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[RP] Il faut toujours écouter le chant des cigales

Domdom
[Quelque part entre Nîmes et Arles ]


Hola ! Ho !

Le cheval mit un peu de temps pour stopper , alors que l’homme venait de ramener les rênes vers lui.
La carriole s’arrêta dans un bruit de grincement métallique assez désagréable

Domdom resta quelques instants immobile, complètement immergé en lui même, yeux grands ouverts sur la ligne d’horizon qu’il pouvait enfin discerner, alors que le jour venait à peine de se lever.
Il ouvrit ses poumons, comme pour inspirer le plus d’oxygène possible, puis se relâcha d’un coup , un sourire enjoué se dessinant sur son visage.



Vous avez entendu ?

Il tourna la tête vers sa voisine de banquette, qui venait d’ouvrir sur lui des yeux surpris, presque hébétés , encore ensommeillés.
A l’évidence, cet arrêt intempestif avait sorti Claudia de ses beaux rêves de future duchesse.

Domdom insista :


Ecoutez bien, Claudette…

Le conteur mit assez vite fin à l’étonnement de la petite rousse qui tendait l’oreille sans rien entendre de plus que les cymbalisations des cigales qui les accompagnaient depuis qu’ils avaient pénétré en Occitanie, plusieurs jours auparavant.
Il enchaîna :



Les cigales…
Leur chant est différent de tout à l’heure
Plus mélodieux…Plus arrondi, moins strident…
Et ce n’est pas uniquement parce qu’il fait plus chaud


La chaleur ne les avait pas abandonnés depuis qu’ils avaient quitté Nimes, quelques heures auparavant.
Mais elle était nettement plus supportable la nuit que dans la fournaise de la journée.

Le conteur avait hâte d’arriver en Arles avant que le soleil ne commence à darder ses rayons en une torture accablante.
Pourtant, il y avait moins d’une dizaine de lieues entre Nîmes et Arles, mais le grand brun connaissait trop bien cette route pour savoir qu’elle était truffée de chausses trappes.
Comme ce vent qui vous rend fou quand il vous souffle dessus en bourrasques.
Sans parler des groupes de brigands qui vous guettent, cachés dans la garrigue.
Ou bien, l’attente interminable parfois, avant de pouvoir traverser le fleuve, dans ce désert minéral, sous un cagnard implacable.



Bienvenue en Provence, Claudia !
Car ce sont bien des cigales provençales qui nous souhaitent la bienvenue
Elles sont différentes des autres , les cigales de chez nous, savez vous !


La Chinonnaise le regardait, les yeux ronds étonnés, tout en battant des cils ; un peu du genre : Et c’est pour me dire cela que tu m’as réveillée ?

Elle ne pouvait pas savoir..
Elle ne pouvait pas savoir ce que ressentait l’ami assis à ses côtés, comme en état second , les rênes en mains.
Cet ami qui avait quitté son pays depuis de longs mois et qui semblait prêt à pleurer en écoutant le chant des cigales.

Les humains avaient placé la Provence, là bas, plus loin, de l’autre côté du Rhône.
Quelles vilaines habitudes de l'homme politisé que de tracer des frontières, de monter des barrières, d'installer des douanes !

Mais les cigales chantantes, elles, le savaient : la Provence, c’est ici qu’elle commence et qu’elle vit
Ici et maintenant…

_________________
Domdom
[ Passe le bac d’abord ! ]


Au sortir du hameau de Fourco, dernier village languedocien sur la route d’Arles, un chemin part sur la gauche, juste après un buisson d’épines, longeant le Petit Rhône sur quelques centaines de toises, en direction du nord.

Toujours accompagné par les stridulations des cigales, on arrive alors à la confluence , un peu plus loin, là où le fleuve se sépare en deux, formant un delta, pour aller ensuite se jeter dans la mer Méditerranée.
Quelques baraques délabrées aux murs de pierre sèches tentent de s’accrocher à la berge, face à un ponton aux planches vermoulues et disjointes, qui semblait plonger dans le fleuve.

L’encapuché ne put réprimer un petit soupir de soulagement en s’apercevant que le bac effectuant la traversée du Rhône était amarré au ponton, sans doute bientôt prêt à partir.
S’il avait été sur l’autre rive, côté Provençal, ils en auraient eu pour des heures d’attente.

Domdom se tourna vers la rousse Claudia, lui désignant d’un bras tendu la barge à fond plat qui semblait se dandiner sur les vagues ondulantes du Rhône, démesurément large, à cet endroit:


C’est ici que nous allons traverser le fleuve

Devant l’air apeuré de son amie Tourangelle, il la réconforta d’un grand sourire :


Rassurez vous, en cette période de l’année, il n’y a aucun danger
Le passeur connait le fleuve comme sa poche
Par contre, l’hiver, le courant est trop fort et toute traversée devient extrêmement périlleuse.



Les habitués du coin utilisaient régulièrement le bac, nettement moins onéreux que les péages des deux ponts de Trinquetaille qui enjambent le petit Rhône, puis le Grand Rhône, un peu plus en aval.
Cela faisait un petit détour, mais qui en valait grandement la peine, d’autant plus que le péage des deux ponts menant directement à Arles soutenus par des bateaux, avait encore été augmenté.

L'appontement du bac avait mauvaise réputation et on disait volontiers que c’ était un repaire de brigands qui voulaient passer discrètement en Provence, après avoir commis leurs méfaits un peu loin, entre Nimes et Arles.
Cette route était reconnue comme étant un nid à brigands, ce qui avait obligé la Provence et le Languedoc à renforcer leur entraide judiciaire, afin de mieux les poursuivre et les condamner.

Attablé devant le boui boui du vieux Ramon,à l’abri sous la vigne vierge, du soleil qui tapait déjà fort en ce début de matinée, le conteur scrutait les gens qui attendaient, comme eux, de pouvoir traverser.
A priori, pas d’individu louche, car il arrivait parfois de se faire dépouiller jusque sur le bac, pendant la traversée.

La main sur le manche de sa dague, comme pour envoyer un message clair aux autres, le conteur Marseillais se détendit enfin, en écoutant les cymbalisations des cigales qui reprenaient leur concert mélodieux et lancinant.

Les cigales provençales chantaient, se fichant pas mal des fleuves, des ponts à péage, des brigands et autres obstacles .
Les cigales provençales sont libres.

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Domdom
[Les amis sont ces gens rares qui demandent de vos nouvelles et attendent patiemment d'avoir la réponse]


Le conteur souriait amicalement à son interlocutrice , tout en faisant tourner sa chope presque vide entre ses main, espérant en faire remonter les bulles :


J’ai tant de choses à te raconter , que je ne sais même pas par quel bout commencer, Diane
Et j’imagine que toi aussi, n'est ce pas ?


Puis il enchaîna après un petit regard coupable en direction de son amie :


Sauf que tu m’as écrit, toi au moins…

Domdom savait que Diane, sa meilleure amie, sa confidente, ne lui en voulait pas trop de l’avoir laissée presque sans nouvelles ; un véritable ami étant quelqu'un qui vous laisse l’entière liberté d’être vous-même.

Ils étaient attablés, l’un en face de l’autre, dans la fraîcheur et la pénombre si agréables de la taverne le « bar à Bara »,fuyant la chaleur insupportable des rues, qui faisait ressembler Arles à une immense rôtissoire.

Peu de mots échangés entre eux, pour le moment : juste le plaisir et l’émotion contenue de se retrouver ensemble, après une si longue séparation.
Les paroles viendraient bien assez vite, s’entrechoquant, se coupant, se chevauchant, en un élan désordonné.
A force de vouloir trop en dire , on en oublie l’essentiel .
Ils voulaient, l'un comme l'autre, sceller leurs retrouvailles en un moment unique,où parfois les silences en disent plus que les mots.

C’est avec une grande joie, aussi immense que leur surprise, d’ailleurs, tant ils ne s’y attendaient pas, l’un comme l’autre, que les deux amis s’étaient retrouvés, par hasard, un peu plus tôt, sur les quais du port d’Arles.
A la recherche, l'un comme l'autre, d'un embarquement pour Marseille.

Malgré son gros bidon, Diane lui avait littéralement sauté dans les bras , avec la grâce et l’agilité d’une écuyère.
Bien qu'il eût déjà été mis au courant de la grossesse de son amie, le grand brun avait cependant été surpris de la voir ainsi, lui qui avait toujours connu Diane avec la taille mince.
L'effet de surprise passé, il avait bien intégré l'état physiologique de la blonde Marseillaise, lui soufflant même de son ton taquin que, vu la grosseur de son ventre, il y avait des chances qu'elle accouche de quintuplés.

Et les voilà maintenant, à trinquer à leurs retrouvailles, dans cette taverne dont l'encapuché avait gardé de bons souvenirs de soirées de rires et de beuveries.

Avant que Diane eut le temps de lui répondre, il continua:



J'ai vécu des choses très difficiles , ces derniers mois, tu sais
Mais ça n'explique pas tout
D'autant plus que toi aussi, lors de ton voyage en Italie, avec ton époux, il me semble...


Pourquoi se chercher des excuses ? On n'a pas besoin d'en trouver avec une amie.
Elle nous accepte tel qu'on est, avec nos défauts et nos qualités.
Mais c'était plus fort que lui : le passeur d'histoires sentait la culpabilité, son autre grande amie, venir à nouveau lui rendre une petite visite de courtoisie.

Il fallait essayer de se reconstruire, maintenant, tourner la tête vers l'avenir et non plus le passé.
Et c'est auprès des siens et de ses amis que le conteur envisageait de le faire.

Sous le chaud soleil du pays.
En écoutant le magnifique chant des cigales provençales.

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Domdom
[Panser ses plaies auprès des siens]



Accoudé à la rambarde de la « Reine du Sud », la navette côtière reliant Arles à Marseille, l'encapuché regardait les côtes provençales se découper sur l'azur encore laiteux du ciel matinal
Encore une journée brûlante en perspective, mais bien adoucie par l'air marin.

Bien que n'aimant guère naviguer, le grand brun trouvait ce moyen de locomotion plus pratique, plus rapide et plus sûr que la voie terrestre, comme pas mal d'autres provençaux, du reste.

C'est d'ailleurs à bord de ce même navire qu'il avait quitté Marseille la dernière fois, en compagnie de Bellha, en fin d'année précédente.
Et ce n'est qu'aujourd'hui qu'il rentrait enfin chez lui.
Mais seul.

En entrant dans le mess, tout à l'heure, Domdom en avait presque défailli en revoyant la table, les bancs, ainsi que le braséro auquel ils se réchauffaient, se remémorant le merveilleux repas de réveillon du nouvel an 1464 qu'ils avaient passé ici, en ce même lieu, en tête à tête avec son épouse.
Comme des témoins d'un passé heureux, mais hélas révolu.
Presque déchirant, aussi.

Trois semaines plus tard, un pêcheur remontait le corps de Bellha dans ses filets , au bord du lac de Pontarlier, en Franche Comté.

Ce fut le début d'une période très douloureuse pour le conteur, un moment de sa vie rempli de néant, d'un vide sidéral, qu'il avait cherché à combler à tout prix, n'importe comment, en faisant de mauvais choix.
Il avait failli y perdre la vie, par dessus le marché !


Domdom ne pouvait s'empêcher de repenser à toutes les péripéties de son existence , ces derniers mois.
Il rentrait chez lui pour panser ses plaies auprès des siens.
Ses enfants, ses amis.

Comme à chacun de ses retours, il se demandait comment le recevraient ses gosses, tant la culpabilité de les avoir abandonnés le tenaillait.


Plongé dans ses songes, l'encapuché sentit soudain une présence à ses côtés.
Tournant la tête, il s'aperçut que Diane l'avait rejoint et regardait elle aussi le trait de côtes escarpé, accoudée tout comme lui contre le bord du bateau.
Tout au moins, autant que son gros ventre de femme enceinte pouvait le lui permettre.
Elle semblait tout aussi songeuse que lui.

Le passeur d'histoires savait ce qui encombrait l'âme de son amie, ces derniers temps, mais il préférait la laisser à son silence, pour le moment.

Chacun d'eux noyait son regard dans le panorama qui se dévoilait devant eux, un panorama inusité pour ces deux terriens : leur belle Provence vue de la mer...

Il leur manquait quelque chose, cependant.
Quelque chose que n'arrivaient pas à remplacer, ni le bruit des vagues , ni celui du vent faisant claquer les voiles.

Il leur manquait le chant si caractéristique des cigales.

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Domdom
[Regroupement familial ]


Il y avait du monde et de l'animation sur les quais du port de Marseille en ce matin du 29 juillet de l'An de Grâce 1464, alors que la Reine du Sud effectuait les manœuvres d'accostage.
Adossé contre la cabine de pilotage, Domdom observait le sempiternel ballet des dockers, chargés de caisses ou de gros sacs, zigzaguant entre les groupes de personnes, les marchandes de poisson qui haranguaient les passants de leur voix aigrelette, les marins, déjà en pourparlers avec des catins prêtes à leur soutirer le maximum d'écus pour une prestation minimale.

Des groupes discutaient ensemble, attendant visiblement le débarquement des passagers de la navette.
Parmi eux, le passeur d'histoires reconnut de suite sa petite tribu, ses cinq enfants tout endimanchés, sagement alignés devant le bureau du chef de port, sous la férule d'Alexandrine, leur nourrice.

Son coeur ne put s'empêcher de faire un bond dans sa cage d'os, les détaillant un à un, tout en leur faisant de grands gestes du bras, afin qu'ils le localisent.
Comme à chacun de ses retours, l'encapuché ressentait une vraie impatience de les serrer à nouveau dans ses bras, de voir leurs yeux briller en découvrant les cadeaux qu'il leur ramenait, mais également une boule d'appréhension au ventre, redoutant leur réaction, cette sensation d'être abandonnés à chacun des voyages paternels.

Alexandrine, tenait une petite fille rousse dans ses bras.
Le conteur sentit un battement de coeur lui exploser littéralement à la figure en reconnaissant Sila, sa petite Princesse Océane.
Qu'est ce qu'elle avait changé depuis sept mois, sa petite perle d'eau  de mer !
Il avait quitté un bébé , il retrouvait une petite fille de dix huit mois.
Domdom se revoyait encore, un soir de janvier 1463, aidant Bellha à accoucher sur la table du mess de la Narbonesa, qui les ramenait d'Alexandrie , assisté de son ami Mathys et d'Ennya.
C'était pourtant il y a dix huit mois, mais dans l'esprit du passeur d'histoires, c'était hier.
Comme le temps passe vite...

Le grand brun attendit fébrilement que la passerelle du bateau fut posée , pour débarquer, son baluchon sur l'épaule .
Et c'est un grand sourire aux lèvres qu'il s'accroupit pour recevoir un flot de bras et de têtes enfantines lui percuter avec vigueur les genoux et le buste.
Il embrassait avec émotion, presque pleurant de joie, serrait entre ses bras, caressait des joues en souriant d'un sourire rassurant :



je vous promets que c'est la dernière fois, mes enfants

Cette promesse, tout le monde savait qu'il serait incapable de la tenir, mais ce n'était pas l'heure des rancoeurs dans la liesse des retrouvailles familiales, rythmées par le cri strident des mouettes qui tournoyaient autour du quai.

Comme si elles avaient d'un seul coup remplacé toutes les cigales de Provence.

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Domdom
[Mon fils, cet inconnu]



Domdom observait Valérien libérer le lièvre mort du collet dans lequel l’animal avait eu la mauvaise idée de s’étrangler. Son ainé, âgé de douze ans maintenant , opérait par des gestes sûrs et rapides, comme un chasseur chevronné.
C’est le blondinet qui, la veille au soir, avait entraîné son père dans cette garrigue escarpée , surplombant la cité Phocéenne et avait soigneusement sélectionné les coulées dans lesquelles ils poseraient leurs pièges.

Et en ce tôt matin, le résultat ne s’était pas fait attendre : alors qu’ils n’avaient pas encore fini leur tournée des collets, ils avaient déjà récupéré un garenne et une perdrix , en plus de ce connin.

C’est le conteur lui-même qui avait enseigné les premiers rudiments du braconnage à son fils, mais force était de constater que l’élève avait dépassé le maître , par sa connaissance du terrain, son flair et son adresse.

De prime abord, Domdom s’était senti fier de voir Valérien, à peine sorti de l’enfance , maîtriser à ce point cette pratique, mais bien vite des interrogations avaient surgi dans l’esprit du grand brun.
Il avait devant lui l’illustration de ses carences de père, de tuteur, de guide, d’exemple même.

Son fils avait changé, s’était forgé tout seul en son absence, le gamin d’hier était devenu un jeune homme, presque un inconnu pour le conteur Marseillais.

Quel genre de père était il ?
N’était ce pas à lui de veiller à l’éducation, de suivre de près l'évolution de ses gosses,d'orienter, d'infléchir au besoin, plutôt que partir sans cesse en vadrouille sur les chemins des royaumes, les laissant livrés à eux-mêmes ?
Et ce qui était vrai pour Valérien l’était également pour ses autres enfants.
Dom allait devoir tisser de nouveaux liens avec les siens, essayer de regagner tout ce temps perdu.

Toujours tourné vers ces pensées et sa culpabilité, le grand brun porta son regard sur le lever de soleil, qui nimbait la crête du Garlaban d’un halo rosâtre , tirant vers un azur pâle , à mesure que le regard montait vers le ciel.

Le chant des cigales se faisait plus présent et envahissant dans la garrigue aux senteurs enivrantes , à mesure que la chaleur augmentait.

Il était temps pour eux de finir la tournée des collets, avant qu’une chaleur implacable ne vienne refermer son couvercle sur la Provence, comme sur un énorme chaudron.

Pour le bonheur des cigales provençales, qui pourraient chanter leur litanie jusqu’au milieu de la nuit.

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