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[RP] Par la maternité, la femme se relève et s'élève.

Eldearde
"Fussé-je beau comme Adonis, j'aimerai que notre petite fille ressemble à sa maman uniquement.
Sais-tu ce qu'elle fera, notre petite (car elle aura tout plein d'esprit ) ?
Elle prendra en nous ce qu'il y a de meilleur : chez toi, ton joli teint, ton esprit et ton caractère, ton charme inouï, tes grâces et ta beauté ;
chez moi, l'immortel amour qui brûle pour toi dans mon cœur depuis toujours ;
chez tous deux, le courage, la candeur, la générosité, la sensibilité, et la fidélité de notre amour.
En un mot, la petite prendra de sa mère tout ce qui est aimable et bon, ses qualités et ses charmes,
et de son père elle lui empruntera seulement ce qui a plu à sa maman.
"
Mirabeau - Lettres à Sophie Ruffei

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Le dix-neuvième jour du mois de mai de l'an de grâce mille-quatre-cent-soixante-quatre - 16h33

D'abord, ce furent quelques crampes légères, quelques douleurs diffuses dans le bas de mon dos, s'étalant comme une tâche d'huile brûlante sur la surface de mes reins, enrobant mon bassin d'amères crispations. Pour autant, je restai tranquille, allongée à l'orée d'une futaie de chênes, à jouer avec les filaments solaires que laissaient filtrer les branchages feuillus, fermant une paupière puis l'autre comme une enfant qui, émerveillée, découvre les différents prismes de sa vision. C'est que tu m'avais déjà fait le coup, vois tu, de l'alerte cuisante qui se révélait finalement fausse et précipitée : par deux fois, mon amour, tu feintas une arrivée imminente pour ensuite choisir de crécher quelques temps encore entre mes chairs dévouées puisque, tout compte fait, le tiède écrin de la panse maternelle, ce n'était pas si mal. Alors, rompue à tes soubresauts indécis, je misai sur un prompt retour au calme, aussitôt que tes velléités de fugue se seraient effacées au profit du confort de mes intérieurs molletonnés.
Seulement, plus la nature printanière déployait le paisible ballet de ses atours luxuriants, plus mon paysage interne se voyait envahi du chaos agité d'un corps qui pâtit. Les pulsations sourdes battant avec la régularité d'un tambour militaire, loin de se faire plus imprécises à chaque minute égrenée, donnaient l'assaut avec toujours plus de force, toujours plus de prégnance, enserrant désormais mon bas ventre entier d'un étau de feu.

Kierkegaard s'arracha finalement au vert herbeux de la prairie, se hissant cahin-caha sur deux gambettes fil de fer, une paluche en soutien de l'abdomen tourmenté. Lumineuse frimousse s'était vitement éteinte, détrônée par un front soucieux et une mine grave qui exsudaient pourtant un flegme relatif, témoin de la volonté féminine de garder son sang-froid. La lente marche la soulagea quelque peu, et alors qu'à l'aller l'azuré de son œil s'accrochait à chaque démonstration joyeuse d'un printemps en pleine effervescence, le retour la vit aveugle aux magnificences vernales, le regard intégralement tourné vers le "dedans" et les remous lancinants qui l'habitaient.
Les trois quarts d'heure d'excursion qui séparaient le pré spécial sieston de la digestion et l'hôtel entièrement privatisé pour le couple comtal parurent s'étirer comme du beurre sur une biscotte dorée, prenant des allures d'éternité farouche. Eldearde parcourut lourdement ce raidillon tortueux qui n'en finissait pas de serpenter à travers les genêtières, le pas se faisant aussi précautionneux que l'esprit distrait, quand chaque contracture lui arrachait quelques repentances acides : pourquoi donc s'était-elle montrée rebelle aux conseils -pour une fois- avisés du Zolen, la priant de renoncer à ses pérégrinations routinières pour les dix jours à venir ? Ganache indocile, te voilà bien désormais, à deux doigts de mettre bas dans le chiendent et l'ivraie, telle une vulgaire vache limousine.

La très jeune Lison, femme de chambre de son état qu'une tâche quelconque avait poussée jusqu'à la grande cour, trouva sa ronde maîtresse assise sur la première marche du perron, les jupes bleu nuit mâchurées en leur centre d'un large cercle noir et aqueux, la nuque roide striée de longues mèches brunes, les serres logés dans la pierre blanche du seuil. L'haridelle, que les raidissements de son ventre n’empêchaient pas pour l'heure de refiler quelques ordres laconiques, quitta son assise de fortune en faisant fi des piaillements de sa domestique, le faciès rendu plus spartiate encore qu'à l'accoutumée par les affres d'une inquiétude ravalée.

Cessez de clabauder, je vous prie, ce n'est guère que le début, commanda-t-elle d'une voix sèche en poussant la lourde de l'épaule, les menottes crochetées à la tissure humide de sa robe. Faites trouver la vieille Ermengarde, ainsi que demoiselle Héra : qu'elles sachent que le travail a débuté. Coulez un bain de camomille, de mauve, de fenouil, de lin et d’orge et débarrassez le lit de ses linges, qu'aucun drap ne soit souillé. Faites porter la chaise d'accouchement jusqu'à la chambrée et préparez la vesture de l'enfant, qu'elle dicta fermement, a contrario d'une dextre qui, retirant une à une les épingles d'un chignon impeccable, ne pouvait dissimuler les tressaillements de ses longs doigts. Si le Comte vient, informez le simplement de ma présence en salle d'eau. Ne l'alertez sous aucun prétexte, ces affaires de femmes étant bien peu de chose pour une tête couronnée de tant de soucis.

18h54 - Le Très-Haut sait que je ne suis guère superstitieuse mais ce soir-là, alors que le baquet comtal se voyait réceptacle d'une eau tiède et parfumée, je déliai tous les nœuds que je dénichai en la large demeure, afin que ton cou minuscule soit dépourvu du collier funeste d'un cordon ombilical emmêlé.


* Titre: Emile de Girardin - Pensées et maximes (1867)

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--Hera
Héra est mystère, voile de fumée, nuage opiacé dont la voix tendre et chaude tranche sévèrement avec la glace de son regard et autour d’elle s’enroulent murmures et rumeurs sans paraitre capable de l’atteindre. On l’a dite sorcière, fée, enchanteresse… Ou a soufflé qu’elle est fille d’une pucelle et d’un démon, affirmé qu’elle se nourrit des forces vives de ses amants, prétendu que de son simple chant elle fait pousser les fleurs. De tout ceci elle ne s’inquiète pas. A ses yeux seules comptent les femmes, créatures que les lois des hommes ont faites inférieures, et pour elles elle se fait aussi bien accoucheuse que faiseuse d’ange, leur offrant toute sa science sans jamais rien demander en retour.

C’est ainsi qu’elle a été sollicitée par minuscule Crocus aux mirettes anxieuses pour veiller sur la plus précieuse des limougeaudes. Eldearde Kierkegaard. Etrange et sombre danseuse au cœur fragile et à l’âme trempée à l’acier. Grâce absolue sans beauté certaine. Fille de poussière née pour devenir reine suprême. Mais avant cela elle sera Mère.

Voyant arriver la jeune Lison, la rousse l’intime au silence d’un geste de la main et, fidèle à ses rituels, entreprend de couvrir sa robe brune d’un tablier propre.

    - Prenez d’autres femmes et dénouez tous les nœuds ici. Et faites prévenir le comte après avoir envoyé la Vieille.

La réponse n’est pas attendu et armée d’une trousse contenant son matériel, la rousse retrouve la parturiente en train de s’agiter comme seules savent le faire celles qui s’apprêtent à donner la vie pour la première fois. Posant ses affaires sur un tabouret, Héra s’en vient vers elle et pose une main calme à son épaule.

    - Les domestiques se chargent de cela, fait-elle d’une voix dont l’indéniable douceur se charge de sévérité avant d’entreprendre d’aider la brune à se défaire de ses vêtements et à se glisser dans le baquet qui a été préparé. Là, souffle-t-elle finalement d’un air satisfait tandis que dans une coupe de cristal, elle mélange de la poudre d’utérus de hase à du vin blanc. Détendez-vous, respirez calmement et buvez ceci. Le vin vient de chez votre amie. Elle m’a confié bien des choses pour vous assister au mieux.
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