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Info:
Convalescence et fuite d'une tornade blonde Protagoniste Kaghan Willouch Fanette Yohanna Eudoxie

[RP] Une valeur sûre, une mère

Kaghan
Pas r'venu ... Il était pas r'venu de la nuit ... Mais les gamins ont d'la r'source hein ? Ouais, rtout lui. Reste qu'une explication ... Explication posée sur la tab' près de mon lit d'ailleurs.

Wilson ...

Si j'avais pensé que ... 'Lors toi aussi ? Mais qui peut te blâmer r'ça ? J'étais l'premier à sombrer. J'comprends. Oh oui, je te comprends.

Alors c'est ainsi.

Mon r'gard balaye la pièce. Le stricte nécessaire, et 'core ... Rin à porté. Fait chier ... Na. NA ! J'r'fuse. J'suis un de Chambertin. J'suis pas n'importe quoi. 'Lors j'vais l'faire pour toi Mam. Pour ce nom que tu m'as donné en même temps que ton amour et ta protection. Y peuvent dire c'qu'y veulent. Y ne nous connaissent pas. Et 'core moins not' détermination.

Assit sur mon lit, j'tourne. Lent'ment ... Mes jambes, ou ce qu'il en reste, pendantes dans l'vide. Ça doit pas êt' si compliqué ... La porte est là, à même pas trois mètres ... C'est quoi trois mètres quand on sait marcher ? Rin. Trois secondes. Mais quand on sait pas ... ?

J'r'garde mon corps, vêtu de simp' braies. À force de transpiration, la marque est partit. Je dois la refaire ... Au cas où. Et mes jambes ? Une gonflée encore. Douloureuse aussi. Rin que de l'avoir pendante comme ça ... Je le sens. On m'a dit un mois. J'ai sauté le 14 avril ... C'est tôt. B'coup trop tôt. Mais je tiendrais pas deux semaines comme ça. Seul au fond d'une maison abandonné, sans aut' contact que Proserpine mon araignée et la vue de ma jument qui passe devant la fenêtre en broutant.

Coup d'œil à mon aut' jambe. Celle là ... Je pourrais dire fonctionnel, si y manquait pas le pied et la moitié de la partie inférieur de la jambe ... Mais mon genou à rin, 'parament. Je sais le plier et le déplier ... Bon.

J'pose mes mains sur mes genoux et appuie un peu. Ouais ... Douloureux à gauche. Au final, la jambe cassé sera plus difficilement manipulab' que l'amputé. Êt' debout c'est impossib'. À quatre patte ? Je vais souffrir, mais ça reste une solution. Au pire des cas, je devrais me traîné à la force de mes bras ... À moins que ?

De nouveau, j'r'gard la pièce. Je lui avait demandé une barre, et il me l'avait donné ... Où est.. Ah ! Là bas. À côté de la cheminé. À l'aut' bout de la porte ... Et j'suis pas certain de marché 'vec en pus. Le bois qui tient ma jambe droite sera j'mais suffisant si ma fracture bouge 'vec mon poid. Mais 'vec ça je pourrai attraper des trucs en hauteur. Ou tenter au moins ...

Bon. Faut. Coup d'œil sur la poutre, Proserpine est là. Je l'écras’rai pas …

À la force de mes bras, pour pas partir d'un coup, j’glisse lent’ment au sol. Ça passe … Voilà … Comme papa dans maman … P’tain. Même assis au sol j'ai mal … J’me penche sur le côté et roule. Aaaaah … Serre les dents. C'est l'histoire de … Quelques heures juste … Quand je serais sur meko, ça sera mieux. Si j'arrive à monter, tout seul, sans mes jambes …

N'y pense pas … Bon. Maintenant, avance.

L'exercice est pus douloureux que j’pensais. Ma jambe gauche est trop faib’ et traine à moitié au sol, m’arrachant quelques gémissements et un bon mal de dents à trop les serrer. Ma droite elle, va pas trop mal … Genou plié, j’marche à trois pattes, à défaut de quatre, ou mieux de deux … Prenant soin d’garder l'bout amputé en l'air. Sert à rin de le frotter au sol et d’me faire mal inutilement. J’tend la main … Je l'ai ! ‘Vec ça j’pourrais m'appuyer dehors pour monter Meko. J’m’arrête un instant pour respirer.

J'ai mal …

J'ai mal aux jambes, et surtout, à ma fierté ...

_________________
Yohanna.



La Tempérance.

Un autre terme qui signifie tout simplement la recherche du Bien selon 
les sages, de Aristote à Platon. 
Faire le Bien ce n'est pas le Bien. 
Les choses possèdent une part de l'Idée mais ne sont pas l'Idée elle même. 

Ainsi le discours Romain pronant la dévotion servile et des actions 
particulières n'est pas suffisant pour le Croyant sincère. 

La Tempérance est une habitude durable et constante en toutes actions et choix. 
Elle ne signifie pas la tiédeur pour autant. 
A l'exemple du courage, qui est le juste milieu entre peur et témérité. 

La Tempérance c'est combattre l'instinct. 
C'est tempérer notre part animale pour renforcer l'Intelligence, ce formidable Don de 
Déos. 

Cela ne signifie pas boire avec modération, mais prendre garde à 
ce que l'excés ne dicte pas sombrement nos paroles et actes. 
La Tempérance ne signifie pas de renoncer aux plaisirs de la chair. 
Mais de ne pas se faire dicter par le Désir ou l'Envie nos choix et conduites. 

C'est se servir de notre part charnelle, instinctive, et non être mené par elle. 

Le prêche de Falco me tourne en tête depuis des jours.
La Tempérance….
Ne pas se laisser guider par sa partie animale, qu'il dit. Ne pas laisser l'envie nous guider. Ne pas laisser la colère faire de moi une meurtrière.
Pourtant que suis-je ? Depuis longtemps maintenant je suis un monstre. Qui plus est, je le suis en maîtrisant la tempérance. Car si crime je dois commettre, il sera maîtrisé, modéré, calculé. Si je ressens encore du plaisir à faire couler le sang, j'arrive à ne plus me laisser guider par cette soif de tuer sans raison. Je gère.
Jusqu'à toi. Mon fils.

Je ne pensais pas qu'un sentiment aussi puissant puisse un jour me pousser à la totale déraison. A l'abandon du peu de mes valeurs, à la violence gratuite et irréfléchie. Mais il me suffit de t'imaginer souffrant pour devenir folle à vouloir couvrir la surface de la terre des cendres de tes ennemis. Même si ces ennemis, tu les as aimé. Ais-je déjà aimé si fort ? Je donne mon corps sans retenue, parfois mon esprit et mon âme, souvent à la mauvaise personne, mais seul toi possède la clef qui fait bondir mon cœur que je croyais glacé. Pour toi il s'embrase au point de me consumer et me faire oublier tout ce qui est sensé avoir une place dans nos vies. Que ne t'ai-je mis au monde, et ce sentiment n'en serait que mille fois multiplié. Mon fils.

Le vent froid me glace les mains et les joues, mais ce feu en moi m'empêche de m'arrêter. Je cravache ma monture car ma décision est prise. Je te retrouverai.
J'ai menacé, proposé, supplié. On m'a insulté, conseillé, raisonné, et finalement, j'ai décidé.
Devrais-je retourner le monde que je finirais par savoir où tu es. Et je ne te laisserai plus. Jamais. Je te le promets. Mon fils.

Mais procédons avec intelligence. Tu as du souffrir, mais tu n'es pas mort. Jure moi que tu n'as pas recommencé. Oh Fanette ! Dis-moi que tu sais qu'il va bien… Si l'insulteur n'est pas trop stupide, il aura cherché un médecin. Ou bien dans le village on aura entendu parler du jeune homme qui a voulu mettre fin à sa vie. Je vais chercher sa trace, et la retrouver. Il n'a pas pu aller bien loin. Oh Christopher, trop avare de bonnes nouvelles, je ne sais même pas si tu as des amis, des frères. As-tu toujours ton cheval ? L'animal serait facile à trouver. Mais s'il a été revendu ? Hm.. Trop sauvage pour se laisser monter par un autre que son seul ami et maître. Voilà une vraie piste. Le cheval. Quelqu'un a bien vu cet animal étrange…
Il me reste quelques autres idées si personne ne peut me renseigner. La garde ? Le maire ? Je trouverai bien un moyen.

Mais pour l'instant me voilà à franchir les portes de la ville. Ma monture est épuisée, je dois nous trouver un endroit pour nous reposer. Au moins lui, pour ma part je ne tiens plus. Une chope peut-être serait une bonne idée ? La taverne est souvent bondée d'informateurs zélés. Et puis retrouver mon souffle.
Mon calme.
Ma Tempérance.

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Wilouch
L'aube ne pointe toujours pas, mais je n'en peux plus d'attendre ce putain de marchand de sable incapable. Je me lève grimaçant, dormir sur du parquet c'n'était vraiment pas la meilleure idée du siècle. C'est crade, ça pue et c'est dur, la prochaine fois, j'irai dormir dans une auberge terminée. D'un geste rapide, je tape mes vêtements pour les dépoussiérer comme je peux puis je dévale l'escalier. J'en suis malade, je l'ai laissé toute la nuit seul, une nuit entière. Seul avec ses pensées, ses cauchemars, ses démons, mais surtout, seul avec cette lettre... J'n'ai pas eu le courage de rentrer, de l'affronter, de le rassurer comme j'aurai dû le faire. Comme j'aurai aimé qu'il le fasse si les rôles avaient été inversés. Putain, je suis vraiment le pire frère qui soit... Il va m'en vouloir et me détester. Et honnêtement, je comprendrai qu'il le fasse, j'ai merdé sérieux.

Sur le chemin, je rencontre un marchand quittant la ville, pressé. Après un court marchandage, il m'aide à monter derrière son cheval et je le guide non loin de la maison abandonnée. Par chance, il ne pose aucune question et le trajet se fait en une heure comme prévue. Pieds à terre, je lui donne quelques pièces et termine le chemin en courant après avoir vérifié que personne ne me suivait. Je ne sais toujours pas comment lui expliquer ni s'il comprendra ma peur d'hier soir. Mais je m'en veux tellement de ne pas avoir été là pour lui. D'accord, je suis avec lui depuis le début de toute cette histoire incompréhensible, mais là, j'ai failli à mon devoir alors que je lui avais fait tant de promesses...

Soupirant contre moi-même, j'ouvre la porte d'un geste désespéré et le salut d'un :


J't'en supplie pardonne moi... Je... Hein ? Kag ? Mais qu'est-ce tu fous ?!


Là surprise matinale du jour, retrouver le tatoué sur le sol à essayer de ...nager ? S'enfuir ? J'sais pas trop à vrai dire. En tout cas, mes sourcils se froncent et je me précipite sur lui pour l'aider en grognant contre son geste inconscient. Ouais pour une fois, c'est moi qui sermonne et qui râle.

Mais t'es pas bien, tu pourrais t'blesser encore plus comme ça ! Rhaaa... Viens, j'vais t'aider...

Et comme un père qui empêche son gosse de faire une bêtise en l'éloignant de celle-ci, je fais signe au blond de s'appuyer sur moi. Je glisse ma main dans son dos et l'autre sous ses jambes pour le prendre comme une princesse. V'là la gueule de la princesse... Je finis par réussir à l'installer avec douceur sur son lit non sans grandes difficultés, parce que notons le, que le blond est bien plus lourd que moi. Mon regard s'attendrit cherchant des explications à tout cela. Le voir ainsi me fait mal, lui si autonome et indépendant avant tout ça. Voyant son visage fermé, j'ouvre les bras et m'approche de lui.

Viens là.... Explique-moi tout...


La discussion avait été longue, j'n'étais pas sûr d'être d'accord avec tout ce qui avait été dit, mais... Nous avions mis les choses à plat, plus de malentendus, plus rien. Juste deux blonds amis comme on ne peut imaginer qui allaient devoir s'éloigner pour mieux se retrouver. Il en avait besoin, je l'savais, et même si je ressens ça comme un échec de ma part, je le quitte en souriant lui promettant de revenir avec une des personnes qu'il attend depuis maintenant trop longtemps.

Je rentre donc en ville, croise à nouveau son amie et nous convenons ensemble d'aller voir Kaghan après la soirée de ce soir. J'espère qu'il ne dormira pas, sinon il aura la surprise à son réveil. Le chemin bien plus long que ce matin, car nous marchons tout du long cette fois. Cela nous permet de faire un peu plus connaissance et d'échapper quelques anecdotes sur nos amis communs. Et alors que nous apercevons la petite maisonnette abandonnée, je la pointe du doigt dans la masse sombre.


C'est juste ici. Tu vois, les gardes ne viendront pas jusqu'à nous si nous n'disons rien. Lui souriant un peu, je lui fais signe de passer devant. Je vous laisse tous les deux un peu, vous devez avoir des centaines de choses à vous raconter. Je vais aller voir Meko.
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Fanette
Tobias avait promis. Quels que soient ses griefs vis à vis de Kaghan ou de sa mère, il emmènerait Fanette voir le béarnais. Puis, il y avait aussi Wilson, un garçon guère plus jeune qu'eux tous. Lui aussi pourrait l'y conduire, puisque c'était auprès de lui qu'il passait le plus clair de son temps. Enfin, sauf en cet instant précis où elle avait fait sa connaissance. Il servait des cervoises aux clients de la taverne, établie récemment dans une venelle étroite, à deux pas de l'église Saint Etienne et des ses trois clochers.

Décision fut donc prise, elle partirait avec Wilson. Le sieur Antonius était au courant, et elle avait laissé un mot à Théo pour qu'il ne s’inquiète pas de son absence en ville. Fanette ignorait où le garçon la menait, mais elle s'attendait à une longue marche nocturne dans la campagne bourguignonne. La jeune fille s'était fait tant d'inquiétudes au sujet du blond d'abord, et de Tobias ensuite, dès qu'elle avait su les noirs desseins de Yohanna à son sujet. Elle languissait de le voir, de s'assurer qu'il aille bien, mince espoir en réalité, au vue des circonstances. Quelques jours plus tôt, à Limoges, elle avait fait une promesse à la Hache. Elle ferait son possible pour lui ramener son fils. Fanette n'avait pas su trouver mieux que cette solution pour tenter de lui ôter son désir de tuer Tobias. Elle était attachée au jeune noble pas moins qu'au béarnais. Elle ne voulait pas le voir mourir et encore moins des mains de celle qu'elle aimait tout autant que ses deux amis. Il y a une chose à laquelle la vagabonde ne s'attendait pas, un fait prévisible pourtant, c'est la réaction qu'avait eu Tobias en apprenant ce que Fanette s'apprêtait à faire.
Une fois de plus, il s'était senti mis de côté, une fois de plus, il l'accusait de n'être là que pour le blond, de ne se préoccuper que de lui, et de piétiner leur amitié pour celui qui l'avait fait souffrir plus que de mesure, alors qu'en vérité, c'était tout l'inverse qui animait Fanette.

Une fois de plus, la colère de l'un avait fait couler les larmes de l'autre.

Tout cela était oublié, au moment où Wilson lui pointait un petit bois, en bordure de cultures abandonnées, à demi envahies par les ronces. Ils devaient bien se trouver à deux lieues de la cité, vu le temps qu'il leur avait fallu, et pourtant, ils avaient marché d'un bon pas, tenu par l'inquiétude et l'impatience. La jeune fille suivit la direction indiquée et fini par la distinguer, là, dissimulée derrière un rideaux d'arbres, que la nuit rendait plus sombre encore. C'était une maison, de taille bien modeste, dont les façades en torchis accrochaient à peine la lumière de la lune. Fanette parcourut seule les quelques toises qui la rapprochait de la porte, fébrile. De l'autre côté du carreau, elle percevait la lueur d'un feu et les flammes de quelques chandelles. Il ne dormait pas.

L'huis passée, son cœur ne fit qu'un bond en l'apercevant. Kaghan était assis sur le lit, le dos calé dans des coussins, un simple drap de lin jeté sur le bas de son corps, épousait la forme de ses deux jambes, qui n'étaient plus d'égale longueur. Rapidement, les noisettes embrassèrent la silhouette dans son ensemble, plus fine, plus voûtée peut-être, comme s'il se tenait recroquevillé sur sa souffrance. Puis, les yeux descendirent sur le drap, trahissant le membre amputé, et les lèvres s'entrouvrirent pour laisser passer en vain des mots qu'un sanglot venait d'étouffer. Les yeux s'emplirent de larmes, la gorge douloureuse ne parvenait à ravaler cette boule de chagrin qui venait de la nouer. Qu'avait-on fait de Kaghan ? Où était le garçon moqueur et tendre, celui qui abandonnait ses émotions aux arpèges harmonieux d'un luth.

Ressaisis toi Fanette, ressaisis toi ! Pleurer n'est jamais la bonne option, ce n'est pas ce dont ton ami à besoin.

Voilà ce que la jeune vagabonde se répétait, fermant les yeux un fugace instant pour en refouler les larmes, reprenant une profonde inspiration en les rouvrant. Ses lèvres s'étirèrent en un délicat sourire, chargé d'amitié et de compassion, et sans lui demander son avis, elle se jeta contre lui, l'étreignant sans doute avec une force à la hauteur des maintes inquiétudes qui avaient été siennes depuis plusieurs semaines. Combien de temps l'avait-elle tenu ainsi, serré contre elle, se rassurant de sentir les battements de son cœur et la chaleur qui courrait sous sa peau ? Quand elle fut repue de cette tendresse qu'elle avait eu si peur de perdre, elle s'écarta légèrement, presque gênée. Elle plongea son regard dans un sien, un instant silencieuse. Quel besoin de mots, quel besoin de se dire ces phrases convenues, bonjour, comment vas-tu. Nulle précision nécessaire sur le soulagement de le revoir, même amoindri ... Assise sur le rebord du lit, elle ne savait plus que lui sourire, tenant sa main dans la sienne, comme s'il pouvait encore s'échapper. Puis, elle fouilla dans sa besace pour en sortir le pendentif de bois, et le déposa dans ses mains. Elle dégagea ensuite de son col, celui, identique, qu'elle portait autour du cou.



C'est pour toi Kaghan. C'est Yohanna qui les a sculpté. Elle les a voulu comme un symbole, pour qu'on oublie pas. Quels que soient les obstacles qui se lèvent au devant de nous, on peut toujours revenir auprès de ceux que l'on aime et qui nous aiment. J'ai fait une promesse à ta mère Kaghan, je lui ai promis que je m'efforcerai de te ramener à elle. Elle dit qu'elle ignore où tu te trouves, et qu'elle ne peut te faire parvenir de courrier, mais elle ne cesse de penser à toi. Alors, j'ai promis, j'ai lui ai promis.

Elle laissa passer un bref instant, sondant une réaction dans les prunelles vert sombre.

Kaghan je t'en prie, dis moi que tu es d'accord, dis moi que tu veux la revoir. Dis moi que Tobias n'a rien fait de tout ce que m'a dis ta mère, que tu ne souhaites pas sa mort. Dis moi que bientôt tout ira mieux, que tu voudras vivre encore plus fort que ce que tu as voulu mourir. Dis moi que tu sauras être heureux de nouveau, que tu aimeras encore et que la vie ne s'arrête pas à un chagrin d'amour. Comment pourrais-je croire à l'amour si mes deux amis meurent de ne plus s'aimer ?

Les questions s'étaient échappées, sur un débit rapide, trahissant ainsi comme à chaque fois les angoisses qui lui broyaient le cœur depuis que Kaghan avait voulu mettre fin à ses jours, déchaînant sur Tobias toute la ire dont était capable la Hache.
Kaghan
Y était v'nu, j'vais craqué et vidé mon sac sur ses épaules d'enfant, et y était r'partit. On est pas t'jours d'accord, c'vrai. Mais y m'a comprit. Et j'ai attendu ... J'ai pensé aussi. J'ai pleuré parfois. Mais j'tais tout seul, 'lors j'm'en fou. La journée était longue.

Les articulations douloureuses, l'estomac vide et contracté, la tête lourde et douloureuse. J'dois 'voir l'air d'un cadavre de l'extérieur ... À la lueur des bougies, j'fixe ce manque. Ce trou ... Cette forme.

J'avais un pied 'vant. J'avais le sourire 'vant. J'avais des amis aussi. Un avenir. Un don. Une volonté. Des principes. Des règles de vie. Les cinq grandes règles. Si je les avais respecté ... Rin de tout ça serait arrivé.

J'soupire. J'ai besoin de m'occuper. J'ai pas mon luth ... J'ai juste ma langue et ma voix épuisé. J'ferme les yeux, pose ma tête sur l'bois du mur.


Les licornes existent
Les dragons et toute la liste
Pas l'envie d'être réaliste
La vie est déjà si triste

Les licornes font un pique nique
Avec les elfes et toute la clique
Laissez moi ce rêve épique
Ma vie est loin d'être magique
*

Et mon corps frissonne. J’ferme la bouche et j’sais pas c’bien d’temps coule jusqu'à entend’ la porte s'ouvrir. J'ouv’ les yeux et …

Fanette ? ‘Lors c'est vrai ? Elle est ici, j’rêve pas … J’me r’dresse, presque rin. J’suis tel’ment fatigué … J’la fixe, longuement. Elle bouge pas … C'est dans ma tête c'est ça ? J’suis ‘core tout seul … C'est ça ? Je l'imagine … Mais elle s’met à bouger.

Et même si elle a pas duré, je l'ai vu. Cette chose sur ton visage. Ouais, je fais pitié … Je l'ai vu. Et mon cœur se serre, ‘lors que j’réponds à son sourire. Je sais que ce masque sert à rin. Tu le connais Fanette, tu as déjà senti ma douleur dans mes chants, mes notes, mes let’ d’enc’. ‘Lors je sais que tu sais. Mais j'ai pas la force de dire que j'ai ‘core pus mal dedans qu'à l'extérieur.

Mes bras l'enlacent, mon nez r’joint ses cheveux et j’inspire son odeur à plein poumon. Ouais … Elle est là. J’ferme les yeux. J’veux que ça dure, j’t’en prie, reste un peu … J’suis tel’ment seul ma belle, je veux pu l'êt’.

Mais déjà elle m’quitte, et je la regarde. Mes lèv’ s'étirent en voyant les siennes sourire, dans un automatisme navrant. Et mon r’gard suit ses gestes. Jusqu'à un objet que je tourne ent’ mes doigts, ‘vant de lever le nez sur elle.


Un cadeau de Man …?

’Lors elle m'a pas oublié … Et la suite me laisse sans voix. ‘Lors elle pense à moi, vr’ment. Et c'est sa faute si … J’s’vais qu'il ‘vait peur. Même s'il dit l’contraire. On fait pas autant de manière quand on a pas peur et qu'on s’en fou. On se chie pas dessus comme ça quand on a rin à se r’procher. Ma voix est fatigué, et j'entrelace mes doigts à ceux de cette jeune femme que j'aime tant. Et j’serre le présent cont’ moi.

J’suis d'accord. J’veux la voir. Emmène moi Fanette … J'ai b’soin d’la voir. J'ignore c’qu’y a fait, ou dit. J’suis là d’puis … Que j'ai sauté. Sa mort m'apporte rin, pas pus que sa vie … L'amour existe. Mais pas pour les hommes malades comme nous … Emmène moi … Me laisse pas ici Fanette, et je te promets que je me battrais pour viv’
_________________
Fanette
Il est d'accord ! Il est d'accord et c'est le soulagement d'abord. Fanette respire de nouveau, Kaghan vivra, Tobias vivra. Enfin ça, elle l'espère, il y a déjà eu trop de souffrances de part et d'autre.

Puis c'est l'affolement, comment faire, comment s'y prendre ? Il ne peut marcher, il ne tiendrait pas à cheval ... elle n'a rien ... un attelage, même petit, une mule ... un courrier encore, pour Limoges, pour Yohanna ... Wilson, viendra-t-il ? S'il ne vient pas, saurait-elle s'occuper seule du béarnais ... s'occuper, ça veut dire quoi ?

Pas d'autres choix que de tenir cette promesse, d'une importance capitale. Elle devait y arriver, et redoutait de n'y parvenir. La nuit est bien trop avancée pour agir ce soir, et puis, un départ devait se préparer, surtout celui-ci. Il fallait trouver le moyen de prévenir Yohanna ... Et Wilson ...

Et, tandis que les pensées s'agitent sous les boucles dorées, elle perçoit le regard fatigué du béarnais posé sur elle, ses doigts noués aux siens l'apaisent. Alors, elle se lève, dépose tendrement ses lèvres à son front, et se pose devant le carreau, scrutant la nuit au dehors, y cherchant la silhouette de Wilson, soignant la jument. Elle lui dirait quand il rentrerait, demain il la ramènerait en ville et elle organiserait tout.
Yohanna.
J'ai passé une bonne partie de la journée à chercher des informations, mais rien. Jusqu'à ce que je voie un coursier me foncer dessus.
C'est Vous Yohanna de Chambertin ?

Ptin, je passe une journée à cacher mon nom, et ce type le crie partout. Comment il sait ? J'suis quand même pas la seule fille à me balader avec une hache stylisée au flanc et habillée comme un homme, si ? Ou alors j'ai mon nom tatoué sur le front. Ou bien c'est parce que je suis en train de picoler. Y'a quand même vachement de signes.

C'est pour quoi ?
Une missive pour vous. On m'a dit de vous chercher ailleurs, et ailleurs on m'a dit que vous étiez revenue ici.

Non mais là stop quoi ! Y'a un signal GPS sur vos canassons aérodynamiques ou quoi ? Chier.
Le vélin est lu, et la pâleur naturelle réussit à devenir une sorte de transparence diabolique.
Fanette, ici, avec Kaghan. Enfin ! Le soulagement fait place à l'impatience de le retrouver, et le col du coursier est attrapé avec vigueur pour le secouer.


DIS-MOI OU ELLE EST !!! Conduis moi à la fille qui a écrit ça ! Maintenant !

Tremblant, suant, se perdant au moins huit fois, le jeune garçon finit par me retrouver approximativement le lieu qui semblerait potentiellement contenir un jeune homme amputé, bien gardé par tout un tas de monde plus ou moins discret. Super. Ça fera plus de monde à décapiter.
Première étape, en avançant vers la maison, me voilà à tomber sur un jardinier farouche, fourche en main, un peu vieux, la peau tannée par le soleil et l'air agressif du Bourguignon profond.
Première victime en vue. Chouette.


Où est-il ?
Qui qu'donc ? Y'a personn' ici ! Déguerpissez d'mes talus !

Les talus sont donc allègrement piétinés par les sabots de mon cheval, faisant crier plus fort le jardinier malgré mon regard qui envoie des éclairs plus violents qu'un soir de tempête.

Il se cache chez vous ?! Si vous ne me le dites pas, je vous saigne comme un porc.

Malheureusement, ce genre de personne n'étant pas formé à mentir comme un soldat, je lis sur son visage cette lueur de conspiration avant celle de la peur. Et ça me suffit. Ma hache est décrochée, et le coup part. Toute la violence accumulée dans ce seul geste suffit à faire sauter la tête comme un bouchon de liège sur un mauvais champagne. Le sang gicle partout et affermit en moi cette rage de retrouver mon fils. Au loin je vois un jeune, et je reconnais enfin le cheval de Kaghan. Pourquoi ce garçon touche le cheval de mon fils ? Est-ce le garçon évoqué dans la lettre ? Un garçon choisi par Tobias pour le garder sous sa botte. Lui aussi, il finira comme le jardinier.

Descendant de ma monture dans un bruit sourd, mon pas se fait rapide en allant vers le gamin. Je suis pleine de sang, armée, et mon visage doit inspirer une crainte sans faille au vu du regard effrayé du garçon. Il a l'air à peine plus jeune que Chris. Lui aussi doit être un nouveau jouet de Tobias. Il a remplacé mon fils par ce petit être sans intérêt. J'ai tellement envie de saigner tout ce qui se mettra en travers de mon chemin ! Mais je dois lui demander où est Chris. Bien que nous ne sommes plus bien loin. Son col est agrippé, comme le coursier plus tôt, mais cette fois la hache est brandie, menaçante, et je n'ai même pas besoin de hausser le ton. Il ne lui reste que quelques secondes à vivre. Peut-être même qu'il mourra après une bonne réponse.

Tu as le droit à trois mots. Où est mon fils ?
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Wilouch
- Là doucement ma fille....

J'tâte l'encolure de la jument sauvage comme j'ai vu Kag le faire si souvent. Mes doigts se glissent sous ses longs crins continuant leurs caresses. Rare sont les moments où elle me laisse le droit de rester aussi longtemps près d'elle. Parce qu'avec Meko, c'est toujours elle qui choisit, qui décide quoi faire et quand, c'est ça la liberté. Devant l'opportunité qu'elle m'offre de la papouiller, je profite du moment avec grand plaisir, laissant les deux autres se retrouver. C'est qu'ils en ont des choses à se dire depuis tout ce qui s'est produit.

La nuit est tombée depuis un moment et le calme règne enfin. J'aime bien ce moment où tu te sens léger et apaisé. Cet instant que tu n'as pas envie de rompre pour rien au monde, et surtout pas par un horrible hurlement strident comme il se pousse à l'instant.

Je me retourne sur le qui-vive, mon cerveau tournant à 100 km/h. L'homme qui vient de hurler, je l'sais, c'est le paysan. Celui qu'on paye pour nous alerter des dangers. Pourquoi est-ce qu'il hurle une fois le danger tombé sur lui et pas avant... On ne le paye pas pour nous avertir qu'il meurt dans la logique. Ma respiration de gosse apeuré s'accélère au même rythme que le danger s'approche et dans mon esprit des centaines d'hypothèses fusent. On nous a retrouvés... Le Prince aura finalement ce qu'il veut et Valois un autre mort sur la conscience...

Une ombre se dessine, s'avançant vers moi. Ce n'est pas une armée, la personne est seule. Je remarque ensuite qu'elle tient quelque chose à sa main, c'est.... une hache ? Nan attendez, l'ombre, c'est une femme ? Une femme, avec une hache, couverte de sang et le visage déformé par un sentiment que je ne connais pas. J'ai envie de sourire en voyant que c'est une femme, mais au vu de sa tête, j'n'y arrive pas vraiment. Elle fait flipper... Bordel, elle va me tuer... Et le sang sur elle c'est celui de...du paysan...


- M'man....J't'en supplie aide moi... J'suis trop jeune pour mourir... Maman...J't'aime...

Elle s'approche, encore un peu plus et finit par se poster devant moi. Mon cœur explose au fin fond de ma poitrine comme s'il cherchait à se casser de là.

J'aurai pu lui demander plus de précision sur sa question, ou sur la personne qu'elle cherchait. J'aurai aussi pu gentiment lui expliquer que j'n'étais pas d'ici et que j'aurais du mal à l'aider dans sa quête. Mais contrairement à toutes ces options, j'opte pour la fuite. Je recule un pas et me barre en courant en direction de la maison. J'n'réfléchis pas vraiment à ce qui se passerait si elle me jetait sa hache, si elle me lançait une dague ou je n'sais quoi. La seule chose qui m'importe pour le moment, c'est de les prévenir, qu'ils se planquent.

- FANEEEETTE !!!!Y'A UNE TAREE AVEC UNE HACHE ! ELLE VA TOUS NOUS TUER ! CACHEZ VOUUUS !!

Je ne gueule pas, je n'hurle pas nan, je crache littéralement mes poumons pour sonner l'alerte avec ma voix qui se coupe ou qui monte dans les aigus sur les dernières syllabes.
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Fanette
Un cri, presque lointain, Fanette n'y prête guère attention, sans doute un peu remuée par les retrouvailles avec Kaghan. Son ami est là, assis sur son lit à quelques toises à peine, et elle lui tourne le dos, préférant fouiller la nuit du regard. Préférant s'efforcer de songer à tout ce qu'elle aura à faire demain, pour tenir sa promesse, pour rendre le béarnais à sa mère, l'arracher à cette couche, à ce duché, à cette souffrance, pour s'y arracher aussi, car la jeune fille n'a pas appris à se préserver. Si ceux qu'elle aime souffrent, elle souffre aussi, et ça, c'est inutile et inefficace. Alors, elle organise, elle liste, prévenir Wilson, trouver un cheval, une charrette, attendre la réponse de la hac...

Et son cœur bondit hors de sa poitrine, le sang cogne aux tempes, il court vers eux en hurlant, elle ne saisit pas le sens des mots ... terreur ... Elle a juste saisi l'effroi sur son visage qu'elle devine blême malgré la noirceur de la nuit ... agir ... Il court comme s'il avait le diable aux trousses et ... mourir ...

Elle a blêmi aussi, figée dans sa frayeur tandis que l'esprit cherche à reprendre le dessus ... Fuir est impossible, pas si vite, pas avec Kaghan, elle ne saurait le porter ... se battre ... et là, seconde silhouette que l'obscurité vient de libérer de ses rets. Une main tient encore l'escoffle qui protégeait du froid Wilson, l'autre lève une hache, le bras se tend, s'apprête à lancer l'arme sur le fugitif ....

Crier ...

Fanette réagit soudain, se précipite, ouvre la porte, et se rue dehors en hurlant à son tour ... Yohanna ... NOOOOOONNNNNN !

Et elle percute le garçon dans sa course, s'étale au sol, l'entraîne dans sa chute, et la hache siffle au dessus de leurs têtes ....

Elle s'arrache à la boue, se redresse sur un coude, essoufflée, groggy, portant les yeux sur le blond autant que sur la brune, qui, en deux enjambées s'est plantée là, juste devant eux, mains sur les hanches, regard déterminé, et ... oh palsambleu ! ... la cotte-hardie déjà maculée de sang.

Fanette reprend contenance en même temps que quelques couleurs.

Yohanna, tu .. là .. tu ... Il est mort ?

Tout compte fait, la contenance manque encore un peu de contenu. Elle tourne les yeux vers la porte restée ouverte, lui indiquant l'intérieur de la petite maison à pan de bois.

Il est à l'intérieur Yohanna, ça va aller ... maintenant que tu es là, ça va aller ...
Yohanna.
J'devais avoir trop de sang sur les mains. Ou alors sa chemise était vraiment dégeu. Ou alors en soie. La soie, sa glisse. Toujours est-il qu'il s'est enfui. Il m'a échappé, et il a dit beaucoup, beaucoup plus de trois mot. Et comme il hurlait, comme il braillait même, J'ai pas tout de suite tout compris.
Déjà en essayant de compter les mots, j'me suis perdue, et puis en plus j'ai compris


Fenêtre ! T'as une tarte avec une vache! Elle va nous ruer. Aggravez vouuuus !! *

Z'imaginez bien qu'un type qui parle à sa fenêtre, j'me suis demandée si je faisais une bonne action en lui balançant ma hache au visage, ou si le Très-Haut m'en voudrait pas plutôt un peu de lui envoyer un troufion du genre.
Finalement, je me rends compte qu'il avance plutôt vite, alors je lance l'arme, parce que sinon il va m'échapper. Ziouf. Je ne ratte jamais mon coup. Sauf sur cible mouvante dans la nuit.


Yohanna ... NOOOOOONNNNNN ! 

Fanette !

Mon sang ne fait qu'un tour tandis que le sang du jardinier m'inonde les narines en me laissant imaginer que c'est celui de ma jolie Fanette qui tombe sous ma hache.
J'ai peur. Sous la colère, la haine et l'angoisse, je tremble. Toutes ces émotions m'ont vidée, et je suis à deux doigts de tomber à genoux. Oh non… Fanette…. Pardon…
Mais déjà elle se redresse et viens à ma rencontre. Je tombe dans ses bras en lâchant mes larmes.

Ho Fanette…. Conduis-moi à lui…

Je ne sais même plus si j'ai la force de marcher, mais la jeune frisée, encore une fois, sert de béquille. Elle l'a été pour m'empêcher de courir chercher la mort de Tobias dans l'heure, elle me porte encore jusqu'à mon fils… Petite princesse que la vie ne gâte pas mais embellit de jours en jours. Je ne sais si mon poids sur toi est trop dur, je n'arrive plus à voir la distance qui nous sépare de la porte, mais quand je le vois enfin, mon visage s'illumine.

Je suis la plus pitoyable mère que cette terre ait porté. Et je m'en rends compte quand je découvre le corps mutilé. Il ne peut même pas se redresser vers moi. Il semble…. Tout cassé. On a brisé le vase que j'avais de plus précieux. On a cassé l'unique être qui me donne encore envie de poursuivre. Ma blessure est presque aussi douloureuse que la sienne.


Oh Mon fils ! Kaghan…. Mon fils… Mon fils…

A genoux devant le lit, mes bras enserrent sa taille, mes mains le frôlent comme on frôle la statue d'une divinité. Un précieux trésor qui semblait perdu. Me pardonnera-t-il un jour cet abandon ?
Et mes larmes coulent, coulent et coulent encore…
Pourtant la petite maisonnette semble un havre apaisant. Il est entouré de ses amis, Fanette est là qui veille sur lui, et ce jeune garçon qui a échappé de peu à la mort. Qui est-il ? Un ami j'espère ? Si Fanette lui fait confiance…


Chris… Ne refais jamais ça… Je ne te laisse plus… Je vais te sortir de là. On va te sortir de là d'accord ? A commencer par quitter ce duché maudit ! Puis on avisera…



*Mille mercis au correcteur automatique de JD Kaghan, c'est un petit bijou.

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Kaghan
Aux lèv' sur mon front j'souris et ferme les yeux. Elle est là, j'peux m'r'poser sans craintes ... Elle me laissera pas, elle va me ramener dans les bras d'Man. J'souris un peu pus faib'ment et plonge dans la semi conscience. Assez pour l'entend' si elle m'parle, et assez pour m'reposer.

Un cri au loin, j'entrouvre les yeux. J'ai rêvé ...? Coup d'œil vers Fanette, elle bouge pas. J'risque rin ... Y'a pas de danger. Mon instinct d'survie est sacrément pété hein. À croire qu'il résidé dans mes pieds. Mais si si, logique. Pour détaler comme un lapin ! Mais là, manque un pied, donc, moitié de mon instinct qui s'est barré. Bah j'suis dans la merde.

J'referme les yeux dans un soupire ... Jusqu'à sursauté à un aut' cri, pus fort. L'Gamin ! Mon frère ! Une tarée avec une hanche ? C'est ma mère ! Y'a qu'elle qui peut faire aussi peur ! Et la minuscule hésitation qui me reste s'envole en entendant Fanette hurler. Comme monté sur ressort, j'me r'dresse pus ou moins assit.


Maman !

Et elle apparaît, couverte de sang et décoiffée. Et j'souris, à m'en couper la tête en deux. Elle est trop belle, 'vec ce liquide somb' sur les mains. C'est comme dans les histoires qu'on raconte aux gamines pucelles là, sauf que moi c'est pas un prince charmant, c'est une mère sanguine, et ça, pour le romancer en chanson plus tard, c'est cool.

J'tiens difficilement assis, et quand enfin elle est là, près de moi, j'pose une main sur sa joue 'vec tendresse, comme ci c'était elle mon bébé. Mon front se pose cont' sa tête et j'souris.


J'te suivrais ... Promis je r'f'rait pu ça ... Pleure pas Maman, t'es tel'ment pus belle quand tu me souris. Et j'suis vivant ... J'suis pas mourru Maman ...


Et la serre, de la maigre force qui me reste dans les bras. Je la serre, pour pas qu'elle me lâche. Et j'en oublie même Fanette et Wil qui a du se chier dessus. Bande de tapette, ma mère c't'une vraie !
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Fanette
Fanette les regarde, mère et fils enfin réunis. Elle avait promis, elle ne s'attendait pas à ce que ce soit si tôt mais, passée la frayeur qui lui a coupé les jambes, elle peut enfin respirer de nouveau, reprendre les couleurs qui l'instant d'avant avaient subitement quitté son visage. Ses jambes flageolent encore mais déjà, ses lèvres esquissent un sourire attendri, ses épaules se relâchent, le soulagement la gagne, la fuite semble plus facile avec l'arrivée de Yohanna.
La jeune fille tourne le son regard vers Wilson. Il est là, hagard dans l'embrasure de la porte d'entrée restée ouverte, son escoffle dans une main, la hache dans l'autre. Il est maculé de la boue dans laquelle elle l'a précipité. Ses noisettes glissent alors sur elle même, sur ses propres vêtements qui ne le sont plus, souillés de terre collante et du sang que portait la Hache. En d'autres circonstances, elle aurait pu en rire, mais là, c'est le silence qui s'est imposé, la crainte de troubler les retrouvailles entre ces deux qui se sont tant manqués. Alors, elle offre un regard bienveillant à Wilson, s'approche, le débarrasse de cette hache éclaboussée de sang, et prend sa main pour, doucement le tirer à l'intérieur.

Ça va aller Wilson, maintenant, ça va aller. Lui souffle-t-elle.

Dans un repli de sa jupe, la main effleure la bourse que lui a donné le garçon pour acheter une charrette. Tout à l'heure, il serait temps de parler de demain, d'organiser le départ, de savoir comment on éloignerait Kaghan de ce duché, de cet homme qu'il a aimé, mais pour l'heure, mère et fils sont liés l'un à l'autre, sans que rien d'autre ne semble exister, que cet amour qui peut les soigner.
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Un grand merci à jd Don. pour cette jolie surprise.
Wilouch
Ma phrase à peine terminée, j'entends le sifflement de la hache de le fou dingue me frôler. Heureusement (ceci est un euphémisme), je percute Fanette qui me projette brutalement au sol. L'impact est lourd et ma respiration se coupe sous le choc. J'ai l'impression de vivre un cauchemar, le plus horrible de toute ma vie. Je suis incapable de bouger, la peur et l'angoisse me tordent le ventre et je peine à respirer.

Difficilement, je me redresse et ramasse la hache pleine de sang. C'est pas vrai. Un homme est mort... La folle a tué ce pauvre homme qui nous protégeait si gentiment depuis le début. Combien de fois je suis sorti pour lui parler de la pluie et du beau temps. Jamais il n'a posé de questions son contrat le lui interdisant. Il ne savait pas qui il gardait, ni pourquoi. Il le faisait juste pour avoir un peu plus d'argent pour vivre. Et cette tâche l'a tué.

Complètement paumé, je regarde la scène se jouer devant moi. La timbrée court en pleurs vers Kaghan, mon ami, mon frère. Et c'est là que ça fait tilt dans mon esprit. C'est à ce moment-là que la petite ampoule s'allume au coin du cerveau. La folle furieuse, c'est sa mère, Yoh ! Le puzzle se complète maintenant !
« Wil promet moi de faire attention à ma mère », « ma mère, c'est une femme dans le corps d'un homme », « ma mère est dangereuse et si elle peut tuer, elle tuera ». C'est qu'il n'avait pas raconté de connerie le con ! Sa mère est pire que folle et dangereuse pour quiconque.

Fanette, la gentillesse et la douceur à l'état pur, me débarrasse de cette horrible hache poisseuse. Complètement drogué par la poussée d'adrénaline qui retombe, je n'fais même pas attention à la boue qui goutte le long d'ma chemise. Alors que d'ordinaire, la moindre tâche me fait rager. La main de Fanette me tire doucement vers cette maison abandonnée désormais témoin du meurtre d'un innocent. Hésitant, je regarde la jeune bouclée pour m'assurer qu'il n'y a plus aucun danger. Elle a l'air de connaître la fameuse Yoh, je lui fais donc confiance et avance juste de quoi me poser contre le mur, face au lit du blondin. Le regard vide et le teint encore palot, j'observe la mère et le fils en pleine retrouvaille. Pour l'instant, je suis encore bien incapable d'aligner trois mots cohérents à la suite.

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Eudoxie_
"Les vrais amis sont ces gens rares qui demandent de nos nouvelles et se soucient vraiment de la réponse…"

Détente ? Missive ? Coup de massue...

*Limoges 07 mai 1465*


Moment de calme au creux du verger de son brun, Eudoxie griffonnait sur son carnet à dessin assise sous un arbre lorsqu'Ernest vint la trouver pour lui porter deux missives arrivées pour l'une d'elle au matin et l'autre dans l'après-midi s'excusant de ne pas lui avoir amener plus tôt.
Se relevant et se saisissant des plis, la jeune femme lui fit comprendre qu'il n'y avait là rien de grave que de toute façon elle n'attendait rien d'urgent, le laissant se retirer, ce qui était d'une hypocrisie complète espérant depuis un moment des nouvelles de Kaghan, mais mettre mal à l'aise le personnel de Black n'était pas de ses intentions.

Quelle missive ouvrir en premier lieu... aucune idée, elle ouvrit donc l'une après l'autre les deux parchemins pour voir qui lui écrivait et prendre connaissance des expéditeurs son coeur s'emballant en voyant l'une et l'autre : Wilson et Tobias Maxence.
Elle voulait des nouvelles, de fait elle allait en avoir, instinctivement la main se saisit de celle du gamin qui accompagnait sa tornade vu qu'il était auprès de lui et la parcourut.



"Des nouvelles du blond"

Dame Eudoxie,

Je m'excuse du retard pour vous répondre, mais vous n'vous imaginez pas ô combien s'occuper d'un Kag sauvage incapable de bouger est compliqué et prend du temps. Enfin si peut être que vous l'savez ? Peut-être même sûrement... Enfin bref, j'espère être excusable, au moins un peu. J'le suis ?

Kag a malheureusement essayé de s'prendre pour un oiseau du haut des remparts de Moulins et a lamentablement finit sa course au sol. Par je n'sais pas quel miracle il est en vie alors prions l'Très Haut et Tangra pour les en remercier. Il revient de loin ça j'peux vous l'en assurer mais Kag est fort. Sa jambe gauche et son genou se sont cassés sous le choc et...son pied droit a pourri. Il a aussi plusieurs hématomes, mais cela reste minime face à ses jambes. Sans médecin sous la main et recherché par toutes les troupes du Prince, Tobias lui a coupé son pied par ses propres moyens. J'étais présent et j'peux vous dire que c'était...immonde. Il a beaucoup souffert, mais l'infection était vraiment trop présente. La gangrène qu'ils ont dit.

Kag m'a quelques fois parlez de vous. Il tient beaucoup à vous de ce que j'ai pu comprendre. Il est donc normal que vous vous fassiez du souci pour lui. En ce moment Kag s'ennuie tellement dans son lit qu'il en est arrivé à parler à une araignée... C'est sa nouvelle amie, Proserpine et il veut voyager avec dès qu'il sera remis sur son pied. On n'est pas sorti de l'auberge, j'vous l'accorde...

Si vous voulez nous rejoindre, vous pouvez, dites-nous quand vous arriveriez et je vous mènerai à lui. Sachez que je m'occupe et prends soin de lui avec attention . J'essaye de faire du mieux possible pour l'aider et satisfaire ses désirs. Je pense qu'en ce moment, il en a bien besoin le pauvre.

P.S : votre coursier est un voleur, il a voulu me faire croire qu'il n'a pas été rémunéré par vos soins. Changez de bonhomme, celui-là n'fait pas l'affaire.

Wil'


Plus Eudoxie avançait dans la lecture de la lettre du jeune Wilson, plus son visage se décomposait, ses jambes cédant sous elle sans qu'elle ne le contrôle pour choir au sol lamentablement en découvrant que ses craintes étaient fondées depuis le début.
Pour autant aucune larme ne coula, continuant de lire la missive fermant les yeux à la découverte de l'amputation, un haut le coeur la prenant violemment pour renvoyer son déjeuner à mère nature dans un spasme de son estomac incontrôlable.

Se redressant encore titubante de la brutalité des nouvelles, la petite brune ramassa son carnet et replia la missive de Wilson pour parcourir le pli de Tobias Maxence qui vu la date était en fait plus ancienne que celle du jeune homme en compagnie de Kaghan, mais dont les nouvelles s'avéraient assez similaires, la détresse de l'homme en plus de devoir gérer tout ceci.
Lentement les pas de la béarnaise la ramenait vers le domaine, observant le calme et la quiétude, combien de mauvaises nouvelles recevraient-elles encore ici.... déjà la dernière fois, tout ceci n'était que coïncidence mais coïncidence malheureuse, il allait falloir réfléchir à tout ceci, y répondre aussi, ne pas se précipiter.

La route était dessiné vers le Béarn, engagé même, vu ce qu'elle avait appris Kaghan n'était surement pas en état de bouger, et vu la rage qui habitait l'inénarrable se mêlant à la tristesse, il allait falloir que tout ceci se calme dans sa tête avant qu'elle ne le voit.
Et son brun n'était pas là pour en discuter avec lui, se massant les tempes, la brunette rejoignit sa chambre pour faire une pause et relire les courriers, aucune larme ne coulant sur ses joues, contenues sans doute par une colère sourde qui s'extérioriserait en temps voulu... ou pas.

Prenant plume et vélin, l'heure des réponses aux deux hommes était venu, tout d'abord
à Tobias puis à Wilson.



Le septième jour du cinquième mois de l'an de grâce mille quatre cent soixante-cinq
"Inquiétude et soulagement"

Wilson,

Je vous laisse supposer l'accueil fait à tout ce que vous m'avez annoncé, et oui vous êtes tout pardonné, je suppose bien que ça ne doit pas être aisé de gérer Kaghan dans cet état.
Je l'ai connu blessé à un bras mais encore en capacité de se mouvoir et déjà cela le rendait fou alors immobilisé je ne peux qu'imaginer vos problèmes pour le gérer.
Il m'est actuellement impossible de vous rejoindre même si l'envie est tenace croyez le bien, je dois achever un voyage vers le Béarn et je rebrousserais ensuite chemin pour venir vous rejoindre sur Nevers, je vous tiendrais informée de tout ceci.
Dès que possible je serais auprès de vous afin de vous aider à prendre soin de lui, en attendant sachez que je vous apprécie déjà sans même vous connaître rien que pour ça, et vous remercie infiniment d'avoir pris le temps de me répondre, même si Tobias avait lui aussi pris la plume pour m'informer de tout ceci à mon grand étonnement.

Donnez moi de vos nouvelles si vous le pouvez et prenez soin de vous deux surtout, et embrassez ce fou que j'aime tant de ma part s'il vous plait.

Eudoxie


Ecrire à Kaghan, l'envie était là mais... était-ce judicieux, non peut-être pas, à l'instant présent les mots qu'elle lui aurait écrit n'aurait surement pas été ceux qu'il avait besoin d'entendre.
Plus tard peut-être... pour l'heure il lui fallait trouver un coursier et pas celui de la dernière fois, pas honnête à priori, ci fait, s'évader sur le dos de son étalon au gré de la forêt limogeoise pour se vider la tête.

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Fanette
L'étreinte de la mère et du fils s'était éternisée, laissant le temps à Wilson et Fanette de reprendre quelques couleurs, d'affermir leurs appuis, de chasser l'horreur de la scène qui s'était déroulée plus tôt. On avait rapproché une table du lit, redressé le blessé, calé sa fatigue et sa souffrance dans des coussins, et commencé à entrevoir les possibilités. La jeune fille avait déroulé sa carte sur la table, et posé dessus la bourse que lui avait confié Wilson, cent écus pour trouver un attelage, cent écus pour amener Kaghan hors des frontières de la Bourgogne avant le retour de Tobias. A mi-voix, et consciente d'attiser plus encore la ire de Yohanna, elle avait dû leur répéter les paroles du jeune noble, après qu'une fois de plus, il se soit fâché contre elle. S'il avait protégé le béarnais jusqu'alors, à son retour, il ne le ferait plus.

Les routes furent donc étudiées, celles de l'est et du nord rapidement oubliées. Le mieux était de passer de nouveau la Loire, vers les collines du bourbonnais au sud, ou à l'ouest vers le Berry. Dans l'une ou l'autre des directions, la frontière bourguignonne pouvait être franchie dans la nuit, même au pas d'un roncin attelé transportant un blessé. Fanette pourrait les y accompagner, et revenir ici, attendre les troubadours, ainsi qu'elle leur avait promis. Yohanna avait son idée, et la vagabonde écoutait soulagée, le tracé de leur fuite s'ébaucher dans les mots de la brune. Parfois, son regard s'attardait sur Kaghan. Ses traits accusant encore la douleur et le chagrin s'étaient un peu adoucis, comme allégés d'une inquiétude.
Ils dormirent tard cette nuit là, s'organisant dans la petite maison, autour de leur fils, leur frère, leur ami, promettant de veiller à tour de rôle sur le sommeil des autres. Fanette avait assuré une garde silencieuse, uniquement troublée du glapissement de quelque renard en chasse, puis elle avait sombré à son tour, laissant à un autre le soin de garder les yeux ouverts sur les ténèbres qui baignaient les bois alentours.

Et soudain, le petit matin s'était fait tempête, la tirant violemment de ses songes. Elle s'était levée d'un bond, cherchant du regard cette épée dont elle savait si peu faire usage. Trop tard, dans une odeur de souffre et de salpêtre, la poudre noire avait arraché le mur de la maisonnette. Poussière qui irritait la gorge, feu dont la caresse ardente déjà tourmentait la peau, et la garde du prince menait la curée, se précipitant dans l'entrelacs de poutres et de pierres. Yohanna, déjà, fière guerrière dressée dans les décombres abattait sans faillir sa hache et le sang se répandait sur les débris, dégoulinant des corps, se frayant un chemin jusqu'à baigner les pieds nus de la vagabonde, que la terreur venait d'ancrer au sol. Le fracas des aciers se brisant les uns contre les autres, les cris, le vacarme, Fanette se crut de nouveau sur le théâtre de cette guerre qui l'avait happée quelques mois plus tôt en Anjou. Sauf que là, ils n'étaient pas une armée pour défendre mais quatre seulement dont un blessé cloué dans un lit et un garçon plus jeune encore qu'elle. Réagir, enfin, décoller ses pieds à l'horreur qui la maintenait figée, se battre pour l'honneur si ce n'est la victoire, tenter une fois au moins de déjouer une lame qui s'abat, de sentir le fil glisser jusqu'à la garde adverse et de repousser l'assaillant d'une habile esquive avant d'y transpercer le corps, à la jointure d'un gambison de cuir. Eclat de courage venu bien trop tard, éclair d'acier qui la transperce, le ventre déchiré, les genoux ploient, la bouche s'ouvre, cherchant la dernière inspiration, le dernier regard sur ses amis qui tombent aussi, et les prunelles de Tobias qui contemplent la scène de leur azur limpide, et plus rien.

Plus rien que l'air qui s’engouffre dans ses poumons, l'inspiration qu'elle reprend dans un cri, assise sur la couche de fortune, le front perlé de sueur, jetant un œil hagard autour d'elle. Nul sang, pas de feu, ni de gardes, le soleil du matin a chassé les ténèbres de la nuit, et la maison s'est éveillée déjà sur cette dernière journée.
Sitôt les affaires rassemblées, sitôt l'attelage trouvé, ils partiront, éloignant le jeune homme d'un havre devenu dangereux.
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Un grand merci à jd Don. pour cette jolie surprise.
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