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[RP] D'un Renard à l'Autre.

L_aconit
    [L'aconit : le seigneur roux. Il a un bracelet . Un bracelet en cuivre au poignet gauche.
    Ansoald : Intéressant...
    L'aconit : Je le veux.]



Il avait vu cet homme roux. Ce roux flamboyant qui toujours avait accroché ses yeux bleus. Partout. De tout temps. Femmes ou hommes, bien que jamais avec la même perspective... Ce rouge discorde. Comme un Automne quotidien. Tranchant avec le blond blanc de ses cheveux d'hiver. Il avait vu à sa mise qu'il était noble, à son poignet un bijou appât, mais à ses manières qu'il était renard. Et d'un renard à l'autre... L'Aconit était enfant d'opportunités. A force de côtoyer Ansoald, de s'y frotter, de s'y coucher et de s'y lever, le jeune spadassin avait finit par se voir pousser des crocs.

Nicolas avait dépensé toute sa rente du mois dans un tripot d'Alençon, à jouer contre bonne fortune la veine du jeune brun. Et celle du mois d'avant, dans l'acquisition d'une piaule bien placée dans la capitale. Le jeu était toujours le même. Jouer... Gagner ou perdre... L'honneur de regarder l'autre s'avilir un peu. Le temps d'une nuit. Le prince de Retz le rétribuait encore bien malgré le heurt de " la Lettre." Le jeune breton aimait cela, sans doute la seule constance que possédait Taliesyn ... Et qui lui permettait d'être un peu oisif lorsque le besoin se faisait sentir.

La nuit venait de tomber. Ansoald était sorti. Diable sait où. Aux filles, peut-être. Le breton l'avait laissé faire, sans le questionner. Garder quelqu'un exigeait parfois qu'on le laisse plus libre qu'on ne l'aimerait. Pour se rasséréner, sous son oreiller, une autre Lettre. Une que personne d'autre que lui ne saurait lire, cette fois. Et la main fine et blanche de froisser sous l'édredon le vélin griffonné.

"Nicolas,

Tu dors. Tes bras ceignent ton front serein, tes lèvres accrochent au temps une virgule épaisse, tes pieds indiquent ponant et levant sur la boussole de mes rêves en fuite. Je voudrais te mordre pour me faire une place, voire t'écorcher pour me glisser sous ta peau...Las! Je n'ai même pas la force de te gratter le torse, pour imprégner ton corps de l'encre de mes poèmes. Car j'ai des poèmes pour toi, le sais-tu? Aussi nombreux que les étoiles du ciel, je n'ai qu'à lever le bras pour les piquer à la pointe de mon calame, et à te baigner dans l'encre noire de mes nuits, et qu'à la fin des orteils aux oreilles je te fasse rimer tout entier sur mes douze battements de coeur....Tu ne comprends pas? Essaye donc d'écrire à la lumière d'une chandelle, dont la faible lumière est juste bonne à éclairer trois mots avant l'actuel. J'écris donc à la pointe du coeur, sans raison ni logique des phrases sinusoïdales, bercé par ton sommeil, illuminé d'éclairs, Z ton sommeil chien de fusil je monte la garde et verse un peu de sang sur le derme poli.


Tu dors si bien. Tu as encore travaillé pour deux hommes aujourd'hui, alors que je flânais comme un vaurien entre les rangs de vigne dégonflées de raisin. Tu ramènes au foyer l'or des propriétaires, en contrepartie de quoi ma lettre ne brille d'aucun éclat. Si seulement tu me laissais graver au couteau sur ton torse glabre les sillons de ma peine, tu comprendrais mon désarroi. Mais tu dors et moi je roule ce grain blanc autour de ton ombilic, ma tête vogue sur la houle animant ta poitrine. Et si tu savais les pensées obscènes qui entravent mon sommeil à cet instant, toi aussi tu serais debout, fier comme mon amant.

Mais tu dors. Reclus dans ton sommeil, tu as emporté la meilleure part de moi. Je ne suis plus qu'une ombre qui couvre ton corps quand mon âme protége ton repos. Tant pis, j'ai aussi la tienne, bien qu'elle soit scélérate de me laisser les yeux ouverts. Si l'un de nous tombe, l'autre s'effondre, vidé de sa substance. Pauvres choses que nous sommes. Dors, Hermaphrodite, Salmacis veille. Nous inverserons les rôles tant que les dieux ne nous accordent pas le privilège de n'être qu'Un.

Anso "

Oui. Ce bracelet il le voulait. Il le voulait comme un défi. Comme un "combien tu m'aime?", et comme un degré de plus dans son émancipation loin de l'emprise de son mentor, de ses armées, de sa garde meurtrière. Nicolas était coquet, à sa manière. D'une tresse bien plaquée à son crane, d'une manche soigneusement repliée sur ses avants bras. D'une paire de mains impeccablement lavées. Et pourtant, l'androgyne se sentait plus homme que jamais, dans l'exaucement d'un autre. Il avait poussé le vice jusqu'à glisser son dé dans la poche du brun, comme un appel à un nouveau jeu. Puisque tout y revenait toujours. Leurs colères. Leurs réconciliations.

Lance-donc ce dé, Anso. Je le veux...


[Ansoald :Tu l'auras.]
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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) - Recueil
Ansoald


"Je voudrais que l'on vienne jouer aux dés sur ma tombe, j'ai trop aimé ce bruit." Jules Mazarin


Il se penche sur le corps allongé devant lui, glisse la main sur le cou, tâte le pouls. L'homme dort paisiblement, assommé par le sommeil du juste. Un valet de messire de Lioncourt, épris d'ordre et de justice, chaque chose à sa place, chaque chose en son rang, confiant à l'excès en la nature humaine, acceptât de bon coeur un breuvage épais. Une décoction maison, déguisé sous la robe d'un hypocras bien épicé. Il devait accompagner de façon agréable une partie de dés, aux faibles enjeux, quelques mailles d'argent. Le jeu était surtout le moyen pour le casanier d'entendre quelques histoires étranges et gourmandes, savamment distillées par le pérégrin aux manières avenantes.

Or, tout occupé à boire ses paroles, le domestique ne s'aperçut pas qu'il avalait, en guise de fortifiant, un puissant narcotique. Il tomba la tête la première dans le cercle de jeu, imprimant sur son front un 6 de malédiction. Ansoald lui tapote la joue, pas de réaction.

L'apothicaire se redresse, le sujet a son compte de rêves: il en vivra mille avant de se réveiller. Pendant ce temps, Ansoald peut se consacrer à sa mission. Endossant la livrée de la valetaille, il passe pour le meilleur d'entre eux. Sa tignasse brune est impeccablement rangée. Sa peau est nette, rasé de près, mais il s'est abstenu de parfum. Malheur au chien qui sent meilleur que son maître. Il a taillé dans une glace un visage obséquieux, les lèvres pincées, l'air du gars prêt au moindre problème d'adopter le visage du problème, pour complaire aux moindres exigences, pour être le serviteur zélé de la volonté du patron. Sa chevelure brune est blanchie à la cendre, une moustache couvre la gouttière sous son nez, un masque de cire donne à ses traits une figure vénérable. Il a hésité à se boucher les narines avec des brins d'étoupe pour modifier sa voix, mais préfère sagement y renoncer: le moindre éternuement suffirait à le faire tuer....
Pour le reste, Anso compte sur l'indifférence que manifeste d'ordinaire un noble à son valet. Quant à la sécurité, il a entendu dire, il a vu de ses yeux, que le duc d'Alençon ne tient pas la prudence pour une vertu.

Il sort de la pension où il avait attiré le malheureux. La complice, une tapin aux charmes fanées, se tient non loin de là, debout, les seins en devanture. Il glisse dans le décolleté son obole, la payant pour la location de la masure. Il retient un rire en songeant à la gueule enfarinée du valet se réveillant dans un claque. La honte s'alliant au dégoût pour marteler ses lèvres. Mais il ne doit pas rire: le camouflage est à ce prix. Cette abstinence s'avère, tout au long du trajet, très difficile. Il ne cesse de penser à l'Autre. Nicolas excitait de nombreux vices sous la peau et dans l'âme du brun, mais jamais encore il n'avait exalté en Anso la passion du vol. Leur amour, qu'il croyait sans bornes, qu'il vivait sans limites, trouvait là une complicité nouvelle sur les pentes glissantes du crime.
Sans hésitation, il avait accepté cette mission. Par la suite, il avait bien songé à une contrepartie, mais il n'en voyait pas la peine: que ses talents de coquin ébahissent d'admiration le visage, honnête, beau et noble de son amant, il serait payé pour cent ans!

C'est d'un pas léger qu'il se présente devant la résidence du Lioncourt. En apercevant les trognes patibulaires des gardes de l'entrée, aussitôt il se corrige. Un vieillard ne doit pas cheminer ainsi, mais d'un pas lent, précis, laborieux. La livrée trompe les cerbères de la porte, qui le laisse entrer sans discuter. C'est presque frustrant pour le voleur, qui avait mis du soin à préparer un discours. Las! Les militaires, plutôt que de tenir leurs rôles, préfèrent encore mirer leurs gueules ébréchées dans le reflet de leurs lames. Une nouvelle acquisition d'épée attire tous les regards. Soit! Notre vieillard progresse dans les couloirs sans être dérangé. Mais où se situe la salle de bains?

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Lglvh
Votre bain est prêt.

Moue Lestatienne

Dépêchez-vous avant que l'eau ne refroidisse. Je fais encore un voyage avec le chaudron et la gouvernante m'estourbille.

Ce satané valet, quand il avait une idée, elle restait fixée et ne s'en allait plus. J'avais pour habitude de faire trempette après vêpres, pourquoi diable avançait-il l'horaire au matin.

C'est quoi les trucs qui flottent là ?
Les herbes de l'apothicaire
A quoi sert de prendre un bain dans de l'eau remplie d'herbes. C'est sale, on dirait une mare. Les poissons y b*sent dedans
Parce que vous y voyez des truites vous dans le baquet peut-être ?


Seconde moue, la couverture maintenue et nouée frileusement et non pudiquement autour de ma taille, j'entrepris d' attacher la tignasse rousse en bidule enroulé derrière les oreilles de déposer religieusement le bracelet de cuivre sur le rebord de la fenêtre, la seule fois qu'il m'avait accompagné dans la flotte, j'avais failli en perdre mes tâches de rousseur en constatannt les traînées vertes que ça engendrait, puis, j'hasardais à y tremper deux orteils.

Grimm t'es sûr que...

Le tissu fut arraché, la claque raisonna et c'est avec l'emprunte de la main du vieux sur le séant que je pris place dans la flotte.
Satané valaque, fallait que je pense à lui assurer une retraite peinard au fin fond des terres de Trun, deux vaches, un cochon, une matrone et qu'il me fiche la paix.


Je vous hais.
Se sont des herbes qui rendent la peau douce et qui préviennent les irritations. Avec le froid qui commence à tomber, vous allez vite avoir des gerçures et ne boudez pas ainsi, si madame la baronne vous voyez
Foutaise, mère est morte et un cadavre ca ne voit pas, que je sache
Votre impertinence vous coutera des bricoles un jour..


Ploc ploc, je tapotais mes doigts à la surface de l'eau, jambes repliées, menton appuyé sur les genoux, je toisais le valet, provocateur.

Tu sais pourquoi les canards ont le bec plat ?
Aucune idée
Tu sais pourquoi les castors ont la queue plate ?
J'ai peur de comprendre
C'est parce que les canards les ont trop su...
Je ne veux pas savoir ! Je pars faire une course, je serais revenu avant que l'eau ne refroidisse. Soyez sage et évitez d'énerver toute la maisonnée.


La porte claqua et j'en restais coi.
La voilà la réponse, le monstre avait trouvé le moyen de se débarrasser de moi pour aller faire un je ne sais quoi qu'il avait bien omis de me dire.

Grognon, je détendis mes pattes et appuyais la nuque sur le rebord de bois, jouant avec les chevalières que l'eau faisait glisser.
Peu à peu, je laissais l'eau chaude détendre mes muscles et ma foi, je ne pouvais que constater que le cocktail herbacé de Grimm n'était pas trop déplaisant à l'odorat.
Je fermai l’œil, chassant de mon esprit tout tracas quotidien et à un moment de l'histoire je dus somnoler quelque peu, car un frisson me fit me redresser net.


Mince alors !
Grimm ! Griiiimm !!
Tu m'as oublié ou bien ? J'me gèle les glaouis moi !


Ou était passé le vieux ? Les dents commencèrent à s'entrechoquer, la peau rougit et une fierté perdit de sa splendeur prenant une allure de crevette morte. Fallait que je sorte de là, j'avais bien des origines slaves et un foutu accent qui voulait pas me lâcher mais y avait des limites de température à ne pas dépasser.

Je sortis de la bassine, manquant me viander. Dégoulinant, frissonnant, je cherchais un linge, une couverture que bien évidemment le valet avait du reprendre en partant, je finis par en arracher un rideau et m'envelopper dedans.
Pieds nus et déclenchant un raz de marée sur le sol, je déboulais dans le couloir, de fort mauvais poil. J'aurais dû être habillé, pomponné et nourri depuis fort longtemps .


Furieux, je me heurtais à quelqu'un alors que j'empruntais l'escalier menant aux cuisines.

Oh berdol tu peux faire attention ? As-tu vu Grimm ?
A la réponse négative, je surenchéris

Va me préparer mes vêtements, Germaine a passé le fer sur la chemise noire, ne la froisse pas !
A croire qu'il y a plus personne dans cette maison, manque plus que je me fasse a becqueter même, c'est juste pas croyable !

Je continuais ma route, me tournant perplexe, pour observer l'homme qui s'éloignait. Une sensation étrange, de déjà vu, sûrement un garçon d'écurie trop âgé pour les tâches lourdes que Grimm aurait passé en service interne.
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Ansoald
L'heure est adéquate. La vie de Lestat est loin d'être réglée comme celle d'un moine, mais il a ses habitudes, ses manies. Lors de ses repérages, le larron avait appris, avec une curiosité toute gourmande, que le seigneur de Lioncourt faisait sa toilette à une heure régulière. Qu'il y tenait férocement. Sa propreté ne pouvait être mise en doute. Rituel de débauché, avait conclu l'assistance, à la suite de l'avis d'un homme d'église, lequel tenait pour vérité divine que l'on doit se méfier de ceux qui se lavent le corps et se parfument. Anso n'avait cure de ces propos puants, il tenait son information. Désormais dans la place, déguisé en domestique, il devait se hâter. A vrai dire, il ne savait s'il était en avance ou en retard: les clepsydres à poignet n'étaient pas encore inventées. Aussi ne devait-il se fier qu'à son flair, quand soudain....

Un frisson lui glace l'échine, quand le Duc le bouscule en bas des escaliers, furie aux cheveux écarlates qui se roule dans le pourpre au lieu de le fouler. Il baisse les yeux sur les pieds nus de Lestat, en signe de respect, en guise de dissimulation, écoutant sans broncher les ordres proférés par cette bouche insolente. Il ne parle pas, répond simplement par un hochement de tête, les lèvres pincées et les mains de même dans le dos. Son attitude déférente est facilitée par l'acrimonie du Duc: tout bon valet sait qu'il ne faut pas soutenir le regard d'un noble en courroux. Gare à celui qui l'ose, il risque de servir de défouloir à la colère de son maître. Ansoald n'est pas né dans la valetaille, mais il a vu au cours de son enfance les dispositions particulières qu'entretiennent les aristocrates avec leurs chiens: la brutalité est une conduite, un devoir, voire une jouissance.

Non pas qu'Ansoald est révolté contre l'ordre établi. Le Très-Haut tire les cartes, à chacun de miser selon son audace et sa chance. Il ne savait pas, en fait, que le Duc se laissait, tout à sa débauche, claquer les fesses par inférieur à lui. Il apprendrait plus tard que ce noble important avait des manières de brigands. Pour l'heure, il s'éloigne sans un mot, le front impassible, la démarche tranquille, quand bien même il est au bord du gouffre. Un mot de plus, un mot de trop, et tout s'arrête. Que Lestat lui aggrippe l'épaule pour le chicoter un peu et la supercherie est dévoilée sur le champ. Ensuite la justice paternelle fera son office. Ses pieds danseront la gigue à la face des badauds. Alors, pourquoi courir un tel risque pour un simple colifichet de cuivre? Qu'il n'est pas certain, au passage, de trouver là où il a présumé qu'il soit, désormais que le diable est sorti de sa boîte. Alors, pourquoi risquer sa vie sur un coup de dés?

    Pour montrer ce qu'il vaut.


      Par l'amour ennemi de la raison.


        Pour piquer des roses sur l'étoffe d'une vie laborieuse.


Quoi qu'il en soit, le chemin de la salle de bains est désormais tout tracé pour Anso. Il n'a qu'à suivre les empreintes humides que le rouquin a laissé sur le sol. Son oeil exercé à la traque n'ignore pas ce genre de détails. De surcroît, l'architecture des résidences cossues suivent une logique similaire: la pièce d'eau est située à proximité de la chaleur des fourneaux des cuisines. Il n'est donc pas difficile pour le voleur de trouver la bonne porte...


"Hé là! Vous auriez pu frapper!

_Pour...Entrer dans un placard à balais?

_N'empêche qu'on est occupés, voyez bien!"


Anso referma la porte, laissant le couple de valets à leur affaire. Pas étonnant que Lestat ne trouve personne dans les couloirs, si sa domesticité suit maintenant l'exemple de son maître. Heureusement, la pièce suivante s'avére être la bonne. Un baquet fumant trône au centre de la salle. Immédiatement, il se met à fureter dans les affaires de Lestat. Il n'a pas à chercher longtemps. Le bracelet de cuivre se trouve posé au bord de la fenêtre. Une fenêtre. Dans une salle de bains. Voilà le genre de détail incongru qui va aider notre voleur à faire son affaire. Car il est certain, arrogant, de détaler plus vite que les masses de ferrailles des gardes de l'endroit. Alors, le brigand prend ses aises. Il se mire dans l'eau sale et herbeuse, le bracelet à la main. Objet de peu de valeur, en vérité. C'est un mystère pour Anso que Nicolas convoite cette babiole. Au poignet, ce n'est pas très élégant. Et si...

Ni une ni deux, le voilà qui se débraille pour mettre les joyeuses à l'air. Il glisse alors le fameux bijou sur la longueur de son sexe. C'est bien plus joli à regarder, porté de cette manière. Il en profite donc pour pisser dans le bain, aussi insouciant qu'un Antoine de Bourbon sur les remparts de Rouen, cent ans plus tard.* Parfait pour réchauffer l'eau du bain, si jamais le Duc souhaite refaire trempette. La commission terminée, il ôte le bracelet, remballe le paquet, puis....Ouvre la fenêtre. S'il avait su! Dans le domaine de l'escalade, Anso est aussi à l'aise qu'une araignée sur un mur. Mais il est tellement exalté par la réussite de son larcin qu'il manque de se rompre le cou plusieurs fois avant d'atteindre le sol.


Hé toi là-bas!

Hé moi là-bas? Attrape-moi si tu peux, gros lard!

Au garde qui a été alerté de ses acrobaties, il adresse un majeur rigolard, puis se carapate sans demander son reste, trouvant dans la course le bonheur d'être libre, en habit de valet


*le père d'Henri IV, mort d'un coup d'arquebuse en 1562 au cours du siège de Rouen, alors qu'il était en train de se soulager la vessie.

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L_aconit
    Et où revient renard voleur, lorsqu'a détroussé son compère, d'une main entrainée?


A son terrier, assurément. Dans le giron de celui qui, par son caprice, a commandité.

Les longs cheveux blonds sont étalés sur la courtepointe, tandis que le spadassin joue à son jeu préféré. Posé ainsi, dos contre la couche défaite, Nicolas observe la voie lactée de son plafond. Constellations hasardées en une infinité de petits trous parsemés dans la boiserie. La main hyaline fait tourner le stylet entre ses doigts arachnéens, jusqu'à finir par le lancer, afin que s'arrime tout droit cette virilité tranchante dans les fibres du bois. A la verticale, fièrement ancrée. Et de compter mentalement, lentement...

Un...

Où était le détrousseur, à cette heure avancée? Dans quel coffret cherchait-il son honneur, à ramener la queue haute aux confins du foyer? La garçonnière soupirait son ennui, sans ce malin flâneur, écoutant passer les heures.

Deux...


Le jeu valait pourtant le chandelier, non? Un si beau bracelet. A son image, simple mais robuste, et dont la valeur ne s'évaluait pas à l'oeil nu. Il le porterait un temps, jusqu'à s'en lasser, le revendrait sans doute sur un quelconque marché, noir s'entend. Où peut-être le garderait-il, qui sait, objet fétiche lui rappelant quelques idées, de celui qui l'eut porté puis l'eut "perdu"... Un sourire énigmatique égaya le visage aux traits doux, sans doute soudain plus inspiré.

Trois...


CLAC.

Un bruit puissant vient résonner dans la piaule, accompagné par un courant d'air frisquet. L'oiseau est dans la cage... L'oiseau s'en est rentré. Et l'oeil bleu fixé, impassible, sur l'attente ténue cherche à ne pas se déconcentrer. La tête dans les étoiles souffre déjà des pensées qui l'agitent. Jusqu'à ce que, sans crier gare, ne se détache le poinçon meurtrier. Et la main de le saisir dans sa chute, dans la délicate manoeuvre quitte ou double, manquant de lui fendre la patte. Coeur soudain en sarabande, en ribambelles, adrénaline aux bord des lèvres lorsque la main trop sûre d'elle vient accrocher son vis à vis. Cinq doigts nus, entiers, bientôt délicatement accompagnés.

Nicolas bascule souplement sur le ventre, hasardant sans hasard un
" Alors? " emballé.
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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) - Recueil
Ansoald
Il a couru si longtemps qu'il s'est perdu dix fois. Mais peut-on se perdre dans une cité que l'on ne connait pas? Il a semé les gardes et les chiens aux quatre coins de la ville, enchaînant les détours si bien que Déos lui-même a renoncé à le suivre. C'est seulement aux abords d'une petite fontaine, située au coeur d'une place tranquille, qu'il a stoppé sa course. Il a miré à la surface le piètre camouflage de ses traits, puis il a plongé la tête dans l'eau froide qui a coulé tiède sur ses tempes. Il s'est ébroué ensuite avec vigueur, se recomposant un visage, cheveux amoncelés en pagaille sur une voûte sans lézardes, nez faraud altéré par les lazzis de ses maxiliaires, le menton en avant signe d'un homme libre. C'est à ce moment précis qu'une ondée se déclenche, pour compléter le tableau. Il rit, seul, comme un con, comme un fou, en songeant que le ciel n'est pas avare envers lui. Un enfant pointe sa frimousse de noiraud, intrigué par cet homme au comportement étrange. Ansoald en profite pour se débarrasser de sa livrée de valet, dont le gamin s'empare sans hésitation. Elle lui servira de couverture, à lui aussi. Il jette une exclamation en guise de remerciement et tourne les talons, s'éloignant à pas comptés, la livrée sur les bras, fier comme Artaban. Quant à Ansoald, malgré sa course échevelée, il commence à se frotter les bras. La pleurésie adore les mois de Novembre en Alençon. Mieux vaut ne pas lui faire plaisir. Habillé d'une simple chemise de toile, il s'en retourne à la tanière. A la frustration des dames, il a gardé le pantalon.

Il promène ses regards partout dans les ruelles. Le bracelet de cuivre orne son poignet. Chaque mouvement suspect est scruté du coin de l'oeil, ce qui définit une sacrée acrobatie visuelle. Faire comme si, quand on est comme ça. Ne pas éveiller les soupçons tout en surveillant que personne ne suit son sillage. Mais Anso est-il assez prudent? La vision de son commanditaire, de son sourire à nul autre pareil, corrompt sa vigilance. Il a hâte de montrer sa réussite. Il s'engouffre sous le porche, grimpe avec allégresse les escaliers, ouvre et claque la porte à la volée, entre en trombe, mais....


    Au seuil de la chambre, fait halte


      Contraint poumons et coeur à s'en pincer le nez, à s'en mordre les veines


        Pénètre en dissimulant son bras gauche, affichant une mine impassible, ayant, pour Anso, valeur de masque funèbre


Et penche le regard vers lui, pour fixer son attention, n'hésitant pas à faire diversion de sa main droite, comme s'il jonglait avec deux-trois mots invisibles. L'observer, le jauger, compatir à sa pitié, frémir de sa jugeote (car ce bougre a le don de deviner où il va et ce qu'il fait), et au dernier moment, lui présenter le bracelet à son bras, l'ôter et le passer au poignet de son acolyte, en déclamant d'une voix solennelle:

Nous voilà unis par les liens du maraudage.
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L_aconit
Le blond s'était levé, attiré par la curiosité de l'exploit. Il savait Ansoald d'une nature très déterminée, et ne doutait pas tant de la réussite de la manoeuvre mais... Cet air fermé... L'imprudent aurait échoué? Il cogne d'une épaule la poitrine de son autre, le forçant un peu à tout lui révéler sans tarder, se saisit du mauvais bras, avant que le bon ne viennent le calmer.

Et d'écarquiller les yeux sur le précieux.


- Amèèèèèèèène...

    Le bel objet.


Il le passe comme un bijou de serment. Quel incommensurable plaisir ... Le coeur reprend sa sarabande, animant la réplique du breton de la pointe assassine d'une diatribe enjouée.


- Il est parfait...! As tu eu du mal à l'obtenir? As-tu manqué de te faire rosser les fesses pour cette audace?...Voilà qui apprendra à ce duc prétentieux, à me traiter comme un valet et à tenter de me négocier comme un objet pour souffler sur son bol de lait. Cornecul.

Cri du coeur, serti d'un franc éclat de rire. Anso aurait sans doute pu l'alléger de sa culotte sans qu'il ne s'en rende compte. C'est donc à ce prix que se paye l'oisiveté. A trainer en taverne avec des gueux, et rire à gorge déployée, on finissait forcément par y laisser un peu de sa dignité... Le bras du blond vient couver l'épaule du brun, plutôt fier de sa prise. Nicolas sait bien au fond de lui qu'il a pris tous les risques pour assouvir son caprice, et l'exaucement en valait la peine. Il ressent une immense satisfaction. Celle de transgresser la loi et celle de rétablir une certaine justice à la fois, paradoxalement. Le spadassin vient retirer et remettre dix fois le bijou, le trouvant seyant à souhait, lui qui n'en possède pas.

Lorsqu'il avait dit au jeune voleur, "qu'il le voulait", rien n'était moins sûr qu'il s'agisse du bracelet plus que du roux. Mais ce dernier s'était montré bien trop inaccessible, bien trop fermé, à tout régler au bruit de la monnaie. A se gausser avec ces autres ducs, comme un cercle qu'il ne pourrait jamais éprouver, appartenant lui, à un autre monde. Il prêtait dès lors à Lestat un corps enveloppe, inoccupé, sans l'âme qui devrait parachever l'oeuvre qu'il était. Et avant de passer le bracelet, il s'étonne, du vent contraire qui vient le surprendre.

- Regarde, une inscription.

Et elle ne présage rien de bon. Car qui s'amuse à graver un bijou y tient plus que de raison. Les yeux se plissent sur l'objet de curiosité, y lisant à voix haute.


- Lou.

Finalement... Le duc de Trun ne serait pas si vide que cela. Qu'importe. Le mal est fait. Et d'hausser les épaules en guise de résistance à toute réflexion plus poussée. En guise de merci, l'Aconit vient baiser les lèvres impies. Poussant ce corps éclatant de jeunesse dans une lutte factice qui les échoue à la faveur du lit.

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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) - Recueil
Lglvh
Germaine étant absente, je fis de ses quartiers mon paradis gustatif.
Un trou dans la miche de pain pour en remmener une mie moelleuse, un pâté de campagne caressé et des doigts léchés puis une tranche autant large qu’un pavé en fut prélevé, du lait encore tiède bu à même le pichet, j’étais en ce moment le roi des cuisines.
Repu et le ventre rebondi, il était temps d’aller se vêtir.
Nulle trace du valet dans la salle d’eau. Etrange.
Pas de frusques préparées, mais ou va-t-on ? Encore un qui sera grassement payé à la fin du mois à ne rien faire. Mais j’étais ainsi fait , mes employés ne devaient manquer de rien et trop souvent ma générosité m’attirait les foudres de ma moitié.


Je retournais dans la salle d'eau, des fois que mes affaires y avaient été déposées et mon regard se figea sur le rebord de la fenêtre. Ou était-il ? Je regardais le sol, la baignoire , retournais dans ma chambre, secouant les draps. J'étais pourtant sûr de l'avoir déposé comme d'ordinaire sous cette foutue fenêtre !
Un vent de panique et d'amertume s'abattit sur moi de plein fouet.
Comment avais-je pu perdre ce bracelet qui ne quittait mon bras que pour faire trempette, depuis le 8 décembre 1461 que Lou me l'avait passé solennellement me promettant monts et merveilles.

Aujourd hui il ne restait plus qu'un précipice, un trou noir et profond. Malgré les mensonges et la trahison, malgré les souffrances et les épreuves traversées, il n'en restait pas moins que ça avait été l'amour avec un grand A. Il y avait les fou furieux, les fous à lier, les fous de Déos et moi j'étais le fou de Lou.
C'était comme ça...Quand j'aimais c'était à l'excès, sans mesure et sans concessions.
Je savais au fond de moi avoir été stupide et pathétique mais malgré tout, une perle ourla mon azur pour rouler sur ma joue d'albâtre, puis une deuxieme puis se fut un torrent.
Je pensais au jumeau du bracelet, celui qui cachait l'inscription Lestat à l'intérieur, passé à un bras appartenant à un corps qui se décomposait au fond de son puit. J'imaginais la longue chevelure noire, flotter tout au tour et le visage que j'avais tant cheri, passant et repassant mon doigt amoureux afin d'en souligner les traits, son sourire et les lippes qui me happaient l'index pour le mordiller, ce regard aux yeux ambrés qui me couvait, son odeur légèrement musquée et cet accent chantant du sud.

Pourquoi avait-il fallu que je perde ce bracelet maintenant ? Que ça me fasse autant de mal alors que la page devait être tournée depuis deux ans ?
Cette chienne de vie n'épargnait elle donc personne ?

Je passais la journée à chercher dans tous les recoins, lançant des regards soupsonneux à tous les valets et n'eut pas la force d'engueuler Grimm à son retour qui avec sa gueule de déterré avait dû se prendre une cuite mémorable. J'écoutais vaguement ses explications et la rumeur d'un garçon d'écurie prenant en chasse un visiteur, sans que ça me mette la puce à l'oreille.

Cette nuit-là, mes rêves étaient agités et Morphée m'apportait des visions entremélées ou un loup ambré hurlait en se noyant, ou un loup ténébreux pansait les plaies d'un petit renard, mon bureau de duc, l'attaque angevine, des rires, une lame, un baquet rempli d'eau, Grimm, un valet, une dispute fraternelle, une dague, un dé, un échange de regard,
le dé, le dé, le d.... et pouf je me redressais sur ma couche en hurlant

Mais l'enfoiré de petit con !

J'en étais sûr ! Le valet de la veille, bousculé dans les couloirs avait un air familier que j'avais attribué à un garçon d'écurie....je me massais les tempes...le type qui avait un nom aux consonnances germaniques An...so...Hummpffff le saligaud. Et si je me trompais ? Non j'étais sûr de moi. Je sais plus....Oui !!
Les pièces s'assemblèrent alors que la migraine me fendait le crâne en deux. Les regards, ils n'obsevraient pas mes paumes brûlées que je dissimulais sous les mitaines, mais plutôt le poignet ou était le bracelet. Tout avait été calculé.
Le renard dupé par un renard.
Mon instinct m'avait pourtant dit de se méfier, pourtant je ne l'avais pas écouté.
Mais non tu délires, Lestat!
Bouges ton cul berdol et va récupérer ton bien !
Deux voix contradictoires mais vos goules à la fin!


Je me levais, enfilant à la hâte mes braies et mes bottes, sans prendre le temps du reste, mes longs cheveux roux ordinairement noué à la nuque me battaient les reins.
Ordinairement, je ne me séparais jamais de mes 7 lames, mais je jugeais que trois suffisaient. J'en avais offerte une la veille. La plus belle. Je pris les 3 plus pratiques.

Inutile de rameuter qui que se soit, je connaissais déjà la rengaine : tu es impulsif et sûr de rien, tout ce chichi pour un bracelet de cuivre, retourne te coucher, on avisera à l'aube et bla et bla.

C'est donc seul que je sellais ce bon vieux Cocotin
Je connaissais le bourg comme ma poche et je savais ou les deux maladrins créchaient. Je ne fus pas long à rejoindre la bâtisse et sauter de ma monture. Une claque sur le cul pour la faire partir, la bête savait rejoindre les écuries seule et si le Ténébreux l'appercevait sellé sans son cavalier, ajouté à ça mon absence, il saurait que j'avais combiné une variante et viendrait me chercher voir me tirer d'un éventuel faux pas ou encore ramasser mes restes, mais la colère me rongeait trop pour que je puisse réfléchir d'avantage.

Je fis le tour du bâtiment et dans ma folie furieuse, je me baissais pour ramasser une brique et la jeter de toutes mes forces afin de briser les carreaux de la fenêtre.
Sortant la scramasax et la dague de lancé de leur fourreau, je pris la même direction de la brique, rapide et souple, m'entaillant quand même un bras et le flanc gauche avec les restes de verre, mais je n'en avait cure. La colère gonflait la veine de mon cou, mon souffle était court et je devais ressembler à un taureau et chetif en train d'écumer. Je débarquais dans la chambre ou les deux tourtereaux à peine dressés sur leur coude venaient d'être tirés des limbes par le bruit.
Le tableau aurait pu m'attendrir, les deux-là avaient dû s'endormir laissant la chandelle allumée après que l'ombre de leurs ébats eut dansé sur les murs de la pièce.

La premiere dague de lancé fut figée dans le mur entre eux deux en guise d'avertissement, si j'avais voulu, j'en aurais tué un d'entrée mais je n'étais pas si sauvage que ça enfin...quoique..allez savoir, mais surtout...surtout, cet affreux doute...et si je faisais erreur ? Je pourrais toujours feindre une crise de noctambulisme ou un délire passager dû à une pipe d'opiacé trop bien tassé.
Je vorciferais,la skramasax dans la sénèstre, tenant en joue le blond et regardand le brun, menaçant alors que la dextre s'arma de la deuxieme de lancé.


Celle-là ira se loger entre tes deux yeux si tu m'rends pas s'qui m'appartiens. Et j'râte jamais ma cible.

Froidement, une fausse attitude calme en toisant les deux, parce qu'à l'intérieur la corde sensible avait vibré et menaçait de rompre ayant aperçu mon bracelet au poignet de l'un. J'avais tout bon, fini les doutes et les regrets.

J'excellais au tir, et il y avait pas si longtemps que ça que je me reproduisais encore de ville en ville, plantant mes couteaux au milieu d'une pomme posée sur la tête d'une assistante. J'avais entendu les récits d'un helvête ayant accompli le geste avec une arbalete, moi je le faisais avec mes lames. D'abord 10 pas, ensuite 20 si le public payait bien.


Et narquois et amer, je ne pus m'empêcher


Maitre La Counite sur sa couche allongé avait en son poignet un bracelet.
Maitre Renard, pas lui mais moi, légèrement agacé se demandait :
Couper le bras ou pas ? Telle est la question !

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L_aconit
Le bruit avait réveillé les deux compères, endormis dans leur tanière. Un visiteur tardif? La garde Montfort aurait souhaité la clef? Le minois froissé et la mine ébouriffée, le spadassin avait été tiré de son sommeil, entrainant avec lui le voleur. Les corps à moitié dénudés sortirent de leur apnée, posant pied à terre pour identifier le fracas. Mais l'intrus ne leur laissa pas le temps de voir venir. Une lame froide vint caresser la gorge de Nicolas encore chaude de la nuit, la cueillant avec détermination. A cette distance, trop intime pour laisser encore un doute sur l'identité du visiteur, les chances de riposte étaient maigres. Le stiletto dormait dans la poche de la chemise, là bas sur une chaise. Le jeune homme pouvait bien balayer d'un coup de pied l'imprudent Renard venant s'attaquer à deux compères, Anso s'occuperait de le neutraliser, mais l'envie y était-elle vraiment?

- Tout doux, votre grâce ...

Le bras du Duc saignait. Un rouge comme la teneur de son oeil, cyclope. L'ichor de ses cheveux. Lestat était une vague rouge, contre lui, vague bleue. Les cobalts restèrent figés sur lui, suspendus à ses gestes. Ce bracelet, il semblait y tenir bien plus qu'il ne l'imaginait. En attestait le carreau cassé, et le léger tremblement qu'il percevait en ses gestes. La Colère s'était emparée de lui comme une mauvaise grippe, et ainsi fâché, le duc n'en était que plus séduisant. Nicolas le savait désormais mieux qu'avant. Cent bijoux ne vaudraient pas le corps de ce Duc. Ses lèvres, ses colères, une nuit une seule pour le souvenir. S'il savait. S'il savait comme ses mains sont douces, comme il les aimerait. Toutes ces envies que, jamais, il ne partagerait avec lui. Sans miel, le blond murmura tout de même:


- Vous ne manquez pas de breloques, assurément, n'êtes vous pas un homme plein de générosité?

Nicolas tourna son regard vers Ansoald, tandis que la pomme d'Adam chatouillait cette lame arrogante, qui roulait en déglutissant. Son bras, il en avait besoin plus qu'il ne pouvait le penser. Bras droit d'un Prince, là bas, guerroyant pour ses intérêts. Et puis autant se pendre tout de suite, que d'être un spadassin manchot. Tous ces renards finiraient par le rendre idiot. Il ne moufta pas, statue de sel, accroché au souffle de ce Duc belliqueux.

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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) - Recueil
Ansoald
Ansoald dormait sur ses deux oreilles, comme un homme repu. L'arrivée fracassante du Duc le tira brusquement des profondeurs abyssales de son sommeil et il mit un certain temps à réaliser que le rouquin, non content d'avoir pénétré dans leur chambre en brisant la fenêtre, les tenait en joue de ses poignards effilés. La mine hagarde, les traits chiffonnés, il fût frappé de stupeur en considérant l'orage qui venait de s'abattre dans la pièce. Stupeur qui fit place à la colère quand cette lame impie vint se loger sous la jugulaire de Nicolas, menaçant de trancher les fils noués de leurs vies. Son coeur sonna l'alarme en sa poitrine, le réveillant tout à fait.

Cependant, il n'était pas au bout de ses surprises, quand Lestat se mit à déclamer quelques vers de sa composition, habillant son courroux avec style sous ses airs de boucher, tant par le sang coulant de ses plaies que par les lames habilement maniées. Il laissa donc Nicolas répondre en premier, sachant par ailleurs qu'ils se trouvaient en affinités, ce qui ne manquait pas d'exciter des sentiments étranges chez Anso, entre jalousie et perversité. Il approuva silencieusement la diplomatie du blond, le ton séduisant de sa voix. Il nota également le silence autour de la bâtisse, l'absence de lumière, en conclut que le rouquin, plein d'arrogance et d'envie, avait dû se déplacer seul, sans rendre compte à personne de ses déplacements. Soudain, il comprit.

Sans se soucier davantage de ses armes pointées sur eux, il se déplaça légèrement, avec une lenteur calculée pour ne pas susciter la peur chez le Duc. La peur, ennemie de la raison. Sa main empoigna le bord du drap et le tira en douceur pour dévoiler sous les yeux de Lestat la nudité du blond, et la sienne également. Ils dormaient sans habits, naturellement. Ceci faisant, il savait que le rouquin n'oserait pas s'en prendre à Nicolas. Quant à viser Anso avec une lame tout en maintenant la menace d'une autre sous une gorge ennemie, c'était tout simplement impossible. De surcroit, leurs ombres dansaient sur les murs par la faible lueur de la chandelle, réduisant grandement la visibilité.

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