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[RP] Abracadabraaaa ... A tour de bras, cadavres il y a !

Maryah


La Bridée avait attendu la nuit pour faire diversion et s'enfoncer dans les bois sans être repérée. La pleine Lune lui donnait suffisamment de lumière pour avancer, lentement mais sûrement à travers les fourrés, appuyée sur sa béquille.

Oui, elle le savait, une promenade au clair de lune n'allait pas améliorer la cicatrisation de sa plaie et pouvait contribuer à son infection. Mais Maryah, plongée en pleine époque médiévale, nourrissait bien d'autres croyances et pensait que la surinfection inexpliquée de sa plaie était due à un mauvais sort qu'on lui aurait lancé ... bien plus que le fait de dormir à même le sol, de mal s'alimenter, de boire du sang d'ennemis encore vivants, de fumer toute sorte de cochonneries, et d'oublier des jours durant de se laver.
Elle n'était pas dupe, son état se dégradait depuis quelques temps : elle dormait difficilement en proie à des cauchemars vivaces, elle avait perdu l'appétit, elle avait pourtant de fréquentes nausées, elle était irascible en permanence, crachait son venin pire qu'un dragon l'aurait fait avec un jet de feu ...
Elle rencontrait beaucoup trop d'ennemis pour que ce soit le fruit du hasard, les mauvaises nouvelles s'amoncelaient, provoquant des crises de paranoïa plus fréquentes et plus violentes, elle était même tombée au combat, et ses plaies, malgré tous les bons soins prodigués, refusaient de cicatriser. Son ventre se creusait, elle maigrissait et palissait de jour en jour, et elle était persuadée de pourrir de l'intérieur.
Imaginez qu'elle tombe en lambeaux comme Desideratum ...

Non. Non !

Les vivants, autant le dire clairement, ne pouvaient plus rien pour elle. Elle devait invoquer des forces beaucoup plus puissantes.
N'était-ce pas un sort de Torvar, qui de là où il était, dansait avec les dieux et voulait lui retirer son dernier souffle de vie ? Ou son cousin qui, pour la punir et accomplir ses menaces de mort, lui avait envoyé le mauvais œil ? Les cosaques avaient leur ... chat... chamane, disaient ils. Et si la force de ses envouteurs guérisseurs étaient aussi forts que celle de leurs guerriers, elle était mal barrée.
Y avait aussi Kheldar, qui pourrait chercher à lui nuire, ou bien Axelle pour justement s'assurer que les secrets restent bien enterrés,
Ou ... comme elle avait retrouvé Ober et Cobra, peut être était-ce Hilde, ou une autre femme jalouse, qui voulait la voir crever,
Ou ... n'importe quel ennemi qu'elle avait défié ... et là ils étaient trop nombreux pour les citer,
Mais la pire des hypothèses qu'elle pouvait envisager était celle liée à P'tiote. Ce bébé kidnappé qu'elle n'avait pas su protéger, qu'elle avait laissé se faire massacrer par la Blanche Kel.

Bref, autant dire que chercher celui ou celle qui lui avait envoyé le mauvais œil, était comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Toutefois, il fallait qu'elle trouve comment inverser la donne, comment renvoyer le mal à son expéditeur, et surtout quoi faire pour ne pas mourir à petits feux.

Elle avait donc sagement attendu la nuit, se bourrant d'opium toute la journée, de cognac et de whiskey, cherchant à interrompre le flot de ses pensées angoissées et angoissantes.
Parce que, le matin même, après avoir prié Déos une bonne partie de la nuit, elle avait vu arriver Merance aux abords de la taverne, elle avait compris que c'était un signe. Que Déos lui avait envoyé LA sorcière pour l'aider à se débarrasser de tout ça. LA solution était là ! Devant elle ! Elle allait pouvoir l'aider à se débarrasser de tout ça, et bien que Maryah n'ai pas franchement confiance en elle ou n'importe quelle sorcière, elle se rappelait que le Clan des Azzurro avait foi en ses dons.

Elle s'était assurée qu'Arael soit occupé pour ne pas être suivie, et avait vérifié consciencieusement que les amis du CO étaient attablés autour d'un bon tonnelet de cognac. Elle avait pris la tangente, boitillant le plus silencieusement qu'elle le pouvait, emportant avec elle ses dagues, et le poulet encore vivant à qui elle avait ficelé le bec et les ailes. Mais elle savait d'avance que ses dagues étaient de bien piètres armes contre une sorcière.

Il lui sembla qu'elle avait marché depuis des heures quand elle arriva enfin à la croisée de l'arbre et de la rivière. Comme indiquée, elle vira à droite, et compta les deux cents pas requis. Alors, droit devant elle, elle reconnut la flamme dansante d'une bougie. Elle en était sûre à présent, c'était là.
Elle s'avança, nerveuse, se tournant parfois de part et d'autre, sentant comme des regards posés sur elle, mais sans jamais en trouver la source.
Elle dépassa quelques étranges cailloux, et se souvint des visions de Percy qui voyait en chaque nuage, en chaque rocher, une forme d'animal ... le plus souvent féérique. La pensée de son fils la réconforta, et elle franchit les derniers mètres qui la séparaient du seuil de la porte de la chaumière.

Elle posa au sol, la besace de cuir contenant le baume du matin, peut être empoisonné, et le poulet qui avait cessé de gigoter. Elle déposa la béquille, ne voulant pas paraître trop faible, vérifia la présence de chaque dague sur ses lacets de cuir cachés sous la peau d'ours qui lui servait de mantel, et frappa rapidement 7 coups secs à la porte ...



Merance ... C'est Maryah ...
Ouvrez-moi ...


" ou le chasseur me tuera", aurait-elle pu ajouter si elle avait été d'humeur marrante. Mais elle ne l'était pas. Un fond de peur, devant cette inconnue, un sentiment proche de la panique avec une once de désespoir sur fond de résignation, et cette pauvre voix qui lui répétait :
" Une sorcière ? Rien que ça... Mais tu es complètement folle, ma pauvre fille ! "
Oui folle, et peut être possédée ...

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Merance
"L’homme qui prépare les onguents et les médecines a pour nom apothicaire.
Lorsque c’est une femme qui exerce cette activité, on l’appelle sorcière. […]
Les hommes aiment bien tuer une femme de temps en temps.”



- *Un monde sans fin
Ken Follett -




[- Anjou - Automne 1464 -]




    La Maudite avait quitté Narbonne à la fin de l'été parce que c'était ainsi que les choses devaient se faire. Sans un regard en arrière, juste une lettre pour la Pâle à qui elle garderait toujours une place dans son cœur, Mérance s'en était allée loin, très loin. Si dans un premier temps, l'idée de retrouver son frère et sa sœur lui avait traversé l'esprit, après quelques discussions de comptoir, elle avait vite changé d'avis. Au bout de quelques recherches on lui avait répondu que Loghan n'avait pas été vu depuis des mois et qu'Aellune semblait avoir elle aussi disparue de la circulation. La famille de Sabran n'avait jamais été reconnue pour faire de ses petits monstres une progéniture soudée. Bien au contraire… Chacun d'entre eux avait la capacité innée de pouvoir détruire ou bouffer les autres alors pourquoi s'échiner à vouloir les retrouver ?

    Forte de cette conviction, Mérance avait donc continué son chemin pour atterrir en Anjou. Pas la meilleure terre qui soit, pas la pire non plus. En fait cela lui convenait finalement parce qu'ici, on ne viendrait pas lui dicter sa conduite. Et elle s'était donc installée la sorcière, aux abords du bois, dans une petite chaumière abandonnée qu'elle s'était appropriée. Cela la connaissait la donzelle de prendre racine entre des murs qui n'appartenaient plus à personne et qu'elle faisait revivre au gré de ses humeurs et de ses envies.

    Pour l'heure, ce n'était encore qu'une bicoque qui la protégeait du froid. L'âtre fonctionnait déjà à plein régime et doucement, elle avait suspendu des plantes et quelques racines afin de les faire sécher avant l'hiver. D'autres mixtures prenaient forme dans un vieux chaudron posé sur les flammes du foyer tandis que quelques fioles trônaient sur l'étagère. Bien cachée au fond d'un coffret de bois qu'elle avait pris soin de mettre à l'abri des regards sous les lattes du plancher, une fiole contenant de l'arsenic. Celui que l'on nommait « poison des rois et roi des poisons » n'attendait qu'une grande occasion pour servir. Et au mieux, Mérance se le gardait pour en finir avec cette vie si on venait à vouloir la faire brûler sur un bûcher. Son esprit se souvenait encore du supplice de la Morrighan quand l'inquisition avait mis le feu au bois sur lequel Moïra était attachée… elle s'en souvenait comme si c'était hier et ses nuits se révélaient bien moins belles que ses journées et bien plus agitées depuis.

    Mérance vaquait donc à ses occupations. Pour l'heure, elle préparait à manger pour Cueille-souris et Pangur Bán. Ses deux chats semblaient affamés, sans doute parce que les petits rongeurs avaient déserté les alentours à l'arrivée des deux acolytes, ne voulant pas finir entre leurs griffes donc la Maudite devait compenser leur incapacité à se nourrir seul… Pire que des enfants dont il fallait s'occuper, elle qui avait toujours refusé d'en porter un seul afin de ne pas être liée à vie à un encombrant fardeau, elle se retrouvait à jouer les nourrices avec deux chats. Et les miaulements redoublèrent d'intensité entre les planches de la baraque.


    - Oh ça va tous les deux, à vous entendre on pourrait croire que je ne vous nourris jamais !

    La main longue et fine de la jeune femme attrapa deux gamelles quand deux coups furent donnés à la porte. Mérance posa la marmite qu'elle tenait sur la table, s'essuya les mains puis alla ouvrir. Et là devant elle, se présentait Maryah.
    Une fraction de seconde, le temps suspendit sa course et les souvenirs se bousculèrent à la mémoire de la sorcière. Si elle avait accepté d'aider la bridée ce n'était pas pour ses beaux yeux tout à fait charmant au demeurant mais parce qu'une partie d'elle lui rappelait le clan Azzurro.

    Souvenances fugaces certes mais bien présentes dans l'esprit de la rousse. Quelques sourires avec Midia, un cœur froid qu'elle dissimulait devant les sentiments de la travestie, des cris, des colères, des rires parfois et une Maryah qui avait mis son grain de sel jusqu'à la traiter de menteuse quant au fait qu'elle était ce qu'elle était pour finir par un claquement de porte… et quelques jours plus tard un départ.
    La susceptibilité de Mérance avait encore frappé mais Maryah avait surtout eu le mérite de la faire réfléchir à ce qu'elle était en train de faire de sa vie. Là où la bridée se trompait c'était sur sa capacité à être sorcière mais il y avait bel et bien tromperie dans l'histoire et cela avait à voir avec le fait qu'elle n'aimait pas celle qui l'aimait. Midia méritait de donner son cœur de femme à une autre, Mérance voulait rester ce qu'elle avait toujours été c'est-à-dire rien pour personne.

    Se déplaçant sur le côté, la sorcière ouvrit la porte afin de laisser entrer cette étrangère en sa demeure. Puis en refermant doucement derrière elle, la voix de la jeune femme se fit entendre doucement.


    - Je ne pensais pas que tu aurais les tripes de venir jusqu'ici en pleine nuit… à croire que tu es vraiment dans la mouise pour me faire confiance !


    *Entre mon enfant entre ou bien le croque-mitaine t'attrapera et te dévorera… à moins que cela ne soit que moi !*

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Maryah
Docilement, Maryah entra, en boitillant et en serrant sa besace contre son ventre. Elle entendit la porte grincer et se refermer derrière elle. Elle y était . Dans la gueule du Loup. De la Louve. Mais bon ... un peu plus, un peu moins. Au point où elle en était, ce n'était plus vraiment important, et la Sorcière avait déjà tout compris puisqu'elle avait rajouté :

- Je ne pensais pas que tu aurais les tripes de venir jusqu'ici en pleine nuit… à croire que tu es vraiment dans la mouise pour me faire confiance !

Et elle ne pensait pas si bien dire ! A moins que justement ce soit son "don" qui lui permette de savoir. Afin de pacifier cette rencontre, Maryah sortit de la besace le poulet demandé, le baume que lui avait remis Nicolas et dont elle demanderait s'il était empoisonné ou pas, puis elle sortit un torchon qui tenait au chaud une fouace angevine, un bocal de soupe de poisson, du crémet d'Anjou et une flasque de liqueur de prunes.

Merance avait dit que les riches payaient pour les pauvres, mais qu'elle voulait un repas chaud. Maryah ne comptait pas faillir à sa parole. Elle pourrait même lui en offrir un plus chaud à l'auberge des Vrais Saigneurs.
Maintenant que tout ça était posé, elle allait pouvoir commencer.

Elle se posa dans un petit coin, observant le cadre, les chats, prenant l'ambiance de la bicoque, là sous les étoiles et en pleine nuit, au milieu de nulle ... sans personne pour surveiller ses arrières.
Bref. Elle y était. On disait toujours que ce qui coûtait le plus c'était le premier pas. Elle l'avait fait. Alors autant assumer et se jeter à l'eau ...


J'ai pris une lame tourangelle dans la cuisse, et une belle bosse derrière la tête. Ma jambe ne guérit pas, au contraire, elle pourrit.
Tout ce que j'entreprends tourne mal.
Merance ... j'crois qu'on m'a lancé un mauvais sort ...


Bon sang, réussir à sortir tout ça sans être foudroyée par le ridicule, relevait déjà en quelque sorte du miracle. Son regard se releva vers Merance et la détailla sans jugement. Chevelure flamboyante et épaisse, regard profond et transparent, peau de lait ... elle avait de jolis traits.
Et l'espace d'un instant, elle se demanda ce qui poussait une femme telle qu'elle à s'enfoncer dans la forêt, dans une chaumière bien mal isolée, pour faire ce qu'elle faisait. Ses doigts graciles et ses lèvres ourlées, à la couleur légèrement nacrée, ne la prédestinaient pas vraiment à ce cadre de vie.
Une apparence si fragile pour une femme si forte, ça devait cacher bien des choses. Et la curiosité maryesque s'emballait.
Elle prit une grande inspiration avant de pouvoir décrocher du regard fascinant de Merance.


Tu peux faire ça ... avec le poulet ? Savoir si j'suis envoûtée ? ensorcelée ? ou même ... maudite par les Dieux ?

La fin de la question se termina dans un soupir. Dire ses mots à haute et intelligible voix, ne risquait-il pas d'attirer justement les foudres qu'elle tentait d'éviter ?
Elle s'était souvent posée la question, puisque quoi qu'elle tente de reconstruire, cela échouait. C'était bien la preuve que ça ne venait pas d'elle, mais de plus haut. Esclave, galérienne, élevée à la cour des miracles, sanguinaire, bourreau, prisonnière, peine de mort ... Les choses étaient allées de mal en pis. Plus elle tentait de devenir bonne, pire c'était. Bien pour ça qu'elle optait finalement pour le milieu de l'ombre, des guerres, qu'elles soient angevines ou réformées. Là où son cœur trouvait à battre un peu pour des idéaux de Liberté et d'Egalité.
Et déjà l'interrogation précédente déclenchait la suivante :


Si on m'a j'té le mauvais sort ... tu pourras savoir qui ?

Vaste programme.
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Merance
    La porte se referma doucement sous les doigts de la sorcière et cette dernière prit le temps de se retourner pour observer Maryah qui déjà, déballait ses vivres. Un sourire presque enfantin vint à flotter sur les lèvres de la rousse avant de saisir le poulet demandé. Ses yeux pétillants étaient déjà sur la brune, à l'étudier de la tête aux pieds.

    - Ta générosité t'honore Maryah même si tu n'étais pas obligée de me fournir un si copieux repas. Nous le partagerons si tu le veux bien, ça te donnera l'occasion de me tenir compagnie sans me regarder de travers…

    L'allusion aux regards de la bridée surpris à plusieurs reprises en taverne depuis qu'elles s'étaient retrouvées n'était pas voilée. Mérance disait les choses comme elles venaient et n'avait certainement pas à cacher quoi que ce soit à la boiteuse. Mais déjà, elle écoutait les doléances émises par cette dernière tout en posant le poulet sur la table puis attrapant du sel sur le rebord de la cheminée, elle traça un cercle sur le sol en terre tout en récitant une litanie étrangère qu'elle connaissait par cœur. Se stoppant, elle frotta ses mains l'une contre l'autre avant de poser son regard aux vagues céladon parsemés de paillettes de miel sur l'énigmatique étrangère.

    Tout chez Mérance était dans l'inspection. Chaque respiration l'aidait à se focaliser sur la demande de Maryah, chaque battement de paupière la renvoyait vers un détail de sa silhouette, chaque martèlement de cœur résonnait comme un appel à la vérité. La Maudite passa le bout de sa langue sur ses lèvres pour les humecter avant de reprendre la parole.


    - As-tu été soignée correctement au moins ? As-tu vu quelqu'un de compétent ?

    Mais elle n'attendit pas vraiment la réponse parce que ça ne l'intéressait pas vraiment, parce que Maryah avait déjà glissé sur le terrain qui l'intéressait réellement. Sa blessure n'était qu'un prétexte pour approcher la sorcière afin de connaître l'étendu des dégâts mais Mérance aurait-elle envie d'aider cette femme qui encore, l'été dernier, la rembarrait comme une malpropre, doutant de ses capacités et de ses dons ?
    La sorcière avait la rancune tenace et bien qu'elle eut envie d'aider la jeune femme, ce souvenir ne voulait pas quitter son esprit. Inspirant alors profondément afin de calmer cette envie de vengeance mal venue par le biais d'une prophétie quelconque, l'élégante main blanche de la jeune femme en profita pour se saisir du poulet qui, bien qu'il soit mort depuis quelques temps n'avait pas été vidé ce qui était, dans ce cas, le plus important. Et sans répondre à Maryah, entrant dans le cercle, la sorcière se mit accroupi avant se d'attraper le couteau qu'elle avait à la ceinture et d'éventrer la pauvre bête pour en répandre les entrailles sur le sol. Et là, la rousse se mit à marmonner quelques mots, psalmodiant quelques incantations, jetant ses doigts écartés sur le dessin que représentait les viscères sans les toucher, inspirant profondément avant de se crisper et de rejeter sa tête en arrière dans un râle.

    Se redressant, Mérance cracha au sol avant de prendre le tout et de le jeter dans le feu en récitant à nouveau quelques paroles lui permettant de quitter la bulle qui l'avait tenue à l'écart de Maryah durant de longues minutes. Sans mot dire, elle se dirigea vers le seau remplit d'une eau fraîche et se lava les mains avant de venir se poster devant celle qui, elle le savait désormais, se cachait derrière de belles paroles depuis qu'elles s'étaient retrouvées à Angers.


    - Maudite par les dieux certainement pas, ils ne s'intéressent pas à ta petite personne. Tu n'es pas grand-chose dans l'infini du monde et ce que tu fais leur importe peu. Par contre, tu as froissé bien des vies sur ton chemin et je t'assure que bien de mauvais sentiments tournent autour de toi. Mais comment peux-tu continuer à te regarder dans un miroir sans y voir cette hideuse vérité ?

    Arquant un sourcil de circonstance, interrogeant muettement cette étrangère qui avait depuis quelques jours usé de paroles sympathiques et de tons doucereux pour atteindre la sorcière, cette dernière n'était pas vraiment étonnée de cette image que la bridée essayait de renvoyer. Après tout, c'était commun aux hommes que de vouloir se faire passer pour ce qu'il n'était pas !

    Se détournant de Maryah, la Maudite prit deux bols qu'elle posa sur la table puis, tout en gestes aériens, elle mit à chauffer la soupe dans le chaudron de la cheminée avant d'inviter la brune à s'installer à table.


    - Il y a énormément d'ombres autour de toi mais aussi en toi. Cela ne va pas être facile de t'aider… Je tiens à te prévenir que la souffrance sera au rendez-vous…

    Puis comme mue par un besoin nécessaire, Mérance se leva pour fureter sur l'étagère dans le fond de la pièce afin d'en sortir deux fioles aux couleurs sombres dont elle mélangea quelques gouttes de chacune dans un calice dans lequel elle rajouta un peu de vin. Puis elle posa la coupe devant Maryah.

    - Bois ça, c'est un breuvage qui va assainir ton corps.

    Mais déjà, la sorcière prenait un bol pour le remplir de soupe tout en marmonnant, sans se retourner.

    - Ne t'en fais pas, je ne vais pas t'empoisonner. Je ne saurais pas quoi faire de ton cadavre et tu deviendrais vite encombrante.



    *Aie confiance, Crois en moi que cela te plaise ou pas.... *

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Maryah
Et ça ne lui plaisait pas. Clairement pas !

Son regard charbonneux observait chaque geste de la sorcière, comme si elle pouvait d'un instant à l'autre se transformer en démon. Ou faire apparaître un dragon dans l'antre. Ou la désintégrer sur place. Ou ... allez savoir de quoi ce genre de sorcière était capable !
Le cercle de sel, les incantations, les mots étranges ... une autre dimension qu'elle n'avait guère envie de rejoindre. Mais le décès de Torvar et le meurtre de P'tiote, la faisaient se sentir si mal, qu'il fallait qu'elle trouve un exutoire, faute d'en crever.

La Sorcière l'avait remercié, mais Maryah sentait que cette femme avait une dose de rage en elle assez comparable à celle que la bridée pouvait ressentir. Douce et brutale à la fois, elle se doutait que cette soirée ne serait pas un moment de plaisir. Tout se ferait dans la force, dans la souffrance, et Merance s'arrangerait certainement pour que ce soit un peu plus douloureux. Maryah avait remarqué depuis des années comme les gens aimaient tenir une position de force, et pour l'affirmer ils n'hésitaient jamais à faire mal ... encore un peu plus mal ... toujours plus mal. Comme si le fait d'être sadique pouvait les rendre plus puissants.
Or, comme le disait le vieil adage, mieux valait une fin qui faisait souffrir qu'une souffrance sans fin. Elle avait tergiversé avant de venir, néanmoins, à présent qu'elle était là avec cette plaie qui pourrissait, elle avait bien l'intention d'y rester ; et ce, même si la Sorcière devait en rajouter, ou se faire un peu plus plaisir en dispensant un peu plus de mal.


Oui j'ai été soignée correctement ... à plusieurs reprises ... nettoyée et recousue ... à trois reprises ...

Le vidage du poulet ne la choqua guère. Déjà parce que toutes les femmes de l'époque, à l'exception des nobliautes, pratiquaient régulièrement ce geste pour préparer à manger, et d'autre part, parce que cet acte lui rappelait les sacrifices commis à la Horde Sanguinaire. Les souvenirs affluaient, et eux, ils étaient bien pires que tous les poisons auxquels elle aurait à faire face.
Résignée mais vigilante pour autant, Maryah ne baissait pas sa garde, et ne put s'empêcher de plisser les yeux quand elle vit faire Merance, marmonner on n'savait quoi -mais qui avait l'air terriblement effrayant-, en observant les taches de sang et de viscères à présent éparpiller dans l'antre de la rousse.
Elle n'avait pas manqué d'observer le raidissement soudain, et avait hésité à intervenir en voyant la cascade rousse projetée vers l'arrière, et un sombre hululement sortir de la bouche de la pythie.
Un frisson la parcourut et elle resserra en vain la cape sur ses épaules.


- Maudite par les dieux certainement pas, ils ne s'intéressent pas à ta petite personne. Tu n'es pas grand-chose dans l'infini du monde et ce que tu fais leur importe peu. Par contre, tu as froissé bien des vies sur ton chemin et je t'assure que bien de mauvais sentiments tournent autour de toi. Mais comment peux-tu continuer à te regarder dans un miroir sans y voir cette hideuse vérité ?
Hideuse Vérité. Maryah esquissa un sourire. La Rousse allait elle s'amuser à lui porter coup pour coup ? Elle était certaine qu'elle avait eu plaisir à lui rappeler qu'elle n'était rien, et certainement tout autant à raviver la flamme de ses cauchemars passés. Annoncer à Maryah qu'elle n'avait pas fait de bonnes choses, franchement ... il n'y avait pas besoin d'être devineresse. Mais l'exotique était relativement en paix pour cette pensée ; elle savait depuis des années qu'on ne pouvait donner à ce royaume que ce qu'on en avait reçu. Et vu qu'elle était arrivée par galère, ligotée comme un saucisson, et vendue sur le marché de Provence des esclaves, il y avait fort à parier qu'elle n'allait pas faire des miracles et répandre la bonne parole en France. Champ de souffrances semées, récolte de souffrances grandissantes. Logique. Anarkia, comme le hurlait toujours le Fol.
- Je n'ai pas de miroir. Enfin ... le sommeil est mon miroir. Et comment je fais ? Hé bien c'est simple je ne dors pas ... peu. La journée. En pleine lumière. On n'a pas tous le destin d'une Princesse. On fait c'qu'on peut, avec c'qu'on a.

Le temps de sortir de ses songes, car une étrange atmosphère s'installait, et un mal de tête aussi, que Merance se retrouvait en train de réchauffer la soupe. Manger ? Avec ce poids sur l'estomac, et cette épée de Damoclès au dessus de sa tête ? Elle en serait bien incapable.
Alors quand la pie-grièche lui présentant le breuvage, elle y vit une digne porte de sortie, avant de penser à l'empoisonnement. Sans qu'elle n'ai rien besoin de dire, Merance tenta de la rassurer. Il fallait toujours rassurer sa proie ...
Toutefois, la Bridée se mit en devoir de mesurer le pire. Finalement, si elle devait mourir icy et maintenant, ce n'était pas si grave que ça. Au contraire, ce serait même libérateur. Et puis, elle serait morte comme elle était née ; par un acte démoniaque. La Mort ne pouvait guère être pire que la vie ; elle n'en faisait pas un souci. Elle serait fière de mourir en Anjou, contrée indépendantiste, ne courbant le dos ni devant la Royauté ni devant la Papauté. Son fils allait retrouver son père, et l'argent de Torvar lui permettrait d'atteindre ses rêves ; Della aussi. Et puis on disait toujours un tas de choses gentilles sur les gens quand ils étaient mort. Et puis ... elle pourrrait retrouver P'tiote ...
Alors, elle répondit platement :


Je n'ai pas peur de mourir,
Si c'est mon heure, ainsi soit-il !


Et d'un trait, elle but le contenu du calice, priant tout de même pour ne pas mourir dans d'atroces souffrances. Et pensant à ceux qu'elle avait perdu, elle demanda innocemment :

- Toutes ces ombres que tu vois autour de moi, ce sont mes mauvais actes passés ? ... ou cela pourrait-il être l'ombre d'être décédés qui ne m'ont pas encore tout à fait quitter ?

Elle ne put s'empêcher de penser que dans les derniers jours, Torvar semblait être accompagné, ou croyait être accompagné, d'une présence invisible ...
Si les vivants ne lui faisaient pas peur,
Concernant les revenants,
C'était bien différent !

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Merance
    Quelques cuillerées avaient atteint leur but glissant la soupe dans le gosier de la sorcière. Il n'y avait rien de mieux qu'un peu de chaleur pour continuer à papoter. Et du coin de l'œil, sans en avoir l'air, Mérance observait l'étrangère qui avait fini par lever le coude afin de s'enfiler son breuvage. Un léger sourire naquit sur les douces lèvres de la maudite qui se félicitait d'avoir atteint son but.

    Elle savait pour avoir observée Maryah à plusieurs reprises que mieux valait en avoir là où il fallait pour être à ses côtés sinon cette dernière vous laminait. La première fois qu'elle l'avait rencontrée, durant l'été qui venait de s'écouler, elle en avait fait les frais mais pas cette fois, pas maintenant, pas encore. Maryah avait poussé Mérance dans de lointains retranchements. Aujourd'hui, la sorcière avait mis de côté ses tendres sentiments que trop rarement elle montrait. Nulle compassion ni bonté, Mérance avait revêtit ce masque de froideur et d'indifférence que la plupart des gens connaissaient. Après tout, c'était là le reflet de sa vie façonnée par les pires individus que la terre ait eu à porter… Et si l'attitude de la Maudite dérangeait, tant pis, aucune réclamation, aucun remboursement sur la suite des événements…

    Redressant la tête, la sorcière finit par poser son regard incisif sur son invitée et de lui répondre froidement.


    - Tu ne mourras pas, du moins pas chez moi. Je ne tiens pas à maudire mon propre refuge… Si tu veux crever, fais-le avec honneur et ailleurs !

    Puis elle sourit de façon presque ironique.

    - Je t'assure que tu ne voudrais pas m'avoir comme ennemie Maryah… vivante ou morte, m'avoir sur le dos revient à affronter les 7 plaies d'Egypte…

    Ça c'était dit. Mérance et sa douceur, Mérance et sa gentillesse, Mérance et son sens de la communication… toute une histoire. Elle n'avait que peu de fois eut l'occasion d'offrir à quiconque un visage serein… ses propres tourments l'enfermaient dans un cercle infernal dont elle ne sortirait jamais… Plus personne ne pouvait plus rien pour elle, elle le savait depuis qu'elle était revenue à la vie, acceptant ce cadeau qu'on lui avait fait comme la croix qu'elle devait porter jusqu'à épuisement.

    Se levant d'un bond, la rousse prit son bol afin de le glisser dans un seau remplit d'eau avant de s'essuyer les mains. Se mettant sur la pointe des pieds, elle attrapa une branche suspendue à l'envers au-dessus de la cheminée, l'inspecta puis la glissa dans les flammes afin qu'elle répande son odeur dans la maisonnée de fortune. Ce n'était pas grand-chose mais cela aiderait à l'Etrangère à se détendre malgré elle mais surtout, éloigner les âmes trop sombres que Mérance ne pourrait pas affronter.

    Tout en s'approchant de Maryah. Elle posa une main sur son front, paume ouverte collée sur la peau à la limite de la racine des cheveux noirs, les yeux fermés pour mieux distinguer les ombres danser autour de la jeune femme.


    - Tes actes passés n'ont aucune importance pour le moment. On doit tous vivre avec nos actes manqués, nos décisions prises et nos choix malencontreux. Tu n'échappes à la règle, moi non plus. C'est ainsi et tu le sais au fond de toi. Par contre…

    La respiration de la sorcière se fit profonde, les bras tendus, les yeux fixés désormais sur Maryah afin de sonder son âme, fouiller ses pensées cachées, débusquer ce qu'elle lui cachait.

    - Il y a des choses que tu n'as pas réglées avec les morts et ça te tient ici.

    La main avait quitté le haut du front de Maryah pour se poser sur la poitrine de cette dernière, à l'emplacement du cœur. La sorcière se pencha vers l'oreille de l’Étrangère pour lui murmurer quelques mots.

    - Ecoute ton cœur, écoute ses battements tel le rythme d'un tambour, il te parle… écoute sa complainte… va puiser au fond de toi afin de te frayer un chemin, de voir qui veut te parler… un homme se presse aux portes de ton passé Maryah… un homme que tu appelles sans cesse même en silence… il a besoin que tu le libères mais pour ça, il te faut accepter… accepter ce qu'il s'est passé…

    La main de Mérance se retira de la poitrine de la bridée mais en revanche, elle lui prit les mains afin de l'aider à se lever pour l’entraîner avec elle dans le cercle qu'elle avait tracé plus tôt sur le sol. Prenant les devant, la rousse s'installa à même la terre invitant la brune à la suivre. De toute manière, il était désormais trop tard pour reculer…



    *Petit oiseau sans défense, les portes s'ouvrent, vas-tu oser me suivre dans ce voyage et affronter les vérités ou bien vas-tu reculer jusqu'à en crever ?*

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Maryah
Si tu m'entends
Sache que rien n'a changé
Même avec le temps
Je garde la folie que tu sais
Oui c'est pour les autres
Que je fais semblant d'être bien sans toi
Oui c'est pour ces autres
Que je fais comme si t'existais pas ...


Le Cosaque avait existé. Et il n'existait plus. Mais elle n'en parlait pas. Jamais.

Breuvage ou non, son mal de tête s'était transformé en sensation de flottement. Tout lui semblait moins réel, et la main de la sorcière posée sur son front la ramena dans la petite cahute. Quand elle descendit sur son cœur, en parlant de " l'Homme", elle n'avait eu aucun doute. Son meilleur ennemi. Celui qu'elle avait aimé autant qu'elle l'avait détesté. Celui qu'elle avait aimé férocement, différemment. Celui qui avait offert un avenir à son fils. Celui qui l'avait guéri de la phobie des hommes et de leur vice. A quel homme pouvait-on confier qu’on avait été forcé de bien des manières ? A un homme libre … profondément libre. A un déraciné. A un loup des steppes, que le vent glacé n’atteignait jamais. Il l’avait faite femme, elle l’avait fait père. Pour être plus juste, il l’avait refaite femme, elle l’avait refait père. Un nouveau cycle.

Il était mort, comme il avait vécu, loin de tout, d’apparence si distant. Mais en dedans … . Il y avait cette horrible question qui tournait inlassablement dans la tête de Maryah : l’avait-elle poussé à l’inacceptable ? Torvar s’était-il laissé mourir en croyant qu’elle portait l’enfant d’un autre ? L’avait-elle poussé dans ses derniers retranchements ?
En une question : l’avait-elle tué ?
Une simple escorte au départ, un amant, un ami, un amour. Les meilleurs ennemis du monde voilà ce qu’ils étaient. Amorce de sourires et de bombes, et du mal qu’ils se donnaient. Lui contre elle, elle contre lui. Le mariage du ciel et de l’ombre. Et ils avaient bien failli se marier. Il lui avait demandé une fois de l’épouser, mais elle avait perdu l’usage de ses jambes, et il avait fait marche arrière. Où était-il pendant tout ce temps ? Les premiers doutes s’étaient immiscées vers une fin certaine. Plus tard, il y avait eu les retrouvailles, Percy et Cecy, le voyage avec Della … Comment tout avait si mal tourné ? L’usurpation d’identité de la soi-disant petite fille avait filé un coup à Torvar, et Maryah n’avait rien trouvé à y faire. Elle avait déjà mis Percy à l’abri de la froideur glaciale du cosaque en plaçant son fils chez un vassal de Della. Ça non plus, Torvar ne l’avait jamais digéré. C’était peut-être à ce moment-là qu’il avait abandonné ? définitivement abandonné ….

Drobomir avait-il raison en disant que c’était elle qui l’avait poussé dans la tombe ? C’était pourtant elle que Torvar était venu trouver après ses blessures et la Bourgogne. Et même si aujourd’hui, elle savait qu’il avait fréquenté Eliance, c’est chez elle qu’il avait atterri. A Sarlat. Dans sa bicoque. Avec ses blessures. Mais il était là. Las, les traits tirés, le teint grisâtre presque transparent, les cheveux en bataille, une longue et nouvelle cicatrice sur le visage, un œil voilé, le corps amaigri …. Mais elle n'avait pas voulu en tenir compte, pour ne pas paraître faible devant lui. L'ours des steppes n'en aurait fait qu'une bouchée. Et, centrée sur Ptiote, l'instinct maternel aux aguets, pressentant la menace arriver, elle lui avait mal répondu. Elle lui avait dit qu’elle lui offrait le p’tit déjeuner et qu’il faudrait partir. Qu’elle avait mieux à faire. Sa fierté lui avait intimé de le tenir à distance.
Pourtant, elle avait rêvé à ce moment-là de le serrer dans ses bras, de le soigner, de le remettre sur pied, de l’embrasser, d’abuser de lui, de rallumer la flamme en lui, de forcer l’étincelle entre eux. Mais au lieu de ça, rongée par sa peur du rejet & de l’abandon, aveuglée par son besoin de protection, elle s’était faite passer pour la pire des chiennes, prétextant une aventure lors du voyage passé, et lui avait balancé au visage qu’il n’était pas le père. Comme s’il n’en était plus capable. Comme s’ils ne s’étaient pas désiré mille fois. Comme s’ils ne s’étaient pas consumés mille et une fois. Comme s’il n’était pas ce père modèle qu’il était pourtant pour Percy.

Bon sang qu’elle regrettait … elle l’avait tellement aimé qu’elle l’aimait encore, bien que leur amour passionné n’ait longtemps ressemblé qu’à une lutte de pouvoir, où chacun cherchait à conquérir l’autre. Elle l’avait aimé tellement fort, qu’apprendre qu’il avait fricotté avec Eliance, l’avait désarçonnée à jamais. Ne pourrait-elle jamais en aimer un autre ? Tant de secrets, tant de blessures, qui faisaient partie de ce qu’elle était aujourd’hui. Une brève amante, une fausse aimante. Incapable de tomber amoureuse, de croire aux sentiments, aux vrais. Elle avait tour à tour écouté deux hommes lui dire au creux de l’oreille qu’ils l’aimaient … et puis quoi ?... Ils n’avaient pas fait pour elle ce que Torvar avait fait. Et puis quoi ? Tôt ou tard ils la trahiraient comme Torvar l’avait fait. Ce poison ne cessait de se déverser en elle. Le fantôme du cosaque était là, dans son sang, dans sa peau, dans son cœur. Aucun homme ne pouvait s’opposer. On ne tuait pas les morts.


- … de voir qui veut te parler… un homme se presse aux portes de ton passé Maryah… un homme que tu appelles sans cesse même en silence… il a besoin que tu le libères mais pour ça, il te faut accepter… accepter ce qu'il s'est passé…

- Je … je sais pas comment faire Merance … je … je l’aimais … et … et il m’a menti … il m’a trahi … il lui a fait les mêmes cadeaux qu’à moi … il est allé la trouver avant moi … il l’a même peut être mise enceinte … il …

Se raisonner, elle devait se raisonner, tenter d’expliquer à la sorcière qui déjà la trainait dans le mystérieux cercle. Maryah s’était accrochée à elle de toutes ses forces. Sa rage et la violence de son Amour n’avaient de cesse de s’exprimer dans ses griffes enfoncées, refoulant l’eau salée qu’on n’voyait jamais dans son regard. Sa colère n’avait d’égal que sa tristesse de l’avoir perdu, et sa culpabilité de lui avoir porté le coup de grâce.

Je l’ai tant aimé Merance … tant aimé … que mon cœur est pétri des parfums de sa vie … Il m’a toujours repoussé …
Il avait dans le regard un reste d’étendard, l’ombre d’un corbillard … et je n’ai rien voulu savoir … Je l’ai fait partir …
Moi je l’ai adoré … à notre fils, il a tout donné … et puis il est venu mourir chez moi …
Je l’ai tué … je crois …



Je gâche tout ce que je touche Merance …
Fait quelque chose … arrête-moi …



Et elle tomba à genoux, cachant de ses mains les larmes qui se mirent à couler, tandis que la plaie à sa cuisse se remettait à saigner sous l'impact au sol.
Pleurer ... elle ne le faisait plus depuis bien longtemps. La Sorcière était vraiment une sorcière !

Et s'il était là ...

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