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[RP] WC roulotte principale

Andrea_
Je suis une opportuniste. Avant de sortir les cailloux et d'me caillasser, sachez que ça me réussi plutôt bien. Je profite de tout et de tout le monde, tout le temps, dans le respect et la bonne humeur de ma propre personne.
Je ne me trahis pas, jamais.
Nan mais en vrai, rangez vos cailloux, j'suis pas méchante.

Les Tenders love, ça fait quelque temps que je les côtoie, d'ailleurs sans me vanter, c'est un peu grâce à moi qu'ils existent. A la base, ils se sont tous rencontré à mon mariage, y a quelques mois. J'avais fait le voeu que ça dure toujours, l'Bon Dieu a cru que je parlais du groupe alors que j'parlais du mariage, résultat : le marié s'est fait la malle, le groupe est resté.

Au tout début, on partageait une sorte de roulotte géante, le truc qui prend pas de place en déplacement mais qui, une fois en camp, se dépliait de tous les côtés si bien que je serais pas surprise d'apprendre qu'un jour, la fameuse roulotte comprenait aussi une salle de bain et un lavoir, mais comme c'est l'genre de pièces que j'évite...
Moi, j'ai du bol, je partage la chambre de Nathan. Enfin pour être plus honnête il me tolère. J'vois bien parfois qu'il a grande envie d'me faire bouffer mon bordel et d'me couper la langue pour que j'arrête de le saouler mais pour le moment il est patient.

J'ai entrepris depuis quelques semaines la construction d'un petit endroit à moi. J'avais commencé par faire des plans, j'étais restée modeste une chambre d'environ 20m² avec chiotte intégré, un petit coin de cuisine et un dressing qui prenait tout l'étage -oui, y avait un étage-. J'ai donc pris mes croquis sous l'bras, je suis allée trouver un menuisier qui m'a annoncé le tarif de la construction et après être restée hébétée pendant une bonne demi heure, j'avais fini par prendre en main le chantier en me disant que je pourrais toujours sous payer des pecnos.
Puis deuxième désillusion quand j'ai vu le prix du bois.


Bref, je suis devenue en une demi journée : chef de chantier, menuisier et voleuse de bois.
J'ai commencé à m'mettre au boulot, mais mon fichu caractère de " j'veux que ça soit fini avant d'avoir commencé " a fait que j'ai revu mes exigences à la baisse, en me rappelant que le plus important c'était d'avoir un petit chez moi. Parait qu'ça vaut mieux qu'un grand chez Nathan.

J'ai donc privatisé -en secret- une pièce de la roulotte principale. Les gogues. J'vais vous dire, les chiottes, c'est la bonne planque, les gens y vont tous, mais n'y restent pas trop longtemps. C'est vrai, on va pas se mentir hein, que parfois l'odeur laisse à désirer et marque un peu les fringues mais pour ça j'ai une autre solution que je vous expliquerais plus tard.

Dans le plafond des gogues donc, j'ai fait une sorte de trappe , on tire sur la corde, et hop une petite échelle se déplie et permet d'accéder au matelas suspendu. Et ça, c'est l'idée du siècle, parce que contrairement aux autres membres du groupe, moi, j'ai les chiottes dans la chambre, ça m'a pas coûté un rond et j'me suis pas fait mal en construisant. Ça parait un peu merdique comme idée mais croyez moi, c'est vraiment la bonne planque.



Non, j'ai rien dit aux autres. Parce que j'voudrais pas qu'ils pensent que j'abuse de leur hospitalité.
Eux, la seule chose qu'ils voient c'est une cordelette qui pendouille dans un coin, une bonne odeur de lavande, un bouquet de fleurs fraîches changée chaque jour et du papier toilette triple épaisseur.

Pour mes affaires? Ah nan mais pour le moment, j'ai pas déménagé...

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Jutta.
    Jutta aussi, est une opportuniste.
    Annecy, après la déception d'avoir trouvé porte close à Cavaglià, s'est éloignée en une gorgée de bière & un claquement de langue, l'anguleuse se laissant attraper par la troupe dérangée des TGT. C'est tout juste si elle s'est faite désirer, tant l'alcool montant lui a fait rapidement oublié les raisons de son séjour en Savoie. Une vague histoire d'espionnage & de famille supposée, je crois.
    En bref, la noiraude ne se fait pas plus prier, envenime tant qu'elle peut l'ambiance de ces joyeux lurons & suit la Dream Team avec l'entrain de ceux qui n'ont aucune attache... Soit en raclant les bottes sur la poussière soulevée par le passage de l'excentrique roulotte. A grands coups de regard noirs, de méchancetés gratuites, d'insultes fleuries & de coups de poignard, Vipère occupe tant qu'elle peut des journées jugées trop longues & pas assez vaporeuses pour se faire détester.
    C'est un art pour lequel elle excelle.

    Jutta est impatiente, aussi.
    Le convoi s'est arrêté déjà, à croire que la complexité de la roulotte l'empêche de rouler correctement. Les grognements vipérins se font déjà entendre alors que rien n'est encore installé pour la nuit. La lenteur de la procession est prête à la rendre folle, & ce bien qu'elle n'ait aucun impératif, aucune volonté dessinée si ce n'est les suivre jusqu'à temps qu'elle s'en lasse. Mais voilà, la balafrée ne tient pas en place.
    Et quand elle ne tient pas en place, elle boit.
    Elle fume. Elle tire. Elle se défonce allègrement, tant & si bien qu'assez régulièrement ses tripes se font la malle sans lui demander son avis, lui rappelant par la même qu'un usage thérapeutique des plantes qu'elle convoite n'en justifie pas l'abus. Bouton Noir s'intoxique sans répit, & il faut s'étonner que son corps n'ait pas encore décidé de clamser.

    Bref. Le feu de camp est fuit aussi vite que possible, les lèvres ternes pincées à s'en blanchir pour retenir l'afflux qui tente de s'échapper. Elle pourrait bien vomir dehors mais, allez savoir pourquoi, vipère y préfère la chaleur de la roulotte & ses latrines première classe. La porte, défoncée d'un mouvement d'épaule, manque de lui retomber dessus, mais Jutta s'en carre, Jutta dégobille bruyamment.
    Le corps encore secoué de spasmes s'effondre contre la porte refermée, l’émeraude vitreuse et rougie de l'effort s'accroche à la cordelette qui pendouille tandis que le coton de la manche vient éponger les lèvres écorchées.
    Et puis Jutta, la défoncée, d'agripper la corde comme s'il en tenait de sa vie, tirant dessus comme un âne.

    - Oh... Héééé... Une écheel...

    Rot.

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Andrea_
Si on prend l'échelle de la vie et de l'importance de l'échelle humaine : en haut il y a Dieu.
Juste en dessous, il y a Moi.
Et plus bas, sous le plafond des chiottes, qui jutte allègrement, bruyamment et trèsmauvaisodoralement, il y a Jutta.

Quand Jutta veut remonter cette échelle sociale, elle tire. Parfois sur sa pipe, parfois un homme, et cette fois, une corde. La corde déplie l'échelle, qui descend le plafond et donc, forcément : Moi.

Ouvrez les mirettes, c'est de l'inédit.
Ils étaient tous au feu de camps en train de picoler comme des trous. De vrais pochtrons, des sacs à vin, et vas-y que ça s'enquille la bière et le vin comme de l'eau, que ça tire sur les pipes comme si c'était de l'oxygène, disons que niveau hygiène de vie on n'fait pas pire.
Donc moi, j'en ai profité pour aller peaufiner mon "p'tit coin". J'ai tassé la paille, j'ai mis un drap dessus, j'ai lissé la peau de bête, j'ai fait deux petits trous dans la cloison pour pouvoir respirer parce que l'aération par le sol, quand on vit au dessus des chiottes c'est pas non plus ce qu'on fait de mieux. J'ai profité de ce moment d'intense solitude pour accrocher les dessins qu'on m'a offert, celui de Yorgos, ses fesses en gros plan et celui de Bezoard, où j'engloutis avec gourmandise... Bref, j'ai la dalle sur le dessin.
J'ai punaisé la fleur que Beren m'a offert, la tête en bas, je crois que c'est la première fleur que je reçois donc je la garde précieusement. Surtout que vu mon caractère, ça pourrait aussi être la dernière.
C'était sans conteste, un des moments les plus kiffant de mon existence : la construction d'un foyer, de mon foyer.

Mais quand on vit avec les TGT, rien ne dure. Encore moins les couples et les moments de calme.
Et c'est onc avec la délicatesse d'un pachiderme bourré à trois pattes que quelqu'un est entré dans les gogues. Quand je dis entré, je suis polie, parce que vu le boucan que ça a fait, j'me suis demandée si la porte avait resisté, j'ai même pensé que le quelqu'un avait été catapulté. Puis la porte s'est fermée -ouf-. J'me suis crue en HLM, j'avais tout. Surtout l'odeur et les bruitages.

J'ai retenu mon souffle jusqu'à devenir rouge comme une pivoine, et j'me suis demandée si la fleur que j'avais reçu était une pivoine. Mais elle était blanche. J'me suis donc interrogée sur la possibilité qu'une pivoine soit blanche. Puis j'avais plus d'air. J'ai repris mon souffle, j'ai rebloqué. Ça sentait le vin frelaté et le chanvre froid. J'avais donc deux solutions : soit la personne qui était entrée était un cendrier qui avait aussi servi de sac à vomi ou c'était une couverture de feu de camps -oh c'est bon, on a tous une couverture dont on se sert que pour les soirs de beuverie, et on sait tous comment elle sent hein!-.
J'ai rentré le ventre -c'est vrai qu'on ne sait jamais, rentrer le ventre, ça peut sauver des vies-. J'ai fermé les yeux pour me remémorer lequel des membres dégobillait de la sorte. Un nouveau relan. Nouveau relan, nouvelle odeur donc, et pas de réponse.
Le mystère resterait intacte, contrairement aux chiottes, qui ne s'en remettront jamais.


Et puis ma vie s'est écroulée.
En fait c'était juste le plancher, mais ça fait un drôle d'effet.
Z'avez déjà vu une nana suspendu par le pied, la tête dans le vide, les cheveux qui tentent fébrilement d'éviter de frotter contre le dégueuli, agitant les bras et miaulant de façon très poétique un :


Mais BERDOL, TOUCHE à ton CUuuuuuuuuu


Jutta. C'était Jutta. Enchantée.
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Jutta.
      Oh, Andréa, ravie d'te voir. On a d'jà fait les présentations, 'fin plutôt mes mains ont rencontrés tes mamelles, paraît qu'elles ont plutôt apprécié la balade, j'espère qu'toi aussi, enfin, voilà. C'est d'jà pas si mal, hein, une rencontre dans tes douceurs, d'habitude, avec moi, ça s'passe mal. Ch'ais pas, j'dois avoir la poisse, j'comprends pas, tout l'monde m'fuit. C'triste. Et dis, sinon, t'fais quoi suspendu là-haut ? Y'a une belle vue ?

    Non, pardon, digression d'un cerveau aussi mûr qu'une guigne en sirop, Vipère n'est pas vraiment du genre à papoter tranquillement. Oh, elle a bien essayé, le temps d'un verre ou deux, de parler linges & problèmes d'hormones, & puis... Et puis l'absinthe fait son effet, son sale caractère aussi, & on la retrouve à cracher sur tout ce qui bouge, tout autant au sens propre qu'au figuré. Pas de jaloux.
    Bon, pour le moment, sauf 'déa. Évidemment, vu la paire de meules qu'elle trimballe, l'anguleuse a voulu faire l'effort. On sait jamais, ça peut servir, mieux vaut l'avoir de son côté. Un oreiller, des boules anti-stress, un moyen d'étouffement sans traces... Les autres idées se sont perdues dans le verre qu'elle vient de régurgiter. Mais elle en avait de bonnes.
    Bref.
    L'émeraude éteinte d'un trop plein de came est vissée sur le genou à sa hauteur. C'est indéniablement un joli genou. Elle serait tentée de lui taper la causette, là, tout de suite, si l'autre braillarde n'essayait pas désespérément d'attirer son attention.

    - Ah, salut.

    Calme olympique pour situation grotesque. Faut pas s'étonner de grand chose, lorsqu'on traîne avec les TGT, & se retrouver avec une grosse poitrine pendouillant au plafond des cabinets en hurlant comme une truie, ça fait partie du jeu. Jutta s'y fait même si bien qu'il ne lui faut pas longtemps pour retrouver cette lueur méprisante au creux de son sourire, alors qu'elle lorgne d'un œil vaseux la crayeuse. Putain, c'qu'elle est blanche quand même. On dirait du lait maternel.

    - Oh putaaaaain...

    L'échelle, elle a failli oublier l'échelle. Ni une, ni deux, Jutta pose un pied sur l'échelle, un pied sur 'déa, prête à escalader. C'est oublier son état d'épave avancé, oublier qu'elle vient de tout retapisser, oublie que... Que vomir, ça libère. Et que d'un coup, la noiraude, elle se sent pousser des ailes, tout en poussant l'intruse. L'indiscrète a tout de même pénétré dans sa sacro-sainte intimité du lâchage de pâté. Bref. Jutta se ramasse.
    Se relève. Se sert de l'entrejambe de Déa comme point d'appui. Autant qu'elle serve, au lieu de traîner là comme une décoration de mauvais goût. Se ramasse encore. S'agrippe sans doute un peu trop à l'intimité. Grimpe. Et découvre un nouveau monde.

    - Oh j'veux v'nir habiter !

    Pas sûr que la demoiselle sous sa botte soit ravie de l'idée.

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Andrea_
Les gens bourrés, c'les pires. Juste après les enfants et les gens qui portent des leggings -quand même-.
Rien ne l'atteint la Jutta-minée-, ni les relans de son estomac dans son gosier, ni l'odeur infâme qu'il en dégage, encore moins sa tête de pissotière en démolition.
Vas-y Jutta, je t'en prie fais comme chez toi, dégueule dans les chiottes, ne nettoie pas, ne cache surtout pas tes vomitos avec de la sciure de bois, naaaaaaan je t'en prie Jutta, laisse les à la vue de tous, surtout du soleil qui se fera un plaisir immense de frelater tout ça sans oublier que Dieu pourra intervenir en sur peuplant la pièce de mouches aux reflets bleu-vert.

Du coup, l'énervement de Dea prend un tournant définitif et... Et y a d'l'écho


- Ah, salut.
Ah, salut.
En beaucoup plus narquois.

De l'écho oui, et une furieuse envie d'lui laminer la tronche à coup d'balai à chiotte. Salut? Salut?! T'es à la limite de te faire une conversation avec ton genou et "salut"? Mais qu'est ce qui tourne pas rond chez cette fille?
Remballe ton sourire Jutta, j'resterais pas éternellement accrochée par le pied j'vais sortir de là et crois moi, ce sourire que tu arbores, oui, ce sourire méprisant, limite condescendant, j'vais te le faire dégueuler aussi.

Avant, faut "juste" se détacher.
T'as déjà essayé de te remonter sur toi même quand les 3/4 de ton corps sont gravitalement attirés par le sens opposé? Je sue comme un boeuf, je sens les gouttes qui me dégoulinent le long de la joue, la goutte au bout du tarbouif*, la raie du cul qui m'sert de dalle, sans oublier que la Jutta ne cesse de s'émerveiller pour un rien.
Elle est contente d'ailleurs, on applaudit, elle a trouvé... une échelle, Youhou..


NAn, pas l'échelle Jutta, pas touch..Ma...N....CHUutta..gueuneu..mmaa...

Je t'en prie Jutta, fais comme chez toi. Gravies une à une les marches vers MA chambre et si tu n'y arrives pas, SURTOUT grimpes moi dessus. J'ai aimé tes mains sur mes seins, un peu moins ton pied entre mes jambes, question de pratique je suppose, disons que la première fois ça surprend.

Jutta!!

Je prie pour que quelqu'un vienne me délivrer. Ou que tout le monde soit loin très loin, j'imagine non sans mal Yorgos en train d'écouter à la porte, ne se doutant pas un seul instant de la réalité de la situation et supposant tout un tas de choses abracadabrantesques concernant ce qu'il se passe ici.
Je prie pour que Jutta retire sa main de mon entre jambe. Je prie pour qu'elle cesse de s'agripper à ma culotte comme une moule à son rocher. Je prie pour que son majeur n'ai pas l'envie folle d'explorer mon anus. Je prie pour qu'elle se ramasse une fois pour toute, qu'elle m'emporte avec Elle, mais qu'elle meurt, Elle. Sinon c'est moi qui la tuerait, mais non. Elle survit. Pire, elle est en haut.
Encore pire elle veut v'nir habiter. C'est qu'elle trouve ça joli.

Et moi, de savoir qu'elle trouve ça joli, ça m'apaise. Puis j'me souviens de tout ce qui arborent les murs. Et j'me dis que j'ai plutôt intérêt à la rejoindre -pour la pousser en bas, ou, à défaut, lui crever les yeux-.



Ohh mais... Pourquoi pas... Si tu nettoies les chiottes et que tu prends la forme d'un petit poussin.Tu m'aides à monter que j'te fasse visiter?


Allez dis oui, j'les pensais pas toutes les horreurs que j'ai dites...


* tarbouif : argot, nez. Mot me provoquant une crise de rire instantanée.

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Jutta.
    Les grognements d'Andréa lui passent au dessus de la tête, au dessous du pied. Elle peut râler autant qu'elle veut, Jutta, elle, est déjà ailleurs, à décrypter les gribouillis ornant le mur, se surprenant à se sentir la fibre artistique.
    C'est que Jutta, l'art, elle s'en tape le coquillard comme de ses premiers linges. Déjà, elle sait écrire, déjà, elle sait danser, ne lui demandez pas non plus d'apprécier ces trucs là. Elle serait encore capable de vous conter toute la souffrance qu'elle a subit pour apprendre à former des lignes correctes & à aligner trois cabrioles, tant le souvenir est encore désagréable à ses yeux. Et la catastrophe lorsqu'il fallu tout recommencer, la dextre restant immobile après un vol raté. Vous me direz, Jutta est désormais ambidextre par la force des choses. Oui, mais.

    Mais voilà, imbibée, parfois, elle a l'âme bohème, quand ce n'est pas obscène, & sa senestre curieuse vient s'emparer d'une œuvre, au pif. C'est l'alcool qui s'y connait, on vous a dit, pas elle. Elle détaille toute l'inconvenance de la scène qui ne lui arrache un sourire appréciateur. Vipère est fille de catin.

    - Héé, dis t'as une vach'ment grande bouche hein ?! J'avais pas r'marqué...

    Ne lésinons pas sur les compliments, profitez-en, c'est en promo dans les supermarchés Jutteux. D'autant que c'est rare, tout de même, d'avoir une noiraude si peu encline à insulter. Ce soir, la libération l'a rendu bonne, l'a rendu sage, enfin.... l'a rendu joyeuse. Voilà, joyeuse, Jutta est joyeuse & attention les yeux, c'est si rare qu'il faudra bien marquer ce jour d'une pierre blanche sur tous les calendriers existants.
    Ce soir, elle est juste bourrée.
    Mais alors, vraiment, vraiment bourrée.
    Elle vous expliquera que depuis qu'elle traine avec les TGT, elle est barbouillée, & que ça doit être à cause de leur roulotte de malheur. Que monter dessus lorsqu'elle roule, ça lui file le mal des transports, & que marcher derrière, ça lui fait bouffer de la poussière par les narines. Elle oubliera de dire que surtout, depuis qu'elle traine avec les TGT, elle teste champignons et autres conneries qui lui font voir des pigeons roses & vomir arc-en-ciel. Saleté d'angloy boutonneux. Elle oubliera de dire, en plus, que depuis qu'elle traine avec les TGT & qu'elle se fait lourdement draguer pour son somptueux postérieur, elle s'est arrachée la trombine à coup d'absinthe gracieusement offerte par le principal prétendant aux patins. Saleté d'angloy tatoué.

    Quoi qu'il en soit, l’œil voit trouble, l'estomac barbouille dans ses remontées acides, les gouttes de sueurs qui tachent ses aisselles empestent la bibine. Quand même, l'oreille s'agite aux aboiements de la propriétaire. C'est qu'elle grogne fort, & que d'un blanc laiteux elle commence à passer au rouge cerveauquivasortirparlesoreilles. L'anguleuse se décide à détacher le pied coincé dans l'échelle en tâtonnant vaguement. Un soupir agacé est lâchée, elle se penche, coupe le bout de corde récalcitrant d'une dague arrachée à sa ceinture en laissant voleter jusqu'en bas le dessin qu'elle tenait.
    Et puis... & puis... l'alcool.
    Elle n'entend même pas si le retour à la terre ferme des mamelles sur pattes produit un craquement ou non. Le fond d'alcool qui lui restait au fond des tripes préfère faire le chemin inverse, remonter l’œsophage, &, pourquoi pas, visiter les narines avant de se déverser jusqu'en bas.
    Mais dites... Y'a pas 'déa en bas ?

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Andrea_
J'aurais pu dire merci. Mais pour ça il aurait fallu que l'histoire prenne un tout autre tournant. Je suppose que pour la main tendue et la visite guidée il faudra repasser. Mais repasser genre... dans très longtemps. Très très longtemps si j'en crois mon odorat. C'est que la Jutta, elle jute tout ce qu'elle peut et que rien qu'avec ce qu'il goutte de ses d'sous d'bras, y a d'quoi bourrer une armée.

Mais nan, l'histoire a continué son virage dramatique, surtout pour moi.
Y a bien eu un craquement, c'est gentil de t'en soucier. Un bon gros craquement qui peut rassurer tout le monde sur les talents de constructeur de Kleze, ouai, sa roulotte, elle tient la route. Un bon gros bruit, mais pas de fissures sur le plancher. Peut être au niveau de mon arrière train mais...

Mais le temps que je me demande si j'avais mal, les tripes de Jutta avaient rendu l'âme. L'âme, l'alcool à moitié digéré, la bile et un petit morceau de jambon.

Je pleure rarement, pour être honnête je crois que ça ne m'est pas arrivée depuis que Ddodie est mort, mais à cette époque j'avais tellement chialé que je pensais que je n'avais plus de larmes. Et c'était le cas, je pleurais maintenant, mais je pleurais sec.
J'avais des gros sanglots, des spasmes à rendre jaloux un épyleptique, des grimaces qu'aucun lépreux ne pourraient refaire sans perdre la face, mais aucune larme. J'avais les poings serrés, les cheveux trempés, et les yeux désespéréments secs, contrairement à Jutta qui était imbibée comme chaque jour depuis que je la connais.



Accroches toi à ton froc Jutta, parce que tu vas en faire trois fois l'tour sans toucher la ceinture!


J'me suis armée. De courage déjà, parce que quelqu'un qui avait bu c'était avant tout quelqu'un de... bourré. Et donc de redoutable.
Puis d'une brosse à chiottes, parce que j'étais dans un water pas closed et que j'avais que ça sous la main. Je l'ai trempé dans les gogues, histoire que mon arme soit un peu plus détonnante. Je l'ai brandi comme c'était une épée et j'ai bondi jusqu'à l'étage.
Mon but était simple, lui arracher la moitié de la tignasse et lui brosser les dents.
Ou l'assomer avec le balai et la savatter.
Ou lui mettre un coup d'boule et de lui coller une bonne tatanne.
Ou... Oui bon, j'ai pas encore eu le temps d'y réfléchir mais j'y travaille.

_________________
Jutta.
    Jutta ne jute plus de gerbe. C'est déjà un bon point, notez, elle se sent vidée & libérée, même s'il reste tout de même un petit morceau de jambon qui lui chatouille les naseaux. Un doigt appuyé sur la narine droite, elle souffle comme un bourrin, les lèvres pincées, pour faire sortir l'intrus. Pourtant, rien à faire, ça ne sort pas, ça lui fait tirer une grimace digne d'un Picasso moyenâgeux, ça l'a fait loucher, & pire encore, ça lui fait enfoncer un doigt ganté de cuir dans l'orifice à la recherche de l'étranger.
    Mais non, rien à faire. L'anguleuse pourrait bien rester des heures, comme ça, à se triturer les cavités, tellement la chose l'agace & l'empêche de profiter de son estomac calmé. Seulement en bas, les cheveux recouverts de ses fluides gastriques, c'est une 'déa qui pleure.
    Et si Jutta n'a rien d'une empathique, les gens qui couinent quand elle est ivre, ça lui remue tout son petit cœur de pierre. Au moins. Les lèvres se descellent, prêtes à sangloter en chœur, & se cimentent aussi sec aux hurlements des mamelles énervées.

    - Accroches-toi à ton froc Jutta, parce que tu vas en faire trois fois l'tour sans toucher la ceinture!

    Noiraude en reste coite. Une seconde. Deux secondes. Trois secondes.
    Renifle bruyamment. Et puis, n'en pouvant plus, se doit de lui dire ce qu'elle en pense. La larme à l’œil, qui suit sans sourciller la toute nouvelle acquéreuse de la brosse à chiotte, l'ivrogne se met à applaudir.

    - C'est beau...

    Qui mieux que la vipère pour apprécier une telle réplique ?
    Pourtant, elle n'a pas plus le temps de s'extasier devant un si bel enchaînement langagier, que déjà l'Andréa bondit à sa hauteur, lui tapant dans le pif - ce qui tombe plutôt bien car justement ça la grattait - par la même occasion.

    - Gr...uche !

    Un mélange de cruche & de greluche, donc, remplace le juron qu'elle n'arrive pas à sortir. Elle vous dira, pour s'excuser, que la pièce, bien trop étroite - surtout à deux - l'empêche de laisser s'épanouir ses jurons préférés, les brime dans leur développement & leur condamne les portes de toute autre forme d'originalité. Au moins.
    Mais Jutta n'est déjà plus à ça, excusez l'alcool qui fait tanguer sa concentration, & levant une main gantée devant la brosse brandie pour l'attaquer, éternue avec une telle force qu'elle en fait trembler les parois. L’œil s'écarquille, la bouche s'ouvre en un O qui n'a rien de parfait, le doigt recouvert de morve se pointe sur la joue de son hôte.

    - Ah bah c'était pas un bout d'jambon en fait !

    Parce que vous aviez vraiment cru que le cauchemar allait s'arrêter là ?

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