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[RP] Les hommes sont des femmes comme les autres.

Jacob.
Jacob venait de finir son histoire. Le petit nouveau avait ri, enfin moins que les fois précédentes, quant aux autres ils n'avaient pas même sourcillé.



Elle m'emmert' n't'histoire Jacob là !

Aucune réponse de la part de l'intéressé. Depuis son retour, il savait que son quart d'heure allait finir par arriver. Le moment semblait être venu.



Tout l'temps qu'pour toi ! C'toujours tizote qui t'marre et nouzote ? Hein ?

Jacob lâche un soupire. Qu'est-ce qu'il peut bien lui répondre ? Que ce n'est pas de sa faute s'ils sont tous con ? C'est sûr que c'est la vérité, mais dit comme ça, ça va les énerver, mais dit autrement et ils vont pas comprendre. C'est pas toujours facile d'être avec des cons, alors il dit rien, encore.

Bah ouais ! C'toujours tizote qui vo dans les monastères ! C'toujours tizote qui vo baiser les nonnes ! Et nouzote ? T'penses à nous ?

Ah non, je préfère éviter, ça me couperait l'envie.

Alors que l'autre était en train de lever le poing pour le faire retomber sur la mâchoire carré de Jacob, d'autres compagnons viennent le ceinturé pour l'empêcher d'aller plus loin. Ils peuvent dire ce qu'ils veulent sur Jacob, toujours est-il que c'est grâce à lui s'ils sont là aujourd'hui. La plus part serait sûrement enfermé en prison pour les 10 prochaines années encore ou alors, ils n'auraient jamais quitté leur maison. En somme, ils sont tous plus ou moins redevable à Jacob. Alors oui, il est celui qui s'amuse le plus dans ce groupe, mais en attendant c'est aussi grâce à lui s'ils ont de l'argent.




Mais voilà, maintenant Jacob en a marre de cette bande de cons. C'est toujours lui qui doit tout faire et c'est toujours lui qui doit rattraper les bourdes des autres. Aujourd'hui, il rêve d'un peu de reconnaissance, une vraie reconnaissance, bien entendu, s'il peut en même temps jeter quelques coups d'oeils sur des courbes bien formées, il ne dira pas non. Il sait que les conversations avec la troupe ne donneront rien ce soir, alors plutôt que de rester avec eux, il monte se coucher.


Et comme à chaque fois qu'il échafaude un nouveau projet, il ne dort pas de la nuit. Il passe son temps à réfléchir et à trouver des projets tous plus ou moins viable. Au petit matin, aux premières lueurs du soleil, il a trouvé : Il sera chevalier, ou plutôt chevalière.

Adieu la vie de vagabond, adieu la vie de brigand, bonjour la vie de...La vie de quoi d'ailleurs ? ça vie comment un chevalier en faite ? Lui-même ne sait pas, de toute façon, ça peut pas être pire que ce qu'il vit maintenant. Mais pour être chevalière, il faut ressembler à une femme. Pas facile, quand on est un homme.
Il se regarde dans le miroir.


En effet, ça sera pas facile avec cette barbe... soupire... Dommage, je l'aimais bien.

Il commence par couper la barbe au ciseau. Mèche par mèche, c'est qu'elle a bien poussé depuis sa dernière expérience et il s'en était habitué, même. Mais maintenant c'était fini. Les premiers coups de ciseau lui faisait un peu mal au coeur, c'est qu'il était vraiment habitué à cette barbe maintenant. Puis il passa au rasage de près et là, il était beaucoup plus déterminé.
Il se rinça le visage et se regarda à nouveau dans le miroir. Il passa sa main sur cette peau, qu'il semblait découvrir à nouveau. Aussi douce que les fesses d'un bébé, l'avantage d'une barbe gardée longtemps. Cela fera l'affaire. Maintenant, passons à la tenue.

Heureusement, pour la tenue, il savait s'y faire. Faut dire qu'il avait déshabillé plus d'une femme dans sa vie et il savait ce qu'elles portaient de manière générale. Bon, ce qu'il avait en vêtement féminin ne valait pas grand chose. En réalité c'était surtout des vêtements que ses nombreuses conquêtes avaient oublié, aucune n'était venu réclamer son du et il ne s'était jamais débarrassé des vêtements; une sorte de trophée. Alors il mit ce qui lui tombait sous la main. Une fois, il se regarda à nouveau dans le miroir, il éclata de rire en se voyant, il se trouvait presque bonne, encore quelques petits détails à régler. Les cheveux par exemple, on va pas garder la coupe d'homme, non, on place bien tout ça, faut que se soit jolie quand même.

Il se regarde à nouveau. Parfait, lui-même y croit, maintenant il faut voir ce que ça donne en publique. Il ouvre la porte de sa chambre qui donne sur le couloir du première étage de l'auberge. Il passe sa tête, personne à gauche, personne à droite. Tant mieux. Il sort calmement de la chambre et prend la direction des escaliers. Lorsqu'il descend enfin de la dernière marche, il remarque que tous ceux de la troupe le regarde, ou plutôt la regarde. Il les toise un instant et puis d'un air hautin il se dirige vers la porte.
Il entend quelques ricanements, un petit sifflement, des "hé ma mignonne ?!", d'autres pestes en se disant que Jacob a du prendre encore bien du plaisir cette nuit. L'illusion est parfaite, ils y croient, tout le monde va y croire.

Une fois dehors, il contourne l'édifice et rentre par l'entrée de service, il utilise les passages des servants et autre pour éviter la grande salle où se trouve tous les autres et retourne tranquillement dans sa chambre. Tout est parfait pour la tenue et la gestuelle; ils y croient tous. Reste plus qu'à travailler la voix, mais le problème c'est que naturellement Jacob n'a pas une voix de femme; c'est un homme et ça s'entend quand il parle. Il fait des essaies plus ou moins aiguë, plus ou moins fort.


Toc toc toc !

Quelqu'un tape à la porte, il regarde vers la porte et voie la poignée bouger, quelqu'un essaie de rentrer !


Jacob ? C'est Louise....! Je viens changer le lit.

La petite Louise, non, elle ne peut pas le voir comme ça. Alors, il essaie avec sa voix de femme.

Hum...euh...Un in...Un instant ...

Silence de l'autre côté.



Jacob ? Qu'est-ce que cette voix ?! Tu es malade ?

Bon, bah pour la voix c'est raté. Il lui fait trouver une solution pour la faire dégager et vite, elle ne doit pas rentrer.


Je suis malade Louise... il tousse lourdement Evites de rentrer, tu pourrais tomber malade toi aussi, laisse les draps devants la porte, je m'en occuperai ! il tousse à nouveau

Tu es malade ? Tu veux que je fasse venir l'apothicaire ?

Non ! Ne t'embête pas ! J'ai juste besoin de repos

Hum...d'accord...

Il entend dans la voix que la petite Louise est déçue, elle aurait bien aimé le voir et lui aussi aurait bien aimé la voir. Mais ce n'était pas possible en l'état et ce ne serait plus possible avant un long moment de toute façon. De cette petite expérience, ce qu'il retiendra c'est que la voix n'est pas bonne, il n'arrive pas à avoir une voix de femme convenable et il a l'impression que tout son plan s'écroule. C'est donc déçu qu'il part se coucher, il a même pas pris le temps de se déshabiller.

Au petit matin, réveille en sursaut. Euréka. Il a trouvé une solution. Il sera muette ! Mais bien sûr ! Il sort vélin et encrier, il sait comment il va se débrouiller avec ça. Il espère juste qu'elle acceptera de venir.

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Korai
Citation:

A Koraï Sidjéno,


Je ne sais pas comment commencer cette lettre. Une rencontre aurait été plus simple, mais je ne sais pas ni comment ni où vous trouvez. D'ailleurs, je ne sais même pas si cette lettre arrivera à destination un jour. Il s'agit plus d'une sorte de bouteille à la mer.

Je suis Anna. Une jeune femme qui vit ici et là. Il y a plusieurs années maintenant, j'ai passé quelques mois avec votre frère, Jacob. Je lui dois énormément beaucoup de chose, d'ailleurs si je suis capable de m'exprimer aujourd'hui, c'est bien grâce à lui.

Bref, Jacob, m'a souvent répété et même lors de son départ, que si j'avais besoin d'aide, il ne fallait surtout pas que j'hésite à vous contacter. Plus facile à dire qu'à faire. C'est bien du Jacob. Jusqu'à aujourd'hui, je n'ai jamais ressenti le besoin de vous écrire, enfin si, mais je n'ai jamais osé, j'ai toujours fait sans, plus ou moins. Et maintenant, je me sens au pied du mur, je pense que je ne peux plus avancer sans votre aide.

Je sais que c'est beaucoup vous demander. Nous ne nous connaissons pas, nous ne nous sommes jamais vu. Mais j'ai vraiment besoin de votre aide. Je n'ai pas grand chose à vous offrir en retour; mais si vous acceptez, retrouvez moi à l'auberge du village le plus proche de la commanderie des Dames Blanches, je vous attendrai.


Anna


Tiens.

Aujourd'hui, cela faisait quinze ans.

Quinze ans tout pile.

Une sacré période, n'est-ce pas ? Il s'en était passé, des choses, en quinze ans.

Aujourd'hui, cela faisait quinze ans qu'elle a quitté sa maison. Le Berry qui l'a vu naître, le petit village de Saint-Aignan. Il y a quinze ans, elle avait décidé de disparaître pour n'y jamais revenir, histoire d'oublier ce qu'il avait pu se passer de négatif dans son monde de rêveuse positive. Pourtant, ils avaient été là, ses frères, auprès d'elle, la protégeant de leurs grands bras. Elle sentait encore les mèches blondes caresser son visage quand l'un ou l'autre venait la serrer contre lui. Après tout, une petite soeur à se partager, c'était comme un trésor vivant, non ? Elle et eux n'avaient que cinq ans de différence, mais elle restait la petite fille à leurs côtés, éclairant leur journée de ses rousseurs, accompagnant leur chemin de ses pas aériens, gardant au chaud leur coeur d'enfant alors qu'une vie plus grande les attendait. Ils avaient cinq ans, elle venait d'arriver, fraîche comme la rosée du matin, un éclat de plus dans une famille éclatante. Ils avaient dix ans, elle en avait cinq, les accompagnait au marché de sa démarche encore chancelante du petit enfant qu'elle souhaitait rester. Ils avaient quinze ans, elle en avait dix, dix petites années à engendrer un monde meilleur de ses doigts fins, en cousant, en créant. Pendant qu'ils combattaient, qu'ils étudiaient, elle était là, sans bruit, et elle était une présence réconfortante, comme une lumière rassurante dans une nuit. Et puis ils avaient eu vingt ans et elle quinze, et son monde avait changé. Eux aussi. Ils étaient devenus des hommes, dans un monde d'adultes qu'elle ne voulait pas regarder. Ils s'étaient éloignés, l'un après l'autre, et c'était là la dure leçon de la vie : les gens changent, et c'est ainsi.

Elle a quinze ans et elle s'enfuit, n'emportant rien d'autre que sa lumière naturelle. Elle écoute les conseils d'un voyageur inconnu, et met les voiles vers l'Est, en espérant un monde meilleur, et une herbe plus verte.

Aujourd'hui, cela fait quinze ans qu'elle a quitté sa maison. Elle est passée par bien d'autres demeures, a rencontré bien des gens à éclairer de sa lanterne positive. Elle a revu sa maison, sa famille, mais rien ne lui manque plus que cet attachement avec les deux grands garçons. Les jumeaux June et Jacob, aussi différents l'un de l'autre qu'ils étaient semblables ; l'un était aussi l'autre que l'autre était l'un. Et elle, la rouquine au milieu des mèches blondes, à la fois lien et barrière entre les deux frères adversaires, trouvait le temps bien long. Jacob était parti. Un voyage au cours duquel il avait contracté une longue et douloureuse maladie lui avait permis de s'échapper de la vie. ils n'avaient jamais pu le revoir. June aussi était parti. Enfin, c'était son esprit qui était parti, en même temps que son jumeau. June n'avait jamais été un expert du déballage de sentiments, mais sans son alter ego, il était devenu un être plus sombre, plus renfermé, plus secret encore qu'il avait pu l'être dans sa jeunesse. Koraï avait fait son deuil. Ainsi était la vie.

C'était cela jusqu'à ce jour où un messager venait lui apporter un pli que jamais elle n'aurait imaginé entre ses mains : une femme inconnue lui écrivait, et surtout, elle lui parlait de son frère. Pas celui dont on lui parle d'habitude, non ; le frère en question était mort il y avait des années de cela, presque oublié de tous ceux qui l'avaient connu. Ainsi, elle devait au Sidjéno bien des choses ; il n'avait pourtant pas cette réputation de servir l'intérêt des autres plutôt que le sien, mais soit. Elle continua sa lecture, et son avis fut conforté. La curiosité naturelle qu'elle éprouva en lisant les lignes d'Anna la fit rester sur sa faim. Afin d'avoir la suite, il fallait donc se rendre à la prochaine étape.

Challenge accepted.

La rouquine n'avait rien de mieux à faire, et c'est ainsi qu'un soir, elle se fit annoncer à l'auberge proche de la Commanderie, à une certaine Anna.

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Jacob.
L'aubergiste leva à peine les yeux vers la rouquine. C'était un peu le coup de feu ce soir, beaucoup de monde, alors quelqu'un qui est juste venu voir une autre personne ne rentre pas forcément dans ses priorités, qui plus est, si elle ne compte pas forcément consommer.
Comble de tout, la personne voulait voir Anna. Anna, c'était la petite nouvelle qui travaillait à l'auberge depuis quelques jours. Elle se débrouillait plutôt bien avec ses dix doigts, mieux que les autres avant elle, en tout cas, dommage qu'elle décochait pas un mot. Enfin, au moins, elle plaisait aux clients, elle avait un joli minois.


- Anna ? Elle travaille là, faudra attendre la fin du service pour qu'elle vienne vous voir. Vous pouvez vous installer...si vous consommez, sinon faudra attendre dehors.

Les affaires sont les affaires, l'aubergiste perd pas le nord, forcément. Il a une boutique à faire tourner.

Quelques heures plus tard, il ne reste plus que quelques clients dans la grande salle. Certains sont partis prendre une chambre, d'autres préfèrent discuter dans leur coin. La troupe de Jacob n'est plus là. Il faut dire qu'il a, encore, disparu sans prévenir et cette fois-ci, c'était la fois de trop pour eux alors ils sont partis aux quatre vents. Advienne que pourra, ils ont convenu à la majorité qu'ils n'avaient pas besoin de lui. Ce qui bien évidement, était faux, c'était lui qui n'avait pas besoin d'eux.
Anna finit par rentrer dans la salle et regarde vers l'aubergiste qu'il lui fait signe de venir. Apparemment, ce gros lourdo à quelque chose à lui dire; si c'est encore une invitation à aller se coucher avec lui pour se réchauffer cette nuit, c'est sûr il va se prendre un pain.


- Bon Anna, soit franche avec moi. T'es qui bordel ? Y a quelqu'un qui te cherche et je veux pas d'ennuie moi; alors j'espère pour toi qu'il y aura pas de problèmes.


Il lui montre la personne d'un geste de la tête. Elle est de dos, elle est rousse. Serait-ce elle ?
Anna fait quelques pas dans la direction de la chevelure flamboyante avant de s'arrêter. Figée. Comme rattrapée par le passé. Elle a la gorge qui se serre et ne sait pas s'il doit continuer tout cette mascarade. Cela fait 15 années qu'il n'a pas revu sa petite soeur. A l'époque, c'était encore une jeune fille, elle commençait à devenir femme, mais pour lui, elle demeurait toujours sa petite soeur adorée. Ça, personne ne pouvait lui retirer. Personne, à part elle-même. Elle l'avait fait un beau matin; lorsqu'elle s'était cachée pour de bon, impossible à retrouver. Elle était partie.
Il ne faisait aucun doute pour Jacob, qu'elle savait pour lui. Enfin, qu'elle connaissait seulement une partie de la vérité. Il lâche un soupire, était-ce vraiment une bonne idée de faire appel à elle ? Et si elle découvrait qui était sous se costume ? Que ferait-elle ? Peut-il tenir son maquillage devant elle ? Faire comme si, il était totalement une autre personne ? Là, en l'état, ça lui semble impossible. Tout ce dont il a envie c'est de se pointer devant elle et de lâcher un "Bonsoir petite soeur", avant de la prendre dans ses bras. Il se retourne pour lui faire dos, il peut encore faire marche arrière, passer cette porte et disparaître à nouveau; c'est une idée, c'est une solution.

Et puis finalement. Il s'installe devant elle. Il prend le temps de bien la regarder, de contempler le changement chez elle. Qu'est-ce qu'elle a grandi. Qu'est-ce qu'elle est devenue femme. Qu'est-ce qu'elle est belle. Un lâche un léger sourire, essaie de cacher quelques larmes dans ses yeux; faut pas pleurer mon con. Et puis, il fait quelques gestes, aucune parole, juste des mouvements de bras, de mains et de visage.


*Toi être comme il dire. Merci de venir.*

Alors forcément; le langage qu'ils utilisaient quand ils étaient petits, ça fait maintenant 15 ans qu'il ne l'a pas utilisé, donc c'est un peu rouiller. Mais, ça reste compréhensible, heureusement, enfin il espère qu'elle comprendra, qu'elle n'a oublié après tout ce temps.
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Korai
Elle avait de l'argent, mais n'avait aucune intention d'enrichir d'un seul écu l'aubergiste qui la renseignait. Déjà parce qu'il était des plus malpolis, et de deux parce que c'était le genre de gars à considérer les femmes comme des moins-que-rien, vu le regard qu'il avait posé sur elle. Malheureusement pour lui, des abrutis, elle en mangeait trois par jour au petit déjeuner. Pour sa sécurité corporelle à lui et pour sa sécurité psychologique et intestinale à elle, la rousse préféra patienter dehors, à observer le paysage et les gens qui passent. Elle attendrait le temps qu'il faudra. Et cela lui permettrait de réfléchir à cet imbroglio qu'elle essayait de démêler malgré le fait qu'elle n'avait pas toutes les pièces du puzzle. A court de réflexions pouvant faire avancer le schmilblick, elle finit par rentrer dans l'auberge et se mettre dans un coin de la grande salle, près d'une fenêtre, alors que la fin du service approche. Elle observe la nuit qui tombe au dehors, les gens qui passent et rentrent chez eux. Elle réfléchit encore alors que le calme s'installe, que les derniers clients quittent la pièce, et que l'Anna se présente enfin devant elle.

Elle est grande, un peu carrée d'épaules, sans l'être trop. Elle a un visage anguleux, blanc poudré, et des yeux bleus fatigués. La Sidjéno pose ses yeux bleu-vert sur elle, calme, les mains posées l'une sur l'autre sur le bois de la table de l'auberge. Elle attend que la jeune femme prononce le premier mot et expose la raison de la venue de Koraï dans cet endroit qu'elle ne connaissait pas. Mais elle allait être surprise, et même bien plus. Car Anna signa, et pas de n'importe quelle façon. Cela faisait un bail que la rousse n'avait pas eu à tenir "discussion" avec une personne muette, mais celle-ci signait d'une façon bien ancienne aux yeux de son interlocutrice. Elle avait compris tout ce qu'Anna avait signé. Et personne d'autre dans cette pièce, pas même un autre sourd-muet, n'aurait pu entendre la phrase silencieuse qui venait d'être dite. Car l'Anna signait un langage que seuls les Sidjéno connaissaient. Et encore, pas tous : June, Jacob et Koraï uniquement. Ils l'utilisaient comme un code secret, à l'abri des indiscrétions, afin de communiquer. Et cela autant pour se passer une information capitale que pour fomenter une plaisanterie contre un de leurs parents. Les lèvres de Koraï s'étirèrent légèrement à ce souvenir, et à son tour elle leva les mains.


* Jacob t'a appris ce langage pour une bonne raison. Qu'attends-tu de moi ? *

Bien sûr, à la compréhension, ce n'était pas aussi littéraire. Koraï avait une excellente mémoire et souvenait bien de ce langage des signes ; aussi, elle le parlait toujours avec brio. Restait à savoir ce qu'Anna allait lui donner comme raison d'être venue. Bien sûr, elle était curieuse, et encore plus depuis qu'elle avait passé cet instant où, interloquée, elle avait constatée qu'une quatrième personne dans le monde avait appris le langage des trois Sidjéno que le sang liait.
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Jacob.
Korai avait toujours été très curieuse, toujours à poser des questions, toujours à vouloir apprendre et surtout comprendre. Comme elle avait pu être énervante avec ces « Pourquoi ? ». Même en grandissant, elle avait gardé cette habitude en elle. A cet instant, Jacob, se demandait justement si ce n’était pas ce côté qui l’avait poussé à fuir la maison, lorsqu’elle était plus jeune. Il s’en était voulu de ne pas avoir su la garder chez eux et encore plus de ne l’avoir jamais retrouvé. Aujourd’hui, comprenait-il enfin ? Peut-être bien que oui, peut-être qu’un jour il pourra lui demander la réelle raison de son départ, mais pas ce soir, c’est certain.
Ce soir, il ne pouvait pas lui dire qui il était. Ou plutôt, qui elle était réellement. Car oui, maintenant, lorsqu’il portait cette tenue, il allait devoir prendre l’habitude de se référer à lui-même comme un à « elle-même ». Ce ne serait pas facile. Peut-être qu’elle découvrirait la vérité un jour. La vérité d’ailleurs, être obliger de mentir à sa propre famille, ce n’était pas facile, surtout quand la personne est en face de soi. Mais au moins, pour cette fois, il pouvait lui donner une réponse, une vraie réponse, une partie de la vérité.


*Je ne sais pas comment le dire…*

Elle détourna son regard sur le côté, les gestes étaient hésitant, mais la rousse soutenait son regard et d’une certaine façon, cela lui donna la force de continuer.

*Là où je vais, j’ai besoin de parler. Mais j’en suis incapable. Il me faut quelqu’un qui puisse être ma voix. Si je t’ai fait venir ici, non loin de la commanderie des dames blanches, c’est parce que je souhaite que tu m’y accompagnes…Que tu y sois ma voix.*

Elle avait relevé les yeux et croisait le regard de la rousse. Elle essayait à travers ce regard de lui donner l’envie de l’accompagner. Ce n’était pas facile, en effet, l’accompagner là-bas c’était aussi devoir adopter un certain mode de vie. Accepterait-elle de le faire ? Elle n’en avait aucune raison apparente, mais il le fallait, d’une certaine manière. Parce que, ce qui s’était présenté comme un nouveau jeu pour Jacob, c’était rapidement transformé en sa nouvelle vie. Quelques jours lui avait suffi, il se sentait mieux ainsi, il en était persuadé. Mais arriverait-elle à la persuader ?

*Jacob m’a appris ce langage pour que je sois comprise…Malheureusement très peu de personne le comprennent…Là-bas, j’ai besoin d’une femme et par chance il avait une sœur dont il me parlait beaucoup. Je sais que je demande beaucoup, nous nous connaissons à peine et tu as surement aucune raison d’accepter ma requête, je comprendrais tout à fait que tu refuses.*



    Allez ma sœur accepte…ne me tourne pas le dos…je ne veux pas te voir partir à nouveau.

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Korai
Les yeux bleus lui parlent. Ils sont d'un bleu de glace, comme ceux de June. La comparaison est troublante. Mais le regard semble plus doux, plus ouvert, tout en restant bien mystérieux. Koraï lit dans les yeux de son interlocutrice, ces yeux qui essayent de lui dire quelque chose. Mais la rousse ne comprend pas. Elle est à des années-lumière de ce qu'il faudrait imaginer. Et à ce moment où elle pourrait plonger dans ses souvenirs, se poser des questions, rassembler les pièces d'un éventuel puzzle, l'Anna reprend ses signes, et l'attention de la Sidjéno revient à la réalité, oubliant les yeux glacés. Les yeux dans les yeux presque à chaque instant, Koraï suit les signes des mains et les expressions du visage. Elle comprend, et hoche légèrement la tête par moment pour le signifier.

Ainsi la femme avait besoin de parler. Mieux, elle avait besoin d'un traducteur - enfin, d'une traductrice, dans le cas présent -. Elle ne pouvait le faire par elle-même et avait besoin d'une voix, laquelle ne pouvait être que féminine. Ceux qui parlaient ce langage, à part Anna, n'était aujourd'hui plus que deux : June et Koraï. Cette dernière était donc toute désignée pour être la femme de la situation. Mais accepter cette demande engendrait bien des choses, à la fois un nouveau mode de vie et bien des sacrifices, pour une cause qu'elle n'avait pour l'instant pas choisi. Elle prit un instant pour réfléchir à la chose, mais son interlocutrice continua de tenter de la persuader. Bien sûr qu'elle aurait refusé la requête d'une inconnue qui aurait très bien pu trouver quelqu'un d'autre. Mais là, il n'y avait pas de "quelqu'un d'autre" ; Koraï était prise au piège de Jacob, condamnée malgré elle à accepter. Et elle haïssait ce sentiment d'enfermement, d'obligation. Mais cette fois, elle ne ressentait rien de tout cela. Anna lui laissait véritablement le choix, et c'était ce fait qui fit qu'elle hocha simplement la tête.

Que dire, que faire de plus ? Le challenge était accepté.

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Jacob.
Pendant quelques jours les deux femmes restèrent encore à l’auberge. Anna ne s’était pas réellement installée dans sa chambre, elle pouvait partir du jour au lendemain, le problème c’était l’aubergiste, qui forcément, refusait de la laisser partir ainsi.
Cet homme graveleux avait trouvé là une bonne employée. Elle travaillait, pas trop mal pour une femme, pour une gueuse, mais surtout elle ne se plaignait pas. Normal, puisqu’elle ne pouvait pas. Enfin, il ne fallait tout de même pas trop l’approcher, il se disait que c’était parce qu’elle était bien trop prude, qu’elle finirait forcément par craquer un jour ou l’autre, qu’il fallait juste continuer de la travailler encore un peu. La travailler au corps.

Mais finalement il dû s’y résigner. Korai avait su être persuasive avec l’homme. Et Anna serait donc libre. Cependant, il émit une condition, elle ne pouvait pas quitter le travail ainsi, elle devait, au moins, finir la semaine. Il y voyait là, un compte à rebours, qui forcément lui permettrait de conclure.
Hélas pour lui, Anna ne craqua pas. Il se retrouva même avec un bleu sur le coin du visage, preuve qu’il avait une main un peu trop baladeuse au gout de Jacob, qui évidemment, ne l’avait pas manqué avec sa force d’homme. Il ne pensait pas qu’Anna, sous ses atours féminins était aussi forte, alors il avait été refroidi sur le coup. Sans un regard et sans une parole, il laissa partir les deux femmes le moment venu.

Aucune des deux ne possédait un cheval, alors le trajet jusqu’à la commanderie des dames blanches se ferait à pied. Et bordel, que c’était long. Surtout quand vous portez tout votre barda sur le dos comme Jacob et qu’en plus, comble de tout, vous ne pouvez pas vous plaindre. Non, parce que limite, marcher pendant des heures, ce n’est pas trop compliqué quand on peut se plaindre, quand on peut pester sur la qualité de la route, sur le temps qu’il fait ou qu’il ne fait pas, sur la qualité des bottes que l’on a aux pieds. Mais quand vous devez rester muet, pendant tout le trajet, là, c’est une horreur, un véritable enfer, surtout pour lui.


La première chose qu’il fit en arrivant devant les portes de la commanderie, c’était de tout lâcher par terre en laissant s'échapper un long soupire et de s’assoir dessus. De toute façon, il ne pouvait pas parler, alors merde.

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Manon.cieran
Il y a des jours comme cela où l'on devrait rester au lit sous sa couverture à broyer du noir, à pleurer, à utiliser une tonne de mouchoirs en lisant des livres à l'eau de rose qui rendent les yeux un peu plus humides encore. Manon n'était d'ordinaire pas de ce genre là, encore qu'elle aimait le rose et les livres à l'eau de rose aussi. Mais, elle ne se laissait jamais aller à pleurer. Sa mère le lui avait toujours interdit. "Manon, ce sont les bébés qui pleurent !" lui répétait-elle sans cesse. Et la fillette s'arrêtait donc aussitôt de pleurnicher. Grandir avec une mère qui n'a rien d'une femme et surtout grandir sans père, cela laisse des traces forcément. Mais, jusqu'à présent, la jeune fille s'en sortait plutôt pas trop mal. Sa santé était plutôt bonne. Elle était depuis peu apprentie Dame Blanche après avoir été l'écuyère de la Dame des Dames. Cette dernière l'avait même autorisée à porter tout le rose qu'elle voulait du moment qu'il était caché sous une armure par exemple. Donc tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Du moins, jusqu'à ces derniers jours où elle avait décidé de passer l'examen d'entrée à la hérauderie. Que lui avait-il pris de penser un seul instant qu'elle en avait les compétences et les capacités. Ne pouvait-elle pas, comme toute jeune fille de 14/15 ans, penser à se trouver un amoureux et chercher le Prince Charmant auquel elle se devait de croire ? Ce rebelle brun ténébreux aux yeux de braises qui lui retournerait le coeur ? Ou bien poursuivre ses petites virées nocturnes dans les coins les plus sordides de Paris à la recherche du grand frisson ? Non au lieu de cela, elle buchait depuis des jours et des nuits sur l'examen armée de ses livres, vélins et pinceaux sans en voir le bout. Il ne manquait plus grand chose désormais pour que les larmes commencent à perler quand des bruits se firent entendre à l'extérieur. C'est fatiguée, un peu plus pâle encore qu'à l'habitude et les yeux légèrement cernés que la blondinette, au chaud dans sa cahute à l'entrée de la Commanderie parisienne, sortit la tête de son ouvrage et vit alors s'approcher deux femmes.

Manon se tapota les joues pour donner un peu de couleur à son visage d'albâtre, mit un peu d'ordre dans ses cheveux blonds laissés libres. Puis, elle lissa du plat de la main sa tenue, qui pour une fois ne comportait pas la moindre teinte de rose - du moins en apparence -, mais qui faisait honneur aux couleurs de son ordre. L'adolescente passa alors sa lourde cape doublée de fourrure de lapin sur ses épaules et poussa la porte du poste de surveillance pour accueillir les visiteuses. C'est qu'il était rare que ce lieu soit fréquenté malgré le fait qu'il se trouvait en la capitale du royaume. L'Amnell junior balaya de son regard bleuté les deux jeunes femmes qui semblaient exténuées du voyage.


    - Lo bonjorn Dònas. Je suis Manon, Apprentie de l'Ordre des Dames Blanches à l'Ecu Vert. Que puis-je faire pour vous ?


L' accent ensoleillé avait encore fait des siennes. Un peu de chaleur ne faisait pas de mal. La dragée resserra un peu sa cape pour empêcher le vent de trop caresser sa gorge découverte, tout en attendant que les deux visiteuses déclinent leurs identités. Les aigues-marines de la jeune fille détaillaient, pendant ce temps, discrètement les deux femmes à la recherche d'une quelconque arme.
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Jacob.
Ils n'avaient pas eu à attendre très longtemps avant que quelqu'un ne vienne les accueillir. Tant mieux, parce qu'il commençait à faire froid. Evidemment toujours pas remis de la route, Jacob ne se leva pas, c'est tout juste s'il fit un signe de tête en direction de la Dame Blanche. Il faillit la saluer de vive-voix, mais au dernier moment, alors que la bouche était ouverte, il se rendit compte de la bourde qu'il était sur le point de commettre.
Et lorsqu'elle était à leur hauteur, la bouche du rebelle blond lumineux au regard de glace resta entrouverte. Elle était belle, magnifique même. Elle avait cette petite fragilité dans sa façon de parler, de se mouvoir et d'agir qui lui donnait l'envie de la prendre dans ses bras pour la protéger des affres de ce monde. Ça commençait toujours comme ça avec lui, il tombait amoureux de la première ingénue qu'il croisait, restait avec elle quelques semaines, couchait avec elle plusieurs fois et puis au final, il disparaissait. Un queutard de première en somme. Trente-sept ans au compteur et pourtant, toujours un comportement d'adolescent à ce niveau-là.

Evidemment, avec le vent qui s'engouffrait dans sa bouche, elle s'assécha rapidement, du coup il prit sa gourde pour en prendre une grande lampée. Cela faisait du bien par là où ça passait, il fallait bien l'avouer. Et puis, ça lui permettait aussi de reprendre quelque peu ses esprits. Il avait les joues rosés, était-ce à cause du vent qui claquait sur sa peau ou alors cette nouvelle présence féminine non loin de lui ? La bonne réponse était un peu des deux.
Il signa alors vers sa soeur afin qu'elle traduise.


*Dites-lui que nous sommes là pour intégrer son ordre*

Quelque peu direct dans les propos. En réalité, elle n'avait pas besoin de s'exprimer à Korai pour qu'elle réponde à la Dame Blanche, mais au moins ça posait les bases et ça montrait qu'elle ne pouvait pas s'exprimer concrètement, justifiant ainsi la présence de la rousse et son silence notoire, qui pourrait rapidement semblait gênant, alors qu'il n'en a pas du tout le but.
Pendant ce temps, il observait la blonde en face d'elle, non sans cette envie de la câliner, il la regardait toujours en étant assis sur son barda, ses azures parcouraient chaque détaille de la femme.

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Korai
La rousse posa ses yeux sur la jeune femme qui venait les accueillir et la jaugea. Elle semblait bien jeune, sûrement une der dernières arrivées de l'ordre. En même temps, elles n'allaient pas mettre la grande manitou à la porte ! Elle salua la dame d'un signe de tête, et les présenta.

"Bonjour. Je suis Korai, et voici Anna."

Elle désigna la blonde qui l'accompagnait et qui semblait fortement intéressée par leur nouvelle interlocutrice. Elle prit cependant le temps de lui signer quelque chose, que la Sidjéno traduit :

"Nous venons pour intégrer l'ordre. Anna ne peut pas parler, aussi je serai sa voix."

Elle ne savait pas vraiment ce qui allait lui arriver à partir de maintenant. Les Dames Blanches à l’Écu Vert allaient-elles déjà les accepter, alors que l'une des deux possédait un handicap non négligeable ? Car cela voulait dire que le duo serait inséparable, notamment sur le champ de bataille. Mais en même temps, progresser à deux et se connaître presque par coeur permettrait aux deux femmes, la blonde et la rousse, de se perfectionner jusqu'à être - pourquoi pas - invincibles.
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Manon.cieran
L'une était aussi blonde que l'autre était rousse. C'est ce que se disait Manon tandis qu'elle observait les deux femmes à la recherche d'une arme et, avouons le aussi, par curiosité. Ce n'est pas tous les jours qu'il y avait de la visite et la venue des deux dames avait pour bienfait de lui faire quitter ouvrages et pigments l'espace d'un instant. Rien que pour cela, la mini Blanche leur en était reconnaissante intérieurement. L'apprentie se fit aussi la réflexion que les deux visiteuses étaient plus âgées que celles qu'elle avait pu accueillir jusqu'à présent. Cela dit, il est bien connu qu'aux yeux des jeunes gens, les adultes - ne serait-ce qu'âgés de 5 ou 6 ans de plus - semblent toujours vieux, voire plus vieux qu'ils ne le sont en réalité. Manon en était à ce stade de sa réflexion lorsqu'elle se rendit compte des signes étranges qu'adressait la blonde à la rousse. Elle en resta un instant interdite, se demandant bien ce que cela signifiait. Puis, la seconde femme expliqua la raison de leurs venues à toutes deux. Ainsi, il y avait un sens à ces signes. La curiosité de l'Amnell junior n'en fut piquée qu'un peu plus encore. Manon leur adressa alors un fin sourire et débuta le questionnement habituel.

    - Planvengut* Dònas Koraï e Anna. Ici, vous êtes à la commanderie parisienne de l'ordre des Dames Blanches à l'Ecu Vert. Etes-vous attendues par un membre du Conseil. Si oui laquelle ? Ou venez-vous de votre propre chef ? , dit-elle en maintenant sa cape du bout des doigts.


Néanmoins, la dragée ne se formalisa guère du fait qu'Anna ne pouvait pas parler. Ce n'était pas une première pour elle de "rencontrer" une muette puisque l'ordre avait déjà eu, dans ses rangs, Charlotte - qui tout comme Anna- ne parlait pas. Ce ne devait donc pas être discriminant plus que cela pour continuer les investigations. L'adolescente poursuivit, de fait, sa petite série de questions portant ses aigues-marines tour à tour sur l'incandescente Koraï puis sur la glaciale Anna qui se trouvait toujours assise sur son attirail. Se sentait-elle bien ?

    - Savez-vous comment se déroule le processus d'intégration à l'ordre ?


Elle se mordilla la lèvre inférieure. Ces questions déroutaient parfois les postulantes. Malgré tout, elles étaient essentielles pour les orienter au mieux.


* Bienvenue

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Korai
La rousse écouta attentivement et hocha la tête afin de montrer qu'elle avait bien tout compris, avant de se mettre à répondre :

"Merci pour votre accueil, Manon."

La "langue parlée" des deux visiteuses avait du intriguer la Dame Blanche, mais la rouquine n'y prêta guère attention. En très peu de temps, elle-même s'était habituée de nouveau à signer comme elle le faisait avec ses frères dans sa tendre enfance. Tournant la tête et jaugeant Anna, elle vit qu'elle ne réagissait pas aux questions de l'Amnell. La blonde semblait fatiguée du voyage ; le service à l'auberge avait du sérieusement la mettre à l'épreuve physiquement. Aussi se décida-t-elle à répondre de sa propre initiative.

"Personne en particulier ne nous attend, nous venons de notre propre chef. Et nous aimerions, s'il vous plaît, que vous nous expliquiez le processus d'intégration à l'Ordre."

Koraï aimait être préparée à toute éventualité. La question de leur interlocutrice était légitime, et la Sidjéno ne se ferait pas prier pour entendre avec un sérieux intérêt le déroulement prévu de leur avenir proche.
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Manon.cieran
Elle n'avait pas proposé et elle s'en voulut un peu car la jeune femme blonde semblait exténuée. Les visiteuses avaient fait de la route pour venir jusqu'ici. Lorsqu'elle était venue se renseigner au printemps 1463, Manon avait été reçue dans le bureau de recrutement. Il y faisait chaud et il y avait des chaises pour se reposer. La mini Blanche proposa donc aux deux jeunes femmes de venir se mettre au chaud, d'autant plus qu'elles l'apprendraient bien assez vite, une autre longue route les attendait.

    - Souhaitez-vous vous mettre à l'abri ? Cela vous permettra de vous réchauffer et de vous reposer le temps que je vous explique un peu comment cela va se passer.


La proposition avait été faite, restait à voir si la blonde et la rousse allaient accepter.

[...]

L'adolescente reprit la parole ensuite pour expliquer un peu ce qu'était l'ordre.

    - L'ordre royal de la dame Blanche à l'écu vert est composée uniquement de femmes qui ont à leur tête la grande Amazone, Sakurahime de Valrochelles. Avant 14 ans, on peut devenir écuyère personnelle d'un chevalier. A partir de 14 ans et plus évidemment, on peut suivre le parcours normal et devenir aspirante de l'ordre. C'est un moment où l'on se familiarise avec l'ordre et ses membres, où l'on en découvre le fonctionnement et les valeurs chevaleresques. Lorsque le conseil de l'ordre voit que l'on est prête, deux choix sont possibles. Soit, on décide de ne pas intégrer pleinement l'ordre et on peut devenir femme d'arme. Soit, on prête serment pour devenir apprentie et entrer pleinement dans l'ordre. A chaque fois, c'est le conseil qui décide et détermine si l'on est prête à évoluer au sein de l'ordre. Il y a plusieurs rangs au sein de l'ordre : apprentie, esquire, chevalier. A mesure que l'on évolue, il est possible de se spécialiser dans une branche. Il en existe quatre : gardienne, guérisseuse, historienne et muse. Tout est expliqué en détail dans notre charte qui est consultable ici-même.


Elle fit une petite pause pour reprendre son souffle et laisser aux deux jeunes femmes le temps d'assimiler les informations données. Manon espérait être claire mais ce n'était pas toujours facile de l'être lorsqu'on est passionnée par ce qu'on raconte. La jeune fille leur adressa un fin sourire puis poursuivit.

    - Pour devenir aspirante, rien de plus simple ! Il vous faudra passer un entretien avec une Blanche aguerrie. Suite à cet entretien, le conseil délibérera. Pendant la délibération, vous pourrez allez prendre un petit verre à la taverne du Lys Blanc pour patienter. Une Blanche viendra ensuite vous annoncer la réponse du Conseil.


A nouveau, Manon fit une petite pause. Elle balaya de son regard bleu ciel les deux visiteuses pour vérifier qu'elle ne les avait pas perdues et en profita pour replacer une mèche de cheveux rebelle derrière son oreille.

    - Par contre, la mauvaise nouvelle, c'est que vous allez devoir reprendre la route pour vous rendre en notre commanderie de Montvicq où auront lieu vos entretiens. Vous vous présenterez devant la grille à la Blanche qui sera de garde. De mon côté, je vais envoyer un pli au conseil pour les avertir de votre arrivée.
    Avez-vous des questions ?

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Korai
La rousse hocha la tête lorsque la Blanche leur proposa de se mettre au chaud ; ce n'était pas de refus, car il ne faisait pas si bon que cela dehors en cette fraîche saison d'automne. Elle fit signe à Anna de la suivre et prit les bagages pour suivre Manon à l'intérieur.

Une fois installées, elle écouta attentivement leur interlocutrice, jetant de temps en temps un regard à la blonde pour vérifier qu'elle prêtait attention au discours qu'on leur tenait. Ainsi, il leur faudrait choisir à un moment où à un autre une branche spécifique. Sachant qu'elle était elle-même médecin, elle préféra vérifier quelque chose.


"Je vous remercie pour votre explication. Tout cela est très clair. Nous avons déjà parcouru la Charte, mais nous allons la prendre avec nous durant le voyage jusqu'à Montvicq afin de la lire plus en détail. J'ai une question : certaines spécialisations ont-elle davantage besoin d'adeptes ? Cela pourrait peut-être orienter notre choix si une voie venait à manquer de membres."

Et, à y réfléchir, il manquait un renseignement qui relevait plus du pratique que du théorique.

"Autre chose : savez-vous si des convois vont régulièrement du côté de Montvicq ? Nous n'avons pour l'instant pas de chevaux pour voyager. D'ailleurs, faut-il se présenter avec un équipement spécial, ou obligatoire ? Désolée, cela fait plus d'une question, mais je les pose à mesure que mon esprit travaille à tout ce que vous nous avez dit."

La Sidjéno fit un sourire sympathique à Manon.
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Manon.cieran
La chaleur du bureau de recrutement aidant, la jeune fille avait ôté sa lourde cape qu'elle avait pris soin de déposer sur une chaise, chaise sur laquelle elle avait pris place et à la suite de quoi, elle avait invité les deux visiteuses à faire de même. Après quelques instants de réflexion pour répondre au mieux aux questions de Korai, Manon reprit la parole.

    - Toutes les branches sont pourvues également pour le moment. Le choix ne se fait pas tout de suite puisqu'il faut être esquire pour se faire. D'ici là, les choses ont le temps de changer et je vais donc avoir du mal à vous donner une réponse claire sur ce point. Ce qui serait valable aujourd'hui ne le sera peut-être plus dans les mois à venir.


Manon adressa un fin sourire à ses interlocutrices. L'apprentie Blanche était gênée de ne pas pouvoir répondre clairement à leur demande mais pour le moment chaque branche était pourvue de façon identique. Elle frotta ses mains qui picotaient suite au changement de température depuis qu'elle était entrée dans le bureau. La dragée répondit ensuite aux autres questions de la jeune femme rousse.

    - Malheureusement, je ne pourrais vous dire s'il existe des convois se rendant régulièrement à Montvicq. J'utilise ma propre monture pour venir ici lorsque je suis de garde. Néanmoins, Montvicq se situant en Bourbonnais-Auvergne, vous devriez trouver des voitures qui se rendent là-bas. Il vous faudra finir à pied mais vous aurez fait le plus gros du trajet plus ou moins confortablement. Il n'y a pas d'équipements particuliers ou obligatoires à avoir pour se présenter à l'ordre. Si vous n'avez pas d'épée, il pourra vous en être prêté une pour les entrainements, le temps que vous puissiez en acquérir une. Il en est de même pour les chevaux, vous pourrez utiliser une monture de la commanderie lors des leçons de monte.


L'adolescente lui adressa cette fois un franc sourire. Elle se souvenait de son passage ici-même, dans ce même bureau il y a plus d'une année maintenant où elle se demandait si elle faisait bien, si elle avait les capacités requises pour pouvoir ne serait-ce que postuler chez les Blanches.


    - Vous savez, il ne faut vous inquiéter. L'ordre ne juge pas et les chevaliers ou les esquires sont là pour apprendre et former les plus jeunes arrivantes et elles ne sont pas avares de bon conseils, bien au contraire.

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