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[rp]Escapade Parisienne ou Eudoxienne ? (Décembre 1464)

Eudoxie_
« Nous méritons toutes nos rencontres. Elles sont attachées à notre destinée et ont une signification qu'il nous appartient de déchiffrer. » (Voltaire. "Zadig ou la destinée")

Oui ? Non ? Pourquoi pas…

*Paris, Décembre 1464*


Pigeon las, éreinté, affamé de n’avoir que trop voyagé vint à se poser à proximité de l’impétueuse demoiselle à la chevelure obsidienne, attirant son attention de quelques piaillements plaintifs tout juste audibles.
Sur les chemins depuis de longues semaines, nombre de volatiles posèrent sur sa route quelques nouvelles de ses amis du royaume, comme à l’accoutumée, la main gracile aux doigts joliment onglés s’avança vers le messager pour s’en saisir et le délester de son fardeau.

Liberté rendue à l’oiseau avec quelques miettes de pain en guise de récompense pour sa peine, la béarnaise s’attardait sur le vélin entre ses mains, le déroulant avec précaution, un sourire venant poindre sur ses carmines en reconnaissant la fine écriture, façon pattes de mouche de sa tornade blonde favorite.
Sans attendre, le regard charbonneux se mit alors à parcourir les lettres alignées pour prendre connaissance des dernières frasques et autres idées farfelues de son jumeau diabolique.



Hé Cocotte,
Je file sur Paris quelques jours histoire de me changer les idées là. J'ai pensé à toi. T'en es loin ? Ça te dirait de me rejoindre un p'tit temps ? J'te péterais ta solitude, et pas que ... Mou-ha !
Plus sérieus'ment. J'crois qu'faudrait qu'on s'voit, qu'on s'cause d's'qu'on va faire tout çaaaa. Si t'as pas l'temps où qu'c'pas sur ton ch'min, j'comprends bin hein. J't'oblige à rin mais ça m'faire plaisir, on va pas s'mentir, de retrouver ton joli p'tit cul.
Prend soin d'toi, j'te baise.
K


Un léger rire amusé s’échappa des lippes largement étirées d’Eudoxie, avant que la moue ne se fasse plus songeuse, à la limite de la nostalgie si tant est que ce sentiment puisse être intégré dans leur relation si singulière, c’était là du grand Kaghan dans toute sa folle splendeur… cru et totalement imprévisible.
Relecture faite, la jeune femme se mordit la lèvre en réfléchissant, la capitale, elle n’y avait jamais mis les pieds, et bien qu’elle eut fait quelques rencontres lors de ses pérégrinations rien ne la retenait vraiment là où elle se trouvait, certaines personnes avaient éveillés sa curiosité sans pouvoir vraiment l’étancher.

Décision prise, une fouille précise de sa besace fut orchestrée afin d’en extirper son nécessaire d’écriture et répondre au doux dingue.



Hé Loulou,
Je suis pas tout près mais pas trop loin non plus, je te rejoins là-bas.
La solitude me pèse et y a rien de particulier qui me retient ici, j’espère juste pas m’y perdre parce que je connais pas du tout.
Au pire je crierais fort, t’arriveras bien à m’entendre non hi hi
Et oui je crois bien qu’il y a quelques points de détails à discuter sur cette dinguerie qu’on a prévu de faire.
Je te baise aussi
Eud


Sourcils haussés et petit bout de langue tiré, le parchemin enroulé est lié par un ruban bleu avant d’être accroché à la patoune du pauvre pigeon qui n’avait pas encore repris son envol, tant pis pour lui, mains lancées vers les cieux, le messager repartait vers son expéditeur.
Long soupir de pause après intense réflexion, la brunette se mit à regrouper ses affaires pour les enfouir dans les fontes de son étalon, prenant tout de même soin de sortir la carte, c’est que la route pour Paris n’allait pas lui tomber tout cuit dans le bec.

Y a pu qu’à mon gros, on va se faire un p’tit tour à la capitale

Glissant pied à l’étrier, la jeune femme se hissa sur son destrier, prenant quelques minutes pour déchiffrer les liés et déliés de cette multitude de serpents colorés qui agrémentait le grand morceau de vélin, son doigt parcourant les sinuosités pour rejoindre le but désigné : Paris.

………

Plusieurs jours furent nécessaires pour rejoindre la grande cité, juchée sur sa monture d’ébène, capuche de sa cape violine rabattue sur ses cheveux de jais, Eudoxie découvrait ce dont beaucoup lui avait parlé tout au long de son périple.
Avançant au pas, elle ne savait réellement où se diriger, détaillant chaque tête blonde hirsute qui passait plus que d’autres, évitant soigneusement de bousculer nobles à cheval et de piétiner les badauds et autres courtisans pavant les rues de la capitale.

On y est…

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Antoine..
Les choses que tout le monde ignore et qui ne laisse pas de traces n'existent pas. [Italo Svevo, La coscienza di Zeno]

    Paris, connue pour être le mitan de la France, l'Adam des alcôves, l'Alexandrie des étables et marchés, la base même des quidams et l'auberge des brigands. Depuis les chemins qui sillonnent le pourtour de Paris, des gens de multiples origines et raison de transit s'aventure allègrement formant un amoncellement de migration tel que l'on se demanderait s'il la guerre caresserait l'horizon. Une ligne au loin corrompue par les légères tombées de neige, les variations du ciel qui se distinguent, vent, brume qui sortent du sol et caresse les plaines lisses sans en faire une seule petitime égratignure. La fange couverte par cette délicieuse nappe qu'yeux d'enfants jureraient voir du sucre à volonté. Leur joues rougissent sous la brise, la mère gronde en tenant l'enfant têtu par la clavicule, tandis que le père fabule quelques histoires, éduquant enfants à ne pas se laisser tenter par le beau. Paris est belle, l'hiver ne la pas rendu muette mais elle reste aveugle, toujours. Elle est aveugle des différentes parties qui la compose et toutes celles - ci feulent dans leur misère, estropiées par différents jugement qui les empêche de sortir d'une boue. Oui, la neige dans les quidams se colorie à la merdasse et les quelques flaques d'eau retouchée d'une petite couche de glace entreposent les preuve de sang écoulées dans la nuit. Vivre à Paris est une guerre et l'horizon s'arrête bien vite, trois voire quatre petites enjambées et le badaud câline sa dague comme s'il s'agissait d'un calice ou d'une relique. On y trouve alors les forts, des couleuvres de gardes aux chromes qui scintillent au fond de la gorge des veuves, jurant qu'ils revoient leur hommes sorti au matin pour acheter du pain. Et ils s'en vont pour ne revenir que cassé et inutile pour la si Grande Couronne. Pourtant, elles seraient muses si jolies, couvrir leur héros de tous les jours d'un amour complice et unique, leur doigts ne seraient ankylosées par les pleurs si la foi de l'homme à vouloir combler sa belle s'arrêter à l'écouter et croire à ses mots. Pourtant, l'Homme veut toujours l'épater. Drôle d'histoire..

    Antoine fait vaillamment parti de ces inconscients qui se laissent entraîner dans les chemins, seul, du moins avec sa monture portant le nom de Shaltar. Déjà, à quelques lieues des premières vues sur un versant de la ville, le jeune Seigneur se laisse voguer dans ses rêves éveillés imbibés de l'odeur de sa Princesse d'Orient, gardée précieusement à Saint - Domet. La monture de castagne piétine et les amoncellements de neige craquelle sous ses sabots des longues échasses articulées de la bête. Il pense, se rend compte des quelques millième de possibilités, des visages rencontrés, à rencontrer des scenarii qui pourraient lui arriver au point d'en agiter négativement la tête et expirer un rire léger. Tout d'abord, se dessine entre ses tempes le volute du "J" de Jagellon, la femme la plus gentille, adorable qu'il ne pourrait rencontrer ailleurs, l'unique personne à qui il ne pourrait dire "non" mais assurément "oui". La Suzeraine la plus jolie de toute, planquée dans les hautes tours d'Ivoire, si elle pense à lui quelques fois, alors elle peut être certaine que Saint - Domet en a fait une Sainte - Populaire et que la prochaine Chapelle portera certes un nom d'un vrai Saint, mais qu'officieusement, elle sera Sofja. Un Hotel au nom du Petit-Bourbon, appartenant sans mystère au Malzac qu'il n'a pas croisé son regard franc et cher depuis bien des saisons. Si d'un côté il expire une brume cotonneuse, il exprime secrètement le regret de n'avoir pu faire de ses mots une réelle peinture pour Sa Fierté. Mais le Szadig est loin d'être encore un soldat taillé dans le marbre, froid comme une lame légendaire au point de promettre sincèrement le Fidelis Ad Mortem sans vaciller. Qui ne vacille pas en tenant de telles promesses ? Ceux qui ont des coussins sous les miches et sont assurés d'avoir nuit dans des cryptes bondées de femmes de joies, elles mêmes épouses d'autres, rompus avec le temps, fermentant leur souvenir d'antan devant une fine trop Olympique pour la conscience. Et il n'oublie certainement pas son aventure avec la Corleone, les chuchos au creux des anses, les soirées à l'Aphrodite qui doucement, intelligemment à su séduire de bons investisseurs afin de promouvoir son ascension et solidifier les racines du plaisir. L'orgasme, un marché aux frontières indéfinies, même dans l'enceinte de la ville de la Couronne.

    Le brun entre dans la Capitale toujours par la même route de venue, une voie étroite et de pavés datant encore des guerres mérovingienne, jurerait le prévôt. Cette longue voie grenue dessert sur la périphérie mercatique, sur des produits que l'on ne trouve qu'ici, qu'en allant et partant. Un péage d'un regard sur les femmes offertes contre quelques pièces et écus bien dorés. Un quartier courtisé par tout sauf le droit, un lieu où il est mieux de se glisser sur son cheval mais qui apprécie d'être toisé par un homme, le seul, sur un cheval qui fait poulain dans une marre de miliciens prêt à user de leur métal pointu, émoussé, de facture mal-faite. Par habitude, passer inaperçu, ne voulant regarder personne. Il tombe au sol, la neige transformée en une fange ou piège à roues, il empoigne la bride de l'animal et le conduit à travers la longue à-venue se séparant rapidement des lieux regorgeant pourtant des plus grandes richesses, même si éloigné du vrai agglomérat. Et c'est non sans jeter quelques regards qu'il croise quelques étables présentant des tissus aux couleurs portées par les Satrapes, étirant la ligne d'un sourire, poursuivant cependant sa progression vers le cœur de l’Athènes de France. Il les arpente, artères, veines, approchant petit à petit d'une auberge acceptable aux normes syndicales jugées par le regard du Szadig qui attache la bride de cuir au rondin propre aux chevaux, le laissant prendre son eau amplement méritée. Une eau froide, si froide que Shaltar s'amuse en coups de museau à casser les feuillets de glace et les croquer dans sa gueule. Un geste de la senestre, Antoine tapote la base de son long cou. Il tourne vaguement de la tête vers la rue de là où il vient, l'ouïe corrompue, jurant entendre la voix d'une Sala l'appelant à être prudent. Il a beau être Chat, à Paris il n'a qu'une vie.

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Eudoxie_
"Il n'y a point de hasard; tout est épreuve, ou punition, ou récompense, ou prévoyance." (Voltaire. "Zadig ou la destinée")

Voir ? Sentir ? Découvrir...

Paris dévoilait au regard sombre de la jeune femme tant de détails qu’elle ne parvenait pas à se fixer sur son but initial, tant de choses à découvrir, voir, sentir, toucher, entendre, une réelle ivresse des sens dans une profusion de possibilités.
Les artères de la capitale resplendissaient de beauté pour l’insouciance de la béarnaise, on aurait pu croire voir au fond de ses pupilles des étincelles d’émerveillement, d’aucun la prendrait surement pour une jouvencelle n’ayant rien vu de la vie, du monde et de ses offrandes alors qu’il n’en était rien.

De longue date, l’impétueuse brune sillonnait le royaume, de rencontre en rencontre, plaisante ou détestable, souhaitant échapper à une vie déjà décidée à l’aube de ses treize ans, elle avait alors entrepris de déserter le cocon maternel, quittant son Béarn natal pour d’autres horizons, traversant les terres de France, durant de longs mois devenus années, poussant même jusqu’en Helvétie avant son périple parisien.
Des expériences aussi enrichissantes les unes que les autres, que l’apprentissage en soit salutaire ou non, d’une simple fuite, Eudoxie avait fait une philosophie de vie, profiter de tout, à chaque instant, enrichir le moindre moment de ce qu’il lui était possible d’explorer, gouter à tous les plaisirs envisageables, embrassant avec ardeur les idées épicuriennes.

Au moment, les pavés parisiens défilaient sous les sabots de son sombre étalon, les billes d’onyx se baladant sur les étals dont les marchandises lui semblaient inconnues, sa curiosité piquée au vif lui fit alors poser pied à terre, en tenant fermement les rennes de cuir de son destrier dans sa dextre, le bas de son jupon foncé commençant à s’imbiber de conglomérat de neige fondu, de boue et autres constituants douteux dont elle préférait ignorer la provenance.
Avec précaution, les doigts de la senestre se posèrent sur des soieries dont il était à se demander si le divin ne l’avait pas broder lui-même, considération somme toute relative étant donné la relation entretenue par la brunette avec le Très-Haut, mais la magnificence de l’ouvrage l’amener à penser qu’il était d’engeance divine.

C’est votre création ?

Relevant le nez vers la tisserande pour écouter la réponse, Eud fut décontenancée de se voir violemment arracher le tissu de la main d’un geste aussi vif et brusque qu’inattendu, les prunelles brunes s’écarquillant de surprise, songeant que l’idiote aurait pu déchirer son travail.
La bougresse mal aimable se contenta de répondre qu’il s’agissait d’étoffe exotique venue de pays lointains, et qu’il n’y avait là bien que les pécores pour ignorer ça, en la chassant d’un geste de la main des plus désagréables.

Tournant talons, l’Orthézienne pris le parti de ne pas insister devant temps de stupidité humaine, pécore de qui ou de quoi parce qu’on ne savait pas reconnaitre un linge venu d’ailleurs, nan mais des fois.
D’une inattention totalement et indubitablement volontaire, la jolie brune eu un mouvement de la main malheureux mettant à bas toute une pile de tissus soigneusement pliés, prenant grand soin de le piétiner en s’élançant à toutes jambes tirant son étalon pour fuir les vociférations de la marchande, souriant grandement de son petit forfait.

Courant à travers ville pour éviter les représailles, la jeune femme se retrouva dans une veine beaucoup plus scabreuse et bien moins commerçante que celle dont elle venait de s’échapper, ou pas forcément moins mais d’un genre de « produits » pour personne… ou qui cherche…
Bon un coupe-gorge malfamé pour dépravés avec catins à foison, et dont elle n’avait qu’une envie se carapater au plus vite, très ouverte d’esprit l’Eudoxie mais pas là pas tout de suite et pas seule paumée au milieu de Paris surtout.

Remonter sur son cheval ? Oui encore la meilleure option pour se mettre à l’abri, et pour voir aussi un peu plus loin que le bout de son nez dans ses dédales parisiens auxquels elle ne connaissait strictement rien, la sensation des regards concupiscents sur elle et la moiteur de son bas de jupe détrempé par les miasmes de la métropole ne l’aidant en aucune façon à sentir cette boule qui se formait lentement au creux de ses entrailles s'amoindrir et achever de s’élargir à chaque minute dans cet étau.
La pénombre, l’appréhension, la peur, ou tout simplement sa monture qu’elle avait cessé de guider depuis un moment, l’avait enfin sorti de ce boyau insalubre pour revenir à plus acceptable, la tête aux cheveux obscurs pivotant de droite à gauche afin de trouver gite pour la nuit qui viendrait à poindre le bout de sa noirceur dévorante et glaciale tôt ou tard.

Tirant la bride vers la gauche, l’ébène talonna gentiment les flancs de sa bête pour remonter jusqu’à ce qui semblait vouloir être une auberge, à minima une taverne au vu des chevaux qui étaient attachés devant, une ombre se dessinant à proximité, il y aurait peut-être possibilité de se renseigner sur l’endroit, ou avoir quelques informations pour pouvoir loger à Paris, tout et autant que le quidam ne soit pas aussi mal luné que la foraine détestable.
Parti pris de ne pas descendre de son nouvel ami et sauveur à quatre pattes, l’ombre devient silhouette et petit à petit homme, avec un peu de chance moins rétif que le reste de la populace parisienne, en tout cas pas de tignasse blonde sur ce coup-là, la crinière de ce gaillard est brune si pas noire d’ailleurs, un homologue capillaire, lèvres mordues prenant une grande inspiration, l’étalon est stoppé à hauteur de l’étranger.

Le bonsoir.
Navrée de vous importuner mais vous pouvez me dire s’il est possible de loger ici ? Au moins pour la nuit ?


Elle ajouterait bien qu’elle ne connait pas Paris, qu’elle est paumée, qu’elle a la dalle, qu’elle sent le début d’une pointe de trouille et qu’elle commence à maudire la tornade blonde de l’avoir invité à le rejoindre dans cette ville de fous, mais toutes ces considérations n’ont aucune espèce d’importance pour ce pauvre hère qui n’a surtout pas demandé à se faire enquiquiner probablement.
Attendant réponse, les charbons se posent sur l’inconnu avec plus d’attention, peut-être pas si inconnu que ça finalement, plissant les yeux Eudoxie détaille sans réelle retenue, comme souvent, pour retrouver dans sa mémoire d’où elle connait ce visage, sa dextre remontant machinalement dans sa crinière funeste en faisant choir sa capuche violine avant d'entortiller une mèche noire autour de son index.

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Antoine..
Être parisien, ce n'est pas être né à Paris, c'est y renaître. [Sacha Guitry]

Renaît-on réellement à Paris ? Antoine redouble son temps près du Shaltar qui fidèle à son espèce et son innocence, continue de craqueler la glace contre son émail ronde, écrasant les feuille de glace qui, quelques seconde en arrière formaient un joli lit préservateur. Sur le côté et pourtant contre son giron, encerclant son cou chaud et froid, le crin rigide par de petites cellules de froid imprégnant le poil, le corrompant pour le rendre raide comme une lame. Il glisse ses phalanges dans un sourire et par instants il se transforme en un miroir de désagréable, ne lui apportant ce qu'il quêtait pour : le réconfort. L'animal gesticulait, tantôt penché vers son jeu et il se relevait en mordillant le croquant et expirant bruyamment par les nasaux. Obligé il se déporte vers la selle la repassant inutilement en revue, ses doigts aux yeux invisibles trouvent un chemin maladroit entre le cuir et les sangles, les vrais marbres du Seigneur se déportent ici et là, à ses arrières. Il cherche sa ligne de front, mais il sait très bien qu'elle ne délimite pas son combat. Paris regorge d'un passé si proche, qu'il pourrait venir taquiner les épaules du brun en lui rappelant nombreux visages. Il a alors ce vilain orage au fond de la gorge, sous l'Adam caché dans l'entrebâillement de son col, une bulle de feux qui se resserre et par moment l'acide de sucs. Il gronde, retrousse son museau. Allait - il enfin saisir que ces silhouettes féminines ne sont pas celles de la Corleone ? Sera - t - il surprit par Dacien lui rappelant ses devoirs envers la Maison de l'Aphrodite qu'il aura sans scrupule scellé l'accès, pour ne plus s'y laisser tenter. Non pas par mépris, ni par dégoût, juste parce que.

Les coïncidence, la Capitale bien trop immense pour laisser un Seigneur se faire surprendre par l'effet le plus rare, il est comme diamant, émeraude, seuls les êtres mystificateurs, dangereux, importants et d'une rareté d'approche on de surcroît la possibilité de soudainement s'en laisser retourner, déboîter l'épaule pour faire face à un Maître d'Oeuvre, lui couper le souffle quelques instant lorsque l'Autre lui murmure et le salut avec convivialité. Ambivalence, une infusion de malaise dans une assurance parfaite par les titres, le mérites, la reconnaissance. Le brun n'avait encore évaporé tant de sentiments mauvais, il ne compte de personnages arpentant à ce moment même la Cour des Miracles : la vengeance au bout des quenottes, moirée, qui se lit même au fond du gouffre de ses perles de jais. Pourtant, en plein Paris, les tours de gris dominait déjà les cieux et les investisseurs émérite se tapissent derrière leur verrière discrète, un verre Murano entre les serres à observer leur territoire, les gens et certaines âmes qui peuvent être leur.

Le rien. Antoine reprit une assurance certaine, alors qu'il s'équipait de manière minutieuse, il choisit ses ustensiles pour la journée, bourses, une petite dague pour ouvrir de manière artiste les bouteilles de vin, les sabrant habilement, sa besace avec les quelques précieuses choses à conserver sous la cape du mantel, bourse d'écus et les quelques feuillets déjà gorgés d'encre indiquant d'anciennes adresses, d'anciens souvenirs. Vivant alors que le jour pointait officiellement son sourire, les premier rayons d'hiver éclairait les pavés pendant quelques petitimes secondes avant de se faire moins visible, puis revenir d'assaut avec la faible chaleur sur les pores de la peau, laissant pourtant l'ambiant froid. Une grande ombre lui chipe le soleil, une silhouette imposante, une montage de chair qui d'une vois plus douce et féminine éclaircit l'ombrage installé.
Le bonsoir.
Navrée de vous importuner mais...
Une voix qu'il connaissait, un timbre, ces sons françoys finement onduleux paru aux tempes du brun qui d'un geste lent regarde la femme trônant sur sa monture. Un bonsoir similaire au premier qu'elle lui avait susurré à peine, venant s'installer sur le feu de camp. Antoine effectuait des rotations entre Bellegarde-en-Marche au nord du Limousin et Saint - Domet, un voyage qui présentait l'inconvénient de traverser tout le Comté. Un paysage certainement beau, beau d'hiver, muet d'hiver. Elle devait le connaître, ou le reconnaître, même si leur échange ne s'était pas étendu sur des sujets les plus personnels, mais il se souvient avoir esquissés quelques sourires sincères, francs. Peut - être ne les avait-elle pas remarqué, par les grandes échappées brumeuses sortant de sa bouche, dont la danse du feu n'avait pu traverser le coton. Discussions banales, un hiver de plus en plus froid, les santés qui se dégradent ou de l'intérêt qu'ils avaient pour la Couronne. Sans lui parler de son titre il s'était déguisé en simple voyageur, un voyageur en mission économique, puisqu'il n'est pas habillé comme un roturier paysan. Pourtant il était tisserand d'origine, le métier de l'art des tissus, sans mensonges. Il ne ment pas, il n'en parle justement pas, la noblesse ne se discute pas, elle n'est pas vaniteuse. Il lui incombe d'être noble dans ses faits et gestes.


Vous pouvez me dire s’il est possible de loger ici ? Au moins pour la nuit ?

Une question si banale et l'homme n'a pas tardé à identifier la question comme d'une envie de s'écarter du centre et se lover dans un groupe, deux plutôt qu'une seule et perdue. Elle s'était certainement laisser séduire par l'allure étrangère de l'homme qui vêtu d'un mantel et s'armant pour la journée parisienne, n'avait peut - être rien d'un Parisien, ni de son teint, ni de sa manière d'équiper ses flancs ceignés. D'un accent presque françoys, un petit défaut ibérique dans son parler, il lui répond d'un ton qui lui sera familier.

Je pense qu'on y dort, je pense même qu'on y fait des tas de choses. Après tout, ne sommes - nous pas dans Paris ?
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Eudoxie_
« Quand rien n'est prévu, tout est possible... » (Antoine de Maximy.)

Chercher ? Réfléchir ? Se souvenir…

Lentement mais surement le mécanisme des méninges de la brunette se mettait en branle pour retrouver au tréfonds de sa mémoire où elle avait pu rencontrer cet homme, quand cela c’était produit, dans quelles circonstance et qui diantre il était.
Le regard charbonneux parcourait l’entier du personnage qui récupérait, somme toute vraisemblance, les effets nécessaires à ses pérégrinations lorsqu’elle l’avait interrompu, plus elle étudiait le quidam et plus la sensation de le connaitre se faisait grandissante, quelques possibilités se dessinant alors qu’il relèvait ses prunelles sur elle.

Pétillement dans les billes d’onyx au moment où il lui répond, la lumière se fait enfin sur l’homme à ses pieds, ni plus ni moins vu que juchée sur son étalon noir, un léger sourire se formant sur ses lippes carmines en se remémorant l’échange plaisant autour du feu de camp hivernal.
Ce tout petit plus dans sa façon de parler, ce tout petit goût d’ailleurs plein de soleil dans le froid glacial qui les entourait ce soir-là, ce petit accent ibérique, tout juste ce qu’il fallait pour donner un charme supplémentaire, mais sans empêcher la compréhension de ce qu’il disait.

Il avait su rompre la monotonie de son voyage vers l’Helvétie le temps d’un soir, rien d’extravagant, rien d’indécent non plus, juste un échange cordial, teinté possiblement d’une pointe charmeuse, volontaire ou non de part et d’autre, entre voyageurs de condition modeste se retrouvant autour d’un foyer leur réchauffant l’échine.
Discussion d’une banalité alarmante, mais pourtant si la jeune femme se souvenait de son prénom, alors que rien de charnel n’avait eu lieu entre eux, c’est qu’il avait su éveiller son intérêt, très certainement par cette poésie qui se dégageait dans son élocution, posée, calme, même pesée à dire vrai, comme à l’instant même dans sa réponse.

Prenant les rênes de son cheval de la dextre, Eudoxie entrepris de descendre pour poser pied à terre, ôtant bottines des étriers pour se laisser glisser avec le plus de délicatesse possible sur le flanc arrondi de son destrier ébène.
Pivotant vers l’homme brides en main, un mouvement de sa main libre machinal se fit sur son jupon légèrement froissé et retroussé pour le réajuster, avant d’incliner légèrement la tête vers celui qui lui faisait face pour le saluer.

Enchantée de retrouver un visage ami Antoine, veuillez me pardonner de ne pas vous avoir reconnu plus tôt.

Etait-il nécessaire de lui dire que pour un peu elle en sauterait de joie de voir quelqu’un qu’elle connaissait dans ce tumulte parisien ? Il s'était à peine vu, tout juste l’espace-temps d’une soirée partagée, mais à cet instant précis elle l’aurait considéré comme le plus précieux de ses amis tant cette bourgade de fous l’avait mal accueilli.
Sa réponse était on ne peut plus juste, et lentement les onyx de la jolie brune se levèrent sur l’édifice de poutre et de chaux, d’une facture qui semblait être convenable, sur cet état de fait elle ne pourrait que suivre l’instinct du ténébreux en présence sur qui elle redescendit rapidement son regard sombre en lui souriant aimablement.

Il semble bien que nous y soyons oui...
Je le découvre à dire le vrai, mais si cet endroit permet au moins d’y dormir et de s’y sustenter je pense qu’il fera grandement l’affaire.
Vous y logez ?


Comment ça elle espérait que la réponse fut un oui ? Pour sure Eudoxie le souhaitait grandement, Antoine semblait être coutumier de la capitale, il y était de toute évidence plus à son aise que la béarnaise, et un guide, si pas une connaissance ou un possible ami, dans cette ville de tous les vices ne serait assurément pas un luxe.
Lèvre inférieure mordillée discrètement, la brunette inclina la tête de côté pour attendre la réponse en tentant de sonder les marbres si singulières du voyageur, ne se dépareillant pas une seconde de son sourire, qu’il était au demeurant assez rare de voir déserter le visage rieur de la demoiselle.

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Antoine..
L’homme ne reste pas figé bêtement, n’en perd pas son regard droit et n’en vient pas même à buter quelques mots dans un timbre mièvre. Il garde sa posture d’assurance dans une ville où le malheur rôde comme la peste, montée à dos de chats des rues. Restant toujours contre le giron de son porteur et infidèle compagnon lui déléguant pourtant une marque de confiance en caressant son cou long donnant sur les articulations massives et musclées des pattes tout comme du dos, sans oublier l’éternelle caresse et bidouille des poils hérissés, coupés, entretenus du crins. Il remonte la crête qui à mesure gagne en hauteur tout comme ceux des casques Spartiates. S’expire de l’étreinte, s’approchant doucement d’Eudoxie sans pour autant entrer dans la bulle familière, ni même paraître craintif vis-à-vis d’elle. Il forme et adapte son aise ankylosée à mesure que la brune installe le rythme de leur séance de conversation l’initio avant le plat de résistance, percevant encore le vent Helvétique du voyage lorsqu’elle descend et pose pied engourdit à terre ferme. Il ajuste son chapeau de feutre sombre moiré, non sans glisser la pulpe de ses digitales sur l’albâtre de ses propres joues caressées par l’ambiance froide du temps du jour. Il réprime quelques mots tout juste après les siens.

Ne vous excusez-pas. Il tranche sa première réponse, relevant le minois et son regard fusille différents protagonistes ici et là, l’un assit sur le bord d’un montant de pierre à trifouiller et scarifier un vélin d’idée, l’habit correct et la face nettoyée, témoignant de l’aise et éventuellement de son bon vivant, au vu des quelques boutons manquant de sa chemise remplacés par des fils, ersatz qui scelleront son collet afin d’éviter la vue sur son poitrail. Un autre individu, analyste, les observe, à dix heures. Ses longs doigts fins et droits dégagent le métier artistique qui les regorge, Antoine jurerait qu’il est peintre ou alors dessine au fusain en photographiant l’expression des visages du jeune Seigneur ainsi que celui d’Eudoxie. L’homme s’humecte les lèvres, avant de reprendre. Ils s’inspirent à penser que vous êtes mon obligée… Il fend ses joues habillées d’un poil doux, presque duveteux à force de les laisser s’exprimer et s’aplatir sur la ligne de sa mâchoire, relevant un sourire badin.

Le Szadig s’approche un peu plus d’Eudoxie sans forcément l’aborder –laissant l’interprétation libre au public- tout en restant dans l’extrême limite de la bienséance, sans pour autant montrer la marque d’une quelconque noblesse. Son éloquence reste tout de même correct, un bon françoys si ce n’est l’accent de ses origines qu’il ne peut effacer. Son assurance du verbe laisserait penser à une éventuelle noblesse corrompue par ses origines : l’Italie mère de l’assurance et de l’éloquence. J’y logerai. L’invite du regard tout comme de la démarche à s’approcher de l’auberge et ainsi approcher des murailles formées par de lourdes lamelles de bois ébènes appuyées par un pourtour d’acier, un joli dyptique sans aucune forme de décoration romanesque ni orientale comme il en aura croisé lors de sa croisade fantasque dans le pays de Bosphore et de Rhodes. Il se tourne légèrement vers elle, en chemin. Si vous craignez la nuit, passez en un bout en ma compagnie derrière la même lucarne. Taquin, il pourrait bluffer mais il garde un majestueux sérieux dont son regard ne trahi pas.
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Eudoxie_
“La découverte est un plaisir aussi subtil et intéressant que la connaissance.” (Jacques Lamarche)

Amabilité ? Civilité ? Invitation…

L’attitude est toujours aussi assurée et respectueuse, comme un calcul parfait du moindre geste et du moindre mot, voilà ce qui avait retenu l’attention de l’inénarrable, cette assurance qui se dégageait de lui, tout autant que cette pointe exotique qui chantait lorsqu’il s’exprimait.
Fallait-il l’avouer probablement aussi le fait qu’ils n’étaient que deux pauvres âmes autour d’un même feu de camp déserté par tout être vivant à des kilomètres à la ronde, mais la brunette ne saurait s’en plaindre à cet instant, parce que la soirée avait été agréable et parce qu’elle lui procurait à ce moment précis un possible ancrage bien appréciable.

De prime abord, nul moyen de savoir si ce plaisir était partagé, l’expression faciale du ténébreux n’étant guère expressive, happée par son observation des bougres les entourant de manière plus ou moins directe.
Frémissement de l’échine, la béarnaise avait l’impression de sentir chaque regard des quidams de la ruelle comme le tranchant d’une lame prête à s’abattre dans son dos ou s’écraser sur sa gorge pour obtenir bourses aux écus trébuchants ou faveurs d’un tout autre genre, et la méfiance dans le regard singulier du Szadig n’arrangeait en rien cette sensation perfide.

Retenue d’un sourire à la limite de l’éclat de rire en retour à celui qui s’afficha sur le visage d’Antoine, lorsqu’il s’amusa à exprimer les possibles idées qui pouvaient parcourir les esprits tordus des voyeurs voisins.
Son obligée, rien que ça ? Pas pour autant qu’elle le sache ou alors aurait-elle manqué une partie de leur échange, alcool aidant, lors de leur dernière entrevue ? Nan, assurément non… telle amnésie n’était envisageable, ou pour le moins bien dommage si pas dommageable.

Etrange sensation et regard noir s’étirant en amande lorsque la réponse de son logement ici lieu fut donnée, mais comment faisait-il cela ? D’où pouvait bien lui venir cette prestance dans sa façon de parler ? Et cette sensation de sous-entendus, de double sens dans chacun de ses mots ?
Vraiment intriguant, mais pour l’heure suivre l’invitation muette en attachant son sombre étalon à l’endroit dévolu pour cela, prendre soin de nouer fermement les brides en flattant l’encolure de son équidé pour le remercier de l’avoir mené jusqu’ici sur sa robuste musculature ébène, si pas en lieu sûre au moins plus accueillant.

Peu de bagages pour ne pas dire quasiment aucun, les onyx gardaient en visuel le visage ami tombé à point en sortant des fontes sa besace de voyage, avant de partir à sa suite en caressant une dernière fois le poitrail de son compagnon de route.
Rendue quasi à sa hauteur, dans un pas pressé pour ne rester en retrait, le sourcil remonta en circonflexe en observant le faciès de l’ibérique à la proposition formulée sans autre préambule, étonnant largement la brunette, l’en laissant presque coïte.

Dire que l’idée n’avait pas traversé l’esprit de l’impétueuse eut été d’une mauvaise foi sans nom, Eudoxie appréciant toujours la présence de quelqu’un, en toute circonstance et assurément en un lieu inconnu et de nuit.
Se mordant la lèvre, la tête inclinée, la proposition fut étudiée en moins de temps qu’il n’en faut, ne doutant du sérieux au vu des pépites irisées qui se montraient aussi affirmatives que les traits du visage du poète quand à l'intégrité de l'offre faite.

Si l’auberge en offre la possibilité, j’accepte votre proposition.
Réitérez une nuit en votre compagnie m’est une pensée agréable.


Taquinerie, badinerie ? Aller savoir, la jolie brune avait apprécié la compagnie du brun dans un endroit au confort somme toute relatif, alors dans un lieu chauffé avec possibilité de boire et se sustenter et où le spartiate ne serait pas de mise ne pouvait que la voir conquise.
Approchant davantage du ténébreux, elle lui offrit alors un large sourire en le fixant avec moins de subtilité rivant ses sombres aux singuliers pour ajouter dans une voix chuchotée.

Mais je tiens à honorer tout autant que vous le prix de cette lucarne partagée…. Je ne voudrais donner raison aux badauds en vous étant redevable et devenir votre obligée Antoine…

Sourire mutin esquissé, le pas du ténébreux devancé, l’impétueuse gagna l’entrée en attendant son compagnon de chambrée.

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Antoine..
Profitons, profitons.. Le plaisir est un bien qui ne se trace pas. (Antoine..)


Si les pas de l’Ibérique se font si respectueux, et que son allure féline pourtant soignée ne frôle jamais l’insolence impertinente, il n’en n’oublie pas les longues années d’éducation chez les frères, dont la Vaucanson était l’éternelle responsable. Cette entière langueur monotone l’anime et le motive à chaque pas, non pas pour faire le biau paon, ni le sublime de l’équestre mais bien pour se convaincre d’être et paraître bel et bien devant autrui et afficher avec une fierté humblement régulée, toute une éducation difficile, résultat d’une épopée à la Sparte ou d’une bataille à la Syracuse. Il déambule d’une cadence pétillante de jeunesse malgré tout un mal rongeant les lambeaux d’un cœur atteignant enfin l’âge mature. Baladant son regard marbre à droite comme à gauche, un charme de Pise s’échappe de ses billes, le mal d’un homme gorgé par une bienveillance : observant l’aventurière filer par le devant, gravir les lamelles de bois rangées les unes au-dessus des autres pour former un petit escadrin, donnant accès au perron de la taverne et à la porte, cette porte dont la castagne, couleur chapeau de noisette se dégage en premier. Un battant si haut, si fort et rassurant qu’on jurerait être sous la porte d’un royaume d(h)ivers ou d’une armoire, révélant pourtant un monde connu de tous : celui d’une élite de la déchéance de l’honneur, l’ivrognie. Antoine observe à la dérobée sa partenaire d’escapade, descellant les premiers traits nomades d’une égérie, la malice dansante à chacun de ses pas, le sourire excoriant ses joues d’albâtre pour y tracer l’espiègle sourire qui la définie si joliment bien, un regard cerné d’un khôl naturel peut être concordant si bien avec le fin trait de jais dessinant l’arc de Cupidon de ses lèvres carmines. A chaque joli visage que le Szadig croise, c’est la scission d’un cœur d’adolescent, une implosion sentimentale qu’il exprime très souvent par l’assaut des coups. Aujourd’hui, ce sera différent.

Réveillé au rire d’Eudoxie, sortant de sa bulle, il ne peut que répandre un blême sourire à ses joues, ce sourire qui se trace et tait le sous – entendu tendancieux. Son regard en amande s’intéresse de plus près à celle – ci, confirmant bel et bien ce pourtour de jais qui orientalise une partie du visage d’Eudoxie, redonnant un souffle chaud aux poumons de l’homme. Il dévisage les joues, leur rondeur, suivant les traits qui se font entonnoir jusqu’à sa gorge dénuée d’Adam, si lisse, pour laisser supputer la poitrine. Une analyse brève, sobre mais pourtant ouvertement faite sans mots pour justifier ses faits, accusant son geste d’un fin rictus avant de pouvoir répliquer plus sincèrement, recentrant le sujet.

Alors d’une nuit nous ferons deux, nous traverserons la nuit avant d’être dérangé par le jour.

Antoine pousse la porte franchement, appuyant le cœur de sa paume gauche au-dessus à droite de la anse en anneau de métal, large et très certainement frigorifiant. Franchissant le pas, il pivote et glisse à reculons afin d’ouvrir plus amplement l’accès et donner une vue d’ensemble à Eudoxie des lieux. Relâchant la tranche cramponnée de ses longues phalanges, il s’approche dores et déjà du comptoir, laissant entendre un regard ainsi que d’un chuchot corrompu par le brouhaha ambiant qu’il allait se charger de la chambre. Le buste penché sur le comptoir, les bras croisés sur celui-ci à s’en laisser presque peser contre le bois-jauni, il interpelle le gérant d’une brève levée de paume.

Bonser.. Messer. Une chambre avec la demoiselle. Dit – il en occitan, tapissant affreusement son accent lombarde, répétant une locution de salutation entendue lors d’une joute l’an passé, ayant enfin l’occasion de jouer de son érudition.

Réglant ses affaires sociétale par l’art de glisser quelques écus sur un rade creusé par les entailles des dents de dagues, il se recule, pointant un coin esseulé et véritablement isolé des effluves alcooliques, allant s’installer déjà sur le banc, ayant pris soin d’esquiver les tables et enjamber les pattes dans le sac des artisans épuisés de leur lasses journées à geindre de leur malheur.


Je vous prie, assoyons nous un peu, parlons ?
S'installant déjà, le séant posé sur le banc et les avants bras sur la table, son regard fait déjà face à une chandelle plantée dans son nid, fausse argenterie rongée par les âges, la cire macule grassement, longuement une belle preuve de las. Antoine reprend le ton, figeant son attention sur Eudoxie. Que venez - vous faire à Paris dites - moi ? Pour deux jours déjà.
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Eudoxie_
“La découverte est un plaisir aussi subtil et intéressant que la connaissance.” (Jacques Lamarche)

Ami ? Connaissance ? Découvrir...

La chose était entendue, l'inénarrable et le poète partageraient donc chambrée pour la nuitée, d'une nuit ferait deux, la tournure des mots lui plaisait grandement lui tirant une fois de plus un sourire, mais pas de ceux taquin, badin, mutin ou juste amusé, mais de ceux appréciateur des jolis mots.
Elle se souvenait on ne peut mieux à cet instant de pourquoi elle se souvenait de lui alors que la nuit partagée au feu de camp avait été exempt de tout acte marquant, juste le plaisir de sa conversation était déjà suffisant.

Portant son regard sombre sur la salle commune où un panel représentatif de la lie parisienne semblait avoir décidé se se retrouver, la présence d'Antoine dans son dos rassura étrangement la petite brune, elle n'avait rien d'un ange mais là c'était un cran au-dessus de ce qu'elle côtoyait, surtout si le hasard l'avait laissé seule.
En hôte docile suivant son guide, Eudoxie se glissa dans le sillage du Szadig, le suivant presque au millimètre, en soulevant légèrement ses jupons lorsqu'obstacle de chair humaine entravait son passage et tirant brusquement dessus lorsque doigts avinés venaient enserrer l'étoffe de coton.

Long soupir d'aise lâché, lorsqu'enfin siège est pris à l'écart de la purulence de l'endroit, l'idée d'ôter sa cape lui traversant un court instant l'esprit avant de songer que la chose ne serait heureuse vu qu'une simple envolée de jupe suffisait à réveiller mains volages.
Mèche rebelle recalée derrière l'oreille de la dextre, la béarnaise reporta son attention sur le ténébreux qui lui faisait face, s'interrogeant sur la raison de sa présence ici, pour un peu avec tout ça elle même l'aurait presque oublié aussi.

Je suis censée y retrouver un ami, mais j'ai bien peur de ne point y parvenir.
Je savais que ce ne serait pas aisé sans repère et sans connaitre la capitale mais là....
*petit rire nerveux* J'en ai confirmation

Posant ses coudes sur la table, Eudoxie forma entonnoir de ses mains afin d'y recevoir l'ovale de son visage, ainsi appuyée, rivant regard sombre à celui si particulier de son interlocuteur.

Et vous Antoine... Que faites vous ici lieu, vous semblez coutumier de la capitale à priori. *large sourire amical* En tout cas vous avez l'air de vous y sentir à l'aise contrairement à moi.

Sourcils haussés d'amusement et lèvre inférieure mordue fugacement de la stupidité de s'être pointée à la capitale en songeant pouvoir se dépatouiller seule de l'endroit pour retrouver la tornade blonde, la brunette observait la moindre réaction de l'intriguant personnage que pouvait représenter le Szadig.

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Antoine..
Antoine se penche un petit instant et cueille le poignet d’une de ces femmes qui sillonne les différents ilots de tables afin de se faire maternelle auprès des bons consommateurs, les adulant, tout comme en les incitant à boire l’Olympe. Il incline la tête et passe commande pendant qu’Eudoxie s’installe face à lui, dans un coin étranger, un « chez eux » parmi tous les autres possibles dans la spacieuse auberge que voici. Face à lui, la table, constituée de lamelles de bois épaisses formant le rectangle, sur le plat de la table une bougie fond et une calebasse avec quelques morceaux de pains reposent. Pendant un petit arrêt des aiguilles, il observe une nouvelle fois Eudoxie, amicale et loin de l’indécence qui ambiante les lieux dans une vulgaire scandaleux. Les femmes arrachent leur col pour attirer la signature de leur gorge, ainsi que l’agrume pamplemousse de leurs lèvres qui même à l’approche de la nuit attire toujours autant, les regards gris, verts, bleus et noirs. Ceux d’Antoine reste inexorablement sur Eudoxie, une jolie femme plantureuse, simple, jolie pour ne pas être « trop » vulgaire. Il cerne son regard, les traits du visage, la fin de celui – ci, la naissance de son cou qui offre un large chemin mais masqué par le trait forme des lamelles de la table. Il reste freiné par le reste de son buste qu’il suppute ouvertement du regard, une nouvelle fois, la première fois n’avait été que trop brève, à l’extérieur et les regards auraient pu conclure qu’elle serait son obligée de la nuit. Dans cette taverne, ils ne sont que deux parmi tout le reste qui vit dans leur approbation, sans leur regard ni encore leur dégoût.

Le Szadig reste Chat, le regard en amande, la peau bambine, le regard premier vers ce que les enfants pointent pour se nourrir à leurs premiers âges et ce que les passionnés pointent pour exprimer leur faim érotique. Il est les deux à la fois, et se fait interrompre par la Muse qui apporte deux fines deux coupes Murano. Si Eudoxie déserte l’eau-de-vie, un prochain pourrait très bien s’y laisser perdre, dégorgeant sous l’Adam et se laisser border par d’imaginaires caresses, d’ivresse serait son paradis mais que pour une simple petite fraction de cycles.


Antoine écoute la brune au regard de khôl rire nerveusement, répondant pour sa part d’un gloussement, alors que ses doigts enlacent la croupe du verre pour la porter à ses lippes, ne se privant d’une première lampée pour le poiré. Il admet d’un hochement d’épaule l’absurde de la venue d’Eudoxie dans une ville si pleine à craquer de ce genre retournement de situation, se faisant silence, et profitant du feu qui calcine ses chairs jusqu’à brûler silencieusement dans son ventre. Il observe sans perdre miette du mouvement joli de la brune, se mouvant en une posture d’écoute, lui offrant indéniablement son visage et par la même son écoute totale.

Je suis un consommateur et Paris est fontaine de Jouvence… Difficile de ne pas résister.Il hausse une nouvelle fois son épaule, sans trop en dire, ni réfuter son aise soudaine avec une telle chose sous ses perles sinoples, ajoutant doucement, appuyé par les acouphènes : Montons ?
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Eudoxie_
“Attention, on n'est jamais à l'abri d'une découverte." (André Verméglio)

Verre ? Invitation ? Suivre...

Onyx se relevant sur la demoiselle qui vient les servir avec une rapidité étonnante, l'inénarrable ôta la dextre de son visage pour se saisir du breuvage déposé, laissant visage posé sur sa main gauche en faisant passer discrètement le réceptacle de cristal sous son nez, pour découvrir les senteurs de l'alcool contenu.
Effluves fruitées et sucrées, ça change du vin ou de la bière habituellement servi dans ce genre d'endroit, la manufacture des coupes auraient pu lui donner la puce à l'oreille sur le fait que le contenu serait à hauteur du contenant, subtil et fin.

Un étirement naquit à la commissure des carmines se demandant un court instant si le haussement d'épaules n'était pas un tic ou un toc chez le Szadig, un peu comme une ponctuation à ses dires, l'idée la fit sourire alors qu'elle l'écoutait donner des explications sur sa présence ici lieu.
Enfin écoutait... Oui aussi, mais détaillait également, on ne portait pas ce genre de verre ouvragé au premier qui passait, deux options, soit le lieu lui était familier, possiblement un habitué, soit il cachait son jeu et n'était pas "simple voyageur", même si en soi la petite brune s'en moquait allégrement.

Les billes sombres s'attardèrent donc sur les traits ibériques, l'iridescence des pupilles posées sur elle, impossible de déterminer avec exactitude la coloration du regard d'Antoine, ce qui le rendait singulier... troublant même.
Occupée à tenter de caler une pigmentation aux yeux du ténébreux, Eudoxie sortie de ses suppositions en entendant la voix chaude et rauque de son compagnon de chambrée pour la nuit articuler l'idée d'aller rejoindre la dite lucarne justement.

Certes nous serons plus au calme et de manière très personnelle plus à l'aise qu'ici.

Un simple signe de tête en guise d'assentiment à partir d'ici, pour ne pas accentuer le brouhaha ambiant, la joue fut décollée de sa menotte, attrapant sa besace pour l'accrocher à son épaule ainsi que le verre dans lequel elle n'avait pas même eu loisir de déposer ses gourmandes.
Commençant à se dégager du banc, les carmines vinrent prélever une gorgée du liquide, un haussement de sourcil surpris et appréciateur se manifestant à la découverte du parfum et du pétillement de l'alcool, ce qui confirma son intention d'emmener le breuvage avec elle.


****Edit 25 avril pour cloturer le rp****



Comme il avait été entendu la lucarne fut donc partagée agréablement autour de quelques verres d'alcool délicat, discutant comme cela avait été le cas lors de leur première rencontre autour de ce feu de camp.
De quoi ? De tout et de rien en fait... De leurs vies, de poésie, d'art, de littérature et de toutes ces sortes de choses, voilà pourquoi la petite brune se souvenait de lui sans qu'il n'y ai eu quoi que ce soit de charnel entre eux, le plaisir de l'échange.

Le plaisir de ne pas être prise pour une gourgandine, pour une idiote sans cervelle, parce qu'il en avait plus après ce qu'elle avait dans le crane que ce qu'elle avait dans le décolleté, ou peut-être pas.
Toujours est-il que pas plus que la précédente, rien de charnel entre ces deux là, juste une nuit quasi blanche à discuter en partageant une chambre, d'aucun prétendront cela impossible et pourtant...

Au petit matin, Antoine fut saluer d'une amicale bise au front alors qu'il dormait encore dans son lit, déposant sur chevet les écus nécessaire pour payer sa part.
Eudoxie quand à elle, avait une tornade à retrouver et dans les dédales parisiens, s'y prendre tôt ne serait pas superflu, la béarnaise sortit donc doucement de quoi laisser un petit mot qu'elle déposa avec les quelques pièces.



    Antoine,

    Merci infiniment de cette délicieuse nuit, votre conversation est une bénédiction, je crois que discuter avec vous ne me lassera définitivement jamais.
    Je n'ai eu coeur de vous réveiller pour vous dire au revoir mais ne peux m'attarder même s'il m'aurait été agréable de converser encore de tout et de rien comme se fut le cas.
    Prenez grand soin de vous, ce sera grand plaisir de recroiser votre route.

    Affectueusement.

    Eudoxie


Cape violine jetée sur les épaules, la brunette s'éclipsa sur la pointe des pieds, rejoignant son étalon et les affres parisiens.



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