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[RP] Du Sud au Nord, il n'y a que nous.

Gysele
[Jour 1 : Le lac de Lodève. Merance et Gysèle]

« Quand on marche seul on va vite, mais quand on marche à deux on va plus loin. » - Proverbe arabe

Qu'en est-il de quand on marche à six ? Doit-on démultiplier l'avancée que l'on fait ? De mon point de vue, ce proverbe est un mensonge ! Il n'y a qu'à voir le temps que l'on prend pour se rendre d'une ville à une autre tous ensemble. Je dois reconnaître que l'on s'amuse bien, notre groupe étant composé d'un panel diversifié de personnalités. D'une galloise franche et son accent à couper au couteau, d'un Louis-Marie séducteur et ses maladresses constantes, d'une Juliane prude et son tempérament de feu, d'un Pierre muet et ses coups bien placés, d'une Merance sorcière, discrète mais bien ancrée parmi nous et de moi Gysèle et mon sale caractère. La majorité aux femmes et pourtant l'ensemble se passe plutôt bien si on oublie les petites crises à droite et à gauche.

A Lodève, je profite de la présence du lac pour y faire un tour avec Pierre et alors que je lui fais écrire un courrier à tout le monde pour leur dire qu'ils ont quartiers libres jusqu'au soir, je fais une exception concernant la sorcière. Je ne sais pas pourquoi elle. Pourquoi ne pas avoir proposé à tout le monde de nous accompagner ? Peut-être parce qu'en réalité j'ai le désir de me retrouver un peu seule avec elle, de profiter de sa présence agréable et délicate, un petit moment où me ressourcer. Je demande au muet de nous laisser entre filles et d'aller faire ce qu'il souhaite, l'homme allant certainement se trouver une fille du village à trousser ou une partie de rampo à remporter. Moi, je me retrouve en compagnie de Merance, avec ce sourire en coin qui me vient si facilement en sa présence. Une forme de complicité est née depuis les tréfonds des sales quartiers parisiens et n'a cessée de grandir entre nous. Ce n'est pas tant notre couleur de cheveux qui nous rapproche, mais peut-être quelque chose de plus profond, une rancœur commune ou une douleur semblable que ni l'une ni l'autre ne souhaite aborder pour l'instant. Elle m'attire un peu aussi de par le danger qu'elle représente, de par sa mauvaise réputation, de par ses connaissances, je m'y frotte pourtant volontiers, comme aimantée par ces interdits qu'elle personnalise. Mais Mérance a aussi ce charme particulier, ce regard qui semble me scruter en profondeur comme si elle pouvait saisir qui je suis sans que je ne lui confie quoique ce soit. C'est effrayant mais plaisant, inutile de jouer de faux-semblants, inutile de me brider. Aucun jugement ne parait irradier d'elle. Pas pour l'instant.

La journée est belle, l'onde nous force à plisser les yeux tant le soleil est radieux aujourd'hui. L'été s'annonce en avance, pointant déjà de sa chaleur et de ses rayons chaleureux, nous encourageant à profiter de ce moment pour une baignade. Je ne suis pas pudique, pourtant j'hésite un instant avant de retirer mes vêtements, comme si je m'inquiétais de la pudeur de la rousse. Ce doute s'envole presque aussitôt, mon amie devra bien m'accepter telle que je suis et mes frusques rejoignent le sol de la rive dès que j'en accepte l'idée.


- La dernière à l'eau... offre un massage à l'autre !

J'étire un sourire avant de me précipiter vers l'eau. Arrivée au bord, je fais moins ma maline, mes orteils ont à peine le temps de toucher l'onde que je freine aussitôt mon élan, le souffle raccourci par le froid qui me saisit.

- Dis-moi qu'tu détiens le secret de l'eau qui s'réchauffe Merance ! Avec tes connaissances, j'suis certaine que tu as un truc...
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Merance
    [Jour 1 - Le lac de Lodève - Merance & Gysèle - ]



    Du Nord au Sud, Merance avait beaucoup marché, parfois même couru et certains jours où la fatigue s'était faite sentir, au pas sur le dos d'un cheval qu'elle avait "emprunté" le temps de la balade. Et aux beaux jours, l'envie de quitter Paris pour rejoindre l'Azur l'avait titillé pour devenir une obsession. Direction Narbonne et les Azzuro, revoir la Renarde et puis la Pâle et enfin la travestie, celle qui lui avait offert son cœur l'été d'avant et que Merance avait fui pour ne pas la faire souffrir. Être sorcière, la rousse elle savait très bien à quoi s'en tenir. Sa fin de vie serait tragique, l'inquisition ferait son travail et elle brûlerait sur un bûcher alors pourquoi entraîner quiconque avec elle ? Mais pour l'heure, revoir ce qui s'apparentait le plus à une "famille" pour elle était devenue vitale. Et Narbonne l'accueillit à bras ouverts. Mais d'Azzuro il ne restait plus qu'un coin de ciel Azur car nulle trace des anciens comparses qui avaient fait les joies et les pleurs de la cour des miracles. Midia avait disparu, Owenrah se cachait avec sa fille et Kelel se tairait au fin fond de sa tanière.

    De cœur las, Merance s'en était allée. Montpellier l'avait accueilli quelques jours plus tard et avec elle, la vie retrouvée. Si Narbonne était morbide, Montpellier était tout son contraire. Mais le cœur de la rousse n'y était pas jusqu'à tomber sur la seule personne qu'elle ne pouvait s'imaginer retrouver ici. Gysèle, l'habituée de la cour des miracles, la jolie rousse qui venait trainer dans son antre aux mystères, celle sur qui Merance gardait un œil vigilant de loin. Et de sourires en retrouvailles, la sorcière avait embarqué dans le voyage de Gysèle. Elle n'avait rien à faire d'autre et Paris pouvait se passer d'elle pour le moment, Guylhem y veillait. Et voilà qu'une halte, le soleil de printemps, un lac, quoi de plus distrayant que d'y plonger quelques instants avant de continuer son chemin ?

    Les yeux brillants de joie et d'excitation, Merance avait donc accepté l'invitation de la rousse à venir partager un moment de détente autour du lac. Et la sorcière de lâcher prise un peu grâce à cette troupe qu'elle avait trouvé pour voyager. Il était loin d'elle le temps où elle se cachait, où certains partaient brigander pour subsister, où le temps risquait d'en faucher plus d'un s'ils n'y prenaient pas garde. Aujourd'hui Merance respirait la tranquillité et la joyeuseté. Et sans aucun doute qu'elle devait ce changement à cette pétillante rousse qui prenait la vie comme elle venait malgré les chemins empruntés. D'ailleurs la sorcière l'observait tandis qu'elles s'étaient arrêtées au bord de l'eau. Elle fouillait les tréfonds de l'âme inconnue cherchant ce petit indice qui lui expliquerait pourquoi elle lui faisait si vite confiance. Et elle se rappela encore la première fois qu'elle l'avait rencontré, à Saint Marcel, dans la bicoque du vieux père Eusèbe… pour une poignée d'herbes qui la mettrait à l'abri d'une grossesse non désirée. Et dès cet instant la sorcière avait ressenti comme un élan de tendresse envers cette gamine aux yeux trop grands qui semblaient vouloir happer ce qui l'entourait pour ne plus jamais le restituer. Sans doute qu'elle lui rappelait sa propre personne à cet âge… comme c'était loin tout ça…

    Le mouvement que fit Gysèle quand elle se déshabilla chassa loin de l'esprit sorcier les pensées qui l'avaient ramenée vers cet autrefois qui avait filé comme une étoile dans le ciel. Merance avait penché la tête sur le côté, mordillant sa lèvre inférieure pour maîtriser ce léger frisson qui voguait le long de son échine jusqu'à sa nuque puis sourit. Elle devrait donc se plier au petit exercice elle aussi et se dévoiler entièrement. Avait-elle envie de se baigner, avait-elle envie de dépasser ses propres limites qu'elle avait elle-même instauré, avait-elle… Et contre toute attente, Merance commença à défaire les lacets de sa robe pour lui permettre de glisser au sol et de rejoindre celle de Gysèle. Le contact de l'air sur la peau aux attraits laiteux fit vibrer la maudite au point qu'elle finit par éclater de rire pour cacher sa gêne ne sachant pas si c'était là l'effet du vent ou de son esprit insidieux. Et ce rire elle s'y accrocha comme s'il en allait de sa vie car ses habitudes étaient bousculées autant que ce qui se passait autour d'elle. Et puis cela faisait combien de temps qu'elle n'avait pas ri ainsi, combien d'années ?

    D'un geste vif, elle se jeta à l'eau, la tête la première afin de cacher le rose qui lui montait aux joues et rafraîchir ce corps qui émettait des signaux plus que troublant et dont elle préférait taire la signification. Ressortant la tête sous l'onde vacillante, elle vint à éclabousser Gysèle en souriant tandis que cette dernière semblait glacée sur le bord du lac. Et sur le ton de la plaisanterie, elle commenta.


    - Ainsi donc je découvre l'une de tes faiblesses… le courage… allons donc ne me dis pas que cette eau rafraîchissante te fait peur. Si ?

    Et Merance retint un claquement de dents avant de tendre la main dans la direction de la rousse.

    - Il faut parfois arrêter de se poser mille questions et se jeter à l'eau tu ne crois pas ? Et je te promets qu'en sortant on pourra se réchauffer…

    Sourire à la clé, convaincante, Mérance ne jugeait pas toutefois la voilà qui était intriguée à savoir si Gysèle oserait la rejoindre.



    *Dis-moi encore tes secrets joli oiseau de paradis, laisse-moi découvrir qui se cache derrière ce joli minois qui fait de toi ce que tu es !*

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Gysele
[Jour 1 : Le lac de Lodève. Merance et Gysèle]

- Ainsi donc je découvre l'une de tes faiblesses… le courage… allons donc ne me dis pas que cette eau rafraîchissante te fait peur. Si ?

Une faiblesse ? Outch. Dans la bouche de Merance ça me fait l’effet d’un coup de fouet à l’instar de ces gouttes d’eau qu’elle m’envoie et qui m’obligent à reculer de quelques pas. Pourquoi son avis compte-t-il autant ? Manquai-je de courage ? Absolument. Jusque-là je me suis défilée sur toutes les situations qui me semblaient trop risquées, trop déstabilisantes pour moi. Je ris un peu, j’observe la silhouette en partie immergée de mon amie. Non, l'eau rafraîchissante ne me fait pas peur... mais elle, peut-être un peu. Elle doit sentir que je fonctionne au défi, car ses propos me donnent soudainement envie de franchir cette eau froide pour la rejoindre. A sa main tendue, j’avance légèrement la mienne et lorsqu’elle rajoute…

- Il faut parfois arrêter de se poser mille questions et se jeter à l'eau tu ne crois pas ? Et je te promets qu'en sortant on pourra se réchauffer…

…je cède complètement, la rejoignant de quelques pas, le corps tendu et frémissant, tout en riant aux éclats. Mon sourire s’étire, le froid me mord et semble brûler ma peau sans que je n’y prête trop d’attention. Défie-moi encore sorcière, que je puisse continuer de jouer avec toi. Je ne lâche pas sa main, je m’y accroche, ne sachant pas nager. Mes pieds s’agrippent au fond vaseux et j’observe plus attentivement la jolie rousse qui me fait face. Est-ce du rouge qui pare ses joues ? Que comprendre de ses regards, de ses propos ? Se réchauffer ? Mais comment espérait-elle que nous nous réchauffions ? J’ai l’esprit mal placé, je pense à tant de choses et je me demande ce que Merance elle, imagine. Puis-je me laisser aller aux plaisirs saphiques avec elle comme j’ai pu le faire auparavant ? Le voudrait-elle ? Un doute passe dans mon regard, moi qui ne manque jamais de confiance en moi, je n’ose pourtant pas traverser cette ligne ténue qui ferait basculer notre amitié en vulgaire relation charnelle. Elle m’attire oui, mais est-ce suffisant pour tout gâcher ? De nombreuses expressions traversent mon visage et je m’efforce de les ravaler derrière mon masque espiègle pour lui cacher mon trouble.

-T’es du genre à t’jeter à l’eau sans réfléchir ? Je n’te savais pas si frondeuse…

…Tout en gardant sa main, je m’immerge à mon tour, me laisse envelopper par cette eau printanière, me pinçant le nez de la senestre pour ne pas me noyer, car oui, je suis persuadée que l’eau me tuerait si je laissais mes narines libres. Lorsque je remonte à la surface, je prends une grande inspiration avant que mes pieds ne se mettent à glisser sur la vase. Une cambrure en avant, une autre en arrière, mes doigts qui resserrent ceux de Merance et mon autre main qui s’accroche à son épaule pour retrouver l’équilibre. Son corps est si près du mien. Aimeryc serait-il pour ou contre que je me rapproche d’une autre femme ? Est-ce que cela compte dans la tête d’un homme possessif ? Et depuis quand je me soucie de ce que le de Courcy a à dire ou non ? Suis-je devenue si docile que je ne puisse plus penser par moi-même et me sentir libre de faire ce que je souhaite, quand je le souhaite ? Trop de questionnements qui m’empêchent de profiter d’un moment heureux en compagnie de la sorcière. Je lui souris et penche la tête, tachant de comprendre ce qu’il se passe dans son regard.

-Et quelle est ta faiblesse à toi ? Tu m’donnes l’impression d’être sans peurs.

Je frissonne légèrement. Mais ce n’est plus de froid, le soleil réchauffe ma peau pâle d’éclats dorés. J’ai la chair de poule. Pourtant, ce n’est pas de peur, l’ambiance détendue me glisse dans une bulle grisante au creux de laquelle je me laisse volontiers aller. J’ai une envie soudaine et je la mets en application. Je me glisse dans le dos de la rousse au son des clapotis discrets, ma main pousse sa chevelure sur l’avant de son épaule pour libérer sa nuque. Je n’ai pas de manières, je suis tactile et je n’ai aucun problème avec ça, je laisse donc mes doigts longer la peau nue pour exercer de légères pressions en un massage délicat. Les réactions de mon vis-à-vis m’intéressent, je les scrute avec intérêt car je veux gratter sous la surface, savoir qui elle est. Dis-moi Merance, dis-moi qui se trouve sous l’enveloppe de sorcière.
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Merance
    [Jour 1 - Le lac de Lodève - Merance & Gysèle - ]



    Les rires il n'y avait que ça de vrai et Mérance en mesura la véracité ce jour-là. La cascade d'éclats de sourires résonnait à ses oreilles comme autant de petites bulles de bonheur qui venaient la chatouiller doucettement. Et la rousse inspira longuement en fermant ses paupières afin de s'imprégner de cet instant magique qu'elle n'avait jamais encore vécu. Son cœur s'emplissait de quelque chose qu'elle ne connaissait pas encore, la troublant au point d'en avoir la tête qui tournait. Fort heureusement, les doigts de Gysèle accrochés aux siens la retinrent sans même que l'une et l'autre s'en rendent véritablement compte. Le bonheur avait parfois des effets surprenants et étouffants qu'il lui fallait apprivoiser. Mais téméraire, la sorcière ne ferait pas marche arrière. Pas aujourd'hui, pas demain, peut être dans quelques temps mais pour l'heure, elle voulait profiter et être insouciante comme toutes les jeunes filles l'eut été un jour, toutes sauf elle et peut être Gysèle.

    Le regard de la Maudite se posa sur celui de la jeune femme en face d'elle, se noyant dans les mirettes éclatantes qui cherchaient des réponses autant que les siennes. Et Merance se mit à sourire, de ce sourire qu'elle n'offrait jamais à quiconque, trop souvent caché derrière le masque qu'elle portait en permanence et qui la tenait éloignée de quiconque. Son corps, à ce moment-là, se cambra légèrement pour venir effleurer celui qui le faisait réagir un peu trop vivement au gout de Merance. Mais elle refusait de se brider en ce jour et tant pis si elle devait offusquer la jolie roussette à ses côtés. Elle lui expliquerait peut être sa vie, ses tourments, ses besoins différents de ceux des autres jeunes femmes qui ne s'imaginent que mariées et mères de famille… Il lui faudrait alors avouer que jamais elle ne voulait porter la vie, qu'elle refusait qu'un homme la touche, que du mariage elle refusait même l'idée, que… que… que… que d'arguments elle trouverait le moment venu pour dire que le corps d'une femme n'était que beauté à ses yeux et qu'elle frémissait de pouvoir ne serait-ce lui caresser le bras doucement… Elle ouvrirait la cage aux vérités si jamais, mais pour l'heure rien de tout cela n'était arrivé et comme Gysèle ne semblait pas s'offusquer de ce qu'il se passait, Mérance gouta avec délectation à cette douceur de vivre, à cette journée qui lui offrait bien des promesses sans même savoir si elles se réaliseraient. Mais qu'importe, le cœur battait à un rythme plus soutenu qu'à l'accoutumé, prenant plaisir à vibrer au son de l'enchantement contenu.

    Passant le bout de sa langue sur ses lèvres légèrement entrouvertes, la sorcière écouta Gysèle s'exprimer avant d'éclater d'un rire nouveau, celui des faux semblants, celui qui cache des véracités si dures à exprimer. Le regard de la jeune femme se voilà légèrement de cette tristesse qui était sienne depuis que Moïra avait subi le dernier des châtiments, celui que l'on nommait "Question". Penchant alors la tête sur le côté, Merance prit le temps de reprendre son sérieux et de ses doigts délicats attrapa une mèche des cheveux plus mordorés que les siens avant d'enrouler la boucle autour de son index.


    - J'ai malheureusement une espérance de vie assez limitée vois-tu… de ce que je sais l'inquisition n'est pas réellement tendre avec les sorcières, si jolies soient-elles !

    Et Merance se laissa aller à faire un clin d'œil à sa compagne de jeu soulignant elle-même le fait que sa beauté était tout aussi néfaste que ses fonctions ou tout simplement son don. Combien de personnes avaient-elles aidés, pour combien d'entre eux avait-elle tenu une discussion avec leur proche disparu, pour combien encore avait-elle sauvé la vie à grands renforts de sorts et de potions ? Alors oui, un jour ou l'autre l'un d'entre eux, jaloux ou désœuvré, la dénoncerait et cour des miracles ou pas, elle ne survivrait pas. Mais ne voulant pas gâcher sa journée, la sorcière reprit les rênes de ses pensées, chassant à grands coups de pieds celles néfastes à son bonheur du moment. Et de continuer sur sa lancée.

    - Alors oui, je profite de tout et de rien…

    Et le rire léger qui s'ensuivit effaça la tristesse de la révélation. Voyant faire Gysèle et son immersion, Merance la trouva attendrissante à souhait ce qui éloigna un moment les nuages noirs qui tendaient à venir obscurcirent sa journée. Et le rapprochement des corps féminins apporta son lot de frémissements et de battements de cœur erratiques. Maudit organe qui n'en faisait qu'à sa tête, faisant cogner son sang contre ses tempes tant la tentation commençait à vibrer dans ses veines. Heureusement la question suivante vint donner un peu de répit à la Maudite qui reprit ses esprits.

    - Des faiblesses ? Crois-tu réellement que j'en ai ?

    Mais à peine a-t-elle eu le temps de prononcer ces quelques mots que Gysèle surprit à nouveau Merance en la contournant pour venir se placer dans son dos. Et contre toute attente, la voilà qui souleva la chevelure de la sorcière pour la faire glisser sur le côté. Et tout à son bonheur, Merance mit un certain temps à réagir, un temps qui lui paraitra bien trop long plus tard mais sur le moment… Quand elle s'en aperçut, la sorcière gesticula pour venir poser sa dextre sur sa nuque avant que sa sénestre elle, se glisse sous sa lourde chevelure afin de la remettre en place, essayant de cacher à jamais cette brûlure, cette cicatrice du passé qui lui avait valu de mourir une première fois. Et soudain, elle maudit une nouvelle fois cette pourriture qui avait été son époux car de l'au-delà il réussissait à gâcher les instants fugaces de bonheur qu'elle se construisait et qui semblait déjà vouloir lui échapper.

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Gysele
[Jour 1 : Le lac de Lodève. Merance et Gysèle]

J’ai tout gâché. Je gâche toujours tout. Incapable de me tenir, je vois éclater la bulle de bonheur dans laquelle nous étions pour un malaise soudain lourd et oppressant. J’ai envie de fuir, de me cacher sous l’eau, de lui tourner le dos, tout pour ne plus voir cette cicatrice que j’ai cru déceler avant que la sorcière ne me prenne de vitesse pour la cacher. Cette marque me reste collée aux yeux alors qu’elle a déjà disparu. Le silence tombe. De quoi parlions-nous déjà ? L’inquisition ? Les faiblesses de Merance ? J'en ai une petite idée à présent. Je ressens soudain l’envie de la protéger, de la couvrir de mes bras et de lui jurer que tout ira bien. Je voudrais la serrer contre moi, prise d’un élan d’affection. Je suis comme ça, entière, mes émotions ne prennent jamais quatre chemins et pourtant cette fois, je m’oblige à les réfréner, ne souhaitant pas la brusquer davantage. Je n’aime pas qu’elle se sache condamnée, je suis une optimiste et je lutte constamment contre le fatalisme de nos conditions. Je ne sais plus quoi faire, l’observant, cette belle femme de dos, craignant à présent de lire ce que je cherchais tant à découvrir dans ses yeux.

J’ai été trop intrusive, alors que je n’ai fait que ce que je sais faire depuis toute jeune : toucher pour communiquer. C’est là ce que je suis et la rousse vient de se refermer comme une huitre à ma tentative. « Idiote, ne pouvais-tu pas te contenter des rires, des joies… il a fallu que tu foires-tout Gygy ! » J’hésite, là, dans ce silence de plomb qui me noue l’estomac. Je réfléchis, vite, cherchant un moyen de la distraire. Demander pardon ? Mais pourquoi ? Pour avoir voulu la masser ? Pour avoir espéré la toucher ? Lui faire plaisir ? Non, je ne peux m’y résoudre. On demande pardon quand on a fait du mal, pas quand on a découvert malgré nous les saloperies d’autres monstres. Car ce n’est pas la sorcière le monstre de l’histoire, mais bien ceux qui lui ont fait subir du mal ou qui espèrent la mettre sur un bûcher prétextant voir en elle la fille du sans nom. Qu’ils ouvrent les yeux ! Les secondes s’éternisent sans que je ne fasse rien et j’effleure même mon propre tatouage, celui le plus visible que je porte au-dessus de mon sein, symbole de l’orgueil d’un homme. L’homme à qui je me vends, car je suis une imbécile peureuse. Je crains tellement la misère que je ferais n’importe quoi pour qu’il subvienne à mes besoins. Qu’importe qu’il me brûle les ailes, qu’il m’enferme ou m’asservisse, pourvu que je puisse avoir de l’argent et de quoi vivre. Etait-ce là le prix de ma liberté ? Voir la nuque de Merance m’a donné un coup plus profond que ce que je croyais. Et son changement soudain me renvoie à ce que je pourrais devenir.

Mes pensées sont chassées d’une secousse de la tête, j’ai froid à nouveau et j’attrape la main de la Maudite dans l’espoir de l’attirer vers le bord du lac sans un mot. Libre à elle de me suivre ou non, car si ma main se veut réconfortante, elle n’a rien d’une prison. Je m’installe sur le sable, mes genoux recroquevillés, mes bras autour et je la regarde enfin. De mes iris si sombres, je scrute le visage de celle qui, quelques minutes plus tôt, me donnait si chaud au corps et au cœur. Le soleil m’est d’un maigre réconfort. J’ai peur de ce que je vais lui demander. Soit j’empire notre situation, soit je l’améliore, mais j’ai cette curiosité, cette franchise en moi qui me pousse à retirer les secrets qui nous séparent. Mes lèvres frémissent, j’hésite. Je les mordille, le palpitant bat à tout rompre. Vas-tu me fuir Merance si je te pousse à te livrer ? Vas-tu te fermer et me laisser là sur cette rive où nous aurions pu être heureuses ? J’ose.


- Raconte-moi ?
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Merance
    [Jour 1 - Le lac de Lodève - Merance & Gysèle - ]



    S'enfermer dans le silence, cela avait toujours été facile jusqu'à maintenant cependant, à cet instant, Merance étouffait et la boule qui se formait dans le plus profond de sa gorge commençait à lui écraser la trachée à un point qu'elle risquait de suffoquer. Et le froid qu'elle ressentit soudain lorsque la belle Gysèle se redressa afin de sortir de l'eau ne l'aida pas à aller mieux. Fermant les yeux, espérant que cela lui permettrait d'aller mieux et surtout d'oublier ce passé qui venait tout gâcher une fois de plus, Merance commençait à trembler de pied en cape. Toutefois, dans ce vide qui n'en finissait pas de l'engloutir, la douceur de la main de Gysèle la ramena au présent et à ce sentiment qu'elle n'était bien ici en sa présence et que pour rien au monde elle ne laisserait les autres lui arracher cet instant de bonheur.

    Rouvrant les yeux tandis que la fille des rues s'en allait se poser sur le sable, la Maudite resta pétrifiée telle une statue d'argile durant quelques secondes encore avant de faire un pas dans la direction de Gysèle. Se laissant tomber à ses côtés, dans toute la splendeur de leur nudité respective, Merance attrapa son châle qu'elle posa sur les épaules de celle qui n'avait voulu que pénétrer un peu son monde à elle afin de peut être mieux la comprendre. De sa main libre, elle fouilla dans l'escarcelle et en sortit une fiole qu'elle tendit à Gysèle.


    - Bois, je t'avais promis qu'on se réchaufferait…

    Un puissant alcool couplé à quelques herbes ferait monter allégrement la température des corps et certainement celui des âmes meurtris et des esprits farouches. Merance avait retenu la leçon d'un soir de pluie où un orage avait éclaté et où elle avait failli perdre la vie. Passant une main sur l'une de ses cicatrices qui barrait l'un de ses avant-bras, elle inspira profondément, s'attendant à la question de Gysèle. Et contre toute attente, la Maudite posa sa tête contre l'épaule voisine avant de plonger dans ce passé qui la rongeait.

    - J'ai été mariée… à ma majorité. Mon père pensait que c'était une affaire, il se débarrassait de moi et unissait notre famille à l'un des noms les plus respecté des bas-fonds de Paris. Il voulait en retirer une certaine renommée et beaucoup d'écus. Une fois vendue, il a tenu à apposer sa signature sur moi afin que tout le monde sache que je lui appartenais, morte ou vivante. Si on me retrouvait, on pouvait ainsi me ramener à bon port… la fuite m'était donc impossible, tu penses bien… une récompense était à la clé…

    Merance s'interrompit quelques instants pour se mordre la lèvre inférieure jusqu'au sang. Elle passerait sous silence les mois où il avait exigé d'elle le devoir conjugal de gré ou de force. Et de force cela sous-entendait aidé de ses fils, les deux chiens que sa première femme avait mis au monde pour mieux le service. Ce n'était pas nécessaire de s'apitoyer sur son sort, elle en était délivrée aujourd'hui, elle avait fait ce qu'il fallait. Seul baume au cœur dans cette sordide affaire. D'ailleurs, Merance en sourit doucement puis mêlant ses doigts à ceux de Gysèle, elle lui fit porter la fiole à ses propres lèvres afin de boire une bonne gorgée.

    - On l'appelait l'Araignée parce que tous ceux qui tombaient dans sa toile ne pouvaient y survivre…

    Alors délicatement, Merance pour la première fois de sa vie souleva sa lourde chevelure afin de montrer sa chair brûlée représentant le sceau de son mari. La cicatrisation avait été faite depuis longtemps grâce aux remèdes du père Eusèbe mais ce jour-là elle avait cher payé sa témérité et s'en souviendrait toute sa vie… Sa vie qu'aujourd'hui elle exposait par petite bribe à cette amie qui prenait un peu plus de place à ses côtés. Et Merance trouva ça même agréable de pouvoir enfin dire les choses à quelqu'un. Depuis le temps qu'elle vivait refermée sur elle-même…

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Gysele
[Jour 1 : Le lac de Lodève. Merance et Gysèle]

Il y a de l’espoir. Il est mince, mais il existe. En éternelle optimiste, je vois que la sorcière ne me rejette pas. Mieux, elle me rejoint et je peux sentir son corps s’installer tout près du mien. Je peux en admirer les courbes avant qu’elle ne prenne place, toujours émerveillée du corps humain, de sa diversité, de sa beauté qu’elle soit masculine ou féminine. Pour exercer mon métier, il m’a fallu un long travail sur moi-même, afin de trouver de l’attrait en tout type de corps, même les moins avantageux. Je parvenais à faire d’une oreille, le plus délicieux atout d’un homme, ou d’un poignet, la partie la plus sensuelle d’une femme. Je n’avais pas besoin de chercher tout cela chez Merance, avantagée par la nature. Le châle dont elle me recouvre me réchauffe, mais bien moins que le geste qu’elle y appose. Je cherche à comprendre cette amie si chère, qui se fait une place plus importante dans ma vie. Et lorsqu’elle dépose la fiole dans ma main, je ne retiens pas un rire gêné.

- Bois, je t'avais promis qu'on se réchaufferait…

Qu’est-ce que je m’étais imaginée ? Nos deux corps enlacés, alanguis en une danse sensuelle jusqu’à ce que nos souffles s’étiolent et nos voix se brisent ? Je ne connais le réconfort que dans ce que l’on m’apprend depuis toute jeune. Et pourtant, elle me fait découvrir autre chose, un moment à deux, sans fornication, sans geste déplacé, de la pure douceur et beaucoup de sincérité. Je débouche le flacon et le bois avec une petite hésitation. Après tout, Aimeryc m’a déjà droguée à mon insu et il ne serait pas difficile à la rousse d’en faire autant. Je décide cependant de lui faire confiance et vide une petite gorgée qui me brûle instantanément la gorge et me réchauffe le corps. J’ai l’intention de m’exclamer, mais la tête de Merance qui se pose contre moi et sa voix qui s’élève me coupent le sifflet instantanément. Ne pas la couper… surtout, l’écouter se livrer.

- J'ai été mariée… à ma majorité. Mon père pensait que c'était une affaire, il se débarrassait de moi et unissait notre famille à l'un des noms les plus respecté des bas-fonds de Paris. Il voulait en retirer une certaine renommée et beaucoup d'écus. Une fois vendue, il a tenu à apposer sa signature sur moi afin que tout le monde sache que je lui appartenais, morte ou vivante. Si on me retrouvait, on pouvait ainsi me ramener à bon port… la fuite m'était donc impossible, tu penses bien… une récompense était à la clé…

Ma main se glisse à sa taille, les doigts effleurent l’échine en une caresse qui se veut réconfortante. J’écoute son histoire, mon nez se retrousse en une moue dégoutée. Ainsi c’était là notre lot à toutes ? Même issue d’une autre famille que la mienne, la femme n’était donc qu’une monnaie d’échange, qu’un objet pour les amusements des hommes et leurs lubies perverses ? Et cette volonté de nous marquer comme du bétail, quel triste monde que le nôtre où nous sommes obligées de subir les jeux de pouvoirs masculins par une simple inégalité de force. Que n’aurais-je pas donné pour voir ce que nous, les femmes, aurions fait si nous avions eu l’ascendant sur les hommes ! Les voies du seigneur sont impénétrables il parait et j’espère qu’il a une sérieuse raison de nous faire autant souffrir. Mon sang se glace quand Merance me fait découvrir d’elle-même la brûlure qui orne sa nuque. La nausée me monte juste à l’idée de la douleur que ça a dû être. Je n’ai jamais été violente, mais je ressens au fond de moi une profonde révolte qui me ferait bondir si je n’étais pas sous le choc. Je la laisse guider ma main jusqu’à ses lèvres pour s’abreuver à sa fiole, d’un geste plus mécanique qu’autre chose.

- On l'appelait l'Araignée parce que tous ceux qui tombaient dans sa toile ne pouvaient y survivre…

J’ai envie d’embrasser sa nuque, de lui aspirer toute la haine qui a été déversée en ce vilain sceau. Mais je me retiens cette fois, pas certaine qu’elle soit prête à supporter ce genre de contact alors qu’elle refusait de me le montrer quelques minutes plus tôt. Ma main à sa taille remonte, délicate et revient placer la flamboyante chevelure de manière à ce que la marque disparaisse à nouveau. Non pas que je ne puisse plus le supporter, si elle a pu vivre avec, je peux bien regarder. Mais je comprends aussi qu’on puisse ne pas aimer exposer trop longtemps ses faiblesses et sa vulnérabilité. Elle vient de baisser son bouclier juste pour moi et je ne compte pas en profiter. Je pose le flacon et caresse délicatement la joue de Merance.

-Mais toi, t’as survécu. Comment ?

J’ai ma petite idée sur la question, mais puisqu’on en était aux confidences, autant avoir la version complète.
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Merance
    [Jour 1 - Le lac de Lodève - Merance & Gysèle - ]



    Le corps de la Maudite se lovait contre celui de Gysèle profitant de cette proximité pour se réchauffer et effacer les souvenirs douloureux qu'il ressentait encore. Parfois, sans crier gare, Merance avait le souffle coupé par quelques souffrances fantomatiques qui parcouraient son corps et qui lui rappelaient sans cesse la fragilité de l'être. Bien que jusqu'à maintenant elle se soit montrée forte et qu'elle ait eu le dessus afin de les faire disparaitre, aujourd'hui il lui semblait n'avoir plus aucune prise sur rien. Elle venait d'ouvrir la vanne qui contenait son passé et il lui fallait parler pour oublier et avancer. Il était l'heure de…

    Les doigts de la jolie rouquine vinrent frôler l'échine de Merance et cette dernière frémit longuement en abaissant ses paupières. Et de frémissements, ce fut des tremblements qui la parcoururent jusqu'à ce que sa volonté décide de calmer le jeu. Aussitôt, la sorcière reprit une gorgée de son breuvage qui lui fit monter le rose aux joues telle une flambée dans une cheminée. Un coup de fouet fut donné à son corps qui trouva un certain apaisement dans ce liquide médicamenteux. Se passant le bout de sa langue sur ses lèvres afin de les humecter, Merance entendit la question et ne sut pas immédiatement si elle voulait y répondre. Mais le regard de sa douce amie la convainquit qu'elle pouvait le faire tout autant qu'elle le devait. Aller jusqu'au bout de cette histoire même si le passé le plus ancien, celui qui l'avait conditionné à devenir ce qu'elle serait, restait sous silence. Il n'y avait pas besoin de dire les brimades de l'enfance, l'enfermement, les coups bas de sa mère, les tortures de son père, le rejet des autres… Tout ceci n'amènerait rien aujourd'hui. Tentant un léger sourire tandis que sa joue se calait contre les doigts de Gysèle, Merance prit une profonde inspiration avant de lui répondre.


    - Je n'ai pas survécu Gysèle. Non, je n'ai pas survécu… j'ai rencontré la mort et je suis née à la vie le même jour.

    Un voile de nostalgie teinté de tristesse vint obscurcir les mirettes aux touches céladon et doucement, Merance battit des paupières afin de chasser les pensées qui la ramenaient auprès d'Eusèbe et de Moïra châtiés par l'inquisition pour avoir cru à ce qu'ils faisaient. La Maudite mut par un élan de tendresse apposa ses lèvres dans le creux de la main de sa compagne avant de continuer.

    - Je suis née pour reprendre le flambeau et devenir ce que je suis aujourd'hui. Je suis née pour œuvrer et punir ceux qui doivent l'être, je suis née pour offrir à la mort quelques âmes en échange de sa générosité à me laisser la vie sauve, je suis née pour maudire les hommes en d'atroces souffrances afin qu'ils comprennent avant d'exhaler leur dernier souffle le respect d'autrui… je pourrais te faire une liste longue comme le bras mais je doute que ça fasse avancer les choses… Je suis née simplement pour être sorcière.

    En disant cela, Merance sentit la main de la Morrighan sur son coeur comme elle l'avait placé autrefois lorsque son souffle s'était amenuisé au point de ne plus exister, que son cœur avait cessé de fredonner sa mélopée. En inspirant elle retrouvait encore les odeurs de cette nuit-là où tout avait basculé. C'était inscrit en elle, dans chaque parcelle de son corps, de son âme. Elle ne pourrait jamais fuir devant ce que l'on exigeait d'elle ni aller contre le pouvoir qu'on avait placé entre ses mains. Et en rouvrant les yeux elle espéra que Gysèle le comprendrait car jamais elle ne pourrait changer. De noble elle était devenue gueuse et de gueuse elle était passée sorcière. La chrysalide avait déployé ses ailes, le charmant papillon avait désormais atteint sa dernière transformation.

    Poussée par un besoin de ressentir plutôt que de parler, Merance vint poser sa main sur la joue de celle qui lui faisait face, caressant de son pouce la douceur de sa peau, dessinant du bout de ses doigts les contours de son visage. Chacun de ses traits étaient une ode à la vie, à la joie, à l'envie et sans même le savoir, Gysèle mettait du baume au cœur de la Maudite. Mais oserait-elle ce qui, dans leur société, était défendu ? Rejetant les interdits puisque de toute manière elle était déjà condamnée, Merance s'enhardit et vint effleurer les lèvres de Gysèle avant de murmurer :

    - Le destin n'est pas si tragique puisqu'il s'obstine à vouloir nous faire faire de belles rencontres…


    *Petit Farfadet, dis-moi que tu es la chance que j'attendais,
    dis-moi que je ne me suis pas trompée de chemin même si c'est encore loin...*


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En constante recherche de RP... n'hésitez pas à me MP
Gysele
[Jour 1 : Le lac de Lodève. Merance et Gysèle]

Le temps est suspendu. Je me sens comme dans une bulle où la Maudite et moi pouvons confier jusqu'à nos plus petits secrets sans aucun risque d'espionnage. Mais c'est peut-être mon côté un peu naïf qui parle, ma manie de rapidement faire confiance, même après tous les coups de bâtons reçus en retour, même après toutes les trahisons subies en revers. Je fais confiance à Merance et pourtant, non, je ne comprends pas, ou pas bien. Elle côtoie un monde qui m'est inconnu et semble appartenir corps et âme à sa tâche. Ses propos me paraissent sortis d'un univers que je ne maîtrise pas. J'essaie d’assimiler tout ce qu'elle me dit, mais à mesure que mon esprit en prend conscience, je me reforge un bouclier pour ne pas capter l'essence même de ses mots. Elle est si sombre, si assurée et pourtant je m’accroche à sa douceur, à ce superbe sourire qu'elle m’a offert plus tôt comme autant de petits éclats de joie que la Sorcière éparpille malgré elle. Un frisson longe mon échine, teinté d’inquiétude. Est-ce une bêtise de me lier d’amitié avec une âme aussi torturée ? Mon regard plongé dans le sien, je fouille ses iris à la recherche de réponses qui ne viennent pas.

Autour du lac, la vie n'a jamais été aussi bien représentée. Au delà de notre bulle, on entend de nombreux oiseaux, quelques clapotis agitent l'onde paisible, indiquant la présence de quelques êtres au dessous. Le bruissement des arbres me donne l’impression que la nature chuchote à notre sujet, nous ces deux femmes rousses qui venons déranger le décor paisible. La douceur de la main de Merance ramène mes pensées à elle. Comment lui avouer qu’elle me fout la trouille autant qu'elle me fascine ? Je ne me défais pourtant pas de mon masque souriant, incapable de faire davantage de mal à celle qui a bien voulu se confier à moi. J'en sais à présent plus qu'elle n'en sait sur moi. N'est-ce pas là une vraie preuve de confiance ?

J'ai du mal à me concentrer. La boisson contenue dans la fiole me réchauffe encore la gorge et l'esprit, mes mains ne parviennent pas à quitter la chaleur de la peau de ma voisine, comme si elles risquaient de s'arracher à la sécurité d'un foyer. Mais ce sont ses lèvres qui finissent de m'enivrer, d'une caresse fugace, d'un goût de trop peu, d'une phrase murmurée et ce sont toutes mes barrières qui chutent. Non, je n'ai aucune volonté, je ne souhaite pas m'éloigner d'elle, quoiqu'en disent les mœurs, quoiqu'en dise Aimeryc ou ma famille. Je suis mes instincts et la lippe revient bien vite s'abreuver à la source purpurine. J'oublie instantanément la noirceur, les morts, les douleurs qui semblent entourer la Maudite tel un voile néfaste qui tenterait d'atténuer sa lumière. Moi en cet instant, je ne vois qu'elle, cette luminescence radieuse qui émane de son être et qui me frappe de plein fouet. Mon cœur bat à tout rompre, mon souffle s'amenuise et bientôt je libère Merance de ce baiser qui a tout d'un premier pour moi. Je me sens comme une jeune fille qui découvre un nouvel émoi, qui se laisse griser par une étreinte offerte à l'abri des regards indiscrets. Que ne m'a-t-on fait découvrir cette émotion délicieuse plus tôt ! Si j'ai embrassé des centaines d'hommes et de femmes, je suis certaine de ne l'avoir jamais ressenti ainsi.

Je frémis. Je panique.

A peine mes lèvres ont-elles quittées celles de Merance, que mon visage se fait déjà plus distant, gardant un fin sourire dessiné sur la face. Si le retournement est brusque, il m'est douloureux également. J'aurais prolongé ce baiser jusqu'à ce que nos corps s'enlacent si je n'avais pas ressenti autre chose que du simple désir, si je n'avais pas eu l'impression que la Sorcière m'ouvrait de l'intérieur, brisant ma coquille, m'y arrachant moi, mon âme et le palpitant avec. Il n'était pas question de laisser celui-ci à portée. Je suis une catin, une fille de joie, une vendeuse d'amour. Si je ne sais plus me vendre alors qui suis-je ? Laisser cette amie -aussi proche soit-elle- toucher mon coeur, c'est perdre mon identité.


- ...Merci pour ta confidence... tu sais qu'je n'en parlerai à personne.

Je replace machinalement une mèche rousse de mon vis-à-vis derrière son oreille et tente de garder un regard plus détaché, certainement teinté d'une lueur encore présente au fond de l'iris.

- Tu es une belle rencontre égal'ment Merance. On devrait y aller, les aut' vont nous attendre.

Voilà, trouver une excuse bidon pour m'éloigner d'elle. Juste un peu, juste histoire de prendre une grande respiration loin de son parfum, loin de son corps, loin de cette bulle à nous. Je me détache, me relève, mécaniquement, sans réelle envie de le faire. je ramasse ma robe et l'enfile, époussetant le sable qui colle à ma peau. Ne pas la regarder, ne pas vérifier ce qu'elle en pense et surtout ne pas lire de peine sur son visage. Aime-moi Merance, mais laisse-moi ne pas le faire en retour.
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Gwennegh
[1er jour à Limoges - Gwenn, toute seule comme une grande]

a chambre de Gwenn était parfaitement rangée, contrairement aux autres jours. Il faut dire que, contrairement aux autres jours, elle n'avait pas pris la peine de vider sa sacoche ni de s'installer. Un somme de quelques heures lui avait suffi, d'autant qu'elle s'était gavée par la suite de tout ce qui composait le menu de l'auberge.

a Galloise quittait la compagnie, intégrée quelques jours plus tôt seulement. La veille avait marqué une sorte de tournant. Elle avait eu une révélation. Elle serait mieux seule, pour voyager. Elle préférait quitter les petites histoires d'un couple non avoué dont l'un des membres s'ingéniait à lui faire porter un chapeau imaginaire. Gwenn ne partait pas parce que les autres en avaient marre d'elle, mais parce qu'elle en avait marre des autres.

𝒥uliane s'évertuait à croire qu'elle, Gwennegh Cadwell, était attirée par son très cher Louis-Marie. Non mais vraiment, songeait encore la rousse en fourrant dans sa besace une réserve de pain. Louis était jusqu'alors son meilleur ami. Au Pays de Galles, elle avait six frères aînés, et ils lui servaient d'ordinaire d'amis et de confidents. Jamais elle n'avait eu de relation personnelle avec un homme en dehors des membres de sa famille. Elle avait bien une amie à Anglesey, mais c'était une fille, une voisine, elles avaient grandi ensemble. Ses six aînés empêchaient les hommes de lui tourner autour, tous plus protecteurs les uns que les autres, et aucun prétendant ne s'était jamais manifesté de son plein gré — peut-être aussi parce qu'elle avait assommé le seul que ses parents avaient bien voulu lui présenter. C'était comme ça et c'était très bien. Elle n'était pas ce genre de filles qui n'envisageait de vivre que dans l'ombre d'un époux-roi qu'il faudrait servir. Aucune Cadwell ne s'y était jamais abaissée, et cela ne commencerait pas avec Gwenn.

ais puisque l'histoire — si l'on pouvait nommer cela une histoire — avait éclaté la veille, Gwenn avait décidé de s'en aller. Louis lui avait demandé de ne plus parler sur ce ton à Juliane. Juliane qui était entrée et lui avait donné une claque sans préavis. Là, il n'avait rien dit, le L-M. Claque que Gwenn rendit, bien entendu, et certes plus fort que celle reçue mais bon sang, on ne frappait pas une Galloise en espérant qu'elle ne réagirait pas. Et les filles n'avaient vraiment jamais fait peur à Gwenn. Non, la rousse n'était pas prête à sacrifier son honneur sur l'autel de la délicatesse de Juliane. Elle avait des principes, elle avait une éducation. Certes, la sienne d'éducation ne voyait rien de mal dans un bain de minuit avec un garçon, pourvu que tout soit bien clair avant. Et tout avait toujours été clair avec Louis ; du moins pour Gwenn, ça l'était. Et comme le monde commençait à l'agacer, elle avait décidé de prendre ses cliques et ses claques pour partir seule à l'aventure.

𝒢ygy l'avait bien précisé : si les filles partaient — parce que Juliane avait dit, la veille, qu'elle partirait aussi, mais Gwenn en doutait très profondément — elles ne devaient plus revenir dans sa vie. Eh bien, la Galloise ne reviendrait pas. Elle était triste, mais plus encore déçue. Elle revoyait Louis-Marie se planter face à elle et devant Juliane, comme s'il estimait qu'il avait besoin de la protéger. Qu'est-ce qu'il croyait ? Même si Gwenn n'avait eu pour tout désir que de lui éclater le nez contre un mur, son amitié envers lui l'en avait empêché. Et c'était bien là tout ce qu'elle ferait au nom de cette amitié. Inutile de lui demander de parler sur un autre ton ou de faire des courbettes pour plaire à une fille. Et ce que cette fille pouvait bien penser d'elle lui était tellement indifférent qu'aborder le sujet, même avec elle-même, la faisait invariablement bailler d'ennui.

𝓘l était encore tôt et Gwenn avait toute la journée devant elle pour visiter Limoges. Ce serait une belle journée. Elle passerait dire au revoir à Gygy avant de s'en aller. Elle boirait un coup, pour la soif, et un autre coup, pour les adieux. Elle remplirait sa gourde de vin coupé d'eau, ferait des réserves de fruits secs à grignoter en chemin, et emprunterait des chemins de traverse, direction... Direction l'aventure, évidemment.
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Louis_marie
      [26 mai 1465 : Limoges. Merance et LM]

    [So please, please, please,
    Let me, let me, let me,
    Let me get what I want, this time.*]


    J'en étais sûr ! Gysèle elle avait raison ! Tu fais que d'tricher !

Assis dans un coin de taverne, totalement ignorant des événements du premier jour - et c'est tant mieux, sinon tu nous en aurais fait une syncope - tu joues aux cartes avec Pierre. Et tu viens de perdre. Encore. Tu détestes perdre, c'est de famille. Alors toi, gamin en colère, tu t'éloignes en râlant, sans même jeter un regard scrutateur vers Pierre pour apprécier sa réaction. Si ta mauvaise foi amuse sans doute beaucoup votre compagnon muet, toi, ça ne t'amuse pas du tout, et tu continues de grommeler dans ta barbe tandis que tu fais quelques pas dans la rue. Vous avez fait une pause de quelques jours à Limoges, et le groupe s'est dispersé, chacun vacant à ses occupations la journée avant de se retrouver pour s'enfiler des bières tous ensemble le soir venu.

Tu as rejoins la place centrale de Limoges, là où il y a de l'animation, du bruit et beaucoup de passants, lorsque tu aperçois Merance qui, silencieuse, se tient seule. Un bref regard aux alentours te permet de t'assurer que les autres femmes du convoi sont hors de vues et ne vont pas voir la bêtise que tu t'apprêtes à faire. Quant à Pierre, tu sais que, quand bien même il entendrait quelque chose, il ne te dénoncera jamais. Même si tu commences à lui devoir un beau tas d'écus.

Toi aussi silencieux, tu observes la rouquine de loin. Il faut l'avouer, c'est la première fois depuis le début du voyage que tu lui accordes un regard appuyé. Jusqu'à maintenant, elle n'a jamais attiré ton attention. C'est une amie de ta soeur, voilà tout. Elle est plutôt agréable, d'apparence comme de caractère. Mais tu as déjà fort à faire avec les autres rousses et Juliane. Alors, depuis votre départ de Montpellier, tu t'es toujours contenté de quelques "bonjours" en la croisant le matin, sans jamais aller plus loin. Et ton indifférence à son égard aurait été la plus totale si tu n'étais pas au courant de sa profession. Sans que celle-ci ne t'inquiète outre mesure, tu préfères garder tes distances et te montrer poli, voire serviable : c'est que tu t'aimes bien trop pour accepter de mourir empoisonné. À ce stade de tes aventures, ta relation avec la sorcière en est donc restée à une politesse feinte et à quelques regards inquiets posés sur elle lorsqu'elle se mêle d'un peu trop près de la préparation des repas.

Mais ça, c'était avant. Avant que l'idée ne germe. L'idée a grandi, mûrie, elle s'est bien enracinée dans ton esprit sans que l'on ne puisse rien y faire. Une idée qui n'aurait jamais vu le jour dans un esprit normal et raisonnable. Une idée dictée par tes instincts masculins. Une idée que tu regretteras dans quelques jours. Une bien belle idée de merde, si vous voulez mon avis. Et puis, à cette première idée, s'y est greffée une deuxième. Encore une connerie. En ce moment, ta vie est un festival d'idées de merde. Mais à quoi joues-tu ? Il faut bien reconnaître que tu sais ce que tu veux, et que tu ne lésines pas sur les moyens à mettre en place pour arriver à tes fins. Mais ta détermination et ton arrogance te mèneront à ta perte, à coup sûr.

La distance qui te sépare de Mérance est effacée et tu lui adresses ton plus beau sourire. Si elle était une rousse comme toutes les autres, tu lui aurais sans doute pris la main pour l'embarquer loin de la foule dans un mouvement autoritaire. Mais si tu veux garder un espoir de faire triompher ta bien belle idée de merde, tu ne dois pas lui faire peur. D'autant qu'en fait, superstitieux que tu es, c'est plutôt elle qui te fait peur. Alors tu te contentes d'un sourire et d'une main passée dans ta tignasse emmêlée.

    Bonjour vous.

Bien. Pas mal. Belle entrée en matière. Et maintenant ? "Ton père c'est un voleur, il a volé toutes les étoiles du ciel pour les mettre dans tes yeux" ? Hum, non, Gysèle a dit que ça ne fonctionnait pas. "Ça t'a fait mal quand t'es tombée du ciel ?" Non, non. On évite les comparaisons hasardeuses entre une sorcière et un ange. Alors, pour une fois dans ta vie, LM, tu vas nous faire le plaisir d'être un peu plus subtil que d'habitude. Juste un peu, il ne faut pas trop t'en demander. Après tout, tu n'es pas là pour la draguer. Même si ça ne te déplairait pas, évidemment.
    Je… Heu… Venez, je vous offre à boire.

Et, sans trop attendre de réponse, tu t'orientes vers la taverne où tu étais quelques minutes avant en compagnie de Pierre. Tu t'efforces de marcher d'un pas innocent, l'air de flâner, genre "J'ai juste envie de vous connaître, je n'ai absolument rien à vous demander et je n'attends rien de vous". Mensonge. Avant d'arriver sur le lieu où tu comptes bien faire picoler la sorcière autant qu'elle te le permet, tu finis par décrocher quelques mots, sur un ton faussement ignorant.
    Alors heu... Il paraît que vous vous y connaissez en plantes ?


*The Smiths.
Traduction : Alors s'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît,
Laisse moi, laisse moi, laisse moi,
Laisse moi avoir ce que je veux, pour une fois.

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Bannière & avatar by LJD Gysèle. Merci ♥
Merance
    [Jour 1 - Le lac de Lodève - Merance & Gysèle - ]



    Le regard de la sorcière s'était agrandi sans le vouloir et puis… les barrières étaient tombées sans même le vouloir. Une brise glaciale avait soulevé quelques mèches de la chevelure rousse avant de saisir chaque parcelle du corps de la jeune femme, ternissant cette journée. Le menton se releva machinalement dans cette posture fière qu'elle arbore souvent, trop sans doute et qui la maintient loin des autres. Inspirant profondément, la voilà qui laisse son esprit s'échapper vers des conjonctures qui la font plonger vers des conclusions qu'elle sait d'avance qu'elles lui lamineront le cœur. Et puis contre toute attente, Merance se mit à sourire. De ces sourires qu'elle confectionne comme des potions, des baumes, qu'elle applique partiellement sur ses propres souffrances. Puisque Gysèle préfère s'éloigner, elle la laissera maitresse de la situation. La sorcière n'a que trop l'habitude de la solitude, elle sait le gout que cette dernière distille avec affection dans sa vie et elle s'en contentera à jamais.

    Reprenant sa robe qu'elle secoua légèrement, à son tour, elle se déroba à sa rousse amie. L'araignée tissait sa toile une fois de plus obligeant la sorcière à se tenir à bonne distance. Et le châle qu'elle avait glissé sur les épaules de Gysèle quelques instants plus tôt vint se replacer autour de sa taille, qu'elle noua de façon desserrée. Il était temps de partir, il était de fermer la porte sur les émotions et de ranger ces quelques souvenirs pour plus tard.


    - Tu as raison, ne faisons attendre personne…

    La voix tentait d'être convaincante afin de ne pas indiquer à Gysèle que ces quelques pas en arrière l'avaient touchée bien plus qu'elle ne voulait l'admettre. Et sans attendre, Merance se mit en marche sans même un regard vers l'arrière.



    [26 mai 1465 : Limoges - Merance et LM - ]



    Une autre ville, un autre jour. Merance allait et venait au gré du vent et de son temps. Elle était partie au petit matin avec la furieuse envie de se changer les idées. Elle avait passé du temps à regarder la jolie rousse qui lui souriait dès qu'elle entrait en taverne toutefois, elle mettait une certaine distance entre elles. Vexée la sorcière ? Non du tout mais elle avait souffert de rejet toute sa vie, de la part de sa mère à sa naissance, de son père par la suite qui lui avait fait vivre un enfer, enfermée durant toute son enfance alors une de plus ou de moins… Et elle finissait par croire en sa qualité de "maudite".

    Les pieds débarrassés de leurs chausses foulaient allégrement les pavés de la place de Limoges, une main dans une poche de sa robe de voyage, une autre portant à ses lèvres la fin d'un fruit bien rouge et succulemment sucré. Et alors qu'une femme et son fils la bousculaient la légèrement, Merance relevait le visage pour laisser son regard ombrageux glisser sur ces inconnus avant de tomber sur le frère de la rouquine. Et alors que la sorcière allait tourner les talons afin d'éviter à le croiser et lui faire la conversation qu'elle ne considérait pas comme utile, lui venait droit sur elle. Se retenant de soupirer devant la fatalité qui lui jouait un tour, Merance s'arrêta donc et cala ses pupilles aux reflets changeants sur le jeune homme.

    - Bonjour…

    Voilà tout ce qu'elle pouvait lui dire ne sachant pas quoi lui raconter. Elle n'aimait pas la compagnie des hommes et la plupart du temps, il la prenait de haut alors Louis-Marie allait sans doute faire de même. Mais contre toute attente, la sorcière sentit une certaine hésitation dans ses propos ce qui l'amusa légèrement. Arquant un sourcil, elle reconsidéra le jeune homme et se mit à le suivre puisqu'il semblait dans de bonne condition. Et puis boire un verre ne faisait de mal à personne. Et là, un signal d'alarme retentit dans le cerveau de la rousse et elle ralentit le pas machinalement.

    - Tu veux savoir si je vais glisser un peu de Cigüe ou quelques gouttes de Belladone dans ton godet ?

    Et le sourire qui vient étirer les lippes de la jeune femme se fit soigneusement narquois.


    *Fais confiance petit homme,
    fais confiance et confie-moi tous tes secrets
    jusqu'à ce que je décide de te dévorer ! *


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En constante recherche de RP... n'hésitez pas à me MP
Louis_marie
    [26 mai 1465 : Limoges. Merance et LM]


La sorcière accepte de te suivre. C'est déjà un bon point pour toi, qui te redonne un peu d'assurance, jusqu'à ce que...
    - Tu veux savoir si je vais glisser un peu de Cigüe ou quelques gouttes de Belladone dans ton godet ?

Les sourcils se froncent, les lèvres s'étirent dans une grimace exprimant à la fois ta surprise et ton mécontentement et une main passe dans ta tignasse brune. Et ça a l'air d'amuser la rousse !
    Non ! Enfin... Heu... Si... Enfin... Vous feriez pas ça, hein ?

À peine ces mots sont-ils sortis de ta bouche qu'immédiatement, mais trop tard, tu réalises qu'elle te tutoie alors que toi, tu la vouvoies. Te voilà renvoyé à ton statut de gamin, impressionné par quelqu'un de plus grand, de plus mûr et de plus puissant que lui. Tu n'aimes pas le tutoiement. Il est le signe d'un attachement et d'une proximité qui, instinctivement, ont plutôt tendance à te repousser. Tu n'en uses qu'avec ta famille, ou tes amis connus de longue date et, globalement, tu l'évites tant que tu peux. Et tu aurais bien dit à Merance d'en faire autant, si seulement tu n'étais pas aussi superstitieux, et persuadé qu'elle pourrait te tuer d'un simple claquement de doigts.

Tu n'aimes pas cette position inconfortable, tu te sens encore plus petit que d'habitude, tu es mis mal à l'aise par sa seule présence et tu dois pourtant accepter cette présence, puisqu'en fait c'est toi qui lui a demandé de venir avec toi, et que tu as besoin d'elle. La porte de la taverne est poussée, tu déglutis difficilement tandis que tu prends place à une table, dans un coin, histoire qu'on ne voit pas trop avec qui tu traînes, ça pourrait t'attirer des ennuis.

    À boire.

Politesse et délicatesse, toujours. Bon, et maintenant ? Vous allez vous regarder dans le blanc des yeux pendant qu'on vous sert deux chopes remplies à ras bord ? C'est toi qui dois parler. Et pourtant, tes lèvres s'entrouvrent sans émettre aucun son. LM, tu aurais dû répéter. Parce que si tu sais parfaitement ce que tu veux, l'exprimer est bien plus difficile. Tes yeux concentrés se posent sur la femme qui te fait face. Ses traits sont marqués d'une maturité que tu n'as pas et que tu admires en même temps qu'elle t'effraie, témoignages d'un passé dont tu ignores tout. Et là, pendant ce silence pesant, tu mesures enfin la débilité de ta bien belle idée de merde et, disons-le, tu te sens vraiment idiot - encore plus que d'habitude, et ce n'est pas peu dire.

Fuir. Tu ferais mieux de partir en courant. Ou de prétendre avoir juste envie de boire. Parler du temps qu'il fait. Voilà un bon plan. On discute de la météo, le temps de vider sa chope - vue ta nervosité, ça ne devrait pas prendre plus de quelques minutes - et puis chacun retourne à ses occupations. Sauf que tu te sens bien lâche, et tes mâchoires se serrent à l'idée de laisser passer ta chance d'enfin obtenir ce que tu veux. Tu es obstiné. Et puis, après tout, qu'as-tu à perdre ? Au pire, elle te rira au nez. Mais elle n'osera pas te transformer en crapaud, ne serait-ce que parce que Gysèle en serait fâchée. Hein qu'elle n'osera pas ? Et avant que tes angoisses ne reviennent, quelques grandes gorgées de bière sont avalées, pour te donner du courage, et tu attaques.

    Et... Et vous vous y connaissez en femmes ?

On a rarement fait moins ambigüe comme phrase. Même si évidemment, innocent que tu es, tu ne t'en rends pas vraiment compte. Il s'agirait peut-être de cesser de tourner autour du pot, pour être un peu plus explicite. Sinon, elle va croire que tu viens chercher des conseils en séduction. Ce dont, à l'évidence, tu ne veux pas, estimant que tu as assez donné et que, puisque la manière douce ne fonctionne pas, il faut passer à la manière forte. Alors tu enchaînes directement avec une seconde question :
    Enfin, je veux dire, vous devez bien connaître des plantes qui rendent les femmes plus... Enfin... Faciles, v'voyez ?

Une nouvelle gorgée de bière est ingurgitée, et tu n'attends pas la réponse pour détourner le regard et entamer une prière intérieure. S'il vous plaît, messire le Très-Haut, me foudroyez pas parce que je fréquente les mauvaises personnes. C'est pas moi, j'ai rien fait, c'est juste un gars qui me ressemble beaucoup. S'il vous plaît, faites que l'amie de ma soeur ne se mette pas à avoir envie de me tuer... Pitié, pas de cigüe, pas de belladone. J'ai pas mérité ça. Je suis trop jeune pour mourir. Hé mais attends. Tout à l'heure, elle a dit que... Et ton imagination s'emballe, des gouttes de sueur viennent perler sur ton front, tandis que tes yeux verts se penchent sur ta chope déjà à moitié vide. Oh merde.
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