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[RP] Ce drama.

L.aconit
Limoges, trois jours plus tôt.

Nicolas se lève le pas mal assuré dans la pénombre installée d'une courtepointe sur le carreau, laissant filtrer un trait de lumière dans lequel le blondin lève la missive pour la lire, la mine froissée, une fine chair de poule grignotant sa peau laiteuse. Missive écrite par Ansoald avant de rejoindre une certaine Andréa, encore une, qui l'invitât à assister, et à saccager si affinités, une cérémonie de mariage à Ventadour. Les sentiments d'Anso, entre cuisants regrets et ivresse d'une liberté nouvelle, sont forts ambivalents. - Ceux de L'Aconit risquent de suivre dans la foulée.



    Nicolas,

    Au matin, tu trouveras, fichée contre la porte au moyen d'un couteau
    - Nicolas regarde le couteau de boucher, ayant saccagé quelques mots au passage - cette lettre, aussi brève de mots - Il la mesure avec la longueur de sa main, constatant qu'elle dépasse d'une bonne phalange - qu'elle fût longue à écrire, consumant pour son labeur une chandelle neuve. - Il étire ses braies entre son nombril et sa main, vérifiant que tout est toujours là - Combien de mots inutiles placés sous séquestre entre des parenthèses, combien de phrases réécrites sur les lignes d'horizon de mes ratures, combien de bulles d'encre, soleils noirs qui obrombrent mes peines? - Qui quoi? - J'usais mon temps pour des arguments vains, car je sais au fond de moi que notre départ, moi vers là-bas et toi ailleurs aussi, était inéluctable. Tu le comprendras aussi bien que je l'ai accepté. - Nicolas inspire. - - Chaque jour, cet appartement se fait un peu trop grand, un peu plus vide et ce lit, plus petit chaque nuit. - Tu m'étonnes avec toute la place qu'il prend quand il se déplie, surtout au réveil - Nos paroles résonnent sans réponses, nos râles ne suffisent plus à combler nos silences, - Pourtant, à ronfler comme il le fait, ce n'est pas tout à fait le terme adéquat - nos rires se font rares et l'on finit par se frapper pour se faire mal. - Mal, mal... Le mâle est un mal nécessaire. Non? -

    La dose de laudanum que j'ai mis dans ton vin à la Flèche était peut-être trop forte? - Tu m'étonnes, mon salaud! - Je m'en vais faire repentance de cette mauvaise action, cause majeure de nos malheurs présents, car j'ai compris que tu détestes que l'on te force la main, - Tout est relatif ... - serait-ce pour me couvrir de caresses, sauf par qui porte haut des titres armoricains... - Il cherche la marde là, non? - Ne t'inquiète pas. Je ne t'en veux point de m'avoir entraîné dans de périlleuses missions pour le compte d'un prince qui voulut m'éxécuter pour crime d'affection à ton encontre. - L'avoir entrainé... Voyez-vous ça. Il se souvient du moment ou le Retz leur est tombé sur le râble, étant Lui en fugue, dans le giron de son voleur. - Au contraire, c'est moi qui vais me réfugier, quelque part, solitaire, ermite, anachorète, pour méditer sur les vices qui ont corrompu ta vertu d'éphèbe. - Ce drama. - Oui, j'ai roulé sur le palladium de ton front d'albâtre les nuées de sortilèges opiacés et j'ai placé, ô sacrilège, ma main obséquieuse sur ton obsédante virilité pour te conduire à ma suite comme un paysan tire par le licol sa vache préférée... - Et poète. - Mais voilà que je m'égare. Notre histoire est maudite, il faut la purifier, qu'elle retrouve, libéré de nos fautes, la vigueur de ces premiers moments, où nous étions complices et non pas adversaires, aiguillonant - Pour ne pas dire bourinnant ? - chacun les sentiments - T'es sûr? - de l'autre pour le faire avancer.
    J'aurai envie, là, maintenant, tout de suite, de me pencher sur ton visage endormi et de baiser tes lèvres, dans l'espoir qu'un filet de ton souffle regonfle le moral du pauvre pécheur que je suis.
    - Awww.... - Hélas....Quand la lame est dégainée, il faut planter le couteau. - Ha oui! - Mais, avant d'abîmer la porte de notre appartement, dont je te dois la moitié du paiement, - Merci de ne pas l'oublier - je ne peux résister au désir qui me tance de prélever sur ta chevelure blonde une mèche sacrée... - Hum? Il porte sa main fine à na nuque - Certes la lame est un peu large et la boucle amputée à ta jolie crinière mettra du temps à repousser,

    - Ho Puterelle de toi!! -

    mais c'est encore le moindre des maux que je peux t'infliger, je te prie de me croire. - La main effleure le vide ras de sa crinière enfantine, écourtée dans la nuit, au passage de l'Ansoaldienne brebis - Si tu veux me répondre, il suffira d'adresser ta lettre à l'église de Ventadour. Là-bas, ils savent où je suis, je te prie de me croire. - Va chier Ansoald! Et comme si on te trouvait dans les églises! je vais t'en raccourcir du calice moi ! -

    Je t'aime,
    Tu es le seul homme de ma vie,
    - C'est sûr! -

    Ansoald


Chauffé à blanc, blond beugle au travers de sa manche, avant bras plaqué sur sa bouche. Ho les réponses ne tarderaient pas. Toutes plus créatives les unes que les autres. Limoges était ennuyeuse, et lui aussi avait toujours de quoi s'occuper. Si Anso batifolait dans les églises, lui, irait écumer les tripots. Et pour cela, pas question de vagabonder sans son dé. Il irait se faire un plaisir d'aller le chercher chez son ravisseur, tel qu'il se l'était promis. Cap sur l'Alençonnais.

Sabaude Renard, j'espère que tu aimes la coupe mulet!

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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) - Recueil
Sabaude, incarné par L_aconit
    [Un soir d'automne, au retour d'une taverne alençonnaise.]


- Voilà pour toi, jette Renard à son homme de confiance, tant en geste qu'en parole. On peut voir un petit cube quitter une main gantée, fendre l'air et rebondir contre un torse appuyé à un mur.

- Monseigneur est trop bon. Un dé ! Se moque alors le nouveau propriétaire de l'objet. Que voulez-vous que j'en fasse ? Il y en a plein à la maison de jeux !

- Eh bien justement, mets le avec les autres. Je l'ai pris à un coquin
, s'enorgueillit le Vicomte qui prend ses aises contre le dossier d'un haut et large siège.

- Et vous voulez qu'un dé de coquin finisse entre les mains de culs bénis, de nobles et de jouvencelles émoustillées par les jeux de hasard ?


- C'est cela. Paris compte tant d'aigrefins de tous poils que là est sa place. S'il te déplaît tant de le voir rouler entre des doigts blancs et fins, enchâsse le dans une des poutres, hors de portée de main.

    [Un soir d'hiver, de retour du marché de Mortagne.]


Au moulin de Messey , le long du Morin, on broie et on moud.
Au château de Messey on compte le fruit des ventes des sacs de farine déposés au marché.L'endroit n'est pour le Vicomte qu'un lieu de passage où il n'aime guère s'attarder. Est-ce les marécages au nord ? La foret peu giboyeuse alentour ? L'église et sa cloche bien trop proches?Alors que les sabots de sa jument martèlent lugubrement la passerelle puis le pont-levis, son regard erre sur les tours. Douze, une pour chaque heure de la journée, une pour chaque mois de l'année, onze de trop pense-t-il alors qu'il pénètre dans la cour intérieure où les premières ombres d'un jour déclinant s'allongent impérieusement. Derrière lui la herse ne retombe pas, gueule béante qui ne s'est jamais refermée depuis la visite d'un nain angevin et roux, et fort en gueule. Puant aussi, braillard, bagarreur, voleur.... Le souvenir étire les lèvres du Renard descendu de sa selle et qui mène sa monture par la bride jusqu'à l'abreuvoir. Un autre le remplace aux premiers pas sur les dalles de pierres de la grand pièce . Il peut presque l'imaginer arpenter les couloirs, celle qui fut son épouse et qu'il laissait jouir de l'endroit quand lui préférait le calme de Moulicent. Un terrier qu'il va devoir rendre maintenant que la fille Ried n'est plus et que la seigneurie est revenue à la province. Pour le jeune Chancelier de France il est hors de question de dépendre du bon vouloir du régnant en place pour continuer à en jouir ou de tomber sous la coupe d'un autre suzerain.
Sur un soupir il se dirige vers les cuisines pour trouver de quoi soulager sa faim et sa soif.
L_aconit
Et c'est avec la bravoure et l'énergie donnée en aide par une bouteille d'eau de vie que le blondin gagna le chemin de Messey, trébuchant parfois sur les cailloux qu'il maudissait de venir courir sous ses pieds, invectivant à voix haute le Renard imprudent de lui avoir spolié son dé ô combien précieux voilà maintenant des mois. Il aurait pu le récupérer avant. Mais il avait choisi ce soir. Pourquoi? On ne savait pas bien. La réponse tenait peut-être en une équation plutôt simple.

Ansoald avait foutu le camps + ennui + eau de vie - raison + jeunesse + mémoire vive = Nicolas, poing levé près de la herse ouverte. Regardant tellement haut vers les tours qu'il tomba à la renverse dans un bruit mou et une complainte ridicule. Là où d'autres verraient douze chandelles, le jeune homme écarquilla ses yeux d'azur sur douze tours dansant dans l'obscurité. Un garde se pencha sur le problème, là en bas, tendant à bout de bras une torche.


- Oh Bordel! Messey, venez par issey ! Heu, ici! Montrez-vous , vicomte! Duc! Ou je ne sais plus !


L'Aconit se releva tant bien que mal, retrouvant une assiette plus que discutable. Et au lieu de pénétrer dans Messey - le chateau bien sûr, pas le personnage - il contourna l'édifice, se tenant fermement à la muraille - dès fois qu'elle tomberait, hein... - en cherchant une autre entrée. Non, parce que, entrer par l'entrée n'était pas un gage de discrétion... Tous hurlements et jurons mis de cotés, le breton sentit bien que ce n'était pas la meilleure des techniques d'approches.

Adoptant donc une autre tactique, il tâtonna le long de la paroi, éclairée toujours par le garde perché qui n'en ratait pas une miette, vite rejoint par un autre.


- C'est quoi ce bordel?
- Viens voir, un abruti rond comme une queue de pelle qui essaie de trouver la porte d'entrée.
- Encore un messager du Lioncourt ça... Baah. Laisse. C'est l'heure de la relève. Il nous casse les noix avec sa valetaille.


Les deux gardes se retirèrent finalement, laissant Nicolas à son sort, trébuchant sur des objets mal identifiés qui jonchaient le pourtour du bâtiment. Un vrai cimetière de détritus, étranges, comme si le bâtiment avait été attaqué au lance pierre par un nain enragé... Et à force de tâtonner, le blondin revint forcément à son point de départ. Cette herse béante qui semblait attendre qu'il passe dessous pour se refermer sec et le couper en deux.

Méfiant, sortit d'abord un caillou de sa poche, et l'envoya à l'intérieur de Messey - le château, pas le personnage -.

    Rien.


Il passa alors la main au delà de la limite, pour vérifier son intuition.

    Toujours rien.


La herse semblait être bien maligne. Foi d'Aconit, elle ne l'aurait pas. Il prit un élan incommensurable, reculant de plusieurs pas, se mit à courir, courir... Courir... Courir! Pour finir par se vautrer lamentablement...

Dans les cuisines.

C'est que le jeune avait un peu présumé de la distance à parcourir, ou n'avait pas su quand s'arrêter, au choix. Toujours était-il que dans un vacarme extraordinaire, il se redressa fièrement sur ses deux jambes, et montra à la herse au loin son poing en frappant sur son biceps de l'autre main.

Non mais!

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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) -Recueil
Sabaude
Monseigneur, il se pourrait qu'un individu non identifié soit parvenu à entrer dans le château, débita le plus petit des sentinelles venus affronter courageusement les foudres du noble châtelain.

Il se pourrait ? Soit quelqu'un est entré au nez et à la barbe de votre incompétence soit j'ai devant moi les meilleurs gardes du royaume et je ne saurais alors , chez moi, être ennuyé
, balaya nonchalamment une main et sardoniquement une voix.

Le Renard peut être amène mais aussi cinglant quand il n'a pas affaire à l’odieuse et pompeuse noblesse aux manières et caractères empruntés avec laquelle il faut se montrer habile bateleur.

Les deux hommes échangeaient un regard interrogateur sur la réponse à fournir au maître des lieux dont les prunelles châtaignes semblaient gagner peu à peu en noirceur, quand les dernières notes d'un vacarme parvinrent aux trois paires d'oreilles.

Il semble que j'ai quelques inquiétudes à avoir concernant ma sécurité... Rappelez-moi dès demain de vous recommander à la surveillance des champs aux semailles. Peut-être parviendrez-vous à effrayer les volatiles à défaut de sécuriser une demeure….

Messey quitta le confort du haut siège recouvert de coussins de velours vert, vérifia la présence du poignard dans son dos et tira l'épée au clair. Bien que devenu homme de plume, à jamais son passé d'hommes d'armes resterait chevillé à son corps.

Suivez-moi !
Intima-t-il.

Si son ouïe ne lui jouait pas de tours, l'intrus devait être aux cuisines où non loin. C'est donc vers l'aile du château destiné à la préparation des repas qu'il se dirigea, les gardes sur les talons.

Sors de ton trou, rat ! Ne me force pas à jouer au chat et à la souris avec toi si tu ne veux finir embroché, ricochèrent sur les murs des couloirs les mots de l'agacé d'être ainsi dérangé.
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L_aconit
Le vacarme était innommable . De toutes parts, des étagères avaient cédé, éclatant des bocaux dont le contenu se répandait au sol. Les cuisines étaient partiellement accidentées, glissantes à souhait, et parmi le chaos, la silhouette ivre et sonnée de l'Aconit s'élevait encore, mal assurée mais véhémente en vociférant des provocations colorées. L'oeil vitreux, l'écume aux lèvres, ou peut-être un reste de confiture. Etait-ce la coupe mal écourtée qui catalysait cette terrible colère d'enfant, ou bien la défection de son amant? Peut-être quelques désirs inavoués, qui revenaient, sans qu'il ne veuille y céder. Ou bien encore la fierté bafouée, par ce larcin minoré par le Duc, qui grondait terriblement dans les entrailles du blondinet. Bref. Le jeune homme venait de rater son entrée, et ça, ça ... ça le foutait sérieusement en rogne. Adieu la gloire des chevaliers.

- Jamais ! Messey ! C'est la mort ou le dé!!


Dit-il, en gueulant coiffé d'un casseron et armé d'une louche.


- Ton castel est une passoire, viens ici tâter de ma victoire ! Si ta herse ne pique même pas, souffre que je n'te craigne pas!


Bien entendu, il n'était pas en état de faire des liens de cause à effet, comme par exemple pour le fait que si la garde n'avait pas daigné lui tirer une flèche en plein coeur du haut des remparts, ce n'était que parce qu'il ne représentait aucun danger notoire.

Et le jeune ne plaisantait pas. Il occit pour en attester - d'un geste impitoyable - une bouteille de ce qui devait être un excellent vin de Bourgogne, se protégeant instantanément des éclaboussures. Puis il prit en otage un pot d'épices, prêt à l'éventrer et à le répandre aux yeux du premier qui s'approcherait de trop près. Un sentiment jouissif de sadisme lui chatouilla l'échine. La garde du Duc pouvait bien arriver, il était prêt, prêt à en Dé-coudre. Nul autre qu'un pain bien senti dans ses bijoux précieux ne pourrait sans doute le détourner de son objectif premier: récupérer son bien. Il enflamma de la senestre un torchon à la flamme d'une délicieuse daube qui finissait sa nuit à feu doux, prêt à foutre le feu à la baraque, ou à le jeter à la figure d'un des gardes... Pas à celle de Sabaude - faut pas pousser - il l'avait trop fort belle pour cela.

Non, l'Aconit à cette heure ne craignait plus rien dans l'arène des bonnes et son obscurité traitre. Pas même le ridicule, avec lequel il dansait au demeurant fort bien la gigue lorsqu'il avait un coup dans le nez.

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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) -Recueil
Sabaude
Par les vents mes gaillards, s'adressa-t-il à ses deux gardes en découvrant le désordre qui régnait dans la cuisine et le tourbillon flamboyant, maîtrisez-moi ce minet ridiculement coiffé que l'abus de boisson a du mener jusqu'à nous.

Messey s'accorda d'observer le spectacle de la capture, nonchalamment adossé à la porte de la cuisine qu'il venait de refermer pour couper toute fuite par ce passage qu'ils venaient d'emprunter.

Ce n'est pas ta victoire que je vais tâter, coquin, mais ton pouls quand tu seras étalé de tout ton long sur la pierre. Quant à ce que mon château soit une passoire, je te l'accorde. Cela devient difficile d'avoir du bon personnel.

Las d'attendre que l'effronté soit pris, le jeune noble saisit l'occasion d'un Nicolas occupé à batailler et à demi tourné pour tendre l'épée en avant et poser sa pointe sur le cou exposé, exprimant une goutte carmin de ce corps trop agité.

Cela suffit ! Si ma herse ne pique pas, ma lame elle s'en charge très bien. Rends toi sans faire d'histoires et peut-être qu'après une nuit dans mes geôles, je te relâcherais au matin, sain et sauf. Nous aurons ainsi tout le loisir de discuter de ce dé qui te met dans un état de possédé. Et tu pourras même me remercier de t'avoir dessaoulé. Tu empestes ! Je suis étonné que tu n'aies pas pris feu d'une simple expiration de ta part.

Renard releva le menton, jaugeant sa proie, guettant le moindre geste malvenu.

Tu m'as proposé la mort ou le dé, je te propose à mon tour, ton accord ou mon poing dans le nez. Choisis bien, il serait regrettable de t’abîmer quand tu pourrais servir dans un bordel.

Un sourire carnassier ponctua son avertissement puis d'un regard il intima à ses hommes d'immobiliser leur visiteur.
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L_aconit
Pompeux et terriblement moins drôle qu'il ne l'avait supposé. Voilà . C'était à peu près la hauteur de sa déception, sans doute amenée par l'alcool , sans doute... Face à la roideur de son hôte.

    Feuque. Tu me spolies. Tu souffles le chaud et le froid. Et tu me refuses au moins l'amusement d'une bataille à la loyale.


Ho bien sur... Il avait tout cassé. S'était aussi un peu invité. Mais pour sûr, ce Renard serait un très mauvais père, tant sa pédagogie manquait de souplesse! Et de souplesse, lui n'en manquait pas. Surtout depuis qu'il avait découvert l'Alençonnais. Ses joies ses peines et ses désirs inextricables. La terre des ducs est un terreau fertile, où l'Aconit a poussé comme un chardon mal aimé. Alimentant les jalousies, exacerbant les passions, hâtant les retours et surtout, surtout, articulant tout seul dans sa tête des situations totalement échafaudées de son fait.

Après deux doigts d'épices dans l'oeil, un croc en jambe sur un lit de verre bourguignon et un masque de beauté à la daube chaude, l'enfant se débattait encore comme un beau diable, perdant d'avance pourtant à un contre cent ( c'est dire combien on extrapole quand on s'approche trop près de la gnôle... ). Un soufflet , une pichenette ne saurait l'arrêter en si bon chemin. Estoc dans le cou, piquant à souhait, il fait une courbette, plus précisément, au maximum de ce qu'il peut: se cambre et son cul tend à son hôte fameux.

    Va, garde ton épée, et tes chiens bien dressés.


- Tiens, ne rates pas ta cible. Duc pédant et irascible !


L'Aconit n'est pas enfant de bohème. Il est progéniture de provocation. L'enfant infernal ne rate pas une occasion à un pied de nez, surtout quand il est ivre, et surtout quand il s'agit de récupérer son dé. Car ce dé , il y tient. C'est absurde. Il y tient plus qu'à la peau de son séant, plus qu'à la peau oui de son cul. Ce dé offert par Ansoald vaut bien le bracelet du Trun, l'admiration secrète qu'il portait, et toutes les choses auxquelles on se raccroche comme à un radeau de la méduse, sans le dire mais envers et contre tout.

Entre Sabaude et Nicolas, le torchon brûle. D'ailleurs, c'est toute une partie de la cuisine qui s'enflamme littéralement sans que l'on ne comprenne dans le tumulte, d'où est partie l'affaire.

Ce qu'on est c*n, quand on a dix sept ans...

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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) -Recueil
Sabaude
Messey n'était pas de ces hommes qui se jetaient, aveugles, dans les batailles. Il calculait, évaluait, esquivait au besoin. La vie était trop précieuse pour la perdre sur un coup de tête ou par chevalerie courtoise. Il n'avait pas survécu à des années dans l'Ost en tendant le poitrail à l'ennemi, mais en le prenant à revers. Il laissait aux morts les belles et fières considérations de combats, escarmouches ou échauffourées.
Et cette bataille là, il la voulait vite maîtrisée.

Il renifla dédaigneusement à la vue du séant tendu et le gratifia d'un coup du plat de sa lame avant de faire signe à ses hommes de saisir fermement le gredin et de lui-même se détourner pour ouvrir la porte.


Duc, un jour peut être. Pédant...tu avoues donc avoir besoin d'être instruit? Irascible, garde cela pour d'autres, si je devais l'être tu baignerais dans ton sang. Je suis tout au plus contrarié de constater que ma garde est médiocre et que ma soirée telle que prévue tombe à l'eau.
Jeta-t-il par dessus son épaule.


Son visiteur nocturne au frais d'une des petites cellules creusées dans les sous-sols du château, Renard se détendit. Il demanda à ce qu'on lui apporte un tabouret et prit place dessus, dos appuyé contre la paroi rocheuse, face à la grille derrière laquelle il pouvait observer le jeune Nicolas.

Ne t'inquiète pas, tu ne moisiras pas dans les entrailles de mon domaine, comme dit, au matin tu seras libéré et mené hors du château.

Les prunelles sombres du vicomte explorèrent le visage de son prisonnier et analysèrent ses mouvements, froidement, à la manière d'un de ces rois du ciel qui scrutent le sol sous eux. C'est sur le même ton, haussé d'une pointe d'amusement qu'il lui confia où trouver son précieux bien.


Ton dé est à Paris, enchâssé hors de portée de main dans une poutre d'une maison de jeux. Pour le récupérer il te faudra le gagner.

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L_aconit
Hurlant comme un forcené, il fut tout de même jeté dans les geoles de Messey, qui semblaient moins austères que Sabaude Renard cette nuit là, histoire de lui rafraichir les idées.

Etonnant, à quel point l'homme s'en tenait à maitriser ses émotions en toutes circonstances, n'en laissant paraitre que le spectre là où le petit sbire était un feu de paille, vacillant, inconstant et passionné lorsque la situation piquait au vif sa seule vraie richesse: sa sensiblerie. Nicolas n'était pas de nature bavarde, malheureusement lorsqu'il touchait à l'alcool, il devenait in-maitrisable. S'empêtrant dans des aventures plus folles les unes que les autres.

Les azurs rougis jetèrent des éclairs, lorsqu' il pissa sur un pan de mur en narguant son geôlier. Porté par son élan, il chercha bien quelque chose à saccager mais tourna vite en rond lorsqu'il comprit qu'il ne désordonnerait que son propre lit, une cellule vide et humide où rien n'avait été laissé à la portée de ses mains adolescentes. Rien qu'il ne puisse brûler, fracasser, mordre ou balancer. Rien qui ne le calme non plus tout à fait. Pas même la brulure cuisante d'une gifle, qu'il n'aurait pas démérité.

L'alcool fuyant ses veines, le jeune homme cessa de s'agiter, allongé dans un recoin de sa prison. Les prunelles recouvrèrent leur bleu ciel naturel, recherchant par l'ouverture d'un barreau donnant sur l'extérieur quelque chose qui leur ressemble. La nuit se couvrait, lui arrachant un frisson. Le Maitre des lieux était resté là, assis non loin et hors de sa porté, impassible. La porte sa prison à cette heure ci semblait en tout point hautement plus encline à la compréhension. L'Aconit s'appliqua à regarder à son extrême opposé, pour ne plus croiser son regard, sa tignasse blonde lovée contre l'un de ses biceps. Décidé à décuver en silence. La froideur que Messey affichait le gênait à présent franchement, malgré tout encore sous le coup de l'annonce de Paris.

Observant le ciel par les barreaux de sa cage, Nicolas s'admit à lui même qu'il s'était peut-être un peu emporté. Son veilleur lui faisait penser à ce Prince paternel qu'il avait quitté pour toutes ces raisons, obsédé par son besoin de vivre sa vie comme un oiseau sur la branche. Au creux du silence qui s'était installé, sentant toujours le regard de Sabaude sur lui, il inspira et lâcha quelques mots comme ils vinrent.


- Tu devais beaucoup attendre de mon désir de le récupérer pour le protéger autant de moi.

Un rat passa près du corps androgyne, étendu au sol. La main pâle délogea la dague qui ne le quittait jamais et dont il avait presque oublié la présence. Le geste suffit à faire fuir le nuisible.


- Je me demande bien pourquoi.


Il ferma les yeux, soudain usé par ses péripéties. Son coeur tambourina dans son poitrail et à sa tempe, ses dents se serrèrent un peu, dessinant finement sa mâchoire. Il dit à voix basse avec une détermination vibrante:


- ... Hé bien j'irais à Paris.

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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) -Recueil
Sabaude
Le jeune homme que la cellule contenait tant physiquement que peut-être moralement, aurait pu être lui, quelques années auparavant, quand il laissait encore libre cours à son impulsivité, quand aucun titre et aucune charge royale ou ducale ne retenaient et ses mots et ses gestes. Le constat escamota la raideur de ses lèvres et fit naître un fin sourire sur son visage à demi baigné dans la lumière vacillante d'une torche qu'un des gardes venait d'allumer.

J'aurais pu le jeter. Mais ton expression, quand je te l'ai subtilisé, m'a dissuadé de faire cela. Tu aimes les défis, n'est-ce pas ? Moi aussi.

Son regard capta l’éclat de la lune sur le métal apparu entre les doigts de son prisonnier, rappel de la profonde et crasse médiocrité de sa garde qui n'avait guère pris la peine de fouiller leur visiteur aussi aviné qu'agité.

Il avait toujours eu un penchant pour ces êtres singuliers en marge des bonnes mœurs, et la pousse devant lui donnerait assurément une de ces plantes vivaces et rares.


Aller à Paris ne suffira pas. Pas sans un ordre de ma part à qui de droit.Souffla-t-il tout bas à son tour.

Messey venait de prendre une décision, de celle qui associe les hommes dans les affaires fussent-elles sombres. Il envoya ses gardes chercher deux couvertures et un seau d'eau fraîche pour leur invité spécial puis s'approcha de la grille sans toutefois la toucher ni être à portée de main.

Accomplis quelques missions pour moi quand le besoin s'en fera sentir et le dé reviendra dans le creux de ta paume.
Sois discret et fidèle et tu ne manqueras de rien. Je te laisse le restant de la nuit pour réfléchir, on dit qu'elle porte conseil.


Il commença à se détourner pour lui aussi profiter du sommeil, mais dans un lit, quelques étages plus haut de ce lieu de réclusion.

Dis-toi que le destin a placé ce dé entre mes doigts pour une bonne raison, si tu devais hésiter.

Telles furent ses dernières paroles avant de disparaître dans l'escalier de pierre.
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L_aconit
    Si tu l'avais jeté, tu n'aurais pas valu plus que l'image que j'ai de toi à l'instant...

Pensa-t-il dans un éclair de rancune. Le seau et la courtepointe n'apaisa pas son aigreur. La nuit fût telle qu'annoncée. Propice à la réflexion.

Dans son état, et dans cette situation, Nicolas ne voulait pas croire un seul instant au destin. Ce que lui proposait Sabaude Renard, ne tenait-il pas à ce qu'il avait fuit l'été dernier? Un collier et une laisse? L'écuyer de Retz avait toute sa vie durant, œuvré pour la gloire des autres. N'avait-il pas été de toutes les batailles avec son maitre, le Montfort? Surveillé ses maitresses, suivit nuit et jours ses conseils et ses règles pour se façonner à son image. Supporté la violence et les railleries de ses soldats. Volé à sa solde des biens dont il ne tirait aucun bénéfice. Nicolas lui avait alloué un amour sans borne, emplit d'admiration, toujours bienveillant. N'avait-il pas risqué sa vie pour préserver la sienne, si hautement titrée qu'elle n'avait plus de sens? Quelle en était la récompense?

Des écus. Rien que des écus. Nicolas avait quitté la Bretagne avec le fruit de ses gages. Sans aucune autre expérience de la vie que Taliesyn de Montfort, ses commandements et son tutorat. L'image unique qu'il se faisait d'un homme, un vrai. Et qu'il avait bien vite appris biaisée. Il avait dormi comme un chien en rase campagne, des semaines durant, avant qu'un autre homme ne lui apprenne les chemins de traverse. Les raccourcis. Les bonheurs simples. Ceux que son Maitre ne pouvait pas lui apprendre, de sa cage dorée. Tous ces nobles ont bien une chose en commun. Leurs richesses se trouvent ailleurs. Dans tout ce qu'ils n'ont jamais pu ou ne peuvent plus faire.

Eh quoi alors. Referait-il la boucle ? Quel en serait l'intérêt?

Son dé, peut-être. Oui, l'intérêt à ce stade là de l'histoire, ne résidait qu'en son précieux dé. Un fétichisme sordide dont il n'arrivait pas à se défaire, tant le jeune homme était en tout point sensible à ses expériences passées. Le calcul avait été vite fait. Il aurait bien pu visiter toutes les maisons de jeu de Paris, et trouver celle que fréquentait Sabaude. Mais trouver le dé seul, et en y ajoutant un facteur perte de temps non négligeable ... L'entreprise était immature et hasardeuse. Il avait besoin que l'autre lui en dise plus. Ce qu'il n'était visiblement pas disposé à faire, sans contrepartie. Nicolas était donc libre. Libre de renoncer ou pas à son objet. Et comme cette nuit semblait être la nuit de toutes les décisions...

Il se tourna et se retourna souvent, acculé par ses hésitations. Finalement, il s'endormit. Dix sept années étendues sur le pavé froid de Messey.

Au matin, lorsqu'un garde passa par là, il l'attrapa au col, l'attirant contre la grille. Le zig lâcha un cri de stupeur, qui fit sourire narquoisement le jeune homme. Oui, décidément, Messey avait bien besoin d'un coup de main pour renouveler sa garde... Presque orgueilleux, il se rappela pourquoi son argent à lui, il ne l'avait jamais démérité. Mais là n'était plus l'objet des pensées à prioriser. Les bleus rencontrèrent de très près les noirs écarquillés de son vis à vis.


- Va dire à Sabaude Renard, que j'accepte.

La main libéra rapidement le sbire, craignant qu'un mauvais revers ne l'emporte. Nicolas se rassit dans un angle, bras croisés posés sur ses genoux, juste à l'endroit le plus propice à capter la chaleur d'un rayon de soleil matinal.

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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) -Recueil
Sabaude
Citation:
Nicolas


Vient le temps des promesses à honorer et des engagements à tenir.
Lorsque nous nous verrons bientôt à Messey, dans sa grand salle que tu n'as ni visitée ni dévastée, je te remettrai assez d'or pour que tu puisses troquer le tranchoir pour de la vaisselle et tes étoffes pour de meilleures, ou ce qu'il te plaira d'en faire.

Quand tu partiras pour d'autres horizons, trouve en chemin la mère de mon enfant, elle se nomme Calyce de Dénéré Malines, et dépose sur ses lèvres le baiser que je ne puis lui donner. Il te suffira de donner mon nom pour qu'elle ne s'en offusque pas. La dernière fois que je l'ai vue, elle se rendait vers le sud. Marseille je crois, mais sans certitudes...

Tu trouveras peut-être à ses côtés un nain aussi ronchon qu'il est de petite taille. Il se nomme Rikiki. Prends lui deux poils de barbe et fait lui bien savoir qu'ils sont un trophée pour son Renard préféré. Attention, petit mais costaud.


J'aurais aussi à voir avec toi un tout autre sujet qui me trotte dans la tête. Ton esprit associé au mien trouveront certainement à te divertir. Une lettre de fort mauvais goût attise encore mon côté joueur quand j'aurais du l'oublier...


S.R

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L_aconit
    Trun.



Il faisait beau, il faisait chaud, le Breton plissa les yeux et couvrit son front de sa main à l'approche de l'inconnu, se protégeant du soleil éblouissant qui cognait sur les terres du Lioncourt. Un messager. Un messager de Messey. Le blond inspira, rétif à la lecture qu'on lui amenait, pourtant la senestre presque féminine s'en saisit en observant autour de lui si des yeux les observaient... Le messager avait apporté le pli assez discrètement murmurant quelque chose à l'oreille du blond. Les deux jeunes prirent la direction du bois.

Nicolas s'était mis à l'écart dans un coin de la forêt bordant Trun pour le lire sans être vu. Les Cobalts parcoururent l'écrit rapidement, tandis que le jeune garçon subordonné à la remise de ce dernier faisait le guet à la demande du blond, sans trop savoir pourquoi. Une affaire d'état, peut-être. Ne croyait-il pas si bien penser. Les mots mirent le breton dans un état particulier. Un brin d'angoisse, peut-être.

L'heure était venue.

Tiens, il aurait une compensation en or. Et Sabaude avait un enfant. L'Aconit poursuivit , sans mot dire. Les yeux butèrent sur Marseille. Les nains et le reste. L'affaire le conduirait donc plus loin que prévu. Etait-ce bien raisonnable, pour l'affection d'un dé? Etait-ce raisonnable, pour le souvenir d'un voleur? Oui. Définitivement oui. Cela lui permettrait de le lui faire avaler le jour où il le recroiserait. Il lâcha le pli des yeux pour regarder le messager de dos. Restait à l'annoncer au Duc de Trun, en l'empêchant d'en faire une jaunisse. L'histoire s'annonçait plus ardue qu'il n'y paraissait.

Il fit sursauter le jeune messager lorsqu'il murmura par dessus son épaule un laconique
:

- Dis lui que j'irais sous peu.
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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) -Recueil
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