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[RP] Une bouteille à l'envers

Ansoald
Ouvert à tous, dans le respect toussa...



La scène se déroule à la table d'une petite auberge de la Flèche. Ansoald a posé entre lui et Nicolas une bouteille débouchée, un verre, un seul. Il use de la bouteille et Nicolas use du verre.


Santé, Nicolas.
La grisaille de la Flèche m'exaspère. D'un côté, il y a le brouillard de guerre, vastes fumerolles qui montent de la capitale et que l'on sent d'ici, odeur âcre et suffocante de la calcination...De l'autre, la grisaille hivernale, mouillée, poisseuse, que la vue de la mer n'apaise pas, que la vue des montagnes ne console pas, car ici il n'y a ni mer ni montagnes.
A la tienne! Moi? Non, je ne bois pas, j'ai...La migraine.
Enfin, pendant que tu dormais, éreinté de ces travaux champêtres que tu aimes tant malgré ta carrure de guêpe...Oui tu as tout d'une guêpe, sacré Nicolas. Santé! Bref, j'arpentais les rues de la ville, distractions nulles, cité de labeur et de peine, tavernes rares, habitées par des blessés qui n'ont rien de soldats, voyageurs inconscients, éreintés d'ennui, qui attendent avec résignation que leurs plaies guérissent, ou s'infectent avec le temps.

Tiens, bois encore un coup. Il est bon, non? Non? Pas grave, fais-moi plaisir, s'il te plaît, tu es blanc comme un tuberculeux, sais-tu? Ce vin est amer? Epais? Ajoute des épices pendant que je le coupe à l'eau. Mais tu vas boire, c'est moi qui te le dit. Pourquoi j'insiste? Car pendant que tu t'abreuves, tu ne m'interrompt pas.

J'ai donc, au cours de mes pérégrinations, croisé une femme comme il y en a peu....Enfin! Etre jaloux te rend beau comme un dingue, mais ce n'est pas une raison de me tenir cet air-là....Bref, je reprends. Elle était, figure-toi, capitaine d'une armée de la Couronne, si ardente et si fière au combat que, malgré la victoire, semble-t-il que tous ses soldats sont morts sous elle...Une sorte de tapis rouge vers la gloire. Elle a licencié ceux qui restaient debout et s'apprête à quitter cette terre noire de sang. Elle aura des compagnons de voyage, que je ne connais pas, qui auront le mérite de nous distraire de ces récits de guerre, si jamais elle attrape la mélancolie de ses exploits. Ce qui reste peu probable, les discours qu'elle tient ne se limitent pas à la visière de ses combats.

Elle est belle? Peut-être. Attention, tiens bien ton godet, je t'en reverse sur les doigts. Que je lèche tes doigts? Ecoute-moi plutôt. Nous prendrons la route du sud....Angers? Quoi Angers? Oui, nous devrons passer par Angers. Comment, tu ne veux pas? Nous ne pouvons faire autrement. Mais, Angers, pas de danger! Quoi, la ferme? C'est ça, frappe-moi l'épaule, et je t'écrase le pif. Bois!

Écoute. Nous passerons sans encombre les lignes royales, grâce à notre escorte. Je sais. Ce n'est pas ça qui te retient. Tu n'aimes pas...Oui, tu détestes Angers. Nous haïssons Angers, ses rumeurs incendiaires, ses guerres éternelles, ses....Quoi, je divague? Mais tu m'emm...Prends ton temps. Réfléchis. Nous avons peu de chance de croiser celui que tu as juré de servir et qui a failli causer notre perte. Et les autres? Ceux qui savent tout de nous et s'en délectent? Ils...On les ignorera.

Bois et entends-moi. Cette existence morne, cette solitude à deux, je n'en veux pas. C'est pour cette raison que j'étais parti....Non, c'est inutile, ne revenons pas là-dessus, entends-moi pendant que tu bois. Si l'on reste dans ce village une autre semaine, on finira par se bouffer le foie. Tu vois, j'ai déjà la migraine. Je peux même pas boire avec toi. Tu es obligé de boire pour deux, de finir tout seul la bouteille....
Donc, voilà, nous avons des capacités, alors on peut trouver ailleurs de quoi satisfaire nos ambitions, nos rêves. Songe à tout ce que nous pourrions faire, soutenus l'un par l'autre, sur des routes nouvelles. Réfléchis, laisse-toi envahir par les pensées que je t'amène, laisse-toi aller, réfléchis, voilà comme ça, ferme les yeux pour mieux regarder à l'intérieur de toi-même, c'est bien...

Pardon? Qu'est ce que tu dis? Articule. Je ne t'entends plus. Bah, c'est pas grave. Tiens, finis ton godet, je l'apporte moi-même à tes lèvres, je te donne la becquée...Ces lèvres, ma frontière....C'est pas grave, laisse-toi aller. Souris. Un joli sourire. Voilà, tu es beau ainsi, quand tu souris, et que tu fais oui, oui, oui. Tu es à moi. Je t'aime.



La tête de Nicolas tombe en avant contre le cou d'Ansoald. Peu à peu, il se couche sur le brun, ceignant sa taille dans une molle étreinte. Les cheveux blonds parfument le museau du larron. Un souffle lourd et régulier emporte son sommeil vers des songes lointains, au nadir de ses appréhensions. Ansoald passe le bras du blondin sur ses épaules, et le soulève avec effort. Cette drôle de guêpe a des ailes en plomb. S'en faut de peu qu'elles empêchent Ansoald de marcher....Mais il avance, balayant du pied les chaises qui s'opposent à leur passage. A une femme curieuse qui l'interpelle, il prétexte un excès de boisson, ce qui est merveilleusement vrai.

Dehors, il prend soin de protéger la figure de Nicolas du froid. C'est un geste tendre....Non, calculé pour que son bougre ne se réveille pas sous les morsures de la bise angevine. La charrette n'est pas loin. Hissant le blond par les épaules, il l'installe à bord du véhicule, le blottit sous d'épaisses couvertures, se penche sur lui...Et lui administre une pichenette sur le front. Aucune réaction ne vient souiller la pureté du front de cet ange, bel et bien drogué. Ansoald se frotte les mains. C'est du bon travail!

Astana les attend. Angers est devant. Ansoald s'installe sur la banquette et claque les rênes. Le convoi s'ébranle sur la route glacée. Tout le trajet, il aura l'esgourde attentive aux bruits insolites proférés par son chargement. En écho à son succès s'élève bientôt un son aussi régulier que rassurant, un ronflement qui berce les derniers scrupules du larron. Il ignorait à quel point l'amour peut nous rendre immoral.

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L_aconit
Ansoald est un salaud.

Salaud, salaud... Salaud... C'est ce qui tambourine et fait écho dans la trombine blondine, embourbée dans ses nimbes. Des bribes viennent chatouiller son réveil galopant, ou alors est-ce le froid sur ses cheville et la langue râpeuse d'une chèvre curieuse. Le poing se lève aussitôt que le corps s'ébranle, dans un cri pour lequel toutes les personnalités oniriques de Nicolas s'accordent.


SALAUD !

Et il n'a même pas pris la peine de me sortir de ce corbillard... Foutredieu... Angers.


S'il ne faisait pas si froid, une larme viendrait presque rouler au coin de ses cobalts.


Maudite ville. MAUDITE VILLE !

Ses cris de rage et de désespoir rameutent deux paysans, qui ouvrent de grands yeux ronds sur l'apparition blonde, sortie du chargement. Nicolas fait une grimace hideuse à l'enfant qui les accompagne et qui le dévisage tout autant, ce qui a le don de le faire immédiatement pleurer. Presque satisfait, le jeune homme saute sur ses pieds, avec la souplesse d'un ours sorti d'hibernation. Le breton , persuadé que ses bourses sont rerentrées dans son corps sous l'effet du froid sent les restes de la boisson d'Ansoald tenailler son crâne, tenaces. La morsure du froid sec et matinal, coup de fouet qui l'oblige à se frictionner avec semi hébétude, le laisse sautiller sur place, incapable de réfléchir à la meilleure des choses à faire en premier.

Courir. Tuer Ansoald. Courir tuer Ansoald.

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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) - Recueil
Ansoald
Tranquillement juché sur un tabouret du comptoir de l'An Poitin Still, Ansoald taille le bout de gras avec l'ex-bourreau d'Angers, Sean dit le Matou. Il se régale de l'accent écossais de son interlocuteur et d'un bon vin chaud arraché au froid glacial qui court dans la cité. Les bûches craquent joyeusement dans l'âtre, faisant écho à la discussion enjouée. Point de déprime suite à la récente raclée subie par les angevins: la guerre est une bénédiction pour la ville. Peu importe qu'elle soit victoire ou débâcle. C'est à croire que les dieux ne veulent pas des morts, de peur que ces enflures d'andégaves ravagent les jardins d'Eden ou fassent bouillir le Cocyte.

Gonflent à ses narines les odeurs sucrées de la cannelle, quand le museau se perche au-dessus de l'étain. Ansoald goûte là un repos bien mérité suite à ses pérégrinations dans la campagne angevine. Roulent paisiblement les conversations sur le conflit. Ansoald, réfractaire au bellicisme ambiant, trouve amusant que ces gars-là se battent à s'en péter le coeur. Entre deux phrases éclot parfois une pensée pour Nicolas, plongé dans un profond sommeil thébaïque sous des couches et des couches de couvertures en laine. En vain s'agissait-il de le réveiller: le froid avait gelé l'eau dans les seaux...Piètre excuse, en vérité. Ansoald n'a pas grande hâte de voir son seul et véritable et prodigieux amour s'extirper de son coma opiacé. Pourrait-il dormir jusqu'à demain, jusqu'à ce qu'ils se taillent d'Angers, que le larron serait des plus contents.

Les babils s'orientent sur les chères petites têtes blondes. Non pas celles que Sean a pris l'habitude de rouler dans son panier d'osier au marché des maccabées. Au contraire, celles des chérubins, fruits des amours du Picte avec sa Celtique. Est-ce prévu pour...

Un cri retentit. Un cri de rage, tonnerre dans une matinée bien calme. Elle provient d'une voix bien connue aux esgourdes ansoldiennes. Elle provoque l'alarme sous son crâne. Blasé, il souffle sur les fumerolles de son godet.* L'onde paresseuse de ce liquide épais reflue vers les bords métalliques, sans parvenir à noyer les tristes pensées qu'Ansoald entretient dans sa caboche. C'est bien beau de faire des conneries. Mais après, faut les assumer.

C'est un Nicolas flambant de colère qui se présente au bar. Furibard, même. Vaseux également, comme une fleur fanée d'avoir picolé trop de vinaigre. Il tend les yeux, les doigts, les pieds vers l'accusé, dont la culpabilité est aussi évidente que les angevins sont des traîtres pour les tribunaux de la Couronne. Désemparé, car il ne s'attendait pas à la fourberie d'une langue caprine sur les petons faustiens (ce qu'il apprendra plus tard), Ansoald louvoie. Balbutie. Esquive. Bafouille. Nicolas, de son côté, mal réveillé, encore sous l'effet de la drogue, plaque des mots brusques sur sa colère, s'interroge soudain sur sa localisation, puis revient demander des comptes au pauvre, pauvre, pauvre Ansoald qui ne voulait que son bien.
Sentencieux, Sean déclare:


Ca sent le sapin**

Effectivement, Nicolas gerbe dans le sapin. Noël est bel et bien fini.



*dédicace à JD Gerfaut
**JD Seanmaclane me pardonnera, j'espère, cette petite invention ludique.

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