Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Nous aimer, c'est une torture.

Nathan
Il était tard. La voute étoilée s’était étirée jusqu’à atteindre son paroxysme. Lentement, elle allait commencer à décliner. Au loin, on apercevait encore quelques parties de la pleine lune. Le moment était enclin à la quiétude.
Cependant, Nathan s’était embourbé dans un nouveau marasme. Il avait tenté de le noyer avec une kyrielle de verres de vin. Sans réussite. Il avait toujours ses problèmes. L’ivresse en prime. Ces derniers temps, tout volait en éclat. Un peu comme si, sa vie était au milieu d’une scène de ménage. Le service en porcelaine de Limoges offert par tante Gertrude était envoyé en l’air lors d’une terrible dispute de couple. Et la crise durait depuis de très longues semaines.
Tout avait bien commencé pourtant. Une joyeuse troupe. Une roulotte. Une femme nue. Une passion. Passion qui devait être éphémère, mais qui passa outre cette règle et devint constante. Delà, tous les problèmes subséquents les uns aux autres arrivèrent. Cacher les parties de jambes en l’air devenait un sisyphe. Les rumeurs arrivèrent. Ainsi que le temps où il fallut avouer.
Il n’y avait ni honte, ni gène. Rien de tout cela, Nathan était satisfait de ce qui était arrivé. Malheureusement, il n’en allait pas de même pour sa sœur. Depuis, ils ne se parlaient plus. Le jeune blond avait fait une croix temporaire sur sa relation avec elle pour cette sylphide qui lui avait pris une partie de son cœur. Et qui lui accordait quelques douceurs vespérales.

Tout se déclencha lorsqu’il apprit le retour du mari de Déa. Cet être qu’il trouvait flasque, livide, dénué de sens moral et tout bonnement inintéressant. Non, Nathan n’aimait pas spécialement Marc. Il n’y avait pas de grandes raisons à cela. Certains avanceront la jalousie, d’autres juste la haine ou même encore la gêne occasionnée par le cocufiage. De cette affaire, Nathan avait décidé de tout mettre à plat. Ranger, profiter de la dernière journée du printemps afin de mener un ménage de grande ampleur. Et il était temps de le faire dans sa couche. Il n’y aurait plus de traversin, plus de disputes nocturnes. Rien. Nathan était décidé à virer Déa de sa chambre.
Et il ne le faisait pas par plaisir.
Il monta les marches en faisant un bruit à réveiller les morts. Tambourina à la porte et entra en se raccrochant à un fauteuil qui se trouvait là. Il haussa la tête, tenta de rester digne malgré l’alcool. Il se sentait mal et pourtant il se lança.


-Déa ! Debout ! Je veux que tu te casses de ma chambre. Tout de suite.

_________________
Andrea_
Généralement, la nuit, je dors. Mais les versions diffèrent selon la personne à vous posez la question. Nathan dira que je ronfle. Nomi que je jouie trop fort. Kleze que je picole. Yorgos que je me touche. Tina, Elle, elle dira que je dors. Et la plupart du temps, elle a raison.

Je n'ai jamais si bien dormi que depuis que je dors dans le lit de Nathan. Il y a les soirs où il rentre tard et où j'ai allègrement le temps de m'étaler -telle une baleine échouée- de tout mon long dans les draps, j'en profite pour faire tout un tas de choses qu'il est inutile de préciser ici. Quand j'ai terminé, je suis assez fière de moi, je mets le traversin et je dors profondément quand Nathan vient à son tour se coucher.
Il y a les soirs où, d'un commun accord, nous donnons à notre vie les couleurs qui lui manque. Les sens s'éveillent avec toujours le même plaisir. Il n'y a aucune place à la lassitude, aucune retenue, il faut profiter de l'instant en se laissant porter, Nathan, c'est du trois étoiles. Jusqu'à maintenant, je n'avais eu que des buffets à volonté, maintenant j'ai la qualité c'est tout!
Je crois que je n'avais jamais pensé à la fin. Ni même s'il y en aurait une un jour. Et puis...

Et puis Marc, mon cher mari infidèle, décide de se radiner. Il décide, qu'après 2 mois sans son épouse, il serait peut être temps d'arrêter de sauter sa meilleure amie et de penser à venir chercher celle à qui il a promis fidélité -aucune ironie-.
Par conséquent, quand j'ai appris les futures retrouvailles, oui j'ai commencé à penser. Bien plus que je ne l'aurais du. Bien sûr j'ai commencé par me dire que rien ne changerait, mais il a fallu me rendre à l'évidence, c'est une situation qui n'arrangerait que moi. Je n'avais aucune envie de perdre Nathan. J'avais besoin de Lui. J'avais besoin de son sourire, de ses caresses et de ses attaques verbales. Ils étaient devenus ma force, ils avaient été la raison de ma renaissance, oui, en toute impunité, j'avais besoin de lui pour me sentir vivante.
Pour tout avouer, du mari ou de l'amant, c'est la réaction du dernier que je craignais. Peur d'être rejetée, jetée comme une malpropre. Oubliée, reléguée au rang des "ex", une de plus. Je craignais qu'il m'ignore, je craignais de ne plus voir la passion dans ses yeux.

Mais cette nuit, je dormais. Oublié les peurs, les craintes. Oublié les plans foireux pour échapper à tout ça. Je n'avais pas oublié de boire, ça aide à oublier.
J'ai eu beaucoup de mal à sortir de mon sommeil. Un bruit avait attiré mon attention mais mes paupières refusant de s'ouvrir, je n'avais eu d'autres choix que de me rendormir. Une demi second, nouveau bruit, léger sursaut. Puis un autre. Et encore un. Il y avait visiblement un pachyderme dans l'escalier. Le gros modèle, celui avec les défenses qui rayent les murs.
On frappait à la porte, qui s'ouvra instantanément sans je n'ai le temps de dire un mot. J'hésitais entre "entrez" et " dégage", mais comme c'était Nathan, je n'ai rien dit.

Un oeil entrouvert m'appris que sa main avait pris le fauteuil en otage : je pouvais me rendormir tranquille, il n'y aurait pas de soupirs cette nuit.


-Déa ! Debout ! Je veux que tu te casses de ma chambre. Tout de suite.


Moi, quand je suis un demi sommeil, tu peux tout me demander. Tout. T'as soif, tu me réveilles, pas de souci je vais te chercher un verre d'eau. T'as faim? j'te fais un sandwich? Tu veux pisser? J'peux même y aller à ta place.

T'aurais pu frapper...


J'ai pris son coussin, son drap -je rappelle que c'est son lit-, je me suis enroulée dedans -parce que je suis encore à poils et qu'il fait un peu froid-, et je suis sortie. J'ai pris soin de fermer la porte derrière moi, tout doucement.

C'est une fois sur le pallier que j'ai cogité. Il ne m'a pas demandé de sortir, il m'a carrément tej'. Alors j'ai repassé la scène dans ma tête, j'ai rembobiné, et une fois arrivée à l'ouverture de la porte, j'ai appuyé sur "lecture" mais au ralenti.
Ouverture de la porte comme un bourrin, posage de main sur le fauteuil, Dea debout je veux que tu te casses de ma chambre, tout de suite. Bien. Les yeux fuyants, la tête haute, le teint blafard. Soit.

Tout s'accélère soudain, Nathan ne m'aurait jamais mise à la porte comme ça. Et je n'aurais jamais du sortir. Ouverture de la porte avec la douceur qui me caractérise, aucune retenue pour le battant qui cogne contre le mur. Et...


Elle marque un temps d'arrêt devant lui. Elle plisse les yeux un instant, le temps de deviner dans ses yeux son sérieux. Son coeur marque un arrêt, le sol s'effondre, elle en profite pour claquer la porte. Elle se recule un instant, en tenant fermement le drap qui l'entoure, il ne s'agirait pas de se trouver nue en cet instant.
Elle ne cesse de le fixer, l'acier jaugeant le brun. Elle recule jusqu'à ce que l'arrière de ses genoux touchent leur couche où elle s'assied lascivement. Elle tente de garder consistance, elle relève le museau, parait pensive mais réfléchit à ce qu'elle va dire. Secrêtement elle tourne sa langue sept fois dans sa bouche, pour ne pas dire d'impair, ne rien dire qui pourrait tirer un trait définitif sur leur histoire. Elle sait.
Elle sait qu'il ne demande pas la paix pour cette nuit. Elle sait que le retour de Marc va tout changer, doit tout changer. Elle sait qu'il ne faisait pas semblant. Elle sait qu'elle s'est attachée à lui bien plus qu'elle ne l'aurait voulu, bien plus que ce qui était prévu. Elle sait qu'il a pris la sage décision qu'elle n'aurait jamais pu prendre. Elle sait qu'elle devrait le respecter pour ça. Respecter, bien plus que la décision, l'Homme.
Elle sait, mais elle ne peut pas s'y résoudre.

La tête est lourde et le sang bat contre ses tempes, mais ce n'est pas l'alcool.



Non.


Un "non" bien plus profond qu'un vulgaire mot. Un "non" qui s'affirme. Un "non" qui assume. Un "non" qui en veut plus, qui en veut encore, qui ne veut pas que ça s'arrête. Un "non" ferme et calme.
Et qui n'est en rien un "non" de raison.

_________________
Nathan
Pour Nathan c’était terminé. Il n’avait plus la volonté de se battre, ni même l’envie de sauver les quelques restes. Pour lui, l’histoire s’arrêtait là. Le jeu était terminé. Déa allait retrouver son mari. Déa allait naturellement s’éloigner de lui. Déa allait devenir inaccessible. Déa serait marcescible. Déa serait une de ces femmes qui pouvaient se vanter d’être l’une de ses plus grandes déceptions. Car oui, Nathan s’était tout bonnement attaché à elle. Il ne comprenait toujours pas comment cela avait pu se produire. Il ne comprenait pas non plus comment il avait pu se bercer une fois de plus d’illusions. Sa volonté de connaître l’Amour le menait inexorablement à sa perte. Comme si, à chaque fois, il menait sa propre exécution. Éternel bourreau de sa vie, il ne se complaisait plus que dans la peine et la douleur. Victime d’un théâtre pathétique. Victime de son aveuglement.
Déa eut été le viatique de cette maxime de vie, celle que Nathan suivait chaque jour. Celle que Nathan chérissait tant. Celle qui le poussait à retrouver la passion qu’il avait pu connaitre par le passé.

Il avait sans nul doute mésestimé les conséquences d’une rupture avec Déa. Car au moment où elle prononça la négation, un immense sentiment de soulagement émergea en lui. Non, ils ne pouvaient pas terminer leur route ainsi. Ils ne pouvaient pas non plus se dire adieu. Ils se croiseraient éternellement, le monde étant aussi petit qu’une poche.
Il la regarda. Un peu. Davantage, même. Il laissa ses yeux l’épier, quelques clignements ponctuaient ce moment, comme s’il voulait imprimer pour la dernière fois ce visage éclairé par la lueur des chandelles. Ses sentiments étaient contrastés. Aux antipodes l’un de l’autre. Il n’y avait aucune condescendance, aucune admiration. Il y avait juste un moment, où les secondes s’égrenaient lentement.
Il expira. Il avait tant de choses à lui dire.


Tu pensais réellement que j’allais laisser l’affaire se dérouler ainsi ? Tu pensais vraiment que j’étais une de ces carpettes sur lesquelles tu t’es essuyée les pieds toute ta vie ? Je ne suis pas ce genre de personne. Je ne suis pas ce genre d’homme, même. Non. J’ai porté notre relation. J’ai voulu l’amener au plus loin. Je l’ai porté comme si ma vie en dépendait. Je l’ai défendue, même. Défendue face à ma sœur. Tu sais celle avec qui je n’échange plus que des insultes. J’ai fait une croix sur elle pour passer plus de temps avec toi. Ce soir tu me dis que ton mari revient. Et tu pensais réellement que je n’allais rien dire ? Je me sentirais trop mal devant lui. Tu fais venir un homme qui veut ma peau. Je ferais des choses stupides. Et je perdrais tout. Tu vois Déa, la seule chose que tu aurais dû faire pour pouvoir rester dans cette chambre c’était de lui dire de rester loin de toi. Car vois-tu, même si ce mariage était minable. Même s’il ne ressemble à rien. Il reste un mariage. Et il fait de lui ton mari. Moi je suis juste l’amant. L’amant. Le comprends-tu ? Non je ne crois pas. Je ne supporte pas cette place lorsque le mari est dans les parages. Alors tu sors de cette chambre maintenant. Ne me parle plus, ne m’adresse plus la parole…

Nathan était submergé. Il ne gérait plus rien. Il ne se contrôlait plus. Il laissait ses sentiments l’envahir, tout devenait alors désultoire, trouble, approximatif. Il ne la regardait même plus. Il s’obombrait petit à petit. Il s’enlisait dans le marasme. Il était usé, fatigué et en peine. Il n’avait plus la force, il voulait juste la voir partir. Car au fond, plus il la regardait plus il s’en voulait de lui reprocher ces choses. Le jeune blond était bavoché, son esprit s’automutilait. Il avait mal. Si bien qu’il s’assit sur le fauteuil. Il perdait ainsi sa supériorité apparente. Il l’aimait. Un amour certes particulier, mais il l’aimait.
Et sa plus grande peur dans la vie, c’était de perdre les gens qu’il aimait.
De se retrouver seul.
Seul dans ce monde.

_________________
Andrea_
Quand on prend une gifle, il suffit de s'éloigner et d'attendre que la douleur ne passe.
Quand on perd un parent, on se dit que c'est la vie et on se bat, pour survivre. On se lance des défis, pour qu'ils soient fier de nous, sachant pertinemment que du fond de leurs tombes, ils s'en fichent royalement.

Quand on doit dire au revoir, ou même Adieu, à quelqu'un que l'on aime, c'est autre chose. C'est quelque chose que j'ai trop souvent dû faire, jamais par envie, mais la raison a parfois ses raisons que le coeur ignore.
J'aime Nathan. Pas d'un Amour pur et sage. Un amour irraisonné, irraisonnable. Le genre d'histoire que l'on ne vit qu'une fois, deux si l'on est chanceux. Chanceux ou malheureux, car s'il est si intense, c'est qu'il est interdit, impossible. Il m'arrivait de penser, parfois, à ce qu'il serait advenue de notre fable si je n'avais pas été mariée. Et toujours revenait cette conclusion qu'un "nous" ne serait probablement jamais né. Alors je savourais l'instant, qui, même bancale, resterait un des meilleurs souvenirs de ma vie.

J'ai senti son regard sur moi, et le bien que cela m'a procuré m'a surprise. C'était un regard vide. Ni compassion, ni haine. Ni colère, ni tristesse. Dénué d'émotions. Je tentais tant bien que mal de lui refléter le même, de lui cacher la chaleur que ce simple échange m'offrait. Il me donnait, sans le savoir, de quoi combler mon manque de lui en devenir.
Puis il a parlé...


Je ne suis qu'une coquille de noix en pleine tempête. Ses mots résonnent dans ma tête, les sentiments s'entrechoquent, s'emmêlent et se mélangent. J'écoute ses doléances, ses plaintes, ses reproches. J'essaye de lire entre les lignes les souffrances et les craintes. Je regarde le phare qu'il est perdre sa lumière. Il perd pied, le magnaco-contrôleur. Il balance son laïus, dans le désordre, il laisse exploser sa colère, il avoue enfin ce que j'essaye de lui faire cracher depuis des jours, et c'est violent. C'est bon, mais c'est violent.
Peut être que j'aurais du me lever et t'embrasser. Te supplier de me garder. Peut être que j'aurais du t'avouer combien tu comptais pour moi. Peut être.
Peut être que j'aurais du commencer bien avant, quand mon coeur a commencé à battre plus fort, ou lorsque je te cherchais sans n'avoir rien à te dire.
Peut être que j'aurais du t'arrêter. Avant que tes mots ne dépassent tes pensées ou du moins tes lèvres. Peut être aurais-je dû les attraper avant qu'ils n'effleurent mon esprit.

Mais qu'aurais-je pu te dire Nathan? Dis moi, regarde moi. On dit que les yeux sont le reflet de l'âme alors regarde moi, plonge dedans et dis moi ce que tu y vois.
Dans le chaos de mes émotions ne restent plus que la colère et la tristesse qui se livrent une bataille sans merci. Je t'haine. Mes poings se ferment et mes bras se tendent. Mais si tu voulais vraiment voir...

Je suis une victime. Victime d'un mariage compliqué, victime de mes casseroles passées. Victime du temps qui passe, de la solitude qui pèse, de la peur de finir de seule. J'ai connu l'Amour, j'ai eu cette chance, et je ne suis pas sûre de pouvoir y survivre à nouveau. Je ne veux pas devenir l'esclave d'un homme à qui je donnerai tout et qui s'en servira pour me mettre plus bas que terre. Je ne veux pas qu'on me jette, qu'on m'abandonne comme on le ferait avec un animal, je ne veux pas errer à nouveau jusqu'à trouver un quelconque intérêt à la vie. Je ne veux pas, je ne veux plus. J'ai cru naïvement que tu serais différent. Que tu accepterais la situation comme je m'y accommodais. Je pensais que tout allait bien, que ça aurait pu durer, je pensais...
Je ne pensais pas que tu en souffrais.


Mes yeux se plissent, mes lèvres sont closes, je ne cracherai pas mon venin, pas encore, termine. Termine avant que je n'explose. Oui, tu es l'amant. Si tu savais ce que je donnerais pour que tu sois bien plus. Mais c'est Toi qui a voulu cette place. C'est toi qui l'a prise. Tu parles du mariage, Toi, qui ne respecte aucun sacrément? Mais qui es-tu pour savoir ce qui est bien ou mal, qui es-tu Nathan?

Ses derniers mots précèdent le silence. Lourd. J'ai quitté ton regard il y a longtemps pour poser le mien sur le sol. Admirer le bois que le temps patine sans abîmer et trouvant ça tellement pathétique en cet instant. Je n'avais pas la force de tendre l'autre joue. Mais ne crois pas un seul instant que je vais prendre mes affaires et m'en aller. Ne crois pas que je te ferais ce cadeau, et ne pense pas que c'est une question de fierté ou d'égo mal placé.
Le coeur tente une sortie et je resserre le drap un peu plus fort. J'aimerais peser mes paroles, ne pas dégueuler les mots, mais les siens continuent de tourner en boucle dans mon esprit. Alors, comme on ouvrirait une fenêtre pour sentir le vent après un gros orage d'été, je me lève et m'approche de lui. La proximité m'aidera.



Je n'avais pas prévu que tu comptes. Tu ne devais être qu'un passe temps, une distraction. Mon coeur était vide et devait le rester. L'alliance à mon doigt n'est que le résultat de sentiments contradictoires dont tu ne devais pas faire partie. Tu aurais du passer ton chemin, me virer de la roulotte plutôt que de m'inviter dans ta chambre. Tu aurais du me virer avant. Avant que nous partagions bien plus qu'une partie de jambes en l'air. Tu es habitué, Toi, à t'envoyer en l'air sans que ça compte, pourquoi tu n'as rien dit, POURQUOI Nathan, tu n'as pas mis un terme à tout ça avant que ça devienne si compliqué?


Il y a tout ce que l'on dit, et ce que l'on devrait dire. Ce que l'on fait, et que l'on voudrait faire. Je voudrais te casser les dents, et c'est pourtant ta main que la mienne emprisonne.
_________________
Nathan
M'aimer c'est une torture.

Le regard était fuyant. Il se faufilait loin dans la nuit éclairée. Nathan ne considérait pas Déa à ce moment précis. Et c’était mieux ainsi. Pour lui, ils vivaient leurs derniers moments. Car plus rien ne serait jamais comme avant. C’était un peu comme si c’était à la fois le premier et le dernier jour de leurs vies respectives. Bien sûr, Il se maudissait lui-même d’oser penser cela. Mais rien n’à faire, Nathan ne sut que trop rarement faire dans la demi-mesure, il était dans les extrêmes. À chaque fois. C’était inné chez lui, caractérisant à la fois son charme et son imperfection. Oui, Nathan n’était en rien l’être parfait qu’il aimait faire croire. Esclave de sa façade dorée, Nathan ne se dévoilait que trop rarement et seulement à huis clos. Il ne montrait jamais ses sentiments tout était contenu dans une petite boite. Une petite boite qu’il rangeait consciencieusement et protégeait farouchement. Malheureusement, cette boite, était petite. Si bien, que lorsque sa vie devenait un chaos. Une anarchie totale où chaque pas pouvait le faire trébucher et tomber à terre, il n’arrivait plus à gérer. La panique gagnait en puissance et il commençait à faire des choses stupides. Il avait ruiné deux mariages ainsi et de nombreuses relations. Amantes, Amants, famille… Il n’avait aucune limite. S’il allait mal, il entrainait le monde dans sa chute par tous les moyens. Égoïste. Il agissait avec outrecuidance, il devenait un homme méprisable, la compassion redevenait inconnue et l’ire se déchainait au rythme effréné des tempêtes.

Soudain il se leva. Il contempla Diane qui se dressait devant lui. Elle était remplie de reproches. Elle cherchait à inverser une tendance immuable. Il ne lui en voulait pas, et, dans un acte purement égotiste, il se caractérisa comme un être magnanime et lui pardonna cet affront. Tout cela était bien évidemment mal placé. Mais qui aurait pu le savoir s’il le gardait en lui.
Il se mit à sourire, un sourire étrange qui pouvait être quelque peu effrayant. Il était glacé, même. On aurait dit qu’il avait traversé le frimas. Outre ses commissures glaciales, il avait le teint diaphane, aucune couleur. Il s’assombrissait peu à peu. Il devenait une créature que l’on craignait et aimait à la fois. S’il faisait éprouver des sentiments contradictoires, alors, il s’aimait. Il s’aimait si bien qu’il gagnait en puissance.
Il avait à ce moment précis, pour maxime, de faire mal. Si mal qu’il ferait fuir n’importe qui. Le diable s’animait en lui. Et ce n’était bon pour personne de le mésestimer à ce moment. Car, telle une hydre, il ne pouvait se défaire de cette volonté avant d’avoir gagné. Il devint subitement laconique.

-Alors soit.

Et tu vois, à ce moment précis Déa. Je suis le prédateur. Je suis l’homme à abattre. Mais tu ne le feras pas. Tu ne le feras pas car tu tiens à moi autant que je tiens à toi. Et pourtant je suis certain que tu n’auras jamais la force de faire ce que je vais te faire. C’est tout à ton honneur, sache-le. Alors tu vois, j’avance d’un pas. Je te regarde. Je te toise. Je te fais un sourire. Mais ce sourire malgré son apparence il te dit de fuir. Loin. Loin de moi avant que je ne te blesse. Car je finis toujours, un jour ou l’autre, par blesser les gens. Pars, c’est le moment. Pars avant que je ne dépose ma main sur ta joue et que je commence à t’embrasser. Je continue d’avancer. Mon action est lente, mesurée et ponctuée de quelques remords. Mais tu ne pars toujours pas. J’ai envie de pleurer, là. J’ai envie que tout s’arrête, mais je ne peux pas le faire. Je suis comme possédé. Et tu en paieras le prix. Je pose ma main sur ta joue. Je te caresse la pommette avec mon pouce. Je ferme les yeux, c’est plus facile. Je t’embrasse. J’ai honte de le faire ainsi. Mais je continue. Tu peux sentir ma respiration s’accélérer comme si elle se voulait entrainante. Je commence à me perdre un peu partout. Je m’arrête, ma bouche s’est arrêtée près de ton cou. Elle monte à ton oreille en t’embrassant délicatement. Et alors je te susurre à l’oreille.

-Pars. Pars tant qu’il en est encore temps.

Et j’espère que tu partiras avant que je ne commette l’irréparable.
_________________
Andrea_
J'attendais une explosion de rage, j'ai eu l'arrogance d'un dédain. Je n'ai qu'un regard vide à mon désarroi, un visage opalin à mon désespoir, une allure sèche et froide à mon envie de t'embrasser.
J'ai besoin de toi, j'ai simplement mis du temps à le comprendre. J'ai refoulé ta présence jusqu'à me persuader que tu n'étais qu'un songe. Ma vie doucement s'est dédoublée, acrimonie le jour, maitresse la nuit. Je prenais ce qu'on me donnait. Je repoussais fermement l'idée d'avoir un jour cette discussion avec toi. Et je suis là, consternée devant ton attitude avilissante. Perdue, confuse comme suspendue dans le vide face à un mur de glace. Je ne peux que tomber mais je veux monter. Et tu ne me tendras pas la main, je le sens lorsqu'enfin tu me touches.

Je hais ton regard en cet instant. J'essaye de me dire que sous ce profond dédain que je t'inspire, tu ne contrôles plus rien. Et je suis ce Rien. Je ne suis qu'une merd', une blatte, une couille dans ton potage bien rangé. Je suis une coquille dans un poème, je suis la colère des Dieux. Vois-tu Nathan, je préfèrerais ne rien t'inspirer, mais tu m'exècres, tu me fuis, tu me jettes. Je suis la raison de ta haine et de ta colère, je suis ta tristesse. Je suis la preuve une fois de plus que les femmes sont toutes les mêmes. La preuve que j'ai cru pouvoir te garder mais qu'il n'en ai rien. Je ne suis Rien.
Je ne suis plus la lueur dans tes yeux, je ne suis plus la fossette sur ta joue, ton soupir dans la nuit. Je ne suis plus ce corps brûlant que tu as aimé étreindre. Je ne suis rien.
J'essaye de ne pas me noyer, de remonter à la surface mais plus tu t'approches et plus je sombre. Je cherche où me raccrocher mais ton regard me rappelle inexorablement que je ne suis rien.
Je. ne. suis. rien.



Alors Soit.
Oui Nathan, Soit.
Mon regard s'assombrit à son tour, moi aussi je sais jouer à ce jeu là. Tu te penses prédateur mais tu ne sais pas ce dont je suis capable pour te garder. Tu ne sais pas tout ce que peut accomplir une femme pour ce genre d'histoire. Ne mésestimes pas mes sentiments à ton égard comme tu le fais avec les tiens. Ne me relègues pas au rang du passé, pas encore, pas déjà. Ce n'est pas ça la règle du jeu. Tu dois attendre. Attendre que je sois prête. Attendre que je le veuille. Il te faut mon accord. Il te faudra bien plus que ta simple conviction pour me faire sortir de ta vie. Il te faudra bien plus qu'un baiser pour me faire plier. Je ferme les yeux, voir les tiens clos me fait trop de mal. Ma respiration s'accélère, je me déteste. Je réponds à tes baisers et je continue de me répéter en boucle : je ne suis rien. Ta bouche sur ma peau, tes lèvres sur mon cou, je ne suis rien. Ton souffle sur mon épaule, je ne suis rien.
Et puis ton injonction qui sort comme une supplique. Ton injonction de partir qui sonne comme un défi.

Non Nathan, je ne partirai pas.
Je ne partirai pas parce qu'il est déjà trop tard.
Je ne partirai pas parce que j'ai encore des tonnes de choses à te dire, des tonnes de choses à te reprocher, des tonnes de questions à te poser, des tonnes de réponses à encaisser.
Je ne partirai pas car je sais comment tu fonctionnes. Je suis pareille, tu ne le sais pas, tu ne le sauras sans doute jamais puisque nous savons tous les deux que nous vivons nos derniers instants. J'en ai aimé des hommes, crois moi j'en ai aimé, un particulièrement. Je l'ai aimé jusqu'à ce que ça soit douloureux, je l'ai regardé faire fondre les femmes que nous rencontrions. Je l'ai écouté s'épancher sur ses sentiments, il se peut même que je lui ai offert à boire, un sourire réconfortant et une épaule pour pleurer. J'ai attendu, patiemment, qu'enfin il ouvre les yeux et qu'il me découvre. Et lorsqu'enfin il a daigné me considérer, je l'ai mis plus bas que terre. Je l'ai réduit en miette lui et son coeur. Son ignorance envers moi n'avait fait que creuser la tombe dans lequel je le poussais inexorablement. A trop l'aimer, j'avais finis par le détester.
Je ne partirais pas parce que Toi, je te hais déjà.


Non, Nathan, je ne partirai pas. Parce que je ne suis pas sûre que la petite boite que tu caches précieusement le veuille vraiment.
Alors mes lèvres cherchent les tiennes, ma main glisse sous ta chemise, ma langue te cherche. Oui, j'agis comme une perdue, mais on ne retrouve que ce qu'on perd.

_________________
Nathan
Ses démons le taraudaient encore une fois. Si bien qu’il perdait pied. Il devenait le noyé. Le naufragé. Victime d’une tempête de sinistre mémoire. Il se sentait acculait. Comme s’il devait battre sa coulpe. Il n’en avait ni l’envie ni les moyens. Il avait atteint un point de non-retour qui allait le mener inexorablement à sa perte. Il se maudissait d’avoir voulu mener une estocade. Si bien que sa tocade perdait en sens et en légitimité. Il se sentit mal, il vilipenda Déa dans sa tête. Il lui donnait volontiers les atours de la charogne plutôt que ceux de la colombe. Il voulait se subroger au mur. Ne plus être dans cette pièce. Mais il était trop tard. Collé au mur, devant un parangon de passion, il était coincé. Déa l’entravait et prenait de plus en plus le dessus à chaque seconde qui s’écoulait.

Sa vénusté extatique rendait ses joues rubescentes. Cependant, le jeune blond était pugnace et de cette pugnacité il en tirait une confiance. Confiance qui accentuait le certain mépris qu’il avait pour Déa. Alors les mains de Déa devenaient arachnéennes. Il ne ressentait plus rien, elle venait de perdre.
C’était tacite. Pourtant, Nathan la laissa continuer. Quelques instants, puis un temps et il la repoussa avec force. Il s’extirpa des bras de cette sirène. Elle l’avait envouté si bien qu’il s’appuyait au mur en tremblant. Il descendait marche après marche vers les enfers.

Nathan se mit à chercher maladroitement de quoi boire. Renversant et cassant bon nombre d’objets présents sur le bureau. Il versa du vin dans un verre en tremblant. Sa peur et sa colère étaient palpables. Il but cul sec. Il se resservit à nouveau et répéta la même action par trois fois.
Il s’assit par terre. Adossé au mur il versa quelques larmes. Il balança sa tête lentement, comme s’il voulait déverser sur les bords tous ses problèmes. Il n’y arrivait pas. Il ne voyait aucune solution se dévoiler à l’horizon. Il ne voyait seulement Déa.


-Tu m’as tué. Si bien que je ne suis plus que l’ombre de moi-même. J’ai été sot de céder à TES avances. J’ai été idiot d’avoir recommencé. Je m’en veux terriblement et toi tu continues. Je ne puis continuer ainsi.


Il ne savait plus comment l’histoire aller se terminer. Il ne savait plus comment lui faire mal. Il ne savait plus comment la faire fuir. Il ne savait plus quoi penser.
Son regard se vida et son être tout entier devint taciturne.

_________________
Andrea_
J'ai perdu. Je t'ai perdu. Je le sais, je le vois dans tes yeux. Ton être tout entier transpire ton indifférence, ton dégout.
J'ai du mal. Du mal à te comprendre pour commencer. Comprendre comment j'ai pu passer de Diane à ce cabot gênant une veille de départ en vacances d'été. Il y a Marc, mais il n'y a pas que ça, tu es plus fort que Lui, tu le sais. Je n'ai peut être pas su te rassurer, te dire combien tu étais important. Je n'ai pas su le faire. Soit.
Du mal au coeur. Tu y as fait un passage éclair, tu es entré là dedans comme une flèche dans la peau. Tu aurais pu y rester, on peut vivre comme ça. Mais tu veux en sortir, et tu déchires tout sur ton passage. Soit.
Du mal au bide. Aux bras et aux jambes. Du mal à la tête. Du mal à l'âme.


Tu renverses, tu casses et tu bois. Tu te calmes et tu recommences. Je regarde sans un bruit ta colère prendre forme. Je la regarde s'amplifier. Tu grondes et tu t'enivres. Et lorsqu'enfin tu te calmes, la rage te sort par les yeux. J'aimerais porter ta colère comme tu as porté notre histoire. J'aimerais perdre ma main dans tes cheveux couleur de blé, essuyer tes larmes, aspirer tes problèmes. J'aimerais te dire que tout ira bien, qu'on va s'en sortir, qu'il y a forcément une solution. Mais je n'ai pas la solution alors...


Alors je reste plantée là. Je t'écoute mettre un point final à notre histoire. J'entends tes reproches sans être capable d'y réagir. Je t'écoute piétiner nos moments de bonheur, les mettre au passé. Je t'écoute enterrer ce qui nous avait porté si haut. Tu as raison, je suis la cause de tes tourments. Je suis la cause de cette larme qui te raye le visage. Je suis la raison de ton ivresse, mais l'ivresse que je t'apportais avant Nathan, tu l'aimais. Ne l'oublies pas.

N'oublies pas que si je t'ai demandé une nuit, je n'ai jamais demandé à ce que Cupidon se joue de nous. Je n'ai jamais demandé le retour de mon Mari. Je n'ai pas demandé à ce qu'on en arrive là.
J'ai d'un côté la passion inédite que je vis avec un homme que je connais depuis quelques semaines. De l'autre la raison d'un mariage qui, je me l'étais promis, serait le dernier. Tu veux savoir Nathan ? Tu veux savoir si moi, je peux continuer?

Je veux le beurre et l'argent du beurre. Je veux nos nuits de passion, nos soirées à refaire le monde. Je veux écouter tes contes, préparer ton mariage avec Lili -dans trois ans-. Je veux boire sans compter, je veux continuer à te détester, en paix. Je veux continuer à rire, à te sourire et je veux que tu me souris aussi.
Et tu pleures.
J'aurais pu vouloir redonner une chance à mon mariage. Me rappeler pourquoi un jour j'ai voulu épouser cet homme. Vouloir me souvenir ce que je ressentais lorsque j'ai prononcé mes voeux, j'aurais pu vouloir que "jusqu'à la mort" existe vraiment. J'aurais pu.

Dans un monde idéal, j'aurais pu allier les deux.
Mais il ne veut pas de toi. Il ne veut pas de Toi et Moi. Il veut rejoindre des amis, il veut voyager, loin de vous, loin de Toi.
Alors oui Nathan, il fallait faire un choix. Mais ce choix ne te revenait pas, c'était à moi de le faire. A moi, pour la première fois de ma vie, de CHOISIR ce que je VOULAIS. Vraiment. Pas pour faire plaisir à l'un ou l'autre, pas parce que c'est "bien" ou parce que faire l'inverse serait "mal". Pas parce que "nos amis pensent", "ma famille croit", je devais faire ce choix, seule. Et l'assumer.


Mais tu choisis pour Moi : tu ne veux pas continuer.
Tu me jettes. Tu me quittes.
Je prends la mesure de tes paroles, le poids de tes mots. Mes yeux quittent le plancher qui devenait flou. Ma main rageuse efface les sillons que les larmes ont laissées, je relève le museau et re fixe, une dernière fois. Je secoue la tête, enfile une robe et prends des bottes à l'arrachée.



MES avances et Moi prenons la porte. Tu as gagné.
Tu voulais que je parte, je pars. Mais tu n'pourras pas me forcer à t'oublier.



Alors voilà, je pars. Je claque la porte avec toute la force dont je suis capable. Je claque la porte, je termine un chapitre. Mais pas le livre Nathan. Je quitte la chambre mais pas ta vie. Je n'abandonne pas. Je ne m'en vais pas à l'autre bout du royaume. Je te laisse exploser, je te laisse réfléchir. Je te laisse libre de choisir, parce que MOI, je veux que tu choisisses.
Les sanglots ne sont pas retenus très longtemps et libèrent sa poitrine lorsqu'elle se laisse glisser contre la porte.

Il est difficile de dire adieu lorsqu'on veut rester, compliqué de rire lorsqu'on veut pleurer, mais le plus terrible est de devoir oublier lorsqu'on veut aimer.*



* Anonyme.

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)