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[RP] Au clair de lune....

Zeddicus_zorander
Zedd a terminé son travail dans son potager. Comme chaque soir, il s'apprête à rejoindre l'endroit qui lui permet de se ressourcer. Il prend sa paillasse sous le bras, son bâton, et bien entendu son couteau qu'il accroche sur le ceinturon appartenant à son défunt père, et quitte sa chaumière pour son lieu de prédilection.....

Ce paysage, qui, dès que la nuit chasse les dernières lueurs du jour, devient un lieu totalement féerique et magique.
Un chêne majestueux domine avec prestance une colline au pied de laquelle serpente une petite rivière. Comme pour assurer son autorité sur l'ensemble de la forêt, il est le seul à assouvir sa dominance sur son promontoire,au milieu d'une clairière fraîchement décorée de rochers et de tapis de mousses duveteuses. Des jolies fleurs aux couleurs rêveuses et sensuelles parsèment les rives de la rivières, leurs parfums enivrent la clairière et leurs beautés laissent de marbre tous ceux qui osent les regarder sans intérêt. Zedd est fier d'être le seul à profiter de cet endroit et ainsi le faire découvrir à l'unique personne qui saura lui faire confiance....

Zedd, après un petit moment de marche à vagabonder entre les sentiers et les sous bois, arrive enfin à destination. Il s'approche de l'arbre trônant dans la clairière et de façon machinale pose au sol sa paillasse afin qu'il puisse rester plusieurs heures à contempler les étoiles et se remémorer tous les moments de joie qu'il a vécu pendant son enfance...
Pourtant cette fois, bien qu'il récite les mêmes gestes qu'à son habitude et qu'il s'allonge le regard vers les étoiles , Zedd a un comportement totalement différent. Ses yeux pétillent de bonheur, un léger sourire marque ses lèvres, mais à côté de ces détails qui le rendent gai, un air légèrement anxieux se dessine sur son visage. Cette manière d'être, qui n'est point dans son habitude, semble correspondre à la venue d'une personne, mais une personne qui compte énormément à ses yeux.
Après plusieurs minutes, le regard plongé dans l'eau de la rivière à observer chaque reflet d'étoile et à regarder les insectes voleter dans l'éclatante lueur de la lune, un bruit se fait entendre!
Zedd sort de ses pensées, se redresse, enroulant ses bras autour de ses jambes ramenées contre lui et attend avec impatience la venue de cette personne.
Son cœur palpite, des bouffées de chaleur envahissent son corps mais l'excitation et l'envie le rassurent. Son regard tourné vers la silhouette fine et pleine de grâce s'avançant vers lui, il aperçoit enfin celle qu'il attend impatiemment ....
Yohanna.
De l'armagnac.
Non, trop de mauvais souvenirs...
Du Champagne ? Certainement pas ! Cette piquette ! J'sais pas pourquoi j'ai encore ça, moi… Du cidre ! Oui ! Du cidre. J'aurais une petite pensée pour mon Saint Neveu.


La bouteille est rajoutée dans le petit panier d'osier, un saucisson fabriqué à Bayonne est embarqué, le chien sifflé pour qu'elle ne parte pas seule, et la hache toujours bien attachée à la ceinture, vérification d'usage. Elle est fin prête. Ha ! Non ! Les lettres. Sous le matelas, trop ringard. Sur l'étagère, pourquoi pas… On leur trouvera une nouvelle cachette plus tard. Le tout étant que personne ne sache où elle part ce soir.

Elle avait l'habitude de passer de longues heures en forêt, et son entourage en avait maintenant l'habitude. Donc aucune inquiétude si elle rentrait tard ou tôt le matin. Il lui arrivait parfois de dormir en haut d'un arbre. Mais cela devenait rare depuis qu'elle n'avait plus Gluant pour veiller sur ses nuits, et que Marc était définitivement entré dans sa vie.

Ce soir encore, elle va seule, accompagnée du chien offert pour compenser la perte de son molosse dont elle a mis plusieurs mois à se remettre. Mais le lien avec cette bête là est plus faible. Elle n'arrive même pas à se rappeler son nom. C'est souvent ''Le Chien''. Même si c'est une chienne.
Chose qui change de l'ordinaire au départ de cette balade, c'est ce panier à son flanc avec de la nourriture et de la boisson. Pourvu que personne ne la voie sortir du village ainsi….
La carte était parfaitement mémorisée, et puis, elle avait dû tomber sur le petit coin charmant une ou deux fois, même si elle préférait les coins sombres pour chasser et se cacher. Il lui semblait se rappeler d'un endroit paisible et calme. Il serait bien vite temps de le détailler une fois arrivée à son rendez-vous secret.

En marchant, elle pense à l'homme qui l'a invité à le rejoindre. Quel étonnant personnage. Une écriture douce, des mots choisis, transmettant de nombreux sentiments forts auxquels elle n'a pas su répondre avec la même ardeur. Elle aurait reçu ses lettres quelques mois plus tôt, elle se serait moquée, traitant cet homme de faible amoureux qui ne méritait pas le moindre intérêt. Aujourd'hui, tout avait tellement changé… Autour d'elle… En elle… Et cet homme, ce villageois qui se donnait à fond pour sa ville tout en restant dans une humble partie d'ombre l'intriguait au plus haut point. Il avait des choses à cacher. Des choses à avouer. Et elle prenait comme un très précieux honneur d'avoir été celle qu'il a choisi pour parler.

Le jeu, tout étant risqué, fait naître des papillons dans le ventre de la demoiselle, qui a l'impression de retrouver sa jeunesse enfuie depuis longtemps. Elle le voit au loin. Son cœur bat fort.
Ce n'est plus ici question de boire un verre rafraîchissant après le travail ou se croiser en halle. Ils seront seuls, et pour un bon bout de temps…

Le rose au joues, elle balbutie un peu :


Bonjour… je… crois que j'ai trouvé… facilement, grâce à votre carte.
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Zeddicus_zorander
Le sourire aux lèvres et les yeux pétillants de bonheur, Zedd décide de se lever de sa pauvre paillasse, et comme par geste machinal et inutile, défroisse tant bien que mal ses maigres vêtements, tout en laissant s'approcher la fine silhouette pleine de grâce et de féminité.
Lorsque part pure galanterie il s'avance vers la jeune femme, un grognement de défense le fait reculer d'un pas, avant d'entendre la douce et enivrante voix de Yohanna.


Bonjour… je… crois que j'ai trouvé… facilement, grâce à votre carte.

Tout en gardant un œil sur le compagnon de Yohanna et afin de ne pas se mettre à dos le molosse qui, au vu de la carrure de celui-ci, lui broierait les os en une simple pression de mâchoires, il s'avance vers là jeune femme.
Rien n'a jamais perturbé le tempérament de Zedd, aucun brigand ou soldat ne lui a fait baissé les yeux, même sous la menace, mais cette fois la prestance et la beauté de Yohanna ont eu le pouvoir sur le jeune homme qui semble désœuvré. Les mains qui bouillonnent, la moiteur qui les envahissent, Zedd est décontenancé!! Pourtant dans un sursaut d'orgueil et sans le faire paraître il va répondre à Yohanna avec toujours le même sourire de joie.


Si vous saviez le temps que j'ai passé pour faire cette pauvre carte vous en seriez surprise! Zedd se gratte timidement la tête, comme pour montrer sa gêne, tout en poursuivant la parole. Mais le moment perdu à réaliser celle-ci et bien vite oublié lorsque je vous vois devant moi.....à mon plus grand plaisir!!

Il s'interrompt un bref instant, le regard porté sur le panier en osier que porte la jeune femme, avant de reprendre.

Permettez-moi de vous aider? Vous me semblez chargées et je ne peux me rendre utile qu'à vous soulager de votre fardeau.

Zedd pose sa main délicatement sur celle de son invité pour la débarrasser du poids de son bagage. Le panier entre ses doigts, le regard plongé dans celui de Yohanna, il l'invite de sa main libre à venir s'asseoir sur sa couverture de fortune.

Un brin gêné de ne pouvoir accueillir son hôte dans des conditions plus charmantes et confortables il décide de se tourner vers la rivière dans l'attente que la jeune femme prenne place tranquillement. Les yeux fixant le cour d'eau, Zedd sort lentement de son silence, bien que son esprit semble être loin de la réalité, à la recherche de moments enfouis.


Lorsque vous vous sentez prête, et si vous le cœur vous en dit, je suis prêt à vous ouvrir mon cœur pour faire ressurgir en moi le passé qui me hante....

Le dos toujours toujours tourné vers Yohanna, il sort de sa poche un objet pour l'enserrer délicatement dans sa main comme pour lui donner du courage, et attend, figé, la réponse de celle-ci....
Yohanna_
Si vous saviez le temps que j'ai passé pour faire cette pauvre carte vous en seriez surprise!

Elle rit un peu, devant sa timidité qu'il cache sous un humour franc. Elle le retrouve, joyeux, agréable, serviable, et elle découvre l'endroit alors qu'il prend son panier. Si le décors ne lui avait pas tant coupé le souffle, elle aurait protesté, qu'elle est une grande fille qui n'a pas besoin d'aide ! Mais là, les yeux perdus sur le paysage, découvrant la douceur des couleurs, la fraîcheur de l'air après ces journées étouffantes en ville…

Oh… Zeddicus… C'est magnifique ! Quel endroit… Parfait !

Alors, après avoir fait signe au chien qu'il pouvait aller se promener pour les laisser tranquille, n'ayant pas envie de voir le jeune homme se méfier sans cesse de la bête, elle le suit et s'installe à ses côtés sur la paillasse, encore toute chamboulée, puis revient sur terre quand dans sa voix, elle perçoit un peu de douleur. Elle le regarde dans les yeux, posant sa main sur son épaule en essayant de deviner ce qu'il a pris dans sa main, et ce que cela peut représenter.

Vous n'êtes pas obligé de parler tout de suite ! Je ne veux pas vous mettre mal à l'aise ! J'ai apporté de l'alcool, pour délier un peu la langue. Mais il est très léger. Il a un goût de pomme pourrie, c'est très rigolo ! Vous connaissez ?

Elle montre la bouteille et l'ouvre, sortant deux petits godets de son panier pour les remplir. Une fois le tout fait, elle se réinstalle plus confortablement, peut-être un peu trop près de lui afin de l'écouter. Mais avant, elle souhaite instaurer la confiance dont il n'a pourtant pas l'air d'avoir besoin. Mais au moins pour lui confirmer qu'il n'a pas eu tord de la choisir pour ce lourd aveu :

Je suis heureuse d'être là avec vous. Et touchée aussi, car vous semblez troublé vous-même par votre passé. Mais je saurais le prendre comme un cadeau. Et un grand honneur de vous écouter. Et puis, je pourrais aussi parler de moi après, si vous le souhaitez.

A présent, elle trempe ses lèvres dans le cidre pour le laisser s'exprimer.

Zeddicus_zorander
Son esprit toujours embué entre réalité et passé, Zedd reste plongé dans ses pensées bien qu’enivré par une agréable sensation. Il découvre à nouveau l’émotion du contact d’un corps contre lui ! La proximité avec la jeune femme chamboule son comportement et fait renaitre en lui des sentiments enfouis. Depuis des années il n'a plus ressenti le contact féminin ! Cette impression que tout se dérobe, qu’il ne maitrise plus rien au point d’en être vulnérable, que le corps tout entier s’égare au rythme des battements ivres de plaisir….
Sans trop se laisser décontenancé par ses émotions et se tournant vers Yohanna, le jeune homme prend avec délicatesse le verre tendu par celle-ci. La main quelque peu tremblante Zedd cherche à croiser le regard de son hôte pour retrouver en lui la prestance et la force de maitriser ses sentiments. Bien que les yeux séduisant de la jeune femme le fond frissonné d’exaltation, il trouve malgré tout le courage et la force de ne pas se laisser transporté dans la ferveur de ses ressentis. Après avoir plongé timidement ses lèvres, il prend avec délicatesse une gorgée du nectar si gouteux et alléchant. Pour ne paraitre sans bonne manières et vider le contenant d’un trait, il décide de poser celui-ci près de lui.
Le geste hésitant, entre timidité et crainte, il ouvre délicatement sa main, tout en l’approchant de la jeune femme permettant ainsi de faire découvrir l'objet qu'il serre depuis son arrivée.

 
Voyez ce pendentif!! Il est le seul témoin de mon passé et le seul à me permettre de rester debout et d'avancer à nouveau! Ou du moins faire en sorte de vivre.... Il a été conçu par un des grands orfèvres du Royaume de France en suivant les instructions de ma bien-aimée....Il s’arrête! Sentant sa voix s’enraillée et tremblée lorsqu’il évoque la femme qu’il a perdu. Une profonde et discrète respiration l’aide à reprendre ses dires. Comme vous pouvez le remarquer, un ange berçant un nouveau né tourne dans un cœur. Cela n'a pas été fait au hasard! Ma fiancée avait décidé de symbolisé la vie éternelle par cet enfant enlacé par l'ange, et l'union de notre amour par ce cœur qui protège l'être aimé.
Soudain Zedd s'interrompt et referme le collier dans sa main. La bouche tremblante, les lèvres pincées pour ne montrer sa peine et sa détresse, il balaie discrètement d'un revers de manche une larme qui vient perler sur sa joue. Les yeux vers la rivière, il lève lentement sa tête vers les étoiles et murmure des mots, oubliant le temps d'un instant Yohanna.

"Mon amour! Grâce à toi, et à ta présence en mon être, j'ai toujours pris les bonnes décisions et je sens en mon cœur que cette femme est la seule qui saura garder ce bijou et sur qui tu veilleras et protégeras. Elle le mérite, j'en suis convaincu! Tu pourras enfin te reposer en paix et un jour je prendrais place à tes côtés....."
 
Il s'arrête un instant, sans même se rendre compte que son hôte le regarde intriguée. Zedd prend délicatement la main de la jeune femme, desserre avec finesse les doigts de celle-ci et pose dans sa paume le bijou avant de lui refermer sa main. Le regard ancré dans les yeux cristallins de Yohanna, il tend un léger sourire de soulagement, laissant Yohanna contempler l’objet.
 
Surtout ne vous méprenez pas sur mes intentions mais je souhaiterais que vous preniez ce présent car vous êtes la seule personne qui puisse le posséder et je sais qu'il vous protégera et vous apportera le bonheur que vous cherchez.
 
Sentant la fraîcheur de la nuit amplifiée par la proximité de l'eau et de la forêt, il se lève et enlève la paillasse sur laquelle il est assis, la secoue, et la pose précaucieusement sur les épaules de la jeune femme.

Par prudence et par soins je préfère vous couvrir un peu plus car je ne voudrais que vous soyez malade! Laissant légèrement et délicatement traîner sa main sur le cou de Yohanna pour simplement retrouver la douceur de la peau féminine avant de se relever. Mais dans ses gestes il n'y a nulle intention mal venue de sa part, seulement l'envie de lui remémorer les sensations perdues du corps de sa bien aimée.

Il se rassoit sur l'herbe fraîche, prend le verre abandonné un instant pour boire une gorgée permettant d'hydrater sa bouche desséchée, laissant la jeune femme contempler le bijou et réfléchir sur sa décision avant qu'il poursuive de lui narrer sa vie....

 
 
Yohanna.
Le voilà qui se confie. Elle avait bien envisagé une histoire de cœur, une histoire de vengeance, une histoire de morts. C'est toujours un peu les mêmes histoires, et les gens en sont toujours autant touchés, comme s'ils étaient les seuls à l'avoir vécu. Comme si leur histoire était unique. Elle aime les écouter parler, mais souvent, rien ne la touche vraiment. Détachée de tout, même de sa propre histoire, elle considère que les sentiments ne sont que des pièges, des ……. qui nous empêchent d'avancer correctement.
Et pourtant, pourtant, elle l'écoute, elle boit ses paroles, elle vivrait presque ses émotions avec lui alors qu'elle les lit sur son visage ou entend dans sa voix tremblante. Son air torturé, mal à l'aise, elle ressent sa peine et sa douleur. Elle verrait presque ses souvenirs si elle fermait les yeux.

Quand elle a vu le pendentif, son souffle s'est coupé brusquement. Elle, ancienne bûcheronne et forgeronne, sculptant aussi parfois le bois pour en faire de petits objets de décoration, elle connaît le labeur d'une telle œuvre. Elle reconnaît le travail méticuleux de l’orfèvre et devine la valeur, ne serait-ce que marchande de l'objet. Et puis le symbole. Tellement beau. Pour elle, programmatique et terre à terre, le spirituel n'avait pas grand place dans sa vie. Jusqu'à ce qu'elle rencontre le Ciel qui la renvoie finir sa quête sur terre, pour racheter tout le mal qu'elle a fait.
Alors elle écoute, les larmes lui montant aux yeux, fixés sur le bijou.

La main se referme et elle voit une larme sous les yeux de son ami. Son premier réflexe aurait été de chercher à l'effacer de sa joue mais elle n'ose troubler le monologue qui ne lui est pas adressé.

Puis il lui ouvre la main et lui donne. Elle veut refuser, elle veut lui rendre, mais il se lève.
Noyée par tant d'émotions surréalistes, elle a l'impression qu'il va disparaître dans l'instant, alors elle tend la main vers lui pour l'attraper. Il voulait juste la réchauffer. Elle respire, rassurée.
Ses yeux noisettes sont troubles, et ne savent plus où se poser. Elle le fuit et le cherche en même temps. Il reprend place à ses côtés et reprend son verre.
Elle regarde à nouveau le médaillon et arrive à desserrer les dents.


Merci… Il ne fait pas encore trop froid.
Je… Je ne peux accepter un tel présent ! Il représente trop pour vous… Et puis… Je ne le mérite pas ! Alors bien sûr, chercher à me protéger et me proposer le bonheur ne serait pas un luxe.
Si je suis revenue en Béarn après de longues années, c'est que j'ai réussi à me faire des ennemis à travers tout le Royaume. Et même jusqu'en Empire.
Il semblerait que je sois encore ici pour chercher à réparer mes mauvaises actions.


Elle le regarde droit dans les yeux, osant se confier un peu plus malgré le mal qu'elle a à parler, surtout avec un homme qui semble si bien, si tendre et sensible.

Je ne suis pas quelqu'un de bien. Il me faudra de longues années pour me racheter. Marc… M'aide… Il croit en moi. Mais je suis… allée trop loin… Trop souvent…

A présent ses yeux se baissent pour cacher sa honte. Et elle regarde encore la pureté du bijou. Un enfant et un ange. Tout ce qu'elle n'aura jamais autour d'elle. Parce que la vie la fuit depuis toujours. Seule la mort l'accompagne et se répand autour d'elle. Sans jamais l'emporter, elle, malgré tous ses essais pour la rencontrer. Son cœur se serre et elle a l'impression que si elle ne se ressaisit pas, il va fondre en poussière. Décidément, elle ne pensait pas que l'entretien de la soirée soit aussi intense pour elle.

Ses mains essuient des larmes fictives sur sa joue, rapidement, et elle lui sourit, pour éviter de l’inquiéter.


Excusez-moi, je vous ai empêché de continuer. Poursuivez… Parlez-moi de cette femme qui a tant compté pour vous. Elle devait être merveilleuse…
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Zeddicus_zorander
Zedd se sent honteux de parler ainsi et de se plaindre de tous ses malheurs alors qu’en face de lui son amie cherche de l’aide ! Il se doit de l’encourager à rompre avec cette culpabilité qui l’habite et de ne plus se focaliser sur ce qu’elle était, mais bien sur ce qu’elle est et ce qu’elle souhaite devenir…
Le regard posé sur les mains de la jeune femme, il observe discrètement ses doigts parcourir le bijou, les yeux dans le vague, elle semble se remémorer des instants de sa vie. A présent Zedd est serein, il sait que son amie conservera le pendentif précieusement et lui apportera le bonheur qu’elle refuse de croire.

Sortant de ses songes, Yohanna relève la tête et adresse un sourire à Zedd comme pour simplement le rassurer
.

Excusez-moi, je vous ai empêché de continuer. Poursuivez… Parlez-moi de cette femme qui a tant compté pour vous. Elle devait être merveilleuse…

La phrase de la jeune femme le perturbe ! Lui qui désire ne plus en parler pour éviter de sombrer à nouveau dans une tristesse des plus douloureuse il se trouve cette fois au pied du mur et se doit de dévoiler cette amour qu’il ne saura retrouver !
Pour une autre personne Zedd aurait esquivé les propos et se serait renfermé, cherchant une solution pour détourner le sujet ! Mais pour Yohanna il ne peut le faire, elle fait à présent partie de sa vie et est devenue trop importante à ses yeux pour réagir ainsi…

Ne sachant comment se mettre sur la paillasse afin d’être le plus à l’aise possible, il décide de se lever, s’approche de l’arbre pour ramasser un petit morceau de bois mort et s’avance vers la rivière. Les yeux fixés sur le lit de la rivière, Zedd contemple l'eau jouer avec la lune, qui par moment et à force de s’admirer retrouve sa rondeur brisée en multitudes formes disgracieuses.

Cassant le morceau de bois par petits bouts, il trouve enfin le courage et décide de se dévoiler un peu plus.


En fait, ce qui m’a perturber chez vous, mise à part que vous êtes une femme séduisante et aux attraits enivrants…, c’est votre voix !! Lorsque que je vous ai entendu la première fois j’ai eu un arrêt et une gêne. Elle ressemble exactement à celle de ma fiancée, douce et rassurante, bien que derrière cette délicatesse on y perçoit un caractère franc et bien trempé. Il s’arrête un bref instant, juste le temps de se retourner vers la jeune femme pour lui décocher un léger sourire comme par geste de remerciement pour une chose qu’elle ne maitrise pas.
Talia était une femme magnifique !! Ce n’est pas pour me vanter ou pour me pavaner, mais bien qu’elle ne fût pas de la Haute noblesse, elle savait faire rougir et baisser le regard des plus grandes Dames sous ses charmes et son fort caractère….Derrière cela elle était d’une douceur presque exagéré car elle venait en aide à chaque personne dans le besoin créant même parfois de la jalousie !! Nous avions tout pour être heureux et vivre des jours radieux, même l’être aimé qui sommeillait en son ventre. Mais l’horreur du passé, de MON passé, en avait décidé autrement ……

Zedd lance d’un geste de haine le bâton pour évacuer toute la rage et la haine qu’il a accumulé contre ceux qui ont assassiné sa femme et son enfant,...et également contre lui !!

Je n’ai pas su les protéger, je préférais rire des menaces qui m’étaient faites plutôt que les prendre au sérieux et de mettre en sécurité Talia !

Soudain il s’arrête de parler. S’approche vers Yohanna, se met à genoux devant elle et prend la main qui porte le bijou, le regard dans celui de son amie.

Je sais que derrière votre carapace de femme dure ayant un passé sombre et douloureux vous avez besoin de vous sentir protéger. En aucun cas je viendrais me mettre devant Marc qui vous chérit et vous rend heureuse, mais seulement comme un ami qui se doit de protéger la seule personne qui compte pour lui.

Avec un sourire des plus doux et rassurant il décide de poursuivre comme si le temps lui est compté.

Vous êtes l’amie sur qui je dois veiller !! Malheureusement, non pas pour vous défendre de ceux qui veulent votre mort car je ne connais pas encore assez votre vie pour affronter vos ennemis,….Mais de Moi !!
Il observe Yohanna, un brin soucieuse et dans l’incompréhension de ce qu’il lui annonce. Essayant de trouver les mots qu’il faut pour l’aiguiller et afin de rendre ses dires cohérents il attrape son verre et d’un geste tremblant d’énervement et d’anxiété boit une gorgée avant de poursuivre.
Je ne peux mettre votre vie en péril à cause de moi !! Je ne connais plus réellement mes ennemis mais hélas ils sont bel et bien présents à la lecture de la missive que j’ai reçue. Votre présence me comble de joie et je ne suis heureux que près de vous mais je ne peux vous mettre dans une situation délicate. Vous ne pouvez savoir comme tout cela me tiraille !

La bouche serrée, les muscles tétanisés de rage il décide de finir ses paroles de manière évasives et flou afin d’arrêter l’animosité et la colère qui pèse en lui. Zedd détache méticuleusement ses mains de celle de son amie, avant de se reposer et d’entendre Yohanna lui narrer sa vie, car cette fois il n’a plus la force ni le courage et la prétention de poursuivre la sienne….
Yohanna.
La longue liste des compliments ringards qu'elle avait entendu pour se la mettre dans la poche ou dans sa couche, elle la connaissait par cœur. Elle ne l'entendait même plus tant elle trouvait ces mots vides de sens. Mais celui-ci, jamais au grand jamais elle ne l'avait entendu. Et elle en fut touchée. Encore. Décidément, cet homme était bien étonnant ! Encore un contre-pieds qui empêchait notre rude Hache de sortir de sa torpeur émotive. Même si le compliment ne faisait que la renvoyer à une image qu'il avait d'une autre femme, il en restait particulièrement touchant.

Cette autre femme qu'elle essayait de s'imaginer, sans doute belle par sa pureté, sa simplicité. Les femmes les plus belles sont celles qui ne se cachent pas sous des vêtements de velours et des fards qui cachent les imperfections. Mais plutôt celles qui sont douces, humbles et naturelles. Des femmes qui attirent la jalousie mais aussi l'humiliation publique. Yohanna a tué, a massacré, elle a fait coulé le sang. Elle aurait pu le faire couler de femmes comme ça. Mais elle a toujours préféré s'en prendre à celles qui se croyaient supérieures. A ces monstres d'orgueil et de sadisme qui humilient, justement, pour n'avoir personne de mieux au dessus d'elles. Cela ne justifie pas ses crimes, mais elle connaît le sentiment de protection qu'on peut apporter à des anges. Et celui d'échouer. Cruel.

Alors son envie de pleurer revient quand il crie son échec devant celle qu'il aimait.
Il revient vers elle, et se plaçant à genoux, il lâche la plus grande absurdité qu'elle aurait pu entendre de sa bouche. La protéger…. De Lui ?! Ridicule…
Elle sourit un peu, trop pleine d'émotions pour se moquer cruellement, et sa main passe doucement dans les cheveux de l'homme qui lui fait face.


Me protéger de vous ?! Zeddicus… Allons… J'ai tellement pire à craindre que vous et votre passé. J'ai des dizaines d'ennemis. J'en fuis régulièrement car mon plus grand jeu est de m'en faire de nouveaux. Et j'ai un ennemi encore plus puissant que tous ceux-là réunis.

La main masculine qui s'était éloignée d'elle est capturée à nouveau. Elle guide ses doigts sous sa chemise. Pas de geste indécent ou inconvenant, juste une découverte qu'elle veut lui faire faire sans trop se dévoiler à ses yeux. Elle guide sa main jusqu'à ce que ses doigts puissent sentir l'épaisse cicatrice juste sous le cœur. Elle s'est loupé. Marc et Andréa lui ont sauvé la vie, de justesse.


Mon pire ennemi, c'est moi. Alors voici ce que je vous propose… On va évaluer ensemble la menace… Et on va l'éradiquer. Je ne veux pas vous voir souffrir comme vous avez souffert déjà.

Le ton militaire est bien vite retrouvé quand il s'agit de partir à la chasse. Et puis pour un ami, elle est prête à tout. Retourner des montagnes s'il le faut. Et elle n'abandonnera pas.
Lâchant sa main, rajustant son habit, elle reprend une partie de son récit afin de le laisser y voir plus clair.



Mes parents étaient nobles. Ils s'aimaient, mais n'en avaient pas le droit. J'ai donc reçu une éducation importante, mais ma haine de l'étiquette a grandit en moi dès mon plus jeune âge. J'avais une sœur. Si douce, si gentille. Elle allait devenir médicastre. Mais la maladie l'a emporté. Elle m'a demandé de venir à son chevet, mais j'étais trop occupée à manigancer de sombres projets pour faire tomber ducs et rois… Je suis arrivée trop tard. Depuis, ma vie s'en est trouvée totalement vide. J'allais, je venais, j'ai fait du mal pour avoir l'impression de vivre des choses fortes… Mais aujourd'hui je suis fatiguée… De ne pas avoir de buts. De décevoir mes amis. De ne vivre pour rien.
Zeddicus… Si je peux vous aider, laissez-moi le faire… Je vous en prie. J'en ai envie. Mais au fond, je crois aussi que j'en ai besoin…

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Zeddicus_zorander
Si la situation s’était déroulée dans d’autres conditions Zedd aurait été gêné par ce moment délicat et pudique face à ce geste qui le laisse pénétrer dans l’intimité de Yohanna, mais cette fois, ceux sont les propos de son amie qui le laissent impuissant et sans voix !!
L’impuissance qu’il a déjà vécue et qui renaît en lui derrière chaque mot de la jeune femme. Celle qui le condamne à accepter la triste réalité de n’être qu’inutile face à cette souffrance.

Le poing serré, la tête baissée et les yeux fermés, Zedd ressasse les phrases remplient de douleur de Yohanna…
Son seul désir, par simplicité, serait de la serrer dans ses bras, pour lui prouver sons soutien et sa compassion, pour lui montrer tout l’amour qu’il a pour elle…mais il en est rien !! Troublé par tout ce qu’il entend le jeune homme reste figé. Cette fois il ne peut plus se cacher derrière ce qu’il pense être et comprend enfin qu’il n’est rien !! Aucun réconfort de sa part ne saura redonner la joie et le renouveau qu’elle souhaite….Comment un homme qui vit dans la peine et la tristesse saura restituer la joie autour de lui ?! Cette même question lui taraude l’esprit et se mélange avec les mots de son amie. Zedd perd peu à peu le contrôle de son existence. Au fil des instants passés avec la jeune femme, elle lui ouvre les yeux avec douceur et franchise pour lui montrer qu’il faut lever le regard de son nombril et écouter d’autres personnes pour sentir que chacun vit des instants fragiles.

Sortant de ses songes, son premier effort est de croiser le regard de Yohanna pour qu’il cherche, dans ses beaux yeux noisette, la force et l’espoir de trouver les mots qu’il faut pour l’aider à avancer. Il sait pertinemment qu’il n’est pas l’aide qu’elle attend, mais il fera son possible pour lui apporter bienveillance, tendresse et amitié.

Zedd ne sait plus quoi faire !! Il n’est plus l’importance du passé, il n’est plus qu’un pauvre agriculteur qui essai d’exister et de rendre aux yeux des autres le prestige qu’il avait avant le néant...En vain, seul son passé s’en rappelle et lui prouve…

Le regard toujours plongé dans celui de son amie, une éternité semble s’être écoulée aux yeux du jeune homme. Pourtant seules quelques minutes se sont évaporées après le récit de celle-ci. Pour ne pas provoquer de malaise chez la jeune femme Zedd sort de son silence cherchant précautionneusement ses mots.


Votre passé me trouble et m’affecte particulièrement, et tout cela me gêne !! Non pas de vous entendre en parler, mais de me rendre compte que ma peine n’est pas plus dure ni plus horrible que la vôtre…Bien au contraire !!
Assis à côté de son hôte Zedd prend entre ses doigts la main de Yohanna pour avoir en lui la chaleur réconfortante de son amie…
Vous m’avez enfin ouvert les yeux comme une amie se doit de le faire !! Cette fois j’ai retrouvé le courage que j’avais perdu auparavant.
Le regard tourné vers son amie, un sourire s’esquisse sur le visage du jeune homme.
Maintenant je suis prêt à affronter mes démons !! Grâce à vous j’ai cette rage et cette envie d’en finir !
Bien que toujours dans la délicatesse et la tendresse, Zedd sert un peu plus fort la main de Yohanna comme pour lui dire de ne pas répondre au propos qui vont suivre.
Je vais donc m’absenter et je laisse le soin à Marc de poursuivre ce que je souhaite !!.... Un court arrêt interrompt ses dires, juste le temps d’observer la jeune femme et de s’enivrer de sa beauté. Mon rêve le plus désireux serait de vous voir avec la joie en vous et le sourire aux lèvres avant de quitter Orthez…
N’ayez crainte, je ne vais pas partir au pied levé, je dois réfléchir à plusieurs choses. Vous aurez donc la chance de vous en ennuyez un peu plus de moi !! Le regard rieur et avec un large sourire Zedd se met à rire timidement comme pour cacher sa peine. Celle que l’on ressent quand on se doit de quitter la personne que l’on apprécie plus que tout et la peur de ne plus la revoir.

La chaleur de la main de Yohanna réchauffe le cœur de Zedd et, les yeux fixant la beauté du ciel illuminé par une pluie d’étoile, il sent montée en lui cette envie de rendre l’importance de la vie et l’engouement qu’elle a d’être vécue.

Grace à vous et à votre franchise vous m’avez fait prendre conscience que la tristesse est en chacun et qu’il ne faut pas se morfondre dans celle que l’on croit plus terrible que les autres ! Vous avez adoptez le même comportement que ma bien aimée, celui d’une femme qui malgré la douleur sait rester digne est fière…. Le regard toujours plongé dans ce ciel étincelant, avec une once de nostalgie à l’évocation, une nouvelle fois, de sa défunte fiancée. Des années auparavant j’en aurais fait qu’à ma tête à rester avec mes convictions sans essayer de comprendre ! Mais cette fois, et après avoir compris à regret mes erreurs je me dois d’écouter les personnes qui veulent m’aider…. Et en l’occurrence vous, car vous êtes la seule qui ose prendre du temps pour moi et apprendre à me connaitre!! Mais avec mon plus grand bonheur j’ai trouvée une amie importante, et qui plus est, la plus séduisante des femmes…

Dans un élan de gaieté Zedd se lève, tire son hôte vers lui pour l’aider à se lever. Le jeune homme boit d’un trait le breuvage qui reste dans son gobelet, prend celui de son hôte et les range dans le panier qu’il porte sous son autre bras.

Suivez-moi !! La nuit n’en est qu’à son début et des choses sont encore à découvrir….Appelez votre chien et surtout racontez-moi cette terrible journée qui a marqué à vie et meurtri votre corps !! Je sais que je vous force à vous remémorer des événements douloureux mais il faut en passer par là et extérioriser toute cette tristesse et cette peine qui vous hante !! Vous ne pouvez goûter au bonheur sans chasser le chagrin qui sommeille en vous….
Yohanna.
Chaque peine est différente, Zedd. Et chacun ressent sa peine différemment, car il est touché personnellement. Ma peine n'est pas plus ou moins horrible que la votre. Elle est juste… différente.

Toutefois, elle est satisfaite de le voir à nouveau battant et prêt à se raccrocher à quelque chose. La visite continue et elle prend sa main pour se relever. Main qu'elle garde dans la sienne d'ailleurs, pour avancer. C'est plus facile pour être guidée quand on ne sait pas où l'on va, surtout pour la Hache qui préfère le langage tacite ou corporel que les explications verbales. De sa main libre, elle siffle le chien qui prend son temps pour revenir. Elle n'était pas bien loin, cette bête, rebaptisée Cassius par le drôlessque Glen. Sage à marcher autour d'eux, elle surveillait, tellement plus attentive alors que la nuit avançait. Et en la regardant, Yohanna put se plonger dans le souvenir de son passé, afin de raconter.

Ce chien est de la même race que mon Gluant. On m'a offert cette femelle pour essayer de compenser la perte de mon animal, mais rien n'y fera jamais. Il était unique. Plus fidèle que tous les amis que j'ai eus…
Un jour, lors d'un voyage en Lyonnais, je tombais sur un noble faisant de la chasse. Je tombais immédiatement amoureuse de cette race. Je suis allée demander à la duchesse si elle avait des petits chiots. C'était le cas. L'un d'eux était plus faible et moins beau que les autres. C'est celui-ci que je choisis.
Il était si petit et si faible que je passais le plus clair de mon temps à le porter. Et il me bavait partout, sur les mains, les bras, les cuisses une fois assise… Une vraie plaie !
Un jour en taverne, une petite fille sympathisa avec mon chien qui commençait à avoir un peu plus de vigueur. C'est elle qui lui a donné son nom. Gluant.


Elle rit un peu. Tant de souvenirs l'assaillent alors qu'elle se repasse ces moments qui semblent si loin à présent.

J'étais seule. Je venais de quitter un groupe de brigands qui étaient plus des saltimbanques qu'autre choses. L'un d'eux… hum… Peu importe. Je préfère éviter ce passage de ma vie. Toujours est-il que mon chien a grandi, est devenu très fort, et avait le même rythme de vie que moi. On passait des heures en forêt, on adorait la neige, on chassait les écureuils… Et les soirs où j'avais trop bu, il me ramenait. Oui, il était presque aussi grand qu'un âne ! C'était mon ange gardien. Il m'a protégé contre des hommes violents. Il m'a sauvé quand j'ai pris une flèche dans la cuisse.
Il était tout pour moi…

Puis un jour, la neige recommençait à tomber en Empire. J'allais voir mon neveu à Dôle. Et… Nous avons rencontré un sanglier. Encire une fois, mon chien m'a protégé. Mais il l'a payé de sa vie.

Sa voix se brise. Elle avait du mal à se rappeler cette époque. Encore plus de mal à en parler. Un instant elle s'arrête de marcher, l'émotion trop forte pour ne pas flageoler. Puis elle se reprend, inspire profondément et continue, la route et le récit :

Je me suis planté cette lame. Pour le rejoindre. Je n'avais plus que lui, et il partait.
Mais… Marc et Andréa, sa femme, m'ont retrouvés à temps. Ils m'ont sauvé. Marc a donné de son sang pour moi. J'ai son sang dans mes veines…


Elle regarde son bras, les lignes bleutés qui courent et palpitent si doucement. Il fait partie de sa vie bien plus qu'on ne peut le penser. Le supposer.

C'est mon nouvel ange gardien. Puisque Gluant n'est plus là. Mais aujourd'hui je dois me racheter. Parce que même après ça, j'ai encore fait souffrir. Andréa… Ma seule amie. Elle m'a sauvée aussi. Et pourtant, si aujourd'hui elle est divorcée, c'est ma faute.

Elle regarde celui qui devient son ami, ayant peur de lire sur son visage le dégoût qu'elle peut normalement faire naître en lui. La Brune n'a rien de sain en elle, même si, en rigolant, elle dit que sa part de bonté lui vient de ce sang qu'on lui a donné. Marc, la pureté incarnée, l'a contaminé, et la pousse encore à devenir meilleure. Malgré elle. Malgré son âme impie.

Un peu honteuse, elle finit par tourner la tête et découvrir un endroit encore plus beau que le précédent. A couper le souffle. Et très étrangement, ce lieu raisonne en elle, comme un vieil appel du passé. Un passé encore trop loin pour qu'elle n'arrive à remettre la main dessus. Est-elle déjà venue ici ? A-t-elle déjà vu ce lieu ?
C'est tout à fait possible, puisque dans sa jeunesse, elle a vécu quelques années ici. Il fallait qu'elle y réfléchisse avec un peu plus de sérieux...

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