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[RP] Cherchez le garçon

L_aconit
    [Trouvez son ombre.]


Midi j'aime bien
    Le soleil au zénith

Le bonheur au firmament.

Tout cela sonne comme une chanson. Il est là, dans l'insouciance de ses dix sept ans. Quelque chose a changé, c'est dans l'air. La journée est douce malgré les frimas hivernaux qui approchent. Le coeur des jeunes rend la possibilité de la chaleur Maitresse chez elle; partout. Combien de temps, déjà, qu'il a quitté les autres?

L'iris rendu bleu métallique dévisage, les mains hyalines interpellent. Le col. La manche. Nicolas a fait de la rue son terrain de jeu, troquée pour quatre sous pour les beaux yeux de l'Aventure. Saltimbanque ou voleuse, celle qui rend déraisonnable et fait oublier qu'il y avait un avant. Avant n'est plus avant. C'est ici et maintenant, là, lorsqu'il bouscule l'épaule forte d'Ansoald. Qu'a-t-il encore pris sans promesse de rendre? Le jeune blond s'exaspère, un peu, mais au fond quoi? Les larçins, la vie de bohème, toutes ces frivolités ne sont-elles pas l'essence même de ce sentiment bouillonnant qui l'envahit, mord sa peau, décoiffe ses crins d'albâtre? Combien de fois avons-nous dix sept ans, au cours d'une seule vie? Chaque fois que l'amour semble être le premier.

- Tu es impossible...

Assorti à un éclat de rire, l'Aconit est un dieu miséricordieux qui se déshabille, Angers sa terre d'Asile. La paille fera son feu ce soir comme hier, contre cet Autre qui l'étonne, habile.

Les deux jeunes sont seuls au milieu de la foule. Les regards coulent sur leur audace, nul besoin de contact, les yeux parlent. Cette présence siamoise et apatride alimente les spéculations. Frères ou amants, ils sont déjà pendus... sur le fil des conversations.


- Descends!


Leurs ombres se mêlent, ensemble c'est une joute sans fin. Ils parlent trop fort. Leurs jeux ne partagent rien. Faust Nicolas foule le pavé dans la superbe inattention de ceux qui n'attendent personne, et ne redoutent que la fuite ou le désintérêt de l'autre. Pourtant quelque chose a changé, c'est dans l'air...

_________________

    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) - Recueil
Ansoald
L'automne est le début de la belle saison. Quand il fait beau et que l'air est froid, quand des manteaux couvrent les épaules et les menus larçins au fond des manches. Ansoald n'a pas besoin d'argent. Le blondin le comble de largesses, et pas que....Mais avoir les poches pleines rend l'esprit lourd et méfiant. Ansoald s'en fiche, tout comme de construire une maison. Ce qu'il veut, c'est peser de toute son impertinence sur les sourcils de Nicolas, que l'écuyer s'indigne de ses filouteries et tente de le remettre à sa place, et l'objet avec, si possible. Or, ils brisent la morale dans des éclats de rire, lui complice et l'autre amant et réciproquement.

Ils se dissimulaient, dans des chambres, des granges abandonnées, des forêts. De moins en moins il se cachent. Quoi? En présence l'un de l'autre, tout le monde semble deviner qui il sont l'un pour l'autre. Alors, ils profanent des tavernes, des coins de table, des bouts de rue, des murs entiers. Ils s'étalent, tantôt confiture ou tranche de pain. A Angers, ils sont tranquilles. Ils se sentent invincibles. L'Anjou est une terre sans Roy ni Dieu. Ansoald monte sur un tonneau, le renverse d'un coup de pied et commence à courir dessus. Comme s'il s'échappait, voleur fuyant la maréchaussée. L'aconit se gondole, mais ce manège agace les commerçants. Ils riaient et chantaient trop fort au milieu de ces jeux d'argent, voilà désormais que le brun chahute le mobilier urbain. Enfle le scandale. Alors, il saute sur les épaules du blond, et le pousse à cavaler hors de portée de ces imprécations.

Mais l'écuyer est un cheval récalcitrant, surtout quand il sent une chose dure lui taper le dos. Hilare, Ansoald descend de son perchoir et lui montre: en tirant sur le ceinturon, de ses braies dépasse une tête de bonne femme. Il a volé une statue votive! Nicolas s'agace, de lourds nuages roulent sur son front. Anso le comprend et le tire à l'écart, en le prenant par le bras et pour le persuader, plaque un baiser plein d'impudence dans le cou du blondin. Une ruelle déserte offre l'asile parfait à leur petite réconciliation. Ils ne peuvent pas s'empêcher bien longtemps de rire. D'un geste théâtral, Ansoald offre à Nicolas la statuette.
L'amour les rend aveugles à leur environnement.
L_aconit
La statuette ne lui revenait pas, donnée en vertu d'un voeu Nicolas y voyait là le présage de malheurs à venir. Satané Ansoald, toujours les mains là où il ne fallait pas. L'art et la manière de s'attirer des ennuis... Il se souvient de cette nuit où le voleur l'avait laissé, parti sans lui pour l'attendre à bon port sur un pari stupide. Une nuit sans fin.

Mais souvent, la colère s'échappait comme elle était venue, dans un baiser pris sans demander, un geste donné au secret d'une porte cochère. Nulle rancoeur ne savait s'adresser à son compagnon de route tant il était adroit à se faire aimer. En attestaient la nuée de donzelles qu'il semblait toutes connaitre en Anjou, lorsqu'il trainait en taverne ou marchait dans la rue... Une menace bien réelle selon le jeune blond, jaloux de se faire voler son voleur un de ces jours par une créature plus gonflée que lui... A tous points de vue.

Cherchez le garçon. Vous ne le trouverez plus. En cours de route Nicolas s'était émancipé. Envolé, l'enfantin écuyer aux jeux et aller et venues énergiques dans les couloirs de Rézé. Les empoignades étaient bien réelles lorsque le brun et le vin chauffaient un peu ses esprits. Les luttes étaient masculines, qu'importe leurs issues. Qu'importe leurs enjeux. Jouvenceau fait homme dans la splendeur d'un été qui cédait désormais à la saison froide, façonné d'expériences et de réflexions. Alessia avait raison. Faust Nicolas était trop sage pour son jeune âge. Tôt ou tard, il aurait cédé à l'explosion d'une rébellion, avec ou sans l'instinct qui pousse les hommes à exulter.

La lippe claire accroche celle d'Ansoald, avant de se dérober. Statuette sous le manteau, il est temps de rentrer à la piaule qui leur tient lieu de nid depuis quelques jours. Travailler pour le Montfort a laissé au limier de confortables économies, disséminées ici et là du royaume au fil des déplacement des troupes. Des chambres de bonnes, des planques où il fait bon s'isoler, l'Aconit est partout chez lui lorsqu'il se déplace, c'est ainsi que l'a voulu Taliesyn. Spadassin, limier missionné. Une oreille omnisciente pour un pied vagabond. Un oeil renard pour voir à sa place. Mais éloigné de ses tâches, le breton avait parfois laissé l'imprudence le gagner... Sans inquiétude. Vivre nuit et jour au contact d'Anso lui avait fait perdre les bons réflexes.

Il est midi. Faust Nicolas foule le pavé dans la superbe inattention de ceux qui n'attendent personne, et ne redoutent que la fuite ou le désintérêt de l'autre. Pourtant dans sa course, le pas se ralentit. Jusqu'à s'arrêter net. Regard cobalt fixé sur un point proche, progressant dans leur direction. La senestre se resserre sur la manche du brun. Instant entre deux eaux, cherchant sa mesure.


- Il y a un problème.


Et dans le timbre ne subsiste soudain plus rien de l'insouciance, de la désinvolture. Rupture. Vivement, l'Aconit bifurque, tournant son visage vers l'autre extrémité de la venelle, emportant dans son demi tour Ansoald. Et là bas, au bout de la rue, la fin de la légèreté. Une second chevalier du Cerbère, tout aussi sûr de lui que le premier là derrière eux. La garde du Prince l'observait peut-être depuis le matin, la veille, qui sait... Et lui se tenait là, serrant près de lui l'origine du problème, celui qui , par honte de se montrer sous son vrai jour avait incité malgré lui l'écuyer à fuguer. Le coeur de Nicolas se mit à battre à tout rompre dans sa poitrine.

L'Aconit est chez lui partout oui. Mais ce qu'il avait oublié, c'est que Taliesyn de Montfort l'était bien plus encore.

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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) - Recueil
Taliesyn_de_montfort
“En ce qui concerne les actions, qui raisonne en général raisonne dans le vide.”

    Et qu'est-ce ce qu'elle raisonne la valetaille. J'avais tenté de m'occuper en mangeant l'un des mets qui sont toujours au chaud sur le piano. Mais rien n'y faisait, remplir mon ventre ne me vidait pas la tête. Alors je mâchonnais ce jambon sec sans plaisir, j'attendais la fin de cette mission transmise aux Eristovitch. Mes doigts tapotaient la table vermoulue de la cuisine, sans patience. Le tout pour finir par recracher ce morceau de jambon trop sec et victime d'un appétit souhaité plus que réel. Je regarde le vin en face de moi, mais cela ne m'apportera rien de plus, et me remplir d'ivresse n'arrangera rien. Le silence qui emplit la pièce à visiblement eu raison de la vigilance du petit personnel. Et je vois apparaitre l'une des mégères au service des cuisines. Un grand sourire pour l'accueillir, qui laisserait un grand froid dans le dos à n'importe qui.

      Allez viens ma grosse, c'est ton jour, il faut que je farcisse et rien de tel qu'une bonne dinde pour cela.


    Son physique n'avait rien pour elle, mis à part des formes généreuses, mais il me fallait m'occuper la tête. Alors, je me lève et soulève les jupons de la mégère plus ou moins consentante, mais en tout cas honoré à bien des égards. Au fur et à mesure que je besogne, je vois les plis crasseux de peau se mouvoir, des sinuosités répondant à mes coups de butoir. Rien n'est beau dans ce qui se déroule, et même ma vigueur à moitié présente s'en ressent. Non à vrai dire, s'il n'y avait le côté sportif pour me fatiguer un peu, je n'y trouve aucun avantage. Et la grosse mégère rugit sans vergogne, malgré cela je poursuis l'effort, me vider la tête d'une manière ou d'une autre...

    Mais rien n'y fait, la traque de l'écuyer, en cours depuis plusieurs mois revient sans cesse. Je remets en doute mon choix de ne pas être sur place. Et s'il ne parvenait à l’attraper ? Même si ma raison m'a guidé, quelle réaction aurais-je eu s'il avait tenté de fuir devant moi. Je préfère éviter cette déconvenue.

      Mon bon Prince, il y'a peut-être quelle que chose que je peux faire pour vous?


    Décidément, mes pensées prennent le pas sur le reste, et la moitié d'une envie s'est transformé en néant. Entendre la mégère me considérer comment ayant des problèmes à ce niveau-là n'arrange rien à mon irritation, et je lui file une claque de celles que les veules font sur le cul de leur vache en lui soufflant un "Dégages de là toi". Je relève mes braies pour filer au dehors me rafraichir au puit et enfin m'asseoir à l'abri... Nicolas, il va falloir que ton explication tienne la route...

_________________

Pour me suivre
Ansoald
Leurs rires se sont tus. Le soleil brille au zénith mais, au levant et au couchant, deux formes noires barrent l'horizon. Ce sont des hommes d'armes, équipés pour la guerre. Leurs trognes patibulaires semblent hermétiques à tout sentiment. Leur présence stupéfie Ansoald. Il se trouve brutalement plongé dans un monde qui n'est pas le sien, face à des enjeux qui le dépassent. Que le prince ait l'audace de jeter ses sbires dans les rues de la capitale de l'archiduché était une chose inconcevable pour lui. Ansoald cherche d'une main fébrile son coutelas, une lame grossière fichée dans un manche de bois vermoulu. En vain: cette arme, compagne inséparable des jours d'inquiétude, se trouve oubliée dans leur chambre. Il n'est pas en mesure de se défendre. Ansoald serre les poings, mais ce n'est pas grand chose face à une armure.

A l'instinct, Ansoald vise les murs. Ils offrent des prises indécelables pour l'oeil non exercé. Or, il comprend très vite que, sur ce terrain, Nicolas ne pourra le suivre. Des pensées dérangeantes affluent en son esprit, pour le pousser à déguerpir. Après tout, c'est la régle. Dieu est là pour sauver les faibles, si tant est qu'Il est fiable. Celui qui s'échappe noiera ses scrupules dans la beauté du lendemain, et s'en ira fleurir, les jours suivants, les pieds de ses compères qui se balancent au vent. La survie est à ce prix et l'honneur, une tromperie inventée par les puissants.

Or, Ansoald est faible. Il ne peut se résoudre à abandonner Nicolas. Il n'est pas le centre de son monde, le pilier de son existence: il est sa jugulaire. Il s'en est, malencontreusement, persuadé en l'écoutant dormir et depuis cette image passionnément l'obsède. Alors, conscient de sa stupidité et fier de l'être, il se prépare à se défendre. Il se baisse et attrape un pavé dans sa main droite, pour le jeter sur le garde mobile. Le lancer, maladroit, est aisément dévié par le bouclier du spadassin. Celui-ci avance et son comparse également. Peu à peu le piège se referme. Alors, pour donner à l'Aconit une chance de s'enfuir, il bondit sur l'homme le plus proche et tente de l'atteindre, en le bourrant de coups de poings contre la cotte de mailles. Fulgurante, la douleur de ses phalanges blessées par l'acier ne l'arrête pas. Pourtant, le diable sait combien il tient à ses mains, ses instruments du vice.

Par contre, le type, en ricanant, l'écarte d'une bourrade, et, se fâchant, le frappe d'un coup de pommeau de fer contre la tempe. Assommé, Ansoald chancèle et tombe. La nuit a remplacé le jour. Le bonheur est chaos.
L_aconit


    [Ansoald : J'ai déjà beaucoup voyagé. Aussi, je vais me présenter à ton prince. il aura peut-être besoin de quelqu'un qui ne lui cire pas les grolles.
    L'Aconit : Un seul mot de moi, et il te fera décapiter. n'oublies jamais cela.
    L'Aconit le dit presque comme un conseil, si proche qu'il est de Taliesyn, le plus proche après son amante.
    Ansoald : tu as donc si grand pouvoir sur lui?
    Ansoald l'avise, à la fois sceptique...Et légèrement ébranlé
    L'Aconit : Il m'a élevé. Et il m'élève encore. Toujours plus haut.
    ]

    - Aout 1464 - Au détour d'une taverne -


Les Cerbères. Garde rapprochée du Retz. De tout temps, Nicolas les avait côtoyé. Hommes de fer, grassement rétribués pour assumer les sales besognes du Montfort, impressionner au passage de la cohorte. Passer l'envie aux malandrins de s'approcher de trop près. Chacun s'écartait à leur apparition, dans un silence pesant, regards qui se croisent, murmures s'amenuisant. Leur force d'intimidation évitait souvent les rixes, donnant à réfléchir aux enjeux et à leurs conséquences. Les chevaliers du Cerbère impressionnaient tant par leur armures étincelantes que par la détermination qui émanait d'eux... A l'image de Taliesyn. Comme si chacun était un mur dont l'ascension s'annonçait tout de suite impossible. Folle. Danger trop tranquille pour l'évaluer.

Nicolas sentit ses jambes s'engourdir, le palpitant cogner plus sourdement à ses tempes, comme si le temps s'apprêtait à s'arrêter... La rue devenait bientôt un léger bourdonnement à ses oreilles. Ne subsistait que ce point métallique, fendant la foule. Inarrêtable. Et diable sait combien aucun de ces sbires n'avait besoin de se presser pour suspendre le temps à la mesure de ses pas au tintement métallique...

La main fébrile de l'Aconit se tendit vers Ansoald, ne saisissant qu'une poignée de vide. La réalité ramena immédiatement le jeune blond à lui, dans un cri.


- ... Non!

S'il avait eu le temps, Nicolas lui aurait dit de ne pas se lancer dans ce combat perdu d'avance.
S'il avait eu le sang ailleurs qu'au bord des oreilles, il l'aurait retenu avec force. Contre lui. Dos à dos. Regardant droit dans les yeux l'imminence de l'altercation.

La main refermée sur le néant se crispa en un poing désespérément rageur. De tout temps, Nicolas les avait côtoyé. Mais à l'instant où Ansoald venait se fracasser à leur armure, il savait qu'il se posait en ennemi. Et que rien n'arrêterait leur quête.

Le svelte écuyer vint se fracasser à son tour sur le plastron de celui qui venait d'achever le voleur d'un coup trop vif à la tempe, comme une vague bretonne, emportée de toutes ses forces à l'avant d'une falaise qui vaincrait, quoi qu'il en coûte. Furieux et désespéré, il colla son front au casque qui ne laissait entrevoir que deux yeux sombres, et persiffla avec morgue en repoussant le morion du plat de la paume pour faire reculer le sbire.


- Toi, t'es mort...


Et comme un beau diable, jouvenceau fait homme ne s'illustrerait jamais mieux qu'à cet instant où la promesse était crachée au colosse. Car il le tuerait. D'une manière ou d'une autre, comme le lui avait appris celui qui le faisait rechercher. Il le tuerait pour avoir riposté. Injuste, Nicolas demeurait, aveuglé par son amour pour le véhément brun. Ses yeux habituellement malicieux et doux s'étaient emplis de haine, bousculé au plus profond de lui par ses sentiments violents, il savait pertinemment qu'il était intouchable. Que le Prince avait retourné le pays et envoyé une milice à la hauteur de son tourment ou de sa colère, pour ramener à la maison celui qu'il avait élevé comme son fils et qu'il ne permettrait pas à l'un de ses chevalier de l'abîmer, préférant le faire lui-même. Plein d'orgueil, il recula, cherchant des yeux le second molosse, qu'il heurta de plein fouet. Il sut immédiatement en croisant son regard qu'il s'agissait d'une femme. Etrangement, l'idée ne le rendit pas moins rancunier, raviva quelques souvenirs d'alcôve et des mots échangés avec l'Insolent Ansoald, et la bousculant de l'épaule dans un bruit mat il lâcha acide:


- Tu n'es rien, chienne, que la basse main envoyée retourner la terre à la recherche de l'or de ton Prince. Ne me touche pas. Un mot de moi et je te ferai pendre.


Il s'en dégagea comme de la peste, s'évitant sans doute la riposte d'égo de la carapace vivante. Et sans lutter, s'agenouilla contre son jeune compagnon au courage bien mal remercié. Les mains tremblantes de colère vinrent prendre en coupe la nuque brune, tandis qu'avec dépit, l'Aconit hua la garde sans arriver à se départir de ce mépris qui le tenait au corps, brûlant.


- Portez-le. Amenez-moi à Lui...

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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) - Recueil
Oieg
“Il est dans l'ordre qu'une peine inévitable suive une faute volontaire.”
Joseph Joubert


    Notre mission était des plus simple : trouver les deux hommes et les ramener. L'un vivant, l'autre non. Et si possible, ne pas se tromper entre les deux fugitifs. Cette dernière option était étonnamment importante pour le Prince, mais compréhensible. Nous avions traversé maintes villes pour les retrouver et nous pouvions encore apercevoir les morceaux de bonne humeur de Taliesyn laissé sur notre passage. Je crois que si l'écuyer de notre Prince Russe avait fuit, il l'aurait exécuté après lui avoir infligé une correction redoutée de tout être humain. Quoi qu'il en soit, chez nous les écuyers ne fuyaient pas de l'autre côté du territoire.
    Depuis que nous étions arrivés dans ce Royaume, tout me semblait étrange. Les hommes se laissaient marcher sur les pieds par leur femmes. Des femmes séduisaient d'autres femmes. Le vouvoiement respectueux envers les Nobles n'était plus de mise et les écuyers fuyaient leurs Princes. C'est donc avec un certains recul que nous avions accepté la mission.

    A présent, nous y étions. Dans la ville, des rumeurs courraient sur les deux hommes en fuites. Ils étaient là. A force de persévérance et de recherches, nous finîmes par les trouver. Et sur un commun accord nous nous séparons pour les encercler. Au fond, nous savons qu'ils ne doivent pas nous échapper, que nous aurons certainement qu'une chance. Une chance de décevoir ce Prince si fraîchement trouvé. Une chance de prouver notre honneur ou de tout perdre.
    Par chance, les événements vont vite. Le temps de resserrer l’étau sur eux que déjà le plus brun des deux se rue sur moi pour me cogner de toutes ses forces après m'avoir maladroitement lancé un pavé souplement évité. Il frappe. Frappe a s'en faire saigner les phalanges et à me faire légèrement reculer. Il panique. Je serais bien resté immobile pour voir jusqu'où il serait allé, mais ma patience à des limites. Un léger rire de le voir si désespérer s'échappe de mes lèvres et le coup part alors que je reprends aussitôt mon sérieux, laissant son corps tituber et tomber mollement sur le sol. Je n'essaie pas de le rattraper, le Prince a été clair. Et quand bien même je n'aurais pas eu l'ordre de le tuer, je lui aurais certainement donné un avant goût de ce que l'on fait aux fuyards.

    Tandis que mon regard se pose sur le Désespéré restant. Je relève légèrement ma tête avec un air fier sur la trogne. Je sais qu'il n'y a pas de quoi être fier d'avoir mis à terre un homme sans arme et sans défenses. Ma fierté ne vient pas de là, non. Elle vient du fait que nous avons accomplit notre mission sans moindre mal et que l'ordre régnera un peu plus sur ces Terres grâce à nous.
    Mais le blond vint me rentrer dedans avec une force puisée dans le désespoir et la rage. Malgré tout je lui fais face, plantant mes yeux dans les siens, aussi froids que l'hiver de mes terres. Je recule sous le coup reçu et accuse la menace avec un léger sourire.

    Les paroles qu'il prononce ensuite à ma sœur, quant à elles, ne me font pas sourire. Bien au contraire. Personne n'est autorisé à lui parler aussi sèchement mis à part notre Prince Russe et notre Père. Personne. Peut-être moi, mais je ne l'ai jamais fait. J'ai trop d'affection pour elle pour nous rabaisser à ce genre de pratique. Yulia est une femme. Certes. Elle n'en est pas moins respectable.

    Mon visage se ferme alors que je me rapproche de l'Aconit et du corps inerte pour le ramasser et le glisser sur mon épaule.
    Mes yeux se posent une nouvelle fois sur l’Écuyer et c'est d'une voix faible mais tranchante que je m'adresse à lui.

    - Ne t'avise plus jamais de lui parler de la sorte ou de la menacer. Ou c'est moi qui te tuerais. Même ton Prince ne te sauvera pas cette fois.

    Réajustant le corps inanimé sur mon épaule, c'est d'une voix plus forte que je reprends.


    - Reprend-toi, Écuyer. A ta réaction, on dirait que l'on a attaqué ton Épouse.

    Les paroles prononcées plus tôt par l’Écuyer étaient dues à la colère, je le savais. Il n'en demeurait pas moins que je ne pouvais le laisser agir ainsi sans le prévenir des conséquences qu'il risquait de subir. Et alors que je me met en marche pour rejoindre ma sœur, c'est en Russe que ma langue se délie. Pour qu'elle seule comprenne mes paroles.

    - Il n'en vaut pas la peine. Un lâche dans le péché. Il ne tiendrait pas longtemps chez nous. La prochaine fois il sera pour toi, je te le promet. En attendant... ne le quitte pas des yeux. Nous allons offrir son compagnon à son Altesse.


    Et sans un regard de plus pour L'Aconit, je me remet à marcher en direction du Prince, bras bien serré autour des jambes de l’Inanimé.
Yulia.
      “La crainte suit le crime, et c'est son châtiment.” - Voltaire


    Voilà, nous y étions. Notre première mission pour le Prince de Retz.

    Étrange comme la vie est un éternel recommencement. Notre père a passé toute sa vie au service du Grand-Prince, le conseillant et se battant pour lui, et nous nous retrouvions à la même place, à des semaines de voyage pourtant de notre région natale. C'est plutôt encourageant, à vrai dire, car cela signifie que les espoirs que le Patriarche a placé en nous ne sont pas vains, que nous arriverons peut-être à nous montrer à la hauteur. L'occasion était là, la consigne claire : Ramener l’Écuyer, tuer le fauteur de troubles. Le Prince devait, assurément, tenir au pseudo-écuyer qu'il nous envoyait rechercher. Nous lui courions après depuis bien des villes à présent, et le bougre réussissait toujours à nous filer entre les pattes. Fort heureusement, il n'était pas des plus discret, et il restait assez simple de suivre ses traces. Comme mon frère, je trouve cette France des plus étranges. Un Écuyer qui ne veut pas suivre son Prince ne mérite pas de l'être. Chez nous, un tel manque de respect était puni de la pire manière qui soit, mais ce pays d'accueil se montrait plus laxiste et nous devions nous y faire.

    Nous y voilà. Les rues sont animées, en plein midi, mais nous avons finalement mis la main sur le duo étrange, isolés dans une ruelle bien trop calme. Un cruel manque de discernement lorsque l'on est en fuite. Il me semble reconnaître l'homme qui accompagne l’Écuyer, encore que je ne suis pas tout à fait sûre de moi, dans le feu de l'action. Si c'est bien celui auquel je pense, nous nous sommes déjà rencontrés, et c'était là un bien étrange homme.
    Vêtus pour la guerre, mon frère et moi avons convenu d'un regard la stratégie à adopter, et déjà je me sépare de lui pour encercler les deux coupables. Je contourne la venelle pour venir me poster de l'autre côté de la ruelle, l'air aussi fier que celui de mon reflet au bout de la rue. La suite se joue en un éclair, le mort en devenir s'est jeté sur mon double, et s'est épuisé à frapper à mains nues contre son armure, en vain, bien entendu. C'est la vérité qui se jette à mes yeux : aucun des deux n'est armé. Je sais dès lors que mon frère ne le tuera pas. Qu'il laissera ce soin au Montfort. Nous ne tuons pas les hommes désarmés.

    Second acte de la pièce, j'avance vers la scène à pas mesurés et félins malgré la lourde carapace qui m'entoure pour me protéger. Je ne vais pas les laisser tour à tour bousculer l'homme qui est toute ma vie et, surtout, je ne vais pas encore le laisser se battre seul, bien que ce combat soit tout sauf équilibré. Arrivée à quelques pas du trio, je constate avec satisfaction que l'homme à terre ne risque plus de poser problème avant un moment. Toutefois, l’Écuyer est hargneux, pareil à ces chiots que l'on peine à dresser. Une correction serait sans doute la bienvenue, que je m'en vais lui donner.
    Ou pas.
    L'homme, mû par la rage du désespoir, s'est jeté sur moi. Un coup de vent contre une montagne, je recule d'un pas lors de sa bourrade pour mieux m'ancrer dans le sol et l'assassiner du regard lorsque ses paroles parviennent à mes oreilles. Voilà, il m'a énervé. Mais le jeune chiot est intelligent, il a reculé pour éviter ma riposte. Et ce sont finalement les paroles de mon frère qui parviennent à freiner mon désir immédiat de vengeance. Il n'en vaut pas la peine.

    Sans délicatesse, je m'approche du fugitif, et d'une pression plus forte que nécessaire sur l'épaule, le fait se relever sans grâce. Mon regard est glacial, et je sais déjà que tôt ou tard, j'aurai l'occasion de me venger et de lui faire ravaler ses paroles à mon égard.


    « - Avance, petit chiot. »
    La langue est acérée, l'accent russe clairement identifiable dans les paroles prononcées dans la langue de son prisonnier. A son oreille, je glisse, comme un avertissement s'il s'avisait à nouveau de me parler ainsi.
    « - Méfie-toi, Écuyer, tu as commis deux erreurs. La première de croire que je suis là pour l'or. La seconde d'oublier que les morts ne parlent pas. »

    Une bourrade dans le dos, je le malmène un peu pour le faire avancer plus vite. Le Prince déciderait du sort des deux compères. Nous avons accompli notre mission.
L_aconit
A l'homme qui défend sa comparse, il reste marmoréen. Ne réagirait-il pas comme lui, si les rôles avaient été inversés? Boule de nerf , la main tremblante vint chasser les mèches brunes et poisseuses de sang de la tempe d'Ansoald, dents serrées d'où s'échappèrent une évidence. Pas son épouse non.

- ... Il est comme mon frère.


    Et tu ne comprendrais pas.


Il se redressa, prit d'un vertige bileux, regonflant ses poumons d'air. Jusqu'à ce que...

La pression sur l'épaule le fit se raidir, la bourrade dans le dos le fit frémir, peut-être plus encore que les mots dont ils se lapidaient tous pour l'Ego. Et lorsqu'il dégagea la pâte femelle d'un geste vif, il laissa le stiletto glisser de sa manche pour venir le pointer sur la gorge fine, dont un millième restait vulnérable entre le plastron et le casque. Si Ansoald était démuni, l'Aconit lui n'avait jamais été désarmé depuis qu'il avait quitté les Flandres. La première erreur de ces sbires nouveaux nés était de ne pas l'avoir fouillé, trop sûr d'en imposer, imaginant de fait que cela faisait tout. Un combat perdu d'avance ne supposait pas que l'une des deux partie n'avait pas de quoi se défendre. Comme quoi... La seconde, d'erreur s'entend, était sans doute d'imaginer que l'Aconit n'était qu'un enfant orgueilleux que l'on ramenait à son père. Etrangers à la relation queTaliesyn entretenait avec Nicolas, les deux molosses étaient perçus par le jeune blond comme quatre mains et deux têtes vides. Une force qui manquait de substance, celle du savoir, et donc, du pouvoir.

Il plissa les prunelles Cobalt sur celles plus sombres de la carcasse de métal masculine, ne serai-ce que pour dire... Que s'il l'avait voulu, là; maintenant, le frère d'arme n'aurait plus personne à défendre. Un centimètre de plus sur la jugulaire, là, dans le tendre de la peau, et les touchants liens fraternels que Nicolas ignorait cependant, éclabousseraient son bliaut brodé.


    Chienne, tu n'as rien compris. Et qui est mort?


- Bien dressée, mais pas à parler français.


Son accent d'étrangère rendit L'Aconit plus mauvais encore. Et murmuré, au creux de l'esgourde de métal:

- L'or de ton prince, c'est moi, bougresse.

    Sinon, pourquoi t'enverrait-il, depuis les Flandres jusqu'en Anjou, me ramener?


Il la lâcha, non sans ce mordant d'animal blessé dans la voix et le geste. Rangeant son stylet perce-maille, présent du Retz destiné à faire de lui un homme. Quelle ironie. Les bleus perdus sur l'image douloureuse de son saltimbanque, il murmura presque pour lui-même.

- Ne vous donnez pas tant d'importance. Si un jour vous venez à disparaitre, il ne m'enverra pas vous rechercher...


Et en se retournant, suivant la direction de l'homme, les yeux rivés sur un point imaginaire au bout de la rue...


- J'ai connu des Cerbères toute ma vie. Je ne me souviens pas d'un seul d'entre eux. Le Prince se lasse de toute chose. Sauf de ce qu'il ne possède pas.


    Et dieu sait que j'ai bonne mémoire.


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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) - Recueil
Oieg
“A la liberté de provocation, répond la liberté d'objection.”
Bernard Pivot

    Si nous avions prit la peine de discuter autour d'un feu de camp dans une ambiance plus sereine, flasque de vodka à portée des lèvres, nous nous serions tous certainement compris. Nous aurions eut l'intelligence de se mettre à la place les uns des autres pour ne pas réagir si violemment. Notre Père nous l'avait souvent répété. Discuter avant d'agir, avant de faire affaire. Essayer avant tout de savoir qui se trouve devans nous et juger, après coup, si l'on peut lui faire confiance ou non.
    Malheureusement nous sommes jeunes, inconscients et nous manquons de temps. Nous nous sommes tous jugés avant de nous connaitre un minimum et nombreuses sont les conséquences. Je ne les ai pas comptées, mais je sais qu'elles viennent des deux côtés.

    J'ai sentit mon estomac se contracter violemment alors que mes yeux sombres rivés sur l’Écuyer aperçurent le styletto. Il avait osé. Ignorant complètement mes menaces, il allait même jusqu’à me provoquer en posant ses yeux sur moi, orgueilleux. Comme pour me dire qu'il tenait les rennes et qu'en un instant il pourrait m'enlever toute raison de vivre. En cet instant, je me réjouis de ne pas avoir tué le brun qui gît sur mon épaule. Je sais qu'autrement le corps de mon Autre serait aussi étendu au sol, sans vie. L'air n'entrerait plus dans ses poumons, ne soulevant plus sa poitrine au rythme régulier, et je ne sentirais plus la chaleur de son corps contre le mien. Nous aurions sûrement été quitte mais je ne l'aurais pas supporté. Sans le moindre geste, je me contente de le foudroyer du regard. Je sais que si je reste immobile il ne fera rien. Parce que s'il la tue, il me donne le pouvoir de tuer le brun inconscient. Nous sommes tous prisonniers de la situation.
    Le Prince ne lui a-t-il pas appris à ne pas menacer la raison de vivre de quelqu'un ? Ne lui a-t-il jamais dit que cela pourrait s’avérer dangereux au point d'y perdre la vie ?
    A y réfléchir, Taliesyn l'a peut-être déjà mis en garde, mais je crois que l'Ecuyer ne réalise même pas à quel point il vient de toucher un point sensible. Parce que nous ne sommes que des étrangers à l'égo dérangé et que nous nous lancerons menaces sur menaces tant que toute cette histoire ne sera pas terminée.

    Alors que l'Aconit range son styletto et perd son regard dans le vide, je profite de cette distraction pour m'approcher de lui afin de lui réserver le même sort qu'au brun. Secouant légèrement le corps sur mon épaule, j’abats vivement le pommeau de fer que je n'avais pas rangé sur sa tempe. Je l'ai peut-être frappé plus fort qu'il ne le fallait, mais la colère qui gronde en moi est sur le point de se montrer complètement. Au fond, je sais que si je ne le met pas hors d'état de nuire en l'instant il y aura forcément des morts cette nuit. Et même sans ça, je sais que ma colère aura du mal à s'éteindre, tout autant que celle de ma sœur, surtout si nous devons côtoyer cet Etre provoquant.

    Nous n'avions peut-être pas compris qui il était, mais lui non plus n'avait pas conscience de qui nous étions réellement. Parce que nous ne somme pas que des sbires appartenant au Prince et que si nous voulons disparaître, ce ne sera pas pour que le Prince nous retrouve.
    Nous sommes libres, là est notre différence avec l’Écuyer. Le Prince ne nous possède pas et ne nous possédera jamais.

    Alors que nous nous retrouvons avec deux corps inanimés, mon regard se pose enfin sur mon miroir féminin, le cœur battant à tout rompre. Parce que nous avons faillit échouer, ce soir nous aurons appris une leçon même si nos émotions sont telles qu'elles nous empêchent d'en avoir vraiment conscience.

    Continue ainsi, Ecuyer, et tu te souviendras longtemps de nous.
    Finissons-en.

    Quelques bonnes minutes plus tard, nous voilà qui déposons les corps plus ou moins tendrement devants le Prince. J'ai l'impression d'être un chien qui ramène son os à son maître. J'aurai aimé le garder pour aller le rogner dans un coin tranquillement. M'occuper de son cas et lui faire comprendre qu'on ne joue pas avec les Russes. Que chaque acte à ses conséquences et qu'il faut les assumer. Malheureusement je ne pourrais rien faire et j'essaie de me consoler en me disant que Taliesyn saura le lui faire comprendre, lui. Nous n'avons été que des pions dans la partie, mais nous y sommes tout de même dedans, il ne faut pas l'oublier.

    Reculant de quelques pas, je reste posté là, dos bien droit, tête haute et le regard toujours froid. Ma colère n'est toujours pas descendue. Peut-être que la suite des événements pourra l'apaiser légèrement.
L_aconit
Lourde est sa tête, lorsqu'il reprend connaissance.

La senestre se plaque lentement sur la tempe d'albâtre où sans que l'Aconit ne le voit venir le coup du garde s'est porté, marque de fabrique, estampillage brutal et sans autre forme de procès. Un léger trait carmin tranche sur le blond de ses cheveux, qu'il observe au bout de ses doigts, incrédule. La lancinante douleur l'oblige à plisser les yeux un instant, serrer sa mâchoire où en inspectant son visage, la main souillée a laissé sa trace d'ichor comme un affront indélébile. Les règles du jeu avaient semble-t-il changé... Le Retz avait ordonné sa recherche, le Retz avait décidé qu'elle s'opérerait à n'importe quel prix. Quitte à l'abimer. Quitte à le blesser. Nicolas avait mis un pied hors son piédestal. Dans le doute qui venait l'ébranler, et lui murmurer que son Prince ne l'aimait pas tant que cela, à le ramener pour le tuer de ses mains, et que lui non plus, à le fuir comme un renard traqué. La situation perdait son sens et sa raison.


- Puteborgne...

Les battements de coeur s'accélèrent significativement, rompant leur quiétude anesthésiée lorsqu'il sent la présence de son assaillant dans son dos. Ses yeux accrochent inévitablement le corps inanimé d'Ansoald à ses côtés, ses mains liées. Le scénario heurte les parois de sa caboche effervescente, trop évident peut-être, son sang ne fait qu'un tour, mauvais, lorsqu'il tend une main apoplexique vers le prisonnier.

Que lui ont-ils fait?
Que lui a-t-il fait?


Nicolas se sent comme dépossédé, agrippant dans un spasme incontrôlable de son estomac le voleur tant aimé avec la rage d'un condamné s'accrochant à ses dernières minutes. Tué. Ils l'ont tué. Tuer. Il les tuerait tous. Un par un, dans leur sommeil, dans leurs moments intimes, dans leur dos ou face à face, sans crier gare d'un coup de lame sanglant. Il les saignerait comme des animaux, comme une revanche divine, sans leur accorder une once de regret et sans trembler une seconde. Nicolas était parti enfant. S'en revenait homme, pris aux filets des ressentiments. Cherchez le garçon... Mort quelque part, dans la folie de sa cavale. Dans le fracas d'une pensée létale à l'encontre de son passé. Dans les nuits à coucher dehors, drapées dans leur solitude et leurs remords, et l'éclat de celui qui a éclairé son errance. Celui qui l'a perverti aux joies de la vie qu'il pensait être la Vie. Une vie bien éloignée des réalités et des devoirs. Taliesyn avait tant voulu l'engaillardir ... Voilà qu'il s'était exaucé, sans le savoir. En lisant une lettre. Une foutue lettre ... Et contre toute attente, l'acolyte respire.

Le réveiller. Réveille-toi. Il faut te réveiller.


Voilà l'unique pensée éclipsant toutes les autres, dans un écho de mort, comme perdu dans l'immensité du néant. Et dans l'agitation de ses gestes, secouant le corps pantelant de son vaurien, et dans le désespoir de ses attentes, un cri de rage fait trembler les murs de cette pièce inconnue qu'il n'a même pas pris le temps de regarder:


- Réveille-toi, Ansoald !

... Me laisse pas seul maintenant ...

le Sbire en faction pouvait bien aller au diable, le Retz dont l'odeur significative emplissait l'endroit pouvait bien attendre. A cet instant, tout et plus encore se raccrochait aux paupières froissées d'Ansoald pour le jeune fuyard, qu'un seul frémissement pouvait désamorcer et délivrer de son carcan haineux. Toute personne assistant à la scène ne pouvait que comprendre cela. Comme si parfois, l'homme n'est rien face à ses besoins primitifs. Viscéraux. Et qu'un enfant sans père, dans sa blessure secrète, ne se bâtit qu'autour d'un autre, qu'il prend comme père, comme frère, comme Maitre... Ou comme amant.

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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) - Recueil
Taliesyn_de_montfort
Tout jugement est une épitaphe.”
            -Claude Perrin
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    Les deux corps sont déposés à même le sol. Inanimés, tel une souris rapportée par des chats. J'apprécie l'efficacité des deux chevaliers, et me félicite d'avoir eu l'opportunité de les recruter. Mais il est difficile dans cette situation d'avoir quelques sourires ou attentions polies envers mes hommes d'armes. Une seule chose concentre mon esprit, ils sont bien deux, les rumeurs de villes en villes traversées pour remonter la piste avait été bonne. Je m'étais persuadé que mon écuyer n'était qu'un valet à mon service, mais il me fallut peu de temps pour comprendre qu'il n'en était rien. J'avais su tuer pour un simple affront fait à son égard, et il était de ceux pouvant se loger assez proche du Cerbère que j'étais sans craindre quoique ce soit. Jusqu'à ce jour. Un constat que je me refusais jusqu'à ce que la réalité soit déposé en double exemplaire devant mes yeux. Une moue réprobatrice lorsque, faisant fi de ma présence à un pas, l'aconit refuse l'environnement qui l'entoure pour se concentrer sur son alter ego. Alors c'est pour lui que tout s’est fait, pour lui que tous ces faits m'ont été imposés. Je le regarde s'inquiéter, avoir une âme, perdre sa pureté par son innocence perdue. Un ange ne parle pas, un ange n'a pas d'émotions qui l'entache. Ce gâchis m'exaspère, et je fais un signe aux Chevaliers, une sentence sans jugement si ce n'est qu'un constat, tu n'es plus un enfant, mais pour devenir un homme tu dois apprendre à assumer des conséquences. Dont acte.

      Séparez-les, et débarrassez-moi de lui. Comme je vous l'avais demandé.


    Tu quoque mi fili, toi aussi mon fils, tel César trahi, aurais-je du rajouté à l'aconit, non, l'aconit n'est plus pour moi. Ce jeune garçon apparu un beau matin et que j'ai vu grandir. Désormais tu as voulu la liberté, l'autonomie, tu en auras un aperçu, mais saches que tu m'appartiens, là est ton devoir, ton destin, tu ne seras plus ce tableau blanc que je n'ose pas souiller. Tu n'es que velgum pecus, un ange déchu qui rejoint le commun des mortels. Ainsi soit-il, tu as choisi de descendre de ton piédestal, et tu l'assumeras désormais.

      A vrai dire, tuez-le... maintenant, par devant, que l'écuyer apprenne de ses erreurs.


    Et de m'approcher du pas manquant derrière l'écuyer pour poser une main écrasante sur l'épaule. Défi de bouger où la sentence sera double, je ne supporterais pas une nouvelle déloyauté, c'est ta seconde chance, ta dernière. Mon souffle aviné s'approche de son oreille. L'agacement, de la situation, doublé de l'attente des derniers instants après cette longue traque font que je suis tel le chasseur du cerf blanc après avoir tiré ma flèche en direction du coeur, l'excitation en moins. Je n'ai aucun plaisir dans cette situation que je n'ai pas voulue, et l'impatience m'a laissé commettre bien des maladresses. Un excès de boisson, de femmes de faibles vertus, et aucune sécurisation de la pièce ou j'allais faire commettre un meurtre en direct. Au moins ne doutais-je point de la capacité des russes à exécuter l'ordre, même si je ne comprenais pas le fait qu'il soit arrivé tout deux vivants jusqu'à moi. Ainsi, pendant qu'ils s'approchent, je lui murmure le jugement.

      Ta première de toutes tes erreurs a été de me laisser te retrouver, la seconde, d'avoir cru bon de défier ma loyauté à ton égard. Apprends donc par-là que ton penchant ne me contrarie point, il est d'ailleurs certainement préférable d'aimer l'homme qui est moins volatile que la femme et une trahison d'icelui occasionnerait la propre perte du traitre. Non, je ne te pardonne pas d'avoir trahi l'amour filiale que je te portais mon Nicolas. Tu vas devoir donc apprendre à vivre avec la douleur de la perte de ton premier amour, ton coeur guérira, ta haine consumera ton coeur auparavant pur, et tu apprendras à t'en nourrir.


    Si ta loyauté ne m'est pas acquise par les sentiments, elle le sera par la crainte. Et je ne peux pas admettre d'entrer en concurrence avec une quelconque émotion ou qu'un sentiment puisse entraver une mission que je t'aurais confié, je t'ai trop protégé. Tu vas rentrer dans le monde réel avec autant de violence que si elle s'était cumulé depuis le temps qu'elle t'était épargné. Désormais, ici s'achève ta formation, après avoir perdu ton coeur, tu seras d'autant plus capable d'assassiner comme je te l'ai appris. Les sentiments et émotions ne sont bons qu'à pourrir tout jugement et gâter l'âme.

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Pour me suivre
L.aconit
    [Ansoald : Tu es assoiffé...
    L'Aconit : C'est juste que je n'nai pas bu de vin depuis les Flandres.
    Ansoald : Depuis les Flandres? Pourquoi cette abstinence?
    L'Aconit : Parce que je n'ai rien emporté avec moi.
    Ansoald : pourquoi cette précipitation? A moins que tu ne comptes y retourner, comme un chien à sa niche.
    L'Aconit : La lettre. Je ne sais pas qui l'a lue. Mais quelqu'un l'a lue. Puisqu'elle a été déposée sur mon lit...]


Le corps d'Ansoald semble reprendre des couleurs, des joues à la plaie ouverte à sa tempe. L'Aconit reste là, le serrant contre ses genoux qui ne tremblent que de rage et de désespoir, regardant revenir à lui son compagnon des routes. La voix du Prince vient tinter aux esgourdes blondes comme un coup de surin. Les yeux qui se posent incolores sur lui viennent chercher les siens, durs et teintés de rancoeur. Immédiatement, ils se ravisent. Se raccrochant à la poitrine d'Ansoald, bercé par une houle quasi doucereuse. Paradoxale.

Se trouver là face à lui, alors qu'il l'a quitté sans un mot est une épreuve qui le met mal à l'aise. Lui, la seule autorité qu'il n'a jamais dérogé à respecter. Jusqu'à ce jour. Où il lui a fuit entre les pattes, pour un autre. Ce jour où il a mit un pied hors du rang. Sans hésiter. Et sans se retourner. Nicolas serre les dents. N'arrivant pas à le regarder. Lentement les mains se défont d'Ansoald, le jeune blond reste sur les genoux, tête obstinément baissée. Soumis aux paroles terribles que le Retz prononce, dans une amertume si violente qu'elle le fige d'effroi . Il comprend que cela fait un moment que le Retz sait ses déplacements, et connait l'existence d'Ansoald. Face à son bourreau, il ferme les yeux, langue collée durement à son palais, loin de l'arrogance et la haine qu'il avait réservé aux sbires en armure. Au fond de lui, il sait que c'est sa conduite qui l'a mené à cette situation. Il sait que sont secret a pris une place plus importante qu'il ne l'aurait voulu, incapable de s'en alléger. Incapable d'en parler à quiconque, préférant fuir que de se révéler sous son vrai jour. Il sait qu'il a trahit la confiance de son Maitre, et Mentor. De son repère, auparavant son seul Or. Qu'il devrait payer pour cela, sans garantie de la reconquérir.

Le Retz l'avait élevé dans un univers d'hommes, où la seule place des femmes se reléguait aux cuisines et aux bordels. De tout temps, Nicolas y avait cherché sa place. En mouvance, entre cette figure paternelle qui ne l'était pas, et ses envies profondes et secrètes d'apprécier sa différence. Ainsi soumis à la déception de celui qu'il admirait, le jeune homme recevait sa sentence irrévocable et prévisible dans la fanfare des tambours ininterrompus qui avait envahi sa poitrine. Il aurait pu hurler. Se jeter à ses pieds. Mais Nicolas se retrouvait soudain baîlloné par la profonde estime qui le liait au Prince, et dont il avait manqué ces derniers mois. Un respect bâtit par la crainte et la fierté qui entravait ses intentions les plus primaires. S'il était une chose évidente, c'était que Taliesyn avait tout appris à Nicolas, sauf à se dresser contre lui.

Et lorsque le breton vint lui glisser une confidence à l'oreille ... Il eut envie de pleurer. Pas d'un pleur enfantin et regrettable, épanchement ridicule plus qu'inutile... Non. Mais de pleurer des larmes de fiel. Et si possible, qu'elles rongent son visage, dans leur sillons vénéneux. Qu'elles emportent tout. En torrents la haine, les tourments et la honte. Que plus jamais il n'ait à paraitre ainsi, défait et impuissant, devant son Prince. Taliesyn savait. Taliesyn acceptait tout. Mais ne pardonnerait pas. Comme si le deuil de l'enfant qu'il avait forgé était plus inacceptable que sa mort même.

Entre ses lèvres, une supplique. Pudique.


- Envoyez-moi... N'importe où.

L'enfer y serait plus acceptable, lui, que la mort du voleur. Et même si Ansoald avait vite mis au jour les entraves que portait le jeune laquais et avait peut-être sciemment tenté de les arracher... Nicolas ne pouvait s'y résoudre.

- Altesse. Ne le tuez pas.

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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) - Recueil
Alessia.
    Une lumière fine, dorée - la lumière des après-midi en Anjou - inonde la grande salle de l’hôtel particulier que le Prince a loué pour sa presque cour.
    Pour sa Dukessima.

    Échappés d'une salle voisine par les doubles portes entrouvertes, un certain fracas d'instruments qui s'accordent, une certainte senteur miellée ne laissent aucun doute sur le rituel en cours : la Médicis déguste des macarons, loukoums, musiciens et poètes, alanguies sur une causeuse de satin.
    Constantinople manque à la Florentine.
    Alors la Florentine a recréé Constantinople. A ses pieds.

    Alessia incline son visage délicat d'un musicien à l'autre, rayonnante. Pipeau, viole de gambe et tambour chantent en rythme tandis qu'elle goûte le sucre rose laissé sur ses doigts.

    Quant soudain servantes et pages font irruption, terrorisés, et ferment avec précipitation les doubles portes.
    Cette fuite est comme la pluie avant l'orage.
    D'un imperceptible mouvement des cils, la Médicis invite les musiciens à la suivre tandis qu'elle se lève.
    Elle sait déjà le drame qui se joue derrière les portes. Des jours qu'elle l'attend, qu'elle s'y prépare.


    Jouez. Quoiqu'il arrive, jouez fort. Jouez bien. Ne vous arrêtez pas.
    Après une brève inspiration, la Médicis ouvre les portes d'un mouvement ample et avance dans la vaste pièce au plafond de poutres peintes et grands murs tendus de tapisseries rouge et d'ocre.

    Quand Alessia entre, la musique envahit l'espace et rebondit sur chacun d'entre eux, hommes d'armes et de destructions, comme par l'effet d'un sort.
    La musique adoucit les mœurs, parait-il. Saura-t-elle sauver des vies ?

    Un bref regard à la scène. Ansoald ensanglanté au sol. L'Aconit pâle et défait sous le joug du Prince. Chevalier et Chevaleresse (nom d'origine contrôlé) en ordre de bataille.

    La Médicis adopte le ton le plus détaché pour répondre au blondin éperdu.

    Et pour quelle raison son Altesse le tuerait-il ?
    S'installe d'un pas léger dans le large fauteuil à bras de Taliesyn, symbole de son rang princier.
    N'es-tu pas revenu, tel l'enfant prodigue, à lui ? A moi ? Il mio cappricioso, (mon caprice).
    Elle penche la tête et, d'un doigt délicat, effleure son cou de cygne. Le regard qu'elle lance à Taliesyn brille d'une lueur dangereuse.

    J'ai toute confiance en son Altesse qui saura faire le bon choix.

    A-t-il remarqué la cuisinière derrière les musiciens, celle-là même qu'Alessia lui indique d'un œil furieux ?
    J'en suis convaincue.
    La grasse et grosse Berthe, épaules courbées, se tord les mains de gêne et d'inquiétude.

    Après tout, le pardon couronne la grandeur, n'est-ce pas ?
    Pensais-tu vraiment pouvoir rompre notre pacte en toute impunité. Besogner ce monstre de chair sans que je le sache.
    Le message est clair : Alessia pardonnera si (et seulement si) il sait pardonner lui-même.


    Les musiciens enchaînent alors une sarabande enjouée, sourires crispées, tandis qu'Alessia feint de ne pas ciller à la douleur de l'Aconit.
    Perdu à jamais si il devait assister à la mort de son amour.

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"L'abus d'une Médicis est dangereux pour la santé, à consommer avec modération."
Yulia.
    Détrompe-toi, l'Aconit. Oieg est le mieux placé pour comprendre quel type de relation peut se tramer entre ton comparse et toi.

    L'interdit. C'est attirant, pas vrai ? Il nous a brûlé les doigts, à mon frère et moi. Chaque jour depuis le moment où nous avons compris que nous ressentions bien plus que de l'amour fraternel. Il est mon âme sœur, ma raison de vivre, cette partie qui me complète. Et quand nos corps fusionnent, c'est l'apothéose ultime, la recherche d'une vie.
    Alors oui, il connaît parfaitement les pensées qui peuvent obscurcir ton raisonnement.
    Mais le temps n'est plus aux réflexions. L'action prend le pas sur l'imaginaire, et la réalité me frappe de plein fouet lorsque l'acier vient glacer ma gorge. L'immobilisme me fige, jusqu'à ma respiration qui n'ose plus franchir mes lèvres, de peur d'être la dernière à avoir la chance de le faire.
    Peur. Etrange sensation que voici, nous d'ordinaire si sûrs de notre force. Seul mon regard montre encore cette vie qui bouillonne en moi, cette rage face à l'impuissance de la situation, et je siffle tel un serpent face à des paroles juvéniles qui se veulent assassines.

    Le regard se plonge dans celui de mon frère, lorsqu'il fait cesser les sarcasmes du jeune blond. Je le trouve bien trop gentil. Il a failli nous séparer définitivement, pourtant il s'en sort beaucoup trop bien. Le Prince nous a demandé de ne pas le tuer, mais j'ai la rancœur tenace, et une telle menace mérite bien d'outrepasser l'ordre.
    Je respire enfin, à nouveau. Mon cœur reprend ses battements à un rythme effréné, pulsations accordées à celles de mon Autre. Ce soir, tu as failli me perdre. Ce soir, nos projets ont failli voler en éclat. Mais c'est une bonne leçon, notre apprentissage se poursuit. Et cette erreur ne se reproduira plus jamais. Nous parlons en silence, par nos regards qui s'accrochent. Tu sais que je m'en veux pour cette erreur de débutant que je n'aurais jamais dû faire. Je sais que tu as conscience d'avoir toi-même sous-estimé notre adversaire du jour. Nous étions trop confiant, et cela aurait bien pu nous coûter très cher.
    Je m'abaisse pour récupérer la carcasse inconsciente, et nous prenons enfin le chemin qui nous mènera jusqu'à notre commanditaire.

    La carcasse est laissée tombée sans délicatesse devant le Prince. Je ne vais pas en plus m'encombrer de douceur pour ce lâche qui m'a attaqué en traître.
    Debout devant le Retz, je reste statique, les bras derrière le dos, attentive au verdict qui va tomber. Je sens cette pointe d'excitation qui parcourt mes veines lorsque le jugement tombe, et le sourire que le fils prodigue ne pourra pas distinguer étire mes lèvres, satisfaite de pouvoir me venger de l'affront fait plus tôt. La miséricorde quitte son fourreau et je m'approche de l'amant inconscient, tirant sans ménagement sur la chevelure pour relever sa tête et mettre un point final à cette mission.
    Sans compter sur la musique qui vient interrompre l'acte exutoire. Mes sourcils se froncent, et le regard cherche l'origine du tumulte. La Médicis. Pourquoi vient-elle se mêler de ma vengeance ? Je veux rendre la pareille à ce cher Nicolas, lui enlevant ce qu'il possède de plus précieux, à l'instar de mon frère à qui il a voulu faire de même.
    Qu'importe. Ce n'est pas à elle que j'obéis, et déjà ma lame vient glisser sur la chair tendre du cou offert, l'entaillant en surface, tandis que mon regard cherche celui de l'Ecuyer, pour lui faire partager la grande joie que je ressens en l'instant, et cette pointe de sadisme à faire durer l'exécution.

    Tu ne te souviens pas des Cerbères que tu as côtoyé, mais une promesse, l'Aconit : Tu te souviendras de moi.
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