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[RP] Rome vaut bien une fesse

Ansoald
Sous-titre: tous les chemins mènent à Rome. Plus explicite que le titre actuel, mais moins amusant.



Mirant sa barbe vieille de trois jours dans le reflet gris d'une glace, fissurée, il savonne ses joues et rase au couteau son visage, éraflé. Des traces de morsures jalonnent sa gueule d'ange, souvenirs incisifs de quatorze jours de cavale. Sa besogne terminée, il s'aperçoit qu'un rayon de soleil, traversant la lucarne de leur chambre, s'allonge sur l'autel de leur nuit, éclaire le corps d'Andréa endormie sur des lambeaux de draps blancs. Sa jambe, nue, conquérante, zèbre l'espace laissé vide par le dormeur au sommeil envolé. Le trait de lumière baigne d'or l'albâtre de ses fesses si joliment bombées, tandis que...

Je m'approche et offre à mon regard la découverte, sans cesse redécouverte, de son sexe, cible opportune de mes pensées qui se déclinent en désirs d'embuscades. Je couvre mes joues d'une pièce de tissu mouillée pour calmer le feu du rasage, sans parvenir évidemment à éteindre l'incendie qui couve sous l'épiderme. C'est là un butin que tout brigand rêve de s'emparer, tout en sachant qu'il ne le possédera probablement jamais, car il lui faudrait pour cela s'abandonner....

Il s’assoit sur le bord du lit, veillant à ne pas troubler les ondes lumineuses qui parcourent le corps de l'amante de Morphée, dont la respiration sereine soulève à intervalles réguliers un cheveu de son menton. Il est fasciné par l'indéfinissable beauté du cadran solaire formé par le décor de ce lit et de l'ombre d'un gnomon invisible que forme la silhouette de cette chérie des Enfers. Mille pensées absurdes naissent de cette contemplation, comme s'il tentait au pinceau une esquisse alors qu'il tourne en état d'apesanteur autour de son portrait.

Pour échapper à ce vertige, il se retranche entre les cloisons neuves de sa mémoire. Voilà quatorze jours qu'ils se sont invités, au prétexte d'une cérémonie de mariage, dans les désirs de l'un et les tourments de l'autre, croisant leurs histoires parallèles pour mieux les décapiter. Il a puni son amour d'un garçon en noyant l'amertume de son ennui dans ce calice offert à ses envies. Il a balayé les vaines promesses, les paroles quotidiennes, les mots incolores, par l'exaltation de nouveaux défis.

Chaque jour, ils dévorent mutuellement les nuées de leurs peines, gourmands, gloutons, insatiables. Il ne savait plus comment vivre, où exister, et elle se présentât à lui, tombée du ciel comme un éclair frappe la terre. L'avenir si sombre s'est soudain éclairci, par la grâce d'un regard, d'un sourire, d'un cri.

Les murs vénérables de l'abbaye de Sainte-Illinda résonnent encore des mots de leurs prières impies. Ils ont profané, malgré les ordres, de nombreux lieux du prieuré, vouées au silence de l'étude et à la célébration des oeuvres de l'Unique, réfectoire comme scriptorium, capitulum et vergers, bibliothèque et caldarium. Pourtant....

C'est le soleil source de Vie, né de la Volonté du Seigneur, qui arrose de sa lumière ce corps, énergie de mon désir de continuer à vivre, comme s'Il me montrait le chemin. Étrange, alors que je viens de demander le baptême romain à Soeur Ellya pour la seule raison de mon ambition, celle de devenir noble par usurpation de prestigieux ancêtres....Étonnant, alors que j'ai adressé à l'Esquinte ma volonté d'obtenir le Code des Réformés, à seule vue de me distraire....Absurde, quand je crois que les hommes s'inventent un intérêt commun simplement pour satisfaire leurs propres convoitises....Est-ce là un message, un signe, que mes yeux refusèrent si longtemps de voir et que je découvre, à présent, dans toute sa splendeur? Non, après tout, tu te fais sûrement déborder par ton imagination....C'est l'influence de cet endroit, après la chapelle de Ventadour, ce prieuré de Sainte-Illinda, faste en élucubrations, néfaste aux pensées rationnelles...Rationnelles?

Un rictus de mépris tord aussitôt ses lèvres. C'est qu'il n'aime pas tout ce qui est carré, se case en rangs, s'allonge en sillons, se découpe en frontières, s'ordonne en rationalités. Il a soif d'Absolu, et cette soif, il s'empresse de l'étancher à la source de ses envies, ruban contre dentelles, comme s'il avait traversé au cours de son sommeil un désert de quarante nuits. Cèle en son intimité une fragrance de lavande, souvenir de l'heureux dénouement de la soirée de la veille, quand, après l'avoir jetée, presque par mégarde, dans l'abreuvoir des canassons, il s'occupât de sa toilette...Négligeant, certes, de lui laver les pieds en signe de contrition.

Mais quand enfin, il se redresse, contre elle, appuyant ses poings sur le matelas pour la dévisager, sourire malin accroché à ses lèvres délicieusement humectées, c'est avec un naturel déconcertant qu'il lui annonce, déterminé:


C'est aujourd'hui qu'on va chercher mes cadeaux de baptême.
_________________
Andrea_
De l’autre côté du miroir, la Belle au bois dormant se joue de paresse. Abandonnée dans un lit bien trop grand pour elle, elle offre, sans le savoir, le reflet d’une cuisse diaphane ourlée d’un drap blanc, qui n’a de la pureté que la couleur. La peau semble douce, comme sublimée par le soleil qui s’amuse à souligner l’orbe de ses fesses d’un rai de lumière.
Ce matin là, nul rêve ne vient troubler son sommeil, nymphe offerte, fragile, se laisse aller. Sur l’oreiller comme un nimbe sont éparpillés de longs fils bruns méchés de roux, qui contrastent avec l’opalescence de son visage. A la naissance de sa gorge sous quelques rougeurs, vestiges de la veille, semble avec prudence battre la preuve qu’elle vit encore. Parfois son souffle soulève quelques cheveux. Parfois c’est une main qui se tend, pour finalement revenir contre sa hanche, peut être lassée de se brûler à trop jouer avec le feu. Parfois c’est un pied qui, spastique, s’étend pour se remettre au chaud. Dormir, sans pour autant s’abandonner. Déshabillée sans être mise à nue. Comme le soleil qui toujours a une ombre.
Elle cherche à attraper, y arrive et finalement reprend ses aises dans un périmètre bien dessiné. L’histoire de sa vie. Vouloir quelque chose, abattre des montagnes pour l’obtenir, se battre, avancer, pour finalement comprendre que cette chose n’a plus la même saveur une fois acquise. Avoir besoin d’une cage, s’y enfermer, et finalement violer la porte pour s’envoler.
Vouloir posséder, en sachant que c’est de ne pas l’avoir qui la rend si belle, que ce n’est pas la destination qui est importante mais bien le chemin pour y arriver.

Quatorze jours qu’elle est partie. Quatorze jours qu’elle s’est jurée de revenir. Quatorze jours qu’elle continue d’avancer sans se retourner. Quatorze jours.
Quatorze jours à s’offrir. A recevoir. A donner et à prendre. Quatorze jours.
Quatorze jours pour percer la carapace d’un brun qui souffre autant qu’elle. Quatorze jours pour comprendre qu’elle ne possèdera plus jamais. Quatorze jours. Quatorze jours et autant de nuits, à défier, subir, jauger, savourer, s’abandonner. Quatorze jours pour admettre que si la vie est une catin au rabais, il y a toujours un perdu pour vouloir la sauver.
Quatorze jours, et deux perdus se sont trouvés.


De ce passage au monastère elle ne retiendra que l’odeur des lieux après leurs étreintes, leurs souffles retrouvés et la résonnance de leurs jouissances. Touchés par la grâce, coulés par la fougue. Amen ?

Et Dieu entend ses prières, la tirant de sa torpeur de la plus douce des manières, mêlant un instant le rêve et la réalité, corps s’étirant avec langueur alors qu’entre ses cuisses fouraille une tête brune. L’acier ne verra pas le soleil, préférant se plisser du délice matinal pour ne pas s’éveiller trop vite à la rudesse du monde. Rêveuse éveillée ensoleillant son visage d’une esquisse de sourire.
Et lorsqu’enfin, les yeux s’ouvrent au monde que le brun s’évertue à dessiner depuis des jours, l’Ansoald savoureux l’enferme à nouveau dans un songe, parant ses lèvres d’un baiser parfumé. La pulpe de ses lèvres est mordillée pour en retirer les effluves réminiscences de la veille, les jambes s’enroulent contre ses reins, s’amusant à posséder, sinon une vie au moins un instant le corps masculin, mué d'audace.


Tes cadeaux, rien qu’ça ?

Admire donc le mien, de cadeau. Celui qui se courbe sous ton torse et emprisonne tes mains. Celui même qui fait fondre tes lèvres pour les violer d’une langue impétueuse avant d’y soupirer mille promesses. Un cadeau t’en offrant myriade d’autres.

Est-ce qu’un voyageur et sa charrette feraient ton bonheur ? Un marchand ambulant sur le retour ? Tu préfères peut être une pucelle et son collier de perles ?

Tu n’as qu’à choisir, une offrande est une offrande.
_________________
Ansoald
Redoutable garce que cette fille qui lui propose, en guise de larcins, une galerie de portraits, comme si le vol ne concernait pas l'objet, mais bien celui que l'on dérobe. Les paumes de ses mains habiles enserrent la cambrure ondulante de ses reins, quand leurs langues expriment ce que les mots ne peuvent dire.

Peu lui importe dizaines ou milliers, lingots d'or ou bloc de pyrites, larmes de rubis ou billes de verre. Ce qui compte pour elle, ce sont les saphirs d'un regard, la finesse d'un palais, l'ivoire d'un pilier. Qu'elle se plaît à agacer, à écoeurer, à exécuter. La folie qu'elle instille, le plaisir qu'elle dévide, la volonté qu'elle façonne sur les visages marqués par son audace sont Trinité. Le menton poli par le rasage se pose sur la table du banquet où son appétit de loup trouve largement de quoi festoyer.

Elle n'est pas Danaé. Zeus se transforma en pluie d'or pour séduire cette donzelle, malgré la surveillance du père. Déos a opté en cette matinée pour les rayons de soleil, mais elle dresse un grand gaillard en guise de bouclier pour protéger son ombre. La danse païenne que leurs bassins entament est un défi de plus à l'auguste sainteté des murs. Rome en est coupable, puisqu'elle a laissé entrer les loups dans la bergerie, comme si elle se souvenait qu'aux origines de la ville éternelle, il y eut des hommes et une lupa.

Aussi n'est-il pas dupe, quand elle le marchande contre un plat de lentilles, il lui répond avec toute la mesure dont il abuse entre ses reins


Donc, je prends la charrette, l'or et les perles, et je te laisse le voyageur, le marchand ou la pucelle? Et la pucelle? Ce n'est pas une offrande, mais un marché que tu me proposes...C'est entendu....A moi le butin, à toi le fretin.

En soi, c'est déjà un baptême que cette bénédiction solaire, où baigne leurs corps purifiés des vertus innommables. Ils consacreront la matinée à travailler leurs vices, avant de se mettre en route, vers leur destin....

Là-bas, ils passeront une journée à faire le guet, aux fins de partager avec les voyageurs les merveilles de la bonne nouvelle, les rites de la pénitence et du dépouillement des biens terrestres, ainsi que certaines choses contenues peu ou prou dans ce procès-verbal:

« Demander si un homme peut toucher une femme qui ne soit pas son épouse et une femme puisse toucher un homme qui ne soit pas son mari et se palper mutuellement sur les zones impudiques en s'étendant nu et que cela puisse être fait sans l'ombre du péché… répondit qui si un homme et une femme même n'étant pas unis par le mariage, et un homme avec un homme et une femme avec une femme peuvent se palper et se toucher mutuellement sur les zones impudiques. Il dit que cela peut advenir sans l'ombre d'un péché à condition qu'il y ait intention de parvenir à la perfection… il ne pensait pas que de tels tâtages impudiques et charnels fussent coupables, au contraire ils pouvaient être fait sans péché chez un homme parfait. »*

Ils ne disposaient pas, à l'évidence, du savoir nécessaire à la tenue d'un tel discours, mais ils croyaient en ces paroles, avec fermeté et conviction. Au point que le Ciel, à défaut de leur envoyer un témoin, donna un signe de sa bienveillance à Ansoald:




15/02/1465 04:20 : Quand vous ouvrez les yeux, tout est noir. Un peu inquiet, vous tentez de vous lever et vous comprenez que vous avez dormi avec une barque sur la tête. "Une barque ?? Mais qu'est-ce que c'est que ce jeu débile où des barques apparaissent pendant la nuit, sur la tête des gens ?" Une seule explication : quelque part ailleurs, une anti-barque a dû se matérialiser sur la tête de quelqu'un d'autre, afin que la quantité totale de barques soit conservée au passage de la nuit.


Amen! Le pauvre pécheur dispose désormais de son véhicule personnel de la Grâce....A défaut qu'il soit noble!**



*Gherardo Segarelli, merci Wiki pour la citation. Il fût brûlé à Parme en l'année 1300.
**Référence à une citation d'Ubertin de Casale, dans le film "Au nom de la Rose", qui désignait par là...La Vierge Marie.

_________________
Andrea_
    "Lorsqu'une femelle, par nature si perverse, devient sublime de par sa sainteté,
    Elle peut être alors le plus noble véhicule de la grâce.
    Très beaux sont les seins légèrement proéminents."*



Et le ciel avait commencé son œuvre bien avant la découverte matinale, parant leurs corps de lacérations dont l’origine ne faisait aucun doute, joues se targuant de rosée, souffles triomphants, cris bouleversants la quiétude de la forêt. Le fretin dans son infinie bonté avait attendu que la marée ne redescende, substitué par la crème de la noblesse poissonnale : grosse pièce frétillante dans sa manne chatoyante.
Deos avait envoyé son message divin, distillé la bonne parole sous forme de liqueur qui rapidement avait embrouillé les esprits et déployés les sens pour finalement parer la voute céleste d’une kyrielle d’étoiles en les laissant là, inanimés et repus de Luxure.

La Colombe se réveille lentement, quelques picotements parcourent son échine et lui arrachent un sourire sadique. Chacun sa croix. Chacun ses vices. Et les portes s’ouvrent, plein phare sur le bleu du ciel, souvenirs brouillons, corps frigorifié, bouche pâteuse. Dans la caboche, il semblerait que battent les tambours, et vu l’intensité des coups, le combat va être épique. Gueule de bois, le revers de main s’écrase sur la trogne avant d’empoigner une bouteille qui vient pisser entre ses lèvres. Puis le corps se vrille pour tenter de gagner de précieuses minutes où le sommeil vainc la nausée. Peine perdue.
Mais déjà la croupe se recule nourrissant l’espoir secret de trouver la chaleur réconfortante des bras Ansoaldiens.
Elle pourrait se retourner. Le regarder dormir. De ses aciers contempler l’ovale de son visage, assister à la naissance d’une barbe, se perdre sur une épaule, fondre le carmin de ses lèvres sur un flanc lacéré ou que sais-je encore, mais il est des distances que même Dieu ne peut combler. Il est des distances que seules Gherardo** ne peut accepter et assumer pleinement, même avec un homme parfait.
Le pas ne sera pas franchi, pudeur impudique après cet intervalle exaltant. Raison prenant le pas sur la passion, conception égoïste de leur engagement où la tendresse n’est qu’une vaste fumisterie qu’ils ne daignent s’offrir, par-faisant la perfection, seuls juges de ce qu’elle est.

Et elle est belle, la perfection, lorsqu’enfin le corps fourbu daigne se redresser et se parer de vêtements qui ne lui appartiennent pas. Elle est belle, la perfection, lorsqu’elle flâne ondulant lascivement les hanches, lorsqu’elle s’émerveille de la douceur de brins d’herbe glissant entre ses orteils nus.
Oh oui, Elle est belle la perfection, mais elle l’est un peu moins lorsqu’en se retournant elle s’aperçoit que son Éros n’est pas là, à la lorgner de ses noisettes tentatrices et qu’à la place se trouve…



Une barque ?
Anso’, t’es sérieux, une barque ?


Si on m’avait dit qu’il suffisait de catapulter une paire de bottes sur le ventre d’une barque pour arracher le grognement d’un ours en hibernation d’un Ansoald post-liqueur, je vous jure que je l’aurais fait avant. Soyons loyal, un grognement contre un rire moqueur

Une barque, c’pour ton voyage de l’autre côté de la rivière ? C’est ça ton cadeau de baptême, tu te prépares pour l’grand voyage, dans mes souvenirs c’tait plus un truc d’Alexandriens, de Spynoziens ou de Cysténistes ou…

Quelques coups frappés sur la coquille de noix, cercueil d’un brun enterré plus ou moins vif.
Quelques coups, pour réveiller le mort de sa petite mort imminente, à moins que…


Déjà au loin quelques branches craquent emportant avec elles une nuée d’oiseaux.



Si quelqu’un s’oppose à un coït matinal, qu’il parle maintenant ou se taise à jamais. Ça, c’est juste pour réveiller la bête.
Ton cadeau est servi sur un plateau d’argent, t’as trois minutes pour ranger ton steak et sortir de là-dessous.


Allez Anso, on s’engueulera plus tard, trois minutes, quand les gens sont à cheval, que ta seule comparse de larcins porte tes fringues et sent la vinasse, c’est vraiment, mais vraiment pas beaucoup.


* Citation d’Ubertin de Casale, dont faisait allusion Jd Ansoald dans le post précédent.
**, la même que celui de Jd Ansoald parce que je ne pouvais pas rebondir dessus.-dessus la citation-.

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Ansoald...
Il fait aussi noir que dans le couloir de l'amour. Les mirettes papillonnent à l'aveugle dans l'obscurité. Est-ce donc le néant qui a tout emporté, dans une dernière vague d'aygue ardente ayant carbonisé la terre du sol au plafond, même les étoiles? Est-ce Déos qui a décrété, enfin, le Déluge puis, ayant transformé par miracle son urine en fioul, a jeté une allumette sur la planète hydrocarburée?

Une douce voix l'arrache de sa torpeur, un rire cristallin qui résonne agréablement à ses esgourdes, des mots choisis avec soin pour l'accueillir au sein de cette nouvelle journée dans un délicieux réveil....Ou presque. La Colombe à poils longs tente, au prix d'un rire forcé, de se moquer de lui. Elle angoisse qu'Anso ait tiré la langue à ce bon vieux Charon pour lui payer l'obole de l'ultime traversée. Peut-être qu'Anso croit, un instant, que ce même Charon lui ait fait une sale blague en lui collant la rame dans la main, le désignant ipso-facto comme le nouveau gondolier du Styx....C'est pas mal, comme nouveau statut social, passeur des Enfers. Il ne fait aucune différence entre rançonner des morts ou des vivants, tant qu'ils payent scrupuleusement. Le renard sait lui-même se faire charognard, quand l'hiver est rude et les proies maigres.

Trois coups d'Andréa sur la coque de bois le ramènent à la triste réalité des planches. En quelques mots, elle chasse le spirituel, l'élévation divine des matins au sein des plaines nébuleuses du ciel, pour le réveiller à sa triste et astreignante condition animale. Bernard sort de son ermitage, le pouce en l'air, teint migraineux et bouche sèche, considérant la barque avec un mélange de sidération et...d'autre chose. Le Royaume a ses mystères que la raison ne comprendra jamais, tout comme Andréa a son foie qu'aucun clystère ne pompera jamais.

Hélas, par jalousie envers le nouvel objet de son adulation, cette femme perfide le détourne de ce cadeau du ciel pour focaliser son attention sur trois pecnots qui approchent. Elle le détourne aussi de la douce fragrance de picrate qui émane de sa peau opalescente, effluves vinaigrées qui sont bien meilleures pour guérir de la peste que pour soigner un mal de tête.

Manipulé, marionnetisé, il se lève et marche, nu comme Adam, jusqu'au prochain buisson pour espincher* leurs proies. Il y a sur le chemin une bandelette de blancs-becs qui se baladent la fourche à l'air en se faisant tourner des cruchons de vin. Ansoald en a ras-la-brouette de ces dégénérés d'alcooliques qui profitent de son goût pour la picole pour le mettre à poil. Il tend la main, paume ouverte, et ordonne:


-Arbalète
-Carreaux de douze
-Lustrage de la pointe
-Calcul de la solution de tir**


C'est alors que les pauvres bougres contemplent, sidérés, l'apparition de cet homme nu surgi du buisson et se mettent d'emblée à genoux, réclamant à corps et à cris qu'on les épargne, puisqu'ils sont de simples journaliers payés au lance-pierre pour des tâches épuisantes. L'un d'eux s'exclame-même, dans un françois mâchonné d'occitan, qu'ils sont bien les derniers à placer sur une liste de proies pour des brigands.

Oui, mais au sein de mon royaume, les derniers seront les premiers!

Réplique Ansoald du tac au tac. Un murmure d'incompréhension parcourt les rangs de ces bêcheurs, qu'il faut rappeler à l'ordre.

Si ce n'est pas toi, c'est donc ta soeur! A poil!

La stupéfaction se peint sur les traits des victimes de cette embuscade matutinale, mais face à la détermination de l'arbalétrier camouflé en naturiste, n'osent pas protester. A quoi sert la raison face à la folie, surtout quand elle est inspirée de Très-Haut? Ils se déshabillent, de mauvaise grâce, exposant aux rayons du soleil mutin leur peau blafarde, frissonnante de froid. Et de peur, évidemment. Considérant leurs attributs avec un mélange de dédain et de commisération, Ansoald s'exclame:

Maintenant, déguerpissez!

Il épaule son arbalète et fait mine de viser le ventripotent à sa droite. Aussitôt, ils prennent leurs jambes à leurs cous et s'enfuient en poussant des cris stridents. Ansoald les poursuit un moment de ses rires, avant de se diriger tranquillement vers leurs dépouilles opimes, royalement nu, insensible au froid ambiant. Il n'y a rien à tirer de ces pauvres frusques, sauf un collier portant un médaillon aristotélicien, qu'il pend à l'étrier de son arme pour le montrer à Andréa:

Un autre signe! Nous sommes sur la bonne voie!



*espionner, en Provence
** c'est n'importe quoi, n'écrivez pas ça chez vous.
Dea_
S’il y en a un des deux qui a un réveil merdique, bah ce n’est pas Elle.
Admirez le spectacle de l’homme se dépliant, soulevant avec adresse sa barque, se séparant de son cercueil de bois, comme s’il se séparait de sa seconde peau, qu’il muait, qu’il muait pour devenir autre chose, une chenille devenant papillon un….. Oh que non, ce n’est pas elle qui a le réveil merdique, et ça se voit à l’excès de salive qui point en sa bec.
C’est tellement beau qu’elle se promet d’en faire un jour un spectacle dans un de ses bordels, persuadée que les femmes du Royaume tout entier viendraient pour observer le réveil de la Force et … payer un max.

L’Ansoald au réveil, on ne serait pas étonné de l’entendre grogner et de le voir s’étirer. On prierait presque pour qu’il se fasse quelques pompes dans l’herbe fraîche. On tuerait probablement pour le culbuter dans la rosée. Mais entre rêve et réalité il y a parfois un fossé que personne ne peut franchir, et lui se contente de sortir de son cocon de bois la mine fatiguée et la bouche pâteuse. Il s’rait allé pisser que ça aurait été l’archétype parfait de l’homme de base. Mais il n’est pas un homme de base.

L’acier observe donc le réveil de l’Anso’ des barques avec une bouille mutine. Elle n’en mettra pas sa main à couper, mais y a fort à parier qu’il se tape une jolie migraine, de là à penser qu’Ansoald ne tient pas la marée il n’y a qu’un pas.
Les mains Colombesques se posent sur le bois, et le caresse avec douceur alors qu’elle lorgne d’un œil lubrique les fesses du Brun qui tourne et vire sans jamais émettre l’hypothèse de s’habiller, preuve s’il en est que Dieu existe.
Mais elle lui a dit qu’il avait trois minutes, c’est long trois minutes, il peut bien en perdre deux bêtement. Allez les gars, il ne faut pas perdre espoir.

Un petit aller retour dans les fourrées et voilà le Nudiste qui prend les choses en mains. Monté comme un âne, remonté comme une pendule, on quitte un papillon on retrouve un homme.
Chirurgicalement les instruments sont balancés à l’Agathois* en devenir



- Arbalète ok.
- Carreaux d’douze… Carreaux
- Pointe…. Lustrée… Hinhin
- Calcul de la solu… Mais démerde toi !



Comment te dire Ansoald, que je suis une brêle en arbalète, que je n’ai aucune idée de la différence entre un carreau d’douze et un carreau d’quinze, d’ailleurs je ne sais même pas si ça existe. Comment te dire que la pointe lustrée est juste frottée contre la chemise que je porte et que j’ai une toute autre idée en tête en le disant ?
Mon truc à moi, c’est pas vraiment les accessoires vois-tu, ni de prévoir les coups, je suis plutôt du genre à improviser et à taper dans l’tas. Mais soit !


Et l’homme même nu, impose son mode de vie. Fait ployer les pecnos et fermer leur caquet. On pourrait croire que la nudité enlève toute crédibilité mais il n’en est rien. Admirez les baisser les yeux, je ne serais même pas étonnée de voir Ansoald poser son pied sur leurs épaules et planter son arbalète sur le dos d’un des couillons couillonné qui n’est ni lui, ni sa sœur, ni riche. Ça serait beau, ça mériterait une statue : « L’Anso nu haranguant les foules ».
La Colombe se sent comme une blonde à forte poitrine avec une jupe ras la mojette** qu’on verra des années plus tard en train de retourner des lettres dans la roue de la fortune. Disons que c’est Ansoald qui tourne la roue et qu’il n’y a pas de fortune mais qu’on s’y approche. Potiche oui, mais potiche de luxe.
La voilà armée d’un carreau qui s’approche pour vérifier si le gibier est encore chaud malgré le froid. Poule mouillée a la chair de poule. Poule mouillée tremble et déguerpit. Aucune résistance. Ne résonnent que les rires des assaillants qui, après les avoir coursé un peu se rapprochent du maigre butin, médaillon aristotélicien pendue à l’étrier. La main se surprend à prendre le médaillon dans sa paume, à tirer dessus pour l’observer de plus près.



On ira pourrir en enfer, sauf si on va à confess’, c’pas c’qu’il a dit l’vieux ?

Sisi, c’est ce qu’il a dit le vieux, on peut tout faire, Dieu pardonne.

Ecoutons le message du Seigneur, il t’a envoyé une barque, ça veut sûrement dire que tu vas la trainer comme une croix jusqu’à ce qu’on trouve de l’eau.
Et sinon tu vas rester les roubignoles à l’air toute la sainte journée ?



C’est pas que ça me dérange hein, je dirais plutôt que ça me démange. Allez chéri, cherche bien, y avait bien des habits sous ce médaillon.


* : habitant du cap d’agde, berceau s’il en est de la culture naturiste.
** mojette : haricot blanc. Souvent détourné pour désigner le sexe de la femme par ici.
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