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[RP] J’irai au bout de mes rêves … Aquatrip !

Benjen

      Je vous invite, à un petit aquatrip ...


      Oui, enfin ! C'était le moment ! L'instant ! La quille ! Le truc ! Tout ce que tu veux, tant que ça te fait plaisir ! Le clan du KGB* était en mer, direction Alexandrie. Ses plages de sable fin, ses précipices bons à vous coller des amnésies, ses tenues exotiquement affriolantes, ses dattes, ses danseuses du ventre, ses petits géraniums et on en passe !

      Ne demandez pas au Barbu si l’embarquement et tout c'est bien passé, il en a chié ! La faute à une soirée trop arrosée … Ouais, la Blonde avait eu la bonne idée de préparer ses affaires à elle et de tout fourrer dans leur charrette sans même lui laisser une place. Résultat des courses, il s'était retrouvé obligé de courir à droite, à gauche, pour gratter une petite place dans les charrettes familiales. Alors quand il a fallu décharger lesdites charrettes pour embarquer leurs contenus sur le rafiot, ça avait été rock'n'roll de savoir ce qu'il avait mis dans quelles charrettes ! Résultat des courses, il s'était retrouvé avec une malle de fringues à Talya et une autre du bric à brac de couturière de Carrie !

      Mais après moult péripéties, ils avaient enfin désamarré pour rejoindre l'océan ! Et comment vous dire, ce fut presque jouissif pour le Barbu … C'est qu'il attendait ça avec impatience depuis des plombes, et la nostalgie l'avait étreint aussi … Oui, il n'y pensait pas souvent, mais il revoyait son père donner ses ordres sur son navire, houspillant lui et sa sœur de rester en plein milieu du chemin. Et d'avantage Benjen qu'il répétait tout ce qu'il disait en se prenant lui aussi pour le capitaine !

      Ahhhh, c'était le bon temps ! Mais bien vite, il s'était empressé de chasser ses souvenirs que la Blonde beuglait déjà des ordres en poussant parfois des « Hiiiiii ! » hystériques dont elle seule avait le secret !



        -Tout l’monde sur le pont ! Border les voiles d’avant ! Allez plus vite que ça ! Sur le pont ! J’veux du mouvement ! Du mouvement ! J’veux voiiiir duuu mouvemennnt ! Toute voile dehors !**


      Dans un sens, elle avait raison. Il n'allait pas se mettre en branle tout seul ce gros bateaux ! Mais comment vous dire … Il sentait que la traversée allait être longue ! Surtout qu'il lui fallut quelques heures avant de retrouver le pied marin, et d'arrêter de manquer de se vautrer à cause de la houle !


      *Famille Novgorod & Co
      ** Pirates des Caraïbes 2


    _________________
    Carensa.
    Ohhhhh mon bateauuuuuuuuu ohhhhhhh ohhhhhhhhhhh ohhhhhhhhhh


    C'est le sourire aux lèvres que la rousse était arrivée pour monter sur "the boat" "very verrrrry verrrrrrrrrrry big boat" !.

    Elle n'avait pris que quelques malles, un petit rien du tout que son cher et tendre amour de sa vie - comment ça elle en fait trop ? oueh carrément mais bon on l'excuse ! elle est enceinte - à elle, avait bien voulu, enfin avait du..tirer jusqu'au port. Après ça il avait fallu aménager la cabine réservée au couple, avec en prime un petit couffin au cas où, bein oui quand vous partez pour un tel voyage avec un ventre de 8 mois et demi, mieux vaut prévenir que de se retrouver à avoir à faire de la menuiserie en plein océan.

    Bref tout se passait bien, Niki braillait, comme d'habitude, Benjen soufflait comme d'habitude, Talya pleurait..comme d'habitude..Nikolai grognait..comme d'hab aussi, Sasha courait partout comme..d'habitude et Verra buvait craignant de ne pouvoir le faire plus tard à cause du mal de mer, mais en fait c'était comme d'habitude.

    La rousse s'installa sur le pont dans un fauteuil exprès pour elle, trop la classe et en bon chef des travaux finis, zieutait que tout se déroule pour le mieux; Bein oui elle est enceinte donc elle ne fait rien, vous ne comptiez pas la voir se taper le boulot alors qu'il y a tant de monde dans le bateau quand même !

    Tout ça pour dire que la plaisance, y'a pas à dire, c'est le pied surtout quand ce sont les autres qui bossent.

    - Quelqu'un pourrait me préparer un petit jus de carotte

    Elle sourit, amusée.

    - C'est pour mon teint et pour le bébé !


    _________________
    Nikita.novgorod
      Avant l'embarquement !

      - Mais non, j'ai presque rien emporté... t'es vraiment d'mauvaise foi hein, pas d'ma faute d'abord, fallait pas m'laisser m'démerder... pis faut que j'pense à tout ! Tu m'énerveuhhhh... j'referai pas l'chargement é-pi-cé-tout !


    Elle a tourné les talons, abandonnant son Barbu, comme deux ronds de flanc, devant la charrette pleine à craquer de malles en tout genre... il ne peut pas comprendre, c'est un homme, mais un voyage pareil, ça se prépare et elle a fait un effort, elle n'a pris que le strict minimum. Mais non, faut qu'il râle...

    Après bien des vicissitudes, ils avaient enfin quitté la ville, son ambiance nauséabonde, ses crieurs aux messages orduriers, ses faux-culs et autres frustrés puants... en bref, adieu Bordeaux ! Bonjour l'océan...


      Après l'embarquement !

      -Tout l’moOonde sur le poOont ! BoOordez les voiles d’avant ! Allez plus vite que ça ! Sur le pont ! J’veux voOoiiIIr duuu mouvemennnt ! Toute voile dehors !


    Un tantinet hystérique, un brin autoritaire mais clairement excitée, la Blondeur s'agite comme une poule sans tête... sa douce voix résonne de toute part, invective ses compagnons qui, sans doute, commence à sentir le coup fumant. Bah ouais, une croisière, gratos, avec la Vénale ? Non mais sans déconner, ils y ont cru !
    Évidemment, elle est très heureuse de partager cette expérience, avec sa famille, mais au-delà du plaisir, c'est la nécessité qui l'anime... Elle l'a eu son énoOormeuhhhhh rafiot, sauf qu'il n'avance pas tout seul, et qu'un tel voyage, ça se mérite namého.


      - Talya, arrête de chialer, tu survivras... Restes pas dans mes pattes Sasha, grimpes à la vigie tiens, ça t'occupera... Niko' tu... heu non rien... Crours à bâbord ! Amour de moi... t'éloignes pas...


    C'est intense ouais. Mais le bâtiment se déplace enfin et, bientôt, ils rejoignent le large... les vents sont favorables, ils vont bon train, aussi la Platinette va s'occuper du mess, et c'est en remontant sur le pont qu'elle entend l’ineptie rouquinesque... Gné ? Elle a vu Tristote la pondeuse!

      - Dis donc la Grosse, t'es pas handicapée, t'es enceinte... alors ta carotte, tu vas t'la presser toi-même namého...


    Tendue la Slave ? Meuh nannn... si peu.
    _________________
    Benjen

          La première semaine en mer s'était globalement bien passée. Les premières intrigues du voyage s'étaient déjà mises en place, et tous se demandaient qui pouvait bien être à l'origine de l'incroyable diminution du stock de chouquettes ! Le Barbu penchait pour Talya, tout le monde savait son goût prononcé pour les pâtisseries et autres sucreries !

          Mis à part ça, lors de ses rares passages au Mess, il avait échangé avec son confrère Barbu au sujet des sirènes … Ce dernier n'était pas au fait des légendes qui courent à leurs sujets. Et le Barbu s'était empressé de le mettre en garde contre leurs chants sublimes qui vous entrainait un homme par le fond, pour ne plus jamais qu'il en revienne. Mais c'est de là que vient une question hautement existentielle … « Comment on trousse une sirène ? » Interrogation qui se conclue par un : « De toute façon, ça doit être bien visqueux, et les écailles, ça rappe ! », aucun des deux n'avait envie de tenter l'expérience pour finir le chibre en sang.

          Sa Blonde avait aussi décidé qu'il serait capitaine intérimaire deux matins par semaines. Il ne s'en était pas plaint le Barbu, quelle joie de manoeuvrer cet imposant navire ! Et puis, elle méritait bien de se reposer un peu, c'était intense la navigation ! Et les nuits étaient courtes … Et intenses aussi, mais ce ne sont pas vos oignons.

          Bref ! Ca commençait plutôt pas mal !

          Next week on this topic, the aquatrip … Benjen vs les mouettes.*



          *cf : Annonce du prochaine épisode de walking dead

      _________________
      Verrazzano
      [Péripéties verranesques - La chasse aux sirènes]

      - Elles aiment p't'être pas l'poisson...

      Même si à la première réflexion on se dit que les écailles râpeuses d'une créature marine ne vont pas de paire avec l'attribut masculin, le Gouape quant à lui n'avait pas complètement renoncé à satisfaire sa curiosité à propos des pratiques copulatrices de ces êtres fantasques. Après tout, si les sirènes parviennent effectivement comme on le raconte à entraîner les plus vaillants marins dans les profondes abysses de leur demeure sans qu'aucun en échappe vivant, c'est qu'elles doivent être un sacré coup, non ? Et si en plus elles savent chanter, c'est que du bonheur en plus ! Tout ça pour dire qu'en fin de compte, ça vaut bien le risque d'une petite noyade de rien du tout.

      C'est donc ainsi qu'à une heure tardive ou les pénibles directives d'une blondasse hystérique se sont tût pour laisser place à la tranquillité des vagues, que Verrazzano eut la brillante idée de passer une partie de la nuit à se chercher une amante des mers. Bah oui, elle l'a bien cherché l'autre en l'obligeant à porter tout son bagage, à croire qu'il y avait une collection de roches à travers tout ce bordel...

      Coup de tête à droite et à gauche. Bien, personne dans les parages ou du moins, c'est ce qu'il croit. Mais à quoi bon essayer d'être discret quand la lueur d'une lanterne posée sur le bastingage vous éclaire une trogne de coupable comme un phare dans une noirceur presque absolue ? D'une nouvelle tentative, le pêcheur nocturne envoie sa ligne improvisée avec un morceau de poiscaille plus très frais à son bout dans l'espoir de faire mouche cette-fois. Mais contrairement à l'idée qu'il s'en faisait, il n'est pas aussi simple d'attirer une sirène que ça l'est pour une catin.

      Les minutes qui s'écoulent se font longues et l'homme de main doit se rendre à l'évidence que leur offrir du poisson est peut être aussi attrayant que de se mettre au cannibalisme.


      - 'faites chier... V'lez p't'être que j'me mette à chanter hein !? Salop'ries !


      Et comme un éclair de génie, il se remémore que l'autre barbu a en effet mentionné qu'elles étaient du genre à chanter ou un truc comme ça.

      - Ahem !

      Raclement de gorge le temps de jeter à nouveau un coup d’œil aux alentours histoire de s'épargner la honte d'être vu en train de chanter la seule chanson qu'il connaît comme sa poche.

      « Dans notre ville est venu.
      Un fameux joueur de luth.
      Il a mis sur sa boutique,
      Pour attirer la pratique :
      A l’auberge de l’écu,
      On apprend à jouer de l’épinette,
      A l’auberge de l’écu,
      On apprend à jouer du...

      Trou la la, trou la laaaaaaa... »


      Malheureusement, ses talents de mélomane et les menaces qui s'en suivirent sur le coup de la frustration comme quoi ce « foutu rafiot pourrie » serait coulé à coups de hache n'eurent aucun effet.
      _________________
      Natalya.
      On ne va pas se mentir, ce voyage tombe très mal pour Natalya, dont l'esprit tourmenté est occupé à un tout autre problème. En fait, ce n'est pas tant le voyage qui tombe mal, puisqu'il est prévu depuis belle lurette et qu'elle s'est échinée à préparer des centaines de miches de pain pour l'occasion. Non, ce qui dérange la jeune Novgorod, c'est l'absence de l'objet le plus précieux qu'elle possède et qu'elle sait être entre les mains d'un fieffé voleur qu'elle espère bien retrouver. Partagée entre son esprit vengeur et l'esprit de famille, c'est le second qui l'avait emporté. Pour autant, elle ne parvient pas ravaler sa rancoeur et à se faire de bonne compagnie. Contrairement à Niki et Carrie, c'est une seule malle qui accompagne notre blonde, objet qu'elle a sculpté de ses mains lors de son énième insomnie de la veille du départ. Elle n'a pas décroché un mot du voyage, offrant des sourires lorsque nécessaire, aidant là où il fallait aider, une vraie fille modèle, docile alors que la caboche envisage déjà mille plans infernaux pour récupérer son bien.

      Le premier pas sur le bateau assène un second choc à l'ingénue. La dernière fois qu'elle avait mis un pied à bord d'un navire, elle était presque fiancée, presque mariée, presque heureuse. Elle avait des projets plein la tête, des étoiles plein les yeux et un sourire d'une oreille à l'autre alors qu'elle courait de proue en poupe. Mais où était passée cette Talya candide et joyeuse ? Envolée soit avec le brun, soit avec son médaillon. Peut-être un peu avec chacun. Une larme coule sur sa joue sans qu'elle ne s'en rende compte, bien entendu la famille met ça sur le compte de son hyperémotivité habituelle et ça l'arrange bien. Cette larme est pourtant bien plus profonde que ses petits larmoiements chroniques. Cette croix, elle s'y était attachée comme on s'accroche parfois à un objet banal, y mettant tous ses souvenirs, de l'odeur de sa mère aux paroles de son père, du coton de ses draps à la blancheur immaculée des pleines hivernales de son pays. Outre sa valeur matérielle importante, ce sont toutes ces réminiscences qu'Ansoald a chapardé dans ce larcin. Elle ne possédait déjà plus grand chose, adieu Amour, adieu Amante, adieu Mémoire à présent. Elle ravale son chagrin et replace son masque de Talya, la rondouillette qui rit de tous et de toutes. Ronde, elle l'est davantage depuis que ces emmerdes s'abattent sur sa tête. Une irrépressible envie de manger s'empare d'elle à chaque fois qu'elle rumine. Quand elle n'est pas en train de faire ses corvées, la blonde reste dans sa cabine, autant vous dire qu'elle a du temps devant elle pour ressasser ses pensées néfastes... et donc de se gaver. Elle avait même mis la main sur le stock de chouquettes. En même temps, elle n'avait pas eu trop de mal à le trouver et s'était même faite la remarque que si ces délicieuses pâtisseries n'étaient pas pour elle, ils avaient qu'à mieux les cacher. En un rien de temps elle leur avait fait leur affaire, pour le plus grand désespoir de ses robes qui se faisaient plus étroites de jour en jour.

      Chaque nouvelle journée, elle essaie d'apporter son aide, se remémorant des gestes à avoir pour assister la tyrannique capitaine de bateau qu'est sa cousine blondesque. C'est que Nikita a l'air de s'éclater comme une folle, ELLE. Quant à Natalya, la situation la fait doucement sourire et elle se laisse gentiment gronder sans rétorquer, consciente qu'elle traîne des pieds, qu'elle est plus rêveuse, plus distraite que d'ordinaire. Parfois elle se surprend à regarder l'horizon pendant de nombreuses minutes sans pensée logique ou concrète. Juste ce vide qui la creuse à mesure que son corps gonfle. A la fin du voyage, il faudra peut-être songer à la sortir avec les tonneaux !

      _________________
      Benjen

          Une journée plutôt banale se profilait de nouveau à l'horizon … Et oui, malheureusement, la routine s'installe vite en mer, et ce, même si vous voyagez en compagnie d'être tous aussi tordus les uns que les autres à leurs manières.
          Le Barbu dégustait quelques chouquettes sur le gaillard avant, oui, n'allez pas penser que c'est lui le coupable ! Il en profite juste un peu tant qu'il y en a … Ses ambres glissaient sur l'onde, tandis qu'il piochait dans son petit sac posé sur le bastingage. De temps en temps, il observait la côte encore visible à bâbord songeant qu'il s'y arrêterait peut-être au retour pour découvrir ces contrées et y faire, pourquoi pas, un brin de commerce …

          Il fut tiré de ses réflexions par le cri strident d'une mouette. Tournant la trogne à tribord, il émit un grognement en regardant l'oiseau posé sur la rambarde …



            -Casse-toi stupide volatile !


          Il agita vaguement la main dans sa direction, sans qu'elle ne daigne esquisser le moindre geste, si ce n'est pour pencher sa tête emplumée en l'observant de son regard vide … Grognant à nouveau, le Barbu retourna à ses pensées, piochant une nouvelle friandise qu'il dégusta tranquillement … La tranquillité fut de courte durée qu'un nouveau cri strident se fit entendre. Le Ronchon se tourna alors qu'il allait s'enfiler une autre chouquette, et découvrit qu'un deuxième volatile s'était posé près de l'autre. Il agita la main tenant la sucrerie dans l'espoir de les faire fuir …


            -Bouuh ! Du balais ! Raaaah !


          Mais rien a faire, si ce n'est que les oiseaux semblaient suivre la chouquette du regard, bougeant leurs têtes au rythme de ses mouvements … Dépité, le Barbu regarda la chouquette, les oiseaux, la chouquette, avant de pousser un soupir …


            -Fais chier …


          Se tournant à nouveau vers l'océan, il balança son quatre heure derrière lui sur le pont, s'attendant à être débarrassé des deux gêneurs. Ben voyons … Croyez-le ou non, il n'avait pas fini de se retourner qu'une véritable cacophonique se fit entendre. Surpris, il esquissa un demi-tour d'un bon, frappant par la même occasion son petit sac qui déversa son contenu sur le pont à ses pieds … Et le Barbu écarquilla les yeux devant le spectacle d'une bonne quinzaine de mouettes en train de se disputer l'unique chouquette … Les volatiles s'arrêtèrent en voyant le trésor au sol, fixant successivement l'humain, puis les chouquettes … Le Barbu en fit de même, sauf qu'il regardait les mouettes lui ! Un mince filet de sueur froide lui coula le long de l'échine, alors qu'elles s'élancèrent dans sa direction, sautillant et voletant …


            -P'tain ! ALEEEEEERTE ! On nous attaqueeeee ! Sus aux mouettes !


          Beugla-t-il, alors qu'il entrait dans la mêlée plumée en donnant de la botte dans toutes les directions pour tenter de traverser les lignes ennemies ! Chose faite, il chercha une arme autour de lui, et son regard se posa sur un balais ! Ni une, ni deux, il attrapa le manche, et retourna en direction des mouettes pour entamer une partie de golf ! Splendide -ridicule- spectacle d'un homme se démenant en grognant au milieu d'un nuage de plumes ...

        _________________
        Natalya.

            Journal de Talya a écrit:
            Jour X [Depuis quand sommes-nous partis enfoiré ?]

            J'ai pas le courage de fouiller dans mon bordel, pour retrouver ma dernière lettre que je compte bien t'adresser si seulement je savais où tu logeais. Du coup, j'ai perdu la notion du temps, des dates et tout ce bleu me donne l'impression que jamais je ne te retrouverais.

            Je garde encore de l'espoir, le royaume n'est pas si grand pour qui sait ce qu'il cherche. Et c'est toi que je cherche, foutu Ansoald ! Je te reprendrai ce que tu m'as volé et te ferai goûter au tourment dans lequel tu m'as plongée. Je te HAIS. Mais ce n'est pas encore assez fort. Je laisse le temps faire son oeuvre, me laisser mijoter le dégoût pour ta personne, j'essaie de me remémorer tes traits, ils m'échappent déjà, mais je me suis faite quelques esquisses. Tu peux courir, voler, rire, baiser, je te trouverai. T'es peut-être discret mais Déa l'est moins que toi, si je la trouve, je TE trouve. Je me vengerai, je me vengerai...

            Je sens que la folie me guette, je reste braquée sur cette croix que tu m'as dérobée alors que je devrais abandonner, tout lâcher et continuer ma vie. Mais je m'accroche et je sens bien qu'à cause de toi je change, qu'à cause de toi, je me perds...


            Elle abandonne son écrit chaotique là, la faim tenaillant Natalya à mesure que sa haine la ronge de l'intérieur. C'est parti de presque rien et cette étincelle a créé un petit feu, alimenté par les idées sombres, jusqu'à attiser un grand brasier emportant tout sur son passage. C'est malsain, c'est sournois, ça la brûle de l'intérieur, Talya découvre les affres de la rancœur et ça lui donne les crocs.

            [Milieu de la nuit - sur le bateau]

            En ce moment, le Barbu est d'assez bonne humeur. Il faut dire qu'il vit désormais dans un climat beaucoup moins tendu qu'en Guyenne. L'esprit plus à la détente qu'aux histoires politiques sans queue, ni tête. Non, il profite, ne ronchonne plus tant que ça et en prime, il passe beaucoup plus de temps avec son épouse. Il a tout pour être heureux en ce moment ! Aussi, après une journée des plus sportives, la faute à une sieste crapuleuse … Ben oui, il faut bien passer le temps ! La faim se fait sentir, nous sommes au beau milieu de la nuit, il fait nuit noire … Le Barbu se glisse hors de la couche, abandonnant le corps chaud de son épouse, et s'habille d'une paire de braies, histoire de ne pas se balader à poil ! Et hop, ni vu, ni connu, il quitte leur quartier …

            Remontant sur le pont, il accueille la brise fraiche d'un léger soupir, et se dirige plus loin en laissant glisser son regard sur l'océan qui les entoure. Un regard en direction du gaillard arrière, il y découvre la silhouette immobile de l'oncle qui scrute l'horizon. Il ne sait pas pourquoi, mais il se dépêche de parcourir la distance restante sur la pointe des pieds pour ne pas être vu ! Il n'a pourtant rien à cacher, mais ce dernier lui fout les pétoches, même quand il n'a rien à lui reprocher.

            Enfin dans la cale, il se meut lentement, sa paume glissant contre le bois, histoire de ne pas se viander. Il connait bien le navire désormais, mais n'est pas à l'abri d'un faux pas. Imaginez que Sacha laisse trainer son foutu hérisson ? Ben paf ! Une pelote d'aiguilles sous son pied nu ! Et sa main contre le bois n'y changera rien, quand on vous dit qu'il n'est pas à l'abri d'un faux pas !
            Bifurquant à droite, puis à gauche entre les caisses et tonneaux, il finit par trouver sa route jusqu'à la cache à chouquettes, laquelle a sensiblement diminué en une semaine … Doit y avoir des rats, c'est pas possible autrement … Sortant un petit sac de sa poche, il pioche dans le tonneau pour le remplir, et prend déjà le chemin du retour en s'enfilant une première chouquette. Quand il aperçoit une lueur se diriger vers lui au loin !



              -Merde !

            Il hausse un sourcil, « merde » de quoi ? Il a parfaitement le droit de se trouver où il veut sur ce navire, c'est tout de même celui de sa femme ! Confiant de cette affirmation, il fronce les sourcils, se rappelant soudain qu'il pourrait bien s'agir de l’exterminateur de chouquettes ! Peut-être qu'il allait enfin lui mettre la main dessus … Tâtonnant de sa main libre, il glisse sa silhouette a demi-nue dans le renfoncement qu'offre un entassement de caisses et patiente en s'enfilant silencieusement ses chouquettes ...

            Les pas de la jeune femme se font discrets. Elle est habituée à se faufiler pour rejoindre le garde-manger où se trouve le stock de chouquettes. La slave a encore fait sa sauvage ce soir, n'a pas montré signe de vie et a passé son temps libre à noircir des vélins de portraits de son voleur et de lettres insensées adressées à celui-ci. Le ventre grogne, Natalya presse le pas et se glisse difficilement - les kilos en trop, c'est le mal - parmi les approvisionnements. Une chandelle à la main, elle cherche désespérément les chouquettes quand une silhouette inattendue croise le faisceau de lumière. Aussitôt, le geste revient en arrière et la blonde écarquille les yeux de stupeur en découvrant Benjen avec SES chouquettes. Moue mécontente sur le visage et chuchotis pas très discrets balancés :



              -Bordel ! Tu m'as fait peur ! Mais qu'est-ce que tu fous là ?! Je faisais ma ronde des souris et je te trouve !


            La mauvaise foi est une affaire de famille, qu'il paraît.

            Ahah ! Il en aurait mit sa main à couper que c'était elle la décimatrice de chouquette ! Aussi, lorsque la lumière passe sur lui, il arbore son expression de ronchon, suspendant son geste -ouais une nouvelle chouquette- en la suivant de ses ambres … Effet réussi qu'il a réussi à la faire flipper ! Ronde des souris ? Mais bien sûr … Il est presque persuadé qu'elle se sauverait en courant si elle en croisait une !



              -J'ai besoin d'une raison pour me balader sur le bateau d'ma femme ? J'avais un p'ti creux. Et toi d'abord ? « Ronde des souris » hein ? J'suis sûr que tu t'enfuirais en courant si t'en voyait une ! Te fous pas d'moi … Qu'est-ce que tu fais là ?


            Il se retient d'ajouter « et pas d'entourloupe !

            Si la remarque de Benjen est logique, la blonde s’en moque royalement, complètement obnubilée par la chouquette qu’il garde en main. Si il commence à s’attaquer à son stock, elle allait être en manque avant d’arriver à Alexandrie et il n’était pas question de voir ce que ça allait donner comme conséquence sur son comportement. Mais trop fière pour avouer au barbu sa dépression avancée, elle espère bien continuer sur son affaire de souris.



              -Ben oui, comme tu le dis c’est le bateau de TA femme, pas le tien ! Puis me cherche pas des noises, on va être dans la mouise si les souris s’invitent. Je fais mon travail de matelot et rien d’autre. Quant à fuir devant elles, je ne suis pas comme N… comme d’autres filles !


            Ne pas tacler sa cousine devant son époux reste la solution la plus sensée, surtout qu’elle n’a aucune idée de si Nikita est pro ou anti-souris. Sage, elle se ravise donc et change de stratégie aussitôt, rapprochant la chandelle de Benjen pour mieux le voir.


              -Niki elle sait que tu viens grignoter la nuit ? A peine marié tu te laisses aller ? Tu me donnes quoi pour que je n’aille pas lui répéter ?


            Il hausse un sourcil le Barbu, se laisser aller !? Non mais elle a vu la vierge elle ! Ses ambres se baissent un instant sur son ventre dénudé, qui n'a rien du ventre d'un mari qui se laisse aller. Ouais, il a conservé sa silhouette athlétique après le mariage ! Il relève donc son regard de ronchon vers la Blonde ...


              -J'me laisse pas aller ! Tu peux bien lui dire ! J'fais rien d'mal !


            Elle a presque réussi à endormir sa vigilance, mais le Barbu s’enflamme de pragmatisme, et pose un regard intrigué sur sa cousine, ouais, puisqu'il est marié à une Novgorod !


              -Et puis t'fous pas d'moi ! Ronde des souris mon œil hein ! On n’a pas embarqué Kot* pour des prunes ! Qu'est-ce que tu fous « vraiment » là ?



            La diversion est un échec cuisant. Blonde s’impatiente, puisque pendant ce temps-là, elle ne peut pas repartir dans ses plans machiavéliques et dans sa dépression avancée. Benjen ? Lui changer les idées ? Elle est bien bonne celle-là. Non pas qu’elle n’aime pas le barbu, au contraire. Mais ils ne sont pas proches, ni confidents alors de là à le laisser entrer dans sa vie au moment le plus sombre, c’était inenvisageable ! Impossible donc d’avouer qu’elle ne va pas bien et qu’il lui faut ces putains de chouquettes. Un soupir s’échappe de la lippe charnue. Talya semble fatiguée, des cernes marquant ses yeux et le teint plus pâle que d’habitude, maladif. Les pensées semblent fuser à toute allure. Trouver une excuse est capitale et elle tente d’échapper au regard scrutateur de son vis-à-vis en éloignant un peu la chandelle.


              -Hum, j’avais faim. Je venais voir s’il y avait un petit truc à grignoter… Et me traite pas de vorace ou je sens que je vais réveiller tout le bateau, je ne suis pas d’humeur !

              -Tsssss ! T'es qu'un esto... HEY !


            Une idée lui vient. Très mature, adulte : Talya souffle sur la bougie. Un instant le silence, puis elle se penche pour attraper le sac de chouquettes à tâtons, l’arrachant à son propriétaire. S’en suivent grognements, exclamations. « Aïe » « Outch » « C’est ma jambe ! » « Bordel ! » Chouquettes ! » « Lâche ça ! ». Puis une silhouette parvient à s’extirper de là, pactole en main, repartant vers sa cabine. Mais qui ? Affaire à suivre ...

            *Chat de Niki'
            Ecrit à quatre mains JD Benjen et JD Natalya

          _________________






























































          Nikita.novgorod
            [Après le crime de l'Orient-Express... une soirée au Mess]


          La porte du Mess s'ouvre à la volée, la Blondeur déboule à fond de train... elle n'est pas échevelée, puisque même en pleine mer, elle garde la classe. Et ouais. Tirée à quatre épingles donc, elle assiège la salle commune en marmonnant dans sa langue, se sert un verre et s'installe près du hublot... le neurone turbine à plein régime quant à sa dernière découverte, celle-là même qui la rend un brin nerveuse. Un gros brin, d'accord !
          Alors qu'elle imagine toutes sortes de possibilités quant à la « disparition », son époux pointe le museau... la fleur au dents, sifflotant et tout sourire. En somme, il est bien luné et c'est assez rare pour le souligner


            - Han ! Dis-moi que c'est pas toi ?! Si c'est toi, ça va chier !


          Survoltée, elle lui saute sur le paletot, sans lui laisser le temps de dire « ouf »... le résultat est prévisible, il hausse un sourcil, regarde à gauche et à droite, saisit de surprise forcément

            - Hein ? De?Mais?De quoi?
            - C'est toi ou pas?
            - Moi quoi? Qu'est-ce qui s'passe ?
            - Il s'passe que Berthe a disparu ! Comment elle peut disparaître, sur un rafiot, alors qu'on n'a pas accosté!


          Elle se met à faire les cent pas, furibonde, avant de revenir vers son Barbu... et de le saisir par le col afin de le secouer comme un prunier.

            - Mais comment c'est possibleuhhhhhh?!
            - C'est queoûaaAaaaaAaAAAaaAaAAaa
            *il attrape les menottes féminines, les vire d'un grognement mais ne lâche pas les poignets* T'a fini oui ! C'est qui Berthe bordel!?


          Évidemment, la Capricieuse chouine, puisqu'il l'empêche de poursuivre les secousses qui, bizarrement, la détendaient.... De son côté, Benjy n'y comprend absolument rien. Pas faute d'avoir essayé de tout mémoriser pourtant.

            - Mais, c'est pas qui... c'est quoi
            - « Quoi » ? C'est quoi alors?
            - Mais le canon... le canon à tribord, le troisième en partant de la fin, près d'Angus
            *Elle le regarde* Tu vois ?


          Il l'observe un instant, d'une expression neutre qu'il carbure du neurone... Avant de hocher la tête lentement. Si vous pensez, à ce moment précis, qu'il ne voit absolument pas de quoi il retourne, ben vous avez raison!

            - Ouais... ouais, ouais... Et ben, qu'est-ce qu'il... Elle ! Elle a Berthe ?


          Elle roule des yeux et se débat pour qu'il lui libère les poignets... il la lâche en fronçant les sourcils

            - Elle a disparu ! P'tain, t'écoute rien!
            - Comment un canon pourrait disparaître ! T'as bu?


          Joignant le geste à la parole, il se penche afin de sentir son haleine et coupe la Platinette dans son élan... elle allait lui sauter au cou. Dommage, elle chiale à la place et, même, lui colle une taloche.

            - Mais nooooonnn... c'est justement c'que j'te demande!
            - Hey, j'y peux rien !
            *Il grogne à la calotte, bien entendu* Où tu veux qu'un foutu canon se fasse la belle, en pleine mer ?!
            - Non mais si, t'insinue que j'ai picolé... j'dois te rappeler qui mène ce rafiot ou bien ?
            *Elle frise l'hystérie, oui oui* Dans ton CULLLLLLLL !
            - Je te merde Charogne !
            *Il ronchonne* J'ai rien à voir la-dedans !
            - Hann, de l'agressivité en plus... alors, c'est moi qui te merde, Raclure !
            - A part tomber par-dessus bord et couler, j'vois pas où elle aurait pu aller ta grosse Berthe ! Et c'est toi qui m'agresse !
            - Et elle tombe comment...
            *Elle croise les bras et boudine pour la peine... avant de plisser les mirettes* Hannn, tu l'as poussée ? Sale Crevard !
            - Je sais pas moi !
            *Il fronce les sourcils que c'est encore pour sa poire, bien sûr!* C'est pas « tout le temps » de ma faute, quand il se passe un truc !
            - Mouais... mais tu sais qu'elle est tombée, coOomme par hasard !


          Le Barbu porte la main à sa trogne, étouffant un grognement, contre l'agaçante créature qu'est sa femme. Laquelle cale ses bras croisés sous sa poitrine, afin de (re)bouder .

            - C'est une hy-po-thèse !
            - Bien sûr... d'puis quand t'hypotètise toi d'abord ?
            - Depuis le 5 mai 1450... ça fait 15 ans jour pour jour d'ailleurs !


          Il se la joue sarcastique. La Slave le regarde, interdite un court instant... le temps que le neurone turbine, mais non, y'a 15 ans, elle était loiiiiiiin.

            - Bah, y'a eu quoi c'jour là ? T'as découvert que t'avais pas d'cerveau? *Elle ricane, toujours adorable quand elle est à cran... tandis qu'il enrage et, devinez, grogne!... elle a épousé un ours en vrai.*
            - Rien du tout espèce de blondasse ! J'ai pas de date !
            - Bah tu m'étonne
            *lui lance un regard narquois*
            - Tu m'étonnes de quoi ?! J'fais des hypothèses depuis que j'peux tenir une conversation ! T'as d'autres questions à la con ?
            - Ah, parce que... tu peux tenir une conversation ?
            *D'écarquiller les mirettes, histoire d'exagérer un peu le trait* Pour de vrai ?


          Elle est en forme, ouais. Lui, inspire, c'est officiel, elle a décidé de le faire chier!

            - T'es vraiment qu'une peste !
            - C'que tu peux être méchant keumême... même pas vrai, j'suis a-do-ra-ble !
            *De plisser les mirettes, un brin vexée, il faut bien le dire* C'est toi qui comprends rien d'abord.
            - Mais comprendre quoiii ?! A peine je rentre, tu m'agresses sans m'dire de quoi tu parles !
            - Oh mandieuuuuu, de Berthe, j'parle de Berthe depuis ton arrivée et t'as toujours pas percuté...


          La Punaise soupire, dépitée... et de s'écrouler sur la table, le front posé au bois, déprimique. Le pauvre Barbu crispe les mâchoires, de constater, qu'elle le prend encore pour un imbécile. Au bout du rouleau, sans doute.

            - J'avais compris ça ! J'parlais de tout à l'heure ! Raaaah ! Tu m'énerves !
            - NOOOOON Môssieu, c'est toi qui m'énerve !


          Elle a relevé le museau pour s'offusquer, boudant toujours, alors qu'il se lève pour piocher dans les bouteilles. Dos tourné, il réplique d'un grognement ordinaire, avant de revenir s'installer en claquant un litron devant la Chipie. Ronchon, il s'enfile une bonne rasade de la sienne sans rien ajouter. Elle saisit aussitôt la boutanche, la couve même... pas de sa faute, elle est émotive la pauvrette.

            - Quoi t'as dit ?
            - Rien !
            - Si, si... t'as baragouiné un truc, je sais, pis j'te connais, pis tu peux pas t'empêcher en plus... QUOUÂÂÂÂÂÂ t'as dit ?!!!
            - J'ai RIEN DIT BORDEL ! Et j'ai rien à voir avec la disparition de ton PUTAIN d'canon !


          Il a claqué la bouteille sur la table et s'est tourné vivement vers elle, colérique ouais, qu'il l'a mauvaise à force. Lui qu'est tout gentil et de bon poil depuis le départ, et elle, qui l'agresse ! Justement, la Punaise, elle ouvre la bouche et écarquille les mirettes, sidérée : la carpe asphyxiée fut ! Mais ça, c'est avant que la lippe ne tremblotte... et qu'elle se mette à chouiner. Maxi combo !

            - Pourquouaââââââââ tu beugleuhhhhh... 'spèce de sans cœur... tu m'aimeuhhhhh pluuus !!


          La Blondeur serait bipolaire que ça n'étonnerait personne... Le Barbu pousse un énième grognement agacé, elle va le faire tourner chèvre... Malgré tout, il passe un bras autour des épaules féminines et l'attire contre lui, un peu rudement, pour tenter de la cajoler, même si c'est une chieuse.

            - Parce que tu m'accuses alors que j'ai RIEN fait... Et vas pas tout mélanger hein, tu sais très bien que je t'aime !
            - Mhm... pour de vrai ?
            - Mais ouais...


          Elle s'est laissée attirer malgré la rudesse, parce que bon, c'est cool d'être cajolée keumême... maintenant, elle renifle bruyamment, au top de la classe et, même qu'elle s'essuie le museau sur le bras de son époux. Verra choisit ce moment pour pousser la porte du mess. Il reste dans l'embrasure, se demandant s'il ne devrait pas plutôt tourner les talons mais... trop tard ! A l'unisson, le couple tourne la tête. Lui, il fronce les sourcils après avoir roulé des yeux, voir louché sur son bras souillé. Elle, elle cesse de chouiner sitôt qu'elle aperçoit le mercenaire et de pointer un index accusateur dans sa direction

            - Touâââââââ !
            - Toi ! Tu sais quelque chose?!
            - Gné ?
            - J'suis sûre que c'est toi...
            - 'tain, c'est quoi c'bordel ?
            - Ouais, il a une tête de coupable !
            - Bah, justement, j'te l'demande !


          L'accusatrice se lève, pose les poings sur ses hanches et tapote du pied... en mode mégère ouais, alors qu'une fois encore, semblable à l'autre Barbu, celui-là ne pige rien à ce qu'on lui reproche. Benjy passe volontiers le relais « démerdes toi, cousin », tandis que la Blondeur lève la main dont les doigts sont repliés, sauf l'index.

            - Primo... *le scrute... oubliées les pleurnicheries. Qui a dit versatile ?* D'puis quand tu t'prends pour un lycan ? Non parce que, je sais que c'est toi hein...
            - C'quoi un foutu lycan ?
            *Il plisse les yeux pendant qu'elle hausse un sourcil, blasée*
            - ça sent la figure de proue ça, Papy ! Oh putain... un loup garou c'te blague...


          Verrazzano s'avance, en tout innocence, pour rejoindre le comptoir. La Slave le jauge, cherche un indice quelconque, alors qu'elle sait très bien que ça n'existe pas... mais faut pas chercher, elle est à fond dans sa connerie d'façon

            - Tss. J'ai une tête d'loup p't'être ?


          Benjy opine. Niki' esquisse un sourire

            - Bah... T'as les poils
            - Poses pas d'questions dont t'aimeras pas les réponses
            *Et d'étirer davantage les lèvres, découvrant sa dentine, avant de lever le majeur pour qu'il accompagne l'index* Deuxio... Qu'est-ce que t'as fait à Berthes ?!


          Pendant que le Gouape se demande dans quel merdier, il s'est encore fourré, l'époux se rince le gosier, pas mécontent du changement d'accusé

            - J'suis sensé savoir d'qui tu causes ?
            - Pas de qui mais QUOI !


          Elle roule des yeux, pensant qu'elle est entourée d'ignares en vrai... Benjy étire un sourire qu'il a eu droit à la même... alors que Verra' se tourne désespérément vers lui, genre « Tu peux faire la traduction ? » . En vain, bien évidemment.

            - Berthe donc... le canon qui s'trouvait à tribord, troisième en partant de la fin, juste à coté d'Angus, et qui a disparu... Avoues que c'est toi qui l'a poussée ! *Parce qu'elle adhère finalement à l'idée benjenesque que le pauvre canon s'est noyé*
            - Ah, l'canon...
            - Oh mandieuuuuu, c'est toi !


          Benjy regarde son comparse, étirant un sourire de compassion qu'on pourrait traduire par « Démerdes-toi, j'ai déjà eu mon tour ! ». La Blondeur plisse les mirettes, prête à mettre la misère au chéri rouquinesque

            - J'aurai du m'en douter...
            - Si tu y tiens, va falloir mettre l'prix. Héhé.
            - POURQUOUA ?
            *Elle se fixe soudainement, sourcil haussé* Gné ?


          La suite est à venir^^
          Avec l'accord des différents intervenants, à savoir :
          Nikita
          Benjen
          Verrazzano


          Edit : Mise en page

          _________________
          Nikita.novgorod
            [Soirée au Mess... suite]


          L'épouse beugle, le mari grimace qu'elle vient de lui briser un tympan et la Rousse « Môman » pointe la truffe à cet instant précis... La Platinette tourne la tête et lui sourit

            - Bah c't'évident, j'aime l'argent !
            - Bonsoiiiiiirrrrrr
            - Salut Carrie
            *reporte l'attention au kidnappeur/assassin de Berthe* Mais t'en feras quoi de l'argent, quand tu t'videras de ton sang à la proue du rafiot ?
            - Comment ça va ?
            *Elle tire une chaise et va s'installer, le privilège de la grossesse lui évite les bancs inconfortables*
            - 'Soir... ça va mal !


          Dans son délire, la Blondeur imagine déjà le Gouape, accroché à l'avant du bateau, à se prendre les vagues dans la tronche toussa, toussa... elle pointe Verra' de son index accusateur, encore.

            - Berthe a disparu et c'est lui !
            - Berthe ? C'est qui ça ?
            - Oui, tu sais, l'canon à tribord, troisième en partant d'la fin, juste à coté d'Angus
            *Benjy hoche de la tête afin de confirmer les dires de la Blonde*
            - Hum.
            - Mais tu l'as pas le canon ! Qu'est-ce que tu vas lui raconter comme connerie toi
            *La Punaise se tourne d'un coup d'un seul vers Carrie qui ronchonne*
            - Mais j'ai jamais dit que j'l'avais c'te machin !
            - Mandieuuuuu... pas toi ? Tu m'as pas fait ça ?
            *Elle s'écroule sur son Barbu et, devinez quoi, elle chiale.*
            - Non mais qu'est-ce que tu veux que j'en foute de ton vieux truc... à la limite pour le faire fondre. *La Capitaine sanglote, mais ouais, carrément* non, c'est le pote de TON mari ! Pas de ma faute si il a des sales connaissances


          Ledit mari enlace sa femme en fronçant les sourcils, laquelle redresse le museau... les pleurnicheries disparues, bien entendu, que ça risque de ronfler sévère.

            - Tss. Fallait pas l'dire !
            - Moi ?! J'ai que des bonnes connaissances !
            - Un pote ? Quel pote ?
            - L'autre là, qu'est sur le bateau... bein, on n'est pas cinquante non plus
            *C'est au tour de Verra de ronchonner, encore une opportunité de chantage ratée... tandis que la Slave compte vite fait et s'illumine* je ne sais même pas son nom
            - L'blond
            - Crours ?
            *Elle zieute l'Escroc*
            - Oui, Croute, Crotte j'en sais rien
            - Ah parce qu'il est blond ?
            - Bah, j'en sais rien moi... il est brun ?
            *Niki' n'avait jamais remarqué... à cause de la peau d'ours ou la crasse, elle n'est pas bien sûre*
            - J'sais pas.
            - Il a mis un foulard là. LABRUNE .
            - Oui, pour faire pirate...
            *Elle écarquille les mirettes, Verra soupire, Carrie se marre* Heu... pourquoi tu beugles ?
            - J'sais pas. J'avais envie. Les hormones p'têtre
            - La vache, ça fout les jetons.
            - Et puis « mon » pote, se marre bien avec le gouda aussi là!
            - Bon, démerdes-toi pour l'trouver c'canon!


          Le réveil de Benjy qui désigne Verrazzano, pendant que son épouse décide qu'elle ne veut pas d'enfant, parce que « c'est trop bizarre » et que l'engrossée plisse le nez, ce qui au passage, lui donne un petit air de porcelet

            - Le gouda ?
            - Gouda... Goupal... J'sais plus!
            - C'est Gouape ! Bordel...
            - Mhm... Gouda...
            *Elle zieute donc le fromage pendant que Benjy roule des yeux*
            - Oh ça va ! C'est pareil !
            - Nan c'est pas pareil
            - Gouda, ça fait grosse meule
            *De glousser bêtement*
            - Oueh... il a une grosse meule *Elle regarde son mari, les yeux brillants de lubricité... carrément ouais*
            - Mouais, tu diras plus qu'c'est pareil quand j't'aurai balancé à la flotte...
            - Faudrait t'payer pour que tu bouges ta carcasse ! Je m'inquiète pas !
            - Il bouge très bien sa carcasse quand il veut hein
            - Mouais, surtout contre une femme. Héhé... Heu...


          La Platinette scrute le Gouape mais rien à faire, elle peine à imaginer une meule quelque part... la rondeur sans doute. Benjen hausse un sourcil aux propos alors que Verra observe sa rousse un instant, avant de changer de sujet rapidement.

            - L'canon ! Il est ici hein !
            - J'sais pas ce que t'as fumé ! Mais j'ai pas l'air d'une donzelle !
            - Bein, avec les seins que t'as, on pourrait se poser la question... nan, il est dans la chambre de Croutch
            - Là ! Dans... raaaah et puis merde!


          Évidemment, Benjy hausse un sourcil et se scrute le torse attentivement... la Pondeuse regarde son homme, genre « mais pourquoi tu t'énerves mon choupinet ? » avant que l'autre Barbu ne relève aussitôt la tête

            - Rah ! On va lui défoncer sa porte et récupérer la grosse Berthe !
            - ARRETEUHHHHHH l'est pas grosse... c'est elle la Grosse !
            Elle désigne Carrie, forcément. Laquelle la regarde justement
            - Oueh mais moi je suis grosse parce que je suis enceinte... pas comme toi
            - Je sais, je sais... faudra quand même penser à consulter, parce que t'as la vue qui baisse
            *Elle lui sourit, son époux aussi mais clairement narquois*
            - Non, ma vue va bien et j'ai vu que tu avais pris du cul... c'est à force d'être assise à regarder les autres bosser ça *Elle sourit, l'air de rien*
            - Heu... tu serais pas un peu perverse keumême ?
            - Perverse ?
            - il est parfait son cul !
            - Ah ben oui, il est parfait, t'as de quoi t'accrocher !


          Inquiète pour Berthe, la Platinette a perdu le fil. Verra profite de l'accalmie pour se servir un verre et Benjy se proclame expert en fessiers... tout est normal en somme.

            - On parle de quoi là?
            - De ton cul mon Amour.
            *Il lui sourit, généreux de lui filer un coup de pouce, des fois elle a du mal...*
            - Ah... c'est un sujet enivrant, j'comprends mais bon, c'est gênant
            - C'est elle qui dit n'importe quoi ! Faut bien rétablir la vérité !


          Carrie se penche afin de piquer le verre de son époux... étant donné qu'il est trop radin pour lui en offrir un. De son coté, la Slave ne s'offusque pas du sujet de conversation, puisqu'elle se voit parfaitement parfaite. Mais de revenir aux fondamentaux keumême!

            - Mais sinon, pour Berthe alors ?
            - Je sais pas, il veut nettoyer le trou... j'ai rien compris à ce qu'il disait
            *Niki' écarquille les mirettes en l'écoutant* Mais pourquoi t'as donné des noms de femmes au canon toi ? Et c'est moi qui suis perverse hein *De lever les yeux au ciel*
            - Nettoyer l'trou... mais heu... t'es sûre ?*Benjy hausse un sourcil, l'esprit toujours bien tourné « oh le pervers ! »* et non, y'a Angus aussi... C'est pas une fille ça
            - Ben oui...
            *Elle regarde Verra* C'est bien ce qu'il a dit nan ?
            - J'sais pas, p't'être qu'la soif m'fait perdre la mémoire !
            - P'tain, il veut vraiment la noyer !! Elle tirera beaucoup moins bien après
            *Le Gouape ronchonne d'avoir perdu son verre* T'inquiète Papy, quand tu seras ficelé à la proue, tu boiras autant qu'tu voudras !
            - Bein, reprends-toi un verre !
            - Mouais, j'te laisse volontiers la poupe, t'as la croupe faite pour. Héhé.
            - Bah, d'façon, on met pas d'figure de poupe.
            - Ah bon?


          Trop centrée sur son affaire de disparition, elle secoue la tête, à mille lieues d'avoir compris la vacherie Verrazzanesque... contrairement à son homme qui fronce les sourcils en regardant l'autre barbu, ayant parfaitement bien percuté lui.

            - Et ! Parle bien d'la croupe de ma femme! *Ladite femme hausse un sourcil, perplexe*
            - Heu... autant Carrie, ça m'gêne pas trop, c'est ma mère... autant l'Gouda, ça devient un tantinet malsain keumême *Elle se dit qu'elle est cernée par les pervers, l'horreur!*
            - Bein c'est ton Père !
            - Gné ?!
            - Bein oui!
            - Ah non hein!


          La Punaise scrute Verra, interdite... elle fronce le museau, en profonde réflexion... puis d'éclater de rire, parce que c'est trop drôle. Ou pas d'ailleurs!

            - Si, je suis ta mère adoptive ! Forcément comme c'est mon mari... il est ton père adoptif
            - N'insulte pas ma Mère steuplait
            - Tu es son « pèrrrrrrrrre »
            - Nannnnnnnn... Faudrait que j'lui fasse les pires misères toussa, il s'en remettrait pas!
            - Bon euh... j'veux bien faire la figure d'proue.
            *Benjy ronchonne dans sa barbe et s'enquille une gorgée, à même la bouteille qui traînait devant lui* J'ai été heureux d'te connaître, mais j'peux pas être son père hein !
            - J'pensais pas qu'ce jour arriverait... mais si. J'suis d'accord avec Papy
            - Vla le beau-père...
            - 'tain... tu m'f'ras signe sur la pose qu'tu veux que j'prenne pour la proue...


          La Blondeur n'en revient, d'accord avec le Gouape, et d'écluser pour se rincer la bouche de l'avoir dit... avant de l'observer un moment, l'imaginant dans des positions improbables et de sourire à pleines dents. La Rousse les regarde et se met soudainement à chouiner aussi, bein oueh, elle essaie de faire une vraie famille, et personne ne comprend. Alors qu'elle renifle, les autres poursuivent d'indifférence

            - J'te ferai des croquis... tu choisiras. J'suis trop gentille en plus !
            - Tête vers le bas, tu risques pas de crever d'soif comme ça!
            *Il pense à l'hydratation de son compère alors que sa femme fronce le museau, pas bien certaine de cette illumination toute benjenesque*
            - La figure couleur chiasse, ça casse le mythe quoi *Elle zieute finalement l'Hormonée qui lui fait une concurrence déloyale de chouineries* Quoi qui s'passe Carrie ?
            - Rien


          Benjen opine, il n'avait pas pensé à ça et, brun sur plus ou moins brun, après hein... La Pleureuse essuie ses larmes et boudine dans son coin tandis que la Slave fait la moue. Elle n'aime pas qu'on chouine, y'a qu'elle qui peut, parce que les autres, ça lui fait mal à son p'tit cœur... elle n'est pas un monstreuhhhhh!

            - Mhm... c'est la faute à Papy j'parie ! Il a voulu noyer Berthe.
            - Nan, c'est la faute à tout le monde ! J'en ai marre ! J'vais me casser et puis voilà !
            *Elle ronchonne maintenant, Benjy la regarde, un brin dubitatif et Niki' tremblotte de la lippe avant de hausser un sourcil*
            - J'vais m'occuper du reste, tu vas voir !
            - A la nage ?
            - A la nage ?
            - Oueh, à la nage!
            - Non mais tu vas couler, t'es une surcharge pondérale là
            *Elle est pragmatique, ouais.*
            - Et je serai bouffée par les poissons, vous aurez ma mort sur la conscience... ça vous apprendra
            - Non, les poiscailles auront ta mort sur la conscience, mais c'est pas leur faute... ils ont viré dingue après la symphonie de Dany Bruyant !
            *Elle désigne Verra, l'air de rien, aussi discrète qu'un roux dans un rassemblement de blonds. Lequel -Verra hein, pas le roux- soupire, la main sur le visage*
            - Faites chier, j'essayeais d'attraper une sirène !
            - Une quouââââââ ?
            *Elle écarquille les mirettes, arrondit la bouche et... la carpe asphyxiée vous salue!*
            - Bah tu sais, une femme avec une queue d'poisson.
            - Non mais je sais... mais heu... t'es sérieux là...
            *Elle glousse carrément pendant que son époux regarde Verra, avec les yeux qui crient « Sale pervers ! »* P'tain Papy... t'attraperas jamais rien si tu chantes !


          Elle a ses propres priorités, oui. Presque, elle l'encouragerait, pourvu qu'il ne hurle plus à la lune. Lui, il hausse les épaules qu'il ne trouve rien de bête à ça, puisque c'est l'autre barbu qui lui en a parlé


            - Pourquoi faire?
            - Heu... pour savoir un truc.
            - Quoi ?


          La commère est dans la place ! Sauf que l'interrogé croise les bras, ne dira plus rien... et l'autre barbu qui exhale un rire narquois à l'égard de Verra.C'est alors que la Blondeur percute, elle reluque le Gouape, outrée mais oui, le mec se permet de bouder, encore une concurrence déloyale... y'en a marre là! Totalement indifférente, Carensa se lève, va chercher son carton à dessins et son fusain, avant de s'installer pour gribouiller.

            - Bah... non mais... hannn dis moi pas que c'est pas vrai ?!


          L'accusé va aussi partir à la nage tien ! Et d'une nouvelle entrée... la rondouillarde Talya pointe la truffe dans ce joyeux bordel.


            - Bonsoir Talya
            - Bonsoir tout le monde
            - Salut Talya
            - 'soir
            - Comment ça va bien ?
            *Natalya adresse un sourire à chacun et s'installe, Verra fronce le nez de voir une blonde en plus... l'arrivante sourit en coin tandis que l'Engrossée retourne à ses gribouillages. La Platinette en profite pour servir une tournée, faudrait pas se laisser mourir de soif non plus !*
            - Et vous ? Zdorovié! *Elle lève son verre.*
            - Ben moi et la rousse, on rentre à la nage.
            - T'espère attraper une sirène sur la route comme ça ?
            *Talya hausse un sourcil*
            - Rhoo l'autre, il veut utiliser Carrie comme bouée !
            - Ah ? 'fin Carrie va pas nager... elle va juste flotter


          Benjy exhale un rire narquois. Niki' se lève d'un coup d'un seul, bien décidée à retrouver Berthe. Verra' aurait du se taire, encore une fois. Et Carrie scrute Talya, de plus ou moins bonne humeur.

            - Je serai toi, je me tairai Talya
            - J'ai à faire... à plus ou bonne soirée, et n'oubliez pas vos quarts !
            *La Novgorod hausse les épaules*
            - Bon, l'prochain qui dit qu'elle a un gros ventre, il ou elle va servir d'nourriture à la poiscaille !
            - A plus tard Niki'
            - A tout de suite.


          La Blondeur quitte le Mess... En fermant la porte, elle entend Papy qui ronchonne, les filles qui pinaillent, Benjy qui grogne. Une soirée, on ne peut plus naturelle, chez la famille de cinglés... n'empêche, une question persiste...

          Mais où est Berthe ?!


          Suite et fin de cet épisode^^
          Avec les intervenants suivants, encore une fois :
          Verrazzano
          Carensa
          Benjen
          Natalya
          Nikita

          _________________
          Carensa.




          Le nez collé au hublot, la rousse tentait désespérément d'apercevoir la côte ou au moins un semblant de vie dans cette immensité déchaînée sous le vent, le brouillard et les trombes d'eau.

          Depuis qu'ils étaient entrés dans le confluent, c'est ainsi qu'on appelle cette rencontre entre l'océan et la mer, et plus exactement dans le détroit de Gibraltar, tout s'était accéléré. Chacun avaient fait ce qu'il avait à faire mais la rousse s'était repliée sur elle même, terrorisée par cette crainte de voir couler leur bateau. Il faut dire que depuis bien avant leur départ, Verra faisait tout pour la faire flipper. Lui racontant sa propre escapade à Alexandrie qui avait fini en course de crawl pour rejoindre les côtes.

          Mains protectrices posées sur son ventre, elle essayait tant bien que mal de se rassurer. Perdue dans ses pensées, ce n'est que lorsque les bras virils de son époux l'entourèrent, qu'elle fût soulagée. Il était là, ils ne craignaient plus rien, du moins c'est ce qu'elle voulait penser. Si par malheur la rafiot choisissait de sombrer dans l'océan, ils n'en reviendraient sans doute pas vivants.

          La soirée délicieuse se termina avec Talya lorsque le brun dû les quitter pour rejoindre son poste. Les deux jeunes femmes avaient rarement l'occasion de parler seule à seule et ce fût l'occasion pour l'une comme pour l'autre de se confier. La rousse était toujours inquiète pour les « petites » Novgorod. Et si Niki avait à présent Benjen pour veiller sur elle, Talya demeurait seule. La couturière avait bien remarqué que les robes de la jeune fille devenaient de plus en plus « cintrées ». Étrangement, si Talya avait d'abord donné la faute à l'eau de « mer salée », bien vite elle s'était aperçue que sa « tatie » n'était pas dupe. C'est ainsi que la Vandimion avait proposé à la blondinette de reprendre ses robes pour les arranger « un peu » . Le sujet était clos, nul besoin d'entrer dans les détails.

          C'est bien plus tard alors que la tempête frappait encore fort sur le pont de la caraque que Talya quitta le mess pour rejoindre sa cabine.

          Bien trop angoissée pour rejoindre la sienne, Anaïs demeura longuement installée à gribouiller quelques nouvelles tenues.

          Depuis quelques jours déjà, des douleurs sourdes se faisaient sentir aux creux de ses reins et dans le bas du ventre. Elle ne s'en inquiétait pas plus que ça, consciente que le terme de sa grossesse approchait. Sauf qu'elle n'imaginait pas que toute cette angoisse vécue depuis le début de la journée, avait accéléré les choses.

          Tel un coup de poignard dans le ventre, une première vraie contraction vint la tordre sur place. Le fusain broyé entre ses mains, le velin froissé, quand la tasse de tisane fût balayée d'un revers de la main.

          L'enfant annonçait son arrivée et elle promettait d'être douloureuse. Ce n'était pas son premier, mais pour Sasha, elle était accompagnée d'un médecin. Depuis des mois elle se préparait mentalement pour ces quelques longues heures d'agonie dont elle se souvenait encore avec une tendresse infinie malgré tout. Elle devait rejoindre sa cabine au plus vite, la cabine de Talya étant sur le chemin, elle pourrait la prévenir.

          Elle se redressa, tenant son ventre comme si elle risquait de perdre cet enfant couvé depuis neuf mois. Quelques pas en direction de la porte et la rousse quitta les lieux.

          Le couloir n'était pas éclairé, tout avait été soigneusement éteint pour la nuit et c'est à taton qu'elle se dirigeait dans le labyrinthe flottant.

          Les douleurs s'intensifiaient, devenant de plus en plus rapprochées.

          - Ahh put**..il m'y reprendra ! Douze douze !! mais il peut s'asseoir dessus ! Rien ! Plus rien ! Quedal ! Nada !

          Seulement quelques minutes s'étaient écoulées depuis la première contraction et déjà elle sentait une étrange moiteur entre ses cuisses. A coup sûr, Niki gueulerait de l'état du couloir à son lever mais c'était bien loin d'être sa première préoccupation du moment.

          - Bon Dieu de bon Dieu ! Mais à quand la ménopause que j'sois tranquille ! Aieee merde..oh put*..que ça fait mal..outch

          Elle tenta de garder son calme, tout relatif, n'exagérons pas. Çà n'était pas la première fois, tout se passerait bien, elle avait le temps..

          Le temps d'y penser et la rousse de se trouver catapulter dans le fond du couloir par une vague plus forte que les autres. Elle accusa le coup, l'épaule heurtant douloureusement le mur de bois.

          - Aiiiieuhhhhhhhhhh j'en ai marrrrrrrrreeeeeeeeeeee ! VERRRRRRRrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrraaaaaaaaaaaa !!! l'est jamais là quand on a b'soin de lui !

          Elle se trouvait à présent devant sa chambre, n'avait pas eu le temps de prévenir Talya que déjà elle sentait une forte poussée. Juste le temps d'ouvrir la porte, de rejoindre le lit, de pousser une ultime fois..

          L'enfant était là.

          La rapidité avec laquelle il était arrivé l'avait quelque peu déconcertée mais elle en était ravie. Finalement les entraînements intensifs avec son brun avaient été d'une redoutable efficacité. Conseil avisé de sa défunte cousine.

          Elle le prit contre elle, cherchant d'une main assurée sa dague sur sa table de chevet et coupa se qui les reliait encore pour en faire un petit nœud..

          De longues minutes à vérifier qu'il ne manquait rien sur ce nouveau venu dans la famille et la rousse de s'endormir, épuisée mais heureuse d'avoir mené à bien cette mission.

          Au petit matin, c'est femme et enfant que le brun découvrirait allongés dans leur lit.

          _________________
          Natalya.
          La soirée avait été plus douce que d'habitude. Se confier à Carensa avait adoucit l'humeur de la slave, lui permettant de décrocher quelques sourires plus sincères bien que moins réguliers qu'avant. Le sujet de la reprise de ses robes avait un brin effleuré la susceptibilité de Natalya, mais il lui était difficile de lutter devant la franchise de la rousse et son incroyable capacité à faire passer la pilule. Certes elle n'était pas obèse, mais les joues moins creuses, les hanches plus affirmées et le décolleté plus rebondi, ainsi qu'un petit ventre naissant avaient suffit à faire frémir les coutures de ses robes très ajustées. Pour autant, une fois revenue à sa cabine, les mauvaises habitudes revinrent vite. Il faut dire que les nombreux portraits d'Ansoald épinglés aux murs ainsi que ses couteaux plantés dans le front de celui-ci, avaient de quoi démontrer la douce folie qui commençait à ronger la blonde. Le voyage en mer ne semblait pas l'aider à arranger son état, le fait de ruminer et de s'isoler empirait au contraire sa démence.

          Plongée dans ses pensées, elle avait bien cru entendre un bruit, mais les craquements funestes de la caraque la firent douter et les sifflements du vents finirent de la convaincre que ce n'était que les éléments qui se déchaînaient. Le son qui vint quelques heures plus tard, en revanche, lui, lui fit dresser la tête illico, reconnaissable entre mille, la voix stridente de Nikita passait outre la tempête.


            - HHHHHHHIIIIIIIIII ! MANDIEUUUUUUUU... Au sabotageuhhhhh ! A la dégradation de matériel ! Oh p'tain, ça va ronfler là... PaaAAAPPYYYYyyyy !!! T'as la prostate ou quouââââââ?!

          La douce voix -et non pas stridente namého- de la Platinette retentit donc dans le couloir... après une dure journée de labeur, elle quittait enfin la barre pour rejoindre sa cabine. Un peu de repos, ça ne fait pas de mal, et le mérite plus que tout autre sur ce rafiot... Bande de feignasses ! Bref, c'est en arrivant dans la coursive qu'elle a découvert l'impensable, la traîtrise, l'horreur même... Verra avait pissé partout, juste pour la faire chier, elle en est persuadée l’Égocentrique, parce qu'évidemment, ça ne lui effleure même pas le neurone que, peut-être, l'engrossée a mis bas. Ben non, pensez donc !

          Talya rappliqua rapidement et s'arrêta net en découvrant sa cousine en train de s'essuyer les pieds sur une latte avec dégoût. Elle observa la scène, longuement essayant de comprendre ce qui avait déclenché ces cris, ses iris s'arrêtant sur la flaque au sol, puis revenant à Niki.


          - Euh... T'es sûre que le vieux a pissé ? Ça sent pas l'urine... Et puis crie pas comme ça ! Tu vas réveiller Carrie !

          Les mirettes s'écarquillent... le minois se tourne, au ralenti -pour l'effet dramatico-suspens]- vers sa cousine et de froncer le museau. C'est une blague ou bien ? Elle pense peut-être que la Blondeur s'est amusée à renifler cette monstruosité qui, non content de ruiner les bottes, salopent le plancher haute gamme de son rafiot...

            - T'es sérieuse là ? Nafoutre de réveiller la Pondeuse !!! C'est son mari après tout... pis tu crois p'ête que j'ai mis l'nez dedans pour vérifier... RHAAAAaaaa!

          Hystérique ? Si peu.

          Hystérique ? Carrément ! Mais Natalya était habituée aux coups d’éclat cousinien, aussi c'est presque blasée qu'elle haussa les épaules, nonchalante. Après tout, c'était elle le capitaine, elle n'allait pas la contredire au risque de se faire attribuer davantage de corvées. Qui dit plus de corvées, dit moins de temps pour renâcler et c'était pas du tout dans ses plans.


          -Tu devrais aller voir dans la cale... il doit être avec les tonneaux à presque tous les coups !

          Ou comment faire semblant d'aider la famille sans trop se mouiller. Pas folle la guêpe. Va... va donc petite Niki à la chasse au Papy ! Laisse donc Talya retourner à ses occupations. Les deux slaves étaient à mille lieu de se douter de ce qu'il s'était produit, juste derrière la porte non loin où mère et enfant dormaient d'un sommeil réparateur.

          Post écrit à quatre mains. Dialogues : JD Nikita et JD Natalya.

          _________________
          Natalya.
          Les gouttes de sueur roulent sur le corps de épuisé et affaibli. La slave se meut, difficilement, tentant de se lever alors qu'une nouvelle crampe vient tordre ses boyaux, lui arrachant un hoquet de douleur. Le souffle court, elle ferme les yeux, attendant que le mal passe et les ouvre à la recherche d'un vélin où elle pourrait noter quelques mots pour sa cousine. D'une main tremblante, elle écrit brièvement son message et elle se traine difficilement jusqu'à la porte, craignant de vomir une dixième fois. Elle fait passer le vélin sous la porte, espérant qu'il trouvera son destinataire, ayant écrit en gros "Niki" sur le pli fermé.

                    Citation:
                    Niki !

                    Je suis malade, venez pas me voir je voudrais pas vous contaminer.
                    Si jamais tu pouvais me laisser chouquettes et pichet d'eau devant la porte... ce serait très aimable de ta part !

                    Je te laisse prévenir les autres.

                    Talya

          Ne perdant pas l'occasion de pouvoir récupérer des sucreries en passant, la jeune femme n'en a pourtant pas la moindre envie à l'heure qu'il est. Mais peut-être que les regarder, les admirer, lui remonterons le moral. Car si déjà celui-ci ne volait pas haut avant de tomber malade, maintenant, la blondinette broyait vraiment du noir.
          Le retour à son lit est pénible et elle manque de s'évanouir à chaque pas trop rapide, tant sa tête semble lourde et ses pensées embrumées. Un mouvement de la caraque l'envoie valdinguer sans aucune retenue de sa part contre sa malle, Talya s'effondre d'épuisement et s'endort à même le sol qui lui semble plus frais que son lit. Là continueront ses cauchemars, le corps s'arquant parfois de douleur.

          _________________
          Verrazzano
          - Bon, euh... l'troisième en partant d'la fin, juste à côté d'Anmachin qu'elle a dit...

          Sans se douter le moindrement que sa rousse est en train de mettre au monde le premier enfant qui puisse réellement compter à ses yeux, c'est d'un pas nonchalant que le Gouape termine sa tournée du navire... flasque à la main. Inspecter l'armement aurait dû être sa première priorité dans la mission qu'il s'est donné, mais quand on a la flemme et qu'on sait qu'a quelques mètres sous ses pieds se trouve la ô combien précieuse réserve en bibine, il arrive qu'on puisse se permettre quelques détours et que la notion du temps finisse par se perdre. Mais ça, ce sont les effluves éthyliques qui se dégagent de lui et peut être aussi les quelques tâches de vin sur sa chemise qui l'affirment, conséquences directes des ressentes histoires d'embuscade à l'entré du détroit et des canons qui semblent disparaître l'un après l'autre. Parce que oui, lui aussi il flippe et à force de ne rien laisser paraître pour rassurer son épouse en chevalier servant, bein ça donne soif !

          - Mais la fin, c't'à partir d'l'avant ou *Hips* l'arrière ? Hum... t'as pas une tête d'Berthe toi.


          Devant lui ou aurait normalement dû se trouver un emplacement vide, le Gouape pose son regard sur un canon en tout point identique aux autres si ce n'est que celui là semble posséder des traits beaucoup plus sympathiques.

          Dans un râle dépité, la lourde carcasse du truand s'écrase sur le parquet pour s'adosser à la cloison et c'est un bras chaleureux qu'il vient entourer la bombarde. Un peu comme avec ces femmes avec qui il se montre parfois trop insistant.


          - Gustav ? 'fin, si tu permets que j't'appelle comme ça, j'aurais pas *Hips* en... envie d'te froisser. Mais bon, si t'as vu Berthe, faut m'le dire !

          Silence.

          - Tss. Comment ça tu connais pas Berthe ? C'est elle qui s'trouve à côté d'Ang... d'Angus. Tu sais, l'troisième *Hips* l'quatrième ou l'deuxième canon à tribord en partant d'la fin si tu sais ou la fin s'trouve. Elle a des courbes bien rondes et tout !

          Autre silence.

          - 'tain ! J'en ai rien à fout' d'Karl moi ! Qu'est c'que j'en ai à faire d'savoir qu'il dévie sur la gauche, hein !?


          Furieux d'avoir à faire avec une artillerie plus soucieuse d'affirmer qu'elle a la plus grosse plutôt que de lui venir en aide, c'est en ronchonnant que Verrazzano rebondit sur ses pattes afin de partir à la recherche d'un individu plus coopératif qui saura lui dire ou se trouve Berte, les cannons de bâbord étant trop mesquins et prétentieux à son goût.

          Au petit matin, c'est en loque au gosier complètement desséché qu'il se réveille étendu dans le couloir qui mène à sa cabine, pile à l'endroit ou il s'est effondré après avoir tenté en vain de passer le reste de la nuit avec sa femme. La gueule de bois est pénible et il aurait grand besoin d'eau, mais avec un peu de chance, il y a encore la possibilité qu'il puisse se glisser dans le lit conjugal sans que sa douce partenaire ait remarqué sa trop longue absence. L'envie de rester allongé est forte, mais il doit trouver le courage de soulever sa stature avant de subir les foudres de... tient, quelque chose d'humide se fait sentir au bout de son bras. Comme pour s'assurer qu'il ne rêve pas, sa main tapote ce qui s'apparente à une flaque humide sans même prendre la peine de tourner la tête pour le constater de ses propres yeux qui d'ailleurs s'ouvre subitement en grand quand il croit comprendre ce qui se trame. Car dans sa tête, le rafiot prend l'eau.


          - Merde ! Merde !? MerdeeeEEEEeeeeeee...

          La pauvre créature amorphe qu'il était y il a un instant s'est transformé en cinglé qui se rut à sa cabine afin de tirer son épouse de son sommeil et de la sortir de là avant qu'il soit trop tard. Il paraît qu'à cette époque, on sauvait les rousses et les Gouape d'abord, si si, j'vous jure ! Comptant bien laisser les autres crever ou se doutant qu'ils savent nager, il entre dans leur chambre et ce qu'il voit le cloue sur place. Dans la pénombre de la pièce, il découvre alité celle qui a su réchauffer son cœur aigre avec sur son ventre et maintenu dans ses bras protecteurs le fruit de leur passion idyllique. Le vide se fait dans sa tête et dans une mélange de crainte et d'émerveillement, le père s'approche de cet être innocent à pas feutrés. D'un lent mouvement hésitant, il saisit entre ses doigts la main de son bambin qui se referment instinctivement sur ces derniers, comme si elle reconnaissait sa présence. Car oui, c'est une fille en parfaite santé qui vient de naître et c'est le cœur légé que son géniteur murmure son prénom : Sashka. Il en est si contemplatif que même le bourdonnent des pies criant à un sabotage causé par sa prostate est à peine perçu.
          _________________
          Natalya.
          [Alexandrie]

          Ils avaient enfin mis pieds à terre. Le jour du débarquement, il avait fallu quelques heures à Natalya pour réapprendre à marcher sur la terre ferme, trop habituée au roulis du bateau. Mais ce n'est pas que sa démarche qu'il avait fallu ajuster, c'était aussi sa vue, ébahie par les centaines de couleurs chatoyantes des tissus, épices et autres nouveautés locales, mais également son odorat, assailli par de nouvelles saveurs, de nouveaux parfums musqués. Ses yeux ne savaient plus où regarder, se posant un coup sur les habitants, leur peau, leur dialecte, un coup sur l'architecture, sa forme, ses matières. Et puis il y avait ce soleil, qui ne ressemblait en rien au soleil de France et encore moins à celui de Russie, surtout quand il venait transformer le sable et la terre en or et la mer en saphir. Même la rare végétation lui semblait plus verte, plus originale. Ses soucis s'étaient envolés rapidement, rabattus dans une petite case de sa tête le temps de réaliser qu'ils avaient enfin fait ce voyage tant attendu. Alors que les cris str...mélodieux de sa cousine s'échappaient en un "Hiiiiiii" impressionnant, la jeune slave laissa échapper un rire teinté de larmes, libérant toute la nervosité qui s'était accumulée sur le rafiot et qui ne demandait qu'à se délivrer de ses chaînes, ici, sur ces terres arides.

          Quelques jours passèrent, tout le groupe vaquant à ses occupations. Les femmes - Talya y compris- s'étant tout naturellement jetées sur les tissus, les robes et les tenues exotiques dont elles eurent vite fait de s'accommoder. Les frusques françaises étaient vite devenues trop chaudes alors que celles locales, offraient un panel de voilages, de couleurs et d'ouvertures propices à la chaleur ambiante. Les ruelles étroites apportaient heureusement leur lot d'ombre et d'air plus supportable, la jeune femme avait trouvé très astucieuse cette configuration très resserrée qui permettait, malgré le climat étouffant, de respirer un peu une fois la cité pénétrée. Au fond de l'une de ces ruelles aux allures de labyrinthe, il y avait le Dar* qu'ils avaient loué. Une de ces maisons typiquement alexandrine qui de l'extérieur ne payait pas de mine, mais qui, une fois le pas de la porte passée, se révélait digne des contes de mille et une nuits. Elle ne savait pas si c'était les tapis, les meubles sculptés, les moucharabieh, ou les tissus splendides qui habillaient toute la demeure qui l'émerveillait autant, ou si c'était les fruits, les mets, la fontaine au milieu de cette cour ouverte, la végétation qui pousse à l'intérieur de cette maison, ou tout simplement le tout. La bouche de la jeune femme en était restée ouverte de surprise la première fois, le nez se redressant sur ce carré de ciel bleu, sur les rideaux qui volaient au vent le long des coursives et sur ces oiseaux mélodieux qui apportaient une atmosphère légère et reposante.

          A cette carte postale idyllique, vint s'ajouter sa correspondance avec un homme. Cet homme avait été son amant brièvement à Bordeaux et depuis, ils n'avaient eu de cesse de s'écrire plus ou moins régulièrement. Natalya avait été à l'époque tiraillée entre son fiancé absent et son désir pour ce blond inconnu qui jouait de la voir rougir et se plaisait à malmener ses envies avec toujours beaucoup de finesse. Il n'avait pas fallu beaucoup pour qu'elle cède à ses propres démons devenant la Minette d'un Minet redoutablement sensuel. Cela aurait pu s'arrêter là, mais ils se revirent encore, prenant grand plaisir à chaque ébat secret, qu'elle s'évertuait à cacher à toute la famille. De cette aventure, Talya gardait un souvenir délicieux, de ces gourmandises qui laissent un goût de trop peu sur la langue et elle espérait bien revoir cet amant intriguant dès qu'elle le pourrait.

          C'est d'ailleurs une lettre de celui-ci qu'elle reçut ce jour-là, faisant suite à celle où elle lui expliquait ses soucis et son arrivée à Alexandrie. Sur le toit de la maison, elle observait les derniers rayons de soleil se coucher sur la mer en une myriade de teintes flamboyantes à en faire rougir de jalousie celui de Bordeaux. Elle adorait ce moment, car il y avait toujours une sorte de moment suspendu, entre le jour et la nuit, un instant minime, qui vacillait entre lumière et obscurité. La slave se délectait chaque soir de ce ravissant tableau, observant le voile nocturne s'emparer de la clarté diurne avec l'intime conviction que c'est son propre cœur, rongé par le désir de vengeance, qui se reflètait en cette vision fascinante. Perdue dans ses pensées, elle ne vit pas tout de suite l'esclave à la peau d'ébène qui pourtant semblait avoir cherché son attention à plusieurs reprises.

            « Lalla ** ... Message pour vous... Lalla ?»

          L'homme plié en deux, appliquait un protocole qui la rendait sceptique et qui l'attendrissait un peu à chaque fois qu'elle le voyait s'incliner si servilement. Elle finit par réaliser qu'il était là, à agiter une missive sous son nez sans qu'elle ne se rende compte, trop absorbée par ses pensées. Aussitôt, ses joues rougirent de gêne et la jeune femme prit délicatement la lettre sans toucher la main de l'esclave. La dernière fois qu'elle l'avait effleuré, celui-ci avait été si apeuré qu'elle avait cru ne jamais le revoir, comme si son maître était prêt à le faire fouetter ou pire, le tuer, pour avoir touché une blanche invitée. L'idée semblait bien saugrenue pour l'esprit natalyen, mais après tout, plus rien ne la surprenait.

            «Merci Aziz »

          Elle ne fut pas surprise de voir le serviteur s'éloigner à pas rapides tandis qu'elle décachetait son courrier. Ses yeux s'arrêtèrent aux premiers mots : "Tendre Minette". Elle sut immédiatement qui lui écrivait et alla rejoindre une banquette où le serviteur avait allumé quelques torches et servi du thé. Elle vérifia que personne ne venait et poursuivit sa lecture. Si le début ressemblait à toute correspondance habituelle, à échanger sur ce qui a été dit, la suite la surprit tant qu'elle relança un coup d'oeil vers la porte, de crainte d'être surprise par l'un de ses compagnons de voyage.


                [...En parlant de désir, j'ai passé beaucoup de temps à imaginer votre robe exotique. Une femme une fois m'a confectionné des braies faites de larges pans de tissus qui s'entremêlent. Pour votre robe, je l'imagine faite d'une myriade de rubans plus ou moins cousus, plus ou moins indépendants, laissant voir dans vos mouvements un peu de votre peau claire qui disparait aussitôt sous les froufrous des rubans qui se remettent en place. Je vous imagine en train de danser le soir, entourée d'homme avides de voir cette peau claire, ou pour les plus chanceux un peu de chair plus sombre...]

          Si ses joues étaient déjà rouges, elles devinrent cramoisies. L'idée qu'un homme à des milliers de kilomètres de là, puisse l'imaginer dans cette tenue était des plus troublantes. La pudibonderie de Talya battait de l'aile à mesure que son expérience de la vie avançait, Minet ne l'aiderait pas à la préserver, son courrier en était la preuve. La jeune femme, se mordilla la lèvre, le coeur battant, avec cette crainte et cette hâte simultanée de poursuivre sa lecture.

                [...Je vous imagine la journée, dans votre résidence, terrassée par une chaleur qui vous force à vous allonger lascive près d'une fontaine. J'imagine vos mains s'insinuer dans votre vêtement nébuleux, légèrement agitées pour ventiler votre peau piquée de sueur. J'imagine vos doigts rencontrer les fruits de votre poitrine, et l'envie qui vous prend de les masser, vos paumes qui s'écrasent contre eux et vos doigts qui caressent puis pincent délicatement les pointes qui durcissent. J'imagine sous votre peau les frissons qui naissent dans vos seins et qui se répandent, liquides, dans votre ventre. J'imagine ces frissons qui viennent perler à la source entre vos cuisses qui rougissent. ...]

          La curiosité l'emporta sur ses réticences et, alors qu'elle tendait la main vers quelques dattes déposées sur la table, elle laissa échapper un petit cri de surprise tout en portant son fruit, d'une main tremblante jusqu'à ses lèvres. Le soleil avait disparu, pourtant Talya crevait de chaud. Cette lettre semblait éveiller chaque petite parcelle de peau, soulever chaque petit poil sous le frisson qui vint la parcourir. Elle rabaissa la lettre, le temps de se remettre de ses émotions. Allait-il aller plus loin dans l'audace ? Et si Nikolaï était tombé sur son courrier ? Ou pire... Niki ! Elle l'aurait poursuivie pour savoir qui c'était jusqu'à ce qu'elle cède, à n'en pas douter. La blonde vint agiter sa main devant son visage avant de se rappeler que c'est exactement ce que décrivait son impudent correspondant. Un fin sourire vint ourler ses lèvres et bien entendu, Talya reprit sa lecture.

                [...J'imagine votre main sous votre robe aérée qui vient recueillir les gouttes de votre désir. La chaleur n'est plus une contrainte, vous souhaitez nourrir le feu de votre ventre. Une main flatte toujours les fruits, l'autre porte du bout des doigts à votre bouche et vous goûtez le nectar de vos entrailles, avant d'y retourner. Vous poussez un soupir, mais le bruit de la fontaine couvre vos gémissement d'aise et hardie, vous vous faites gourmande. Vos jambes s'écartent, votre figue est mûre, sa chair juteuse s'ouvre pour vos doigts. Et ils glissent, vous mieux que personne connaissez vos désirs, les caresses qui vous font chanter de nouveaux arpèges de plaisir. Vous jouez sur votre fruit, dans votre fruit, répétant les gestes qui vous font vibrer, onde après onde, les frissons se faisant chaque fois plus intenses, plus épicés, plus brûlants....]

          Ses yeux s'écarquillèrent, le manque de luminosité et la curiosité accrue l'obligèrent à se pencher sous la flamme pour bien lire ce que le blond imaginait d'elle. Elle fut subjuguée par cette Natalya décrite et couchée sur ces lignes, y voyant là une femme pleine d'assurance, merveilleusement sensuelle et délicieusement lascive. Si elle était plus chaleureuse dans l'intimité, ce tableau dépeint par cet homme, lui donnait l'impression de découvrir une autre facette d'elle-même. Était-ce ainsi qu'il la voyait ? Si oui, c'était flatteur et la slave eut vite fait de balayer cette idée d'un geste de la main. Elle osait si rarement se laisser aller aux plaisirs solitaires, encore moins en voyageant avec sa famille et pourtant, pourtant, ce blondinet là, aussi loin fut-il, lui donnait envie de changer ses habitudes par quelques mots pleins d'aplomb. La respiration plus haletante elle lut la suite avec beaucoup d'intérêt.

                [...Et soudain, comme le claquement d'un fouet, comme une douche à la fois froide et brûlante, comme un cri de votre corps, votre corps s'envole et danse avec votre esprit. Vous êtes ailleurs, le sang bouillant dans tous vos vaisseaux, jusqu'à ce que, petit à petit, à vos oreilles revienne le bruit de l'eau qui coule, de la fontaine qui vous a cachée. Vous a-t-elle vraiment cachée ? Ou bien l'un de vos serviteurs s'est tapi dans un coin, vous observant à loisir ? Peut-être souhaite-t-il lui aussi goûter de votre nectar. Vous ne le savez pas. L'idée vous traverse l'esprit que vous aimeriez qu'il le fasse, qui qu'il soit, puis cette idée repart comme elle est venue.

                Vous vous redressez, lavez vos mains dans l'eau, essayant de prendre un air innocent que votre teint désormais écarlate trahit. Vous repartez vaquer à d'autres occupations, l'âme souriante de ce que vous avez fait sans quitter votre robe.

                Voilà comment je l'imagine votre robe exotique, Minette....]

          La fin lui coupa littéralement le souffle. Ses yeux clignèrent à plusieurs reprises de stupeur et allèrent même vérifier qu'Aziz n'était pas en train de l'épier comme le supposait cette lettre. L'aurait-elle souhaité ? C'est vrai qu'il était charmant ce serviteur, l'exotisme de ses traits, ses yeux sombres, sa peau mat et cette bouche pleine avait de quoi attiser ses plus secrets désirs. Elle secoua la tête pour échapper à ses pensées grivoises insinuées subtilement par son correspondant effronté. Enfin, la lettre repliée vint gagner son sein sous le tissu, afin de ne pas être surprise avec lorsqu'elle redescendrait. Il était certain qu'elle la relirait encore et encore, se laissant peut-être aller à une occupation bien moins sage et plus osée que ce à quoi elle s'était tenue jusque là. Oh joies des vacances et plaisirs exotiques.

          * Maison en arabe
          ** Madame

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