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[RP] Les glaçons

Loras_novgorod
Loras s'extirpe de la taverne, bouge qui semble se remplir à ras-bord dès le soleil couché. L'air est frais, pourtant, les filles sont de sortie. La rue leur appartient, ces filles qui semblent ne jamais être frileuses à la gorge, et qui racolent pour manger. D'ailleurs, au sortir de son entrevue avec Tarentio le Marqué, de deux choses l'une: Il a faim, mais n'a pas perdu son temps. Le temps est précieux, ce n'est pas une ribaude trop ambitieuse qui dira le contraire, elle qui tire son bras au coin d'une rue. Novgorod sourit, ne la rejette pas. Son rire vient chatouiller l'oreille de la jeune fille à voix basse, car c'en est une, avant d'y lâcher un " Pas ce soir, ma jolie. C'est un tout autre appétit qui m'anime." , et de s'extirper de son emprise arachnéenne avec lenteur et fatalité, comme on vient au monde. Son parfum mordra d'autres passants, sans doute. Les hommes ne sont que des hommes, qui ne savent que se rassasier.

Loras lui, ne sait que se nourrir. C'est en quelque sorte sa différence parmi les autres mâles. Soldats. Passants. Se nourrir est vital, se rassasier ne l'est pas. Renégat avait connu la faim, le froid, la violence et la sécurité toute illusoire que peuvent apporter la nuit et les bras d'une femme. De fait, l'homme s'économisait de tout l'accessoire. Se concentrant sur le nécessaire. Ainsi ses vêtements étaient beaux sans être fastes, ses mots étaient réfléchis sans être rares, et ses décisions toujours guidées par l'instinct de survie. Et la survie dans cette vie... C'est Lui ou les autres. Les autres, Loras s'en tamponne sévère.

Tous? Non. Peut-être pas tous... C'est en quête d'un repas chaud que le slave évite les entrées bruyantes des tavernes qui vomissent leur trop plein, les combats de coq qui rassemblent des idiots et les putains qui prendraient ses derniers deniers de la journée pour se remplir elles, plutôt que lui. Il doit passer à sa piaule, s'il veut se payer plus qu'une écuelle. Mais la paresse le scotche à la venelle mal famée qu'il arpente. Avec sa gueule peu engageante, Novgorod a de la chance. Personne ne lui cherche jamais des noises. Il n'est pourtant pas si grand que cela. Pas si impressionnant que cela. Et ses vestiges de guerre, ses faits d'armes, eux, sont gravés dans sa chair là où ainsi vêtu personne ne saurait les voir. Mais le regard, ce regard noir et inquiétant qu'il pose sur les gamins qui le frôlent de trop près pendant leur jeux lui laisse un espace vital des plus appréciable. L'étranger se fond dans la masse grouillante et sale de la Cour, qui lui laisse un arrière gout de méfiance au palais.

La dextre cherche le briquet d'étoupe dans sa poche, sans le rencontrer. La nuit s'assombrit, l'humeur du brun avec. Il se retourne dans un froissement de cape, dupé. Quelqu'un lui aurait fait les poches, ici ou là bas, à la taverne pendant qu'il discutait avec le Marqué. Senestre, elle, s'assure et se rassure de la présence des pièces dans la jumelle. Lentement, Loras se retourne pour reprendre sa route.

Ha s'il le tenait, son fumeur de havane... Il lui ferait bien regretter de s'être pris pour Dieu.*

* Vous me pardonnerez pour ce menu Anachronisme !

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-Recueil-
Owenra
    Renarde regagne l'extérieur après la fête donnée en l'honneur de Mime. Elle marche avec légèreté, le museau levé vers le ciel, les mains croisées dans le dos et le mâtin sur les talons. Sans se presser, c'est le chemin vers le domaine Azur qu'elle emprunte. Elle passe entre les badauds et les catins tel un chat faisant preuve de souplesse pour n'entrer en contact avec personne. Car sur son territoire, elle sait que le moindre effleurement avec l'un de ces manants entraîne la perte de quelques piécettes. Elle le sait car elle-même s'adonne à ce passe-temps quand l'envie lui prend. Elle le sait car les piécettes lui sont précieuses et qu'elle garde jalousement ses trésors, comme le dragon qui s’amoncelle une véritable fortune et monte la garde à l'entrée de sa caverne. Enfin... Là, Renarde est loin de son terrier, et heureusement, loin de son magot. Elle ne garde qu'une dizaine d'écus lorsqu'elle se voit sortir dans la fange de la Cour.
    Le bruit de la rue l'accompagne tandis qu'elle flâne sur le pavé. Quelques ivrognes pressés la croisent, tentent de la frôler, de l'embarquer pour une soirée placée sous les hospices de l'ivresse et de la luxure. Mais d'un air dédaigneux, elle passe son chemin en méprisant chaque passant qu'elle rencontre.
    Elle bifurque, tourne, vire, emprunte les ruelles peu fréquentées et intime au fier Modingus de grogner lorsqu'on tente de l'importuner et finalement, elle s'arrête un instant. Une main gantée s'amène à sa bouche. Elle mord le cuir au niveau de l'index et délivre la fine main de cet écrin. Dextre part à la recherche de la futaille gravée par un ami anglais du même diminutif qu'elle : "Owen". Senestre s'empare de l'objet trouvé pour permettre à l'autre patte de fourrager dans son décolleté. Elle retrouve le précieux paquet de chanvre qu'elle ouvre et qu'elle utilise pour bourrer le foyer. Le bec est amené entre les lippes qui s'empressent de l'emprisonner. Une dernière fois, la droitière glisse dans le sac. Elle en retire un briquet. À la vue de ce dernier, la Flamboyante ricane. Ce n'est pas le sien. Elle l'a gentiment extorqué au Brun revu plus tôt dans la journée. Le pauvre homme laisse ses poches ouvertes que voulez-vous ? Une poche ouverte sous les yeux de la Rousse... C'était bien trop tentant. Et la tentation elle y cède trop facilement quand il s'agit d'écu ou de simple vol évidemment.

    Le feu est foutu au chanvre et les yeux se ferment sous la première inspiration. La respiration se bloque avant d'expirer la fumée salvatrice. Sous la détente que lui procure la plante, elle recule de quelques pas jusqu'à buter contre un mur et marcher sur une pierre. Hum... Plutôt molle comme pierre et le mur n'est pas droit. Il est chaud et doux.Les paupières rendent la vue aux iris. La tête bascule en arrière et c'est le visage du Slave qui la surplombe. Elle bat des cils et le regarde le temps que l'information lui parviennent à l'esprit. Oui, Owen' c'est pas un mur contre lequel tu as atterris mais le torse du brun. Oui, ça fait un oreiller confortable m'enfin évite de le monopoliser. Oui, il est plus grand vu de près mais on s'en fout ! Oui, tu lui marches sur le pied s'pèce de shootée ! Bouge de là !
    La tête se redresse et le corps se sépare de cet appui involontaire. Elle pivote sur les talons et porte son attention sur le Glaçon ambulant.


Il s'est perdu dans la fange le glacier ?

    La Rouquine retrouve son attitude habituelle et c'est d'une discrétion toute relative qu'elle range le briquet dans la besace genre "on n'a rien vu !". La main nue jusque là regagne l'étoffe rêche mais chaude et les bras se croisent dans le dos. La tête se penche sur le côté, elle s'amuse à inspirer et expirer les fumées chanvresques par les narines, jouant les dragons .


Méfies-toi d'où tu vas, tu aurais tôt fait de te trouver en fâcheuse posture.

    Dit-elle alors que le gars semble, contrairement à elle, fait pour combattre, carré, grand, dur. Mais Renarde ne sait retenir sa langue coupante. Après tout, il semblerait que cela fasse parti de son charme.

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Loras_novgorod
Il la toise, la dépassant d'une bonne tête. Rien ne lui échappe. Ni l'air absent qu'elle évapore à son contact, ni les crins roux évanescents, ni le geste faussement indifférent pour cacher le larcin. Que fallait-il attendre d'elle, la petite poule de Tarentio? Poule qui roule n'amasse pas mousse, hein? Il plisse deux jais sur le teint d'albâtre. Dans le fumier parmi les gens pauvres, les faux riches, les vauriens, les traines-poulaines, parfois, quelques fleurs. Des épineuses.

- Il cherche à se mettre quelque chose sous la dent.

Et comme la réponse est à double tranchant, elle en fera ce qu'elle voudra. Il inspire, ses lèvres minces échappant un volute de buée naissante. Les dragons ne sont pas réputés pour être sociables. Aussi se toisent-ils quelques éternelles secondes, seuls au milieu de tous. La dextre s'engage dans la besace, avec la paisible assurance de ne pas être arrêtée sous peine d'être moins engageante. Le briquet parmi d'autres effets enfouis retrouve son propriétaire qui l'extirpe des entrelacs de tissus.


- N'aurais-tu pas vu mon briquet d'étoupe? Ho... Merci, roussette. Tu es d'une efficacité redoutable.


Il range son objet dans son mantel, dans une poche dissimulée contre sa poitrine. Là au moins, on ne devrait pas le lui subtiliser sans se récolter une mandale. A moins que ce ne soit une jolie femme qui le tente. Même une seconde fois. Persuadé que la mignonne est la propriété du blond, il ne la touche pas. Ni pour remettre en place cette mèche rousse qui chatouille sa tempe ni pour lui conseiller de ne pas recommencer. Il sent bien que cette fleur là pousse où elle veut, comme elle le veut. L'issue est trop incertaine. Alors il se met à sa hauteur, fixant les jeunes mirettes et marmonne une prière.


- Méfies-toi de quelle poche tu vides, tu aurais tôt fait de te trouver en fâcheuse posture.

Il sourit, malgré ses orageux noirs, et se redresse.


- Où peut-on manger autre chose que des oreilles de cochon en ragout six fois recuit, ici?

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-Recueil-
Owenra
    La réponse à sous-entendu ne se fait pas désirée et évidemment, l'esprit lubrique de la Renarde opte pour l'option numéro 2, à savoir... Oh ! Pas besoin de précision, vous vous en doutez ! Ceci dit, elle se contente d'afficher un air amusé. Et puis, ils se toisent. Ils se mesurent l'un à l'autre. Ils s’observent en chien de faïence. Lui aussi sévère qu'il est sec, elle aussi joueuse qu'elle est insolente. Mais voilà qu'il fouille dans sa besace sans gêne et récupère son dû. Bonne joueuse (oui, ça lui arrive), elle se contente d'arborer un air faussement innocent genre "c'est pas moi, j'ai un alibi, j'étais à la messe".


Effectivement, je suis d'une redoutable efficacité.

    Ceci dit, elle n'omet pas de suivre du regard l'endroit où est rangé le briquet. Hum... Trop dissimulé, hélas. La mèche qui chatouille sa peau est écartée par un mouvement de la tête tandis qu'il s'amène plus près. Elle ne se désiste pas, campée sur ses pieds et défiante de par son attitude. Elle tend l'oreille pour saisir les paroles qu'il lui adresse dans un murmure difficilement audible. Elle ricane en expirant ses fumées et le regarde se redresser.


Allons mon cher... Cesse donc tes menaces, tu m'émoustilles. Une jeune femme convenable se doit d'entretenir sa pudeur et sa vertu.

    Les dents mordent le bois de la pipe et elle adresse au Slave ce regard malicieux dont elle a le secret. Evidemment, ce n'est pas une fille traînant dans la Cour des Miracles qui peut se vanter d'avoir une vie vertueuse et d'être prude. Et pourtant, ce bout de Renard ose et le fait avec un plaisir certain. Mais la question qui suit lui fait pencher la tête sur le côté et arquer un sourcil roux.


Monsssseigneur est habitué au luxe ?

    D'un sourire en coin et d'une courbette purement ironique, elle se pare, un bras replié sur le ventre et le buste bien bas offrant une vue involontaire sur le décolleté. Elle finit par se redresser et pivoter sur les talons reprenant sa route. Elle effectue quelques pas, puis, elle semble se souvenir d'un élément oublié... Ah oui ! Le Novgorod ! Alors elle se tourne à nouveau vers le Brun et fait porter sa voix jusqu'à lui.


Tu es à la Cour des Miracles mon mignon, pas dans les beaux quartiers de Paris. Ceci dit, viens t'en, j'vais tâcher d'te trouver à grailler dans un coin. Quelle grandeur d'âme que la mienne !

    Un nouveau ricanement ponctue cette phrase au langage bien moins soigné que jusque là. Les mains retournent se croiser dans le dos pendant qu'elle ouvre la marche et gagne une taverne miteuse parmi d'autres. Celle-là, un poil moins remplie puisque faisant frontière avec les quartiers plus fréquentables de Paris. D'un commandement oral, le mâtin s'assied à côté de la porte tandis que sa Maîtresse entre dans les lieux en beuglant à la manière de ses moitiés d'origines italiennes :


Tavernier ! Tu m'files ta meilleure vinasse et ta meilleure viande pour l'grand qu'je traîne. C'est lui qui paye.

    Elle perd pas le Nord ! Et sans vérifier si le Slave la suit toujours, elle slalome entre les tables et les chaises, évite les jambes d'un soûlard endormi et s'éloigne dans un coin reculé, face à la porte, elle aime bien voir les gens qui entrent. D'un mouvement leste, elle agrippe le dossier d'une chaise, la fait pivoter et s'assied à califourchon, le buste appuyé contre le dossier, un coude posé sur la table et la pipe toujours fumante au bec. Elle attend tant le tavernier avec sa commande que Loras.

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Loras_novgorod
Et elle le laissa là. Comme un imbécile.

- Ho! Hé ! Hum... Rousse!

Comment s'appelait-elle, en fait? Ce n'est pas comme si c'était important, sauf dans ces moments, où il fallait bien l'appeler ... La siffler aurait été mal pris. Vu le tempérament. Loras la suivit donc, tant bien que mal. On ne peut pas dire qu'elle l'attendait. La patience comme la délicatesse et la discrétion, ne semblait pas faire partie de ses vertus, en tout cas.

Il lança au loin, suivi du geste d'un index agacé tendu en sa direction:


- Et je ne viens pas des beaux quartiers de Paris !


Greluche va.

Jolie greluche. Va.

Jolie...

Il trébucha sur un gosse qui jouait aux osselets, pesta mille dieux, bouscula un porteur d'eau qui renversa la moitié de ses seaux, cassa l'angle d'un étal en passant près d'une échoppe et fit tomber tous les fruits qu'il contenait. Un gros ventru chuta sur les pommes, se rattrapa à une femme ou plutôt à sa robe, et elle se trouva en bien fâcheuse posture, se cachant avec la première chose qui lui tomba sous la main: une cage à poule, dont les locataires s'envolèrent dans un joyeux bordel. Loras se fit discret, se faufilant à travers le tumulte, comme la première fois où il avait aperçu la rousse. Immanquablement , fallait-il faire le lien entre les deux? Cette donzelle provoquait-elle finalement de par sa seule présence l'hystérie générale?

Novgorod se refusait à le croire. Pressé, il entra dans la taverne avant d'être repéré et de se faire lyncher. Il reprit avec difficulté son flegme, face à une rousse totalement décontractée qui attendait de pied ferme ... Quoi donc au fait?

Un cruchon de vin et deux écuelles furent posé devant eux. A vue de nez, rien qu'il ne puisse payer. Et faire la plonge, voyez, c'était pas trop son genre. Au pire, il leur refileraient la fille, gonflée qu'elle était. Elle les tireraient bien d'affaire.


- ... Et sinon, tu t'appelles ?

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-Recueil-
Owenra
    Du grabuge, il y en a eu dehors. La Renarde a bien entendu mais pratiquant couramment l'indifférence, elle en fait fi. C'est dans une synchronisation quasi-parfaite que le Slave et le tavernier s'amènent. Le premier avec sa simple présence, le deuxième avec deux écuelles de viande sanguinolentes et le cruchon de vin. Sans attendre, la Rousse extirpe la dague dans son dos et pique un morceau de viande de la pointe de la lame, avant de l'amener à sa bouche, elle regard le Novgorod.


J'ai plein d'sobriquets. M'enfin ici, on m'connaît sous l'nom d'Owenra del Cielo Azzurro. Owen' pour faire simple.

    Elle ouvre la bouche, glisse le morceau de viande entre les dents et le capture entre l'émail pour le libérer de l'emprise métallique. Elle prend le temps de mâcher. Elle rumine presque. Silencieuse un moment le temps de transformer le morceau en bouilli puis de l'avaler. L'air de rien elle pousse son écuelle vers le Nordique.


J'espère qu't'as faim. Un gars d'ta carrure ça doit bien grailler.

    Sans retirer ses gants, elle s'empare du cruchon et pose les lèvres directement sur la terre cuite. Subtilement, elle en récupère trois bonnes gorgées avant de reposer le récipient sur la table en s'essuyant les lèvres d'un revers de bavarde. Toujours peu loquace, elle observe l'homme lui faisant face. Elle promène son regard sur les traits durs et transpirant le froid du nord.


T'es quoi toi ? Un genre de mercenaire qui s'est trop éloigné de son pays d'origine ? Un vieux soldat à la retraite ? Un loup solitaire ?

    Elle insiste volontairement sur le mot "vieux" en tirant un sourire en coin. D'un air nonchalant, le coude blanc se pose sur la tranche du dossier, l'avant-bras levé et la paume ouverte accueille le menton. La peau blanche de l'avant-bras n'est pas immaculée, elle est ponctuée de ce qui semble être de vieilles cicatrices transversales.

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Loras_novgorod
Owenra. Quel sacré numéro. Loras a rassemblé ses esprits, laissé la rousse mener sa revue. Elle est peu calme, jeune hyperactive qui veut maitriser la situation. Il le voit dans ses gestes, dans ses yeux verts, il l'entend dans son ton. Owenra est une fille. Elle lui plait donc comme une fille. Avec légèreté. Pendant qu'elle s'interroge, il la détaille. Ce tête à tête est propice à capter des détails qui lèvent le voile sur l'energie d'Owen. Un écran de fumée. Sans doute. Il devine une personnalité plus tourmentée qu'elle ne veut bien le montrer. L'Ironie, cet air sûre d'elle... Autant de protections. De faux semblants. Comme ces gants qu'elle porte, là, sur les menottes. Les gants dissimulent toujours quelque chose.

Les jais ne s'attardent pas sur l'hématome ornant la joue gauche. Ni sur le teint qui n'a rien de la belle porcelaine des rousses, déguisant sa tournure blafarde. Roussette est maigrelette. Pourtant, elle ne semble pas être de ceux qui peinent à se trouver à nourrir.
L'intérieur de l'avant bras est strié de cicatrices révélant un désordre qui glace le sang du slave.

    Les marques de la tyrannie et de la folie des hommes, j'aimerais bien qu'on ne me les aies pas laissées sans mon consentement dans les chairs... Toi, si jeune et si belle, tu te les invente.


Quel mal ronge cette fleur des miracles? Bien sûr, elle est plus âgée que lui. Elle a plus vécu. Plus aimé. Plus abandonné. Plus occis. Chaque homme a ses propres démons. Mais en lui tirant un portrait d'ensemble au détour de cette table et de cette nourriture providentielle, Novgorod sent soudain la distance qui les sépare.

Elle boit, il boit à sa suite, comme elle, sans manières. Le vin réchauffe sa gorge, il sourit. Le nordique est bon mangeur. La viande est piquée, elle est appréciée sans procès. Roussette lui arrache même un rire, voilà qu'il manque d'avaler de travers. Tant de clichés. Il secoue la tête, calmant les mots qui se bousculent dans sa caboche. On aurait trop frappé dessus, elle a tendance à s'égarer, mieux vaut ne pas les sortir. Il boit de nouveau pour faire descendre.


- Cette viande est foutrement bonne.


Il pointe l'écuelle, un brin sérieux puis finalement.


- Je suis un déserteur.

Et d'ajouter assorti d'un petit regard en coin:


- ça fait rêver, hein, Owen du clan Ciel Azzurro?

Ho bien sûr... Elle constatera peut-être un jour par elle même qu'il a pu errer longtemps, dans les rangs. Expérimenter souvent la douleur et les limites de son corps, avant de déserter. Mais cela, c'est une histoire qui lui appartient...


- Alors que vois tu chez moi que Tarentio pourrait vouloir pour ses intérêts?


Question pas tout à fait naïve. Bien entendu.

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-Recueil-
Owenra
    Pendant qu'elle pose les questions, il la scrute. Il l'observe. Renarde se sent sondée et ses sourcils se froncent légèrement. Bien que l'examen visuel est rapide, elle n'apprécie pas. Elle se sent mise à nue et ne peut s'empêcher de grogner, simple avertissement animal. En plus d'être active, elle peut se montrer agressive en cas de menace, ou même juste par simple habitude. Contre toute attente, les questions qu'elle pose le font rire. Il s'esclaffe et s'étoufferait presque. Ce n'est qu'un juste retour des choses après ce qu'elle a ressenti comme étant une agression personnelle. Les traits de son visage se détendent et elle se moque alors clairement. Il fait un compliment sur la nourriture. Nourriture qu'elle ne daigne pas regarder, peu intéressée visiblement. Les pupilles restent braquées sur le glaçon Slave qui se présente comme un déserteur. Voilà qui s'avère être plus palpitant. Avant de répondre, elle récupère sa pipe abandonnée plus tôt sur la surface de la table. La Rousse jette un coup d'oeil au foyer, reporte le bec au coin de ses lèvres et inspire doucement en faisant rougeoyer les feuilles.


Rêver... Oui, ce n'est pas comme si je m'étais tapé beaucoup de déserteur.

    Un ricanement s'échappe de ses lippes, accompagné par la fumée chanvresque. Déserteurs, renégats, mercenaires. Ils sont nombreux à être passés entre ses cuisses payantes à l'époque. Le dernier en date lui a même fait une gamine. Gamine vers laquelle ses pensées se tournent un court instant. Instant durant lequel son minois se fait plus doux avant qu'elle ne revienne rapidement à elle. Son attention retourne toute entière sur le Slave. La tête se penche sur le côté et la bouche reste un instant fermée sur la futaille. Elle réfléchit à la question posée. Le regard clair balaie la silhouette imposante qui lui fait face. Silencieuse tandis que la fumée est tirée et expirée mécaniquement. Étonnamment, elle l'imagine assez bien en bon soldat obéissant. Un léger sourire amusé point sur les lippes charnues. Elle le voit même avec un poste à responsabilités dans une armée quelconque, probablement qu'elle s'égare. Mais Rouquine n'a pas de difficulté à le voir inspecter ses troupes. L'imagination trop fertile, elle secoue la tête de droite à gauche. Enfin de compte, elle le regarde cet homme qui doit tout de même avoir un lourd passé. Peut-être a-t-il subi quelques pertes, des tortures, pourquoi pas ? Après tout... Pour se perdre dans la Cour des Miracles, il faut tout de même avoir une part obscure, une part sombre parfois dévorante qui vous attire, qui vous enlace et qui vous entraîne dans les abysses dans lesquels vous libérez la dernière bulle d'air que vos poumons contenaient avant de vous noyer.
    Après ce moment silencieux, somme tout assez long, le bois est libéré. La fumée expirée. La bouche s'ouvre à nouveau pour permettre à la Renarde de répondre :


Je vois chez toi un homme fort avec les brides d'un passé tourmenté. Mais ne m'en tiens pas rigueur, je me contrefous de Tarentio et de ses intérêts, il n'y a que les miens et ceux de mon clan qui m'intéressent.

    Elle lui adresse un clin d'oeil et se met à triturer la pointe d'une mèche rousse entre le pouce et l'index en affichant un air courroucé.


M'aurais-tu prise pour l'une de ses faire-valoir ? Tss... Quelle insulte !

    La main s'agite comme pour chasser les volutes de fumée qu'elle dégage en poussant un soupir las.


Et que comptes-tu faire à présent, Loras Novgorod ? Devenir un simple voleur ? Retourner dans ton monde solitaire ? Quel est ton but cher Slave ?

    Senestre écarte la futaille et dextre attrape le pichet pour le porter aux lèvres. La Flamboyante en extirpe les gorgées suffisantes pour s'adoucir la gorge tandis qu'elle attend ses réponses en regardant le brun par-dessus le contenant. Elle le scrute, l'observe et ne le lâche pas des yeux comme pour l'analyser, suivre le moindre de ses mouvements et de ses mimiques.

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Loras_novgorod
- Oui. Son faire valoir, en quelque sorte.

Posant les mots comme ils se présentent, il lui épargne cependant l'épilogue de ses pensées. Loras affiche un calme apparent qui n'existe pas dans son esprit. Là, en dedans, la houle lourde de ses intuitions, de ses paranoïas et de sa méfiance instille toujours son lot d'âpreté. Balance et tangue ses sarcasmes. Si la rousse se fout de Tarentio, et si elle n'est pas du même clan, qui sait. Peut-être qu'il s'est fait des idées. Il lui demandera bien le nom de son clan plus tard, intrigué par cette nouvelle perspective. Roussette est dejà voleuse, catin, elle aurait alors bien d'autres vices.

Il pique du bout de sa lame la viande rare, assez pour ne pas être délaissée, l'apprécie à sa juste valeur. Au prix de l'offre et de la demande. Au delà de tout ce qui a refroidi ses idées en la détaillant, Owenra a des atouts. Elle est perspicace. Assez pour cerner un peu de lui. Il lui jette parfois un coup d'oeil, vite happé par d'autres occupations. L'écuelle qui se vide, le vin qui le déride. Ces gens qui les regardent. Les volutes de fumée qui s'extirpent d'entre les lèvres purpurines, pour former de délicates chimères nébuleuses, et couronner la brigande d'une auréole toute cynique. Pour peut-être est-ce une couronne, la coiffant de son sacre.

Comment dit-on " Tu es belle ", sans les lèvres, ni les yeux...

Le faciès du slave se creuse d'une mimique d'agacement. Il est là son point faible. Loras ne sait pas faire semblant. Une seconde pensif, égaré, le jeune homme bat l'instant d'après la mesure d'une pulsion. Il sort ses quelques écus, échoués sur la table.


- J'nai que ça, là sur moi. Mais au moins, c'est à moi que je le dois. Je ne suis pas un voleur.

Les noirs passent de la ferraille aux verts d'eau, poussés dans leur retranchement. C'est maintenant rousse, que tu nous trouve une porte de sortie. Il murmure, l'air de rien.


- Je compte me tirer sans payer ce que je n'ai pas sur moi, dans un avenir proche. Ce sera un bon début. Quant à retrouver la route seul, rien n'est moins sûr.


Il lui sourit doucement, terminant l'assiette avec appétit. Chose dont elle semblait manquer, pas bien épaisse qu'elle était.

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-Recueil-
Owenra
    Leurs regards se croisent et se décroisent. Ce qu'elle lit dans ces obscurs miroir, elle l'a lu de nombreuses fois. Il lui arrive encore de le lire au hasard des routes et des tavernes. Cette lecture habituelle la conforte pourtant, elle est consciente de ses atouts, de sa beauté qui se fane lentement avec le temps, avec la maladie qui s'installe doucement, sournoisement en elle. Bien loin de la petite vérole qu'elle aurait largement pu contracter durant ses années de services charnelles, notons-le. Belle, elle l'est, elle l'est dans sa prestance, dans sa maigreur, dans ce teint pâle et maladif, dans cette chevelure sauvage et flamboyante, dans ces cernes témoignant des nuits sans sommeil, dans ce regard vert clair qui scrute, observe et analyse, qui jauge, joue et déstabilise.
    Elle note l'agacement qui apparaît sur les traits du brun sans pour autant en déterminer la cause, bien qu'elle le soupçonne de se sermonner quant à ce regard qu'il lui offre.

    L'attention de la cupide se pose sur les piécettes déposées sur le bois. Un sourcil roux s'arque aux dires qui se suivent avant que les pupilles ne reviennent se planter dans leurs homologues. Les lippes se parent de leur sourire en coin, encore cette mimique agaçante.


Tiens donc... Le déserteur désire partir sans payer... Mais ne deviendrait-il pas voleur en ma compagnie ?

    La gorge expectore un ricanement avant que la tête ne se secoue de droite à gauche. Au moins le Slave ne se voile pas la face sur ses maigres revenus. Renarde amène une main farfouiller dans sa propre besace jusqu'à trouver quelques fins paquets qu'elle dispose sur la table, quatre pour être exacte. Evidemment que l'avare ne compte pas régler avec ses écus. Elle consent à un échange de bons procédés en reversant quelques paquets de chanvre pour la consommation personnelle du tenancier. Après tout, autant faire marcher ses relations. D'ailleurs durant un court instant, elle déporte ses mirettes sur le propriétaire des lieux et lui adresse un léger clin d’œil en agitant sa pipe entre les lèvres. Puis, elle se recentre sur le Slave.


Quelle chance pour toi que je sois d'humeur conciliante, mon cher. L'affaire est réglée. Quant à ta route... .

    L'impulsion est donnée et les jambes retrouvent leur verticalité. Elles enjambent la chaise et contournent la table pour que le corps se dresse aux côtés de l'homme encore assis. Le regard se baisse sur le visage sec et les lippes affichent un air charmeur.


Si tu le désires, je puis t'offrir gite, couvert et boissons en notre domaine. Le Cielo Azzurro est ouvert pour les âmes esseulées et nous aimons parfois remplir nos bourses au hasard des chemins. Nous ne volons pas, nous soulageons les personnes en excédent de richesses. Nous n'exigeons rien de nos membres, hormis le respect qui est dû à notre Matriarche, ma très chère sœur.

    Les mains se croisent dans le dos tandis que le minois mutin montre un air espiègle. La futaille éteinte ne permet plus d'expirer les fumées salvatrices.


Que choisis-tu mon cher Slave ? Cher Loras Novgorod, dois-je te reconduire à la frontière du monde Lumineux ou t'enfonceras-tu avec moi dans l'Obscurité de notre belle Cour ?

    Les talons pivotent et voilà qu'elle se dirige lentement vers la porte, près de laquelle elle se stoppe, attendant l'homme qui l'accompagne sous le regard des autres clients du lieu dont elle se fout visiblement.

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Loras_novgorod
Elle était belle, la petite catin de la cour, avec sa crinière rouge et son regard plein de silences. Sa bouche bavarde et ses mains de brodeuse. Sa familiarité singulière. Comme pour ébouriffer le tout, des fois qu'il paraitrait trop lisse. Loin de lui le pouvoir de déchiffrer les mots qu'elle ne disait pas, et le mal réel qui grignotait son corps, et la consumait. S'éprendre d'une tombe, voilà bien une prouesse toute Novgorodienne... Ainsi, face à elle, Loras n'était pas moins qu'un Corbeau.

- Conduis moi à ta soeur, ce soir ou demain. Personne ne m'attend.

Pas même un mâtin paisible au coin de l'âtre. Novgorod menait une vie des plus solitaire. Sans attaches. Sans passé, du moins, le souhaitait-il. Rien de ce qui lézardait sa peau ne le laissait croire. Les stigmates bien dissimulées sous les pans de tissus, les gants, les fourrures.

Il se remémora cette sensation. La toute première fois où il avait plongé son corps meurtri dans l'eau d'un bain, défiant le sacro-saint engagement qu'il avait fait à crever pour une bande de riches seigneurs. Désertant. Sans aucun remord, et bien décidé à ne jamais reprendre l'armure, dusse-t-il être au prix de sa vie.

La vie. Ne vaut-elle pas mieux que le collier et la laisse? N'y a-t-il pas une forme de fraternité moins unilatérale? Renégat avait alors compris qu'il n'y avait pas plus pernicieux qu'un engagement sans reconnaissance. Perdu dans la masse. Rouage parmi les rouages, pour faire avancer la lourde machine de la guerre. Se battre ou partir et mourir. Tels étaient les options d'un soldat engagé.

Il tendit un index mariole vers la rousse.



- Mais... Ne me laisse jamais le choix, à l'avenir . J'ai une fâcheuse tendance à emprunter les solutions de traverse.


Il sourit un peu, et la devança, pour disparaitre dans la nuit. Ils iraient bien là où elle voudrait. La fille lui plaisait, depuis le premier moment où il l'avait aperçue dans la rue, sur cette place où le clan des Voleurs mettait à l'épreuve le jeune Mime. Loras avait passé ces derniers mois trop de temps à errer. Jeune chien belliqueux suivant la piste de l'incertitude. Il était temps de cesser de suivre le courant. Oh, il ne se mettait rien en tête. Le destin se chargeait bien de faire ou de défaire la vie.
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