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[RP] Dis, ça te dit qu'on se rencontre ?

Gwennegh
    « Il est des êtres dont c'est le destin de se croiser. Où qu'ils soient. Où qu'ils aillent. Ils se rencontrent. »
    Claudie Gallay


𝒞ela faisait des heures que Gwennegh Cadwell marchait, et au moins trois qu'elle n'avait plus rien à boire. C'était énorme, trois heures, surtout quand on avait soif. Elle avait passé la nuit dans une ville quelconque et se rendait... Où allait-elle d'ailleurs ? Elle-même n'en avait aucune idée. La Galloise se contentait de marcher vers la mer, parce que c'était ce qu'elle voulait à tout prix contempler. Non pas qu'elle ne l'eut jamais vu, elle avait grandi sur une île et avait pris le bateau. Mais celle-ci, celle d'en bas, on disait qu'elle était si chaude qu'on pouvait s'y baigner tout nu sans trembler de froid. Gwenn n'aurait manqué ça pour rien au monde. Sauf peut-être, en cet instant précis, pour une chope bien fraîche.

𝒮es vœux semblèrent soudainement sur le point d'être exaucés. Les remparts d'une ville se dessinaient à moins d'une lieue. Et juste devant, il y avait comme une sorte de grand rassemblement. Gwenn accéléra le pas, convaincue qu'elle trouverait bien une bonne âme pour lui donner à boire, ou à tout le moins, une taverne dans le village. Lorsqu'elle fut à quelques mètres de la foule animée et joyeuse, la rousse remarqua un grand drap sur lequel on avait peint des mots. Mais comme elle ne savait pas lire, elle ne comprit pas ce dont il s'agissait.

𝒯apotant l'épaule d'un homme rougeaud, elle désigna ce qui l'entourait et rassembla tout son courage pour formuler à peu près convenablement une phrase compréhensible, malgré l'accent gallois très fortement prononcé :

    - Dîtes, pourquoi tous ces gens ici ?

'autre la dévisagea et s'exclama d'un ton surexcité :

    - C'est la foire ici, ma jolie ! Tous les ans à la même date ! Une belle grande foire où qu'on trouve de tout !

𝒢wenn ouvrit de grands yeux et acquiesça lentement. La foire ? Il y avait ça aussi, au Pays de Galles. C'était même le seul truc vraiment attractif sur Anglesey, la chose qui réunissait absolument tous les membres de l'île. Elle aimait bien cette période, tout semblait toujours pouvoir arriver. C'était peut-être ce qui allait se passer aujourd'hui ?

𝓔lle observa tout autour d'elle d'un regard bienveillant. Les étals étaient couverts de tentures colorées, et regorgeaient de choses diverses et variées. Ici, des bijoux finement travaillés, là des tissus précieux et communs, plus loin des peaux, et à un point stratégique, un homme proposait du vin aux épices, de la bière, de l'hydromel, de l'hypocras, et des tas d'autres choses à boire. Gwenn se hâta dans cette direction, fendant la foule à grands coups de coude, trop concentrée sur son objectif pour remarquer quoi que ce soit.

    - Une pinte, plaît-il.

a Galloise fut servie presque aussitôt et paya le dû. Elle but une grande et longue gorgée rafraîchissante en se détournant de l'étal avec un grand sourire et se trouva un coin à l'écart, le temps de finir tranquillement sa boisson. Elle releva de sa main libre l'ourlet de sa robe verte, très simple mais à la coupe ajustée, et prit place très naturellement sur un rondin de bois tronçonné dans son épaisseur, qui servait de banc à quelques personnes. Elle jeta un regard à ses plus proches voisins, distants pourtant d'un mètre d'elle. À sa gauche, un jeune garçon de son âge ou à peu près, à droite, un vieux bonhomme au nez rouge qui reniflait constamment. La Galloise n'était pas dans un mauvais jour et était même prête à discuter, à condition qu'on lui laisse d'abord finir sa chope. Dans la vie, il y a des priorités. Restait à savoir si le reste du monde était au courant qu'on ne dérangeait pas une Cadwell quand elle était en train de boire...
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Louis_marie
      [J'ai retiré plus de choses de l'alcool que l'alcool ne m'en a retirées.*]


Et ce jour-là encore, tu t'apprêtais à retirer quelque chose de l'alcool. Mais tu n'en savais rien lorsque, perdu au milieu de la cohue, les cheveux en bataille, la mine rayonnante, tu as crié à qui voulait l'entendre :
    Ne vous inquiétez pas, je reviens ! Bougez pas, hein !

Personne ne répond. La masse ignore ton annonce. Tout le monde s'en fout. Mais ça t'est égal, tu t'éloignes quelques instants, marches un peu pour rejoindre un coin de ruelle sombre où tu pourras vider ta vessie en paix. Cela fait maintenant plusieurs heures que tu traînes ici. Tu ne sais pas bien ce que tu fais là. Si ça peut te rassurer, personne ne sait très bien ce que tu fais là. Tu t'amuses comme un petit fou au milieu d'une foule de gens que tu ne connais pas et qui ne te connaissent pas. Mais tu es de bonne humeur. Ici, tu as de quoi t'amuser. Du soleil, des musiciens, des jeunes filles court-vêtues - printemps oblige -, quelques bourgeois que tu peux aller provoquer et surtout, de la bière. Beaucoup beaucoup de bière.

Une fois soulagé, tu fais quelques pas pour retourner sur la grande place. C'est que tu t'attendrais presque à ce que tous les habitants se retournent vers toi dans un même mouvement pour t'acclamer et célébrer le retour du roi de la fête. Mais en fait, encore une fois, tout le monde s'en fout. Tu ne leur en tiens pas rigueur, et t'apprêtes à rejoindre le coeur de la cohue, à continuer à observer les étales avec envie, et les donzelles avec beaucoup plus d'envie. Tu déambules quelques instants entre les stands avant de reprendre ton jeu préféré. L'important, dans ce jeu, c'est de bien choisir sa cible. La jolie blonde qui vient de passer devant toi fera parfaitement l'affaire. Tu poses ton regard sur elle, ne la lâche pas des yeux. Sans plus attendre, d'un pas assuré, tu fends la foule et tu ne lui laisses pas le temps de te voir venir que déjà tu la prends dans tes bras.
    Hééé ! Quel hasard de se retrouver ici ! Ça fait tellement longtemps ! Vous ne pouvez pas imaginer comme vous m'avez manqué !

Mais attends, LM… Tu la connais ? Non, absolument pas. Et tu ne peux t'empêcher de partir dans un rire sonore lorsque, faisant un pas en arrière, tu aperçois le visage rougi de la jeune fille, gênée de ne pas parvenir à te reconnaître. Tu gardes une main posée sur elle, tandis que tu lui colles un baiser sur chaque joue, profitant de sa perplexité. Ton jeu est puéril. Mais peut-on vraiment t'en vouloir ? Tu es jeune et, pour une fois, tu ne fais de mal à personne. Cependant, ton sourire disparaît bien vite et ta main lâche la blonde pour venir caresser nerveusement ta jeune barbe : aux côtés de ta victime se dresse un homme aux tempes grisonnantes, qui fait à peu près deux fois ta taille et qui croise les bras en te dévisageant, l'air de se demander qui est ce jeune homme si cavalier qui se permet d'embrasser sa fille. Sans trop réfléchir, les yeux rieurs, tu tapotes l'avant-bras du type - faute de pouvoir atteindre son épaule - en t'exclamant, sur un ton beaucoup trop exagéré pour qu'il soit naturel.
    Mais c'est que vous êtes là aussi ! Haaa, quel hasard, quel hasard ! Vraiment, le monde est petit !

Tu adresses ton plus beau sourire à la demoiselle, avant de jeter un coup d'œil au paternel qui n'a pas bougé d'un poil. Si toi et tes regards enjôleurs, vous restez une minute de plus sous son nez, tu vas certainement te prendre une droite. Étonnamment, il n'a pas l'air de trouver ton petit jeu très amusant, le rabat-joie. Dans un éclair de lucidité, tu prends un air pressé, leur adresses un salut de la main et disparais dans la foule le plus rapidement possible. Il ne reste plus qu'à espérer que l'homme ne te suive pas pour te demander des explications. Par précaution, tu préfères t'éloigner un peu et rallier la buvette. C'est que tes bêtises t'ont donné soif.

Tu t'approches du vendeur de boissons et t'adresses à lui sur un ton autoritaire, avec l'impolitesse qui te caractérise, toujours le même sourire insolent collé aux lèvres.

    Une pinte.

Et tu sors de ta besace la somme demandée. Sauf que… Rien. Rien ? Comment ça, rien ? Non, rien. Pas un sous. Pas une pièce. Pas le moindre petit écus. Tu commences à fouiller dans tes affaires, sans succès, et une goutte de sueur vient perler sur ton front tandis que derrière toi, la file qui a commencé à se former s'impatiente et te somme de dégager si tu n'as pas de quoi payer.

Dépité et assoiffé, tu t'éloignes un peu et va t'asseoir sur un bout de banc, prêt à te relever quand tu auras trouvé de quoi payer ta bière. Tu actives tes deux mains dans ta besace, persuadé que tu vas bien trouver une petite pièce, quelque part planquée au fond. Mais ta main ne parvient à saisir que des miettes de pain et tu finis par balancer ta besace à tes pieds, d'un geste agacé. Où est passée ta fortune ? Ignorant les regards qui t'entourent, tes deux mains saisissent ta botte droite et l'enlèvent rapidement pour la secouer, au cas où un écu perdu s'y serait glissé. Mais tu es contraint de la remettre sans avoir rien trouvé. LM, tu es ruiné. En vérité, tu n'as jamais eu de fortune. Tu passes tes journées adossé à un arbre, à observer les autres s'affairer à la mine pendant que tu ne fais que rêvasser. Et les quelques économies qu'il te restait, tu les as dépensées dans cette foire. Car tu n'en es pas à ta première bière de la journée. Mais tu as soif. Terriblement. Alors tu t'installes un peu plus correctement sur le banc, puisqu'apparemment tu vas devoir y rester.

Tes jeux idiots s'envolent bien vite de ton esprit, pour ne te concentrer que sur un seul objectif : boire. Et autre chose que de l'eau. Tu ne bois jamais d'eau et ne compte pas commencer aujourd'hui. Il te faut un plan. Et le plan apparaît de lui-même lorsqu'une chope entre dans ton champ de vision. Sans réfléchir ni même lever les yeux vers la personne qui tient la chope encore bien remplie, tu déclares d'une voix grave :
    Bonjour.

C'est bon, ça suffit pour les mondanités. L'espace entre ta voisine et toi est avalé et tu colles ta cuisse contre la sienne. C'est que tu es du genre tactile. Tu ne la regardes toujours pas, les yeux rivés sur sa bière, et passes une main dans tes cheveux. Tu as soif. Mais il faut y aller en douceur. Pas de précipitation. Un peu de diplomatie.
    Louis-Marie.

Tu estimes que les politesses ont assez duré. Tu n'en peux plus, tu as déjà atteint les limites de ta patience. Tu veux boire.
    Ça a l'air bon, ce que vous buvez là. J'peux goûter ?



*Winston Churchill. Et il savait de quoi il parlait.
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Gwennegh
    « You can't always get what you want »
    « Tu ne peux pas toujours avoir ce que tu veux »
    The Rolling Stones


𝒫erdue dans ses pensées comme elle l'était, Gwenn mit plusieurs secondes à remarquer qu'on lui parlait. Ce fut en réalité la cuisse étrangère qui se colla contre la sienne qui la sortit sa paisible rêverie. Elle tourna la tête brusquement, sourcils froncés, vers le dénommé Louis-Marie. La Galloise l'étudia en silence, passant l'ensemble de sa personne en revue. Force lui fut de constater qu'il n'avait pas l'air très méchant. En plus ce n'était même pas vraiment elle qu'il regardait, mais ce qu'elle tenait bien serré entre ses doigts. Un léger sourire au coin des lèvres, Gwenn avala une gorgée de bière avant de se décider à lui répondre.

    - Ce est juste. Ceci est très bon.

𝒢wenn fronça le nez et désigna d'un mouvement de menton le vendeur de bière, affairé à remplir des chopes pour les clients.

    - Tu peux prendre ici. Pas la mienne.

𝒟'un lever de coude qui montrait que ce n'était pas la première fois qu'elle sirotait de la bière, Gwenn avala une autre gorgée. Ce Louis-Marie l'avait empêché de savourer tranquillement sa pinte, et cela ne lui plaisait pas. Elle avait marché toute la journée, elle estimait avoir le droit de boire en toute tranquillité. Et voilà que ce garçon venait la coller et ne demandait rien de moins que de lui voler sa bière ? Dans quel monde il vivait, celui-là ?

a Galloise, gênée par le contact de cette cuisse contre la sienne, s'écarta brusquement. Elle lui jeta un regard agacé, comme une mise en garde. Qu'il essaye donc de recommencer à la tripoter et il verrait de quel bois elle se chauffait ! D'un autre côté, il n'avait pas l'air très bien. La rousse n'était pas reconnue universellement pour ses élans de générosité. Non pas qu'elle soit avare ou radine, seulement, elle n'avait jamais eu à partager sa bière. Même ses six frères aînés n'avaient jamais osé lui prendre des mains quelque chose qui se mangeait ou se buvait. C'était trop risqué. Mais ce garçon avait presque l'air au bord de l'évanouissement. La question était de savoir si elle s'en voudrait s'il perdait connaissance devant elle, ou pas du tout. Cruel dilemme s'il en était.

𝓔lle fit un geste de la main — celle qui tenait la bière — en direction du vendeur. Elle pouvait peut-être lui venir en aide sans perdre une goût du précieux breuvage.

    - Pourquoi tu ne achètes pas ta p...

e reste de sa phrase se perdit dans les limbes au moment où un jeune imbécile passa en courant devant elle. Cela n'aurait rien eu de fâcheux s'il n'avait pas percuté de plein fouet son bras à demi-tendu. L'action sembla se dérouler sous les yeux noirs de la Galloise comme une scène au ralenti : la chope décrivit une parabole quasi parfaite en se vidant au passage, dans de fabuleux tourbillons moussus, de tout son contenu. La pinte heurta le sol dans un bruit mat en répandant sur le sol herbeux les dernières gouttes d'alcool. Le temps reprit brusquement son cours normal, alors que Gwenn refermait la bouche tandis que le garçon fautif se répandait en excuses.

    - Oh, chi... Rydych yn marw, marmonna-t-elle en se redressant.

𝒢wenn n'était pas très grande mais elle pouvait, quand elle le voulait, paraître assez impressionnante. Les deux pieds campés dans le sol, les poings serrés et les sourcils froncés, elle se baissa lentement pour ramasser la chope vide alors que le garçon maladroit s'excusait encore. La Galloise en avait marre. Il parlait trop, trop vite, pour dire trop de fois la même chose. Il lui avait arraché son bien des mains comme un sauvage. Il fallait faire un exemple, pour la postérité. Alors, elle abattit avec une force étonnante pour un si petit gabarit, la pinte en bois sur le crâne de son « agresseur ». Et ce jusqu'à ce qu'il en tombe par terre, proprement sonné.

𝒯rès naturellement, sous les yeux des badauds qui s'écartaient de peur de faire l'objet d'une nouvelle attaque de chope, la Galloise se pencha et arracha la bourse rebondie de la ceinture du jeune homme inconscient. Elle se tourna vers Louis-Marie en agitant l'escarcelle qui tintinnabula joyeusement, et dans un demi-sourire, demanda simplement :

    - Tu veux une bière ?



Oh chi : Oh toi
Rydych yn marw : T'es mort

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Louis_marie
Ce n'est que lorsque ta voisine écarte son corps du tien pour t'observer que tu te décides à cesser de baver devant le contenu de sa chope pour lever tes yeux verts vers sa propriétaire. La première chose qui te frappe, ce sont les tâches de rousseur qui parsèment son visage et les cheveux roux qui l'encadrent. Tu aimes les rousses. Elles te rappellent ta mère. Bien plus, elles te rappellent ta grande sœur. Toute rousse est une graine de Gysèle à tes yeux. Un être vaillant et fragile, intrépide et sensible. Une femme téméraire, beaucoup trop pour que cela soit raisonnable. Un être à chérir et à protéger. Les cheveux rouges ont toujours cet effet sur toi, ils te ramènent quinze ans en arrière, tu y retrouves ton enfance, ta maison et ta famille. Et tu tuerais sans le moindre scrupule pour sauver la vie d'une rouquine.

Celle que tu as sous les yeux ne semble pourtant pas avoir besoin de tes piètres services de chevalier servant. Malgré sa silhouette chétive, son regard déterminé ne laisse aucun doute sur sa soif d'indépendance, d'aventure et de liberté. Les traits de l'enfance marquent encore son visage, elle n'est certainement pas plus âgée que toi. Elle n'est pas laide, loin de là. Tu la trouves mêmes à ton goût. Jeune. Inoffensive. Jolie. Pourtant, son visage est voilé d'une innocence qui calme - pour le moment, du moins - l'ardeur que tu ressens face à la quasi-totalité des jeunes femmes de ton âge.

Et quand elle s'exprime, tu déglutis avec difficulté pour ne pas poser de questions et rester concentré sur l'objectif : la bière. Non mais quand même, qu'est-ce que c'est que cet accent ? Tu es bien trop ignorant pour savoir d'où il peut provenir, et pour tout dire tu n'as jamais rien entendu qui ait cette sonorité. Alors tu zyeutes la demoiselle de haut en bas, comme si son corps pouvait t'apprendre d'où elle vient. Mais la simplicité déconcertante de sa robe verte ne t'aide pas beaucoup. Dans ton fort intérieur, tu te promets que dès que tu auras obtenu ce que tu veux - une bière -, tu perceras ce mystère. Parce qu'en plus d'être alcoolique, tu es terriblement curieux.

Passée la découverte et le temps d'acclimatation à l'inconnue, qui n'a duré que quelques secondes, tu ouvres la bouche, t'apprêtant à insister : c'est juste pour goûter, t'assurer que ça a bon goût avant de commander la même chose. Le mensonge, toujours.
Et là, c'est le drame. La chope vole, la bière se renverse, et contenu comme contenant se retrouvent sur le sol. Ta main vient instantanément se loger dans tes cheveux. Ce geste accompagne chez toi la quasi-totalité des émotions. Cette fois, c'est le signe de ta frustration. C'est que ça faisait quand même bientôt une minute que tu rêvais de tremper les lèvres dans cette chope.

    P'tain.

C'est tout. Tu te contentes de ce grognement à peine articulé, les yeux posés sur le liquide qui disparaît déjà, absorbé par le sol. Tu n'écoutes pas les excuses précipitées et répétées du maladroit. Un crime vient d'être commis. On a gâché une bière. On a gâché ta bière. Enfin, techniquement ça n'était pas ta bière, mais tu la considérais déjà comme telle. L'observateur qui poserait à ce moment précis son regard sur toi pourrait aisément croire que tu vas fondre en larmes. Tout à coup, sans que tu comprennes vraiment ce qu'il se passe, le bras de la jolie petite rousse se tend, t'arrachant à ta contemplation, et abat la chope ramassée sur la tête de l'agresseur, qui s'écroule de tout son long.
Qui a osé dire "inoffensive" ?

    Heu… Je…

Sans que tu oses bouger un orteil, ton regard se pose à nouveau sur Gwennegh, dont tu ignores toujours le prénom. Et elle te semble soudain entourée d'un halo de mystère qu'elle n'avait pas auparavant. C'est qu'elle est costaud, la petite. Et qu'il ne faut visiblement pas lui marcher sur les pieds. Ni renverser sa bière. Les yeux écarquillés et la bouche entrouverte, tu la regardes se saisir de l'argent du pauvre type. Un LM choqué. Un vrai demeuré. C'est décidé, tu veux la connaître.
    - Tu veux une bière ?

    - Je… Oui, d'accord.

Tu te lèves dans un mouvement maladroit et peu assuré pour rejoindre avec elle l'étal où l'on vend à boire. Tu vas avoir ce que tu voulais. Mais ça te fait à peine sourire. Ce n'est plus ça qui t'intéresse. Tu veux la connaître. Ce n'est plus ta soif mais ta curiosité qu'il s'agit d'étancher. Et alors que tu es debout à côté d'elle, tu continues de la zyeuter avec une insistance qui n'a rien de poli, et qui est même assez gênante. Tu ne t'en rends pas vraiment compte, trop occupé à chercher quoi dire. Habité par un mélange de crainte, celle de froisser encore plus la demoiselle et de te prendre un coup à ton tour, et de fascination, parce qu'elle agit avec un naturel déconcertant, tu finis par formuler une question. Très simple. Pas trop de mots, tu n'arriverais pas à tous les enchaîner.
    Qui êtes-vous ?

C'est quoi votre accent ? Et votre dialecte étrange ? Vous aimez la foule ? Vous venez d'où ? Vous êtes en colère ? Pourquoi vous proposez de m'offrir une bière ? Qu'est-ce que vous faites là ? Ça vous arrive souvent d'assommer des hommes à coup de chopes ? Ça vous manque, chez vous ? Vous êtes seule ? Vous buvez beaucoup ? Vous avez quel âge ? Vous allez où ? Si je vous dis que vous me plaisez, vous m'assommez ?
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Gwennegh
𝓘nconsciente d'être comme passée au rayon X par un Louis-Marie qui est venu avec elle jusqu'au marchand de bière, Gwenn posa deux pièces devant l'homme qui lui tendit deux chopes pleines à ras bord. Elle se tourna vers le jeune homme et remarqua enfin qu'il la dévisageait assez impudiquement. La Galloise haussa les sourcils, plutôt étonnée d'être ainsi regardée, et lui tendit la chope, la lui fourrant dans les mains sans plus attendre. D'un point de vue purement objectif, Gwenn devait bien admettre qu'il n'était pas vilain du tout. Pas désagréable à regarder, disons. Elle lui rendit son regard scrutateur, estimant qu'ils seraient deux à se poser des questions et que l'affaire serait ainsi réglée.

a question en revanche, la laissa plus pantoise que n'importe quel examen détaillé. Qui était-elle ? Gwenn se gratta la tempe de sa main libre, et fit quelques pas en direction du banc de bois avant de se raviser. L'homme évanoui allait se réveiller un jour ou l'autre, et mieux valait qu'elle ne le voit pas encore une fois conscient. Il risquait de l'énerver encore et elle n'avait pas envie de gâcher une autre chope pour le réexpédier dans les bras de Morphée. Qui était-elle ? Bonne question. Elle était en France. Elle pouvait être qui elle voulait. S'inventer un nom et une histoire. Mais Gwenn ne savait pas être quelqu'un d'autre qu'elle-même, franche et naturelle au possible.

    - Je suis Gwennegh, répondit-elle alors. On me appelle Gwenn. Gwenn Cadwell.

a rousse poursuivit son chemin vers nulle part, à pas lents, les sourcils à demi froncés, en pleine réflexion. Elle passait désormais devant les étals sans les voir, tâchant de savoir si elle avait suffisamment bien répondu. Son nom ne faisait pas sa personnalité, et décrire qui elle était lui semblait horriblement long et fastidieux. Mais elle n'allait quand même pas raconter sa vie à ce jeune homme, elle ne le connaissait même pas ! Ou si peu. Néanmoins poussée par un élan de sociabilité, qui lui avait fait longtemps défaut, Gwenn enchaîna, en repérant de loin un rocher qui semblait lui tendre les bras et lui chanter qu'il était un siège idéal pour des fesses galloises.

    - Je viens d'Yn... Nid, attends. On dit Anglesey chez vous. Le Pays de Galles.

𝒢wenn indiqua d'un mouvement de bras une direction, à sa droite, comme si elle était capable de localiser n'importe où le chemin qui menait vers chez elle. C'était peut-être vrai, pour ce qu'elle en savait. Son pays lui coulait dans les veines, et elle se demanda un instant si un arbre déraciné savait retrouver le chemin de sa forêt, avant de se faire la réflexion qu'un arbre marchait rarement tout seul. Mais cela avait-il la moindre importance ?

𝓔lle se tourna vers Louis-Marie alors qu'ils parvenaient juste au rocher, et y prit place sans attendre. Une jambe repliée sous l'autre, elle but une longue gorgée et fit claquer sa langue contre son palais en signe de satisfaction intense. C'était une excellente journée. Il faisait beau, elle visitait le pays, elle rencontrait un garçon qui semblait sympathique, sinon aussi curieux qu'elle l'était elle-même, venait d'assommer un homme et buvait une bonne bière qu'elle n'avait pas payé. Que peut-on rêver de mieux ?

    - Et tu es qui, toi ?

𝒥e sais pas pourquoi, mais je te trouve sympathique, aurait-elle pu ajouter, si elle avait su comment dire « sympathique ». Peut-être même aurait-elle conclu sa phrase par un « Ça te dit qu'on reste ensemble un moment ? » si elle avait eu conscience d'en avoir envie.

Nid = non

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Louis_marie
Les yeux rivés sur la rousse, toujours fasciné - et c'est une façon polie de dire que, bouche bée, tes yeux semblables à ceux d'un merlan frit, tu as l'air d'avoir le QI d'un hareng mort - tu te retrouves avec une chope remplie entre les mains et tu t'y accroches des deux mains, de peur qu'elle ne glisse entre tes doigts.
    Gwennegh. Gwenn. Gwenn Cadwell.

C'est vrai que de répéter son nom, ça va vachement améliorer ta situation. Mais tu veux retenir ce nom étrange et exotique. Et déjà que tu as du mal avec les prénoms, retenir celui-là relève du défi. Et tu aimes les défis. Tu le répètes encore deux ou trois fois dans ta tête tandis que tu suis bêtement ladite Gwenn, marchant dans ses pas, incapable de décoller ton regard de sa personne. Elle vient du Pays de Galles. C'est où, ça ? Les pieds du parisien que tu es ne sont jamais allés se poser hors du royaume de France. Non que ça ne t'attire pas, mais on ne t'a jamais vraiment parlé de l'ailleurs. Tu te contentes d'errer en France, et ça te suffit largement. Mais le Pays de Galles, quand même, tu as déjà dû en entendre parler, parce que ça te dit quelque chose. En tout cas, tu as une certitude en ce qui concerne ce pays lointain, une certitude dont tu incapable d'identifier la source mais que tu ne saurais remettre en question : là-bas, il y a des dragons. Ça explique quelques menus détails. Comme la force et le caractère de Gwenn.

La Galloise s'assoit sur un rocher et, sans trop te rendre compte de ce que tu fais, tu t'assois par terre, pile en face. Et tu es obligé de lever la tête pour la regarder dans les yeux. Mais peu importe. Elle t'a posé une question. Et elle te tutoie. D'ordinaire, tu ne supportes pas qu'on te tutoie. À tes propres yeux, tu es un être exceptionnel, une sorte de dieu vivant, à la bonté infinie puisqu'il accepte de parler à de simples mortels. Et le minimum pour un simple mortel, c'est quand même de vouvoyer un dieu. Mais, bizarrement, tu ne lui en veux pas. Elle est rousse, elle est Galloise et elle assomme des inconnus à coup de chope : elle a amplement gagné le droit de te tutoyer. Et puis elle a toujours une pinte à la main, même si ça n'est pas la même que celle de tout à l'heure. Alors, quand bien même son tutoiement t'aurait gêné, tu n'aurais rien dit, instinct de survie oblige.

    Louis-Marie.

C'est tout ce que tu trouves à répondre quand on te demande qui tu es. Il te semble d'ailleurs que tu t'es déjà présenté, avant que tu ne t'intéresses à elle, avant qu'elle ne balance un coup de chope sur le crâne d'un maladroit, avant qu'elle ne t'offre une bière, autrement dit il y a une éternité. Tu pourrais lui balancer au visage une flopée de titres imaginaires, histoire de reprendre un peu contenance. Mais rappelons que, ruiné, tu viens de te faire offrir une bière, et que tu parles comme un charretier. Te faire passer pour un grand noble ne serait pas très crédible. Tu pourrais aussi lui dire d'où tu viens. Mais tu n'aimes pas parler de ça, encore moins avec une inconnue. Tu pourrais lui signaler que tu es le plus beau et le plus fort de tous les Français, et de tous les hommes du monde si tu avais eu l'occasion de te comparer à des étrangers. Mais à quoi bon préciser ce qui est évident ? Tu pourrais lui raconter ce que tu fais ici et où tu vas. Mais le sais-tu vraiment ?
    Vous… Tu viens du Pays de Galles. Et ils parlent tous avec ton accent, là-bas ?

Ça va ? T'en as d'autres des questions débiles comme ça ? C'est que tu as rarement été aussi étonné. Allez LM, un secouage de tête, une main qui passe dans tes cheveux pour tenter de te recoiffer, une grande gorgée de bière, et on se reprend. On enchaîne. Avec un peu de chance, elle n'a peut-être pas entendu ta première tentative de conversation.
    Qu'est-ce que tu fais ici ? Pourquoi t'es partie de chez toi ?

Ça sonne un peu agressif, mais c'est ça la vraie question. Gwenn a l'air jeune, plus que toi. Elle parle bien Français, mais il est évident qu'elle n'est pas ici depuis très longtemps. En ce qui te concerne, l'important n'est clairement pas d'où tu viens, mais plutôt les raisons qui t'ont poussé à partir. Alors il te semble logique que ça soit la même chose pour elle. Une nouvelle gorgée de bière est avalée, en attendant sa réponse. Sauf que... Sauf que tu as déjà presque vidé ta chope, sans t'en apercevoir. Encore quelques gorgées et il n'y aura plus de bière. Tes sourcils se froncent tandis que ton regard lâche celui de la jolie rousse pour venir se fixer sur la bourse volée par Gwenn, tes instincts de gamin des rues revenant au galop. Tu es assis trop loin d'elle pour y avoir accès - du moins pour l'instant - mais c'est tentant. Et puis voler un objet volé, ça n'est pas vraiment voler, hein ?
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