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[RP ouvert] Sur ma route oui, il y a eu d'la bouse oui...

Andrea_
Tu les vois?
-Ouai. 'Sont plusieurs.
Plusieurs comment?
- Plus que deux. Ah puis y a l'autre là, celle que tu peux pas blairer!
J'avais oublié que tu savais pas compter après...Et Elle nous suit?
- Je crois qu'en fait elle voyage avec nous.



Ça, c'était une petite parenthèse pour que vous compreniez pourquoi je suis d'une humeur de clébard.
A la base, y avait Marc -mon ex mari-, et y avait moi. On s'était pris le choux pour une "broutille" ; je l'avais trompé et il avait fini par le savoir. Loin de m'avoir demandé de ne plus recommencer, il m'avait simplement demandé d'être discrète, me promettant de me "péter la gueule" s'il voyait un geste déplacé en sa présence. J'ai pris la menace au sérieux, parce que Marc, c'pas son genre de faire des menaces.
J'avais donc tout naturellement prévenu mon Amant pour qu'il nous suive. Discrétos, il était prévenu, sinon j'annulais mes visites nocturnes -et diurnes-. Sauf que Marc avait oublié de me donner un détail : nous voyagions avec d'autres gens.
C'est vrai qu'au début, j'ai trouvé marrant de tomber sur les MÊMES gens, deux jours de suite. Le troisième jour c'est devenu bizarre, pour pas dire louche. Le quatrième jour j'ai fini par demander et j'ai donc appris que nous étions tous ensemble. Plus Elle.


Elle, c'est Cordélia, ou un truc dans le genre. Je crois que ça aurait pu être ma copine, dans une autre vie. Dans une autre, parce que dans celle ci, elle avait fait un mauvais choix : Elle avait trouvé la trousse à outils de Marc et se l'était mis dans le bec, en d'autres termes, elle lui avait fait une pipe et pas une de Sainte Claude.
J'ai été honnête, je suis pas vraiment du genre à prendre des gants : je refuse chaque verre qu'elle m'offre. Je lui réponds quand ça me chante, et je ne lui adresse la parole que lorsque sa réponse m'intéresse. J'ai quand même bien remarqué qu'elle était drôle, que souvent on pensait la même chose et comble du comble, qu'on sortait les mêmes choses au même moment mais... Mais elle a eu le malheur de toucher MON Marc donc je la déteste.
Et bien sûr j'attends patiemment qu'elle fasse une bourde pour lui savater la tronche à grands coups d'bottes. Ça me soulagerait, je crois.


J'ai même tenté le diable, y a quelques jours. J'avais demandé à Actyss -l'amoureuse d'Arnauld- de fabriquer une potion que j'avais offerte à Marc -sans lui dire-. Le pauvre a été tendu du vit pendant des heures. Des jours. Moi? J'me suis pas montrée, je tentais le Diable. A priori pas de dégâts collatéraux, bien qu'à mon avis, s'il a changé ses braies, c'est juste parce qu'il avait fini par salir les autres. J'suis bien contente de pas laver son linge, ça aurait été foutrement dégueulasse.
Bon j'ai quand même gagné une promesse -écrite en plus- : Marc m'épouse à Bordeaux, s'il ne le fait pas -ça ne serait pas la première fois hein-, il se bouffe les roupettes. Du coup, j'ai rameuté du monde. Pas pour le mariage hein, mais pour le voir manger ses roubignoles, c'pas tous les jours qu'on voit ça!


Y a aussi Nomi. Et Yorgos. Nomi, c'est la nana qui a fait le tournoi avec Marc. Alors oui, elle l'a approché. Mais je pense qu'elle l'a surtout défendu -et supporté- sinon il n'en serait pas revenu vivant. Yorgos, ou Péronelle pour les intimes, aime boire. Et jouer. Il boit en jouant et joue en buvant.


Et y a Enolia. Dix ans, pleine de vie. De conneries aussi. Marc l'a kidnappé en espérant gagner le gros lot. Mais Marc est le roi des plans foireux donc forcément, ça a foiré. Y a pas eu de rançon. Résultat on se retrouve avec une gamine à nourrir. Et à chérir -deux lièvres pour l'amuser, interdiction de les manger-. Et à éduquer, heureusement que je suis là d'ailleurs grâce à moi elle sait comment faire céder Marc à toutes ses demandes. Qu'on se le dise, si elle est capricieuse, c'est simplement parce que Marc finit toujours par céder : et que je suis une bonne instit'.

Vraiment, la vie de groupe, c'est trop génial.

_________________
Actyss
La vie en communauté, c'est vraiment très étrange. Un peu comme si brusquement, on passe d'une pièce complètement silencieuse et calme à une autre, bruyante et agitée. On ne sait plus où donner de la tête, et en toute honnêteté, ça donne quelques sérieuses envies de meurtres. Je ne suis pas particulièrement portée sur l'éviscération, la pendaison, l'empoisonnement ni toutes autres méthodes pour abréger considérablement l'espérance de vie. Et pourtant. J'ai souvent, quand je suis dans un état de nerf proche de l'auto-combustion, des images terriblement plaisantes de mes mains se serrant autour d'une gorge délicate... Ou moins délicate. N'importe quoi, pourvu qu'ils se taisent et me fiche un peu la paix.

Le problème, quand on sort des bois, c'est qu'on ressent tout beaucoup plus fort. Les interactions entre personne paraissent beaucoup plus violentes que lorsqu'on a connu cela toute sa vie. Alors au départ, j'ai cru que j'allais pouvoir supporter un peu d'animation supplémentaire. La vérité est toute autre. Je fais souvent d'énormes efforts pour ne pas jeter tout ce qui me vient dans les mains à travers pièce. Ce qu'ils peuvent crier ! C'est assourdissant. Ce qu'il y a de bien, malgré la somme astronomique d'inconvénients, c'est qu'il y a toujours comme un genre de roulement théâtral. Il y a toujours une histoire d'amour qui occupe le centre de la scène. Et pour que le public ne se lasse pas, l'intrigue change régulièrement.

Au départ, je crois que j'étais l'actrice principale de la pièce intitulée « La fille des bois fait n'importe quoi ». Pensez donc ! On me jette au milieu d'une troupe qui semble se connaître depuis toujours, à peine sortie du couvent, et on attend naturellement de moi que je sois la meilleure amie de tout le monde. Les gens normaux réagissent peut-être comme ça. Moi pas. J'ai eu du mal à cette présence imposée. Je pensais retrouver Arnauld, et finalement je me suis retrouvée au milieu d'une bande. Je n'ai vraiment pas goûté la surprise. Surtout quand j'ai appris que tout ce monde nous suivait. J'ai eu la sensation de jouer les gardiennes d'oies. Je n'ai rien contre garder des oies, tant que cela reste bel et bien des oiseaux.

Quand ma représentation a été terminée, on a tout de suite embrayé sur « Le Grec se languissant d'amour pour une demoiselle qui n'en avait pas grand chose à faire ». C'est tragicomique. L'histoire, c'est un jeune homme qui déclare être épris d'une jeune fille, qui ne voit en lui qu'un ami. Sauf que l'ambiguïté règne. C'est assez divertissant, je me suis même un peu impliquée. J'ai été prise au jeu des sentiments, mon bon cœur me poussant à vouloir réunir ces deux âmes. Avant que je saisisse qu'en fait, tout ce qui pouvait être réuni entre eux, c'était leur corps. Pièce terminée, on passe à la suivante.

Les amours contrariés de mon couple préféré. Andréa et Marc, probablement les deux êtres les plus fascinants que j'ai jamais rencontré. Ils semblent perpétuellement sur le point de se battre, et pourtant, on peut remarquer à la façon dont ils se regardent à la dérobée, qu'ils s'aiment vraiment. Mais ça ne les empêche pas de se bagarrer. Et de se faire quelques coups bas. Comme quand Andréa m'a demandé quelque chose pour manifester la virilité de Marc à la vue de tous. Ça n'a pas manqué, c'est sûr ! Trois jours durant, que ça a tenu. Jusqu'à ce que je sois prise de remords bien trop vifs pour être étouffés. Et j'ai fourni de quoi calmer le jeune homme. Tout de même, je ne suis pas si cruelle. Leur histoire à eux est probablement ma préférée, et ce n'est pas ironique. Les amours sincères et contrariés, ça a quelque chose de délicieux, comme une bonne tasse de tisane avec des biscuits, devant un feu de cheminée quand il pleut dehors.

Mais il y en a d'autres ! Des pièces parfois très courtes, ou bien qui n'ont pas besoin de plus d'un seul acteur. Une femme en manque d'amour - ou d'homme. Une adorable fillette qui cherche son dragon bleu égaré - mon histoire préférée. Et puis les retrouvailles avec Pépin et Hélona, qui m'ont fait du bien. Enfin un point de repère fixe dans ce monde qui tourne à pleine vitesse. Ces deux-là s'aiment encore plus que la dernière fois qu'on les a vu, et leur fils est magnifique. Des coups qui se perdent et d'autres qui atteignent leur but. Des choses, d'autres, et dans tout cela, la seule constante à laquelle je m'accroche : j'ai le droit de passer mes journées très loin d'eux. Je prétends aller soigner des gens. La vérité, c'est que les gens, j'en ai marre. Alors je vais dans la forêt, au bord d'un lac, dans l'eau glacée d'une rivière, pour me retrouver enfin dans mon élément primitif.

Je sais, c'est mal. Je devrais faire des efforts. Aller vers les autres. Me faire des amis. Pour ça, je n'ai pas le manuel. Je n'ai pas la patience, avec les gens. Ils m'exaspèrent souvent, à être si changeants. Les cailloux et les arbres, c'est tout de même nettement plus simple à comprendre. Même les animaux ! Ils ne font rien d'extraordinaire, ils font ce pour quoi ils sont nés et agissent comme tel. Le renard chasse le lièvre. On ne verra jamais le lièvre attaquer le renard. Il y a des constantes, des points de repères, des habitudes. Les humains ne sont pas comme ça. Tout à coup, le maigrichon timide va dégainer une épée plus grosse qu'un tronc et se mettre à frapper le fort. L'enfant va protéger sa mère. La femme va se comporter en homme. Il n'y a rien de prévisible. Tout part toujours dans tous les sens. Je n'ai pas été élevée comme ça. Dans ma forêt, j'avais mes habitudes. Mes rituels. Je faisais des choses logiques. J'étais entièrement instinctive. Ici, avec mes semblables avec lesquels je ne partage pas grand chose, il faut toujours faire attention. Et c'est épuisant.

La vie en groupe ? Ça rend alcoolique. Au moins une fois ivre mort, on n'entend plus personne.
Hildegardeii
Quand le chat n'est pas là, les souris dansent *

Je déteste les citations, sauf les miennes. Mais comme il y a plein de gens dans ce royaume qui adorent commencer leur discours par une citation célèbre, je vais désormais faire pareil, ça donne un air culturé et l'astérisque renverra, de toutes façons, à son auteur, pour les plus cons qui croient qu'ils savent mais ne savent pas. A ce stade, je sais que 85 % d'entre vous est déjà allé voir l'astérisque...
C'est mathématique et j'aime les statistiques.


C'est donc avec une confiance rendue aveugle par ma faiblesse du moment que j'avais envoyé mes filles en colonie de vacances avec le grec.

Plusieurs raisons à ça :

Tout d'abord, j'avais bien conscience que Poumette avait besoin de sortir de mes radotages glauques et stériles. Pour ceux qui ne sont pas au courant, il faut savoir que ne refuse rien à Poum, même pas quand elle m'a dit qu'elle adorait Morty (rebaptisée Cornellia par je ne sais quel trucage d'état civil) et qu'elle se voyait bien avec une soeur comme elle, j'avais pas tergiversé et l'avais adoptée illico, chose que l'autre frapadingue avait accepté dans la foulée, sans vraiment se rendre compte dans quoi elle s'engageait (pauvrine)...

Ensuite, j'avais une confiance totale dans le grec. Outre une plastique irréprochable, l'éphèbe avait des lèvres douces, ce qui ne gachait rien et je n'aurais pas été opposée à ce qu'il joue à loup avec mes filles, voire en faire mon gendre, histoire de jouer les cougars de temps en temps en loucedé pour occuper mes vacuités.

Troizio, je devais depuis longtemps me rendre à Bordeaux. Depuis le temps qu'on me disait qu'on m'attendait là bas pour toucher un héritage, l'occasion était trouvée, j'y enverrais Poumette et elle signerait les papiers pour moi pendant que je m'occuperais à ne rien faire, peinarde.

Couatrio, j'avais un mariage à Genève et même si entrer dans une église à nouveau me dézinguerait la cervelle, ça je le voyais gos comme une maison brûlée, je ne pouvais pas me désister.

Et pour finir, Andréa et son Marconnet (pas le pilier gauche du jeu de soule, vous aurez compris qu'il y a une différence flagrante) étaient avec eux et au pire du pire veilleraient au grain et n'hésiteraient pas à recadrer les gamines si besoin.

C'est donc sereine que je laissais partir ce petit monde pour leur chevauchée vers l'Ouest.

Sauf que même pas une semaine après leur départ, Poumette appelait au secours. Jouer les scouts, c'est bien joli mais dans la famille, certains ont un sens de l'orientation particulièrement désastreux et seraient capables de paumer leur cariole en allant faire leur courses au Tchopi du coin et errer des heures durant le caddy plein de surgelés fondus...
Alors quand elle m'a dit

"Mammmaaaaaaaaaaaaaannn !!! je suis perduuuuuuuue !"


J'ai pas été vraiment surprise.

Par contre, je l'ai été quand elle m'a raconté, une fois récupérée, les détails de la cohabitation au sein du groupe et particulièrement celle avec sa soeur.

Et par contre, je comptais bien aller moi même régler le problème, afin que les bornes des limites ne soient pas trop dépassées.
Ca allait pleurer du sang, voire saigner des larmes.

Une lettre donc, à Andrea, sans fioriture ni détail inutile.





Barbara,

Ça commence à bien faire.
Avertis le grec que la matouze arrive.
Ne dis rien à Morty, je vais lui faire la surprise.

La Vipère
(Hilde masquée, mais vu le zoo qu'on a Genève, j'ai pris mon nom de guerre)



*Titi et Sylvestre, série I, épisode 4, quand Titi quitte sa balançoire pour aller bouffer les graines de Mamie, hors de la cage
Félicitation ! Vous faites partie des 85 % ! Un trophée existe t il ?

_________________
Andrea_
Je fais partie des 85%. La majorité.
C’est la majorité ! Laquelle d’abord ? Celle qui croyait que la terre était plate ? Celle qui veut rétablir la peine de mort ? ... Celle qui se met une plume dans le cul parce que c’est la mode ? Laquelle exactement ? *
La majorité des gens qui vont voir les astérisques en bas de page. C'est dit. Je ferais au moins partie de la majorité de quelque chose. Je mérite un trophée.

Le voyage continuait. Cahin cata comme dirait l'autre. Pas mieux, pas pire.
Et comme dans tous les groupes avec lesquels j'ai voyagé dans ma looooonnggue vie, on y retrouvait tout un tas d'énergumène. Les rôles étaient les mêmes, on changeait juste les acteurs.

On avait la gamine qui ne comprend pas toujours tout mais qui essaye. Ce qui donnait de merveilleux quiproquos. La nôtre avait eu le mérite d'avoir été enlevée. Elle jouait aussi le rôle de la capricieuse à qui JE cède tout. Parce que ça me permettait de lui éviter de cafter à Marc ce que je faisais en son absence d'abord, parce que ça lui évitait de râler ensuite, et enfin, parce que ça faisait râler Marc, et ça, croyez moi, a vaut tout l'or du monde.

On avait le petit couple amoureux. Ça dégueule de guimauverie, ça se bécote dans tous les coins, ça se touche le bas de la nuque, ça se lane des oeillades complètement perverses, tellement perverses que j'ai parfois l'impression qu'ils font l'amour par les yeux.

On avait l'adolescente en pleine crise, "vénère" comme diraient certains. Qui n'est jamais contente, trop de monde ou pas assez. Pas assez de mâles ou pas assez beaux. Amoureuse folle d'un homme qui en aime une autre. Heureusement qu'elle est divertissante parce qu'on aurait changé d'actrice.

On avait la fleur bleue, toujours un peu dans la lune. Rêveuse, à moins qu'elle ne se prenne un shoot d'opiacé dès le réveil, ce qui est fort possible. D'ailleurs je penche plus pour cette hypothèse, parce qu'elle a parfois des excès de folie qu'on a du mal à gérer. Si on avait été dans un dessin animée, elle aurait été celle qui se déplace en pétant des fleurs et des petits coeurs.

On avait le Gigolo. Celui qui parle mais qui n'agit pas beaucoup. Le nôtre, il fume. Beaucoup trop. Sans cesse à sortir avec sa pipe et à revenir frais comme un gardon. Toujours de bonne humeur, toujours affâmé.

On a la petite nouvelle. Qui ma foi s'intègre plutôt bien. Elle parait souvent paumée mais dès qu'elle sent qu'elle peut en placer une, on ne l'arrête pas.sur untel

On a le grincheux. Un peu comme l'ado vénère sauf qu'elle, au moins, elle a le mérite d'ouvrir sa goule pour autre chose que râler. Le nôtre, il s'affirme. Ça ne fait pas longtemps -et je prie pour que ça dure-, mais il y arrive plutôt pas mal. Avant hier il crachait sur untel, le lendemain il explosait les burettes de l'autre, c'est un peu le suspens pour ce soir : que va -t-il faire?! -sachant que ça ne sera pas honorer sa future femme, hinhin-.

Et puis y a moi. Moi. Une personne tellement délicieuse que j'en dégoûte le reste de la planête. Humble et modeste, je sais garder mon calme en toutes circonstances. Et Dieu sait qu'au milieu de tout ça, il fallait être forte.
Ouai, pour ça aussi je mérite un trophée.


HIiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !
-Quoi?
Rien.
- Tu glousses comme une dinde qui se rend compte qu'elle a survécu à Noël et il se passe rien?
J'ai reçu une lettre.
-De?
Genève.
-De?
Genève!
-De?
GENEVE!


Ça avait duré des heures, hors de question que quelqu'un sache de qui ça venait. J'avais même pris soin de répondre pendant que j'étais sur le trône, histoire que personne puisse lire par dessus mon épaule, j'espèrais seulement que le fée braise ne sentirait pas trop fort, sinon j'étais démasquée.



La vipère. ( si tu veux restée masquée, évite de mettre ton nom entre parenthèses dans la signature, ça ne sert à rien)
Message reçu cinq sur cinq, je me languis de toi, de vous.
Le Grec est prévenu, je répète, le Grec est prévenu. La Morty était déjà morty-fiée de savoir qu'on se connaissait. Il se peut que j'en ai rajouté un max sur nos échanges passés.
J'ai hâte de voir sa tronche, et la tienne -au passage-.
Bon courage pour la route, prends ton bain de foule avant de partir, car tu n'es pas prêt de croiser du monde.
Embrasse mon Matou pour moi, dis lui que je l'aime et qu'il me manque.

Barbara Gourde( tu vois, j'aurais pu signer "Andrea masquée", mais je le fais pas, je reste anonyme)


Si vous voyez un pigeon qui sent les fleurs, laissez le tranquille!
_________________
Yorgos
Ce voyage c’était réellement une belle merde. Mais une belle merde joyeuse et énervante. Oui, les deux. Les rencontres étaient souvent bien plus belles et intéressantes que les membres du groupe en eux même. Hormis Yorgos. Lui c’est le meilleur, a son propre avis. Il ne savait même pas qui était la pourquoi ni les prochaines étapes… Faut dire les deux clampins prenait pas vraiment le soin de renseigner qui que ce soit sur l’itinéraire. Quoi qu’il en soit, comme dans chaque communauté, anneau ou non, il y avait des coups de cœur et des coups de sang.

Nono l’asticot et sa blonde par exemple… non c’est un mauvais exemple, ils passent leur temps à se tripoter en taverne ou à donner des conseils sans trop savoir pourquoi. Ceci dit, Arnauld avait un front confortable et c’était toujours un plaisir de le percuter. Oh, et sa gonzesse faisait des massages à se taper le cul par terre. Tout cela est donc assez positif.

Puis y a le bande mou. Un colérique de base difficilement supportable mais parfois franchement marrant. Toujours à ses dépens ceci dit. Oui il y a pleins de chose à dire sur lui… enfin non. Voilà. Sa future femme par contre est bien plus intéressante bien que loin d’être plus saine que le Marcassin. Juste une dingue qui parle fort, très fort, est agressive et aimante. Frustré et entraînante. Un joli lot donc.

Lili. La mère des dragons. Comment parler d’elle sans avoir des cœurs pleins les yeux, des papillons pleins le ventre, du vomis arc-en-ciel pleins la bouche et les fesses dégueu à cause de l’animalerie qu’elle traîne dans la charrette ? Attachante tout pleins. Allez, coup de cœur a Yoyo.

Bon y en a pleins d’autres… l’amant un peu silencieux. La castagneuse adoré qui partage son temps à être câline et à gueuler sur tout le monde. La belle rencontrée sur les chemins avec son bébé mignon tout plein. Un couple fantôme, aussi, qui est là depuis le début du voyage mais qu’on voit un jour sur dix. Une belle compagnie qui anime pas mal sur son passage. Même s’il y a rarement du publique.

Il y a Nonolito aussi. La raison du voyage. Enfin la raison du grec de voyager jusqu’à Bordeaux. Une espèce de noble chieuse-tornade qui n’aime personne et aime tout le monde. Sauf ceux qu’elle n’aime pas. Mais y en a qu’elle aime. Enfin un truc du genre surement. Elle ne reste jamais en place. Adore courir après les écureuils. Rend Yorgos complétement dingue. Il veut en général la taper, encore et encore mais la garder assise à côté de lui. Les deux sont totalement impossibles. Même incompatibles.

Enfin le meilleur pour la fin… Yorgos. De l’avis de tous le moteur du groupe, l’animateur, le « sexy motherfucka », le grec. Bon, peut-être pas de l’avis de tous mais Yorgos est un optimiste par nature. Il cuisine, il fume, la dragouille, il mange des gnons, il montre ses fesses…

N’oublions pas les belles surprises, les personnes exceptionnelles laissées derrière mais bon, on va pas tenir une liste du royaume non plus.

Le voyage se passait donc assez bien avec son plein d’aventure. Des disputes, des cours de danse, des soirées crêpes, des carnavals, des bras de fer, des coups dans les noix, des roulages de pelles et des regards de mépris ou de provocation charnelle. L’enfer au paradis donc.

Mais il reste encore plein de moelle à sucer durant ce grand voyage.
Actyss
Dans les bois, personne ne m'entendra crier* ? Dans ceux-là, je crains bien que si. Il me semble que je dois parcourir la moitié du monde pour enfin trouver un coin tranquille, à l'abri des imbéciles qui constituent majoritairement la bande avec laquelle je voyage. Décidément, j'ai de plus en plus de mal à supporter la promiscuité d'avec tout ces gens. Et autant être honnête, j'ai déjà prévu une recette de ragoût de chieurs. Avec des oignons et du poivre, ça promet d'être un véritable festin. J'ai même déjà des noms de plats. Mijoté de bécasse à la crème, sauté de bouc aux olives, rôti de vipère sauce aigre-douce, rissolé de putois aux câpres, blatte grillée aux fines herbes. Avouons que ça en jette pas mal.

Mais désormais loin de la foule de plus en plus déchaînée **, je peux réfléchir au sens de la vie, au pourquoi du comment de ceci est cela et non pas autre chose, et c'est très bien. Un genre de bouffée d'oxygène bienvenue. Et c'est en exécutant quelques pas de danse que je réalise que dans deux jours, je serai enfin tranquille. Puisque dans deux jours, nous serons à Poitiers, et c'est à Poitiers que se jouera la déchirante et tant attendue scène des adieux. Je pourrai alors leur balancer d'affreuses insultes pleines de gros mots en riant d'un air méchant, sans même me sentir coupable. La vie, souvent, sait se montrer juste.

Je dis « tous », mais en fait, j'exagère un peu. J'aime beaucoup Enolia. Elle est vraiment gentille. Je lui ai tricoté une couverture avec un lièvre dessus. A vrai dire j'y suis depuis une éternité, sur cette couverture. Tout ça pour dire qu'elle, je l'aime vraiment bien. Elle est fraiche comme un grand verre d'eau un jour de canicule.
Les autres, avant, je les trouvais sympathiques. Modérément, mais sympathiques quand même. Et, sans avoir la moindre idée de la façon dont ils peuvent bien s'y prendre, ils ont quand même réussi à m'énerver pour de bon.

Déjà, la rencontre avec Cathelyn ne m'a pas mis en de très bonnes dispositions. Il faut dire qu'après quelques coups dans le ventre purement psychologiques, j'avais décidé de surmonter ça comme je le fais toujours. Jusqu'à ce qu'Arnauld et moi nous hurlions dessus à en faire trembler les murs de l'auberge et des maisons voisines. Mais finalement, ça aussi, c'est passé. Avec du mal, mais c'est passé. Comme une tisane amère, on a fini par avaler le tout. Et maintenant on digère en nous jetant des regards penauds, parce qu'on a honte de nous-même et on s'en veut.
Et le coup de la femme qui-vient-mais-qui-ne-vient-plus-et-qui-ne-prévient-pas-et-qui-nous-faire-perdre-une-journée-alors-que-les-autres-ont-continué, ça n'a pas franchement améliorer mon humeur. Les gens, décidément, dans toute leur splendeur, sont assez ternes et creux, finalement. Un genre de vieille poterie. Je suis sûre qu'en tapant à peine dedans, tout s'effondra en ne laissant que l'amas gluant de cafards qu'ils sont tous, en fond d'eux. Y en a, tu leur tapes dedans, il en sort des papillons. D'autres, tu leur fais pareil, et ça dégouline de vers de terre. C'est triste, mais c'est la Nature.

Il n'empêche que tous ces gens m'en ont drôlement appris sur la nature humaine. Les vraies bonnes personnes, les fausses bonnes personnes, celles qui ne cherchent pas à se donner d'air et qui s'assument, celles qui font semblant d'être méchantes alors qu'elles ont bon cœur, celles qui s'estiment bonnes à rien alors qu'elles sont tout un monde... Sans oublier ceux qui se croient indispensables alors que franchement, on s'en dispenserait très bien. Ceux qui s'imaginent plus malins et qui s'amusent à foncer dans des murs parce que l'air con, ça fait intelligent. Ceux qui s'imaginent irrésistibles et à qui on résiste très bien sans faire le moindre effort. Ceux qui mentent, ceux qui trichent, ceux qui jouent, ceux qui manipulent pour obtenir les grâces de tous. Ceux qui sont sincères, ceux qui sont généreux, ceux qui aiment. Ceux qui séduisent, ceux qui se laissent séduire. Ceux qui râlent, qui tempêtent, qui réconcilient, qui aident, qui s'en fichent.

En résumé, un formidable panel, très instructif. J'ai toujours l'impression de trouver des pépites quand je suis confrontée à de telles découvertes. L'Humain, dans sa gloire sinistre, avec sa couronne en papier crépon et son sceptre en argile. L'Humain, juché sur un piédestal en papier, qui cherche la grandeur en s'enfonçant toujours plus pour l'obtenir, et qui, lorsqu'il n'a plus les bras assez longs, n'hésite pas à couper ceux des autres pour décrocher une étoile. Étoile qui finalement, se trouve bien plus belle au firmament. Et encore une fois, l'éternelle conclusion que je ferai sans doute tout au long de ma vie de mortelle, c'est qu'on est fichtrement mieux seule dans les bois qu'avec le reste de ses semblables. Enfin presque seule. J'emmène Arnauld, faut pas rêver non plus.

D'ailleurs il est probable, en parlant d'Arnauld, qu'on agace pas mal de gens qui se prêtent au jeu des sourires quand ils nous regardent. C'est vrai, quoi. Ça doit être usant de regarder encore et encore des gens heureux et amoureux. Surtout quand on est infichus de se trouver quelqu'un. Je crois, à moins que je sois atteinte et contaminée par un genre de paranoïa, qu'on nous raille. Derrière notre dos, bien sûr. Faut pas plaisanter, personne ne se risquerait à être honnête et sincère. Trop dangereux, l'honnêteté. On se plait bien plus dans l'hypocrisie. C'est un terrain plus stable. Donc, oui, je pense qu'on nous raille un peu. Et comme l'aurait dit Maman en de telles circonstances : « Quand on a des moqueries à lancer, c'est qu'on aimerait être à la place de ceux qui les recoivent. » Et Dieu sait que Maman a toujours raison.


* : allusion évidente à une accroche de film avec une bestiole moche dedans qui se fait dézinguer par Ellen Ripley, alias Sigourney Weaver.
** : autre allusion, dans un registre très différent, à un excellent livre de Thomas Hardy.
Eglantina
Mais comment elle était arrivée là ?

Ça c’était la question. Si Eglantina avait 6 ans, elle aurait été du genre à suivre le premier bonhomme qui lui aurait tendu un bonbon. Eglantina elle a en 36 et elle suit le premier bonhomme qui lui tend… Rien. Bon si des biscuits et avec du miel quoi, mais initialement le grec avait tendu des mots, une invitation orale à se joindre à un voyage. C’est sans prendre de journée de réflexion, ni rencontré la moindre personne de ce fameux « groupe », que la savoyarde avait balancé son baluchon dans une charrette. Une apparition aussi fulgurante qu’un perce-neige à la fin de l’hiver, ou qu’un bouton sur le nez, ça dépendait de l'angle d'analyse.

Il faut dire, qu’elle avait de la merde jusqu’au cou à Montpensier : on la menaçait de procès à tout va, car elle avait entre autre un accent savoyard à couper au couteau. Suite à l’interaction avec une lame affutée son seul ami-escorte-porte-monnaie avait rendu l’âme. En deux trois mouvements elle s’était retrouvée seule, avec son gamin sous le bras, plus un sous en poche, et l’impression d’avoir merdé quelque part.

Et là quand tu passes 45 jours à parler à un mur, le jour où tu vois un éphèbe grec débarquer, tu as beau pas croire à la mythologie, tu ne réfléchis pas, tu acceptes l’invitation pseudo-divine, tu le suis, jusqu’au bout du monde s’il le faut, parce que tout ça se rapproche du miracle. Le miracle il s’estompa un peu, lorsque le reste du groupe fut visible, la partie immergée de l’iceberg. Sa chance, c’est qu’elle avait plutôt bon caractère et que même si les premières présentations avaient été aussi chaleureuses qu’un seau d’eau glacé envoyé sur le museau un dimanche matin, elle avait vite trouvé le rythme. Alors certes, c’était impressionnant, ça gueulait comme ça n’avait jamais gueulé, ils s'insultaient, ils buvaient, mais riaient aussi, se moquaient, se parlaient, se confiaient. Rapidement, elle comprit que pour survivre, il fallait capter les règles. Alors elle avait ri, elle avait bu, elle s’était moquée, elle avait sympathisé avec les personnes qu’il fallait, et celles qui ne fallait pas, elle avait parlé… Beaucoup. User de ses charmes, un peu. Le tout sans jamais se forcer, ni mentir sur sa vraie nature, car malgré un aspect fondamentalement casanier, l'Eglantina avait toujours vécu en meute. Evidemment, c’était impossible de ne pas faire de vague, elle marchait forcément sur les plates-bandes de quelqu’un. Mais c’était aussi ça la vie de groupe, un nouveau paramètre se rajoute, il y a des modifications. A vrai dire, pour la plupart, elle les trouvait sympathiques, et même ceux qui à première vue l’étaient moins, avaient la qualité de l’intriguer.

Elle flippait constamment pour Félix par contre, si autant elle pouvait se faire de temps en temps discrète, ce n’était pas le cas lorsque les dents de son fils décidaient que 5h du matin était une heure adaptée pour percer une gencive. Heureusement, le grec prenait facilement sa défense. Ce qui faisait grincer quelques dents, mais le jeu en valait la chandelle. Sa place dans la charrette n’avait pas été remise en question et elle, elle commençait à s’adapter à son nouveau terreau. Advienne que pourra. "Mundi placet et spiritus minima", ça n'a aucun sens mais on pourrait très bien imaginer une traduction du type : "Le roseau plie, mais ne cède... qu'en cas de pépin" ce qui ne veut rien dire non plus en soit*.


*Qu’il dit le génialissime roi Loth, Kamelott livre VI.

Arnauld
    Plus on est de fous, plus on rit.

    Ou du moins est-ce ce qu'on a coutume de dire. Or si les dictons ont bien souvent un fond de vérité, il est également connu qu'à chacun d'eux répond un autre dicton qui dit exactement son contraire. Ça va par deux, c'est comme les bas – mais, comme avec les bas orphelins qui font qu'on reste de longues minutes à sautiller sur un pied en pestant pour mettre la main sur le bas qui s'est fait la malle, le dicton qui venait compléter ce fameux « Plus on est de fous, plus on rit » échappait étrangement à Arnauld.

    Parce qu'après tout, c'était vrai. Il n'y avait rien à contredire : il n'avait jamais voyagé avec autant de personnes en même temps, et il n'avait probablement jamais autant ri.
    Peut-être était-ce donc la vérité ultime, la phrase absolue, le dicton incontredictonnable.

    Cependant, il lui vint finalement quelque chose à l'esprit. Ne dit-on pas également que « mieux vaut être seul que mal accompagné » ?

    Bon, soyons honnête, il n'était pas, à proprement parler, « mal accompagné ». Il était très accompagné, c'était tout. Peut-être trop accompagné. Arnauld, ce n'était pas un asocial, au contraire. Il aimait boire avec les copains, rire à des trucs stupides, en faire des pire encore, c'était son côté bière-foot-canap' pas encore inventé, qu'il avait peu l'occasion de laisser s'exprimer. Et avec une tribu aussi large et haute en couleurs, il pouvait s'en donner à cœur joie. Sauf que là, il était vraiment en train de perdre le contrôle.

    Au début, ça devait être le voyage tranquille, rassurant, qu'il ferait pour amener Actyss en Bretagne, et lui faire enfin rencontrer ce père inconnu qui était pour elle une telle source d'excitation et d'angoisse. Avec un détour par Genève pour participer au fameux tournoi, et une lamentable arrivée deux jours après la clôture des inscriptions. Mais, tandis qu'il se morfondait chez les Helvètes parce qu'il n'avait pas pu participer au tournoi pour lequel il avait tout de même traversé la moitié du pays, et parce que son Actyss tant aimée était tenue pratiquement captive dans un couvent pour y soigner le Dragon-Mère-Supérieure-à-l'Agonie, il avait vu débarquer Adèle, ou plutôt Nomi comme elle se faisait à présent appeler, quelque quatre ans après leur dernière rencontre. Retrouvailles enjouées, souvenirs des quatre cents coups qu'ils avaient fait ensemble dans leurs jeunes années prépubères, rires joyeux et partages de tournées ; ils avaient décidé de faire un bout de chemin ensemble pour rattraper le temps perdu. Et, d'accord, ils emmèneraient aussi Marc, le partenaire de tournoi de Nomi. Après tout il était amusant, avec son air renfrogné et sa susceptibilité, et Arnauld l'avait tout de suite apprécié, entre deux échanges d'insultes fleuries. Et sa fiancée ? D'accord, elle aussi viendrait, évidemment. Et une enfant ? D'accord, va pour l'enfant. On poserait des questions plus tard. Jusqu'ici, tout allait bien.

    Et puis Nomi retrouva Yorgos. Brave garçon, sympathique, tendance à rire pour tout et pour rien, ce qui peut peut-être légèrement taper sur les nerfs des personnes normalement constituées qui ne trouvent rien de comique dans l'échange des banalités d'usage, mais rien de bien méchant. Cependant, pour Arnauld, il partait avec un énorme défaut : il était grec. Or le jeune Languedocien avait mis des mois à s'évertuer soigneusement à haïr tout ce qui pouvait toucher à ce pays, et avait même fini par décider qu'il n'existait pas, parce que Cléo ne pouvait pas réellement vivre là-bas, sans lui, heureuse, tous les jours, grecque. C'était ainsi : la Grèce n'existait pas, les Grecs n'existaient pas. Ou s'ils existaient, ils étaient morts depuis des siècles et dépourvus d'organes génitaux suffisamment développés pour leur permettre le moindre acte reproducteur. Mais voilà que Nomi voulait qu'un Grec, un vrai Grec, les accompagne dans leur voyage ? Un Grec qui dansait grec, qui mangeait grec, qui parlait grec, qui était grec ? Entre répulsion et fascination, Arnauld ne pouvant s'empêcher de vouloir savoir comment on vivait dans ce pays qui était devenu celui de son amour perdu, le jeune homme avait pris sur lui et fait des efforts pour tolérer sa présence. Il avait même presque réussi à l'apprécier. Les coups de boule entre hommes, ça tisse des liens. En quelque sorte.

    Mais à ce petit monde, il fallait aussi ajouter les amis du Grec, c'est-à-dire, celui-ci ayant le sourire et la parlotte faciles, à peu près la moitié du royaume – environ. Le groupe enflait à vue d’œil, de nouveaux arrivants ne cessant de se joindre à leur joyeuse troupe. En soi, ça ne le dérangeait pas vraiment, Arnauld. Plus on est de fous, tout ça. Et certains, il les aimait vraiment bien. Énolia, l'enfant kidnappée, par exemple. Elle éveillait en lui des instincts de grand-frère jamais exploités, Arnauld étant fils unique. Il lui avait même sculpté un dragon en bois, pour lui faire plaisir et la réconforter après la perte de son dragon bleu d'Italie – étant donné que les dragons n'existaient pas, elle n'avait sans doute qu'une peine imaginaire, mais la joie qu'elle avait eue avec ce cadeau était bien réelle, et ça, ça le transportait de bonheur, l'Arnauld. Et puis Églantina aussi, il l'aimait bien. Présence raisonnable, un peu rassurante – elle avait l'âge de sa mère – dans ce groupe d'agités du bocal.

    Tout compte fait, il ne se passait pas trop mal, ce voyage désorganisé. Les hurlements, les éclats de rire, les crises d'hystéries, ça l'amusait ou bien ça le laissait indifférent – il n'était pas du genre à s'en agacer. Et pour lui, rester assis au milieu d'une taverne, à contempler Actyss assise sur ses genoux, tandis qu'autour d'eux on s'envoyait toutes sortes de projectiles et de noms d'oiseaux, c'était une image du bonheur. Unis, complices, heureux, imperturbables dans l'agitation du monde. C'était particulièrement savoureux. On les trouvait mièvres, à rester sagement amoureux sans faire d'efforts pour jouer des ruptures particulièrement théâtrales ou des infidélités croustillantes ? C'était le cadet de ses soucis. Il n'allait pas non plus culpabiliser d'être enfin heureux.

    Mais il savait qu'Actyss, qui avait vécu seule pratiquement toute sa vie – à l'exception de sa mère – n'avait pas la même facilité à s'adapter à la vie d'un groupe aussi massif, et surtout inattendu, pour ne pas dire non désiré. Et ça, ça le travaillait. Alors il faisait ce qu'il pouvait pour lui permettre de respirer le plus possible : il prolongeait leurs nuits dans les chambres d'auberge par quelques baisers inspirés, qui se muaient immanquablement en étreintes passionnées, il l'emmenait manger (et plus si affinités) avec lui dans un coin de la forêt – qu'elle choisissait elle-même la plupart du temps, à dire vrai –, il redoublait d'attentions envers elle quand il y avait beaucoup de monde autour d'eux, pour ne pas qu'elle étouffe au milieu de tous ces bruits et de tous ces échanges si animés. Il avait bien conscience, cependant, que ça ne suffirait pas longtemps, et qu'elle finirait bientôt par exploser. Et pour tout dire, il commençait lui-même à se fatiguer un peu. Il trouvait, sans pouvoir mettre le doigt avec précision sur ce qui était à l'origine de ce malaise, que l'ambiance se dégradait, se faisait plus hostile. Il en arrivait presque à avoir hâte d'atteindre Poitiers, la ville où leur chemin se séparerait de celui des autres, même s'il savait que certains d'entre eux allaient lui manquer.

    Plus on est de fous, plus on rit ? Certes – mais les plaisanteries les plus courtes restent les meilleures.
Cornellia
Je voudrais être un gland…

Parce qu’un gland, ça n’a pas besoin de réfléchir pour vivre. Cette petite chose commence sa vie accrochée à sa matrice, et grandit dans son écrin en se nourrissant de la sève délicieuse jusqu’à maturité.

Ô Môman, tu me manques, tiens… Sacripouille, pas d’étalement de sentiments, revenons à notre gland !

Donc la sève est délicieuse, mais juste pour un gland. Ma bouche a failli mourir le jour où j’ai goûté ce liquide âpre, preuve évidente que je ne suis pas un gland. Mais ça, on le savait déjà !

Un jour, il se sent fort et se décroche de sa branchette pour apprécier durant un fugace instant l’apesanteur, pourvu que les secondes soient des heures… Mais non, c’est fugace. Bim ! Rude atterrissage sur le plancher des vaches, heureusement qu’il a une robuste armure. Là, dans son nouveau lit d’humus, il voit de loin ses frères s’éloigner… Et celle-là, je l’ai pas digérée…

Ô ma sœur, tu m’as abandonnée, je croyais que seuls les hommes étaient capables de faire ça! J’ai une boule d’incompréhension coincée dans la gorge…J’ai tant envie de la cracher ! Mais t’es trop loin, je n’arrive pas à viser.

Si pour certains, la liberté possède des ailes –d’ange pour ma part-, pour d’autres, elle possède des racines qui s’enfouissent petit à petit dans le sol pour créer un nouveau cocon, ainsi qu’une nouvelle base stable.

Et pour conclure brièvement, le gland devient un fier chêne. Sans s’en être aperçu.

Alors, non définitivement. Je ne veux pas être un gland finalement. J’aime trop ma liberté déracinée et fantasque.


C’est de la faute de ma lâcheuse de frangine que je me suis embarquée dans cette histoire, et j’y suis encore à cause de mon entêtement à terminer ce qui est commencé ! Tous en chœur, on va à Bordeaux, pour célébrer un drôle de mariage. Ou une émasculation. Pour la seconde alternative, il faudra que je propose de préparer le repas : roustons de lapins à la sauce pimentée. La dulcinée sera ravie ! D’autant qu’on commence à s’amadouer, qui l’eut cru ! Bon, on va discrètement éluder le sentiment perplexe de se sentir plus « utilisée » qu’autre chose.

Le piquant, dans cette histoire, ça manque un peu, question d’habitude. La routine s’installe, on voyage, on fait une halte, on se voit, ou pas ; on rencontre des gens, ou pas. On boit. Beaucoup, quand même, histoire de tester toutes les spécialités rencontrées. Du coup, pour sentir qu’on est encore vivant, on cherche toutes sortes de combines pour s’amuser un peu, et ce soir-là, il est question de secrets…

Un secret, ça se monnaye, à condition qu’il ne soit pas inventé. Oui, parce que la gamine est maline, ça promet pour la suite ! Ainsi, c’est à coup de bonbons, de lièvres fictifs et de glands sculptés qu’on essaie de l’enjôler.


- Allez !! Dis-le ton secret !!!!

Encore un peu et on se croirait sur le marché à tenter de négocier une épée trop usée pour un peu trop d’écus. Mais c’est qu’elle est dure en affaire ! Peut-être qu’il ne fallait pas dire que le lièvre, c’était meilleur rôti…
Hildegardeii
Laissés derrière mais pas pour compte...

Les cavaliers progressent en bon ordre.
Celui des gens accoutumés aux chevauchées rapides et silencieuses.
Debout sur les étriers, je reprends les habitudes d'autrefois et porte mon regard au loin.

Un lettre, rapidement rédigée, part à l'attention de la Colombe



Barbara (pas Goude mais Cartland, bourrique !),

Nous sommes en route et je vais demander à ce que nous hâtions le pas car j'ai eu vent de compléments d'informations qui ne m'ont pas plu du tout, du tout...
Je ne parle pas de ton mariage, qui est à lui seul LA bonne nouvelle de ce début d'année, avec l'arrivée du printemps aussi.
Ca sent le renouveau, les narcisses et les alergies au mimosa. (Attends encore un peu pour fixer la cérémonie, je ne peux pas encore t'annoncer la date de notre arrivée.)
La contrariété vient de la famille.
Tu sais que j'ai une vision très réduite de la famille.
Je pense que le nettoyage de printemps que je prépare va être bénéfique, histoire de partir sur une base saine.
Comme tu le sais, les chênes ont parfois besoin d'être élagués des branches qui nuisent à l'harmonie
Dans quelques jours, nous serons à même d'y voir plus clair.

Embrasse le grec pour moi.
Les autres aussi mais eux, pas sur la bouche.

La Radasse
(comment tu trouves mon nouveau nom de code ? Classe non ?)

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Nomi

    Le problème avec les enfants, surtout ceux qui sont mignons et vifs comme Enolia, c'est qu'on a du mal à se rendre compte d'à quel point ils sont profondément maléfiques. On se laisse avoir par leurs bouilles mafflues de chérubins au nez rose. Ils racontent des trucs qui suffiraient à obtenir à n'importe quel adulte un aller simple, sinon pour le bûcher, au moins pour l'asile, et on on les laisse faire. Même, on trouve ça adorable, on glousse, on se murmure d'un air conquis : aaah, les gosses tudieu ! Ils ont des nez en trompette. Ils ont des petites voix fluettes et candides. Bref rien qu'à les voir on a envie de leur payer des chocolats chauds avec un marshmallow au fond et de faire leurs devoirs à leur place. Alors on s'attendrit un peu plus à chaque niaiserie qu'ils débitent et finalement on se retrouve à bien les aimer, voire même à rechercher leur compagnie, et là c'est le début de la fin.

    Parce que les enfants sont des génies du mal.

    - Comment ça "tu dis les secrets des gens à Arcane" ?

    Parlons de Lili. Lili, c'est plus ou moins le centre du groupe, dans le sens où c'est la seule à bien aimer tout le monde et réciproquement, alors qu'autour d'elle c'est plus ou moins le chaos relationnel généralisé.

    Forcément. On parle d'un groupe super fort dans le domaine de la bouillie de caractères disparates et pas franchement assortis. C'est pas que l'ambiance soit mauvaise, à vrai dire Nomi s'amuse bien dans cette mélasse. C'est juste que les gens présents sont du genre à avoir des opinions *assez* marquées sur à peu près tout et en général à les exprimer avec le tact éthéré et caressant d'un marteau piqueur. Aussi, y'a les prises de bec des veinards qui ont eu de l'avance pour se fabriquer des animosités parce qu'ils se connaissaient déjà au début du voyage (tricheurs.) Et puis évidemment y'a l'éternel bouquet garni d'hormones qui vient épicer les burritos et monter les bourrichons, le genre humain n'y coupant pas souvent, donc faut composer avec les gens qui baisent pas alors qu'ils devraient et ceux qui baisent alors qu'ils devraient pas et ceux qui voudraient baiser mais qui doivent pas. Le cadre est donc plutôt mouvementé (et tout à fait adapté pour une fillette de dix ans, oui oui.)

    C'est là que la diablesse en couches culottes entre en jeu. Parce que ça fait belle lurette que tout le monde s'est rendu compte que c'était chiant d'avoir des "conversations de grand" de tout ordre en utilisant du langage codé et des gestuelles foireuses pour pas choquer ses jeunes esgourdes. Du coup, les gants sont tombés et la demoiselle a eu droit à quelques explications de texte. Sauf que y'a eu un excès de zèle à un moment, ou alors les gens ont encore fait l'erreur de partir du principe que les enfants sont trop cons pour comprendre quoi que ce soit, enfin disons seulement qu'il semble que maintenant Lili sait absolument tout, sur les vies privées d'absolument tout le monde. Et sous ses airs de chaton elle sait très bien se servir de ses vastes connaissances pour mettre tout le monde à sa botte.

    C'est flippant.
    Mais intéressant, aussi.
    Et surtout ça distrait.

    - Gleuu-g-g-glps.

    *Ça c'est Nomi qui déglutit difficilement en faisant l'inventaire des secrets qu'elle a révélés, intentionnellement ou non, à Lili. *

    Niveau contexte on est sur du champêtre, les culs sont collés à des souches, un petit feu de camp crépite, la voûte céleste, le grand air, les pneumonies, tout ça. Avec les reflets rouges sur la gueule d'ange de Lili, Nomi commence à vraiment percevoir plus nettement tout le potentiel de génie du mal de la petiote. Chamboulée et jalouse, elle s'emmitoufle un peu mieux dans son gros manteau de laine. Le moment est à l'extorsion d'information à base de chantage "si tu nous dis pas on bute le lièvre", c'est pas très pédagogue mais ça a l'air de marcher pas trop mal.

    - Allez, un p'tit secret, là ! Arcane il pue, nous on t'aime vraiment...
    Sinon tant pis, moi j'ai rien contre une gibelotte. Nelly, niveau lapin tu préfères l'aile ou la cuisse ?


    B'ouais. Si en groupe y faut laver son linge sale tous en choeur, autant en profiter pour compter les taches sur la chemise du voisin.

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Illustrations avatar et bannière
Andrea_
C'est le chaos, le marié prend la fuite, la gamine fuite les secrets, Corny et Nomi récupèrent, Arcane colmate les fuites de la mariée, le cha-os.
Tout échappe à mon contrôle. C'est simple, j'en suis à prier pour me réincarner en écureuil.



La Radasse, (faut vraiment qu'on trouve un autre nom de code, je connais une radasse, une vraie que j'ai envie de défoncer à coups de pelle, même que j'ai envie de défoncer tout le monde à coups de pelle)

Je déteste le mimosa, et à l'allure où vous allez, le mimosa ne sera plus en fleurs à votre arrivée, ça m'arrange un peu donc, surtout qu'y a plus sexy qu'une mariée avec le pif qui coule, mais essayes de talocher l'As pour qu'il motive son bourrin, je n'aime pas le muguet non plus.
Rassures toi, la cérémonie n'est pas fixée, le marié a des soucis. Des soucis de coeur. Je crois qu'il l'a perdu. J'hésite, tu penses que ça fait désordre si je lui découpe le torse pour lui montrer?
J'ai hâte que vous arriviez, je t'aiderais pour l'élagage, j'ai une hache. Cependant, n'oublies pas qu'un arbre, avant d'avoir été un chêne n'était qu'un gland. Médites là dessus.

J'embrasserais le Grec dès que je le verrais, je me permettrais même de lui rouler une paloche, parce que j'ai les hormones en ébullition et le coeur un peu abîmé.
Pour les autres, ça sera taloche, une lettre qui change, tu m'en veux pas?

Barb'ra ( à l'Américaine c'est mieux non?)

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Enolia
    Comme, chez les enfants, le rire est proche des pleurs !*


C'était un soir comme un autre, Constant avait cédé et avait accepté que la gamine aille se promener en taverne, en lui ordonnant de revenir à une heure bien précise, un couvre-feu qui faisait regretter à la jeune fille de ne pas être née quelques années avant pour ne plus avoir à supporter ces contraintes. Faut dire qu'elle avait drôlement insisté pour pouvoir sortir, c'qui avait donné un long monologue du genre :
    "Non mais comment ça, je ne peux pas sortir? Pourquoi tout le monde me déteste autant? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça? Constant, je te promets que je vais me mettre à pleurer, pas pa'c'que je suis petite, mais pac'que là, j'ai jamais vu quelque chose d'aussi injuste, vraiment. Et si je pleure, mon père, il ne va pas être content de voir que tu me fais pleurer, alors que c’était mon anniversaire il n’y a pas longtemps, et j’suis même sûre qu’il est d’accord pour que je sorte. Teuhteuhteuh, j'ai dix ans, quand même. A dix ans, normalement, j'ai le droit de faire pleins de choses que des petits enfants de neuf ans ne peuvent pas faire, ça c’est de la logique, Constant, c’est juste logique. En plus, j'ai juste envie de voir si y'a Aka, ou Sianne, en taverne, rien de plus. Même qu'ils me ramèneront, j’en suis sûre. Et après, quand je rentre, je vais dormir, et demain, je demanderai rien, rien du tout, même pas des caramels, rien. Déjà qu'on veut même pas m'apprendre à me battre, et que tu m'emmènes jamais monter à cheval. Et arrête de me regarder de haut, comme si j'étais petite, ça m'énerve vraiment là, je ne suis pas si petite. Bon, alors, c'est oui? Dis oui, s’il te plait, Constant d’amour le plus beau des plus grands, des plus puissants, des plus impressionnants, des plus forts, des plus gentils et des plus parfaits serviteur ! "

On arrivait rarement à résister aux yeux clairs de la Fiole, qui venaient se planter dans les nôtres, gravement, avec persévérance, et à sa maladresse constante, dans ses mots, dans ses gestes qui ne pouvait que réchauffer le cœur du plus cruel des brigands. Elle jouait parfaitement avec le monde qui l'émerveillait, on savait comment sourire quand elle était là. Et s'il y a bien une chose qu'on ne pouvait pas enlever à la gamine, c'était son intelligence.
Quelques heures plus tard, la future-dame se retrouvait à soupirer dans le fond d'une charrette et à expliquer que le contre vent rendait sa peau sèche et ses cheveux hirsutes, et qu'il n'y avait rien de plus désagréable, que ça.
En fait, elle avait fait typiquement ce qu'on explique aux enfants de ne pas faire dès leur plus jeune âge : elle avait fait exactement ce qu'elle voulait, au moment où elle le voulait, sans se soucier une seconde de l'inquiétude, de la peur et de la tristesse que pourraient ressentir ses proches. Non, non, la Fiole ne s'était pas posée la question, enfin du moins, au début. Après, elle s'était forcée à y réfléchir. Expliquer à son père qu'elle était partie avec des inconnus, qui en plus, ont pas un air très net, même qu'y'en a un qu'est un brigand et qu'c'est lui qui l'a "enlevée", et l'autre qui parle à des arbres, une qui se balade régulièrement toute nue et qui fait des gâteaux vraiment immondes, même que tout le monde fait comme si c'était normal, alors que ça ne l'est absolument pas, même que celle qui parle aux arbres a failli mourir à cause de ça, mais tout le monde continue de faire semblant qu'elle peut continuer à faire ses gâteaux ; un qui est grec et ça suffit pour inquiéter son père ce détail, deux autres qui pensent que les licornes existent réellement - alors que c'est absolument faux, tout le monde sait que les "licornes" sont juste des chevaux, un peu crâneurs qui veulent faire croire aux personnes, un peu naïves, que leur bosse est en fait une corne, c'est flagrant que les licornes ce sont des chevaux, mais des chevaux qui ont trop bu et qui se retrouvent à faire des plaisanteries même pas drôles pour amuser on ne sait qui, avec un p'tit air un peu prétentieux et supérieur, qui ne peut qu'énerver, alors que les dragons, aaah les dragons...- un qui lui fait plus ou moins du chantage constamment, et une qui parfois, sans s'en rendre compte, dit des choses vraiment très très étranges qui surprennent la Sparte pendant plusieurs minutes.

Il se passait toujours quelque chose. Et ce "quelque chose", Lili était bien au courant de ce que c'était. Oui, c'est ça le côté pratique de faire moins d'un mètre quarante les bras levés, c'est qu'on peut savoir pleins de trucs, juste en faisant un fin sourire, en poussant un léger soupire, et en glissant quelques doigts dans ses cheveux : Déa lui avait même donné quelques conseils pour pouvoir avoir tout ce qu'elle voulait. Pour Enolia, Déa, c'était un peu la voix de la raison, quoiqu'elle dise, bah, elle a raison, même si c'qu'elle dit, c'est vraiment des conneries, elle a encore raison.

Citation:
- Allez !! Dis-le ton secret !!!!


Deux visages était penchés sur la gamine, qui reculait un peu. C't'en fait, qu'elle est claustrophobe, la mioche, et qu'elle aime pas être oppressée, et là, elle avait l'impression de l'être, parce que les deux demoiselles devant elle ne lâchaient pas son regard. C'était vicieux, mais elle ne s'en rendait plus vraiment compte. Elle savait juste que c'était du chantage, mais depuis qu'elle voyageait avec eux, elle avait compris que le chantage, bin, c'était vachement utile, et que ça permettait d'avoir pleins de trucs très vite, beaucoup plus vite qu'on ne le pensait. Elle avait l'impression de ne voir que les yeux perçants de deux chats siamois qui cherchaient à lui extorquer des aveux, ou alors des jeunes hyènes qui jubilaient d'impatience à l'idée de faire parler une jeune enfant de dix ans.
La Fiole passa, par réflexe plus que par utilité, passa sa main dans ses cheveux détachés et terriblement emmêlés depuis plusieurs jours - faut dire que plus personne ne lui demande de se coiffer, tout le monde s'en fiche, et elle la première, maintenant - avant de répondre d'une voix placide, teintée de subtils accents de dérision :

    "Déjà, pour votre information, sachez que je ne dis jamais MES secrets à Arcane, mais que ceux des autres, je ne suis pas folle quand même. Et en plus, si vous voulez savoir les secrets, j'ai envie d'dire, vous avez qu'à vous débrouiller toutes seules. Moi, j'ai pas arrêté de trouver pleins de solutions pour savoir pleins de trucs, vous, vous arrivez, et vous pensez que voilà, j'vais tout vous dire de tout ce que je sais, alors que j'ai passé des années et des années à récolter tous ces secrets, c't'un travail acharné, ça s'voit bien que vous vous en rendez pas compte et que vous avez l'impression qu'c'est pas un vrai travail... De toutes manières, personne ne me croit jamais..."


Oui, le côté mélodramatique est indispensable chez la demoiselle, mais paraît que ça lui va plutôt bien et que ça lui donne un côté assez "dame mystérieuse", mais ça, c'est une autre histoire, sur laquelle personne ne veut s'attarder plus longtemps. Non, non, ce qui est surprenant, surtout c'est ce que la gamine va s'apprêter à faire dès que Nomi, qu'elle va haïr pendant une fraction de seconde - chose qui ne lui est encore jamais arrivée, de haïr Nomi, en même temps qui pourrait haïr Nomi, enfin, c'Nomi, quoi - envisage l'idée de cuire et de dévorer un lapin, son lapin. A toute vitesse, l'enfant commence à déblatérer pleins de mots, des secrets, dans un sens très bizarre, sans sens, particulier, en fait. Elle ne fait pas attention au son de sa voix, qui s'élève de plus en plus:

    "Nénéllia, elle aime les fessées. Plus que touut. Nomi elle aime quand Marc lui touche les fesses. Plus que touuut. Surtout quand elle est nue. Dédéa elle a dit qu'la libido de Marc elle va se réveiller. Elle est contente. Arnauld il m'a dit qu'il m'aimait plus que vous tous, même qu'Actyss, je crois qu'il est amoureux de moi. Yorgos a un enfant caché, il l'a appelé "Phallus", pour rire, apparemment mais j'vois pas où est-ce que c'est drôle. Nomi elle aime pas Actyss. Dédéa elle aime pas Nénéllia. Nénéllia elle aime pas Marc. Marc, il t'appelle "feuille morte", Nomi."


Elle reprend sa respiration, et les observe avec un petit sourire de satisfaction aux coins des lèvres. Y'a de l'inventé, y'a du vrai.

Mhm ? "Faites des gosses", vous dîtes?

* --> Je ne me souviens plus, mais je suis sûre que c'est un Grand Homme.
Poum
Du fin fond de l'humus dans le feuilles mortes et les bois pourris.

Petit gland tombé du chêne où passent des fourmis.

Évitant le groin du marcassin, blet devant la laie, terrorisé devant le sanglier, il est ma foy fort pénible d'être un gland. Ma naissance m'ayant octroyé ce statut je le vis bien, sans réellement savoir ce que je vis. Je ne suis qu'un gland après tout.
Je roule, un rien m'amuse.
Futur chêne je garde auprès de moi mes proches espérant leurs faire de l'ombre en été, leurs tenir chaud en hiver.

Dans ma cosse bat une graine, toute petite fragile et frêle, future reine des forêts dans un palais de bois.

Au printemps je germerai, si l'on m'en laisse l'occasion sans m'écraser ou me manger. Il ne faut pas croire... C'est fragile un gland, les châtaignes piquent, nous, nous ne sommes à l'inverse que bonté.

Une idée germe dans ma racine. J'ai le bulbe en fusion. Je vais enfiler la bogue de la châtaigne et piquer fort.

Gland qui roule n'attrape pas racine, gland qui roule vers la bogue attrape épines...

Supergland sera mon nom de justicière !


Tremblez vilains de tous genre ! SUPERGLAND arrive armée de ses pics !
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Cornellia
Juste au moment où j’hésitais entre l’aile et la cuisse, car il était l’heure de manger, pour ma panse en tout cas…

- Gné ?

C’est sûr que là, la réaction est un peu limitée face à la loquacité de la gamine. Tentant de me remémorer cet âge-là que j’ai dû vivre un jour, mon esprit se noie dans des souvenirs lointains que je n’ai plus. Car tout s’est arrêté un jour au fond d’un fossé. Mais ça, c’est une autre histoire !

Enolia est une jeune fille au caractère très affûté pour son âge et c’est franchement rassurant et déconcertant à la fois. Pas moyen de la faire tourner en bourrique, malgré le fait qu’on essaie ardemment. Et quand on pense qu’on y parvient, notre petite gymnaste nous fait une pirouette, et cacahuète dans la tête ! En somme, on ne peut plus s’en passer, car elle est en bonne voie de rentrer dans le clan des enquiquineuses de première !


- Un... ? DES secrets !

C’est une logorrhée de secrets qu’elle nous déballe, là ! Enfin, certains sont vrais, d’autres inventés, d’autres déformés. Faites votre choix !

Efficacité ? En tout, cas, la gamine a effectivement travaillé son sujet très sérieusement… Enfin, elle a des choses à dire… Le pire, c’est qu’ils concernent tous les membres du groupe et qu’ils ont un thème similaire, comme si les rapprochements étaient un sujet majeur dans un groupe. Ça se discute. Mais c’est si vrai et ça commence à travailler Enolia… Ça promet. En plus, son schéma du « qui aime qui » est d’une clarté déroutante.


Il y en a un pour moi, forcément. Qui parle de fesses et de violence. Forcément. En vérité, j’assume totalement, mais ce ne serait pas marrant de ne pas jouer l’indignée !

- D’où est-ce que tu sors ça ? Tu es sûre que tu n’as pas confondu avec un autre mot ? « fêter » ? « cesser » ? « c’est fait » ?

Puis, de continuer avec un index magistral en avant qui se balade de droite à gauche comme pour noyer le lapin:

- Tu sais, tu es encore ingénue, c’est normal que tu ne comprennes pas tout. Un jour…

Oh, et puis, zut ! Je n’ai pas d’autres arguments, j’avoue ! Alors, je lui lance un petit sourire et change totalement de direction, comptant sur sa prétendue naïveté à laquelle je ne crois plus.

- Tu as des secrets toi ?


C’est vrai que je ne connais pas trop son origine à Enolia, puisque tout ce que je sais c’est qu’elle a été enlevée par le Boulet Bouclé qui a une tendance malsaine à s’enticher de jeunes gamines riches et de bonne famille. J’avais déjà rencontré Tisha à l’époque, il y a longtemps, c’était l’avant-Dea. Mais je crois que j’ai un secret sur Marc à propos de ça…

Me retournant vers Enolia, je la regarde avec des yeux qui se veulent bienveillants et envahissants à la fois, piquée d’une subite curiosité…
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