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[RP] Vous reprendrez bien un peu de Montfort?

Marzina
Dans une des tavernes d'Angers, tard dans la nuit

La soirée a été bien alcoolisée. Parmi tous les désaccords de ce frère et cette soeur qui ont partagé autrefois la même éducation et le même nom sans avoir une once de sang en commun, ne figure pas ce goût immodéré de l'alcool. Bien que leurs goûts en matière d'alcool, par contre, diffèrent totalement. Prinsez voue un culte immodéré au chouchen, tandis que Taliesyn préfère des alcools bien moins sucrés. La discussion était relativement tranquille en début de soirée, les deux frangins échangeant des banalités, avant que ça ne tourne court. Depuis l'enfance, ils n'avaient jamais réussi à rester dans la même pièce plus d'une heure sans que ca ne dégénère. La Blonde aimait beaucoup trop exploiter son esprit vif pour faire tourner en bourrique son ainé, bien plus fort mais beaucoup moins malin.
L'apanage des bâtards probablement, bien obligés d'apprendre à réfléchir rapidement pour se faire une place dans une famille où ils sont considérés comme illégitimes...Le ton monte, et le sujet d'ailleurs, est vite remis sur la table comme d'habitude.


"Tu n'es même pas sa fille Maya...comment peux-tu seulement espérer récupérer le moindre écu de l'héritage?"

Les mots font mouche et atteignent leur cible. Il sait le sujet sensible chez sa sœur, probablement l'une des seules choses qui puisse la blesser profondément. L'abandon de son père biologique avant même sa naissance était une blessure jamais refermée et toujours à vif, prête à saigner. Tout comme l'abandon de celui qui fût un père pour elle par la suite, et qui s'en est parti lui aussi après sa rupture avec sa mère. Elfyn n'avait rien d'un père pour elle lorsqu'il l'avait reconnue après le mariage, semblant plutôt être le tortionnaire la forçant à entrer dans le moule préformé de la noblesse quand elle aurait voulu courir les routes et les aventures comme son père de coeur. Elle avait fini par céder, de mauvaise grâce. Avait revêtu les atours, les manières affectées. Les courbettes. Et lorsqu'elle avait épaulé son père lors de son règne, elle l'avait finalement aimé. Elle s'était dressé devant lui pour prendre les coups à la place du vieillard qu'il était devenu, elle était restée accrochée à son lit de mort tandis que son corps pourrissait. Elle avait vu son corps se décomposer avant que la vie le quitte, elle avait vu la laideur de la mort et de la maladie, la folie marquer les traits d'un homme dur et sage. Elle avait vu les dents longues des charognards guetter l'heure de sa mort, marquant en elle un profond dégoût de la race humaine, et probablement celui de son pays et de ses habitants. Elle avait vu tout cela.
Mais ce qu'elle n'avait pas vu, c'était Taliesyn. Où était-il dans les difficultés du règne de leur père? Où était-il dans les dernières heures, monstrueuses, qu'elle avait passé à pleurer accroché à un cadavre que la vie ne voulait pas quitter?
Il était loin, c'était un fait. Mais l'histoire avait fait de lui l'aîné, l'héritier légitime. Et elle la bâtarde légitimée, mais bâtarde quand même. Elle avait tout fait, et n'aurait rien.
Même sa presqu'île, la belle langue de sable qu'il lui avait confiée, elle l'avait perdue.
Alors oui, le ton monte.
Elle sait depuis sa plus tendre enfance qu'elle ne peut rien espérer. Bâtarde. Le mot avait si souvent fusé que la moitié de la Bretagne était au courant du secret de polichinelle. Mais la chose lui semblait si injuste, elle s'était toujours sentie plus méritante, plus légitime. Tellement plus que lui...

Alors elle se lève d'un bond, les poings sur la table, les yeux noirs révulsés. La main tremblante saisit le verre de son frère et lui balance au visage. La voix se fait glaciale, tranchante. La menace n'est même pas voilée.


"Si tu ne me donnes rien, tu n'auras rien. Je te prendrai tout. Tout ce que tu possèdes sera mien. Tu craindras bientôt l'ombre dans laquelle tu me confines!"

Ce n'est pas pour rien qu'elle avait fait sien l'emblème de la Marie Morgane vengeresse...Et elle ne manquerait pas de le démontrer à son frère, une fois de plus.
Elle avait ravalé sa fierté, quitté la pièce sans plus de bruit que celui des étoffes effleurant le sol. La tempête ne s'était pas déclarée ce soir là, et pourtant, l'orage avait grondé.


Plusieurs mois plus tard, à Angers

La Blonde avait pris du galon, était devenu pleinement angevine. Petit à petit, expérience après expérience, son réseau dans l'Archiduché s'était étendu. Elle avait vite compris l'importance de la petite main, du discret oiseau...A Angers, elle avait toujours une oreille qui trainait dans les tavernes, même en étant à Saumur. Elle y avait également toujours un homme de main prêt à toutes les bassesses contre quelques soins gratuits, un repas chaud ou quelques écus. Le statut de médecin lui permettait d'approcher tout le monde, mais surtout les plus désespérés, les plus pauvres, les plus abimés...C'en était même trop facile, d'obtenir quelque chose d'eux. Après la dispute avec son frère, Prinsez avait renforcé son réseau autour de l'ainé. Une bonne vengeance prenait son temps, et elle voulait avoir toutes les cartes en main pour la réussir. C'est ainsi qu'un jour l'un de ses hommes de main revint avec une lettre interceptée. Quittant ses livres de comptes, la Blonde fit entrer le jeune homme malingre qui s'agenouilla. Ou plutôt se jeta à terre.

"Votre Altesse...j'ai entendu le coursier en taverne, qui parlait de cette lettre pour Son Altesse votre frère...Il le cherchait partout sans réussir à mettre la main sur lui. Après quelques bières, l'homme m'a dit que la lettre viendrait de l'un de ses hommes de main, et qu'il l'avait chargé de lui ramener. Elle a l'air d'avoir beaucoup de valeur pour lui. Je me suis dit que vous aimeriez l'avoir..."

La curiosité la piqua au vif et elle se précipita vers lui.

"La lettre, où est-elle?! Donnez-la moi!"

La patience n'était pas une vertu qu'elle possédait. L'homme d'une main tremblante de fatigue lui sortit la lettre d'une poche, et en fut presque aussitôt dépouillé. Marzina avait reconnu immédiatement cette écriture froide et pointue caractéristique d'Elfyn. Fébrile, elle l'ouvrit aussitôt, persuadée qu'elle tenait là le moyen de récupérer l'héritage qui lui était du. Il n'était tout simplement pas envisageable que son père ne lui ait laissé aucun moyen autre de subsistance que de se trouver un bon parti pour mari...C'est donc le coeur battant qu'elle déchira l'enveloppe pour en sortir la précieuse lettre dont elle caressa l'écriture des yeux. Alors elle sentit la présence d'Elfyn à ses côtés, se retourna vivement...mais rien. Juste cette lettre. Et pourtant...elle aurait juré qu'il était là.
Enfin elle lut la lettre et son contenu. La déception se vit au fur et à mesure que sa lecture avançait. Quand elle eut terminé, elle envoya d'un geste rageur par terre les bocaux de potions à côté d'elle qui explosèrent et causèrent un raz de marée qui surprit le pauvre hère prostré. Le souffle rapide, la fureur dans les yeux, elle dut cependant se rendre à l'évidence: il ne s'agissait pas de la lettre tant convoitée, celle qui mettrait un terme définitif à son statut de bâtarde. Il lui fallait rebondir, en faire quelque chose, car il était sûr que le vol de cette lettre remonterait à Taliesyn. Autant qu'elle profite un peu de ce qu'elle avait trouvé avant qu'il ne rapplique à nouveau pour la dépouiller.
Elle reprit son calme, se tourna à nouveau vers le messager.


"Très bien...vous avez fait ce que vous aviez à faire. Vous serez récompensé."

Sur un signe de tête, une jeune femme se faisant oublier dans un coin de la pièce s'avança et versa quelques écus dans la main du mendiant.

"La dette en taverne sera épongée."

Un autre signe de tête indiqua à l'homme qu'il était temps de partir. Tandis qu'il se relevait péniblement et se trainait vers la sortie, elle lui demanda:

"Y'a-t-il cadavre à débarrasser?"

L'homme haussa les épaules lourdement.

"On ne fait pas dans le renseignement sans casser des bleus..."

Un sourire en coin s'étira sur le visage fin.
L'idée sadique venait enfin de germer dans son esprit.

_________________
Marzina
Quelques heures plus tard, même endroit

Assise à son bureau, elle avait lu et relu la lettre plusieurs fois, elle en avait perdu le compte. Elle avait pris conscience de toute la valeur de ce qu'elle tenait entre ses mains. Elle qui avait retrouvé il y avait si peu de temps son père biologique, que n'aurait-elle pas donné pour le retrouver plus tôt? Jusqu'où aurait-elle pu aller pour obtenir ces précieuses informations?
Les yeux noirs parcouraient la lettre une énième fois tandis qu'elle enroulait une boucle raccourcie autour de son index d'une main, et fumait négligemment sa pipe de sauge de l'autre. Une volute de fumée s'envola, lui rappelant la journée étouffante au cours de laquelle l'étranger de passage lui avait légué ce qui était devenu une drogue au fil des jours. "Apprenez-moi la pipe". Ça valait bien quelques écrits envoyés de temps à autre.
Nouveau coup d'oeil sur le dessin énigmatique qu'elle avait reçu, et que la sauge ne l'aidait pas à percer. Une scène de chasse aux canards...était-ce une menace? Était-elle censée se reconnaitre dans l'un des canards atrocement mutilés par les chiens?
Chassant la fumée devant son nez et ses pensées, ayant maintenant totalement retrouvé son calme et sa lucidité -du moins au niveau habituel-, elle s'attela à l'écriture de la lettre.




    Petite main de Taliesyn,

    Il vous aurait fallu être plus prudent, et mener votre trésor de vos propres mains.
    Il est bien connu que les intermédiaires ne sont pas fiables.
    En l'occurrence le votre a fini égorgé tel un porc, et d'ici quelques heures son corps sera démembré par mes soins.
    Son sang a taché les pavés d'Angers, il avait la couleur de la crasse.
    Connaissez-vous la couleur du votre?
    Si la peur ne vous étreint pas, ou bien si celle que vous avez pour Taliesyn est plus forte que celle que vous pourriez ressentir envers moi, venez récupérer votre bien.
    Mais sachez qu'en Anjou, rien n'est jamais gratuit.





Mais qu'est-ce qu'une vengeance face à une double vengeance?
Deux vengeances pour le prix d'une...le tout pour quelques pièces d'or et une lettre détournée...Voilà qui sonnait aussi bien qu'une poignée d'écus!
La plume se pose donc sur un nouveau parchemin.




Cher bipède à la pilosité excessive,

Que de souvenirs déplaisants me reviennent quand je songe à ta personne...
Il se trouve que je serais peut-être bientôt en possession de quelque chose qui t'appartient. Je connais suffisamment certaines de tes obsessions pour savoir que ce que je m'apprête à acquérir, tu le désires ardemment.
Mais connais-tu suffisamment bien mes propres désirs pour me faire une offre à la hauteur de ce que je pourrais t'offrir?
Mets de suite de côté tout ce qui est en dessous de la ceinture, j'ai un mari fabuleux qui sait parfaitement m'offrir tout ce dont j'ai besoin à ce niveau.
Creuse-toi la tête, sinon je le garde pour moi.

M.


La lettre est expédiée sans plus de formalité. Si l'un ne la connait pas, l'autre par contre devinera sans signature ni sceau.

"Votre Altesse, le corps a été préparé par votre assistant comme demandé..."

Elle redresse le nez, retourne la pipe. Un petit sourire flotte sur son visage enfantin tandis qu'elle lance un mélodieux:

"J'arriiive! Ne le faisons pas davantage attendre!"
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L_aconit
Se grattant la nuque en balayant ses cheveux d'or d'une main, tenant à bonne distance de ses billes bleues le pli qui lui avait été apporté, le blond tentait de remettre de l'ordre dans ses souvenirs en scrutant le sceau. Marzina O Mordha... Marzina O Mordha...

- Petite main de Taliesyn? Petite main de Taliesyn?!

Les mots défilèrent, jusqu'à leur vexante finalité. L'androgyne envoya valser de rage le courrier.

Ha c'était donc ainsi. Non mais pour qui elle se prenait la pimbêche? A égorger ses messagers? Et à piquer ses lettres?! D'autant que cette histoire de subtilisation de courrier n'était pas sans lui rappeler quelques mauvais souvenirs... L'art de lire les messages des autres, vraiment un truc de nana. L'arme ultime de la femelle. L'odieuseté totale. La manoeuvre crasse.

C'était certain, désormais le prince allait croire qu'il n'avait pas accompli sa mission et par conséquent, estimerait que le jeune homme demeurerait toujours sous son autorité, ses ordres, sa tutelle, son joug. Autant dire, la poisse totale. Compte tenu de l'importance que le Montfort semblait accorder à cette missive pour laquelle il l'avait expédié en terres royales... De la pénibilité de la tâche, et du fait qu'une mystérieuse Marzina O'Mordha avait fait main basse dessus. Mystérieuse un court instant, puisque soudain il remit l'arbre généalogique des Montfort à l'endroit dans sa petit trogne angélique, pour voir en pensée le nom clignoter comme à Vegas.

La soeur de Taliesyn.

Cette affaire puait la rillette.

Il fallait à tout prix qu'il récupère cette maudite lettre, sans quoi c'en serait fini sa nouvelle vie de liberté. Retour à la case départ. Les cerbères à ses trousses, et tout le bordel. Quant au prix à payer pour avoir la paix, peste, il lui en couterait sa tête à cette princezine. Si lui même ne connaissait pas la couleur de son propre sang, il connaitrait bien assez tôt celui de Marzina O Mordha, grain de sable dans le rouage, imprévu, indésirable, cheveux sur la soupe, et autres adjectifs qualificatifs significatifs . Foi d'Aconit.

S'il avait tenu à rester à distance d'Angers, c'était par pure provocation. Celle de ne pas accorder autant d'importance à ladite lettre que Taliesyn de Montfort. D'ailleurs, l'avait-il seulement ouverte cette missive? Pas même. Expédiée par le premier venu chez son mentor pour signifier que le jour de l'émancipation était arrivé. Aucune idée de ce qu'elle contenait, ni pourquoi il avait du cambrioler la diplomatie royale pour se la procurer. Un Trésor Montfort auquel il était absolument étranger.

Du moins le pensait-il.

Soudain, le prix de l'objet volé semblait bien s'alourdir. Le jeune mâle enfila ses bottes à la hâte, il n'y avait plus une minute à perdre. Nicolas prit la direction d'Angers.

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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) -Recueil
Marzina
La journée était belle. Toutes les journées étaient belles, d'ailleurs, depuis qu'elle avait ressuscité. Le prix à payer pour récupérer la vie consistait en l'équivalent de quelques années de souvenirs, parmi lesquels des morts, beaucoup de morts, des déceptions, une décapitation vue d'un peu trop près et...Au final, c'était bien mieux comme ça. Pour elle en tout cas, parce que pour tous ceux qu'elle avait oublié, la pilule était particulièrement immonde à avaler. Parmi lesquels un mari et deux enfants dont elle oubliait régulièrement l'existence.
L'humeur légère, elle réfléchissait à la façon de se présenter à cet homme de main. La Blonde aimait soigner ses entrées et restait persuadée qu'il s'agissait là d'une étape cruciale dans le début de toute relation, de quelque nature qu'elle soit. Ce jour là elle avait finalement opté pour l'approche en douceur. Quand on ne connait pas la nature de son ennemi, autant garder toutes ses cartes face cachée. Le restant de la journée fut donc consacré au tri des simples, activité calme et fastidieuse, mais nécessaire. Pouvait-on laisser le soin à un ignorant de trier les plantes hémophiles de celles censées guérir le mal de ventre? Non, impensable. L'Altesse se devait donc de mettre les mains dans le cambouis, ou dans l'herbe fraîche en l’occurrence. Les simples étaient donc étalées sur une grande table de bois dans son bureau tandis qu'une par une elle les triait, faisant de petits bouquets de fleurs semblables.


"Votre Altesse...il est arrivé."

Elle répondit par un hochement de tête, aimant faire l'économie des mots lorsque cela était possible. Le garde quitta la pièce et elle continua son occupation alors qu'il amenait le jeune homme à elle. Entendant les pas se rapprocher, elle releva la tête et esquissa un sourire poli, inclinant la tête sur le côté. Ce jour-là elle avait revêtu les atours de son rang et portait une lourde robe hors de prix semblant pouvoir la faire tenir debout à elle seule. Le corsage autour de sa taille faisait ressortir l'étroitesse du corps petit et gracile, laissant une impression diffuse de fragilité. Ses précieuses boucles dorées avaient quant à elles été récemment raccourcies jusque sous les oreilles, renforçant le côté juvénile de son visage fin. Seuls ses yeux noirs et froids nuançaient le tableau idyllique qu'elle pouvait donner de sa personne. Elle les posa d'ailleurs sur le visiteur et lui demanda d'une voix qui se voulait chaleureuse:

"Vous n'avez pas eu trop de mal à me trouver?"

Le sourire s'esquissa en coin.

"Vous n'avez pas tardé en tout cas."

Simple constatation, amenant pourtant à une conclusion: l'affaire était sérieuse pour lui. Ou urgente. Il n'avait même pas cherché à répondre par lettre, il était venu en personne. Ne s'était pas défendu, rebiffé, plaint. Non, il était simplement venu, comme elle lui avait demandé. Et c'était bien ce qui amenait ce sourire déplaisant sur son visage tandis qu'elle continuait tranquillement son office, triant les fleurs. Elle attendit un long moment, laissant le silence s'installer. Puis, ne levant pas même les yeux vers lui cette fois, elle demanda:

"Comment se porte mon cher frère dernièrement?"
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L_aconit

Il avait été escorté jusqu'à elle par un garde, au fait de sa visite prochaine. L'entrevue était nécessaire pour tirer au clair les raisons du saccage d'un mois de travail en le rapt de la missive. Car cette lettre était la clef de sa liberté. Nicolas avait espéré qu'en la remettant à celui qui l'avait réclamée, il aurait pu acheter sa liberté auprès de Taliesyn de Montfort, le frère de la maitresse de céans. Mais rien de cela n'arriverait encore. Pas tant que la vicieuse dessinerait les contours d'un évident chantage du bout de sa plume... Marchant en silence, il ne prit même pas la peine de réfléchir à son introduction, persuadé que son éloquence de jeune coq tout droit spoliée à celui qui l'avait élevé règlerait l'affaire en deux temps trois mouvements. N'avait-il pas terminé de tirer des plans sur la comète que la voix de la blonde le cueillit au détour d'une salle.

Il s'arrêta. L'observant en silence. Détaillant ses cheveux, coupés net. Le tempérament de sa voix. Le tranchant de son sourire. La lourdeur de sa robe. Marzina était un leurre agréable. Dissimulant parfaitement le sanguin et le capricieux de sa personnalité.

Que disait-on de Marzina la blonde, l'archiduchesse, celle qui fut dans l'enfance du jeune Nicolas, l'archi-karantez de nombre d'amants éplorés? Il avait eu le temps du voyage pour y penser. Un voyage qu'il avait fait sans reculer, déterminé.

Certaines femmes finissaient veuves. Elle, de ce que les bretons racontaient encore, faisait des veuves.

Car en Bretagne, on raffolait de fables de princesses maudites. Celles que tout le monde admire, mais dont personne ne souhaiterait endosser la vie. La femme qui se tenait là devant lui était de cette trempe.

Oui, on disait qu'elle n'était pas bien nette avant. Que désormais, elle était carrément floue. Que les années passant sa cupidité n'avait d'égale que la noirceur de ses yeux, que son audace était sans commune mesure et que des seigneurs françoys y avaient laissé leur incontournables flegme.

Et lui, petit Aconit bleu, se dressait ainsi fièrement face à elle. Comme si elle ne l'effrayait pas même un peu. Comme s'il avait plus de couilles qu'elle. Avec la détermination d'un poulet de grain et l'assurance d'un garçon de dix huit années: mal dosée. Un peu surfaite. Après tout, n'avait-il pas grandi dans cette famille? Entre Retz, Machecoul, et les Montfort? Il articula en redressant le museau...


- Vous n'êEêEtes...

Raclement de gorge. Satanée voix de jouvenceau. On croit être un homme et voilà qu'elle flanche comme la première mue. Les joues s'empourprèrent un peu sous leur laiteuse apparence. Voilà. Son entrée était ratée. Elle allait s'engouffrer dans la brèche. Les femmes sont de si pernicieuses créatures. Et puis lui le savait. Mazina O' Mordha n'était pas n'importe quelle femme. Il avança d'un pas en croisant les bras, restant tout de même à bonne distance d'elle, et reprit calmement.

- Vous n'êtes pas difficile à trouver.

Il inclina brièvement le chef. Casque d'or aux mèches impertinentes, aussi blondes que celles qui avaient été fauchées dans les doigts de la breto-angevine.


- Votre frère, je ne sais. Voilà quelques mois que je ne suis pas rentré.


Et le regard de voguer dans le vague, cherchant la meilleure façon de tourner l'affaire. Lui dire qu'il avait offert ses services à un autre noble. Pour les apparences. Rien ne vint
.

- Mais vous avez tué mon messager. Et subtilisé quelque chose qu'il m'avait chargé de lui livrer, et qu'il désirait. J'imagine dès lors, que son état n'est pas la raison de ma venue ici.


Les bleus couronnés de longs cils blancs se fixèrent de nouveau sur le calme apparent de la trieuse de simples.

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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) -Recueil
Marzina
Elle avait mordu discrètement sa lèvre inférieure pour retenir un sourire lorsque sa voix avait flanché. Pour une raison qu'elle ignorait, les faiblesses dues au jeune âge avaient le don de l'amadouer. Peut-être était-ce du à sa qualité de mère? Même si elle ne se souvenait plus de ses enfants, peut-être quelque chose était-il gravé en elle, et vibrait à l'écoute de cette voix mal assurée. Si les faiblesses pouvaient être mortelles, elles pouvaient parfois aussi se révéler utiles. Combien de fois l'apparente fragilité de son corps lui avait-elle permis de faire baisser la garde d'un homme?
Elle leva finalement les yeux vers lui, l'observa de haut en bas, sans même s'en cacher. La curiosité se lut sur son visage tandis qu'elle détaillait le jeune homme du regard, comme si elle cherchait une réponse sur les traits de son visage, dans ses cheveux, son apparence. L'inspection se termina, et elle reprit son tri, lâchant d'une voix neutre:


"Ne rougissez pas. Vous êtes là devant moi, droit comme un i, avec votre audace en bandoulière...Vos joues rouges cassent le tableau."

Elle esquissa un sourire amusé et d'un ongle sépara une fleur de pavot blanc de sa tige. Fermant un oeil, elle plaça la fleur aux blancs pétales entre son oeil ouvert et une joue du jeune homme.

"Là voyez, sans vos joues rouges...et sans le trémolo dans la voix bien sûr, je vous trouve sacrément téméraire. Avez-vous seulement une arme sur vous?"

Elle laissa échapper un petit rire. Oui, elle aurait pu se laisser amadouer. Après tout, son jeune apprenti pour qui elle avait beaucoup d'affection, n'avait-il pas à peu près le même âge? La même voix peu assurée? Mais pour qu'elle cède à ces sentiments nobles, il faudrait qu'ils soient plus forts que l'envie de vengeance qu'elle avait chevillée au corps. Elle en revint donc au sujet qui l'intéressait: son frère. Elle venait de jeter un caillou dans la mare, et les ondes de celui-ci apportent finalement la réponse espérée: il ne sait pas. Si le jeune garçon disait vrai, alors son frère avait à nouveau disparu. Qui sait pour combien de temps?...Cela n'arrangeait pas ses affaires, loin de là.

"Vous lui faites des infidélités?"

Léger silence avant qu'elle ne précise.

"A mon frère?"

Elle joue pensivement avec la fleur qu'elle tient entre les doigts avec une petite moue, et vient finalement planter son regard froid dans les yeux bleus.

"Je n'ai pas tué votre homme, j'ai juste découpé son corps. Vous aimeriez le voir?"

Elle pencha la tête de côté en le fixant, curieuse d'entendre sa réponse.

"Quant à sa lettre, je l'ai oui. Mais je ne compte pas vous la rendre."

Elle contourna la table de tri et fit les derniers pas qui la séparaient encore de son invité. Elle leva une main blanche aux doigts longs et fins vers son visage et dans un murmure lui demanda:

"Vous ne l'avez pas lue n'est-ce pas?"

Les doigts glissèrent la fleur de pavot dans ses cheveux tandis qu'elle esquissait un sourire sadique en se penchant à son oreille pour lui susurrer:

"Elle parlait de vous...Nicolas..."
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L_aconit
Il allait riposter que oui, il était armé, toujours, à l'initiative de son frère. Là dans la botte. Là dans la manche. Une dague et un stylet, deux styles, deux vies. L'ancienne et la nouvelle.

Il allait riposter qu'il était un homme à présent, et qu'il avait décidé de ne pas devenir le chevalier du Montfort, qui semait ses titres un à un et se perdait dans les fourberies des femmes, du jeu et d'une délétère indifférence à sa propre déchéance.

Mais lorsqu'elle évoqua le cadavre du messager, elle perdit soudain toute sa beauté de leurre. Pour se draper de la laideur de la folie.

Cette femme était folle. Peut-être aussi féroce.

Les yeux de méthylène s'assombrirent un peu. Nicolas se souvenait du jour où le Retz avait voulu faire exécuter Ansoald pour le punir d'avoir fait quelque chose qui le contrariait. Et ce qu'il observait là n'était qu'un trait de famille décliné au féminin. Marzina était offensive, lorsqu'elle était offensée. La jolie blonde révélait son envie de punir quelqu'un, par le vol de cette lettre, parce que sans doute... Elle avait été contrariée.

Et ce qui était certain, c'est que lui, l'écuyer, l'homme de main, le fugitif-objet, n'avait pas porté préjudice à Marzina O'Mordha. Si ce n'était pas lui... C'était donc son frère.

    Tout cela pour ... ça.


Nicolas, enfant de personne confié à la tutelle Montfort n'était alors rien d'autre que le ressac des colères des uns et des autres. Un éternel bouc-émissaire, destiné à recevoir les déceptions et les ardeurs vindicatives d'histoires sur lesquelles il n'avait aucun pouvoir. Un murmure fendit le masque de déception qui s'était emparé de son visage doux et juvénile.


- Ne soyez pas si cruelle. Le pourpre me va aussi bien que vous sied l'âpreté.

Et lorsqu'elle déclara ne pas vouloir rendre la missive, il n'eut qu'une envie. Se jeter à ses pieds pour la supplier sinon de la lui rendre, de dire à Taliesyn qu'il avait accompli sa tache. Et que la lettre était en sa possession. Juste quelques mots pour boucler la boucle et s'en retourner vivre sa vie. Mais il n'en fit rien. Car la question qui suivit immédiatement et le rétrécissement de l'espace sécurisant qu'il avait instauré entre eux deux le désarçonna un peu. Son visage amorça un léger mouvement de recul face à la main qui souhaitait flatter sa joue.

Il secoua un peu la tête, bousculé. Le contenu de la lettre lui importait peu. On l'avait rémunéré pour la voler et la ramener au Prince. Face aux Montfort L'Aconit restait un être profondément docile, marqué par des années d'apprentissage et de service. Une graine fidèle, semée par des mains mystérieuses, devenue plante hybride qui avait poussé contre le tutorat d'une famille qui n'était pas la sienne. Avait-il pour autant osé poser la question fatidique à Taliesyn de Montfort? Jamais. Tout le monde le savait. Il resta figé dans les jais de son vis à vis.


- Lire la lettre? Bien sûr que non... Là n'était pas ce que l'on attendait de moi.


Et lorsque la fleur glissa dans ses cheveux, accentuant la confusion de son genre, il recula carrément d'un pas, se soustrayant au chuchotement serpentueux de Marzina.


- Vous mentez.

Il la considéra gravement. Aussi gravement que son jeune âge pouvait le lui permettre.

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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) -Recueil
Marzina
Les yeux noirs notaient tout, détaillaient tout. Vieille habitude de la diplomatie, ou peut-être simplement manières de solitaire...Elle nota le mouvement de recul face à sa main, si similaire à celui qu'elle avait eu lorsqu'Ancelin dans son bureau, avait pénétré de trop près son espace sécuritaire. Le jeune homme s'agitait tel un animal acculé. La panique se lisait dans ses yeux, dans ses gestes. Elle le laissa s'éloigner, reprendre de la distance. Par rapport à elle, à la révélation. Elle avait peut-être été vite, trop vite. L'amusement avait pris le pas sur le reste, sur la réflexion, le calcul. Elle eût peur un instant de l'avoir noyé, d'avoir cassé son jouet. Il fallait qu'il reprenne de l'air, il fallait le rassurer.

"Nicolas...Je peux vous appeler Nicolas? Vous n'avez pas vraiment de nom de famille de toute façon, n'est-ce pas?"

Le ton était redevenu plus neutre, plus froid. Elle avait finalement lâché la posture de la veuve noire pour reprendre celle plus naturelle de Princesse de glace. Elle fait quelques pas pour s'éloigner de lui, fait face à la fenêtre, regarde distraitement au dehors.
"Là n'était pas ce que l'on attendait de moi."
Elle était presque déçue à son tour. Quand elle l'avait vu entrer dans la pièce, avec l'insolence de ses jeunes années, hardi comme un coq, elle s'était dit que le jeu pouvait être intéressant, au delà du chantage qu'elle mettait en place. Elle aimait les fortes têtes et méprisait les êtres au caractère trop faible. Elle les brisait, comme si quelque chose l'y poussait instinctivement...Elle se demanda si la première impression qu'elle avait eu de lui était la bonne, ou bien s'il n'était qu'un docile gamin obéissant aux ordres de son frère...
Elle se tourna finalement à nouveau vers lui et le sourire sadique revint se dessiner sur son visage tandis qu'elle sortait de son corsage la lettre dérobée. Ou du moins, ça y ressemblait.


"Nicolas, je suis cruelle, oui. Et je manie fort bien le mensonge. Mais je n'en ai pas besoin aujourd'hui. Votre nom est mentionné dans cette lettre. Et à vrai dire, vous êtes le sujet principal de cette correspondance. Mon frère aurait-il quelque affection pour votre personne?...Je crois qu'il comptait vous remettre cette lettre, en définitive. Enfin...s'il savait ce qu'elle contenait!"

Son côté joueur reprend finalement le dessus sans qu'elle ne réussisse à le retenir, et elle fait quelques pas, se rapproche à nouveau de lui en plissant les yeux tandis que la lettre revient se loger dans son corsage.

"Y'a-t-il une information que vous désireriez connaitre sur votre propre personne?"

Baissant à nouveau la voix, elle lui demanda dans un souffle:

"Connaissez vous la couleur de votre sang?..."
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L_aconit
Pour toute réponse à propos de son nom, il se contenta de froncer les sourcils. Non, il n'avait pas de nom. L'Aconit s'appellait Nicolas, et ce depuis toujours, sans qu'il ne sache pourquoi ni qui l'avait baptisé ainsi. Nicolas se faisait surnommer l'Aconit depuis toujours, sans doute à cause de la couleur exponentiellement bleue de ses iris. Un bleu tranchant avec le pâle de sa peau, le blond clair de ses cheveux. Un bleu qui se troubla, face à la manipulatrice Marzina O'Mordha, en la suivant des yeux vers la fenêtre.

A la vue de la lettre, son jeune coeur accéléra sa cadence imperceptiblement. Il lâcha alors avec l'amertume de l'impatience:


- Que contient-elle?

Les questions commencèrent à fuser dans sa trogne, et sans doute que sur le pli de son front, sous la courbure de ses sourcils, dans la force de son ton déterminé, cela devenait visible.

Cette lettre était sans âge. Qu'aurait-elle pu contenir à son propos? Cette lettre avait été envoyée depuis des années... Perdue au fin fond d'une chancellerie française avant qu'on ne le somme d'aller l'en déloger, elle dormait depuis... Depuis... Dix huit années? Dormait-elle depuis dix huit années?

La question, assez folle pour être tue, était pourtant assez pesante pour être lue sur sa gueule de jeune premier.

Subtilement, le doute s'immisça en lui comme l'aiguillon Marzinesque savait si bien inoculer son poison.


- Cette lettre relate de ma naissance?

La main s'anima soudain, retenue par des forces bien pudiques de ne pas aller l'arracher au sein de Marzina; et pour toute expression de l’irrépressible besoin ; un tremblement léger dans le bout des doigts.

Personne ne parlait de lui sinon le Prince Montfort. Personne n'écrivait pour lui. Personne n'avait jamais osé lui parler de son sang. Son rang. L'histoire de ses origines.

Un enfant laissé en fosterage. Voilà tout ce qu'il savait de son histoire. Mais les enfants laissés en fosterage rentraient chez eux un jour, forts d'une éducation que leur famille n'aurait pas pu leur apporter. Militaire. Ecclésiastique ou autre. Le fosterage ne coupait pas les liens biologiques entre les individus. Nicolas ne savait bien. Personne n'avait jamais réclamé Nicolas. Voilà qu'il était désormais un homme, jeune certes, mais en âge tout de même de se marier et de procréer. Personne n'avait souhaité récupérer l'écuyer, enfui avant d'être chevalier. Quid de cette famille, qui devait être assez proche des Montfort pour leur confier un enfant? Quid de ces parents, qui devaient être assez nobles pour obtenir l'avis favorable de l'illustre famille? Les yeux focalisent sur le pli, trop vite rangé dans son sanctuaire inadapté.


- La couleur...


Et quelle était la couleur de ses souffrance, de n'être à personne? De ne venir de nulle part? De n'être qu'une pièce rapportée? Quelle était la couleur de ses nuits à se demander qui il était , au delà de "Nicolas"?

Figé comme le chat qui évalue la distance et la faisabilité d'une attaque , Nicolas avait à son tour changé de ton. En voyant le visage et les geste de la blonde, ses mots savamment choisis, posés... Il était soudain persuadé que cette lettre contenait le secret de sa naissance. Une évidence, qui était en réalité plus un souhait incompressible et latent qui émergeait en éclaboussant son quotidien qu'une réelle certitude.

Il avança d'un pas, tandis que ses mains dirent " Donne " et ses yeux clamèrent "Maintenant".

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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) -Recueil
Marzina
Petit poisson d'élevage, tu ne connais pas ton père,
Petit poisson d'élevage, tu ne connais pas la mer
Petit poisson d'élevage, à peine né que te voilà déjà...
Pané.

P.P.D.E, Fatals Picards


Elle sent petit à petit que l'Aconit comprend. Qu'il intègre lentement le fait qu'il est le sujet de cette lettre. Qu'elle contient les informations qu'il désire. Et qu'elle, Marzina, détient les deux en otage. L'impatience du jeune homme la déride, elle se détend un peu, esquisse un sourire en coin amusé. L'Altesse est restée une enfant qui devient cruelle quand on ne veut pas jouer avec elle, et s'adoucit quand on accepte les règles de ses jeux égoïstes. Elle aurait pu tout aussi bien agiter la lettre au dessus de sa tête tel un chat jouant avec sa souris. C'était d'ailleurs la seule raison pour laquelle elle avait sorti la lettre de sa cachette, le narguer. Elle se voyait en lui, plus jeune, quand elle avait ce besoin viscéral de connaitre ses origines. Quand elle s'était pensée abandonnée, non désirée, livrée à un destin sans échappatoire...
Mais elle n'avait pas voulu connaitre son père. Elle l'avait repoussé quand il s'était présenté. La rancune avait été bien plus forte que la curiosité, au point qu'elle avait même envisagé de le tuer. Et s'il n'avait pas été aussi proche de Katina, peut-être l'aurait-elle fait.


"Es-tu vraiment sûr de vouloir connaitre la réponse?"

Elle le scruta avec bien plus de sérieux, comme si elle tentait de juger s'il serait capable ou non d'encaisser la nouvelle.

"Les réponses que l'on désire connaitre durant des années...on les idéalise. La réalité n'est pas toujours celle que l'on imaginait. Parfois elle est belle. Mais parfois, elle est moche, bien plus moche que ce qu'on pensait..."

Le sourire amusé de la vipère revient alors sur ses lèvres alors qu'elle le voit s'avancer vers elle, mue par la force de sa détermination, par la violence de sa curiosité. Elle retire alors l'enveloppe de son corsage et lui tend. Vide, bien évidemment. Elle attend qu'il le découvre par lui-même et lui demande.

"Espérais-tu un quelconque héritage? Si c'est le cas, tu devrais réviser tes exigences."

Plantant ses yeux noirs cruels dans les siens, elle lui annonce:

"Je sais qui sont tes parents. Mais peut-on vraiment parler de parents, alors qu'ils ne t'ont pas élevé?...Méritent-ils vraiment ton attention? Si tu le crois, alors je te donnerai leur identité, tu te feras toi-même ton opinion."

Elle s'avance finalement vers un meuble sur lequel trône une bouteille d'un liquide ambré dont elle sert deux verres. Gardant un verre pour elle-même, elle s'approche et lui tend l'autre.

"Mais rien n'est gratuit en Anjou, ne t'ai-je pas prévenu? J'ai quelque chose que tu désires. Quant à moi, je désire bien autre chose, que mon frère m'a ravi. Et puisqu'il a disparu, c'est toi qui me le fournira à sa place."

La moue sur son visage se fait mutine, comme pour lui indiquer qu'il était inutile de rétorquer que c'était parfaitement injuste, elle était au courant.
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L_aconit
- Oui, je veux savoir.

Aucune réalité ne peut être plus laide que de croiser les siens dans la rue sans pouvoir les reconnaitre, être reconnus d'eux. Etre reconnu dans son sens premier. Par filiation. être reconnu par son géniteur, en sortant des entrailles de sa mère et en poussant son premier cri. Appartenir à une famille, la sienne, pas celle des autres. Pas celle qui a substitué la vérité. L'histoire du sang n'est elle pas l'histoire de l'humanité même? Ce sang qui fait et qui défait, ce sang qui gicle de vie, celui qui raconte la mort. Le sang des cycles, ces cycles tant respectés en Bretagne. Terre des plus anciennes fables de sang et de fer. Viscéralement, et plus que jamais, Nicolas désirait savoir.


- Mazina O'Mordha. Vous en avez trop dit, ou pas assez.


La lettre factice fut saisie à la hâte, déroulée, et jetée au sol comme si elle brûlait. Les yeux bleus fous de colère lancèrent des éclairs, tandis que la main écartait le verre comme pour contrer un énième poison. Crescendo, l'échange se corsait. Déboussolé, et blessé dans son orgueil Nicolas persiffla sur le rasoir de sa sensibilité une vérité qu'on n'ignorait plus.


- Vous êtes... Un monstre.

Dejà le garde alerté par la conversation qui devenait houleuse se ramenait, l'oeil alerte et la gueule peu amène. Le jeune homme se fit violence pour ne pas céder aux mains faciles, qui malgré son jeune âge , décuplées par l'ire de cette tournure tragique auraient tôt fait de se réveiller mâles. Brisant la brindille blonde dans sa dentelle en une fraction de seconde.

Marzina n'avait jamais été brutalisée. C'était évident. Une femme qui s'était déjà retrouvée face à un homme en colère, quel qu'il soit, grand petit mince vieux ou jeune savait. Savait qu'en un instant, l'avantage ne lui serait plus accordé. Que tous ses vices et ses pièges pouvaient être balayés par sa main rageuse et primaire.

La vicieuse se moquait de lui. Éperdument. Jouait avec ses nerfs, s'amusait de le voir soudain vide de tout sang froid. Le jeune blond se trouvait désormais entre le garde et le maitre chanteur. En levier sa contenance, qui s'évaporait à vue d'oeil. Il n'est jamais bon de rester trop près d'une bête blessée , acculée qui monte doucement en pression. Insulté par la simple notion d'héritage, pour lui qui ne réclamait qu'une réponse, Nicolas montra les crocs. Il pointa un index hargneux dans sa direction, elle qui finalement n'était rien pour lui qu'un élément perturbateur dans l'ordre des choses qu'il pensait avoir établies en quittant la Bretagne.


- Rien, et ni votre frère ni personne ne saurait compter plus que ce que je désire. Rien ni personne. Parlez ... Parlez maintenant.


Dusse-t-il se désavouer encore auprès de celui qui l'avait élevé sans jamais lui révéler son histoire. La connaissait-il? Le doute permettrait-il de le condamner sans autre forme de procès? Et en tentant de saisir à la volée une mèche blonde dans l'amplitude d'un geste malheureux, il se fit largement bousculer par le sbire. Assez pour se retrouver une lame sous la gorge, de laquelle s'arracha un cri qui résonna dans toute la demeure.


- Parlez!

Nicolas n'avait-il pas mit le feu à Messey pour l'affection d'un dé? N'avait-il pas affronté les Cerbères pour protéger Ansoald? L'enfant Breton n'avait-il pas été élevé à bonne école, en matière de détermination? Tant de raisons bien futiles face à l'incommensurable enjeu de savoir...

Quelle était la couleur de son sang.

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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) -Recueil
Marzina
Elle voit la rage prendre forme en lui, à mesure que l'impuissance se fait sentir. L'Altesse aime jouer avec le feu, quitte à s'y brûler. Et elle s'y est brûlée plus d'une fois. Mais c'est plus fort qu'elle, elle attire les ennuis, les provoque, défie la mort. L'appelle presque de ses vœux. Quatre fois déjà l'Ankou avait refusé de l'emmener dans sa charrette. Pourquoi l'aurait-il fait? Elle était l'une de ses apprenties les plus douées, poussant les hommes à la folie, puis au suicide. Par simple jeu.
Vidant le verre qu'il avait refusé, puis le sien, elle reprend un air plus sérieux.


"Je ne suis pas un monstre, non. Tu connaitras un jour bien pire que moi. Bien pire que ça."

Les blessures du cœur, profondes, laissant des cicatrices indélébiles.

"Si j'avais été un monstre, j'aurais découpé chaque partie de ton corps pour les envoyer une à une à ton père."

Le ton qu'elle employa ne laissait aucun doute sur le fait qu'elle fut capable de le faire.
Elle leva les yeux vers les siens et la haine qu'elle y lut lui rappela d'autres yeux. Les yeux du seul homme ayant jamais osé la violenter. Mort, et enterré dans un sombre recoin à l'abri des regards, sans tombe ni croix. Assassiné par l'amant d'une femme qu'il avait eu le malheur de penser un jour posséder par la force. L'Altesse ne donne jamais le coup de grâce, achever une bête à terre était bien trop avilissant.
Elle observa d'un regard froid et distant le garde qui se rapprochait, le jeune homme qui se laissait submerger par ses sentiments. L'angevine porte toujours une arme sur elle, mais il était tout simplement hors de question qu'elle se laisse agresser sur son propre domaine. Tandis que le garde le maitrisait, d'un signe du menton elle lui fit signe de lui faire ployer le genou. Elle s'approcha à nouveau de lui, restant à distance suffisante pour ne pas risquer de se faire mordre par le petit animal sauvage. Elle lui lança un regard hautain.


"Tu es un bâtard Nicolas. Au sens premier du terme. A ce titre tu ne trouveras trace de ta naissance nulle part, tout simplement parce que les bâtards n'ont pas droit au chapitre. Ni même à une ligne. Les bâtards, on les cache. On les oublie."

Elle dessina un sourire pensif, murmurant tout bas:

"Bienvenue parmi nous..."

Elle eût l'envie de déposer son index sur son nez, mais se ravisa vite, persuadée qu'elle était qu'il lui aurait bouffé, garde ou pas. Elle se redressa.

"Mon frère te l'aurait-il déjà dit? Je suis une bâtarde moi aussi. Je n'ai, à vrai dire, aucun sang en commun avec lui. Officiellement je suis sa demi-soeur, enfant conçu hors mariage par Elfyn avec sa seconde épouse, légitimée par mariage...Un charmant conte de fées!"

Le sourire qui se dessina fut amer.

"Toujours est-il que Taliesyn, connaissant bien entendu la vérité, s'est arrogé le droit de me spolier ma part d'héritage. Passons pour les terres, qu'il n'a pas partagé. Pour toutes les possessions qu'il s'est octroyé...Mais le trésor des Montfort, ça...non."

Cette fois, la mâchoire crispée indiqua clairement la rage furieuse qui l'habitait.

"10 000 écus, c'est la part qui me revient, sûrement tout ce qu'il reste de ses dépenses dans les bordels et les tripots!"

Une grimace de dégoût se dessina sur son visage. Elle ne se souvenait que trop bien de la description qu'il lui avait fait de cette putain près du port de Saint Brieuc, celle qui, dénuée de dents, s'occupait de sa virilité comme personne.

"Débrouille-toi comme tu veux, mais tu récupères MON héritage. Quand Taliesyn aura remboursé sa dette, je te donnerai les informations que tu désires tant."
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L_aconit
"Ton père". Quelle drôle de phrase. C'était bien la première fois de sa vie qu'on prononçait ces mots à son égard. D'ailleurs étrangement, ils effacèrent instantanément la verve initiale que la déclaration portait. Ne restait que ces deux mots, intrigants, fascinants. Absolus.

Marzina connaissait donc son père. Le connaissait-elle plus que sa mère?

Il résista un instant à la force du garde pour finalement toucher genou à terre, non sans la darder d'un regard des plus intense. Plein de reproches, et plein de peurs aussi. Un de ces regard qui mêle l'inquiétude et la rancoeur, perplexe de ce qu'il perçoit. Oscillante, prêchant le vrai et Cultivant le faux, Marzina n'était pas une figure de fiabilité. Les yeux suivirent les manières O'mordeuses, tandis que d'un affaissement l'épaules l'écuyer indiqua s'être calmé au chapitre des bâtards.

Un bâtard. Il était un bâtard. Et elle, Vouivre perfide l'était aussi. L'idée la rendait-elle plus sympathique? Absolument pas. Et lorsque vint le passage pécunier, enfin... Le chantage proposé était odieux à qui comme lui, s'empêtrait d'affect et d'empathie pour les personnes de son entourage.


- C'est donc cela.

Malgré son aspect primesautier, Nicolas était un être profondément bon. Délester Taliesyn après avoir fui sa protection, le pouvait-il seulement? Le seul homme qui avait bon gré mal gré fait figure paternelle dans sa vie? Le jeune homme secoua un peu la tête, amer. Taliesyn s'était illustré ces derniers temps par de vilains déboires, indignes d'un prince qu'il n'était plus. Il était devenu faible, s'était isolé, et avait perdu ses terres. Nicolas pouvait-il se pointer de nouveau pour lui porter le coup de grâce? S'instrumentaliser encore, comme il l'avait fait toute sa vie pour la soeur vengeresse? Les Montfort l'avaient utilisé toute sa jeune vie. Lorsqu'il s'était émancipé, il s'était quelque part libéré de ce poids. Revenir pour achever le Retz, rien qui ne lui ressemble. Rien qui ne soit dans ses cordes. Jamais.

Pourtant, l'identité de sa famille était là à portée de main. Cachée entre les mains de l'Altesse au visage aussi beau que son âme était dure. Car Marzina était dure, plus que cruelle. Il venait de le comprendre. Endurcie. Dépassée par sa propre colère. Il n'était pas l'instrument de la colère de Marzina. Marzina était l'instrument de sa propre colère. Et quand bien même cette réalité, le jeune breton ne s'adoucirait pas avec. Et ne la prendrait pas en pitié. Il avait assimilé la dure réalité qu'elle imposait. Pas d'héritage, pas de parents.

Alors il prit un inspiration profonde, et ferma les yeux. Marzina aurait son argent. Elle pourrait s'étouffer avec. Se rouler dedans.


Les lippes claires murmurèrent. Radicales.

- Vous aurez votre argent après demain.

Le genou quitta le sol, le sbire libéra la fine carrure de l'androgyne.


Et avant de tourner les talons et de disparaitre, il ajouta simplement en baissant la tête à l'intention de la blonde à ses côtés.


- Il vous sera livré par messager. Espérons juste qu'il ne soit pas tué d'une main malheureuse avant de vous parvenir
.


Il était bien vrai. La vérité valait bien quelques sacrifices.

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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) -Recueil
Marzina
Elle avait beau le regarder, encore et encore, observer avec attention ses réactions, ses mimiques...elle ne voyait pas ses parents en lui. Avait-elle un jour vu ce type d'emportement chez son père? Chez sa mère? Aucun des deux à vrai dire. Était-ce donc le résultat de l'éducation dispensée par son frère? Elle doutait pourtant que son frère soit à même d'apprendre quoi que ce soit à qui que ce soit. Mauvaise foi, pour sûr. Mais rabaisser l'autre avait toujours fait partie de leur drôle de relation fraternelle, oscillant selon les saisons entre amour fraternel et haine meurtrière.
Elle allait récupérer son héritage, l'argent qui lui revenait de droit. Et elle tournerait cette page des Montfort. Elle n'avait plus rien à voir avec cette famille dont elle ne partageait plus rien, sinon un passé douloureux. Elle écrirait la nouvelle page, à côté de celle des O Mordha. Elle écrirait un nouveau chapitre empli de cheveux blonds, d'alcool coulant à flots, de gaufres, et d'un pays encore plus plat qu'elle. Il lui tardait. Partager enfin une relation filiale, avec quelqu'un qui partageait ses traits, à la fois de visage et de caractère. La folie en moins. La tendresse en plus.
Elle poussa un soupir, presque soulagée par avance de pouvoir enfin passer à autre chose. Les yeux noirs se posèrent à nouveau sur le jeune homme martyrisé.


"Je suis femme de parole. Ramène moi ce que je te demande, tu auras ce que je t'ai promis."

Aux dernières paroles prononcées, tandis qu'il quittait la pièce, elle rétorqua:

"Mène-le toi même, sinon je ne réponds de rien!"

Un sourire en coin amusé se dessine.
Les plaisanteries de l'Altesse n'en sont jamais vraiment.

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L_aconit
Tel le chasseur envoyé par la reine chercher le coeur de Blanche-neige, Nicolas s'en était allé, tiraillé. Et tel le chasseur , ce pauvre fou d'accomplir au nom d'une si cruelle femme, il ne lui rapporterait qu'un mensonge.

Car Nicolas n'escomptait pas , lui non plus, revenir en arrière. Ni arracher le coeur de qui que ce soit.

Dans sa jeunesse, le jeune homme avait été élevé du rang d'écuyer à sbire personnel du Prince de Retz. Un sbire apprenti, que le Prince ne se gênait pas de bousculer un peu. L'embarquant des des aventures plus ou moins dangereuses. Confiner sa Maitresse , la Médicis, tandis qu'il la violentait dans une chambrée. Choisir chez Mérance les poisons les plus opportuns pour accomplir quelques vengeances. Cambrioler des ambassades, pour faire main basse sur de foutues lettres. Nicolas avait le devoir de ramasser le Prince lorsqu'il était ivre et avait dépensé sa bourse aux jeux. Le devoir de chaperonner ses Amantes, et de se faire les yeux de toute sa maisonnée. Et surtout, surtout. La tâche très sérieuse de tenter de le tuer chaque jour. Afin de développer son sens du subterfuge et de la sournoiserie.

Parfois Nicolas réussissait à tuer Taliesyn. A quelques gorgées de poison près. Quelques centimètres de lame près. Quelques pas sur la terre trop meuble près... Le jeu s'arrêtait là, jusqu'au lendemain. Le jeune homme de main s'en voyait récompensé. Et le prince affutait ses techniques de protection et sa méfiance, le rendant souvent plus paranoïaque qu'il ne le fallait. L'Aconit était passé Maître dans l'art de jouer la comédie. Mentir. Dissimuler. Mais jamais, au grand jamais... Il n'aurait pour toutes les récompenses du monde blessé l'homme qu'il admirait.

Pour ces années qu'il n'avait pas passé à récurer les cuirs du Prince, le garçon bienheureux avait été rétribué. Son élévation au rang de petite main du Prince avait cela de bon. Un arrérage conséquent pour un jeune homme de son âge. Famille Princière permettant. Cent écus sonnants et trébuchants par mois. Pas un de moins. Pas un de plus. Cent écus qu'il avait entassés de treize à dix sept ans sans y toucher , et dépensés d'un coup d'un seul au moment de sa fuite de Retz, pour acquérir quasi compulsivement des appartements.

En quelque sorte, des maisons, pour celui qui venait de perdre la sienne.

Nicolas cumulait à dix huit ans pas moins de six appartements. Un à Angers. Un autre à Dijon. Puis Rennes. Le mans. Alençon et Limoges.

Sans être pingre, Nicolas était économe. Aussi, lorsque ses appartements furent alloués à des familles paysannes moyennant une rente mensuelle, son argent avait fini par faire des petits. Dix mille écus, c'était bien là toute sa richesse.

Mais qu'était donc sa richesse, sans avoir d'identité?

Lorsqu'il se rendit à son appartement andégave, le jeune blond s'étendit sur sa couche. Tirant à lui un coffret coiffé de ses mèches blondes, étalées sur la paillasse de façon désordonnée.

Marzina aurait bien son argent. Mais pas véritablement son héritage. La main fine du breton caressa les ciselures du bois, les arrêtes de métal des charnières. Lointain. Il ne lui dirait jamais que son frère, ce dépensier monarque avait sans doute rétribué son petit Aconit avec une partie de l'héritage qu'elle pensait lui revenir de droit... Pièce après pièce. De nombreuses années durant.

Ainsi prostré il s'endormit d'un sommeil aux rêves agités et sa nuit fut bien courte.

Ce n'est que le surlendemain qu'il se présenta aux portes de l'Altesse. Affublé d'un habit plein de sobriété, contrastant avec la facture d'un coffre de bois dissimulé par une courtepointe, chargé sur une ânesse. Les gardes ne l'avaient pas oublié. Cette créature aux traits si doux, et au visage si grave. La longue stature d'un presque homme. Que les hommes ne reconnaissaient pas.

Nicolas pénétra chez les O'Mordha et se fit conduire, comme un scénario qui se reproduisait, jusque dans la salle où Marzina triait inlassablement les simples. Telle une simple personne, qu'elle n'était pas du tout. Les gardes déposèrent le coffre au devant d'elle, troublant sans doute sa fastidieuse tache. Et le timbre clair de Nicolas l’exhorta à en sortir, tandis que son pied se posa sur la caisse contenant les écus dont il s'incisait presque volontairement-contraint.


Montrez-moi la lettre, avant toute chose. Votre garde a vérifié le contenu du coffret. Et jurez de répondre aux questions que l'écrit pourrait soulever...


Bonjour Marzina O'Mordha, Maitresse chanteuse, ensorceleuse.
Tant de politesses dont il ne s'épancha pas. La dardant de son regard éloquent.

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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) -Recueil
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