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Il fallait bien que ça arrive un jour! Après une pastorale faite il y a 3 ans, avec une soeur soeur, avec une mère mère, il fallait bien que je me fasse baptiser un jour...Fut-ce cette fois-là? Lisez et vous saurez

[rp]Alerte titre merdique : baptême de Soren

Eli_za_beth
Le jour du baptême de Soren était arrivé.
Elizabeth avait tout bien préparé dans sa chapelle. Comme Soren ne voulait pas d’invités, elle l’avait invité à la rejoindre au palais épiscopal : le baptême se ferait là-bas. Personne ne pouvait venir sans autorisation, contrairement à l’église.

Le bénitier était vide ; Elizabeth préférait les fioles. Oui, bon, parfois, elle se trompait et envoyait dans les yeux de ses fidèles des gouttes d’eau-de-vie. Mais là, pour ne pas rendre Soren aveugle, elle goûterait pour s’assurer qu’il s’agissait bien de l’eau bénite.
Blondie avait aussi préparé quelques vers à la con, histoire de ne pas lui balancer de l’eau dans la tronche et de le renvoyer chez lui. Il fallait que ça ait un peu de gueule quand même. Et puis c’était Soren ! C’était pas le pécore venu du coin qui se baptisait uniquement pour se marier et forniquer avec sa nana, lui faisant une tripotée de chiards qui emmerderaient tout le monde. Du coup, elle voulait bien faire l’effort de faire un truc un peu plus « élaboré ».
Et mis à part un bénitier vide, quelques vers à la con et des paillettes, il n’y avait rien de bien spécial. C’était une chapelle comme on en trouvait partout. ‘Fin, elle avait un peu plus de gueule que la chapelle du coin quand même ! Et Eli avait, bien sûr, revêtu sa belle bure rose, faite par Patou et qu’elle aimait beaucoup, beaucoup, beaucoup – la bure, hein ? Notez bien qu’elle ne détestait pas non plus Patou !
Bref ! Ce n’est pas le sujet !

Il n’y avait plus qu’à attendre le futur baptisé.
Soren
- C’te qui là qui s’ballade avec c’te bure rose ?

- Ben l’Eminence !

- Lotx ?

- Nan! Elizabeth! Tu vois pas que c’t'une donzelle ?

- Tu sais moi, avec toutes ces bures, un gars ou une fille, c’te pareil !

- Ouais, ben en principe les boules sont pas placées à la même hauteur hein! Et puis en parlant de hauteur, Lotx est ben plus p’tit qu’Elizabeth!

- Un jour qu'il était faite ben raide, j’avions d’jà vu l’Lotx monter sur des échasses, s’dandinant l’fessard. Ben j’peux t’dire qu’il r’semblait pas mal au bonbon rose qui vient d’passer. Et elle fait quoi l’Eminence à s’balader ainsi dans l’palais ?

- J’sais pas trop mais elle a dit d’pas la déranger. Elle a dit d’laisser juste passer le blond danois d’Bergerac, t’sais c’lui qui lèche les pieds d’la prévôte? Elle doit faire des trucs avec c’gars.

- L’Sire Forfandene t’veux dire? Soeur Robert? Seurn comme y veut qu’on l’appelle ?

- Ouaip!

- Han! Pas possib’ ! Y s’dit partout qu’l’Éminence est invertie ! J’vois vraiment pas c’qu’elle peut faire avec un gars comme lui.

- J’sais pas moi, j’te raconte juste c’qu’elle m’a d’mandé d’faire.

- Et puis, elle a pas fait voeu d’chasteté l’Eminence ?

- Mais tu m’casses les bonbons avec tes questions! J’en sais rien moi! D’t’façons, j’pense qu’l’Éminence fait pas ça avec son corps mais avec sa tête! Donc voeu ou pas…

- Han! Avec la tête? J’avions d’jà essayé ça une fois avec l’Berthe! Elle a pas aimé du tout ! Elle m’a dit : « Gérard, la prochaine qu’tu veux essayer c’genre de trucs, tu t’décrottes le nez, c’te compris ? »

Du coq à l’âne… Enfin, je veux dire du Manouche à Elizabeth. Non, non, ne croyez pas que je veux dire que Monseigneur Ichweissnicht est aussi tétue qu’un âne. Loin de moi cette pensée. Je veux juste dire que j’ai à peine terminé la traque du Manouche qu’il faut que j’enchaîne sur l’affaire suivante, c’est à dire ce foutu baptême que je laisse trainer depuis plus de 3 ans. Je me demande si ça va faire pareil que pour les pastorales : combien de clercs consommerais-je avant de pouvoir conclure? Je doute qu’Elizabeth Ichweissnicht soit assez forte pour passer au travers d’une telle épreuve mais qui ne tente rien n’a rien. Après tout, si la Maré du Périgord est capable de traquer et d’arrêter celui qu’elle cherche, tout est possible.

- Ce rose vous va à ravir Monseigneur!

Menteur, elle a l’air d’un énorme sucre d’orge affublé d’une serpillère…Un peu ce à quoi je ressemble également quand le Cheffe insiste fortement pour que je porte l’uniforme de la maréchaussée…et que je ne trouve pas de bonnes raisons pour passer à côté. Le Rose a beau être tendance depuis quelques mois en Périgord, je pense que je ne m’y ferais jamais… à part évidemment pour les dessous féminins mais ça, c’est une autre histoire.

- Désolé pour le retard votre Majesté mais j’ai eu maille à partir avec vos deux plantons de service. Il parait qu’ils ne devaient laisser passer qu’un certain Soren…et quand je leur ai dit que je m’appelais Seurn, ils m’ont gentiment conduit dehors.

Finalement, j’avais escaladé le mur d’enceinte du palais episcopal, évité la meute des soeurs de Sainte-Brigitte-de-Laval qui s’extasiaient en silence devant la statue d’Aristote située dans le déambulatoire, enfilé la première tenue de nonne qui passait là - Pauvre elle! Elle ne va sans doute jamais comprendre pourquoi elle a terminé sa journée vêtue seulement de ses vêtements de corps et d’une jolie bosse derrière la tête - , repoussé les assauts du père Albert qui me trouvait bien trop à son goût, fait des oeillades et envoyés des baisers volants à Pimpo et Bimbo les deux plantons qui m’avait éconduit précédemment et qui eux me trouvaient sans doute moins sexy que le père Albert. Il faut dire qu’à son âge, le père Albert sans binocle ne devait pas être une bonne référence en matière d'inspection visuelle. Pimpo et Bimbo, eux avaient bien compris qu'ils n'avaient aucun intérêt à attirer dans leurs rets ce genre de mouche là. Enfin, l’important était que j’avais déjoué l’important plan de sécurité mis en place autour d’Elizabeth Ichweissnicht pour enfin me présenter devant elle. Il ne restait plus qu'à espérer qu’elle accepte de me baptiser.

Pendant que je parlais, je me défaisais tranquillement des vêtements de nonne qui ne me servaient plus et qui de toute façon étaient bien trop courts pour moi.


- Vous disiez ma soeur ?
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Eli_za_beth
Elizabeth regarda la sœur d’un air perplexe. Elle n’avait ni la carrure ni la voix d’une femme. La blondinette eut un peu peur, balbutiant un « merci » au compliment. Elle commença à reculer, un sourire figé sur le visage, prête à user et abuser de ses cordes vocales si jamais il lui sautait dessus.
En entendant la suite, Blondie se décrispa et poussa un long soupir de soulagement. Elle s’arrêta et se rapprocha de Soren.

Mais vous vous appelez pas Soren ? C’fou, j’toujours cru qu’si…

L’évêque nota mentalement ce nouveau prénom sur lequel elle s’était trompée depuis si longtemps. Mais maintenant, elle comprenait quand on lui parlait de Seurn… Comme tout le PA avait eu l’air de le connaître, Elizabeth avait fait semblant de savoir qui c’était, sans oser demander de qui il s’agissait. Maintenant, elle savait…
À chaque fois qu’Elizabeth essayait d’ouvrir la bouche pour en placer une, Soren ajoutait quelque chose. Alors elle hocha doucement la tête et attendit sagement qu’il ait fini.

mh c’fâcheux… Faudra m’montrer par où v’z’êtes passé, c’que vous avez fait, toussa, toussa…

Histoire qu’elle tape ses gardes.

Au fait, moi, c’monseigneur. Pas la peine d’Eminence, de majesté, d’ma sœur. Juste « monseigneur ».

La blonde articula bien le mot pour que Soren comprenne bien.

Est-ce que…

Elizabeth se figea quelques secondes avant de relever la tête vers Soren, une lueur dans les yeux, comme si elle venait de découvrir un truc génial.

En fait, c’pas Soren, mais Seurn, c’que vot’ prénom s’prononce pas Soren mais Seurn, c’ça, Soren ? Euh… Seurn ?

La blonde fit un geste de la main et lui demanda les raisons de sa soudaine envie de se faire baptiser. Il lui avait écrit quelques trucs à ce propos dans l’un des courriers qu’il lui avait envoyé, mais rien de très précis et rien de bien détaillé.
Soren
Houlà ! Si sa Grandeur voulait prendre le chemin des explications concernant mon nom, cela risquait de durer un certain temps. Mais avant cela, je m’aperçois que de balancer cette tenue de nonne par terre, dans un coin de la pièce, ça manque de politesse. For fanden, je ne suis tout de même pas dans une maison close ici. Machine arrière…Reprenons la scène 1 de l’acte I. Direction la table pour plier correctement la tenue de nonne et la remettre en mains propres à sa Grandeur.

- Ahem…désolé…De mauvaises habitudes… Voilà, vous remercierez la propriétaire de cette tenue pour me l’avoir si gentiment prêté. Je ne pense pas que j’aurais l’occasion de la revoir d’ici mon départ du palais.

A mon avis, je pense qu’elle devrait encore être dans les vapes pour un bon moment…

- Vous permettez ?

D’un signe de la main je lui demande de patienter tandis que je me dirige vers la porte. A peine est-elle ouverte qu’un cri retenti dans le couloir.

- Eh ! Vous pouvez apporter de quoi boire et manger ? Cela risque d’être un peu long…Et des chandelles aussi! Nous allons en avoir pour toute la nuit…Ah…Et un bassin d’aisance aussi! Merciiiiiii…..

Poli…toujours rester poli… La porte se referme en attendant que l’on amène ce que j’ai demandé. Les mains jointes sous le nez, à hauteur du menton, je réfléchis à la façon de commencer. Comment lui expliquer tout ceci sans tomber dans les détails inutiles…Mais comme on parle tout de même d’un baptême, il faut bien qu’il n’y ait aucune ambiguïté sur mon identité. Ça serait dommage de se faire refuser le paradis pour un problème administratif comme une erreur sur le nom ou le prénom, ne trouvez vous pas ?

- Je vous en prie Eminence… Je vous conseille de vous asseoir car tout ceci risque de prendre un peu plus de temps que je ne le pensais. Heureusement, les jours rallongent en cette période de l’année. Où en étions-nous avant que je ne nous fasse commander un repas ? Ah oui…Mon prénom… Eh bien voilà…

Les mains croisés dans le dos, j’arpente la pièce de long en large pendant que je m’exprime, déclame mes explications sur une facette du baptême qui devrait pourtant être si simple : mon identité. Mais voilà, avec moi, rien n’est simple…

- Je suis né à Hoy, dans les Orcades, au royaume d’Écosse. Mon père se nomme Håkon … Håkon Harfagre Eriksen, troisième du nom…Euh..Harfagre en danois ça veut dire « Belle chevelure »… Ahem…Oui… Vous avez bien compris…Les danois le prononcent.. OKonne! Vous l’avez compris, mon père est d’origine danois. Ma mère se nomme Brunehilde Ailean MacFadyen. vous la connaissez peut-être, elle habite Sarlat désormais…Brygh… Brygh Ailean MacFadyen…Non ?

Bref, à la naissance, mon père me nomma Håkon Søren Eriksen…Je…Je n’ai pas connu mon père. Dès qu’il a pu, mon père m’a expédié au Danemark… à Helsingør, chez son frère Lars. Mon oncle…que je pensais être mon père car telle fut la façon dont il se présenta à moi…Mon oncle m’a toujours appelé Søren. Je n’ai découvert que bien plus tard que Søren n’était en réalité que mon deuxième prénom. Enfin…qu’importe…J’ai grandi au Danemark, à la cour de mon oncle. En réalité, mon père avait trouvé la mort lors d’une jacquerie…mais ça, je n’en n’avais pas connaissance. Mon oncle m’a éduqué comme son fils ….et c’est peu dire. Les approches éducatives au Danemark sont…ahem…quelque peu…rudes. Bref, lorsqu’un différend est apparu entre moi et mon oncle, j’ai dû me résoudre à quitter le Danemark…


C’est juste un baptême hein! Pas la peine de lui expliquer la demande en mariage, l’affront fait à l’oncle, la prison submersible, le bannissement. Sans ça, tu risques de l’endormir danois!

- ….et je me suis exilé en France. Seulement lorsque j’écrivais mon nom pour des françois, ceux-ci m’appelaient Soren…Alors qu’en danois, Søren se prononce…Seurn…Vous comprenez? Arrivé en Périgord, je me suis battu pour que les personnes prononcent mon prénom correctement. Seurn…Oh certes, il y a encore quelques personnes qui le prononcent Soren…à la française…Mais croyez-moi, ils feraient rire le plus coincé des danois avec un tel accent! Bref, si vous avez besoin de m’écrire, vous écrivez …S..ø…r…e…n …mais quand vous prononcez mon prénom, vous dites….Seurn. Simple non ?

Pendant tout ce temps, je n’avais posé le moindre regard vers Elizabeth. L’avais-je endormi ou pas ? Je déclamais mon histoire en l’appuyant de moultes gestes de la main comme si cela pouvait aider à la compréhension de l’affaire. Il faut dire que a vie n’est pas simple à appréhender, je le reconnais. Mais si la première question avait nécessité tout un tas d’explications, que dire de la suivante…

- Les raisons pour lesquelles je désire me faire baptiser ? For fanden! Comme vous y allez Majesté! Vous ne voulez pas attendre les rafraichissements ? Vous n’avez pas besoin de vous changer avant ? ….Non ? Hum….Sur ? Parce que voyez-vous il faut que vous sachiez que l’église et moi n’avons jamais été en bon terme….et ça ça remonte à l’enfance et aux coups de triques de mon précepteur religieux lorsque j’avais du mal à lui fournir les réponses escomptées à ses questions. Il faudrait aussi que je vous parle de mes relations avec Christos, du fait que ma soeur est Soeur et ma mère est Mère…Ahem…Et puis…Est-ce que je vous ai dit que certains m’ont déjà considéré comme mort ? Que vous pouvez trouver ma ma tombe dans le cimetière de Sarlat ?

Un brin compliqué tout ça…Moi, et l’église, c’est tout un roman!

- …Et puis, c’est grâve si vous pouvez trouver mon nom parmi les personnes ayant été officiellement exorcisé par la Sainte-Inquisition ? Je veux dire…Je peux toujours me faire baptiser ? Votre Altesse, veuillez m’excuser mais votre question est bien trop vague et je ne sais pas par où commencer pour répondre à vos attentes.
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Et donc, Soren avait planifié d’éliminer Elizabeth en lui sortant une explication foireuse sur des trucs dont elle se foutait complètement.
L’évêque hocha la tête, marmonnant des « mh » et faisant semblant de bien écouter ce que le futur baptisé lui disait. S’il avait commencé les présentations ainsi avec les clercs, ce n’était pas surprenant qu’ils n’étaient jamais allés jusqu’au bout.

Et blablabla Danois… Et blablabla mère… Et blablabla Seurn… Et blablabla Soren.

La petite blonde sentait son cerveau chauffer ! Elle lui aurait presque enfilé un truc dans la bouche pour qu’il arrête son flot incessant de paroles.
Et alors qu’elle était prête à l’étouffer avec son chasuble rose à paillettes, un petit truc attira l’attention d’Elizabeth.

Vot’ père, c’vot’ oncle ?

En fait, le mec, c’est Jon Snow… Ou un consanguin. J’hésite !

Mais… !

Et la blonde resta bloquée là-dessus. Elle n’entendit plus rien. Ce ne fut que lorsque le silence revint qu’Elizabeth s’aperçut qu’il avait fini et qu’elle pouvait ENFIN en placer une.

Très intéressant, très intéressant. Oui, alors, le baptême ! C’que bon, on est quand même ici pour ça et on va pas s’raconter nos vies quoi.

Toutes les questions de Soren passèrent à la trappe. La petite blonde n’avait rien entendu de la mort, de l’inquisition, du pas très bon terme avec l’église, toussa, toussa.

’Lors, on va aller par là-bas, un p’tit coup d’eau bénite dans la tronche, quelques mots latins pour faire bien, un p’tit crédo qu’on récitera dans not’ tête – crédo qu’elle ne connaissait pas donc – et walà ! C’pas génial ça ? Co’ça, personne perd son temps. Tout le monde va là où il doit aller et tout le monde est heureux.

La blondinette lui fit signe de la suivre pour l’amener vers un petit bénitier de fortune.

Pourquoi vous voulez vous faire baptiser au fait ?

Soren avait tellement parlé qu'il avait totalement perdu Elizabeth dans les méandres de son laïus interminable et l'avait écartée de sa question première : pourquoi il voulait se faire baptiser ?
Soren
Elle avait l’air perdu dans ses pensées, visiblement absorbées par mes histoires de famille. Je sais que ça n’était pas simple à expliquer mais quand on a une mère comme Brunehilde MacFadyen, peut-on vraiment de tranquillité et de simplicité? J’aurais pu lui parler des heures et des heures de la saga des Eriksen, de cette malédiction qui hante notre famille depuis je ne sais combien de génération. J’aurais pu lui décrire l’histoire de Sigur qui se faisait asperger de sang de jeunes vierges à chaque solstice et combien fut grande sa colère le jour où il découvrit avoir été trompé par l’une d’elle, ou encore celle de Solveig qui, mariée de force à Thorvald, s’était arrangée pour rester vierge malgré l’appétit de son époux et ce jusqu’à la mort de celui-ci. Mais mieux valait ne pas entrer trop dans les détails. Après tout, ça n’était qu’un baptême.

- Hum…Je vois Eminence, que vous avez un peu de mal à suivre. Je vous recommande une décoction de saule chaque soir avant le coucher. Ça aide à la concentration même si…ahem…enfin…gardez un pot de chambre pas loin de votre lit quoi.

Non mais elle te parlait de ton père et de ton oncle hein! Elle n’attendait pas une auscultation par un mire.

- Mon père, c’est Hakon Harfagre Eriksen…Et mon oncle c’est Lars Eriksen...

Là, je crois qu’elle a compris..

- …Donc deux personnes différentes…

Bonne idée la précision!

- Hakon est mort peu de temps après ma naissance. Mais avant, il m’a confié à son frère Lars. C’est son qu’on appelle le fosterage. Vous voyez? Vous confiez l’éducation de notre descendance à une connaissance ou un membre de votre famille.

Euh…Là, tu vas la perdre…

- … Et Lars ne m’a jamais dit qu’il n’était pas mon père. Il ne m’a jamais contredit lorsque je l’appelais père. Vous comprenez?

C’est sans espoir maintenant…

- Enfin, j’imagine que sur le certificat de baptême, vous allez mettre que mon père c’est Håkon. Pas Lars. Même si c’est Lars qui m’a élevé…Et même si en vérité, je n’ai jamais connu Håkon. Et…Euh…Enfin..Je veux dire. Bien sur qu’il faut que vous mettiez Håkon…Mais pas Håkon mon père…Håkon moi quoi. vous voyez? Håkon Seurn Eriksen…Enfin…Même si ici je n’utilise pas Håkon, c’est tout de même le prénom choisi par mon père..Håkon. Pas Lars.

C’est tellement compliqué les sacrements de l’Église Aristotélicienne. Ça ne m’étonne pas que j’ai longtemps hésité avant de demander le baptême. En plus, il ne va servir vraiment à rien car baptême ou pas, je vais aller en enfer de toute façon. Je ne sais vraiment pas ce qui me prend de demander ce sacrement. Vraiment pas!

- « Seurn »
- Hum ?
- « C’est ce qu’elle te demande… »
- Ah?
- « Et ne reste donc pas planté là : Elle vient de te demander de la suivre près du bénitier… »


- Pourquoi? Eh bien honnêtement ma mère, je n’en sais rien. Ma soeur est Soeur. Ma mère est Mère et pourtant jusque là je me foutais de ce sacrement. D’autant plus qu’il faut bien avouer que…je n’avais pas..ahem…comme dire…les clercs en haute estime… Alors, je ne sais pas. Quelque chose en moi me dit : faut que tu le fasses. J’ai résisté tant que j’ai pu à cette force mais là, elle devient trop puissante. Elle prend même plus de place que l’Autre désormais…et ça, ça n’est pas peu dire.

Ce qu’il ne pouvait lui dire car il ne le savait pas et sans doute ne le saurait-il jamais, c’est que ces pulsions qu’il ressentait étaient dus à sa rencontre avec Ste-Wilgeforte dans les limbes* alors qu’il avait été empoisonné par son assistante, Solveig Olofsdottir. Wilgeforte avait accepté de lui donner une secondaire chance : le renvoyer sur terre, changer le cours de sa vie pour espérer un jour éviter l’enfer lunaire auquel il était destiné. Sainte Wilgeforte avait posé plusieurs conditions. Le baptême était l’une d’elle.

- Hum…Dites… Vous êtes sure que ça n’est pas dangereux ça n’est-ce pas?

Méfiance, méfiance….Je me rappelle encore la dernière fois qu’une soeur m’a fait un truc! J’ai mis plusieurs semaines à m’en remettre!




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Eli_za_beth
Le cerveau de la pauvre blonde commençait à fumer. Elle ne savait plus qui était père, oncle, sœur ou mère.
Non, non, tout ce qu’Elizabeth savait, c’est que c’était un gros bordel dans la famille du danois. Et plus il parlait, plus elle se perdait. Il utilisait des mots dont elle ne soupçonnait pas l’existence et des explications qui ne tarderaient pas à se perdre dans le néant qu’était son cerveau.

Nan mais…

En ce qui concernait le certificat de baptême de Soren, Elizabeth ne mettrait que la date et apposerait sa signature. Le reste, il le remplirait tout seul !
Bon, notez bien qu’il n’y avait aucunement besoin du nom de son géniteur. Seulement du sien et…

Seuwrn !

Ouais, Elizabeth prononçait hyper bien le prénom du danois ! C’était limite si elle n’avait pas l’expression faciale d’une personne qui ne vomit rien et qui aimerait beaucoup régurgiter quelque chose parce que ça fait horriblement mal.
‘Tin, au moins, le prénom de Svan était vachement plus simple à prononcer !

Tututut… On arrête ! On arrête ! Waaaaalà ! Reeeeeeespirez ! Iiiiiiiiinspirez ! Eeeeeeeexpirez !

La blondinette lui tapa amicalement sur le bras et lui sourit.

Mais nan, c’pas dangereux ! Si v’z’étiez Lotx, y a des chances pour qu’ça vous essplose dessus mais v’z’êtes pas Lotx… V’l’êtes pas, hein ?!

Elizabeth lui jeta un regard suspicieux. Après tout, elle n’avait jamais vu Lotx sans sa bure et toutes ses paillettes. Elle ne savait pas à quoi il ressemblait lorsqu’il était en mode « être humain » qui ne ressemble pas à un malabar rose. ‘Fin, cela dit, elle avait du mal à imaginer dans une autre tenue que celle qu’il portait en temps normal.
Blondie plissa les yeux et regarda en l’air, façon Criquette Rockwell se souvenant de quelque chose. Elle hocha la tête de haut en bas et de bas en haut, marmonnant un « mh » avant de revenir au futur baptisé.

Nan, v’l’êtes pas ! Bon, dites, quand on aura fini, v’pourrez envoyer mes amitiés sous forme de colis pi… de colis! à Lotx s’vous plait ?
Tellement que j’l’aime que j’pense à lui qu’mes draps s’en souviennent et mon corps aussi. ‘Fin, j’va pas vous faire un dessin, hein ?


Chouquettes de foie gras empoisonnées ! Si avec ça elle ne l’achevait pas le nabot…

Oh et dites-lui que pour 1500 écus, j’rejoins sa conjuration aussi.

Comme ça, pas de preuve écrite. Elizabeth pourrait toujours nier si Ork venait à bûder en hurlant à la trahison.
Bref. Nous ne sommes pas là pour ça. Passons !

Au nom du Très-Haut et de moi-même, Seuwrn, je te baptise. Tu seras dans les p’tits papiers du Très-Haut… Si tu m’contentes, tu seras béni et si tu me déçois, tu seras puni.
‘Tention, si j’suis colère, j’suis pire qu’le Sans-nom ! ‘Fin bon… Récitons le crédo à voix basse. A voix très, très basse… Pour nous-mêmes !


En fait, Elizabeth ne connaissait pas le crédo. Et elle ne connaissait pas grand-chose à la théologie non plus. Elle avait eu sa licence en faisant de l’œil à Monseigneur Fab, décédé pendant son séminaire – paix à son âme et dommage pour elle.
La blonde fit mine de bouger les lèvres, histoire de paraître plus crédible. Et, sans que l’on s’y attende, elle plongea sa main dans le bénitier et en balança sur Soren.

T’fais maint’nant parti d’not’ famille… C’t’une grande famille hein… La plupart, ils se sont baptisés juste pour s’marier donc ça, c’des faux-fwews et des fausses-soeuws.
Bon, tant qu’on est d’dans, b’soin d’vous confesser pour purifier vos âmes d’vos péchés toussa, toussa ? C’quand même bien d’le faire hein,…


Et amen au fait !
Soren
Lotx? Mais qu’est-ce que le nabot vient faire dans les explications concernant sa famille? For fanden, il y a quelques années, j’ai déjà eu un choc lorsque j’ai retrouvé ma mère après avoir été séparé d’elle à la naissance. C’était à l’hôtel Saint-Paul à Paris, elle venait protester contre la confiscation de ses terres et la perte de ses titres de noblesse. Quand à moi, je venais voir s’il n’y avait pas moyen d’arranger un truc pour que je puisse épouser la fille d’une comtesse, celle du Maine en l’occurence. Alors si aujourd’hui, Miss Tick m’apprend que Hakon Erikssen n’est pas mon véritable père parce que Brygh s’est envoyée en l’air avec Lotx la veille de ses noces (à ma mère, pas à Lotx)… Ou pire : que Brygh n’est pas ma mère et que seul le nabot connait le nom de mes véritables parents, là je démissionne de la vie!

- Seurn…Pas Sewwrn… On dirait que vous prononcez comme un écossais…

 « Je l’aime tellement que je pense à lui et que mes draps et mon corps s’en souviennent » ? For fanden, l’évêque fantasme sur son cardinal? Elle doit apprécier les petites choses alors. Enfin, chacun ses goûts mais pourquoi elle me raconte des détails de sa vie sexuelle? Elle n’est pas censée avoir fait voeu de chasteté ou alors ce voeu lui travaille tellement au corps que ça déborde de temps à autre? Et qu’elle a besoin de parler de ces choses là pour décomprimer ? … Je veux dire…Décompresser?

- Ahem…oui ma soeur… bien sur ma soeur.

 Vous savez ma mère qu’il y a des jours où j’ai du mal à vous suivre? C’est quoi cette histoire de 1500 écus? De conjuration? Vous êtes sure que vous allez bien ma mère? Vous savez le pourquoi de ma présence ici, n’est-ce pas? Vous devez me donner une clé pour que je puisse un jour avoir une chance infime d’accéder au paradis solaire. Ah non, elle ne l’a pas oublié. Voilà qu’elle procède au baptème. Je m’agenouille devant elle, tête basse, mirettes closes et c’est parti pour un credo inspiré…

- Je crois au Trés-Haut tout puissant, sans aucun doute,
Créateur du Ciel et de la Terre, des pissenlits et des radis,
De la lune infernale et du paradisiaque Soleil,
Juge de notre âme à l'heure de la dégringolade.

Et en Aristote, son prophète, qui le savait bien lui, le malin,
Car ses parents Nicomaque et de Phaetis, n’étaient pas des tanches,
Que la Créature Sans Nom ne faisait pas le poids devant la sagesse
Et les lois divines de l'Univers qu’il enseignait aux hommes égarés.

Je crois aussi en Christos, l’autre illuminé parachuté par le Très-Haut,
Né de Maria et de Giosep à la peau tellement burinée par le Soleil
Qu’il a voué sa vie à nous montrer le chemin du satané Soleil.
C'est ainsi qu'après avoir souffert sous les rayons à qui mieux mieux,
Il a quitté la terre le corps impeccablement bruni couleur de miel des acacias,
Et qu’il a rejoint le Soleil où l'attendait Aristote flanqué du Très-Haut.

Je crois en l'Action Divine;
En la Sainte Eglise Aristotélicienne Romaine, Une et Indivisible;
En la communion des Saints;
En la rémission des péchés
En la Vie Eternelle.


Il n’y avait que celui-ci que je connaissais. Mon précepteur à Helsingør a bien essayé de m’apprendre le credo classique mais quand notre attention est accaparée par des coups de trique sur les phalanges, disons que la concentration s’égaie au rythme où la douleur se diffuse dans le corps. Du coup, le seul credo qui m’est resté à l’esprit est celui que j’ai trouvé dans un livre mis à l’index par mon précepteur, un essai religieux qui retint mon attention, logé entre des titres aguicheurs comme « Le trésor caché du buisson ardent » ou «  Ingrid, de hourie à Valkyrie ». Oh, non pas que le credo inspiré soit un texte rejeté par l’Église Aristotélicienne mais il n’était pas au goût de mon précepteur d’abbé. Voilà tout.

Les gouttes d’eau bénite viennent frapper mon front. Je me crispe un instant. Mauvais réflexe. Un doute me traverse l’esprit. Vont-elles me bruler? S’attaquer à ces noirceurs qui souillent mon âme ? Au mal dont je me sais affublé et qui sera la cause principale de mon renvoi dans les ligues mineures de l’enfer lunaire j’en ai bien peur? Mais non. Rien ne se passe. Ce n’est que de l’eau, aussi inoffensives que celles de la bassine dans laquelle je me lave chaque matin.


- Me confesser? For fanden … mais le baptême auquel vous venez de procéder ne m’absout-il justement pas de tous mes péchés passés ?

C’est que si elle veut vraiment me confesser, on risque d’en avoir pour au moins une semaine de discussion, jour et nuit. Je ne me suis pas confessé depuis que j’ai été banni du Danemark. Enfin…je le crois…Je n’en suis plus sur. J’ai un vague souvenir d’avoir voulu me confesser auprès d’un père dont je ne me rappelle plus le nom. Peut-être aussi que j’ai entamé une confession à Bergerac dans le passé mais je n’en pense pas qu’elles aient abouties.

- C’est que… Le Très-Haut connait tous mes péchés : les noirs, les rouges,, les roses…

Les « avec de la dentelle », Les « sans dentelle ni rien d’autre », Les « derrière le mur de l’église » ou encore ceux quand « le bateau ivre rentre dans le port d’amarrage»…

- …Et depuis ce temps Christos ne me parle plus.
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Eli_za_beth
Elizabeth laissait tomber… Entre les « ma mère », « ma sœur », « Eminence » et autres titres qu’elle ne portait pas, Elizabeth allait tout simplement laisser tomber.
Après un discret soupir et un « Monseigneur… » soufflé du bout des lèvres, elle écouta Soren. Qu’il était mignon ! Genre, il suffisait de se baptiser pour être absout de tous péchés ! Ouais, bon, c’était assez logique comme façon de penser et elle aurait presque fait la même remarque si elle avait été à sa place.

Seuwrn… ‘Coutez… V’z’imaginez si fallait juste se baptiser pour êt’ absout d’tous ses péchés ? Ce s’rait quand même bien, mais j’suis pas sûre ç’marche co’ça quoi.

Nan mais c’est vrai quoi… Il ne suffit pas d’un peu d’eau bénite sur le haut du crâne pour que ce soit la teuf’ et qu’on soit pardonné de tout le mal qu’on a fait, etc., etc.

Nan, nan, nan. Faut confesser ses péchés à un messager de Dieu. Et v’z’avez d’la chance Seuwrn, je suis LE messager de Dieu !
Lotx, il dit c’lui LE messager d’Dieu, mais il ment. Faut pas l’écouter. C’est l’messager prix l’plus bas quoi. On peut pas faire pire hein… Du coup, vaut mieux viend’ vers moi, ‘voyez ? Co’ça, on est sûr qu’les messages arrivent à destination et qu’ils s’perdent en cours de route. Co’c’est du bas débit, lui, ça arrive mal quoi, voire pas du tout.
‘Fin bref, v’z’avez d’la chance ! J’suis la préférée d’Aristote ! J’le sais c’que l’aut’ fois, il a mis une barque sur ma tête !


En vrai, cette nuit-là, elle s’était tellement beurrée la gueule qu’elle s’était couchée « sous un truc », qui l’avait protégée du vent et un peu du froid. Et du coup, le matin, en se réveillant, elle avait embarqué son refuge au palais.

Pis c’est l’occasion d’vous réconcilier ‘vec ‘ristote et l’reste d’la bande, nan ?
Allez, on s’y met !


Lui attrapant le bras, Elizabeth l’emmena s’asseoir et se posa à côté de lui.

J’vous écoute.
Soren
La préférée d’Aristote? Moi, Aristote ne m’a jamais parlé. Il m’a toujours dit : Va voir Christos. Christos lui m’a écouté…jusqu’au moment où il en a eu marre. A partir de cet instant, je ne l’ai plus entendu une seule fois que ce soit dans une cathédrale, soit une petite chapelle, une église de village ou au pieu avant de m’endormir. Rien! J’avais beau me fâcher, lui demander de me répondre, le jeter un regard mauvais, le mirer intensément, rien n’y fit et ça, ça me mettait dans une rage folle à chaque fois. Alors Aristote? Pourquoi pas? Si elle a un ticket avec Aristote, pourquoi pas?

C’est étrange de se faire prendre le bras par un évêque. J’ai une drôle d’impression, un peu comme si mère m’emmenait et me disait : « Fils, il faut que je t’apprenne les choses de la vie mais d’abord dis-moi : quelle ânerie as-tu encore fait aujourd’hui? Tatatatata, ne mens pas, je sais que tu en as fais une …ou plusieurs ». Si elle veut une confession, j’imagine que je dois tout confesser depuis la dernière? For fanden! Ça va faire long! Va falloir que je trouve un moyen de lui faire un paquet-cadeau, genre « Emballez, c’es pesé. Vous piochez dans ce que je vous dis. Ça devrait être assez représentatif de mes péchés…sans être exhaustif ».

Par contre, j’ai comme un inconfort à parler de choses intimes avec Elizabeth alors qu’elle est assise à côté de moi.


- Vous permettez?

La position du pénitent (celle-là, vous la trouverez sans problème dans les livres qui n’ont pas été mis à l’index par l’église) en est une qui me convient mieux pour lui donner ce qu’elle désire: A genoux en face d’elle, tête basse, les mains jointes en signe de soumission, la tête assez près de ses genoux pour se prendre un coup capable de m’assommer si elle a des fourmis des jambes. Je suis assez prêt pour reconnaître le savon qu’elle utilise pour laver sa bure rose. Maintenant, par où commencer?

- Eh bien d’abord votre Altesse, il faut que vous sachiez que je ne suis pas seul dans ma tête. L’église appelle ça un Tisirhée. Elle a déjà essayé de m’en débarrasser. Ce fut assez douloureux je dois dire. Le problème, c’est que ça semble résister, même aux inquisiteurs.

Rien de repenser à cet épisode de ma vie me fait froid dans le dos. J’en ai des frissons. Un relent de douleur passé me déforme furtivement le visage.

- Je l’appelle « l’Autre ». Il me parle parfois. Quand il ne dort pas. Il est enchaîné au fond de mon esprit mais quand il prend de la vigueur, il peut réussir à prendre le contrôle de mon corps. Il est responsable des pires atrocités que je peux commettre…mais il a la bonté de ne pas encombrer mes souvenirs avec ses gestes. Je n’ai pas souvenance de ce que je fais alors. Parfois, il verse le sang. De noire, la crise devient alors rouge. Lorsqu’il s’efface alors et que je reprends conscience, que mon corps et mon esprit sont de nouveaux en harmonie, alors tout n’est que désolation autour de moi. Feu, sang, cadavre. Parfois mon corps est couvert de blessures, de sang…le mien ou celui d’un inconnu. Lacérations, brulures, vêtements déchirés : il me rend mon chez-moi dans un état de dégradation plus ou moins important. Mais le pire Eminence, le pire est de ne pas savoir ce qui est arrivé. Parfois je me dis que ça vaut mieux… mais quand l’imagination s’emballe, c’est le pire qui vient à notre esprit : meurtres, tortures…

Situation d’inconfort: se confesser, c’est bien pire que de se mettre nu devant un ou une inconnue. Dévoiler notre corps n’est rien comparé à l’âme que l’on expose en toute impudence lors d’un tel exercice. C’est un exercice bien plus intime, bien plus personnel. Il n’y a rien de plus personnel que l’âme.

- J’ai vécu une telle crise récemment alors que je traquais le Manouche. Je…Et…Enfin, ce n’est pas la seule que j’ai subi depuis que je suis arrivé en Périgord-Angoumois, depuis ma dernière confession.

Le plus dur est passé. Le reste n’est rien comparé à cela. J’ai choisi de me débarrassé de ça dès le début de cette confession pour éviter que ça ne me hante jusqu’à la fin, que ça m’obnubile. Je ressens un grand soulagement, un peu comme le voyageur qui vient d’arriver au sommet de la montagne qu’il doit gravir : le plus dur est fait même s’il y a encore les trois quarts du chemin à franchir.

- Et puis, il y a l’alcool. La bière plus particulièrement que je consomme sans modération. J’aime l’excès. J’aime la sensation de l’ivresse, le moment où l’on sent que l’on va perdre pied avec la réalité pour tomber dans un monde onirique où seul le plaisir excessif règne en maître. Il m’est même arrivé « d’emprunter » quelques tonneaux de bières à Mariceleste..sans obtenir formellement son accord.

Certains appellent ça du vol. Moi, je préfère le mot emprunt car un jour, je paierai pour ça.

L’alcool n’est pas le seule domaine où je m’adonne aux excès. Le plaisir de la chair ma Soeur… Le plaisir charnelle, celui où les sens sont au centre de nos préoccupations, la copulation sans l’objectif de procréer…Je suis maudit..Ma famille est maudit…La seule façon de combattre la malédiction est de ne pas avoir descendance…Mais j’aime les femmes…et il m’arrive parfois de fréquenter des maisons closes.

Ça, elle doit l’entendre assez souvent. J’imagine que ça ne doit pas la choquer et qu’elle va m’absoudre aisément de ce péché-là.

- Je ne suis pas fait pour avoir une relation durable. Toutes mes relations passées ont été des échecs. Certaines femmes en ont souffert. Je le reconnais. Le roseau peut plier. Pas moi. Jamais. Je casse. Et puis, ne me demandez pas d’aimer mon prochain en toutes circonstances. J’ai une haine viscérale pour certaines personnes et je ne me cache pas pour le faire savoir.

Et ça, ça n’est qu’un petit aperçu de l’immensité des faits que je peux confesser. Voulez-vous vraiment qu’on continue Docteur? Vous n’avez pas idée de l’être que vous avez intégré à la grande famille des aristotéliciens Éminence.
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Eli_za_beth
Plus Elizabeth piquait les clients de Lotx et plus son envie de l’assassiner pour lui voler son diocèse se décuplait.
Il fallait dire que le nabot avait les meilleurs clercs : Phinomène et Théodoric. Et elle, elle n’avait qu’un curé mort et une brigande qui volait pour le compte de Rochechouart. Et il y avait les ouailles périgourdines qui faisaient beaucoup plus facilement preuve de soumission que celles d’Elizabeth qui semblaient réticentes à l’obéissance. Voir Soren s’agenouiller ainsi et baisser la tête lui arracha un mince sourire. La blonde reprit son sérieux et se mit droite.

L’évêque écoutait attentivement Soren, son visage se transformant en une grimace horrifiée à mesure qu’il débitait les horreurs qu’il avait commises. Un puissant frisson parcourut son échine alors qu’il parlait de la voix dans sa tête.
Elizabeth aussi avait une petite voix dans la tête qui lui parlait parfois. ‘Fin, elle lui murmurait juste à quel point elle était belle et à quel point son auguste personne surpassait le monde entier. Elle lui disait aussi que si la perfection avait un prénom, ce serait le sien. Qu’elle était magnifique et que sa modestie ne l’étoufferait pas. Mais elle ne la conduisait pas à la luxure – L-O-L -, à la gourmandise, et à tous les excès que l’être humain était capable de faire. Bon, certes, cette petite voix l’aidait dans ses plans machiavéliques pour se débarrasser du nabot, seul obstacle au diocèse qu’elle convoitait depuis qu’elle était évêque.
‘Fin bref, Elizabeth n’était pas la meilleure aristotélicienne du monde. Mais maintenant qu’il y avait Soren, il la surpassait ! Et de très loin ! À côté de lui, Elizabeth jouait dans la cour des petits. Elle était ridicule avec ses propositions indécentes à des femmes mariées de force pour aller « tirer un coup dans les latrines » ou ses pastorales dans les étuves où elle illustrait les péchés, traînant sur celui de la luxure parce qu’elle en avait des illustrations pour celui-ci ! Et lui… lui, il lui décrivait des épisodes meurtriers où il ne se rappelait de rien et d’une petite voix dans sa tête qui lui soufflait de faire des trucs horribles.
Et pour ne pas visualiser Soren en train de faire ces choses horribles, la blondinette ferma les yeux et, du bout des lèvres, répétait le prénom d’une belle brune qui lui manquait grave à donf !

Carla…

Carla…

Carla…


Se répéter mentalement la première nuit passée avec Carla lui évitait des images désagréables et l’empêchait de prendre ses jambes à son cou.
Dieu merci, Soren arrêta de parler. Un long silence s’installa. Elizabeth regardait tout autour d’elle, évitant de croiser son regard. Elle ouvrit enfin la bouche, incertaine s’il était bien la peine de dire quelque chose :

Et bien… Il faut d’tout pour faire un monde…

Best constatation EVER !

Je… C’est… euh… aheum… ouais… Walà… De tout… pour… monde…

C’con, il avait l’air gentil, là, comme ça.

’Fin, pour les femmes et la bière, c’pas grave, hein ? Moi aussi j’aime la bière et les f… ûts… les fûts… Oui, oui, les fûts… Et bien, ce fut très intéressant, n’est-ce pas ? On s’sent pas mieux d’parler des excès, d’ses meu… d’ses mœurs ? Hein ?

Walà, walà…
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