée, encore un peu d'elle à prendre.

De son ventre puis bas-ventre goûtés part une suite de frissons qui la ceinture, gagne le bas de son dos et remonte le long de sa colonne vertébrale jusqu'à sa nuque, y laissant trace chaude, un peu électrique, plongeant un peu plus Samsa dans un monde fait d'éclats de couleurs derrière ses paupières closes, un monde fait de rien et de tout.
Les mains bordelaises cherchent une Espagnole qu'elles ne trouvent plus si facilement, celle-ci s'affairant à ses cuisses, ces réserves de puissance des charges royales qui cachent bien leur jeu sous une apparence plus fine qu'on aurait pu le croire. En Samsa, c'est alors tout qui a envie d'exploser et qui est pourtant contenu. Les poumons se gonflent d'autant d'air qu'ils le peuvent alors que la cage thoracique tend à se resserrer, les écraser, l'instinct fougueux de Samsa tourne en rond, encore capable de tenir dans la maigre cage de la conscience, celle-là même que Shawie égrène.

Tout le souffle lentement et précieusement emmagasiné par les poumons de Samsa s'échappe en un long soupire sous le jeu de Shawie à son intimité. Le buste se remplit par saccades auxquelles s'évadent quelques gorgées d'air incontrôlables en réponse à l'Espagnole délicieusement intraitable. Tout s'écrase et, paradoxalement, se met à vivre plus qu'à l'habitude, chacun ayant pris ses aises, cédant un à un à un instinct qui, lui, est éveillé depuis longtemps; les cuisses ont prit leur indépendance, le dos se fait serpent ondulant avec une grâce sensible, la nuque imite le creux des reins en se cambrant, la gorge et les poumons sont devenus complices de soupires et de sons encore légers, certains à peine audibles, le bassin se tend comme inexorablement attiré et les mains, vaincues par le vide, l'absence, ont parfois des sursauts doux, faussement maîtrisés.
Ne reste que la conscience qui, elle, tient encore, exerce son contrôle amaigri qui est de moins en moins soutenu par une quelconque forme de volonté.

Entreront bientôt en concurrence la fougue du Cerbère, cette envie d'aimer, de donner, de partager, couplée à un naturel passionné, et son désir profond de se laisser aller, d'oublier son identité, son origine, jusqu'à son existence même qui serait pourtant à son paroxysme, confiée à Shawie.



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Shawie.
Elles avaient été toutes claires sur ce point au moins. "Faut te laisser te donner Sha". Pour une fois que toutes -pas aussi nombreuse que ça- s'accordent à lui dire la même chose, plus ou moins énervées. L'Espagnole ne sait absolument pas recevoir de quelques manières qu'il soit. Elle préfère prendre. Incapacité à s'ouvrir, à faire confiance, à ceci, à cela. Quoi qu'il en soit chacune a sa version. Sam entre déjà dans le monde très fermé des gens l'ayant vu nue, pas trop en même temps non plus.

En revanche, donner à Sam, elle savait faire. C'était vachement plus facile et simple de maîtriser le truc que de le "subir" voir pire, prendre du plaisir !

Les assauts qualifiés de bisoutales continuent bien qu'ils ont prit plus de vigueur sur l'intérieur des cuisses d'une Cerbère finalement plus féminine qu'on ne pourrait se l'imaginer. Sa langue se laisse glisser de l'intérieur des genoux jusqu'à son intimité, laissant échapper un souffle chaud dessus. Un premier baiser se pose tendrement dessus, puis une second plus appuyé et avec plus d'envie. Une envie prenant dans le bas ventre, un truc viscéral et incontrôlable. Les yeux verts se ferment dans un petit va et vient "languinal". Toujours et encore plus attentive aux réactions de Sam, elle tente de s'appliquer en suivant les mouvements.

La brigande se voit trahie par quelques soupires et reprise de souffle, ardent et brûlant. Ces deux mains viennent s'agripper à la taille de sa compagne et le tout se retrouve suçoté, apaisé, appuyé puis titillé, goûté puis finalement délaissé quelques secondes à peine pour se retrouvé finalement assailli de toute part.

Les yeux s'ouvrent de nouveau, s'assurant que tout va bien, puis elle y dépose une dernière fois un baiser avant de remonter lentement vers les deux jumeaux mordillés au passage. Sa langue a été remplacé par deux doigts agiles reprenant une douce danse. L'Espagnole en profite pour revenir loger ces lèvres dans son cou, sa main libre de perd dans la chevelure qui est légèrement tirée. Puis se sont ces lèvres qui sont happées -laissées à l'abandon trop longtemps- happées dans un long baiser langoureux.

La cadence de ces doigts c'est ralentit doucement, puis abandonné leur poste de garde de crapouilles (papouilles crapuleuses) et vient se poser sur le ventre Cerbertien. L'Espagnole vient nicher sa tête sur son épaule, se retrouvant coucher à côté de Sam, une main protectrice jouant du bout des doigts sur la poitrine offerte.






Samsa.
    "Oublie le lever du soleil,
    Combat le sommeil dans tes yeux;
    Je ne veux pas perdre une seconde avec toi;
    Restons ainsi pour toujours.
    Ça va de mieux en mieux, si nous le voulons."*



Cerbère ne se battra finalement pas, l'abandon perceptible depuis le début l'emportant sur une quelconque forme de vive fougue. Ainsi donc, les baisers de Shawie sur l'intérieur de ses cuisses la poussent sur le chemin qui mène au ravin, à ce gouffre où la conscience pourrait bien finir par tomber, elle et tout le reste. Sa langue se fait voyageuse, guidée par les frissons de la peau royale, jusqu'à parvenir au Graal qui est caressé d'un souffle. Tout se met à exploser de partout, du frais, du chaud, des couleurs, d'impressionnants vertiges qui ne sont cependant pas encore la chute. Les crocs bordelais viennent trouver les lèvres et s'y plantent légèrement, les font rouler comme de vulgaires jouets que jamais ils n'abîment. En perte totale de contrôle sur son propre corps, Samsa perd pied et la langue espagnole pousse tout ce qui restait de conscient chez la Prime Secrétaire Royale du haut de la falaise à laquelle Shawie l'a amené.

Samsa chute mais elle ne sait pas si finalement, on ne l'emmène pas dans un quelconque Paradis de plaisir, un Paradis dont Shawie en serait l'Archange, la Déesse pourquoi pas.
Il n'y avait pas besoin des hommes et de leur attirail pour se sentir uni avec quelqu'un, Samsa l'avait toujours su. Elle avait toujours préféré cette mentalité féminine, cette amour typiquement féminin, cette vaste palettes de sentiments et d'émotions dont la bestialité et l'égoïsme masculin étaient exclus. Les hommes ne savaient pas donner, ils ne le faisaient qu'involontairement, seul leur propre et premier plaisir prenait le pas, alors que les femmes donnaient, partageaient, prenaient, mais jamais avec cette sorte particulière d'égoïsme. C'est ainsi que Samsa voyait les choses, c'est ainsi qu'elle les avait toujours vu. C'était si triste de conclure cela quand on savait qu'elle avait eu un homme, un homme dans les bras duquel elle n'a finalement jamais trouvé le réconfort que les femmes savaient lui donner, un homme dont les mains ne lui évoquaient pas de douceur même si, objectivement, il l'était. Sidney était un homme bien, un homme qui l'aimait et qu'elle avait su aimer assez pour tout cela, mais rien n'avait jamais comblé ce vide excepté les femmes que Cerbère avait eu. Elles avaient à la fois force et fragilité, tendresse et fermeté, fougue et douceur, amour et jalousie. Elles avaient cette forme d'équilibre très particulier que les hommes n'avaient pas.
L'identité de Samsa avait finalement eu le pas sur ses peurs. C'était si dommage qu'il ait fallu la mort de Zyg pour cela.. Des femmes, Samsa n'en avait eu que quatre, Shawie incluse, mais à vingt-six ans maintenant, elle était une femme sûre et connaisseuse de ses envies et désirs.

Les mains qui s'occupaient jusqu'à présent de retourner le sol se posent presque brusquement sur celles de l'Espagnole à sa taille. Les ongles jouent sur la peau, les doigts se resserrent et pétrissent, mués par un désir irrépressible qui se fait à la fois assouvir et affamer. Le bassin bordelais et la langue espagnole s'harmonisent naturellement, trouvent un rythme commun que le souffle de Shawie vient ponctuer. Samsa, elle, vole et plonge en même temps, les frissons électriques incessants qui parcourent son être ne lui laissent aucun répit, pour son plus grand plaisir que sa gorge exprime. Rien ne lui reste, rien ne lui parvient plus que ces sensations délicieuses, jouissives, délivrées par son Espagnole. Il y avait en elle ce mélange parfait de tendresse, d'amour, de don et de possession, de passion, d'attention, d'expérience connaisseuse et de naturel aventureux.

La bouche espagnole s'éloigne et le vide se fait très brièvement, ce court laps de temps où plus aucun frisson dûment déclenché ne la parcourt, plus que des restes et des échos. Le ventre le premier signale la présence des lèvres et la peau se remet à frémir de toute part. C'est sa poitrine ensuite qui est prise pour cible et le dos royal se cambre un peu plus, d'autant plus que son intimité n'a guère été abandonnée. Samsa est à la merci absolue de Shawie, poupée de chiffon en vie à la fois passive et réactive. Le bassin impose cette fois sa cadence, longue mais tranquille, brûlant d'un désir que l'Aspirante a su enflammer. Le cou bordelais est offert, autant de gré que de force, et Shawie peut sentir le sang battre furieusement dans la jugulaire, alimentant un cerveau temporairement mort. Le souffle ardent de Cerbère ne s'échappe plus librement et les sons se font refouler lorsque les lèvres de l'Espagnole happent les siennes. Elle pourrait céder à cet appétit vorace et la dévorer mais elle n'en fait rien parce que l'amour chasse soudainement la brûlante passion. Les mains de Samsa se posent sur les joues de Shawie, manquent même de s'y crisper, comme craignant que les précieuses ne s'en aillent de nouveau -même pour d'agréables contrées-, mais les lèvres espagnoles restent et les souffles se mélangent, les bouches se fondent, les langues dansent. Rassurées, les mains s'en vont, s'échappent en glissant sur les tempes, filent légèrement dans les cheveux ébènes avant de naviguer sur les épaules et le dos de Shawie.

La passion et le désir se consument, la conscience royale revient lentement par le même chemin qui l'avait perdu, celui des couleurs et des vertiges, et le bassin s'apaise jusqu'à accepter que leurs bienfaiteurs l'abandonnent, les cédant au ventre, foyer de nombreux frissons qui se manifestent toujours. Le coeur de Samsa calme lentement son rythme effréné, la peau trouve bon de se rafraichir en profitant de l'air frais de la nuit et la respiration folle et saccadée retrouve régularité. La Cerbère accueille contre elle son Espagnole et rouvre alors les petits yeux sombres qui, après un bref instant de flou, après le raccordement au cerveau qui se demande effectivement qui il est et d'où il vient, se posent sur Shawie.
Un sourire repu étire les fines lèvres bordelaises avant qu'elles ne viennent se poser avec tendresse sur sa tête et son visage. Un bras protecteur est passé autour d'elle, resserrant leur proximité et la tête de Samsa se remet droite, le visage face au ciel nocturne. Faire l'amour procurait un plaisir brut et parfaitement pur, mais ce qui suivait faisait toujours parti de ces instants magiques, indéfinissables, à la fois hors du temps, du monde et des mots. Il n'y avait que cette sensation de plein, de perfection, de paix, d'assurance et de confiance.


-En plus d'être un bon parti pardi, t'es un hyper bon coup té... Finit-elle par murmurer après un temps de silence notable, ce laps de temps où il n'y avait qu'à partager sans mots, qu'à parler sans bruit, qu'à profiter de l'autre et du moment passé.

Samsa tourne la tête vers elle et lui sourit, de cet air à la fois amusé, tranquille et heureux. Ce n'est pas exactement ainsi qu'elle aurait dit les choses habituellement, mais Shawie avait ce langage particulier, facile, ce langage qui sortait comme il venait et qui n'empruntait pas les expressions ou les mots courants pour dire les choses. Remarquable d'adaptation avec les gens, Cerbère s'y faisait sans le moindre effort; tout était tellement plus facile ainsi, sans besoin de réfléchir; ainsi se laissait-elle aller plus qu'avec n'importe qui auparavant avec l'Espagnole.

Le regard sombre, miroir du ciel, se fait rêveur. Était-ce cela la vie de brigand ? Vivre d'amour et d'écus sonnants et trébuchants ? Ne pas avoir d'étiquette à tenir, faire l'amour dans un bois, un champ, un fossé ou un bord de chemin si ça chantait ? N'obéir à aucune loi humaine et simplement répondre à ses aspirations profondes. Sur le papier, sans les procès, les traques, les poutrages, les marginalités et les fichages, c'était beau. Sans cette violation d'autrui qui plus est, c'était une vie que Samsa aurait pu accepter. Peut-être. Mais tout cela, pour elle, ce n'était qu'une vaste illusion de liberté.


-Tu crois qu'on brigande par paresse ou par envie té ? Par... Idéal pardi ? Ou par rébellion té ?

Les mots des questions sont profonds, loin de la facilité de dire "par cupidité" ou "par immoralité".
Samsa resserre quelque peu son bras autour de Shawie, la main et les doigts se permettant de caresser doucement sa peau alors que sa tête vient se poser contre la sienne, cherchant un contact plus appuyé par réconfort peut-être. Il arrive parfois à Samsa d'imaginer l'Espagnole s'en allant des noeuds, sautant la barrière et laissant derrière elle toutes les choses et tous les gens qui avaient fait sa vie, simplement pour se lancer dans un monde différent, avec des gens différents mais finalement pareillement humains, et s'imaginer se mettre à la place de Shawie donnait parfois à la Prime Secrétaire Royale un pincement au coeur; elle sait qu'elle n'aurait jamais pu réussir cet exploit et que, sans doute, elle aurait même été très malheureuse si elle l'avait réussi par un quelconque miracle. Un baiser long est posé sur les cheveux ébènes, un soudain "je t'aime" silencieux qui s'exprime et n'instaure pas le malaise d'une réponse verbale qui ne pourrait être retournée. Shawie est ainsi, peut-être parlera-t-elle un jour sur ses sentiments ou sur cette apparente incapacité qui trouve peut-être ses origines quelque part. A chaque "peut-être" se couple un "ou pas". Des incertitudes et ignorances dont Samsa ne prend quoiqu'il en soit aucun ombrage, trouvant même de petites attentions comme celles-ci à donner. Elles s'adaptaient l'une à l'autre et cela suffisait à la Cerbère qui y trouvait assez de bonheur à prendre et à offrir.
Se rassurer et la rassurer donc; elle est loin de vouloir juger. N'était-elle pas initialement ici pour découvrir le monde dans lequel avait vécu Shawie ? A la pratique succède la théorie et à l'effort, le repos. Parce que le réconfort, elles l'ont eu et l'ont encore, dans la sérénité de chacune.



* = paroles traduites de Adam Lambert - Never close your eyes



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Shawie.
Les yeux se ferment un instant, juste assez pour reprendre ces esprits. Elle recevait presque plus de plaisir à donner qu'à recevoir. Elle était foutue ainsi et pourtant, elle faisait un travail sur elle même pour passer le cap. Doucement. Un pas après l'autre et tout irait bien. Le ventre de Sam est effleuré du bout des doigts et elle décroche un sourire presque vainqueur, genre "t'as pris ton pied". Mais incapable de sortir ce genre de connerie à voix haute, elle préféra le garder pour elle, bien sagement. C'est d'un baiser qu'elle y répond.

C'est un pincement au cœur quand elle entend Sam lui poser la question qui fait si mal. Parce que l'Espagnole se sentait obligée d'en parler au passé alors que tout son présent lui criait haut et fort de revenir. Chaque nuit était un combat contre elle même pour résister et cela, même après des semaines d'abstention. Elle savait qu'elle craquerait juste une fois, concrètement elle le savait mais ne savait pas quand. Un combat inégal dont elle préférait se coucher d'avance. C'était un choix au départ, aujourd'hui, c'était un supplice.



Jé pense qu'on brigande par envie.

Tu n'as pas la moindre idée dé ce que "brigander" veut dire. Paresse est une insulte pour ce "travail". C'est tout un art qué de prendre une mairie et encore plus une château. C'est des mois de travail acharné, de repérage, de regroupement de personne, de sé cacher, dé mettre en place un plan pour cinquante personnes de groupes différents et où chacun veut mettre son grain dé sel.



Même chez les brigands, il y avait les têtes pensantes. Il faut toujours des leader, la tête du serpent réfléchit, le reste du corps suit. L'un sans l'autre ne fonctionne pas.


Brigander c'est un art. C'est une religion avec ces propres règles. N'importe quel peigne cul né peut prétendre à cet art et il y a des règles aussi. C'est ainsi. Vu dé l'extérieur, vous pouvez croire à une anarchie totale mais pourtant, il y a des règles, des coutumes, des principes. Oh oui, tu pourras mé citer certains sans principes mais jé peux t'assurer qué la plupart en possède.


Elle se redresse juste assez pour plier son bras et laisser sa tête prendre appuis dessus. Assez pour avoir une des ces lueurs dans les yeux qui semblaient partir jour après jour. Une lueur de passion et d'envie. L'autorisation de retourner sur les chemins, elle ne l'attendait de personne mais est ce que Sam accepterait de rester avec elle si seulement elle y retournait ?


N'as tu jamais eu envie d'aller sur les chemins, de voguer sur les océans, de parcourir le désert sans avoir de compte à rendre ? Oui nous prenons les choses des autres. Si tu es nu, lé voleur te relâche. Même sur les routes infestées de brigands, lé pauvre marche en paix.


Elle connaissait la somme exacte de ces rapines. Elle connaissait aussi parfaitement bien le nombre de jour passé en geôle ainsi que le nombre d'écus d'amende. Les coups de fouet, les passages à tabac, les humiliations publiques, les passages frôlant la mort, les poutrages par les armées. Toussa, elle connaissait le nombre précis. En revanche, ne venait pas lui demander le nom de ces victimes ou bien à quoi elles ressemblent. Des fois, il arrivait qu'une victime bien précise soit visée et cela arrivait, c'était un orgasme jouissif qu'elle avait.


Bien souvent, tu né te pose pas la question de savoir si c'est "bien" ou "mal". Si tu commences à té poser ce genre dé question, tu n'as plus ta places sur les chemins mais dans un champs. Jé ne me rappel que de très peu de victime pour être franche. Jé ne me pose jamais la question dé savoir si c'est mérité ou pas. Le karma s'occupera de moi à la fin.




Samsa.
    "On est de la même terre mais pas du même monde;
    Quel enfer de se taire.
    Mais comment se parler ne serait-ce qu'une seconde ?
    Rien ne sert,
    Des préjugés, des codes, des barrières."
    (Grégoire - Donne-moi une chance)



Blottie contre Shawie, Samsa l'écoute avec une attention rare. Le calme l'habite, elle a laissé depuis longtemps cette mauvaise capacité à juger Shawie, et uniquement pour elle. Selva se vexerait plus tard d'entendre de la bouche royale que oui, elle jugeait les gens selon leur origine et leur fonction. Pire, elle l'assumait. Selva comprendrait-elle qu'il fallait, pour certains, gagner l'estime de Cerbère ? Pour d'autres, ils ne pouvaient que la perdre. C'était l'injustice bordelaise qui trouvait sa source dans ses principes, une explication qui ne justifiait pas forcément.
Samsa la regarde se redresser sur un bras et elle-même vient se caler un bras sous la tête afin d'imiter un coussin. La main libre glisse pensivement sur le corps de Shawie, instaurant un jeu entre les doigts royaux et la peau espagnole. Parfois, le discours de Shawie fait naître sur ses lèvres un sourire doux ou rêveur, jamais moqueur. Elle a bien vu l'étincelle dans les yeux verts, celle qu'elle-même ressent quand elle charge, quand elle admire des lames. Elle souffre pour elle, parce qu'elle sait que c'est le genre de chose qui ne s'éteint pas. Sa tête quitte son bras et vient se recaler contre Shawie alors que les yeux sombres parcourent le ciel étoilé.


-J'ai jamais aimé la religion pardi.

Elle tourne la tête vers Shawie pour lui offrir un sourire amusé mais réel et remet son visage face aux étoiles pour se lancer sur une piste plus sérieuse.

-Quand je vivais à Chinon pardi, j'avais beaucoup d'amis pardi. Un jour, il y a eu une pénurie de bois té, alors je suis partie à Thouars pour en couper té. Ça devait servir aux boulangers pardi, à nourrir la ville entière té. Les inconnus, les amis, moi... Quand je suis rentrée, je me suis faite brigandée pardi. A l'époque, c'était le Coeur Navré pardi. Quarante-deux stères de bois envolées té et avec elles, la nourriture pardi... La survie d'un gamin, d'un malade, d'un ami... Ma survie pardi.
Mon travail valait-il moins que l'organisation nécessaire à cette entreprise té ? Faire survivre une ville, quel prix cela avait-il té ?


Cerbère lève la truffe vers son Aimée et on pouvait lire dans ses yeux le désastre que cette mésaventure avait été pour elle à l'époque, la douleur qui était toujours là, six ans après. L'impuissance d'avoir vu des gens mourir, ce sentiment de culpabilité parce les choses avaient largement reposé sur ses épaules et sur celles de son groupe. Un échec qui avait tué. Il n'y a pas d'accusations dans le regard bordelais, pas de colère, pas de jugement, seulement l'interrogation dans sa forme la plus pure, la naïveté d'une chinonaise âgée de vingt ans qui ne comprenait pas pourquoi, qui n'avait jamais compris pourquoi, sous le coup de quelle loi, de quelle règle, le droit de prendre à autrui pouvait tomber. Pourquoi ne pensaient-ils pas qu'une miche de pain pouvait représenter toute la richesse d'un malheureux ? Un jour de vie en plus, une vie en plus. Elle aurait pu mourir suite à ce vol, elle aurait pu voir des amis mourir, Zyg même.
Tremblante, Samsa se resserre contre Shawie afin de venir quérir du réconfort en cherchant à oublier ce qui fut, à ne pas imaginer ce qui aurait pu être.


-J'ai toujours aimé ma liberté pardi. Tu le vois toi-même té. Je suis libre d'aller où je le veux, quand je le veux, le temps que je le veux pour voir qui je veux le temps que je veux pardi... Je ne pourrais jamais supporter les attaches que les procès constituent, les barrières que les armées deviendraient té. Être interdite de séjour ici, et là, me faire poutrer n'importe où simplement parce que mon nom aura circulé té, avoir à subir une ville ou un duché dont je ne veux pas pardi... Je ne veux pas faire attention à ce que je dis en taverne, je ne veux pas réfléchir à milles mensonges pardi, je ne veux pas que profiter de ceux que j'aime devienne un calvaire té. Ils ne me rejetteraient pas pardi, mais aller de l'un à l'autre deviendrait difficile té. Je les mettrais en danger s'ils étaient vu avec moi pardi, parce que certains ont des fonctions qui ne pardonnent pas pardi; comtesse, comte, future duchesse, prévôt, sergent, capitaine té...
Je n'ai pas de compte à rendre pardi, je suis déjà libre pardi; je l'ai toujours été té.


Cerbère lui sourit. Libre, oui, heureuse aussi. Elle s'était élevée dans l'échelle sociale à la seule force de ses bras, à la seule force de son caractère et de sa volonté. Elle était fière d'elle, fière de ce son parcours, fière d'avoir surmonté, pour la plupart, les obstacles de vie propres à chacun. Elle était une femme libre qui pouvait composer sa vie avec celles de ceux qu'elle aimait, et passer du temps avec eux, n'était-ce pas ce qui comptait le plus pour celle qui savait combien la vie pouvait être courte ? Samsa n'était pas prête à détruire cette vie si durement et chèrement reconstruite, cette reconstruction où elle avait manqué d'y laisser la vie par trois fois durant cinq ans de pur calvaire. Une reconstruction que Soeur Laurelle avait payé de sa vie, elle comme quelques autres. Leur mort ne devait pas servir à rien, pas à une nouvelle destruction; pas maintenant, pas maintenant qu'elle se remettait à peine debout et qu'elle retrouvait des sens à sa vie.

-Parfois la question à se poser n'est pas de savoir si c'est mérité ou pas, mais quelles en seront les conséquences pardi. Et si c'est difficile à imaginer, il faut penser à quelqu'un qu'on aime qui aurait à subir té.

Le regard sombre se relève vers celui de Shawie. Et si c'était elle, la Prime Secrétaire Royale, qui était brigandée demain ? Et si c'est à elle qu'une jambe était brisée dans le combat ? Si c'est elle qui ne pouvait plus jamais courir, se battre, charger ? Et si c'est elle qui perdait son bien le plus précieux, ses braies blanches en l’occurrence ? Et si c'était elle qui mourrait de chagrin après avoir replongé dans les abîmes ténébreuses des problèmes mentaux ? Et si c'était elle qui mourrait de faim ? Et si c'était elle qui avait à finir en geôle avec les gardiens douteux, les maladies ignobles y régnant ?

Et si sa vie ne dépendait que d'une pensée de quelqu'un ? Est-ce que Shawie pourrait voir ce point de vue ? Ou le voyait-elle déjà sans le vouloir ?

Cerbère esquisse un sourire doux et vient embrasser les lèvres au goût prétendument oublié.


-Tu es dure avec toi pardi; pourquoi veux-tu que le karma s'occupe de toi pardi ? Que cherches-tu té ?

Le mur ?
Samsa le connaissait bien. Elle connaissait même cette manière de penser, celui de tout faire pour provoquer la mort, le karma, la punition, trouver la rédemption, la consolation, l'oubli, qu'importe comment les gens nommaient cela. Elle cherchait encore, moindrement, la rédemption dans la mort. Le danger la rendait vivante et risquait de la rendre morte également; dans tous les cas, il la sortait de cet état étrange dans lequel elle se trouvait parfois, coquille vide, simple existence même pas qualifiable de vie. Jusqu'à présent, la Faucheuse n'avait jamais voulu d'elle et Samsa avait mit ce temps à profit pour apprendre à être heureuse, reconstruire assez de vie pour pouvoir en mener une normalement.

"Et toi Shawie, que cherches-tu ?"

Elle ne répondrait peut-être pas. Peut-être parce qu'il n'y avait pas de réponse, ou qu'il était trop tôt encore pour qu'elle soit révélée, mais Cerbère n'a pas pu s'empêcher de poser la question et, les doigts se partageant la peau de Shawie avec sa paume, elle la regarde avec tendresse et compréhension. Sous les étoiles, les deux femmes ont fait et refait connaissances de leur corps mais chacune sait qu'elles ne s'aiment pas que pour cet aspect et que des ombres naviguent encore, des voiles à soulever avec assentiment, quand les choses seront mûres.
Et si cette nuit, il n'y avait ni pas ni pont ni mots supplémentaire, alors elles sauraient profiter de cet instant simple, de leur chaleur et de leur présence.

C'était ça aussi la liberté, cette notion pas loin du sacré pour Samsa; la liberté de parler ou de se taire.



_________________
Shawie.
Elle l'écoute et lui caresse les cheveux, tendrement, une oreille attentive et le regard rêveur. Elle resserre ces bras, dépose quelques baisers sur les cheveux du Cerbère et puis repense à ce bon temps. Car malgré tous les poutrages qu'elle avait pu subir, tous les procès et toutes les amendes, elle n'en gardait que du bon. Le couplet du brigandage de Sam fut écoute en soupirant. C'était ainsi. Le bonheur des uns fait le malheur des autres. Et s'il y avait une justice dans ce bas monde, ça se saurait.

Le problème c'est que l'Espagnole n'avait connu que cette vie alors aucune comparaison n'était possible. Son frère avait bien essayé de la faire changer mais en vain. Elle n'avait aucune raison de changer de direction. Pour elle, c'était tous les autres qui n'étaient pas normaux. Faut il être fou pour piocher toute une journée pour s'en sortir avec 10 écus. Faut il être fou pour vendre des bouts de viandes séchés pour quelques deniers aussitôt ré-investit dans les impôts. Non, c'est elle qui avait raison.



Les conséquences n'ont pas d'importance Sam. Nous brigandons des inconnus sans importance. Il né faut pas penser aux conséquences sinon c'est la fin dé tout.

Vous récoltez vos champs, vous aller à la mine, vous travaillez pour quelques écus par jour si tout va bien. Nous mangez -très peu- certes mais vous utilisez tout pour des besoins naturels. Les impôts passent par la et vous vous retrouvez le bec dans le dur quand le Seigneur vient chercher son du pour avoir utiliser son moulin.



Elle la regarde et vient chercher ces lèvres.


Tout l'argent qué jé prend est réinvestit aussitôt. Vêtements, appartements, armes, nourritures, meubles et j'en passe. Tout est dépensé et finalement nous faisons tourner l'économie locale. Un malheureux pour dix heureux. Le calcul est simple. J'ai décidé de vivre pour moi et uniquement pour moi.


Une main sur la joue de Sam, elle pourrait rester des heures comme ça, juste à la regarder, juste à essayer de comprendre le message qu'elle essaye de lui faire passer. Finalement, l'esprit espagnol était à des années lumières de celui de Sam. C'était pas plus mal, elle aurait beaucoup de mal à vivre quelque chose qui ne vivait que pour sa petite personne. La brigande se refusait d'être une victime et si par malheur cela lui arrivait, elle faisait tout pour se venger.


Tu mé parles dé chose qué je n'ai jamais connu. " profiter de ceux que j'aime, les mettre en danger" et toussa. Jé n'ai pas d'attache. Jé ne sais même pas cé que cela veut dire. C'est presque une règle première dé ne pas s'attacher aux gens car ils finissent toujours par partir.


Et ça, c'était une certitude. Les gens partent. Trahissent et partent. Ou pire encore, ne disent rien et se barre sans explications. Ça, c'était le pire et depuis, Sha' c'était forgée une sorte de carapace encore plus dur et solide. Le départ de Satyne avait été l'élément déclencheur du "je t'attache plus jamais à personne". Cause à effet du ne jamais dévoiler ces sentiments. Juste au cas où.


Jé pense que c'est une question dé point de vu et qué le débat pourrait durer des heures sans pour autant avancer. Tu as des arguments qué j'entend mais jé peux facilement les contrer et vice versa. Jé trouve qué de servir un Roi n'est pas signe de liberté. Point dé vu qué tu peux défendre et qué je comprend mais jé n'adhère pas. Peut être qué plus tard, jé pourrai le comprendre.

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