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[RP] En juillet, répond en pointillés

L_aconit
Deux mois s'étaient écoulés depuis le dernier échange Ansoald - Nicolas.

Au fil du temps, le vrai faux écuyer s'était confectionné un petit paquet de lettres qu'il détenait dans un coffret, parmi les présents qu'il amassait. Archiviste né, jamais un mot n'aurait pu se perdre tant sa maniaquerie de conserver les plis, objets et souvenirs en tout genre était étendue. Fétichiste de moments des plus bons aux plus mauvais, l'Aconit se gardait pourtant de venir fouiller dans le passé une fois qu'il l'avait abandonné aux soins de son sanctuaire, cimetière des éléphants fermé à double tour par une serrure à gorge, telle celle que Melchiore lui avait enseigné à crocheter. Sensible sans doute, de ne pas relire. De ne pas réfléchir. De ne pas défaire ses décisions.

Une nouvelle missive lui avait été rapportée de Limoges. Allongé sur sa couche les jambes contre le mur et les cheveux qui avaient repoussé au mieux ballotant dans le vide, les bleus électriques déchiffrèrent les mots, et les maux infinis et éternels du voleur. Parfois son visage semblait se fermer en butant sur deux trois tournures de phrases, d'autres fois, les lèvres semblaient frémir et s'étirer un peu, sensibles aux acrobaties Ansoaldiennes. Il restait impossible de savoir des piques ou de la tendresse dissimulée qui s'étalaient sous ses yeux, ce qui faisait réagir positivement ou non le jeune breton.

Ainsi donc, Ansoald, navire sans baptême quittait le port pour de nouvelles contrées. De nouvelles sirènes. De nouvelles aventures propre à sa vie de marin. Nicolas ne s'en étonnait pas. Jamais. Il avait compris depuis longtemps cette propension à ne jamais être satisfait plus de quelques semaines d'un littoral, d'un paysage, de leurs embruns et de leurs parfums. Maitre détricoteur, habile à défaire les ouvrages dans lesquels pourtant il avait vraiment aimé s’emmitoufler, avant. Les laines dans lesquelles on s'étrique parfois, ne les retire-t-on pas pour couvrir notre peau de vêtements plus légers en été?
Citation:


Juin 1465 .

Nicolas,

Bleu soleil,

Qui ton regard empoisonne? Qui tes mains emprisonne? Qui ton sexe assaisonne?

Jaloux? Non... Soucieux de ta bonne santé... Tourmenté par tes malheurs.
Ma vie, tu veux? Quelques jours de geôle...Je dois être le seul à me savoir innocent. Quelques jours de gnole... Limoges ne manque pas d'aveugles. Enfin, quelques jours de grolles .... Licence poétique, mon vieux. Je pars avec ma bande réveiller les soumis, dans une cité du Nord.

Les mèches sacrifiées à ta belle chevelure ont bruni. Sèches comme de la paille, elles se dispersent en poussière sous mes doigts. En as-tu de nouvelles, à m'envoyer? Laisse. Je ne suis plus en colère contre toi. Je t'aime à petit feu. Parfois, je remue les cendres, tristement. Mais cette mélancolie me réchauffe. J'ai vécu quelque chose, même si....

Je pourrais ajouter plein de choses, plein de mots, plein de phrases, mais à quoi bon gonfler d'air la pompe de mes écrits?

Ansoald


Le blondin claqua de la langue, et reversa les hémisphères de son corps d'androgyne pour venir ranger la missive parmi les objets les plus divers et quelques mots passés. Les doigts fins virent peigner pensivement ses crins blonds en arrière, tandis que le dos retrouva l'accueil de la paillasse.


- Sacré Ansoald.

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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) -Recueil
L_aconit
Peut-être un peu piqué au fond, le blond n'aurait pas lu les lignes dans le bon sens. Il est ainsi lorsque l'on lit à l'envers... Et avec trop d'engouement. Ainsi la question de savoir qui empoisonnait le regard de Nicolas , qui emprisonnait ses mains et qui assaisonnait le tout s'était convertie en double sens. Pernicieux.



Citation:
Juillet 1465

Ansoald

Si mon regard t'empoisonnait, si mes mains t'emprisonnaient, alors il était bien temps que tu prennes le large.

Et toi, as tu trouvé plus verte prairies? Combien de nouvelles muses t'es tu trouvé? T'ont-elles toutes lassées, comme les précédentes , comme les suivantes le feront?

Jaloux? Non... Soucieux de savoir que tu n'es pas parti pour un éternel recommencement...

Ma vie, tu veux? Les douces mains d'un duc fantasque... Le voyage qui me mène aux antipodes de toi. Une mission, pour un autre tyran, l'affection futile et fétichiste d'un dé. L'art de crocheter les serrures à penes et les serrures à gorge. Oui je sais. Cela sonne graveleux.

Ma chevelure a repoussé, merci de t'en soucier, je la garde, j'aime me la faire tresser au calme d'une soirée. Et tu es bien beau toi, de me parler de colère... Mais tout a un prix. Tu le sais bien... La vie le fixera. Je ne suis pas triste d'où je suis. J'ai trouvé en moi les ressources. Je ne t'en veux pas. Je te souhaite de trouver ta route.

Qui sait où elle te mènera.

Je pourrais ajouter plein de choses, plein de mots, plein de phrases, mais à quoi bon. Tu sais déjà.

Nicolas.

_________________

    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) -Recueil
Ansoald
Flots lents et vagues tendres, paresse à fleur d'eau sur langue spumeuse. Ainsi, l'esprit d'Ansoald vagabonde sur les eaux scintillantes d'un affluent de l'Argens, quelque part dans le Sud de la France.




Nicolas,

Toi qui fut l'horizon, l'aube et le crépuscule.

Je voudrais m'arracher le coeur et badigeonner cette lettre en rouge sang, gommer les regrets en colorant le passé. Effort inutile et vaniteux. En cette matinée sans nuages, le soleil se lève sur un autre visage que le tien. Tout comme tu contemples celui de ton Duc, jolie flanelle que je voudrais lacérer entre mes doigts.
Je me suis promis de t'écrire. J'aspire à la fierté de te répondre. Comment? Jongler avec les souvenirs? Pour l'un d'eux que je lance haut dans le ciel, deux m'échappent et s'écrasent par terre. A genoux, je les ramasse, je les balaye mais leurs cendres me piquent les yeux aux larmes. Maladroit que je suis...Insouciant, frivole, superficiel...Putain de moi. Mon arrogance n'est que le reflet du dégoût de moi-même.
Tu ne devines pas à quel point je fus jaloux de toi. Ta famille, quand bien même elle ternissait tes belles ambitions. Je suis seul et porteur du plus infâme des crimes. Ta prestance, altière, tes élans, ravageurs, tes sourires, rares, tes mots, justes, tout portait à t'aimer...Ou à te détester. Et quand Nicolas fascine, Ansoald décourage. Roi de lumière et prince des nuées. Tant je veux me faire comprendre que j'en deviens imbécile, tant tu en dis beaucoup en parlant si peu. Toi, parfait, admirable, solaire, je t'ai couvert de mon ombre. Jusqu'à t'enlaidir...Sans y parvenir tout à fait.
Je devais te montrer le chemin, ouvrir à tes pas des lieux interdits, glisser à tes narines des parfums envoûtants, offrir à tes plaisirs les paradis terrestres. Je t'ai enfoncé dans l'ennui jusqu'au cou. Pourquoi dois-je tant me battre, pourquoi tout est facile pour toi? Pourquoi es-tu si vif, quand je nage à contre-courant? Pourquoi sais-tu juger d'un oeil sûr la beauté ou la laideur, quand je n'ai ni goût ni sentiments? Pourquoi toi, petit écuyer insignifiant, attires-tu les mérites, les louanges, quand mes actions suscitent au mieux le mépris, au pire l'indifférence?

L'envie est un désert où celui qui erre ne mérite aucune compassion.
L'amour me glaçait le coeur comme une friandise est enrobée de sucre.
Je fus assez lâche pour te laisser vivre sans moi.
Oui, je progresse. Lentement, laborieusement. Qui sait, bientôt aurais-je la folie de prendre des initiatives? Non, de fait, j'y parviens, parfois. Je sais, tu penses que j'exagère. C'est que tu ne connais pas mes ambitions profondes. Soit elles me noieront, soit elles m'inspireront.
Après tout, voleur, brigand, malandrin, maraudeur....Voler un paysan, piquer un bourgeois, défier un noble, dépouiller un homme de Foi...C'est peu de choses, comme nos êtres minuscules sous les étoiles. Voler un coeur, en prendre une part, rendre le reste, qu'il s'épanouisse ailleurs, mais garder ce morceau par-devers soi, l'entretenir, le polir, le faire briller et qu'il brille dans les yeux de l'autre, par simple contact...C'est grand. Mille foyers pour mille étoiles. Le vagabond que je suis y trouverait sa plénitude.

A toi, etc....

Ansoald

P.S. J'envoie cette lettre à l'adresse de ton Duc d'Alençon. Si tu veux me répondre, écris à Ansoald, Venise. J'y laisserais mes instructions.

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