Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Adieu, Hel, retourne à ton silence [...]*

Evroult
[...] et lorsqu’on te fera de ces récits hideux qui t’ont empoisonnée, réponds ce que je vais te dire :
Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux ou lâches,
méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et
dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se
tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est
l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour,
souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on
se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J’ai souffert souvent, je me suis trompé
quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon
orgueil et mon ennui.


    Citation:
    Cela ne te ferait pas plaisir de goûter encore à la fraicheur d’un lac ? te souviens-tu seulement de nos baignades réservées aux lueurs de minuit ? viens, nous descendrons jusqu’aux rives désertes, jusqu’aux moulins au repos ; tu quitteras ta robe, & moi je me noierai en toi.

    Froissé.
    Citation:
    Tu me fends l’âme. Quoi ! pas un mot, Hel ? pas un gribouillis illisible, une patte de mouche sur un vélin, pas même quelques rancœurs jetées là sur un coin de parchemin, rien ! rien ! ni même quelques pâtes de fruit, si pleines de niaiseries délicieuses. Et quand donc comptais-tu te rappeler à moi ? toute notre vie est là.

    Rayé.
    Citation:
    Écris-moi, Hel, je t’en prie. Que crains-tu de moi ? tu ne veux pas que l’on s’aime ainsi ? eh bien ! aimons-nous autrement ; est-ce une raison pour me haïr ? n’avais-je pas juré, déjà, n’avais-je pas prévenu ? n’avais-je pas promis déjà, n’avais-je pas déçu ? tu veux l’Amour qui enfante. L’amour chez moi n’est pas fécond. Et lorsqu’il l’est, il doit se taire. Dis-moi ! que crains-tu de moi, qui ne t’ai rien caché ?

    Déchiré.
    Citation:
    À quoi sert de se quereller, quand le raccommodement est impossible ? le plaisir des disputes, c’est de faire la paix. Aussi, je viens te la demander. Car je connais le cœur des femmes, Hel. Je suis sûr de leur inconstance. Et pourtant, je viens quérir chez toi la paix, & avec mes baisers ardents panser la blessure que je t’aurai faite.

    Avion en papier.

    Dans le genre, des petits tas de bourrons jonchaient la couche, s’immisçaient dans la malle éventrée, tapissaient le plancher miteux. L'éphèbe libéré, délié, délaissé, prenait la température des spécialités de la capitale en se fourrant entre les cuisses chaudes & gonflées de quelques courtisanes bourgeoises. Il justifiait sa cagnardise par la nécessité professionnelle de recruter, de tester la marchandise, de repérer quelques marchés probables pour le juteux contrat qu’il espérait bien signer à la fin de l’été.

    Orgiaque, Loupiot offrait à la vue de ses comparses un éphèbe insatiable, à l’intarissable abondance. Jeanne n’existait qu’en un masque malsain revêtu par sa sœur ; Bourgogne avait été bien peu généreuse ; L’Anjou s’était tue depuis longtemps déjà ; Baronne oubliait son favori dans des bras plus décents ; Limousie silencieuse gardait jusque dans son giron les mots d’amour qu’il aurait dû recevoir.
    Et Hel, diable soit-elle ! n’avait rien daigné lui envoyer. Rien !

    Citation:
      À toi, l'Unique.


    Pardonne-moi. Excuse-moi. Absous-moi.
    Veux-tu ? J'ai le ventre trop creux de ne pas remplir le tien.

    C’est un mea-culpa. De moi, à toi.
    De toutes les erreurs, les bassesses, les horreurs, les maladresses.

    Insensés que nous sommes ! nous nous aimons. N'est-ce pas ?
    Quel songe avons-nous fait, Hel ? Quelles vaines paroles, quelles misérables folies ont passé comme un vent funeste entre nous deux ? Lequel de nous a voulu briser l’autre ? ah ! je sais. Ce n'est pas nous, c'est lui. Lui, cette chose indélicate logée en ton giron pour mieux nous séparer, & plus il prenait place, & plus il nous était ardu de s'agripper au corps de l'autre. Mais je ne t'en veux pas, non. Jamais je ne t'en ai voulu. Toi, m'en veux-tu ? j'ai été homme faible, j'ai été lâche, & couard, mais vois ! je suis là & je ne m'en irai pas. Je pardonne toutes tes faiblesses de femme, & toi, voudras-tu bien pardonner mes faiblesses d'homme ?

    Notre amour était fécond de désir, de passion, de plaisir, d'attention. Que voulions-nous de plus ? nous n'aurons rien de plus. Nous sommes des enfants gâtés, & notre jouet est l'Amour, l'un pour l'autre. Pardon, pourtant, pardon. Pardon une fois, pardon mille fois. Le sentier était trop beau, la pense si douce, le chemin entouré de buissons si fleuris, il se perdait dans un si tranquille avenir ! il a bien fallu que la vanité, l'envie & la colère vinssent jeter leurs rochers informes sur cette route sans encombre, qui nous aurait conduits à une félicité si improbable que nous ne l'aurions supporté ! Il a bien fallu que nous nous fissions du mal, car nous sommes des hommes.
    Ô insensés ! nous nous aimons.


    M’aimes-tu encore un peu ? Aime-nous encore un peu.

    Sinon, moi, je nous aimerais pour deux.

      E.


    - Et si elle n'est pas réceptive ?
    L'une des deux lianes blondes qui occupaient son lit s'était lovée contre le corps bouillant de l'éphèbe, peinant à dénouer les nœuds d'une carcasse frustrée malgré l'excessif.
    - Elle le s'ra, c'tout chou, répondait l'autre.

    Au pire, il lui avait déjà mis l’amour en bouteille.

* Tous les textes en italique sont copiés/ajustés/largement inspirés de On ne badine pas avec l'amour, d'ALFRED DE MUSSET
_________________





















Hel_
*

    Percluse dans la moiteur d'une chambre terne, Roide se pare d'une noirceur toujours plus grandissante. Les traits fardés de dédain n'arborent plus de discrets sourires. Le cœur autrefois passionné par ses premiers émois s'est ralenti pour n'offrir qu'une givrure aux nervures complexes. Au fil des derniers mois, la solitude avait gagné son âme, rongeant la nostalgie des souvenirs aimés pour ne laisser que l'âcre d'une exode parisienne. Alors, drapée de son amertume, elle s'est repliée au profit d'une pièce vide de sentiments, comblée d'un silence mortel. A l'amour rédempteur, elle n'avait pas trouvé les mots tant attendus. Pourtant, par deux fois déjà, elle a essayé de porter réponse au plis reçu mais emportée par le fiel de ses pensées, elle n'a su décrire l'affliction lovée en son cœur. Et les brouillons avortés gisent pêle-mêle sur le parquet froid d'une chambrée au foyer glacé. Éreintée par une situation depuis longtemps hors de contrôle, Nivéenne puise l'inspiration dans les remous avinés d'un calice aux apprêts clairs. Finalement, un fois vidé, les pleins et les déliés viennent orner le parchemin d'une écriture enfin soignée.


Citation:
    A toi,

    Bien qu'un adage affirme que les palabres s'envolent quand les écrits restent, je crains, pourtant, qu'il ne s'applique pas aux excuses. En effet, les lettres impavides ont le désavantage de ne transpirer que la fermeté de leur encre noirci.

    Comment t'imaginer sincère quand mille fois déjà, tu as promis pour mieux trahir sitôt mon dos tourné ? Tu as déjà trop profité de la confiance que j'avais, à tort, placé en ta personne. Je ne suis pas de celles qui s'endorment sitôt quelques phrases à la caresse artificielle prononcées. Ta vérité aussi infâme soit-elle me sied mieux que tes mensonges doucereux. Je n'étais pas de celles qu'il fallait séduire le temps d'un aller-retour dans la fange de leur fierté. Non.

    Je n'étais pas de celles qu'il fallait convaincre qu'elles ne méritaient pas mieux qu'un amour superficiel. Non. La preuve en est, il n'y a que ma chair qui sait manquer à la tienne, quand ton ventre trop empli du vice d'avoir fourrager quelques détachées parisiennes se souvient finalement de la douceur du mien.

    A quoi tout ceci nous mène-t-il quand tu n'es pas capable d'assumer l'entièreté de tes fautes. Rejeter ces dernières sur un être qui n'a vécu assez longtemps pour tout saccager entre nous, est une bassesse dont je te pensais enfin exempt. Ce n'était pas lui puisque nous nous accordions sur son devenir. Il est mort et la distance entre nous est toujours aussi grande. Rends-toi à l'évidence.

    Cesse tes promesses, tu n'es pas là et tu es parti. Comme je suis partie.

    H.


    Du reste, Roide n'aura su écrire quelques mots d'amour ou bien même répondre à la question posée. Trop envenimée dans l'aigreur dont elle se revêt chaque jour.
Evroult
    Vélin froissé s’était laisser emprisonner par une senestre tremblante & tendue. Veines apparentes, les tendons semblaient vouloir s’arracher à leur carcan de chair comme des lames transperçant l’ennemi. L’air autour de lui, d’ailleurs, était à couper au couteau. Lorsque le corps voulut se mouvoir, briser le marbre dans lequel il s’était coulé depuis la réception de la lettre, on entendit un grognement profond, sorti des tripes, comme le dernier souffle d’un ours abattu dans le dos, en traître. Et le poing balancé, dans un geste inconscient & violent, fit voler la cruche jusqu’à ce qu’elle éclate au contact d’un mur imbibé de lait chaud, dans le cri poignant d’un cœur poignardé.

    - Comment ose-t-elle ?!
    - Chut, Trésor… chut.
    - J’ai tout fait… tout pour elle. Je l’ai aimé, oh ! si tu savais comme je l’ai aimé… & elle, que me rend-elle ? rien. Rien du tout. Du mépris, des reproches, de la haine. Que veut-elle m’arracher, encore ? que peut-elle bien vouloir détruire, ENCORE ?!

    Une catin sursauta, lançant un regard effrayé vers l’alcôve au cri du jeune patron. Au désert de la grande salle & après avoir entraperçu les traits déformés de colère du Chasseur, elle se dit qu’elle ferait mieux de suivre ses collègues au lavoir, profiter de quelques rares rayons de soleil & de la puanteur de la capitale.

    - Calme, Trésor… calme.
    - Je l’ai suivi… aux quatre coins du Royaume… en Bretagne, même ! je l’ai accompagné, partout, tiré une croix sur moi… sur ma réputation, pendant près d’un an. Un an ! j’ai supporté, tout… tant… j’ai supporté, oh ! ses patrons & son dédain de maître, j’ai supporté, ah ! Lucie, j’ai supporté Lucie pour ne pas l’abandonner, j’ai supporté Louis-Marie pour ne pas la blesser, j’ai supporté ces nobliots insupportables pour ne pas l’embarrasser. J’ai supporté de ne pas me montrer, de ne pas m’exposer, de ne travailler que lorsqu’il le fallait pour ne pas que tout le monde sache.
    Je me suis tu. J’ai rongé mon frein. J’ai fait la promesse de ne plus baiser hors du bordel & je l’ai tenu trois jours durant… TROIS ! Tu te rends compte un peu ? Trois putains de jours à me contenter d’elle & de mes clientes. Pas d’incartades. Pas de pas de travers. Pas même un sourire de trop aux filles croisées dans la rue. RIEN ! TROIS JOURS !

    - Doux, Trésor… doux.

    - Elle se laisse séduire par d’autres… elle leur parle sans jamais les repousser… ils lui offrent des fleurs ! DES PUTAINS DE FLEURS ! & moi, quoi ? moi, je me tais. Je ne dis rien. Quand j’ose dire, j’exagère. Quand j’ose dire, je dépasse les bornes. Alors je me tais, je la laisse vivre… je passe la première fois où son ventre s’arrondit. Je passe la seconde. Je reviens vers elle. À genoux. Je m’incline. Je m’abaisse. Je m’écrase.
    Pour elle.
    Juste pour elle.
    Tous les culs de ce monde ne vaudraient pas le sien.

    ET ELLE ME LE REFUSE !
    Elle se tire. Elle se barre, & moi je me dis, tiens ! laissons-la souffler. Je fais mes affaires. Je m’occupe. Je me construis. Je lui prépare une surprise qu’elle ne sera pas prête d’oublier. Je commence à devenir quelqu’un… pour elle. Bien sûr, que c’est pour elle. Pour qui d’autre ? c’est toujours pour elle.
    Et elle me balance ça à la tronche ? MAIS POUR QUI ELLE SE PREND ?!

    - Tendre, Trésor… tendre.
    - …
    Oh Blanche, oh Aliénor… oh Trésor. Mais qu’ai-je fait ?


    Complainte claquée contre un palais trop sec, d’une langue trop aride, dans une bouche déserte. Contre son corps nu, le souffle froid d’un spectre blanc & roux se heurtait avec peine aux frissons adolescents. Soudain, alors qu’encore la rage vibrait dans tous ses nerfs, le poids de son amour douloureux l’écrasait tout d’un bloc. L’échine, épineuse d’être roulée pour protéger le cœur, tremblait de quelques soubresauts irréguliers & pitoyables.
    Sifflée entre ses dents serrées, langue morte tapissant sa gueule, une drôle de prière vit le jour. Et pour seul témoin, pour toute esgourde creuse, les fumerolles du fantôme de Trésor.

    Je sais ce que tu cherches à faire.
    Tu veux me repousser. M’oublier. M’en vouloir. Claquer la porte.
    Tu voudrais sûrement que je disparaisse. Tu voudrais que ce soit facile. Que je te facilite la tâche.
    Mais non, Hel. Non.
    Je ne te laisserai pas faire. Je ne t’abandonnerai pas. Je ne te lâcherai pas.
    Non. Tu ne te débarrasseras pas de moi.
    Jamais.

    Je t’aime. Sais-tu combien ? je n’ai pas de mots. Pas assez.
    Pas de beaux discours. Pas de flatteries, de fioritures, de sourires mutins.
    Je n’ai rien d’autre à dire.
    Je t’aime. Je t’aime. Je t’aime.
    Tu me trouves niais ?

    Hel, reviens.
    Reviens ou je te quitte.
    Je me quitte.
    J’abandonne.

    Non, reviens.
    Fais pas ça. Pars pas. Me tue pas.
    Me tue pas.
    ME TUE PAS.
    Fais pas ça. Hein, reviens. C’était une blague. Arrête. Reviens.
    On continue, pas vrai ?
    Allez.
    On oublie tout. On n’oublie rien. Je m’en fous, mais reviens.
    Reviens. Reviens. Reviens.

    Putain de toi.
    Putain de moi.
    Putain de nous, hein ?


    Citation:
    À toi, qui ne dis rien,

      Réponds.
      M’aimes-tu encore un peu ?

    Bien qu’un adage affirme que qui ne dit mot consent, je ne te ferai pas l’outrage de lire entre tes lignes. Regarde, j’apprends. Réponds. Réponds, & je t’épouse.
    Pour de vrai. Sans mentir. Sans négocier. Sans croiser les doigts.
    Tu es l’Unique. Je te le prouve. Encore.
    Je ne me dérobe pas, tu vois.

    Et n’ose pas me dire que ça ne te suffit pas. Tu veux beaucoup, je te donne tout. Que voudrais-tu de plus ? que pourrais-je inventer, encore, pour mieux te contenter ?
    Allez, ne me repousse pas. Tu ne le veux pas, je sais. Aime-moi comme il se doit, que je t’aime comme je le peux.

    Hel, foutre de toi, je suis catin ! je suis moulé dans le mensonge, la trahison & le faux-semblant. Je respire la tromperie, la simulation, l’hypocrisie. Je suis la feinte & l’illusion, l’artifice & le mythe amoureux. Je suis taillé pour plaire, à toi, à toutes, de mon corps à mes lèvres, de mes yeux à mes mots. Je suis le mignon de toutes les dames, le favori de toutes les femmes, je mue & je me meus au rythme de leur déhanché.

    Toi, tu as fait l’exception.
    Toi, tu as brisé les codes & les convenances, insufflé de l’amour là où il n’y avait que du fard. Je n’ai rien de plus à donner. Et pourtant, je te donne. Je donne tout ce que je n’ai pas.
    Tu veux l’homme parfait ? celui qui ne ment pas, qui ne trompe pas, qui ne blesse pas ? fais-toi nonne.
    Sinon réponds, & épouse-moi.

    Et puis quoi. Maintenant tu me reproches d’être parti. & toi, dis-moi, où partais-tu si vite ?
    J’ai suivi, longtemps sans rien dire. Fallait-il que je tire un trait sur ma carrière toute entière pour favoriser la tienne ? Ah ! je vois. Tu vaux mieux. Ta profession vaut mieux. Pleine d’honneur, que tu es. Pleine de vertus & de forces. Quand je suis plein de vices & de faiblesses.
    Mais que fais-tu donc avec moi ? fais-toi nonne.

    Sinon réponds, & je t’épouse.

      Evroult.

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)