Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Dans la forêt lointaine, on entend le loup-garou

Pepin_lavergne
    [Nuit du 26 mai 1464]



La nuit, fait très étrange mais ô combien véridique, on n'y voit beaucoup moins bien que le jour. Et cette nuit-là en particulier semblait s'obstiner à être vraiment, vraiment très sombre. A croire que c'était fait exprès. Et c'était, évidemment, cette nuit-là que Pépin et Arnauld étaient de sortis. Que faisaient-ils, au beau milieu des bois, à minuit, avec des pieux, une lanterne, un filet, et le cadavre d'une chèvre ? La question se posait assurément.

Tout avait commencé un peu plus tôt dans la journée, avant le dîner. Pépin avait trouvé Hélona dans un état épouvantable, puisqu'elle était pleine de griffures, et que la moindre blessure prenait, aux yeux de son mari mort d'amour, des proportions dramatiques. Il suffisait qu'elle se retourne l'ongle pour qu'il veuille trouver un médecin, aussi n'y avait-il rien d'étonnant à le voir s'inquiéter des multiples éraflures qui striaient le corps parfait de son Hélona. Et alors qu'Arnauld déboulait dans la taverne avec ses cheveux impossibles vissés au crâne, Hélona, après quelques hésitations, consentie à dire la vérité. A savoir qu'elle avait échappé de justesse à la mort, parce qu'elle avait échappé à l'attaque d'un loup. Mais pas n'importe quel genre de loup. Un loup-garou.

Branle bas de combat, une heure plus tard la décision était prise, Arnauld et lui iraient battre la campagne à la recherche de la Bête, histoire de lui expliquer gentiment qu'en fait, elle n'était pas la bienvenue du tout dans la région. En résumé, les deux amis projetaient purement et simplement de tuer le monstre. Et pour ça, il fallait des tas d’ustensile divers et variés. Donc une chèvre morte.
La nuit venue, les deux compères s'étaient mis en chemin en direction des bois. Pépin traînait derrière lui la chèvre en question en brandissant de sa main libre une lanterne et un bâton taillé en pointe, tandis qu'Arnauld portait le filet, et les deux autres pieux. La lisière fut franchie allégrement, bien que le frisson de l'aventure parcourut le dos de l'Auvergnat.

Un certain temps plus tard, ils parvinrent à dénicher une clairière. Il faisait noir, et seule la lanterne permettait de distinguer les contours des arbres, la pleine lune pour l'instant cachée par un nuage. Sans se montrer trop sensible, Pépin découpa à la hâte le ventre de l'animal, et sans plus attendre, se percha sur une branche à deux ou trois mètres du sol. Ne restait plus, désormais, qu'à attendre. Et quoi de mieux pour tuer le temps que la consommation - plus ou moins modérée - de gentiane ? Il déboucha son outre et avala une large lampée, s'essuyant la bouche d'un revers de main.


- T'en veux, vieux bulot ? proposa-t-il à son ami, un peu plus loin.

Puis, enchaînant tout de suite après, il demanda :


- Dis, est-ce que loup-garou ne sentira pas notre odeur, de là ? Tu crois pas qu'il préfère le gibier quand il court ?

_________________
Arnauld
- Si, ou en tout cas, il ne l'aime pas quand il est perché sur une branche. Ça se saurait, si les loups bouffaient des oiseaux.

Voilà, ça c'était le cours de zoologie made in Arnauld. Il aurait pu l'enrichir d'autres données fort intéressantes qu'il stockait dans son merveilleux cerveau, comme le fait que dans tous les cas, une chèvre éventrée qui pue est sûrement plus appétissante pour une grosse bestiole pleine de crocs, de griffes et de poils, que de petits humains maigrichons à 5% de matière grasse, ou encore que, allons-y, hein, carrément, les loups-garous n'existaient pas.

Mais chut, sur ce dernier point. Même s'il en avait la conviction - on était dans la vraie vie, hein, pas dans un conte de fée - il ne fallait surtout pas en parler à Hélona, ni à Actyss. C'était une bien trop belle occasion de passer pour les deux plus grands héros de l'histoire, et Hercule pourrait aller se rhabiller (il avait justement un peu trop tendance à se balader à poil).

En tout cas, leur plan était drôlement bien rôdé. Pépin avait ramené la chèvre - Arnauld avait décidé de ne pas lui poser de questions sur sa provenance, du moment que ce n'était pas un des animaux de sa femme adorée. Lui, il avait ramené le filet, trouvé sur le port. Leur stratégie ô combien lumineuse - même s'il faisait noir, ahah, il pouvait être si drôle parfois - consistait donc à appâter la bête, si bête il y avait, à lui laisser goûter aux entrailles de Madame la Chèvre, à de lui balancer un filet sur la trombine pour la maîtriser. Ensuite, ils l'interrogeraient. Oui, parce que vous comprenez, si jamais c'était un gentil loup-garou qui avait été traumatisé dans l'enfance, rendu orphelin par la méchanceté des hommes qui avaient massacré sa famille, et qu'il cherchait à oublier sa peine et à se faire remarquer en coursant les rousses qui s'aventuraient dans la forêt ? Ce serait horrible de le tuer, ils seraient des monstres pires que lui. C'était en tout cas l'opinion d'Hélona. Mais si c'était lui le monstre sanguinaire qui rendait des petits enfants orphelins, alors ils pourraient le tuer en toute bonne conscience. Et ça, seul l'entretien qu'ils auraient avec lui pourrait le leur apprendre.

Enfin, Arnauld restait persuadé que soit Hélona avait vu l'ombre d'un écureuil derrière elle quand elle courait dans la forêt et que son imagination s'était grandement enflammée, soit il y avait bien un loup mais pas plus garou que vous et moi. Mais ça l'arrangeait bien, toute cette histoire ; ça lui donnait l'occasion de picoler tranquillement de la gentiane perché sur un arbre avec Pépin, et s'ils prenaient bien une bête, de voir l'admiration briller dans les yeux de sa femme et, sans aucun doute, une telle passion que toute cette histoire se finirait sans vêtements.

Mais en attendant, leur offrande caprine était superbement ignorée. Balançant ses jambes dans le vide, un peu penché en avant, il regarda la pauvre bête éventrée au milieu de la clairière. Tout ça pour rien ? Aucun prédateur ou charognard ne pointait le bout de son museau velu. Il allait en faire la remarque à Pépin, quand un craquement de brindille un peu suspect le fit se figer.

- T'as... T'as entendu ? Y a un truc qui vient !
_________________

    Bannière made in JD Pépin_lavergne.
Pepin_lavergne
C'était vrai, cet imbécile avait raison, ne put que constater Pépin en maudissant Arnauld. Il y avait bien un bruit, et à tous les coups, c'était parce que son ami avait fait du bruit. Le cadavre de la chèvre morte le fit grimacer. Ce n'était peut-être pas tant Arnauld que la malheureuse bête qui attirait les créatures nocturnes. Néanmoins, c'était le Languedocien qui avait remarqué le bruit en premier, donc en définitive, c'était quand même de sa faute. Il fallait bien un coupable, et le jeune homme était tout désigné pour tenir le rôle. Pépin déglutit avec peine, les yeux fixés sur la chèvre. Les loups-garou ne pouvaient pas exister. Quoi que... Toutes ces histoires, que l'on se racontait en Auvergne, sur de mystérieuses créatures qui pouvaient se tenir sur deux pattes... Et qui dévoraient les enfants... Il y en avait eu, des récits du genre, à Laroquebrou ! C'était donc très potentiellement vrai. Hélona n'avait pas rêvé, elle avait toujours eu raison, et s'il n'avait pas voulu y croire, c'était parce qu'il n'avait jamais été confronté à la Bête !

- Mortecouille ! s'exclama-t-il quand, juste sous leur arbre, une silhouette sombre se dessina.

Une silhouette bizarre, d'ailleurs. Pépin souffla brusquement sur la lanterne, l'éteignant d'un coup. Il s'agissait de ne pas se faire repérer. Mais les nuages, là-haut, s'étiolaient petit à petit, et la lune aussi ronde qu'une pièce de monnaie éclaira la scène d'une lueur pâle, froide, mystérieuse et terriblement glaçante. Car juste sous eux, il y avait bien un animal. Il reniflait la chèvre morte et sa mâchoire se referma bientôt sur la gorge de l'animal, qu'il entreprit de tirer à l'abri des arbres. La créature était couverte de fourrure, et avait l'aspect d'un gros chien, beaucoup trop gros pour que c'en soit un. Presque trop grand pour que ce soit un loup normal, également.


- Arnauld... Arnauld, qu'est-ce...

Sa voix tremblait un peu et il n'avait plus l'air courageux du tout. Ca n'allait pas, il fallait qu'il se reprenne. Il était un bonhomme, ou quoi ? Et un vrai bonhomme ne tremblait pas devant un petit louveteau - même garou - parce qu'il était courageux. Aussi ce fut d'un ton beaucoup plus sec qu'il reprit :

- Tu le lances ton filet ou t'attends Noël ?

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)