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[RP] : Départ vers le connu.

Maiwen
« Assez vu. La vision s’est rencontrée à tous les airs.
Assez eu. Rumeurs des villes, le soir, et au soleil, et toujours.
Assez connu. Les arrêts de la vie. - Ô Rumeurs et Visions !
Départ dans l’affection et le bruit neufs ! »

Arthur Rimbaud, Illuminations, « Départ ».

[Entre Lodève et Millau, début janvier 1463]

Prenez 25 personnes : le vicomte Osadus d’Eirbal, Aude Elisa Casaviecchi, Xavier d’Ambroise, Ilaria Larzillière, Heaven du Cougain, sa fille Kalianna, la nourrice de cette dernière, Ally, Arnauld, Maïwen, ainsi que 7 gardes, 4 cuisiniers et 4 palefreniers. Mettez-les en relation, donnez-leur un objectif, et voilà, vous avez la recette idéale pour faire un excellent voyage. C’était du moins ce que notre avocat national espérait. Les voyages, lui, celui qui si longtemps avait parcouru sans aucun but particulier les routes du royaume, cela le connaissait. Il était allé partout : De Bretagne en Provence, en passant par l’Artois, ses pas avaient foulé chaque province ; au diable les guerres, au diable les brigands, rien ne pouvait l’empêcher d’assouvir sa soif de découverte.

Seulement, la vingtaine passée, Maïwen se rendit compte que sa vie se résumait en fin de compte à bien peu de choses. Comme beaucoup d’autres jeunes personnes avant lui, il désira s’installer dans une ville, pour tenter de devenir Quelqu’un. Mais l’appel de la route était encore trop fort pour lui. A chaque fois qu’il s’installait, il était déçu, et finissait par repartir ; Limoges, Bourges, Montpellier. Rien ne le retenait jamais. L’amour ? L’imbécile ne savait même pas ce que c’était. Il la confondait avec l’amitié, l’affection. Il imaginait que ci-tôt qu’une relation était sulfureuse, explosive, il s’agissait d’amour. De la sorte, il enchaîna les déceptions amoureuses. Certaines se transformèrent en solides amitiés, d’autres il ne garda que de mauvais souvenirs.

Aujourd’hui, la vie de Maïwen était toujours aussi mouvementée, mais plus de la même manière. Il avait diverses activités, d’ambassadeur, de bâtonnier et d’avocat, anciennement de juge, qui le conduisait à ne jamais rester inactif, mais ce n’était plus l’activité physique, qu’il accomplissait à travers ses voyages, qui lui prenait tout son temps. Pourtant, par moments le jeune brun regrettait quelque peu cette vie passée et révolue. Par moments, il ressentait le besoin de partir à nouveau sur les routes. Alors, vous devinerez sans aucun doute sa satisfaction lorsque les préparatifs d’un long voyage furent entamés.

Celui-ci devrait conduire le groupe de voyageur jusqu’aux terres lointaines de la Normandie. En effet, Xavier d’Ambroise et Heaven du Cougain y avaient des affaires à récupérer, pour s’installer définitivement dans les terres plus accueillantes – au moins pour ce qui est de la chaleur - du Languedoc. Un important cortège de voyageurs avait alors été mis en place, pour les aider dans leur entreprise. De plus en plus d’étapes s’étaient par ailleurs rajoutées à ce voyage qui promettrait d’être long. Limoges, peut-être la Champagne, et au retour, Bergerac, Toulouse, le Béarn. Sans aucun doute, il allait falloir prévenir le livre des records des royaumes, car nos voyageurs vont sans doute accomplir là un des voyages organisés les plus longs de l’année.

Du reste, comment la nouvelle du déménagement de la femme avec qui Maïwen renouait doucement avec les sentiments, au point de la chérir de tout son cœur, dans la terres où il résidait, ne pourrait-elle pas le satisfaire ? Il lui suffisait de demander, il la suivrait jusqu’au bout du monde sans hésiter plus d’une seconde. Alors, l’accompagner dans le voyage conduisant à son déménagement avaient certainement l’effet sur lui, chose unique pour vous ce soir mesdames et messieurs, de provoquer une hésitation négative !

C’était d’une démarche presque sûre que Maïwen chevauchait sa monture, aux côtés de la femme qu’il aimait, quelques dizaines de mètres derrière le groupe. Ils avaient fait le choix de s’isoler tous les deux loin des autres, dans ce périple qui comptait tant de voyageurs. C’était la première fois ou presque qu’il remontait en selle depuis son accident, et il n’était clairement pas rassuré. Le cheval n’est en effet pas sa grande passion. S’il savait chevaucher, et qu’il n’était pas un piètre cavalier non plus – la peur de tomber n’était plus présente chez lui, mais il ne fallait pas trop compter sur lui pour de longs galops ni pour adopter un air princier. Heaven lui semblait en revanche une vraie déesse sur le cheval blanc qui contrastait tant avec son allure ténébreuse ; tant gracieuse, que Vénus en personne devrait s’incliner devant elle si Elles se croisaient le long de cette sinueuse route.

Le départ s’était fait sans aucune accroche. C’était sous un de ces glaciaux soleils d’hiver, sous un ciel dénué de tout nuage, ayant à affronter un mistral plus que glacial, que le groupe prenait la route du nord. Pas de brigands à l’horizon, ni de prévôt, de maréchal ou de douanier sorcier, juste eux, leur groupe qui devrait de toute façon vue sa taille faire fuir n’importe quel mécréant qui en voudrait à leur or où aux marchandises qu’ils possédaient ; en effet, ce voyage était également l’occasion pour le jeune avocat de renouer avec le commerce. La dernière fois, il avait gagné plusieurs milliers d’écus, ainsi que deux procès (gagnés). Cette fois, il l’avait promis, il y irait plus doucement. Mais le commerce, la négociation, restait une de ses grandes passions, où il pouvait expérimenter sans fin sa science de l’économie, sans que personne ne puisse y trouver quoi que ce soit à redire.

Nulle appréhension, nul doute ? Ce serait trop beau. Le pire ennemi de Maïwen, l’architecte de tous ses malheurs, le chef d’orchestre de sa déchéance, celui qui sans un mot plus haut que l’autre, sans même un seul coup physique, l’avait laissé plus bas que terre, lui avait appris une chose : Rien n’est jamais tout blanc, ni tout noir. Et quand Maïwen avait-il rencontré ce si mauvais homme finalement pas si noir que ça puisque rien ne l’était jamais ? Lors d’un de ses voyages. Comme par hasard. Un voyage qui avait démarré de la meilleure manière qui soit, et qui se termina de la pire. Pourquoi les choses bonnes finissent-elles toujours par mal tourner ? Tout ce qui peut mal tourner, va mal tourner. « Se quicòm pòt mal anar, irà mal.» Telle était la devise – connue aujourd’hui sous le nom de loi de Murphy – qui s’imposait de plus en plus à Maïwen comme étant la sienne. Oui, ce voyage pouvait mal tourner. Il était si long. Tout ce qu’il avait gagné ces dernières semaines pouvait du jour au lendemain disparaître, détruit, envolé. Il avait beau commencer de la meilleure manière qui soit, qu’est-ce qui disait qu’il ne finirait pas de la pire ?

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Arnauld
Pendant qu’il cheminait, Arnauld ne parvenait pas à se départir d’un large sourire un peu niais. Il débordait d’enthousiasme, et ça se voyait.

D’un naturel plutôt distrait, il marchait le nez au vent quand une grosse pierre le fit trébucher. Il parvint à se ressaisir avant de tomber pour de bon et, un peu confus, il regarda autour de lui pour s’assurer que personne ne l’avait vu. L’un des gardes qui marchait non loin lui lança un regard désapprobateur avant de lever les yeux au ciel, et Arnauld songea qu’il devait se demander comment un gamin comme lui avait pu se faire une place dans ce voyage, en compagnie d’un si beau monde. A vrai dire, il ne le savait pas vraiment lui-même. Si on lui avait demandé comment cela avait commencé, il aurait sans doute parlé de cette soirée à Béziers, le village de son enfance, où il avait rencontré Maïwen, Castelreng, Heaven, peu après la dispute avec son père qui avait précipité sa décision de voler de ses propres ailes, même si ça signifiait qu’il devrait dormir dans le taudis municipal avant de trouver quelque chose de mieux. Il aurait raconté leur proposition de les suivre à Narbonne s’il ne voulait pas s’ennuyer dans les tavernes biterroises, comment il avait accepté sur un coup de tête, et comment, dès le lendemain, le baron – qu’il croyait alors s’appeler George, mais ça c’est une autre histoire – l’avait embauché comme tavernier. Une véritable aubaine pour le brunet, car il trouvait à la fois un toit, un emploi, et un prétexte pour parler à tous les inconnus qu’il croisait. Il raconterait ensuite, sans doute, comment il avait commencé à sympathiser avec ces gens peu communs, et qu’il ne cessait de se féliciter d’avoir suivi son intuition en les accompagnant à Narbonne. Il finirait en disant que quand Maïwen lui avait parlé de ce voyage qui se préparait, et qu’il lui avait proposé d’en être, il n’avait pas eu besoin de beaucoup réfléchir pour accepter. Arnauld avait en effet toujours rêvé de partir sur les routes, à la découverte de nouveaux horizons, mais il craignait trop les brigands – on lui avait raconté tellement d’histoires sur eux, et lui bien sûr avait tout cru – pour se lancer seul. Et pour aller où, en plus ? Or voici qu’on lui donnait l’occasion d’aller à l’autre bout du royaume, presque sans aucun danger puisqu’on embauchait des gardes, et avec l’assurance de trouver dans chaque ville un endroit convenable pour dormir. Et pendant ce temps, pour ne pas être tout à fait inutile, il pourrait travailler avec les palefreniers, ce qui, avec ce qu’il avait appris en taverne, lui permettrait d’élargir ses maigres compétences.

Il est vrai qu’il avait l’impression de détonner un peu, au milieu de tous ces nobles. Il n’était qu’un petit tavernier – ancien tavernier – qui sentait maintenant le cheval et dont les bottes et la chemise neuves (il avait puisé dans ses économies en se disant qu’elles lui seraient plus utiles qu’un champ) ne faisaient pas vraiment illusion. S’il avait toujours aspiré à devenir quelqu’un, à ne pas rester un gueux toute sa vie, il ne se sentirait jamais tout à fait à l’aise avec la noblesse. Il était encore étonné de l’intérêt que lui témoignaient ceux qui étaient à présent ses compagnons de voyage ; il pensait qu’ils voyaient en lui surtout un garçon un peu idiot, donc distrayant, même si les sourires bienveillants que lui adressait souvent Heaven lui suggéraient une affection sincère.

Qu’importe, ce voyage serait pour lui l’occasion de faire ses preuves. Il avait déjà fait quelques progrès à propos de sa naïveté, et il s’efforçait de combattre sa timidité et sa maladresse juvéniles. Ce qu’il voulait, Arnauld, c’était devenir un homme.

Il détourna son regard du garde et se remit à sourire.
Katja

    Une seule soirée et une rencontre avait suffit à chambouler toute ma vie.
    Nous étions encore en 1462, lors d'une soirée de septembre, qui fut atroce pour moi, enfin de ce que je me souviens. Une ancienne amie a réapparue, je vivais à Argonne depuis plusieurs mois maintenant, cette jeune femme n'était autre que Catherine, elle était chère à mon cœur, fut un temps... Mais tout s'est dégradé pour un homme. Quoi qu'il en soit, elle s'était donc montrée, et la soirée ne fut pas bonne du tout. Reproche sur reproche, pour finir par une révélation... Elle avait tuée, par amour. Un homme innocent, elle lui a prit sa vie, sous prétexte qu'il en courtisait une autre, moi en l’occurrence... De quel droit se l'était-elle permis ?
    Je lui en voulais déjà beaucoup, parce qu'elle avait fuit sans rien me dire, alors qu'elle nous disait meilleures amies, qu'elle me considérait soit disant comme une sœur... Mais là, c'est encore bien pire. Un mélange de peur, mais également de colère m'envahit. Je n'ai qu'une seule solution pour oublier cette soirée abominable... M'isoler et boire !

    Mais quelle erreur avais-je commis ? De ce qu'on m'a raconté, j'étais ivre, on m'a retrouvée nue, allongée sur le sol... Je ne savais guère me relever, Seleys était donc entrée et m'a en quelque sorte secourue. Un peu trop tard, car lui, faisait son entrée. Il me prêta son mantel, qu'elle glissa sur mes épaules, et il me raccompagna simplement, sans même profiter de mon état d'ivresse avancé. Oh je n'en ai pas le souvenir, l'on me l'a raconté le lendemain, mais ce que j'en avais honte.
    C'est donc ainsi, que le changement commença.

    Tout cela m'intriguait au plus au point. Certes, à ce moment là, je ne connaissais pas vraiment les hommes, mais on m'en avait parlé. On me parlait d'eux, je devais m'en méfier, beaucoup n'était que de simple goujat, d'autres profitaient des faiblesses de certaines femmes. Mais lui... Alors que j'étais vulnérable, imbibée d'alcool, à sa portée, il n'avait rien tentée. Pas même un baiser !
    Ah, Andrea...
    C'est donc ainsi que chaque jours, je le voyais. Et des sentiments commençaient à naître. Cette envie de le voir grandissait encore plus, ce creux dans mon ventre s'agrandissait également, et que dire de la jalousie qui s'emparait de moi, sans que je ne puisse la contrôler, chaque fois qu'il jouait au séducteur.
    Oui je tombais amoureuse pour la première fois de ma vie... Mais ce n'était guère facile, car personne ne l'appréciait, tous avait des préjugés sur sa personne, lui l'homme que je commençais à aimer. Alors doucement, je m'isolais, pour passer du temps avec lui, apprendre à mieux le connaitre. Et doucement, eux aussi, s'éloignaient de moi, passant leur soirée ensemble, plus personne ne venait me voir. Et quand j'y allais, c'était à peine si j'existais.
    Alors quand il me demanda si je voulais bien partir avec lui, je n'ai point hésitée une seconde... J'ai fui lâchement, sans rien dire à personne. Un seul courrier fut envoyé à un ami, Balian. Nous avions donc pris la route, direction le Languedoc...

    Quelques temps après notre arrivée, il fut enrôlé dans le conseil en tant que CAM, puis comme recteur remplaçant. Et là, mon enfer commença... Je ne le voyais que très peu. Les jours passaient, et plus je le sentais s'éloigner. J'appris ensuite que je portais son enfant, tout s’accélérait sans que je ne puisse contrôler quoi que ce soit...
    Mais une aubaine s'est présentée à moi, une sorte d'échappatoire, bien qu'ils ne soient pas réellement cela... Je me perd dans mes explications !

    Une amie était arrivée à Montpellier. Ah ma douce Heaven ! Elle est l'une des rares personnes qui me sont chères. Elle a été l'une des premières à me conseiller vis à vis des hommes, lorsque nous vivions encore à Limoges. Elle fut celle qui m'aida à comprendre comment un homme fonctionne. Comprendre leur geste, ce qu'ils désirent, comprendre également ce que je ressens, apprendre à contrôler mon désir, ce feu ardent qui s'était allumé... Puis elle était partie pour un voyage, nous nous étions perdue de vue, mais il est certain qu'elle est restée dans mes pensées et dans mon cœur !
    Revenons donc au fait, elle était arrivée à Montpellier avec plusieurs de ses amis, une première fois, puis une seconde fois, au moment ou justement j'avais besoin d'une personne pour discuter, car tout allait de travers... Andrea était absent, je venais tout juste d'apprendre que la vie grandissait en moi. Elle me proposa donc de les accompagner jusque Narbonne. Ce que j'accepta avec plaisir.

    Ce voyage me fit du bien, et Andrea avait montré de l'attention, puisqu'il était venu me rejoindre. Mais rien ne se déroula comme je le pensais. Il a été présent deux jours, puis à nouveau, il disparaît. Le conseil était bien plus important que ma personne... Peut être fuyait-il simplement la nouvelle que je venais de lui apprendre... Je ne comprend pas.
    Tout s’enchaîne très vite, je me sens de plus en plus mal... Heureusement qu'Heaven est présente, ainsi que son amoureux Maiwen, avec qui je créée des liens d'amitié très fort. Il est très présent pour moi, me conseille, me réconforte, et cela me fait du bien. N'oublions pas non plus Xavier, je ne veux pas me l'avouer mais quelque chose chez lui me trouble. Serait ce parce que je me sens tout simplement seule ? Je ne sais plus... Oui je suis totalement perdue...

    Ma relation, avec Andrea, se dégrade de jour en jour... Une proposition de voyage, je l'accepte... M'éloignée, me fera le plus grand bien.

    C'est donc ainsi, que je me retrouve sur la route entre Millau et Lodève, en compagnie de toutes ses charmantes personnes. Tout d'abord, celle qui compte énormément et que je ne quitterais plus, ma douce amie, Heaven, puis son amoureux qui devient de jour en jour, aussi important qu'elle, Maiwen, ainsi que Xavier, avec qui je passe de délicieux moments, Ilaria que je commence à peine à connaitre, mais qui me semble une belle personne. Il y a ceux aussi que je ne vois guère souvent si ce n'est lorsque nous faisons route ensemble, mais avec qui je ne converse que très peu, Arnauld, le vicomte Osadus, et Allena, la sœur de Maiwen.
    Le voyage ne fait que commencer, mais il promet d'être fabuleux, une nouvelle histoire serait-elle en train de s'écrire ?

    Je suis à dos de cheval, moi qui préfère de loin être assise confortablement dans une cabine, à me laisser conduire à la destination que je voulais, mon valet non loin de moi.
    Un léger coup de pied dans les flancs, pour que l'étalon s'avance un peu plus vite près de Xavier, lui faire la conversation, me fera très certainement oubliée l'inconfort de cette selle...
Osadus_eirbal
Janviers 1463... C'est une nouvelle année qui début avec un certain soulagement pour le blond. 1462 fut un désastre et selon lui, rien ne pourra être pire. Du moins il l'espère.
Bien que 1463 débuta avec une rupture assez difficile pour lui, il préféra rester positif, surtout que cette rupture lui avait valu de rencontrer quelques personnes forts intéressantes avec qui il entreprit ce voyage.
De fil en aiguille, le blondinet se retrouva une nouvelle fois à arpenter les routes, une habitude de plus en plus récurrente ces temps-ci.

Pourquoi avait-il accepté de partir, il n'en savait rien. Il avait dit oui sur un coup de tête sans vraiment réfléchir. Après tout pourquoi pas, partir vers l'inconnu il en a l'habitude, alors avec des inconnus, cela ne peut que rajouté du mystère et de l'amusement au final.
Le jeune Eirbal n'est pas du genre à avoir peur de ce qu'il ne connait pas. Il est baigné depuis sa tendre enfance dans la guerre, le sang, et tout ce qui s'y rapporte. Maître dans le maniement de l'épée et des dagues, il n'as pas peur d'un combat.

Ainsi, il se tenait au milieu du convoi. Restant néanmoins le plus clair de son temps seul, laissant quelques mètres de distance devant et derrière lui avec les autres personnes.
Ce n'est pas qu'il ne désire pas se mêler aux autres afin de faire connaissance, après tout c'est quand même un peu le but premier de ce voyage pour lui, mais ces instinct de guerrier primait sur le reste. Il avait été élevé ainsi. Scruter chaque recoins, guetté le moindre mouvement, surveiller chaque bruits... C’était son quotidiens.
Des fois il quittait le convoi au galop, prétextant une envie pressante, pour aller s'assurer que rien ne nous attendais plus loin sur la route ou que rien ne risquait de nous prendre en tenaille. Les habitudes on la vie dure !

Surtout, il redoublait de vigilance parce qu'il avait rencontre quelques jours avant le départ une jeune femme. On ne peut pas dire que le blond en soit amoureux, mais elle l’intéresse assez pour qu'il en perde ses moyens et en devienne timide. Osadus n'as jamais été une lumière en ce qui concerne les relations avec les femmes.
En même temps vous me direz... Avoir passez toute sa vie dans des armée avec que des hommes, ça aide pas !

Bref une année qui commence, un voyage qui débute, une femme qui le trouble... Serait-ce un nouveau départ ? L'avenir nous le dira.

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Heaveen
Un… deux… trois… quatre… vingt-quatre... et elle, vingt-cinq ! Non mais c’est compliqué voyagé avec une troupe aussi grande. Toujours un qui n’est pas là au décompte, à cuvé son vin dans un abreuvoir ou un déserteur parce qu’il a vu une cuisse trop légère ou encore, suffisait de compter sur l’esprit lunatique de son ami Xavier pour oublier l’heure du départ. Heaven s’assurait donc chaque jour qu’ils étaient tous bel et bien là avant de poursuivre ce périple.

Dire qu’elle avait presque parcourus le Royaume entier… Ne restait que quelques endroits encore inexploré comme la Bretagne ou encore, la Savoie. Un jour, à force de cette passion vagabonde, elle pourrait affirmer avoir tout visité ou foulé. Mais ce voyage avait quelque chose de particulier que les autres n’avaient pas eu. Elle allait en Normandie chercher ses derniers effets afin de se rapprocher de sa famille, nouvellement réconcilié avec son père. Cela dit, ils n’étaient pas les seuls qu’elle souhaitait voir tous les jours. Maïwen n’était pas un élément indifférent à cette décision. Chaque jour, elle se confirmait dans ce choix, c’est auprès de lui qu’elle voulait vivre. Languedoc ou ailleurs, tant qu’il gardait sa main dans la sienne cela lui suffisait.

Tout semblait aller pour le mieux depuis qu’ils avaient quittés Narbonne. Une légère halte à Montpellier, une autre était prévu pour voir quelques amis à Limoges. Tous semblaient se complaire dans ce petit dégourdissement de jambes.

Arnault, fébrile aux découvertes, curieux, naïf la faisait bien sourire. Elle adorait ce jeune homme. Une simple rencontre avait suffi à la charmer. Quelque part, il lui rappelait son feu frère Tristan. Est-ce pour cela que son père semblait également apprécier Arnauld ? Une question à elle-même qui lui portait à réfléchir.

Ilaria, amie douce, sage et réservée, avait le sourire facile dernièrement malgré cette ombre que l’ébène parfois pouvait voir passer dans son regard lorsqu’elle l’observait. Elle en devinait le nom de ce démon qui hantait ses pensées parfois puisque à quelques reprises la blondinette avait posé des questions sur l’ex-garde Nicolah. Il ne lui avait pas donné de nouvelles. A personne ou presque d’ailleurs. Peut-être était-ce mieux ainsi, surtout pour Ilaria qui semblait avoir un nouvel admirateur et qui méritait bien plus qu’un homme qui en aimait une autre. Osadus saurait-il faire fondre ce cœur fragile que possédait son amie et qui ne rêvait que de se consumer pour un autre à l’unisson ? Elle l’espérait pour eux deux.

Aude semblait pour sa part s’apaiser de ses nombreux soucis. De tous ceux l’entourant c’était elle qui inquiétait le plus Heaven. Elle savait celle qu’elle considérait comme sa meilleure amie, sa confidente, dans un état de détresse épouvantable. Pour avoir elle-même traversé ces obstacles, elle ne pouvait que comprendre et respecter son état. Cela dit, Maïwen et elle s’était beaucoup rapprochée. Tellement que cela avait même mis une pointe de jalousie en l’ébène. Son amoureux saurait-il se confier encore à elle alors qu’il avait trouvé une oreille plus neutre désormais pour se faire ? Cela dit, elle avait fini par comprendre qu’il avait besoin de cela et Aude également, elle y avait donc pris raison et s’acclimatait doucement à la situation, elle qui n’avait jamais voulu qu’une autre femme approche son homme. Et puis, fallait être idiot pour ne pas voir la façon dont Xavier et Aude se regardait. De cela aussi elle aurait pu être jalouse. Le rouquin n’avait toujours eu ce regard que pour elle, bien que sauf erreur d’interprétation, il semblait beaucoup aimer la flamboyante amie commune. Est-ce que ces deux-là se trouveraient ? Si tel était le cas, les deux y gagneraient. Ils méritaient tous deux de trouver le bonheur plus que quiconque.

Allena se faisait discrète. Rien à dire sur la sœur de celui qu’elle affectionnait à tel point qu’elle avait recommencé à rêver d’un avenir avec lui. Les doutes concernant cette damoiselle subsistait toujours en Heaven mais comme de nombreux autres, elle les murait désormais au silence.

Mis à part les gardes, les cuisiniers ou gens essentiel à leur confort ne demeurait dans cette troupe que les deux personnes les plus importantes de sa vie. Kalianna et Maïwen. Sa fille grandissait à une vitesse incroyable, il semblait à la jeune maman que c’était hier qu’elle l’avait mise au monde et pourtant, Kalianna conversait bien. Tellement bien qu’elle faisait fonctionner son charme sur l’homme qui les suivaient depuis deux mois partout et dont la petite nouait des liens assez fort avec lui. Tellement que cela commençaient à perturber Heaven. Si Maïwen n’était que de passage dans sa vie, la petite en souffrirait tout comme elle. Se rendait-il compte à quel point il avait pris une importance énorme dans la vie des deux sombres Cougain ?

Tout semblait pour le moment bien aller. Demain il arriverait à Rodez et qui sait ce qui adviendrait. Ils avaient pris l’habitude de vivre au jour le jour bien que secrètement, depuis peu, Heaven songeait à la semaine prochaine. Ou le mois prochain. Ou dans les mois qui suivrait ce tout premier…. Que ce soit à Narbonne, Lisieux ou sur un chemin quelconque, sa vie avait changé puisque désormais, elle était remplie de gens qui comptaient, tous à ces côtés pour ce voyage bien qu’aucun n’en avait conscience possiblement.
Ilaria
Des voyages, Ilaria en avait fait. Vagabonde depuis son jeune âge, elle avait déjà fait le tour de la France pour fuir ce qui lui semblait être le pire des endroits, le pire des fléaux. Par un heureux hasard elle avait su trouver Son Chasseur à Bergerac et par un malheureux destin une parole maudite envoya celui-ci au fin fond des abîmes, renvoyant la jeune femme à fuir de nouveau. Les voyages elle les connaissait, pour la plupart ils furent malheureux. Ilaria n'a jamais eu de chance dans sa si jeune vie, elle aima sincèrement une fois seulement et fut récompensée par un titre de sorcière et dotée d'un nom qui la déshonorait au plus au point, celui de Maîtresse.

Aujourd'hui cependant, elle s'apprêtait à reprendre le chemin des routes, mais tout était différent. Ilaria fit la plus merveilleuse des rencontres en trouvant par hasard Maiwen, avocat ténébreux aux multiples visages. Il savait des chose d'elle qu'elle ne confirait jamais et son visage marqué adoucissait au plus haut point la jeune femme. Pourquoi? Parce que ces marques, elles les connaissait, elle savait ce qu'elles signifiaient. Il ne parlait jamais mais elle n'avait pas besoin qu'il se confie pour voir son passé tourmenté, quelques unes de ses craintes et de ses faiblesses. Incontestablement, cet homme était son ami le plus fidèle et sincère, il avait changé du tout au tout le regard d'Ilaria sur le monde et sur la race humaine qu'elle voyait auparavant comme irrécupérable.

Ainsi, Ilaria s'était fait des amis sincères et d'autres non. Elle était fière aujourd'hui de chevaucher près de l'énène Heaven, qu'elle chérissait presque comme une sœur et de vivre quelques fou-rires avec l'assemblée de Languedociens qui seraient du voyage.
Ilaria avait changé, bien qu'elle ne l'avouera jamais, et elle acceptait aujourd'hui l'idée d'aimer et de faire confiance. Ce voyage pour elle était important, elle pourrait renouer avec le Nord, leur direction et renforcer ses liens avec ses précieux amis. Elle prévoyait également de passer par Bergerac, l'une de ses maudites villes pour reprendre quelques affaires à elle et voir une dernière fois la maison qu'elle a habité plusieurs mois. Elle se disait qu'avec le temps, personne ne la reconnaîtrait plus.
Aussi, osait-elle imaginer passer par hasard par le chemin du garde du corps, pour le revoir et lui dire pardon pour cette dispute qu'elle regrettait?
Des voyages, Ilaria en connaissait mais aucun de ceux-ci ne s'annonçaient si bons et si prometteurs, elle attendait beaucoup de celui-là, et il lui apportera surement..
Maiwen
« Cette femme qui cache ses pleurs
Le café coule dans la cuisine
Son patron n’était pas fier
Faut dégraisser, drôle de régime »

Bénabar, Qu’est-ce que tu voulais que je lui dise ?


      [Entre Rodez et Tulle]


Hum, tristounet tout ça. Pas comme ce voyage qui se poursuivait tranquillement. La dernière fois que Maïwen était passé à cet endroit, des brigands avaient organisé une embuscade pour attaquer le convoi qu’il organisait alors. Celui-ci se dirigeait vers le sud. Non sans mal, ses gardes avaient réussi à repousser les brigands, avec l’aide de la plupart des voyageurs qui firent tous de leur mieux pour les aider. C’est aussi avec une pointe d’appréhension que Maïwen patientait, dans la voiture qui le menait en direction de Tulle. La tête d’Heaven était délicatement posée sur son épaule, assoupie. Distraitement, sa propre était glissée dans la chevelure ébène de sa dulcinée. Dieu, qu’il l’aimait. Le soleil, aujourd’hui, devrait déjà être levé depuis bien longtemps mais ne ferait pas son apparition, faute au temps pluvieux qu’ils se devraient d’affronter ce jour. Lui ne dormait pas, un peu inquiet quant à ce qui pourrait advenir sur ce chemin qui avait déjà vu la mort de quelques-uns des siens. Il n’en avait pas parlé à Heaven. Pas de secrets entre eux, certes, mais lui annoncer que ce chemin était à risque ne servait strictement à rien à part à l’inquiéter. Il ne cherchait pas spécialement à la préserver, de façon générale, en considérant qu’il détesterait qu’elle le fasse à sa place. Cependant, dans le cas précis il faisait une exception. Toutefois, le nouveau chef de la sécurité, le vicomte Osadus d’Eirbal, lui faisait une bien meilleure impression que le dernier. Sa pointe d’appréhension était ainsi nuancée par un sourire quand il repensa à la discussion mouvementée qu’il avait eût avec le garde.

Cela remontait à la veille au soir. De façon subtile, Maïwen avait réussit – sans mal, cela ne semblait pas déranger ce dernier d’une quelconque façon que ce soit – à convaincre le vicomte de prendre la tête des gardes. Ceux-ci, en effet, se croyaient bien trop en vacances ou dans un salon de thé au goût du jeune avocat. Et que ça rigolait, et que ça s’éloignait du groupe toutes les cinq minutes, et que ça n’était pas assez vigilent à la route. C’était tout juste si les gardes ne se promenaient pas avec une chope de bière à la main. Le jeune avocat n’avait jamais vu ça. Il avait pourtant organisé et fait partie de très nombreuses expéditions, notamment de marchands, jamais les gardes ne s’étaient montré aussi indisciplinés. Peut-être avait-il été un peu trop vite au moment de l’embauche, quoi qu’il en soit le résultat n’était pas beau à voir. Pire que les cuisiniers de son auberge de luxe, parce que si eux étaient susceptibles à outrance, au point de se mettre en grève, vexés par le caprice d’un client (merci Kye), au moins étaient-ils tout ce qu’il y a de plus compétent. Là, non seulement les gardes étaient capricieux, rechignaient à faire leur travail, et le faisaient sans aucune discipline. Maïwen n’était pas – trop – exigent avec les gens qui travaillaient pour lui, souhaitait simplement que le travail soit bien fait, mais là, « trop c’est trop ».

De la sorte, il avait prévenu le chef de la garde, répondant au fantasque nom de Thomas Le Bruyant. Un grand chauve musculeux aux yeux si bleus qu’il y avait de quoi être terrorisé en les regardant trop longtemps. Pourquoi le Bruyant, le Languedocien n’en avait absolument aucune idée, il ne l’entendit pas une fois gueuler sur les gardes. Tu m’étonnes que ceux-ci fassent mal leur travail, avec un chef pareil. Ce soir, il viendrait le voir, il devrait alors l’attendre à la taverne municipale. Celui-ci avait accepté, en râlant encore une fois, prétextant qu’il n’était pas payé pour supporter les paroles du « patron » en dehors des heures de voyage. Maïwen avait alors haussé les épaules, n’essayant pas de parler plus fort que lui, se contentant de le menacer de renvoi s’il ne venait pas. La ruse, la ruse… Et de façon plutôt miraculeuse, elle fonctionna, la ruse, dans la mesure où Le Bruyant était à l’heure, et déjà complètement torché, au vu des nombreuses chopes alignées devant lui. Décidément, celui-ci enchaînait les gaffes. Cela conforta encore Maïwen dans la décision qu’il envisageait de prendre.


      « Vouliez m’voir ? »


Misère. Décidément, c’est un cas perdu celui-là. Bon courage à Osadus pour le mettre au pas par la suite… Dire bonjour à son employeur, c’est trop compliqué comme ça ? Maïwen fronça les sourcils, ne dissimulant pas son agacement. Il détestait par-dessus tout le reste (enfin presque hein) les personnes impolies. Il mériterait qu’il le renvoie, plutôt que de le rétrograder simplement comme il avait l’intention de le faire au départ. Ses bras se croisèrent, et il prit un air bien d’avantage hautain qu’il n’en avait l’habitude en ce moment. Il rétorqua froidement :

      « Oui, tout-à-fait. Je souhaitais traiter avec vous du… « travail » que vous accomplissez pour moi. »


Travail, travail… Maïwen hésita avant de prononcer ce mot, n’étant pas bien persuadé, loin de là, que l’homme considérait être au travail avec lui. Du moins, comme vous le savez déjà, en apparence c’était loin d’être le cas. En face de lui, l’homme ne sembla pas agacé, mais sa bouche forma un rictus tout ce qu’il y a de plus déplaisant à regarder.

      « Abrégez, abrégez… j’en ai rien à faire d’vos foutues belles tournures d’phrase d’avocat moi. »


Cette fois, sa remarque provoqua un soupire chez l’employeur. Il aurait mieux fait d’envoyer quelqu’un faire le sale boulot à sa place, oui. Là, c’était un coup à se manger une mandale en pleine face hein, pour peu qu’il soit un tant soit peu susceptible, ce qui n’étonnerait absolument pas Maïwen. Il décroisa les bras, posant les mains à plat sur la table qui les séparait.

      « Fort bien. Je trouve que vous n’êtes pas suffisamment compétent dans le rôle de chef, Thomas le Bruyant, aussi ai-je décidé de vous rétrograder. Vous n’êtes plus qu’un simple garde, à présent. »


L’autre sembla exploser sur place. Devenant rouge comme un pivoine, comme une tomate, rouge comme le soleil couchant, bref rouge comme ce que vous voulez, mais rouge quoi, il se leva « d’un bon ». L’homme faisait bien deux mètres. Maïwen joua les durs, et resta de marbre, même si au fond il était bien inquiet. Bah oui, il n’était pas un surhomme hein. Il avait peur, était impressionnable, comme tout le monde. Mais voilà, il avait appris à le cacher en bon avocat et en bon ex-hérétique.

      « QUOI ?! Vous foutez d’ma gueule ?! »


Maïwen haussa les sourcils. C’était de mieux en mieux cette histoire. Bon, au moins, la réaction n’avait pas été un point dans sa… gueule, justement. Il parvint à garder un ton calme, malgré son agacement et la trouille que Le Bruyant (qui finalement, portait bien son nom) lui infligeait.

      « Absolument pas. Votre successeur est le vicomte Osadus d’Eirbal de Valerius, qui sera, je n’en doute pas, bien plus efficace que vous dans les fonctions de chef de la garde. Cela n’est pas difficile. »


Eh beh, finalement, il n’était peut-être pas si rouge que ça le monsieur, parce qu’il le devint encore d’avantage. Si Maïwen n’était pas si agacé, sans nul doute serait-il amusé par la colère qu’il jugerait enfantine de l’homme. Là il ne jugea pas grand-chose.

      « Ouais, bah, vot’ vicomte au nom à rallonge, il peut bien aller se faire voir ! Moi, j’me casse, m’avez pris pour de la simple troupaille ou quoi ?! »


L’avocat s’enfonça dans son siège. Eh bien, qu’il s’en aille. Ce n’était sans doute pas plus mal comme ça, sûr qu’il homme pareil allait provoquer une mauvaise ambiance au sein du groupe et empêcher le vicomte de mettre le reste des troupes au pas. Enfin, ça, ça aurait été à prouver… Quoi qu’il en soit, sa réaction ne déplaisait pas tant que ça à Maïwen.

      « Grand bien vous… »


Il n’eût pas le temps de terminer sa phrase, que l’autre fila, en claquant violemment la porte derrière lui. Cela le fit ricaner. Concluant, il dit, pour lui-même :

      « Abruti. »


Puis il se leva, et quitta l’auberge sans autre forme de procès. Le lendemain, juste avant le départ, juste avant d’aller rejoindre la voiture où étaient entre autre Heaven et Kalianna, désireux de passer du temps avec eux, il s’était de façon brève adressé aux gardes encore endormis, aux côtés du nouveau chef de la garde.

      « Pour ceux qui l’ignorent encore, votre ancien chef, Thomas le Bruyant, a quitté ses fonctions. Son remplaçant est le vicomte Osadus d’Eirbal de Valérius. A lui la lourde tâche de vous apprendre votre propre travail… »


Un peu arrogant, le brun ? Certainement. Mais il était agacé. Préalablement, il avait dit au vicomte qu’il lui faisait confiance, non seulement pour faire en sorte que les gardes fassent leur travail ce qui ne l’inquiétait nullement, mais aussi pour tester leur loyauté. Ne tenant pas compte des ronchons qui râlèrent, ne prenant pas non plus la peine d’y répondre, il inclina la tête pour Osadus, puis rejoignit sa confortable voiture, peu désireux ce jour de chevaucher, du moins pour le moment.

Sa main dans celle d’Heaven, c’est avec sourire aux lèvres qu’il attendait plus ou moins patiemment que le convoi les mènent à Tulle, puis à Limoges, où ils pourraient revoir diverses personnes comptant beaucoup à leurs yeux.

_________________
Ilaria
Sur les chemins tout était au mieux. Il y avait toujours de l'animation dans le groupe, entre les cuisiniers qui se battaient à quelle sauce serait le menu et les gardes plus ou moins impliqués dans leur travail, le groupe avançait vers Limoges et Ilaria était comme un poisson dans l'eau. La seule chose qui la questionnait, c'était le nouveau, Osadus. Elle le voyait pendant la marche un brin curieuse et observait l'inconnu et ses manières. Quand son regarde croisait le sien, il détournait celui-ci et continuait sa marche sans rien dire. Parfois sans comprendre il partait au loin avec son cheval, besoin de s'isoler? Elle s'interrogeait.
Le voyage se passait bien, il y a une bonne entente entre tout le monde mais Ilaria était déçue de voir le soldat solitaire marcher à l'écart, rester distant. Parfois d'un jeu malicieux elle faisait en sorte que leur yeux se croisent pour lui adresser un sourire et le mettre en confiance, cela ne fonctionnait pas toujours... Alors arrivés à Limoges elle prit le taureau par les cornes et se décida à lui écrire. Elle se disait qu'il était temps d'apprendre à connaitre le soldat solitaire, ses petits yeux perçants n'ayant pas réussit à l'attirer, la lettre devrait faire son effet.


Sans tarder elle prit sa plume. D'un naturel élégant elle s'assit, releva de façon tout à fait féminine ses cheveux puis, elle trempa la plume dans l'encre, et ce délicat mouvement annonçant une lettre formidable fut interrompu d'un coup sec:

Qu'est ce que je vais bien pouvoir dire.

Voilà qui est fait. Elle resta devant son parchemin, la plume en place prête à onduler pour former une gracieuse lettre, mais la quelle. Il y a des dizaines de façons de commencer une lettre, bonjour, mon cher, non bien trop familier, Ilaria avait le sens des conventions. Mon ami. Non c'est idiot ils ne sont pas amis. Mais s'il pense qu'ils ne sont pas amis il pourrait se brusquer. Sont-ils amis? Cher Osadus. Non pas cher, ça aussi c'est idiot. Osadus. Non trop familier. Si Heaven l'appelle Mestre ce n'est pas pour qu'une tavernière l'appelle par son prénom.
Ilaria regarda la lettre vide, la plume s'enfoncer de plus en plus profondément dans le parchemin et fit de gros yeux, eux, bien moins féminins.


Bon sang je ne vais quand même manquer de vocabulaire pour une lettre amicale.

Elle secoua la tête et se mit finalement à agir. Elle vit tout d'abord le trou sur sa feuille du à la longue minute de réflexion, mit en boule ce papier et en prit un autre pour enfin écrire.

C'est parti.

Après une dizaine de papiers torturés et une crise de nerf pour une lettre mal formée, Ilaria réussit enfin à écrire quelque chose de potable. Non pas qu'elle veuille se faire remarquer, pas du tout, mais il y avait un certain style à respecter, il fallait quand même faire bonne impression.. Non mais.



Sieur Osadus,

Voici une semaine que nous voyageons ensemble et j'aimerais prendre de vos nouvelles pour savoir si ce voyage vous plaît. Je n'ose que trop rarement venir vous parler, il est vrai, mais en vérité je me demande si vous accepteriez que nous discutions ou si vous préférez rester à l'écart, peut-être par habitude. J'espère qu'à l'avenir, nous pourrons apprendre à nous connaitre, ce voyage promettant d'être long, je m'en voudrais que nous ne nous entendions pas...

Je vous souhaite une agréable journée,
Ilaria Larzillière.


Court, efficace. Bien.

Ilaria se leva d'un air assuré et alla rejoindre la troupe, lettre en main.
Katja
    [Capitale Limousine... Janvier 1463]

    Nous étions arrivés depuis quelques jours à Limoges, des souvenirs remontent pour la plupart des bons. L'un d'entre eux, est assez particulier. J'étais revenue ici, il y a de cela quelques mois, en compagnie d'Andrea. Il devait récupérer ses biens, pour pouvoir emménager ailleurs, enfin pas la totalité de ses biens, il en avait laissé quelques uns dans ses appartements. Enfin quoi qu'il en soit... C'était un retour en la capitale particulier, puisque je me trouvais avec l'homme que j'aimais, que j'aime toujours soit dit en passant. Nous y avions passés quelques nuits, avant de reprendre route vers le Languedoc. De douces nuits, pleines de tendresses... Mais tout cela est bel et bien terminé !

    Oui aujourd'hui les choses sont différentes, je suis toujours en compagnie des mêmes personnes, Andrea n'est bien entendu pas là, et depuis plusieurs jours, je n'ai aucune nouvelles de lui. Une habitude à présent, qui commençait à m'agacer au plus haut point. Certes je l'aimais, mais était ce une raison pour vivre ainsi ? Non, comme mes amis me l'ont dit, je mérite mieux.
    La décision est prise, ô combien douloureuse, mais elle est prise, et je pense irrévocable. Après tout si il tenait un peu à moi, il me montrerait plus d'attentions. Là j'en ai pendant deux, trois jours, plus pendant des semaines rien. Et encore, si vous appelez cela de l'attention, il se moquait littéralement de moi... Il revient, comme une fleur, me donnant tous les tords, c'est moi l'exigeante, moi qui suis trop demandeuse, trop capricieuse... Mais oui, bien entendu, les femmes ont toujours tord. Bref...

    Il était temps... Oui temps, de mettre fin à toute cette mascarade. Depuis des semaines, je souffre... Depuis des semaines, je me sens mal, même si je ne le montre pas obligatoirement... Depuis des semaines, je songe... Je songe à cette rupture qui me semble à présent, inévitable.
    Je suis dans ma chambre, dans les appartement de Maiwen, là face au pupitre, parchemin face à moi, plume à la main, encrier sur le côté... Et je songe une fois de plus, je ne sais comment formuler mes mots, en ai-je réellement la force ? Je l'aime c'est indéniable. Il est le premier, peut être même l'unique... Je porte son enfant, est ce bien sage de tout arrêté maintenant ?
    Ma conscience qui se manifeste, toujours quand je n'en ai aucune envie, me dit qu'il faut que je retourne à Narbonne, que j'aille lui parler face à face, que les lettres n'apportent rien de bon, car on ne peut y déceler réellement ce que pense l'autre, tout peut être mal interprété, ou l'on ne ressent pas forcément l'émotion que l'autre voulait faire passer...
    Mais ce que ma conscience ne comprend pas, c'est que je n'ai aucune envie d'y retourner, il m'a bien trop blessée. Et j'ai cette impression qu'il ne m'aime pas comme moi je l'aime. A quoi bon continuer, il me faudrait resté avec lui pour la bienséance, pour ma réputation, et que je sois malheureuse toute ma vie, parce que ce dernier me traite comme une autre, ou plutôt une moins que rien, parce que ce dernier ne se montre que quand il le souhaite, qu'il préfère le conseil à ma personne, peut être qu'une demoiselle lui plait la bas, pour ça qu'il lui accorde autant de temps... Oh je perds pied à nouveau !

    Les larmes ne peuvent s'empêcher de couler en repensant à tout cela. Mais qu'ai je bien pu faire pour mériter tout cela ? Pourquoi le très haut me punit ainsi ? Parce que j'ai fautée, j'ai offert ce qui m'était précieux à un homme que je connaissais à peine, et je ne parle pas d'Andrea... J'ai bien assez honte, alors pourquoi me le fait-il payer en me mettant sur le chemin d'hommes que je pense, ne pas mériter ?

    Que faire ?

    'Écris lui que tout est terminé, fais le pour ton bien ! Tu n'as pas à subir tout cela, trouves toi un homme meilleur. Peut être est-il déjà dans ton entourage ? Ouvre tes jolies yeux bleus, observe aux alentours... Qui te trouble ? Qui pourrait te mériter ? Il est là, j'en suis certaine... Tu n'as juste qu'à te laisser porter... Fais le, tu te sentiras bien mieux !'
    Non mais d'où sort cette petite voix, ce n'est ni ma conscience, ni ma déesse intérieure... D'où provient-elle ? que me veut-elle ? De qui parle-t-elle ?
    Une chose est sûre, et elle a raison... Je dois lui écrire, je n'ai pas à subir tout cela. Mais mon cœur... Non ! C'est décidé !

    Je trempe ma plume dans l'encrier, pour y apposer les mots qu'il faut... Seront-ils bien formulés ?
    Cesse donc de te poser mille et une questions !
    A mesure que les mots sont apposés, les larmes ne peuvent s'empêcher de couler, faisant ainsi couler l'encre à quelques endroits... Les mots seront-ils assez lisibles ?


    Citation:
    Andrea,

    Il est temps. Ou l'heure, comme vous disiez si bien.
    L'heure pour moi de prendre des dispositions à votre encontre. Je vous aime, bien plus que je ne l'aurais pensée, mais les choses ont changées entre nous. Vous avez changé.
    Vous pouvez remettre la faute sur ma personne, autant que vous le souhaitez. Mais vous savez que vous êtes le premier fautif dans l'histoire. Vous m'avez abandonnée, ce mot est peut être dur, et lourd de sens, mais c'est exactement ce que j'ai ressentie, de l'abandon. Vous avez préféré le conseil, un travail, qui prend certes du temps, mais qui ne vous apportera pas d'amour... A ma personne. Vous m'avez complètement délaissée pour un boulier et des papiers, des calculs, et je ne sais quoi d'autres.
    Vous, qui me disiez avoir peur de me perdre à l'accouchement. Vous faites faux pas, sur faux pas. Vous le savez, je ne cesse de vous le dire, mais vous ne cherchez pas à arranger les choses, bien au contraire, vous vous enfoncez un peu plus chaque jours.

    Vous me donnez des nouvelles, quand vous l'avez décidé. Ce n'est pas ainsi que ça marche, à mon sens, pour avoir une bonne relation, saine, il faut savoir prendre le temps de s'occuper de l'être aimé. Si vous l'aimez un tant soit peu. Ce que je doute.

    Andrea, vous l'aurez compris, je pense. Ou vous ferez une fois de plus, semblant de ne pas comprendre. J'arrête tout, maintenant. Je ne peux plus vivre ainsi, vous vous moquez totalement de moi, de ce que je peux ressentir. Qu'il en soit ainsi.

    Aude.


    Ma signature est apposée à la toute fin, mon regard se pose sur la fenêtre de ma chambre, humide et à la fois vide... Tout était bel et bien terminé à présent... Mais j'en souffrirais encore pendant un long moment, oui parce que malgré tout, je suis folle amoureuse de cet homme. Pourquoi le quittait ? Parce qu'il ne fait tout simplement pas attention à moi...

    La fin d'une histoire, mais certainement pas de ma vie, et de mon histoire, qui s'écrit chaque jours, et qui est très loin de se terminer... D'autres histoires, beaucoup plus belle viendront à la suite de celle ci, à n'en pas douter.





Heaveen
[Limousin, les aller/ retour vers Bourganeuf]

La noirceur l’enveloppe. Le silence règne depuis plusieurs heures. Le seul bruissement est celui de son corps qui n’arrive pas à trouver le sommeil et qui froisse les draps. A plusieurs reprises son regard perce les ténèbres de cette chambre pour trouver réconfort contre la silhouette de son homme qui pour une fois semble dormir paisiblement. Elle s’en veut. Elle risque de le réveiller. Elle hésite même à plusieurs reprises à se lever et trouver refuge dans le fauteuil non loin afin de lui permettre de passer une meilleure nuit que la sienne. Pourtant, elle n’y arrive pas. Quitter la chaleur ainsi que le réconfort de sa présence, impossible.

Ce soir, elle se sent fébrile. Comme de nombreuses autres nuits où elle n’en avait pas parlé à Maïwen. Penserait-il qu’elle lui avait caché cela aussi ? Il aurait raison si tel était le cas bien qu’il savait le plus important. Elle n’était pas à l’aise avec la situation qui se découlait depuis leur départ de Limoges.

Pourtant, elle avait si bien commencé. Comme chaque soirée ou presque, Heaven avait retrouvé l’élu de son cœur dans une des tavernes de la Capitale. Ils s’étaient peu vus les derniers jours. Elle était occupée à régler quelques détails pour le voyage qui reprenait son cours dans la matinée du lendemain et lui, profitait de Victoire, Véra et de ses amis qui faisait halte dans les environs. De cette petite troupe était du nombre Elisa L’ébène ne l’avait que croisé à quelques reprises et toujours très brièvement, à Montpellier. La Malemort avait quitté très peu de temps après son arrivée. Heaven n’avait donc pas d’idée fixe sur sa personne et encore moins sur la relation qui l’unissait à son amoureux. Maïwen lui ayant toujours parlé d’elle comme une amie chère à son cœur. Donc pour elle, cela s’arrêtait là. Aucune jalousie, aucune suspicion ou autre perplexité négative du genre. A quoi bon, ils étaient amis et la dame en question avait un chevalier à son bras. Aucune raison de chercher plus loin.

Heaven avait pris des nouvelle à Maïwen sur sa journée, sur sa rencontre avec son amie. Tout s’était bien déroulé lui avait-il confié. Il avait été ravi de la revoir et de reprendre de ses nouvelles. La discussion en avait été close là. Aude et Xavier les avait rejoint ainsi qu’Ilaria brièvement. L’atmosphère était détendue, cordiale et enjouée. Jusqu’à ce qu’Elisa passe la porte. Réservée, détachée et indifférente, elle avait pris place parmi le petit groupe. La main d’Heaven dans celle de Maïwen était demeurée mais ce fut là le seul signe d’intérêt qu’il lui porta désormais. Malgré la pression qu’elle effectua à quelques reprises ou des regards qu’elle lui lança, il resta indifférent à ses attentions. Il n’avait d’yeux que pour cette femme qui semblait jouer d’autant d’impassibilité que Maïwen vis-à-vis d’elle. Si pour une fois, Heaven demeura calme malgré cet affront ( si si, c’est possible ! Tout calme, pas un mot plus haut que l’autre, la froideur extérieure pour mieux bouillir à l’intérieur ! ), Il n’en alla pas autant pour l’homme outré de l’indifférence de son amie. Et qui se prit le caractère enflammé du rejeté ?! L’ébène naturellement ! Quelle ironie, n’est-ce pas ?

La Cougain avait gardé son calme, comment ? Elle-même ne pourrait sans doute pas répondre à cette question. Elle le savait bouleversé, elle règlerait cette histoire plus tard. Elle prenait sur elle la situation désarmante. Lorsqu’il avait voulu aller saluer Victoire, elle lui avait donné congé, refusant de l’y accompagner. Il avait claqué la porte, la laissant avec Aude et Xavier sans qu’ils ne puissent commenter, l’ébène les y empêchant. Elle avait besoin de réfléchir. Pourquoi Elisa, qui apparemment avec Maïwen avait passé de bons moments joyeux, était soudainement si froide et détachée ? Surtout qu'ils ne se reverraient pas avant un moment tous les deux, leurs routes se séparant dans quelques heures. Est-ce la présence d’Heaven qui l’avait mise dans cet état ? Si oui, cela n’annonçait rien de bon…. Et l’avocat, pourquoi soudainement autant d’indifférences à son égards ? Jamais il ne l’avait ignoré de la sorte. Toujours très avenant auprès d’elle, là, il n’avait même pas daigné poser un regard sur elle ! Des amis ?! Foutaise !!! Ou il lui cachait quelque chose. C’était aussi une possibilité mais qui ne lui plaisait pas pour autant. Mais y’avait anguille sous roche, elle avait beau être amoureuse, elle n’était pas stupide.

De mauvaise compagnie puisqu’elle s’était refermée sur elle-même, sentiment de défense toujours activé chez elle afin de prévenir la douleur, elle avait quitté les deux futurs amoureux ( on garde espoir que Aude et Xavier soient amoureux ) pour aller saluer Victoire où Maïwen se trouvait déjà. Elle lui avait donné de sa sauce. Pas un regard, pas un poil dressé à son intention. Rien ! Hautaine, indifférente, comme si elle ne le connaissait pas et qu'il n'était pas mieux qu'un rat mort sur le pas de la route ! Niak ! C'est ça mettre une Heaven en colère ! Cela n’avait pas été très long avant qu'une réaction se déclenche, il avait craqué et lui avait ordonné de le regarder. Nul doute que ceux présent dans cette nouvelle taverne avait compris que quelque chose n’allait pas dans ce couple explosif. Elle avait contribué à sa demande cela dit, lui avait accordé un entretien privé et un regard….

La tristesse, la colère et l’incompréhension se lisaient dans ses yeux. Elle tenta de lui expliquer ce qui n’allait pas. Quelle idée elle avait eu de tomber amoureuse d’un avocat ! Y’avait-il une personne plus têtue qu’un juriste ? Il ne voulait comprendre. Pourquoi ? Cela impliquerait-il de révéler de sombres secrets qu’il ne souhaitait pas ? Elle ne savait plus que penser. Et de tout en blanc, il lui lâcha par exaspération : « C’est ça, je suis amoureux d’elle. » Aie aie aie…Le calme olympien même pendant cette recherche de compréhension se volatilisa. Elle explosa, tel le volcan endormi depuis trop longtemps et qui avait pourtant donné les signes d’éruption. Jamais il ne l’avait mise dans une telle rage. Ils s’étaient toujours plus ou moins compris, faisant des compromis ou tâchant de relativer pour l’autre même s’ils ne partageaient pas nécessairement son point de vu. Mais pas cette fois. Il ne voulait faire aucun effort en ce sens. Elle avait tort. Elle l’agaçait. Point à la ligne ! Oui ?! Bien lui aussi ! Quel connard !

Elle avait tourné les talons, avait fait peut-être même sortir la porte de ses gonds tellement elle l’avait claquée fortement en partant. Digne sortie théâtrale mais le drame qui se jouait lui était bien réel. Lui avait-il dit cela pour la faire taire ou était-ce le prémisse d’un aveu ? Ses craintes étaient-elles fondées ? Elle ne savait plus que penser encore une fois. Il la retrouva au bout d’un moment, cherchant à apaiser cette lave qui ravageait son cœur. Exténuée par la dispute, accablée par les doutes, elle céda. Ils verraient à rediscuter de cela un prochain jour. Peut-être qu’à froid, ils arriveraient à se comprendre.

Vivre sur un chemin sans savoir où l’on va est difficile. Mais sachant que ce dernier est truffé de mines est exténuant. Quand elle recevît une missive, en réponse de la sienne précédente, de son frère, le barrage céda. Flora se trouvait à Dijon. Était-ce pour cela que son charmant avocat du diable (parce que oui, il commençait à prendre cette tournure), avait soudainement décidé de gagner cette ville pour revoir cette amie qui ne cherchait qu’à les détruire ? Après la tempête Elisa, voilà l’ouragan Flora. Quelqu’un avait sauté le prénom masculin dans la suite des déchainements des éléments. Elle était confuse cette fois, anéantie. Avait-il fait exprès de lui cacher ce détail ? Le savait-il seulement ?

Cela ne pris que le temps de le trouver pour qu’elle s’informe des véritables motifs qui le menait dans cette ville. Un seul nom retenti, la Comtesse Gabrielle. Heaven eut donc un doute, il ne savait peut-être pas pour son amie la fausse-rousse. Devait-elle lui dire ? Ils s’étaient promis aucune omission, aucun mensonge. Mais si elle lui disait cela alors qu’ils n’avaient pas tout évacué l’eau d’Elisa dans le bateau, ce dernier ne risquait-il pas de couler ? Assurément, il ne verrait que jalousie de la part de l’ébène alors que ce n’était pas tout à fait cela. Certes elle n'aimait pas voir une femme, quelqu'elle soit, tournée autour de son homme. Si cette dernière, comme Flora, avait tendance à vouloir à tout prix nuire à son couple, encore plus ! Mais en ce moment il n'était pas question de jalousie mais d'acharnements. Elle ne s’était pas renseignée sur ce que faisait la Montbazon, elle était sortie de sa vie et ça lui allait très bien. Mais de savoir qu’elle était comme l’épée de Damoclès, attendant le premier faux pas pour trancher les liens qui les unissaient l’agaçait. N’était-ce pas normal ?

Le lendemain, la question fut résolue d’elle-même. Maïwen lui annonça que Flora se trouvait auprès de Gabrielle. Heaven ne lui menti pas. Elle savait tout cela. Elle le lui avoua. Cela ne pris pas deux minutes qu’il demandait à la voir seul à seul, une fois de plus. Il lui en voulait, naturellement. Comment faire autrement ? Elle avait failli à sa promesse. La seule qu’elle lui avait faite. Pas sans bonne raison mais tout de même. Il avait compris mais… elle ressentait cette pointe de désappointement, ajoutée à la houle des derniers jours.

Plusieurs heures après cette discussion, elle était à réfléchir tout contre lui, le sommeil la fuyant sans même la narguer. Il ne viendrait pas troubler ses réflexions. Ils avaient traversés déjà beaucoup d’épreuve. Et plus elle se livrait, se bataillait pour cet homme, plus elle était vulnérable. Elle le ressentait bien et cela la perturbait au plus haut point. Peut-être que cette histoire, malgré beaucoup d'amour, de complicité et son intensité, n’était qu’un leurre. Peut-être qu’ils n’étaient pas fait pour surmonter tout cela. Peut-être qu’ils en avaient envie tous les deux mais leur destiné était tout autre.

Son regard se perdit contre ce visage endormi. Elle avait envie de pleurer, cette brûlure sous ses paupières était lancinante. Si leur couple n'était qu'un leurre, pourquoi avait-elle la sensation de ne jamais avoir aimer aussi fort avant lui ? Est-ce que cela aussi n’était que fiction ? Le réveil après la passion devait-il être si douloureux ? Était-ce le commencement de la fin ? Elle soupira. Un choix allait devoir se faire. Soit elle cherchait à découvrir l’énigmatique boite qu’était Maïwen tout en ne sachant ce qu’elle pourrait découvrir et que très certainement ne lui plairait pas. Soit, elle gardait ses œillères amoureuses, ne cherchait pas à savoir plus que son cœur qui battait pour lui. Était-elle seulement prête à vivre avec les conséquences d’un choix comme de l’autre ?

Elle se blottie tout contre lui, enfouissant son nez dans son cou. Son odeur embauma son esprit. Son cœur s’accéléra par la crainte de ne jamais perpétuer un de ces moments. Elle ferma les yeux et chercha à vider son esprit. Si seulement elle avait pu trouver le repos et ne pas penser. Demain sera une dure journée…à n'en pas douter
Arnauld
[Et ron, et ron, petit patichon]

Arnauld avait, comme on dit, le sommeil lourd. Cette nuit-là, cependant –ou était-ce déjà le matin ? – il ne cessait de se retourner sur sa couche, se débattant avec les angoisses d'un cauchemar. En tendant l’oreille, on pouvait l’entendre marmonner :
« I’ chont… pa’tis… Chont… patis… chont patis… »

Tout cela est bien mystérieux. Que se passait-il dans cette petite caboche ébouriffée d’adolescent ronfleur ? Quel mauvais rêve le tourmentait ? Voyez plutôt.

Arnauld se réveille – dans son rêve, j’entends - dans la belle ville de Patay au nom si inspiré et si inspirant. Mais voilà : nulle trace de ses compagnons de route, nulle odeur chevaline venant lui titiller la narine comme lorsqu’il s’endort dans l’écurie (on est palefrenier ou on ne l’est pas), nul brouhaha tel que celui provoqué par l’agitation du départ. Il faut se rendre à l’évidence, ils sont partis sans lui.

Comment ! Le voici seul au milieu des Patichons, comme le patichon qu’il est ? Il se lève, il court, il appelle – Nom de nom (patichon), y a personne ? Par Aristote ! Revenez !

Pauvre garçon, il crie dans le vide. Vraiment ? Un vieillard dont la longueur de la barbe force le respect, malgré un vague ridicule au regard de la mode du temps, vient d’apparaitre devant lui. Il arque un sourcil vénérable devant le jeune brun qui s’égosille et lui fait signe de se taire.

- Tu me casses les oreilles, petit ronchon ! C’est comme ça qu’on salue son prophète ?
- Aristote ?
- Qui d’autre, espèce d’ânichon ?
- Patichon !
- Pardon ?

Un blanc.
- En voilà des fachons – des façons !
- Ichonpatichanmoi !
- Articule, voyons.
- Ils sont partis sans moi !
- Pas étonnant. Mollasson.
- Mais…
- Regarde-toi, tu t’empâtes, maigrichon !
- Je… Hein ?
- Un vrai patachon.
Oh. Et si…
- Attendez, vous ne seriez pas en train de vous moquer de moi parce que j’ai ri des Patichons ?
Hochement de tête plein de gravité – et d’un poil de gouaillerie – du barbu prophétique.
- Non, pour de vrai ? Et donc vous m’abandonnez à Patay pour me forcer à devenir patichon moi-même ?
- Tu méritais une lechon, mon garchon.


Interloqué, le petit Arnauld. On ne plaisante donc jamais chez le Très-Haut ? Il l'aurait bien demandé à son prophète, mais celui-ci s’était déjà évaporé. A sa place, il y avait le visage bougon de Mathieu, un des palefreniers du voyage, qui lui secouait l’épaule pour le réveiller, tandis que notre ensommeillé comprenait, en même temps que les cris du jeune homme – quelque chose comme « par Aristote, si on veut que les chevaux soient prêts pour le départ, faudrait bien se remuer » - que non seulement il n’était pas condamné à patauger en terre patichonne, mais que sa mésaventure aristotélicienne n’était qu’un mauvais rêve. Ce ne pouvait assurément pas être le véritable Aristote qui lui était apparu, n’est-ce pas ? Bien sûr que non. Patichon.
Katja
    [Saumur...Février 1463]

    Le voyage se poursuit, avec plusieurs arrêts, plusieurs retour en arrière pour des personnes qui ont oublié de suivre, surement endormi lors du départ, ou comme l'a suggéré Xavier ce jour là, une bonne compagnie, ou encore un peu trop d'alcool. Quoi qu'il en soit, le voyage s'éternise, et je dois bien l'avouer, je commence fortement à fatiguer. J'ai l'envie de rentrer, pour me reposer, cette grossesse me fatigue, pourtant je n'en suis qu'à ses débuts. Mon petit ventre commence à s'arrondir, légèrement, ceux qui ne connaissent pas mon état, ne peuvent le deviner...

    Quoi qu'il en soit, depuis plusieurs jours, la maladie me frappe de nouveau. Je ne garde rien dans le ventre, et non ce n'est point la grossesse, je suis bel et bien malade. Aujourd'hui, je vais mieux, fort heureusement, je pourrais à nouveau sortir. J'ai d'ailleurs appris la veille que Xavier s'inquiétait de ne pas me voir, ce qui me touche fortement.
    Ah Xavier... Je ne pourrais dire ce qui se passe réellement, ce que je sais, c'est que j'apprécie sa compagnie, les discussions que nous avons et tous les moments que nous passons ensemble. Il est fort agréable à cotôyer. Et cette après midi, elle fût parfaite.
    Après plusieurs jours sans le voir, il fait son apparition alors que j'étais en train de lui écrire. Ce qui me fait extrêmement plaisir, des petits papillons qui virevoltent à l'intérieur de mon ventre... Oui je vous l'accorde, c'est d'une niaiserie, mais c'est ce que je suis. Tout cela pour dire, qu'il y a un petit quelque chose qui se produit lorsque je le vois, c'est inexplicable, je ne comprend pas moi même ce qui m'arrive. Suis je réellement en train de m'attacher à lui, en train de tomber amoureuse ? Ou est ce parce que je suis seule, délaissée par celui que j'aimais, le premier, dont je n'ai plus de nouvelles ?
    Imaginez vous, écrire une lettre de rupture, ce n'est jamais facile, surtout lorsque les sentiments sont forts, mais lorsque vous n'avez plus le choix. Que vous sentez que tout est perdu, qu'il n'y a aucun espoir pour que cet homme vous aime en retour, comme vous l'aimez ? Y a-t-il un autre recours ? Attendre, qu'un déclic se fasse ? Rester avec lui, et souffrir ? Non, je ne pense pas...

    Revenons à cet après midi, qui fut merveilleuse à mes yeux. Cet homme que j'apprends à connaitre, chaque jour durant. Lui qui sait me faire oublier tout ce que j'ai endurée durant ces derniers mois. Vous imaginez vous, à quel point cela peut vous faire un bien fou, d'être simplement à ses côtés, discuter de tout et de rien, d'en découvrir d'avantage sur lui, sur sa façon d'être, et l'apprécier de plus en plus. Nous passons un moment à discuter en taverne, j'en profite pour lui offrir un petit cadeau, ce n'est qu'un simple recueil de poésie, mais je voulais lui faire plaisir, et cela n'a pas manqué. Je ne peux qu'en sourire, je suis heureuse... Oui il me rend heureuse, à sa façon. C'est étrange.

    Bref, après avoir passé un moment en taverne, nous en sortons pour une petite balade, j'ai l'envie de prolonger ce moment avec lui. Une invitation qu'il accepte avec plaisir, et nous voilà, tout deux, à se promener dans les rues de Saumur, à la recherche d'un endroit calme et agréable, pour pouvoir faire la lecture du recueil que je lui ai offert. Ce moment de partage promet d'être magique, enfin je l'espère.
    J'ai entendu parler du lac, il me semble que ce lieu est propice au calme... Nous en prenons donc la direction. Je resserre mon châle sur mes épaules, il fait frisquet, mais pour être à ses côtés, je suis prête à braver le froid, courageusement... Juste pour prolonger ce moment exquis. Mon bras glissait sous le sien, fait que nous sommes proche, et j'aime beaucoup cette proximité... Vous allez certainement vous demander ce que je n'aime pas... A dire vrai, pour le moment rien !
    Nous nous approchons du lac, l'air est vivifiant, je l'hume, cela me fait du bien... J'aime la nature, en être proche, écouter les sons qu'elle apporte. Et en sa compagnie, c'est encore plus appréciable. Nous nous installons, face à l'étendue d'eau, mes yeux se tournent vers lui... ce qu'il est beau. Et mon sourire, je ne peux l'effacer, je dois ressembler à une idiote, une petite fille émerveillée devant un bel homme. Installée à ses côtés, il en sort le petit livre de la poche intérieur de son mantel, l'ouvre doucement... Ses doigts qui caressent les pages du livre... Hum et si...

    Non Aude, ne commence pas à penser ainsi ! Ce n'est pas décent ! Il ne te voit pas ainsi, tu es une amie... Ses doigts ne couront jamais sur toi... Cesse de rêver !

    Cette conscience, un jour je l'écraserais de ma main, tel un moucheron ! Ce qu'elle peut être agaçante... Je soupire intérieurement "Fou moi la paix !"

    Lui, entame la lecture, je suis là pendue à ses lèvres :


    Citation:
    Helas amour pourquoy
    Environnes d'ennuiz
    Moy qui ne veux ne puis
    Resister contre toy?

    Loué tu serois bien
    De vouloir molester
    Ceux qui au pouvoir tien
    Presument resister.

    Je scay que ta pitié
    Incessamment me fuit,
    Car froyde est l'amitié
    Si le tourment ne suit.

    C'est dont les maux je sens
    Que tu me fais avoir,
    Qui sans mort recepvoir
    Tousjours ilz sont naissans.

    Vien vien contre moy donq
    En ire t'enflammer.
    Le mal sera bien long,
    Si je laisse d'aymer.

    François Bérenger de la tour d'Albenas En Vivarez.


    Et nous continuons ainsi la lecture... Quelques poèmes ici et là, pour ensuite nous séparer pour un temps, nous nous retrouverons, soit pour la route, soit pour à nouveau partager un moment des plus agréables...



Arnauld
Le jeune brun n’était pas particulièrement quelqu’un de frileux, même s’il avait grandi dans la douceur du climat des côtes languedociennes. Pour tout dire, il avait même tendance à apprécier le frisson suscité par le passage d’un vent frais sur son visage, sur sa nuque, à travers ses vêtements ; tandis que son corps, à l’intérieur, travaillait à produire la chaleur qui compenserait le froid extérieur, il se sentait plus vivant que jamais.

Cependant ce goût des températures fraîches ne lui avait été d’aucun secours quand il fut confronté à la rigueur glaciale de l’hiver normand. Il n’avait jamais autant regretté la brûlure du soleil d’un mois d’août méditerranéen qu’à Lisieux, ville si déserte qu’on ne savait trop qui, des courants d’air gelés qui s’engouffraient dans les rues et de la tendance des habitants à rester terrés chez eux, était la cause de l’autre. Arnauld avait même imaginé un instant planter des Normands en rangs d’oignon à tous les coins de rue ; ils auraient fait barrage aux courants d’air, et il aurait eu du monde à qui faire la conversation. Projet irréalisable s’il en est – il avait dû se résigner, tandis qu’il tombait malade comme un chien, à laisser l’ennui l’achever.

Bon, en réalité, il n’en était pas mort. Mais depuis il ne cessait de scruter le ciel pour essayer de disperser, comme par la simple force de son regard, les gros nuages gris qui s’obstinaient à cacher le soleil. Sans succès, évidemment - jusqu’à cet après-midi-là, à Limoges, où le ciel avait retrouvé le bleu vif des journées ensoleillées d’hiver qu’il affectionnait tant. Il en avait immédiatement profité pour aller se promener aux frontières de la ville, sur les rives de la Vienne qui coulait paisiblement. Pour ne pas avoir l’air trop oisif, il avait pris avec lui, traîné au bout d’une longe à l’aspect défraîchi, un des chevaux du voyage qui avait donné bien des soucis aux palefreniers ces derniers jours. L’animal était atteint d’on ne sait trop quel mal qui lui faisait bouder le foin des écuries, entraînant un amaigrissement inquiétant. Il verrait bien si l’herbe des berges limougeaudes lui rendrait l’appétit.

Arnauld était donc assis sur le bord d’un pont en pierres, les jambes ballant au-dessus de l’eau. L’eau – depuis combien de temps n’avait-il pas vu la mer ? Il n’avait même pas aperçu la Manche, et il y avait des mois qu’il avait quitté les bords de la Méditerranée… Il se rendit compte que cela lui manquait.

Mais il ne rentrerait pas tout de suite, non. Car il avait un bien meilleur projet que celui de revoir la mer : revoir sa cousine. Il sourit et sortit de sa besace la lettre qu’il avait reçue quelques jours plus tôt. Il la relut lentement, essayant d’imaginer la personne dont la main avait tracé les lignes qui recouvraient la page. Elle était brune, ça il s’en souvenait très bien. Mais le reste ?

Sa curiosité serait bientôt assouvie, puisqu’elle devait arriver avant la fin de la semaine. Il s’en voulait un peu de retarder ses compagnons de voyage, qui avaient accepté de l’attendre – ce dont il était agréablement surpris, non qu’il doutât de leur bienveillance, mais il les savait pressés d’être de retour chez eux. Il aurait été prêt à rester seul à Limoges pour attendre sa cousine, et à rentrer par ses propres moyens. L’appréhension que suscitait en lui l’idée de cheminer sans personne à ses côtés, ni pour le guider s’il se perdait, ni pour le protéger en cas d’attaque, l’avait tenu éveillé toute une nuit, mais elle était mêlée, il lui fallait l’avouer, d’une excitation que seule provoque la perspective de l’aventure.

Le cheval qui jusqu’alors broutait sans conviction non loin de lui émit un petit hennissement, et il se retourna pour le regarder. Malgré son air maladif, c’était un bel animal, avec une robe sombre et quelque chose dans le regard qui oscillait entre sérénité et impétuosité. Plus il les côtoyait, et plus il aimait les chevaux – un jour, se dit-il, il possèderait le sien. Au moins, le retard qu’il imposait à ses compagnons permettrait de soigner celui-ci.

Il se retourna vers la rivière et relut sa lettre une énième fois avant de la ranger précieusement dans sa besace, dont il tira un beau morceau de pain. Alors, oubliant presque le cheval derrière lui, il s’absorba dans les miroitements du cours d’eau et se mit à mâcher pensivement.
Katja
"Quand y en a marre... Y'a malabar !"

C'est qui ce Malabar, oui bah on va y venir, soyez patient !

Il y a des jours comme ça, ou vous avez juste envie de tout foutre en l'air, vous sauvez loin très loin, changez de vie, de nom, d'apparence. Oui ce n'est pas aussi facile, mais ça n'empêche que certains jours on en ressent une forte envie.
Ce jour là est arrivé pour ma part, nous sommes en voyage depuis des semaines maintenant, des pertes on en a subi, à faire des demi tours pour aller chercher ceux qui, soit étaient trop ivre pour pouvoir suivre, soit en de bonne compagnie, soit endormis, bref... C'est que tout ça au bout d'un moment, ça commence à peser. Et quand les hormones s'y mettent, je vous raconte pas dans l'état dans lequel je suis. Avec la fatigue en prime...

Bref, je suis là, je bouillonne, j'en ai plus qu'assez. Personne ne sort, on se croise sur les chemins, forcément puisqu'on voyage ensemble, mais en journée, nous sommes tous chacun de notre côté. On perd des personnes... Je me mélange aux habitants de temps en temps mais je ne me sens pas à ma place, ils sont entre eux, et j'en passe. Je me sens seule, en même temps bouleversée, puis tantôt joyeuse, et j'en passe... Une multitude de couleur, enfin de sentiments là, qui passent... non mais les hormones je vous le dis, vont me rendre complètement folle avant que je ne rentre à Narbonne.

Tout ça pour en venir à Malabar ! C'est un bonhomme plutôt collant, mais très imposant, qui en jette ! Me demandez pas ou je l'ai rencontrée, c'était en chemin, je ne sais plus trop où exactement. Quoi qu'il en soit, on a discuté, il cherchait quelque chose pour sortir de sa monotonie, moi un petit verre dans le nez, oui malgré mon état, ce n'est pas bien, vous repasserez pour les leçons de moral, merci ! Bref, je le prend en pitié, puis je lui propose le poste de garde du corps, j'en ai vraiment besoin ? Pas de danger particulier, mais sait-on jamais, ça peut toujours servir ce genre de chose ! Enfin voila, je l'engage comme garde du corps, ce bonhomme me collera partout où je vais, ça risque d'être agaçant par moment, va falloir que j'apprenne à lui donner des ordres !
Quoi qu'il en soit, aujourd'hui j'en ai assez, et j'ai besoin de passer mes nerfs sur quelqu'un, et le pauvre Aubert, il ramasse déjà assez depuis un certain temps, de plus il n'est pas très heureux d'avoir appris qu'un nouvel homme allait être de mon entourage. Oui bah zut, lui ce n'est que mon valet, ce n'est pas un homme qui pourrait partager ma vie, il est à mon service, et doit tenir sa place après tout. Si il n'est pas content, il peut toujours prendre ses clics et ses clacs, puis foutre le camp ailleurs, il sera peut être plus heureux. Sachez que cela, jamais je ne l'aurais pensée avant ma grossesse, quand je vous dis que mes hormones me jouent des tours, c'est pas pour rien.

-Malabar !!! Ramène ton séant ici !

Et voila le gros patapouf qui débarque. Comment ça je suis méchante ? Mais non, vous suffit de le regarder, il est imposant, il est brun, une grosse masse musculaire, ou surement de gras en y repensant... Bref il fait peur et rien qu'à sa dégaine, on a pas vraiment envie de se frotter à lui. Sauf moi, oui parce que j'ai tout les droits ! Je suis enceinte, berdol ! Laissez moi...

-Ce que tu peux être long, va falloir faire de l’exercice, ou j'en sais rien, mais quand je t'appelle, t'es censé venir de suite ! Imagine si un vilain pas beau voulait me battre, me détrousser, ou pire encore ! T'es censé arrivé DE SUITE !!!

Me voila à hurler sur lui, je dois bien avouer que ça fait du bien, après toute la tension, toute la colère accumulaient durant ces dernières semaines.

-Voui m'dame, c'bon j'suis là !
-Déjà, tu parles pas comme ça, et tu pourrais articuler qu'on comprenne mieux ce que tu dis !
-Voui m'dame, c'que voulez ?

Et un soupire, agacée n'ayant qu'une envie le secouer...

-Bon ce que je veux, c'est que tu restes à disposition, Malabar je te paie pas pour jouer aux cartes, ou boire, ou qu'en sais-je ?
-Voulez savoir c'que j'fais, m'dame ?
-Non je ne veux pas savoir, je ne veux rien imaginer ! Pas envie de penser à ça, j'ai d'autres choses bien plus intéressante en tête !
-Ouais comme l'rouquin !
-Xavier, et pas seulement, j'ai des soucis Malabar, alors tu te tiens bien ! Et TU RESTES A DISPOSITION !!! SI CE N'EST PAS TROP TE DEMANDER !!!
-Voui m'dame, mais ça m'dit pas, c'que voulez d'suite.
-RHAAAAA MAIS TU LE FAIS EXPRÈS ! TU SAIS QUOI, VA ME CHERCHER UN VERRE DE VIN, TU FERAS AU MOINS QUELQUE CHOSE DE BIEN ! ET UN BON CRU, PAS CE QUE TU M'AS RAMENÉ LA DERNIÈRE FOIS, COMPRIS !!
-C'pas dans mes attributions ça m'dame !
-TU NE DISCUTE PAS ET TU Y VAS OU JE TE VIRE !!

J'y vais peut être un peu fort, non ? Je pourrais aussi allier les gestes en hurlant, lui mettre des coups ? Oui mais non ça me ressemblerait vraiment pas, déjà là... Mettons ça sur le compte des hormones, et de la colère aussi !
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