Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] « J'va tell'ment t'refaire l'portrait... »

Minah
« … qu'même ton fantôme y va pas t'reconnaître ! »

C'est ce qu'avait lancé notre manchote préférée (comment ça, je vous laisse pas le choix ?) à Arnauld, son magi-menuisier préféré à elle, un soir de biture. La raison ? Elle l'avait oubliée. Comme s'il en fallait une pour taper sur autrui ! En toute amitié, bien sûr...

Ni une ni deux, elle avait filé à la lice et tapé du poing sur la table du bureau des inscriptions. Le bougre qui roupillait derrière sursauta à peine, visiblement blasé face à ce genre de pratiques. Il se redressa sans hâte, l’œil morne, prenant le temps de s'étirer et de se grattouiller la raie avant de lancer un
« Ouais...? » des plus laconiques.

J'viens pour réserver la lice ! Pour un duel !
Ah.
Ma't'nant !


Minah piaffait d'impatience devant le flegme du fonctionnaire qui sortait un formulaire.
L'homme interrompit sa tâche et cracha dans un seau prévu à cet effet à ses pieds.


Nan.
Pardooon ?!
Nan. Faut réserver la veille au moins.
Raaaaah ! Bon, d'main ou après-d'main, alors ?


Le fonctionnaire fit glisser le parchemin vers elle, ainsi qu'une plume et un encrier.

Comme tu veux, gamine. Écris ton nom là et celui de ton adversaire ici. Signe ici, ici et là. Là, c'est la clause de non-sécurité et l'autorisation de revendre tes organes au marché noir. Et là, c'est pour les offrandes au Très-Haut qui va peut-être faire un geste pour que tu perdes un peu moins de dents. T'sais lire ?
Nan. Euh... l'autorisation d'quoi ?
Parfait ! Pour trois écus de plus, on attache la convocation au duel sur une pierre et on l'envoie sur la tête de ton adversaire, c'est le service en promo du moment. Ça te tente ?
Trois écus pour lancer un caillou ?! Pffrrrt ! Ça va, chais l'faire !


Et c'est ainsi que les formalités furent bouclées.


[Le jour J]

Solidement campée sur ses jambes, ses bottes faisant crisser le sable de la lice, Minah vérifiait sa mise, s'étirait, écoutait craquer ses articulations. Elle avait enfilé sa vieille cotte de mailles rouillée pour l'occasion, et Philémon-le-grand-duc-avec-un-trou-dedans trônait plus fièrement que jamais sur son chef. Son bec luisait, acéré : la hiboutée de la cervelle avait pris soin de son arme de prédilection. Sa seule arme, pour être honnête.
Elle avait failli emporter son bras mécanique, mais Arnauld n'aurait pas voulu qu'elle le casse à nouveau en l'écrasant sur la goule à quelqu'un, la sienne encore moins... Et comme la rencontre n'avait qu'autre but que de se taper dessus entre amis (et le plaisir d'un «
j'te l'avais bien dit !» bien senti), elle avait laissé épée et masse d'arme au placard.

Minah promena son regard vers les badauds qui s'installaient sur les gradins en quête d'un peu de spectacle bon marché et sanglant, et retint un soupir. Son cœur battait au rythme des sifflets et des moqueries que déjà on lui adressait.
Elle s'était vanté toute une soirée de faire sa fête au gaillard, mais sentait sa hardiesse s'évaporer en même temps que l'alcool qui ne courait plus assez dans ses veines. Si elle avait pour elle son passé d'écuyère et l'habitude des combats en arène, toute son assurance reposait sur de creuses fanfaronnades. Et son futur constructeur de temple à roulette n'était pas si freluquet qu'elle aurait aimé se le faire croire...


Resaissis-toi ! T'vas pas t'faire batt' par un menuisier !

La honte que ce serait ! Oh la honte... Non ! Non, non, non, NON ! Ne pas y penser !
Elle avait été écuyère ! Elle avait été soldate ! Elle avait conduit une armée (bon, sans le faire exprès) ! Entraînée par Scath la Rouge. Et maintenant, elle était chevalier Banneret Hibouté et Patronne des Saintes Bestioles Crevées par-dessus l'marché ! Elle ne craignait pas la honte ! La honte avait peur d'elle !
N'a-qu'une-patte carra les épaules, même celle à laquelle pendait son inutile moignon. Elle plaça son unique paluche en porte-voix.


Hé, Arnauld ! T'es allé chialer dans les jupes de ta femme ou ben ?!

En toute amitié, on avait dit ? Va falloir revoir quelques critères à la baisse...

RP qui reprend le combat d'Arnauld et de Minah en lice IG, grand ouvert à qui veut y faire un tour, évidemment !

_________________

Modo au Challenge RP !
Arnauld
Parfois, Arnauld était très intelligent. Il pouvait passer des heures à dessiner des plans de menuiserie, inventer des trucs vraiment futés, les vendre si bien qu'on lui payait le double de ce qu'ils valaient vraiment, ou encore décoder le langage bébé avec une précision telle que Morgane, sa merveilleuse progéniture, passait de l'état "visage tout rouge avec menace de crise imminente" à celui de "petits rires joyeux et babillements tout mignons" en quelques minutes. Mais parfois, aussi - et ça avait précisément été le cas pour toute cette histoire de duel -, Arnauld était plus idiot qu'une huître attardée en pleine crise d'adolescence.

Comprenez, aussi. Arnauld avait beau être un gentil garçon dévoué et plein d'amour, il avait aussi dix-sept ans, des hormones et une aspiration aux choses stupides ; il avait bu de la bière, il se disputait avec sa copine bourrin manchote qui pue, elle se moquait de lui, et elle l'attaquait sur sa virilité de type balèze-musclé-impressionnant-charismatique-qui-fait-peur-et-qu'est-beau-mâle-et-puissant, et en plus, elle le faisait en public. Comment ne pas relever le défi ? Comment ne pas s'emballer et lui dire à quel point il allait lui faire mordre la poussière, lui coller la honte de sa vie et lui faire manger son Philémon par les trous de groin ? Comment ne pas taper sur la table avec sa chope vide en remontant ses manches et en roulant des mécaniques ? Comment résister, oui, comment ?

Sauf qu'il avait eu le temps de dessoûler, et maintenant, il était bien, bien embêté, le garçon. Premièrement, parce que taper sur Minah, au fond, il n'en avait pas si envie que ça. Elle avait beau l'avoir provoqué, il l'aimait bien, et Arnauld n'aimait pas tellement taper sur les gens qu'il aimait bien. Deuxièmement, parce qu'elle était manchote. Certes, quand on la voyait, le mot "infirme" n'était pas le premier qui venait à l'esprit, et il la pensait bien capable de tabasser qui elle voulait, mais mince, quoi, lui, il avait deux bras, et ça le mettait mal à l'aise de taper sur une amputée. Surtout que, troisièmement, c'était une fille. On ne tape pas les filles, code de l'honneur de la chevalerie arnauldienne. Alors les filles infirmes ! C'était indigne ! Et, quatrièmement, Actyss détestait, mais alors détestait, quand il faisait des trucs aussi stupides que d'aller volontairement se battre, risquer de se faire mal, et de faire mal à des gens qui pourtant n'étaient pas des ennemis. Elle le lui avait bien fait comprendre - comme il se doutait qu'elle serait loin d'apprécier, il avait essayé l'annonce "comme en passant" en minimisant beaucoup les choses, "c'est un combat amical", "c'est pas pour de vrai", "oui c'est dans la lice et y aura des gens qui regarderont mais c'est plus un jeu en fait", "oui non mais je sais, c'est pas un jeu de se battre, mais c'est plus comme, disons, du sport, c'est amical, je ne me ferai pas mal, je ne lui ferai pas mal...". Tu parles, Charles. Comme si les excuses bidons, c'était un truc qui marchait. Ça se saurait depuis longtemps !

Le pire, c'est qu'il ne pouvait absolument pas se défiler. Ce serait la honte internationale, il ne pourrait plus jamais regarder Minah en face, et les oreilles de la ville entière seraient abreuvées de "ArnaAAAaaauuuUUUuuuuld est un gros LÂCHE, Arnauld se pisse dessus, Arnauld est une fillette, Arnauld blablabla" et autres trucs intolérables du genre.

Mais allez. De toute façon c'était Minah, elle était infirme, et lui, il avait appris à se battre lors d'un séjour plus ou moins volontaire chez des mercenaires quand il avait quinze ans, il était plus grand, plus musclé... Elle y mettrait sans doute du cœur, mais il n'aurait pas beaucoup de mal à la maîtriser et à gagner sans taper trop fort.

C'était plein de ces pensées philosophes, en essayant de ne pas trop penser aux moues désapprobatrices de sa femme ô combien chérie et de sa belle-mère - oui, parce que la belle-mère était rentrée, en plus - ô combien méprisante, qu'Arnauld gagna les lices à l'heure fixée pour le combat, vêtu, naïvement, uniquement d'une simple chemise et d'un gilet en cuir, ainsi que de ses braies - quand même - et de ses bottes, avec un bâton dans une main et un couvercle de tonneau dans l'autre.

Il fut accueilli par la voix douce et délicate de son adversaire, qui le saluait avec grâce par quelques paroles fleuries.
Non, je plaisante, en vrai elle lui parler de chialer et des jupes de sa femme en beuglant comme un cochon qu'on égorge. C'était Minah, quoi.

- C'est toi qui vas bientôt chialer, la moche !

Ouais, il avait dit "la moche". Il est comme ça, Arnauld, c'est un punk, Arnauld, faut pas le chercher, Arnauld.

Il fit une espèce de salut du bâton, pour la forme, et se mit en garde, en décidant d'ignorer les éventuelles insultes qu'elle pouvait lui rétorquer. Bon, maintenant qu'il fallait commencer, il était toujours aussi embêté. C'était idiot mais il ne sentait plus la petite flamme qui l'avait animé quand ils s'étaient provoqués, et le cœur n'y était pas. Non mais frapper une fille infirme, aussi... Ah, qu'on en finisse ; une petite humiliation pour Minah, la paix pour lui, et on arroserait bientôt tout cela à coups de chopines. A l'attaque !

Il fonça sur la boule puante à trois pattes, en poussant un grand cri histoire de lui faire peur, et avant qu'elle ne puisse réagir pour se défendre - il courait vite quand il voulait - il visa ses mollets avec son bâton. Avec l'effet de surprise et la vitesse à laquelle il lui était tombé dessus, il aurait pu la frapper violemment et marquer sérieusement des points, mais, gentil Nono qu'il était, il n'y pensa même pas : son but était simplement de la faire tomber. Ce qui ne manqua pas. Il s'en serait bien tenu là, lui, et se mettait déjà à rire à gorge déployée, le bâton planté à côté de lui sur le sol :

- Voilà, j't'ai eue, m'dame Bestiole, t'es tombée, t'as perdu ! Tu fais moins la maligne, hein ?


Arnauld vendange, il avait pourtant un boulevard devant lui ! (Arnauld inflige 1 points de dégât à Minah.)

_________________

    Bannière made in JD Pépin_lavergne.
Minah
Mais, mais... Y m'a traitée d'moche !

Goule ouverte, la gueuse, prête à gober ses propres mouches.
Cho-quée.

Oh, Minah n'avait jamais été jolie, elle le savait... La nature, pragmatique, avait privilégié chez elle la robustesse à l'élégance, le pratique à l'esthétique. Lorsqu'à l'adolescence, on lui avait pété les dents, qu'elle avait perdu un bras pour se réfugier de la vie derrière sa carapace de crasse et sa muraille d'amis imaginaires (ou du moins plus très vivants), elle avait vu le regard des gens passer de l'indifférence au dégoût. Et on ne s'était jamais privé de le lui faire remarquer. Elle ne s'en était jamais formalisée, indifférente, à des lieues de se préoccuper de son apparence.
Mais un ami ! Un ami, ça ne dit pas que vous êtes moche ! Un pote, ça doit se foutre des apparences, ou au moins vous baver des conneries sur la beauté intérieure !

En un mot comme en cent, la moche était vexée comme un pou.
Elle en était encore à bayer aux corneilles quand le petit salopiot de raclure de fond de fosse à purin lui courut dessus en braillant comme un sanglier qui a le feu au cul. N'a-qu'une-patte n'eut pas le temps de reprendre ses esprits qu'elle sentait déjà la morsure du bois sur ses mollets.


Foutre !

Son auguste séant rencontra intimement le sol, l'embrassade de chair et de poussière à peine adoucie par un pudique voile de sable. Alors qu'elle s'apprêtait à écourter au plus vite ces embarrassantes étreintes, Minah aperçut l'ombre de son adversaire au-dessus de sa tête.

Elle leva le groin.
Il la narguait. Il suintait l'auto-satisfaction par tous les pores, et en avait même laissé son bâton planté dans le sol, inoffensif.


Paskeuh t'crois qu'j'va m'laisser batt' si facil'ment par un blanc-bec ?

Elle sourit. Un sourire aussi carnassier que pouvait l'être un râtelier édenté comme le sien.
D'un bond, la manchote se redressa et chargea, veillant bien à se mettre entre le bâton et son propriétaire, qu'il ne puisse l'attraper.

Elle banda ses muscles, prit de l'élan avec son bras valide, et...


SCHPAFF !

Minah sentit la pommette d'Arnauld vibrer sous sa paume. Si elle avait été honnête, elle aurait dit que sa main lui faisait un mal de chien maintenant, et qu'on pouvait s'arrêter là, on s'était assez tapé dessus comme ça. Mais la rancoeur n'a rien d'honnête, alors elle lança :

Tiens ! C'toi qu'aura l'air malin 'vec ta goule de lamantin !

Mon cher Pierre, je crois que le cochon est dans le maïs. Quelle baffe ! (Minah inflige 6 points de dégât à Arnauld.)

_________________

Modo au Challenge RP !
Arnauld
Il eut l'impression que son visage était en train de se fendre en deux. Le choc se répercuta dans toute sa boîte crânienne, lui fit voir beaucoup de noir et beaucoup de petites étoiles étranges, et c'est sonné, très sonné, qu'il fit un pas en arrière pour garder son équilibre, une main portée sur sa pommette soudain étrangement chaude et poisseuse.

Qu'est-ce qui se passait, déjà ? Il était où ? ta goule de lamantin... Oh, ça y était, il se souvenait. La gueuse, la p'tite gueuse, la vile traîtresse de sac à puces sournois et fourbe ! Elle l'avait frappé, mais c'était qu'elle l'avait frappé !

Faut dire dire aussi qu'il était particulièrement stupide. Comment avait-il pu imaginer qu'elle allait se contenter d'un sympathique petit coup de bâton et d'un test de rembourrage de fessier alors qu'elle avait beuglé toute une soirée sur le plaisir qu'elle aurait à lui distribuer des gnons ? Mais c'était donc qu'elle était sérieuse, la manchote. Elle voulait vraiment lui taper dessus. Ah, son petit cœur était presque brisé ! Dire qu'il avait cru qu'elle le considérait comme un ami !

- Mmbrrrlllmbrrlll...

Il lâcha sa joue pour mieux empoigner son couvercle de tonneau, et l'aurait bien fracassé contre la caboche hiboutée, mais il ne put pas s'empêcher de ralentir le mouvement qu'il avait amorcé en ce sens. Mince, c'était tout de même un peu trop violent, il risquait de casser les rares trucs qui fonctionnaient encore là-dedans et d'avoir sa mort sur la conscience. Et puis même si elle survivait, il aurait tout de même complètement écrabouillé Philémon, et elle lui en voudrait à vie. Cependant, ce début d'attaque avait fait office de feinte ; elle avait amorcé un mouvement de défense, et il saisit l'ouverture qu'il avait ainsi provoquée en assénant un coup de poing bien placé entre deux restes de dents minahiennes. C'était sa main gauche, la droite tenant le bouclier-tonneau, et il n'avait pas l'élan - ni la rage - nécessaire pour faire de gros dégâts, mais ça devait forcément piquer un peu. Il fit une grimace de dégoût en sentant les articulations de ses doigts entrer en contact avec la surface tiède et visqueuse de la gencive de son adversaire. Il retira rapidement sa main, avant que la salive, mêlée de ce qui - horreur - pouvait peut-être être identifié à des restes de repas dans une aussi joyeuse décomposition que celle des bestioles chouchoutées par leur Sainte Patronne, ne se mette à en dissoudre les tissus.

- Tiens, moi aussi j'peux cogner, saleté ! Toi aussi tu vas avoir une sale gueule maintenant ! Si c'était possible de faire pire...

Et là, chose suffisamment rare pour être notée, il monta dans la tête d'Arnauld une sournoise envie de viser là où ça faisait mal. C'est qu'elle l'avait trahi, à l'attaquer alors qu'il croyait avoir fini, et ça lui donnait un irrépressible besoin de vengeance.

- Enfin elle sera jamais aussi dégueu que celle de Phi-lé-mon ! Philémon, ton hibou qui est MORT, tellement mort que c'est juste un cadavre sans ÂME et sans VIE, en plus d'être laid à faire peur !

2. Hop, une petit coup dans les gencives, ça ne peut pas ne pas faire de mal ! (Arnauld inflige 3 points de dégât à Minah.)

_________________

    Bannière made in JD Pépin_lavergne.
Minah
En secouant sa main endolorie par la goule d'autrui (y'a pas idée d'avoir autant d'os dans la figure, pensez un peu à ceux qui vous tapent dessus, quoi !), la manchote se fendit d'un rictus à la vue du menuisier titubant. Ah on voulait jouer les indélicats ? Ben va te frotter à la délicatesse de la Sainte Patronne des Bestioles Crevées pour voir ! On appelle ça le kar-ma ! Ou la justice divine. Ou... Enfin, vous avez compris l'idée.

Elle espérait qu'Arnauld s'avouerait vaincu face à son écrasante supériorité et s'apprêtait déjà à jubiler tout son soûl, à défaut d'être saoule (une erreur qu'elle ne tarderait pas à rattraper), mais son exultation fut de courte durée. Le voilà qui attrapait... qui attrapait...
Minah plissa les yeux. Un couvercle de tonneau ! Mais n'avait-on pas idée ! Quelque part dans le monde une innocente bière devait être en train de s'éventer. Ou un bon vin se remplir de mouches. Une barbarie de plus à mettre au compte de ce sombre crevard bulbeux, assurément.

Encore une fois, son indignation lui fit défaut. Trop occupée à loucher sur le bouclier improvisé, N'a-qu'une-patte n'aperçut le poing d'Arnauld fondre sur elle qu'au dernier moment. Elle esquissa un mouvement de la tête pour l'éviter. Peine perdue.


Gnnnnblllllgg !

Il y a des moments où il est difficile de trouver les mots pour exprimer ce qu'on ressent, principalement parce qu'on vous les enfonce au creux de la gorge. Minah sentit les jointures de la main ennemie glisser sur ce qui lui restait de chicots, s'écraser sur ses gencives. Le goût de son propre sang, chaud et épais.

Mais ça n'était pas le coup de grâce. Le coup de grâce, c'est ce qu'il lui infligea après.
Pire qu'un poing dans la figure. Les mots blessent, dit-on, mieux que le fer.
Philémon.


Philémon...

Les lèvres minahesque formèrent en silence le nom de l'être aimé. Une bulle vermeille éclata à leur commissure.
S'en prendre à Philémon, c'était comme sodomiser des bébés chats en mangeant de la coriandre. C'était. Le. Mal. Absolu. Comment avait-elle pu croire un instant qu'un individu capable de telles atrocités pouvait être son ami ? Comment avait-elle pu être bernée à ce point par ce monstre ?
La rage lui obscurcit l'âme. Tout devint rouge.


Tu. Vas. CREVEEEEEEEEEEEEEEEEEEER !

Hurlé, à peine articulé. Le cri d'une bête blessée.
Il était temps de sortir son arme tellement secrète qu'elle s'en vantait à tout bout de champ. Qu'elle la portait en guise de chapeau.

Philémon.

Philémon avait trois avantages, outre son charme irrésistible pour quiconque avait les yeux en face des trous, à défaut de narines en état de marche.
a) Il était bien rembourré
b) Il avait un bout pointu dont la vocation initiale était de déchiqueter de petits mammifères
c) Il était sur la tête de Minah
Et avec ça ! Avec ça, ils étaient invincibles !

N'a-qu'une-patte chargea, tête baissée. Sans penser un instant au bouclier qui aurait pu se trouver sur son chemin. Elle n'était pas rapide, mais elle était lourde, et la haine comme la peine exacerbait ses forces. Au dernier moment, elle ferma les yeux, et sentit l'impact sans le voir.

Quand elle les ouvrit à nouveau, elle réalisa.
Ils avaient voyagé ensemble. Il avait réparé son bras mécanique. Il lui avait promis un temple magique à roulettes. Il l'avait sauvé du bain des tortionnaires à la solde des p'tites carottes. Et elle, tout ce qu'elle avait trouvé de mieux à faire, c'était de lui proposer d'aller se taper mutuellement sur le ciboulot. Bravo, Minah. Bra-vo !


Arnauld ! Merdemerdemerdemerdemerdemerde ! Arnauuuuuuuuuuuld ! T'vas ben ?

Question con.
Elle se rua à nouveau vers lui, prête à lui flanquer une baffe pour le réanimer (il paraît bien qu'il faut boire pour guérir d'une gueule de bois).


S'tu crèves, j'utilise mes privilèges d'Sainte Patronne pour t'faire rev'nir et t'recrever, t'entends ?!

Faut savoir ce que tu veux, patate.

Arnauld est fauché comme un épi de blé en plein vol, quel geste remarquable de Minah ! Le geste parfait, Arnauld se tord de douleur sur le pré. (Minah inflige 34 points de dégât à Arnauld.)

_________________

Modo au Challenge RP !
Arnauld
Tu. Vas. CREVEEEEEEEEEEEEEEEEEEER !

Les yeux ronds comme des soucoupes, Arnauld vit charger la chose, les bras ballants inutilement à ses côtés. Il avait voulu la provoquer, mais il n'avait pas prévu une telle réaction. Et même s'il l'avait prévue, comment aurait-il pu faire face ? Il faut imaginer ce que c'est que d'être un petit être humain placé sur la trajectoire d'une Minah enragée. Prenez, par exemple, un gros sanglier ; roulez-le dans la boue, trempez-le dans les latrines, frottez-le contre quelque bête crevée ; enfermez-vous avec lui dans un couloir ; piquez-lui le train et insultez sa laie. Quelle tête faites-vous pendant qu'il vous charge avec l'intention d'inventer le steak haché ? Vous visualisez ? Eh bien c'est peu ou prou celle d'Arnauld à ce moment précis.

Il n'avait jamais prêté attention au bec de Philémon. Pour lui, le chapeau de Minah était surtout un amas de plumes brunes en forme, vaguement, de hibou aplati. Mais, tandis que le couvre-chef fondait sur lui, comme s'il avait retrouvé momentanément la capacité de voler et de s'abattre sur une pauvre proie innocente, il était obnubilé par ce petit appendice saillant et noir, qu'il voyait grandir, grandir, à mesure que sa propriétaire s'approchait de lui. Comme au ralenti, Arnauld, cloué sur place, vit distinctement le cou de Minah ployer au dernier moment pour ajuster le coup de tête, distingua chaque détail de son arme momifiée, et, avant de pouvoir effectuer un pas en arrière, sentit le choc le soulever de terre.

Sa respiration était coupée. Ses côtes lui semblaient avoir pris feu. Tout son buste irradiait de douleur. Le ciel, seul dans son champ de vision tandis qu'il effectuait son vol plané arrière, lui sembla étrangement plus rouge que bleu, et il y clignotait quelques étoiles blanches et noires. Il pensait ne plus pouvoir rien ressentir, quand l'impact avec le sol lui rappela qu'il possédait, en plus de son torse, d'un dos et d'un fessier. Après la face A, elle venait de lui déglinguer la face B.

Il n'entendit plus rien, soit que Minah ait fini de crier, soit qu'il ait perdu conscience quelques secondes. Ou bien les deux, parce qu'il sentit ses sens se réactiver progressivement. D'abord, l'odorat - impossible de faire autrement quand la Sainte Patronne des Bestioles Crevées est penchée sur vous. Puis le goût : celui, métallique, du sang dans sa bouche. Ensuite le toucher : son corps semblait prêt à exploser, même immobile sur le sol. Enfin, juste après l'ouïe - ...i..èges...ronne...vnir...ver, t'entends ? - la vue.

Il y avait quelque chose qui clochait, avec la vue, cependant. Tout ce qu'il distinguait, c'était une grosse tache brune sur un fond noir. D'ailleurs il ne savait pas trop où il était : où est-ce qu'il faisait noir comme ça ? A quelle heure ? On était en quelle année ? Comment s'appelait-il, déjà ? Où était Actyss ? Actyss... Il voulait qu'elle soit là, elle enlevait toutes les douleurs, Actyss. Mais cette grosse tache brune, qui peu à peu gagnait en détails tandis que l'arrière-plan s'éclaircissait, n'était pas Actyss.

- Minah...

Tout lui revint d'un coup. La lice, le duel, la manchote qui hurle et qui lui fonce dessus, l'impact et la chute. Il tenta de remuer un peu : les bras n'avaient rien, les jambes semblaient à peu près fonctionner, mais il avait du mal à respirer, et il sentait que du sang coulait légèrement au niveau de son sternum. Sûrement parce que c'était là que s'était écrasé le bec de Philémon.

- T'es qu'un gros bourrin.

Il ferma les yeux, toujours étendu par terre.

- Laisse-moi crever, puis quand j'aurai fini, paye-moi un coup. De bière, pas de poing. C'est fini les coups de poing. J'me rends.
_________________

    Bannière made in JD Pépin_lavergne.
Minah
N'a-qu'une-patte se pencha davantage au-dessus du tas de chair à saucisse qu'elle appelait un ami, et poussa un petit grognement inquiet. Il mettait du temps à émerger. Elle aurait dû le menacer de l'embrasser, tiens, il se serait réveillé plus vite !
Ah, il commençait à remuer !


T'es qu'un gros bourrin.

Soupir de soulagement. S'il la reconnaissait, c'est que la vue et l'odorat fonctionnaient encore. Et il n'avait pas l'air de cracher du sang, ce qui était très encourageant. Il faudrait revoir l'enfoncement de portes ouvertes, par contre... Et pourquoi pas se réveiller en disant que l'eau mouille, pendant qu'on y est ?
Minah adressa à Arnauld un grand sourire quelque peu sanguinolent, parce qu'il lui avait déchaussé un chicot lorsqu'il lui avait envoyé un poing vengeur dans les gencives. Elle s'essuya d'un revers du moignon : ça ne se faisait pas de baver de l'hémoglobine sur ses petits camarades de jeu.


Va pas t'plaindre, j'aurais pu viser tes couilles ! Fallait pas êt' méchant 'vec Philémon, d'abord. Tu l'as tout retourné, l'pauv'... Il est très sensible ! Pas vrai, mon Philou ?
…, répondit Philémon, parce que les hiboux morts sont des êtres très pudiques sur les sentiments.

Comme le magi-menuisier fermait de nouveau les yeux, Minah l'attrapa par le bras et tira vigoureusement pour le remettre sur pied.

Hééééé, hé, hé ! Bouge ton p'tit cul d'perdant ! On a beau mett' les morts en bière, t'en auras pas s'tu t'enterres ici ! J'crois qu'j'a vu une taverne sur l'chemin d'la lice, j'te paye ma tournée ! En consolation. Hinhinhin.

Le triomphe modeste.
Elle lui adressa un clin d’œil.


J'parie que j'te bats au concours du levé d'coude !

Ouh la mauvaise idée !
_________________

Modo au Challenge RP !
Arnauld
S'il en avait eu l'énergie, il aurait fait une blague un peu sournoise sur le "Philémon retourné", en lui disant par exemple qu'il n'avait qu'à rejoindre Edith-qu'est-réversible (fichtre, il connaissait le nom de tous ses bestiaux morts, c'était inquiétant) et qu'il serait sans doute moins dégueu si elle le planquait comme elle dans un machin rose à froufrous, mais il se contenta de grommeler et de garder les yeux fermés, les bras écartés sur son lit de fange.

Aah, mais c'est qu'il avait mal, nom de dieu... Le monde était trop injuste. On est gentil, on est mignon, et on se prend des gnons. Et s'il avait quelque chose de cassé ? Non, non. Tout au plus une côte fêlée - il avait déjà connu ça, on n'en mourait pas, surtout quand on était marié à Actyss, la plus fantasmervillibuleuse guérisseuse du monde. Oh, oui, Actyss ! elle lui mettrait de la pommade, elle lui ferait des massages, elle l'embrasserait tout part...

Ouh ! Bobo, bobo, lâche-moi, sale petit énergumène puant ! Elle venait de le tirer par le bras, et il était déjà à moitié debout. Il allait rouspéter, parce que l'Arnauld Cassenac est une espèce rouspétante dans la défaite et la douleur, mais il commençait à reprendre ses esprits et il entendit ce qui était, toutes proportions gardées, l'équivalent pour ses oreilles de ce qu'était le miel pour sa bouche : un jeu de mots pourri. Oui, le coup de la bière, ça réussit à lui arracher un sourire, au magi-menuisier cabossé, et il allait redevenir le jeune homme enjoué qu'il était habituellement, quand elle ricana comme pour le narguer, lui rappelant la cuisante défaite qu'il venait d'essuyer.

- Peuh... Ça va, ça va, j'ai pas besoin d'être consolé...

Il ne répondit pas à son clin d'oeil, trop occupé à se draper dans sa dignité et à se murer dans cette activité hautement raisonnable, responsable et adulte qu'on appelle communément "faire la tête". Elle venait de lui casser la moitié des os du corps en plus de sa réputation internationale de caïd (si elle avait existé un jour), elle fanfaronnait et en somme il la détestait pour toute la vie.

J'parie que j'te bats au concours du levé d'coude !

Ding ! Voilà le genre de phrases avec un effet immédiat. Faisage-de-tête brisé, stimulation donnée, entrain retrouvé, stupidité réactivée.

- Quoi ! Tu rêves ma p'tite ! J'te rappelle que j'en ai deux fois plus que toi, de coudes ! Je vais te rétamer qu'tu vas rien comprendre !

Et c'était aussi simple que ça : boitillant sur son bâton reconverti en canne, le visage couvert d'un sang qui commençait déjà à sécher, les vêtements maculés de boue, Arnauld tira à son tour Minah par le bras et se mit aussitôt en route pour la taverne, bien décidé à prendre sa revanche et à ingurgiter le contenu entier d'un énorme tonneau de bière bien mérité.
_________________

    Bannière made in JD Pépin_lavergne.
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)