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[RP] A nos retrouvailles !!

Kateline
        "Les retrouvailles sont des phénomènes si complexes qu’on ne devrait les effectuer qu’après un long apprentissage ou bien tout simplement les interdire."
        Amélie Nothomb


      Par où est-ce qu’elle doit commencer ? Une question bête, une question simple si tant est qu’elle puisse y trouver une réponse. Pourquoi ne pas commencer par le début ? En voilà une belle simplicité !

      Kateline c’est ce qu’on peut appeler une tragédienne, après moult péripéties berrichonnes et autres drames suintant de larmes, la Damoiselle s’était perdue sur les chemins de France, côtoyant un peu plus chaque jour la mort et l’indécence pour finir par ne plus être grand-chose. Par ne plus être du tout. Elle passa pour morte, bien qu’elle fût encore bien vivante. Une morte-vivante, comme une histoire de déjà-vu. Cette fois-ci pourtant, personne ne sut qu’elle avait feint de perdre sa misérable vie. A l’exception du demi-frère prodige : Sebastian. Ce dernier avait tenu d’une main de maître le domaine de l’Ebène et avait continué de récolter tranquillement les rentes de la seigneurie et fit fleurir le joli magot que Zelgius avait laissé derrière lui.

      Pendant ce temps-là, Kateline s’était cachée dans le trou du cul de la Savoie. Non loin du lieu qui avait vu grandir sa bâtarde. Elle avait cessé de payer pour l’éducation de l’enfant qui n’en était plus vraiment une, et c’est à une Champlecy qu’on remit la gosse. L’Ebène s’en était assurée elle-même avant de disparaître complètement. Décision qui à l’époque lui semblait des plus judicieuses. Elle n’avait jamais eu la moindre fibre maternelle, ni à la naissance de la petite, ni plus tard, ni lorsqu’elle la vit partir accompagnée d’une rouquine à l’accent de Provence.

      Quelques années plus tard, piquée d’une envie de revenir au monde et à son ancienne vie, elle avait écrit à Sebastian, ce qu’elle ne faisait que très rarement… pour ainsi dire jamais puisque celui-ci savait que la repentance de l’Ebène passait par un silence total. Il se contentait de faire parvenir à Kat une caissette d’or une fois par semestre, lui permettant de subvenir à ses besoins les plus basiques. Un parchemin, une plume et de l’encre, premier pas vers son ancienne vie...




      To Sebastian, my brother
      From Kateline, the lost one (*)

      My dear, (**)

      Je peux d’ores et déjà deviner ton flegme légendaire être réduit à néant en lisant les premiers mots de ce parchemin. Et rien que cela me donne le sourire. Je n’avais pas réalisé jusqu’à aujourd’hui à quel point tu me manques. Je pourrais te demander, comment tu te portes ou comment se portent mes petites affaires, mais je sais que tout va pour le mieux. Tu as toujours su gérer les choses mieux que je n’ai jamais pu le faire. Ce n’est donc pas pour cela que je prends la plume ce jour, mais pour te demander de mener une petite enquête, pour moi.

      Je voudrais retrouver Viika. Je sais que je t’ai toujours dit que je ne voudrais jamais la rencontrer, que la maternité n’était pas pour moi. Eh bien, j’ai changé d’avis. Ma pénitence a eu pour incidence d’éveiller en moi le désir étrange de connaître ma progéniture.

      Alors avant de reprendre la route je veux te charger de cette mission, je vais me rendre dans un premier temps en Bourgogne. Je vais sûrement y élire domicile et attendre de tes nouvelles. Je poursuivrai certainement ma route là où se trouve Viika si tu parviens à retrouver sa trace. Et pour la suite, je verrai plus tard.

      Encore une fois je m’appuie sur toi pour effectuer mes basses besognes, je suis une sœur déplorable j’en conviens, mais je n’ai confiance en personne d’autre que toi pour cela. Ceci sera le début d’un retour au monde pour moi, je compte reprendre contact avec Sandrine et Nathan également. Mais chaque chose en son temps.

      Dans l’attente de te lire, je t’embrasse.



      Une fois la missive envoyée vers la Chapelle-Horthemale et ses bagages rapidement bouclées, Kateline s’était effectivement rendue jusqu’en Bourgogne, seule. Elle s’acheta un appartement à la capitale, y déposa les écus qu’elle possédait et repartit presque aussitôt. C’est en passant par Chalon que son voyage s’interrompit. D’abord parce qu’elle avait cru voir celle qu’elle appelait sa zumelle, un mirage puisqu’elle ne la revit plus. Elle n’était pas particulièrement prête à la revoir, ni même à lui écrire mais se dit que c’était là un signe du destin, on lui signifiait clairement qu’elle se devait de reprendre contact avec Sandrine sans plus attendre. Et c’est ce qu’elle fit, nouveau parchemin et nouvelles excuses…



      Sand,

      Tu vas certainement vouloir me tuer, et pour de bon cette fois ! Je ne suis pas morte… logique tu me diras puisque tu me lis. J’étais à Chalon et j’ai cru t’apercevoir dans une rue de la ville, était-ce bien toi ?
      Je l’ai cru en tout cas, je t’ai cherché mais je ne t’ai pas retrouvé. J’en conclue donc que tu étais un mirage. Enfin, tout ça pour te dire… ou plutôt te demander, pourras-tu me pardonner ? Je l’espère sincèrement, tout comme j’espère pouvoir te revoir un de ces jours. Tu m’as manqué comme pas possible !

      Je t’embrasse,



      Et ensuite, dans l’attente chalonnaise, Kat fit la rencontre d’un jeune maréchal, qui investit d’une mission toute nouvelle : la garder en vie, s’était proposé de lui trouver une escorte pour la suite de son voyage car les routes étaient infestées de brigands. Ce qui ne fut pas simple, étant donné qu’elle finit par partir deux semaines plus tard accompagnée de ce jeune homme et de quelques-uns de ses amis autunois.
      Avant le départ, elle avait aussi reçu une réponse de Sebastian, il n’avait pas eu à chercher fort loin pour trouver Viika, la bâtarde avait élu domicile en Berry.




      My dear Kat,

      J’ai été étonné de te lire, mais je l’ai été encore plus en lisant le contenu de ta missive. Je ne pensais pas ce jour arriver, et j’ai encore du mal y croire. Je suis heureux que tu te sois décidée à revenir à la vie, et plus encore que tu veuilles connaître ta fille !
      Je me suis donc chargé de ta mission, et je n’ai finalement pas eu besoin de pousser mes recherches très loin, sachant que Viika vivait à Bourges jusqu’à il y a peu. Et ce toujours en compagnie de la cousine de son père. J’ai laissé trainer mes oreilles çà et là, il semblerait qu’elle ait voulu faire des recherches sur ses parents. Mais peu d’échos à votre sujet sont parvenus à ses oreilles, poor little girl (***)… Elle vient juste de déménager à Saint-Aignan avec le couple de provençaux, tu l’y trouveras certainement si tu décides de la rencontrer. Je pense qu’elle a un tas de questions, prépares toi à cette entrevue. Je te connais et je sais que malgré toute la bonne volonté qui doit t’animer actuellement, tu risques de perdre pied face à cette enfant qui doit attendre énormément de ta part.

      Be brave, kisses.(****)



      Le cœur de l’Ebène ne fit qu’un tour à la lecture de cette lettre, bien que perplexe quant au peu de confiance de son frère au sujet de la future rencontre mère-fille, elle tenait sa prochaine destination. Ce serait Saint-Aignan en Berry. Et ensuite elle visait Limoges. Un article de l’AAP lui avait appris que son filleul y était maire. Elle embarquerait sa bâtarde et dans la foulée retrouverait Nathan. Sacré programme !

      Sur la route qui la menait vers le Berry et son futur destin de mère, elle reçut une réponse de Sandrine, une réponse rassurante mais qui lui déchira le cœur de même. L’Ebène qui pensait ne plus pouvoir ressentir quoi que ce soit tomba à genoux à la lecture de cette missive…




      Ma chère zum

      Je crois que je vais te tuer de mes propres mains......... au moins je serais sure que tu sois morte. Je déconne, je suis heureuse de te savoir vivante et j'aimerais qu'Ignace me fasse la même surprise.

      Pour ma part je suis à Marseille et j'y reste l'été...... ensuite tournoi de Genève c'est incontournable pour la mémoire de l'As..... ah vi tu sais peut être pas même si tu as du comprendre dans ces quelques lignes..... Ignace est mort de la sale mort .......... celle qu'il n’aurait jamais voulu, dans son lit......... du coup Tinig est mort de chagrin et Lyly passe sa vie au monastère. Heureusement Ob a repris le dessus. Enfin faudrait que je te vois pour t'expliquer mieux.

      En quelque mois je me suis retrouvée super seule, mais tu me connais je flanche jamais, j'ai un homme et des amies, des auvergnates tu vas pas y croire........ mais putain on se marre, puis elles quittent le BA.

      Bien moi que tu as vue dans les rues de chalon et je te remercie de n'avoir pas débarqué en tav, j'crois que tu aurais pris ma mains dans la tronche, enfin sauf si j'étais tombée dans les pommes............. Kate arrête de me faire ça tu vas vraiment me tuer un jour.............Et comment oses tu demander si je peux te pardonner ? t'es ma zum mon autre moi je pourrais toujours te pardonner

      grosses bises ma zum et à très vite j'espère

      Sand


      Ce soir-là, des larmes qu’elle pensait taries depuis longtemps vinrent mouiller les joues de l’Ebène, un flot incessant jusqu’au petit matin où elle finit par s’endormir, endolorie par la peine. Savoir que cet adorable bambin et son frangin d'adoption n'étaient plus de ce monde était une déchirure, un drame…


        Saint-Aignan en Berry, le 6 août 1465 ou le jour de la première confrontation


      A présent elle ne pouvait plus faire demi-tour, elle se trouvait devant la maisonnée où vivait Viika. Elle ignorait si c’était à elle qu’elle aurait à faire, ou bien à la cousine Champlecienne… ou encore à l’époux de cette dernière. C’est dans un flou total qu’elle frappa à la porte, les secondes qui la séparaient encore du face à face qui l’attendait parurent des heures. Elle oublia vite tout le discours qu’elle avait préparé et c’est complètement démunie qu’elle affronta cette porte qui commençait à s’ouvrir…



(*)A Sebastian, mon frère
De Kateline, la perdue
(**)Mon cher
(***) pauvre petite fille
(****) Sois forte, bises

_________________
Viika
"Espoir. Désir et expectation roulés en un seul lot."
A. Bierce

Combien de temps avait-elle cherché ? D'énergie avait-elle dépensé dans des pistes qui, au final, ne menaient à rien ? Mais la gazoute ne perdait pas espoir, elle persistait dans ses recherches telle une âme en peine, y délaissant le reste. Voilà même plusieurs semaines que les autres "elles" n'avaient pas fait parler d'elle.
Elle ne se souvenait pas même avoir mangé depuis plusieurs jours.
Aussi, lorsque l'occasion de déplacer ses recherches de Bourges vers Saint-Aignan, l'endroit où son père avait vécu plusieurs années de sa vie au Berry, Viika n'hésita pas une seconde, emportant avec elle la grande majorité de ses recherches.

Ce jeune bout de femme n'avait jamais eu assez d'argent pour entreprendre des recherches plus poussées, aussi n'avait-elle jamais pu se permettre de visiter les demeures, certainement aux abandons, de ses parents. Ainsi n'avait-elle jamais rencontré Sebastian. Ou quelque membres de sa famille maternelle, au contraire de celle de son père qui, tristement, n'avaient eu aucune véritable information à lui fournir. L'un comme l'autre de ses parents étaient connus, en apparence du moins. Personne, en revanche, ne semblait "véritablement" les connaitre.

Oh, bien sûr, le court voyage jusqu'à Saint-Aignan avait au moins permis à Viika de reprendre un peu le soleil, mais il ne l'avait certainement pas poussé à abandonner ses recherches, bien au contraire. Quelques heures seulement après son arrivée, elle s'était décidé à trouver l'endroit où avait vécu Zelgius. Et elle l'avait fait. Elle avait même décidé de s'y installer pour faciliter ses recherches.
On lui avait dit que la maisonnée était évitée, qu'elle était hantée par le fantôme du précédent propriétaire qui avait perdu les faveurs du Très Haut plusieurs années avant sa mort et que sa folie avait imprégné chacun des endroits où il avait vécu, dont cette petite maisonnée.
Il lui faudrait certainement plusieurs semaines pour rendre l'endroit habitable, mais au moins elle avait toujours sa roulotte, son petit coin bien à elle où elle se retrouvait souvent à parcourir parchemins et archives lorsque les salles d'études fermaient.

A présent que tout ceci est en place, nous pouvons nous pencher sur l'histoire à venir de la rencontre entre la mère et la fille.
Kateline et Viika.
Viika et Kateline.

Et ce fut une Viika en tenue de grand ménage qui ouvrit la porte pour découvrir une femme brune qu'elle avait l'impression de connaitre bien qu'elle ne l'ait jamais rencontré.


Bonjour. Puis-je vous aider ?

Viika n'avait aucune idée de l'image qu'elle pouvait donner, mais elle imaginait aisément qu'elle ne ressemblait pas à grand chose avec ses mèches de cheveux bruns échappées de son fichu et les traces de nuit passée à la lueur des bougies sur son visage à lire et relire des textes qu'elle finissait par connaitre par coeur. Et, bien qu'elle ait entamé ses recherches voilà plusieurs mois, elle n'avait jamais vu de portrait de ses parents.
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Kateline
      Lorsque la porte s’ouvrit enfin et laissa apparaître l’expectative, Kateline resta coi devant Viika. Elle n’avait nul besoin de confirmer son identité car c’était le parfait mélange entre Zelgius et elle : sa chevelure d’ébène qui s’échappait par mèches du fichu qui lui couvrait la tête et le regard de nuit de celui qui fut son parrain… et tellement d’autres choses.
      Elle reconnaissait dans ces prunelles le jeune homme sur qui elle était tombée accidentellement dans une ruelle saint-aignanaise, et qui n’était pas encore débordantes de toute la folie qui le caractérisait en quittant ce monde. Pendant un instant le regard posé sur elle lui fit retrouver celui qui avait été avant tout son ami, et lui procura une sensation de bien-être qu’elle n’avait pas ressentie depuis des lustres. Même sa culpabilité s’envola quelques secondes, des secondes bien trop courtes puisqu’il fallait qu’elle réponde à la gamine qui allait certainement la prendre pour une folle si elle n’ouvrait pas la bouche à un moment ou à un autre !


      Hum. Bonjour. M’aider... ça je n’en sais rien, mais je serai peut être en mesure de t’aider… toi.

      L’Ebène avait su par Sebastian que la toute jeune femme qui se trouvait devant son nez, et qui était donc sa fille… chose qu’elle ne semblait décidément pas pouvoir intégrer tout de suite… avait fait énormément de recherches à son sujet et celui de son père.
      Elle serait certainement assaillie de questions, mais était-elle prête à y répondre ? Rien n’était moins sûr.


      Je… Hum. Je ne vais pas passer par quatre chemins. Je sais que tu es Viika…

      Un moment d’hésitation. Une inspiration. Et elle lâcha le morceau.

      Je suis Kateline de Sierck. Je suis donc ta mère. J’ai su que tu me cherchais il y a peu, et j’ai voulu te rencontrer.

      Elle marqua une pause, sûrement pour laisser à l’enfant le temps d’encaisser. Mais aussi pour se laisser du temps à elle-même pour reprendre de l’assurance, car même si elle semblait très sûre d’elle, maîtresse de ses gestes, intérieurement le trouble de cette première… ou plutôt deuxième rencontre (puisqu’il a bien fallut qu’elle la mette au monde) … était plus intense que ce à quoi elle s’était attendue.
      L’Ebène planta alors son regard glacial dans celui de sa fille et attendit une réaction.

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Viika
Lorsque l'on ne cesse de vous répéter que vos parents sont morts, bien que personne ne sache réellement comment, cette petite flamme qui habite chaque orphelin meurt avec cette nouvelle. Et lorsque la nouvelle avait été apporté à Viika, qui attendait depuis qu'elle ne babillait plus que ses parents viennent la chercher et la sortir du couvent dans lequel elle avait grandit, un trou s'était creusé dans son coeur sans qu'elle ne puisse en donner une explication rationnelle. Car, après tout, comment pouvait-on ressentir l'absence de personnes que l'on avait jamais rencontré ?

Puis vinrent les premières paroles.

Au début, Viika ne comprit pas ce que voulait dire l'inconnue. Aussi ne répondit-elle rien et se contenta-t-elle d'afficher un demi sourire poli.

Puis vinrent les secondes paroles.

Comment cette inconnue connaissait-elle son prénom ? Elle était pourtant certaine de ne pas le lui avoir donné. Et elle savait que ce n'était pas l'une des autres "elle", car dans ce cas-là, un tout autre prénom aurait été prononcé. Alors comment ? L'attention de Viika se fixa sur les yeux de Kateline. On lui avait un jour dit que les yeux étaient la fenêtre de l'âme ou quelque chose d'approchant. Elle avait surtout retenu qu'il fallait regarder les gens dans les yeux quand on leur parlait.
Et durant ces très -trop?- courtes secondes de fixation, les dernières paroles arrivèrent.

En face d'elle se tenait Kateline de Sierck. Sa mère. Plusieurs options de réactions s'offraient à Viika. Elle pourrait claquer la porte au nez de cette femme qui se prétendait sa mère. Elle pourrait tout aussi bien attraper le balai qu'elle avait posé à côté de la porte lorsqu'elle avait ouvert. Ou encore pourrait-elle lui crier dessus, lui cracher dessus, l'appeler menteuse... Ou bien lui demander pourquoi elle l'avait abandonnée. Pourquoi tout le monde lui avait dit qu'elle était morte.

Mais en cet instant précis, rien de tout cela n'importait. C'était les rêves d'une petite fille qui se réalisait enfin, ce trou dans son coeur qui se bouchait : sa mère était venue la chercher. Et chaque orphelin réagissait différemment.


Ma... non, on m'... mais alors... Mère?

Si l'esprit de Viika ne savait pas quoi faire ou même comment accepter cette nouvelle information, son corps, lui, semblait avoir décidé pour elle. La jeune femme s'avança vers Kateline et l'enlaça sans faire attention aux larmes qui coulait sur son visage et finirait certainement sur les vêtements de sa mère.
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Kateline
      Alors elle s’était attendue à tout, sauf à ça ! Elle imaginait en premier lieu des questions oui, puis en second lieu peut être un petit peu de colère et enfin elle doutait sur un peu d’intimidation… Mais en aucun cas elle aurait pensé à une embrassade. Les bras frêle de l’adolescente s’enroulèrent autour d’elle après quelques balbutiements, le réflexe katelinien fut quant à lui d’écarter légèrement les bras par la surprise de cette étreinte.
      Elle resta figée dans cette position, tendue comme un string, car si on connaît un tant soit peu la bestiole on sait plus ou moins qu’elle est très peu encline aux rapprochements physiques inopinés… surtout avec des inconnus.
      Car même si elle savait que la petite était la sienne, et qu’elle avait sincèrement envie de faire auprès d’elle amende honorable, elle ne ressentait toujours pas ce qu’on appelle communément l’instinct maternel. Et finalement, elle ne la connaissait pas.
      Elle finit tout de même par reposer gentiment ses mains sur les épaules de Viika qu’elle tapota doucement, avec tout l’embarras qu’elle éprouvait ceci faisant.

      Kat attendit un instant avant de repousser Viika afin de pouvoir lui parler face à face. Parler oui… mais par où commencer, elle en était toujours là !


      Peut-être pourrions-nous entrer ? Je crois que nous avons beaucoup de choses à nous dire, j’ai… beaucoup de choses à t’expliquer.

      L’Ebène jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. La rue était déserte, mais elle redoutait que des petits yeux de vieilles cachés derrière des volets ne viennent épier mère et fille. Elle n’avait jamais particulièrement apprécié de « laver son linge sale en public ».

      Est-ce que tu veux bien m’inviter chez toi ? Ou plutôt chez ton père… si je me souviens bien Zelgius a vécu ici…

      Et elle porta son regard sur la maisonnée, ses souvenirs étaient lointains, mais ça elle ne l’avait pas oublié. Peut-être même était-ce là que la petite avait été conçue, une nuit… par erreur.

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Viika
Bien que cette étreinte ne dura guère longtemps, ce simple contact physique avec sa génitrice fit un bien fou à la jeune femme. Bien sûr, c'était quelque chose à laquelle elle n'était pas habituée et ce fut donc avec une certaine gêne, qu'elle accepta de reculer en affichant un sourire qu'elle voulait confiant et assuré, mais qui ne cachait pas si bien la nervosité qui s'était fait une place dans son estomac.
Lorsque Kateline fit référence à Zelgius, ce fut une nouvelle étincelle d'espoir qui s'alluma dans le regard de Viika.


Oui ! Oui, bien sûr, entre. Mais j'étais en plein ménage, il ne faut pas faire attention au désordre.

Et à la gazoute d'entrer à nouveau dans la maisonnette, laissant la porte ouverte pour Kateline. Viika dégagea l'un des fauteuils dans lequel elle avait posé une bassine d'eau, devenue noire bien peu de temps après le début de l'entreprise, et invita sa mère à s'y asseoir. La jeune femme changea de pièce pour ramener plusieurs des parchemins ayant participer à ses recherches.
Elle s'assit au milieu de la pièce et reposa les yeux sur sa mère, l'excitation de la jeune femme était certainement palpable et visible dans ses yeux.


Tout le monde a dit que tu étais morte, mais tu ne l'es pas, est-ce que c'est pareil pour Ze... mon père? Et, j'ai lu qu'il était ton parrain, vous ne vous êtes jamais mariés? Et vous étiez tous les deux nobles, ça veut dire que je le suis aussi? Parce que les nonnes ont dit que les nobles doivent bien se tenir et être toujours poli, mais c'est compliqué, je trouve.

Et voilà que le côté pipelette de Viika ressortait, à peine écoutait-elle si Kateline lui répondait, mais elle avait encore tant de questions à poser. Mais une question ressortie du lot, une question pour laquelle elle avait pris une inspiration et dont elle redoutait la réponse.

Est-ce que toi aussi, tu as des fois où tu ne te souviens pas de ce que tu fais et les gens te disent que tu n'étais pas... toi?

Et voilà comment apporter le "Hey, t'es folle comme moi?" en toute délicatesse ! Bien sur, une autre question frappa la jeune femme de plein fouet. Elle se releva en trombe pour changer de pièce en la posant :

Est-ce que tu as soif? Moi, j'ai soif! J'ai du vin, on m'a dit qu'il était bon, mais je ne l'ai pas encore goutté.

Viika revint dans la pièce principale avec une bouteille de Sancerre et deux godets. Godets qu'elle posa au sol avant de déboucher maladroitement la bouteille et de les remplir. Elle posa la bouteille à côté des godets à présent remplit, en tendit un à Kateline et garda le second pour elle.
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Kateline
      Voilà qu’on allait entrer dans le vif du sujet ! Kateline entra à la suite de sa progéniture, le nez légèrement relevé pour observer l’état de la masure dans laquelle elle venait de s’installer. Elle reconnut le premier lieu de vie de Zel, à l’opposé de ce qu’il connût sur ses dernières années : Germigny. Lui revint alors le souvenir de sa dernière visite de la vicomté, les horreurs qu’elle avait découvertes, son héritage, et ce démon qui l’avait hanté. Un frisson lui parcourut l’échine qui la ramena rapidement à l’instant présent où elle essaya de se concentrer sur les paroles de Viika.

      Elle commença par s’installer là où la jeune femme venait de débarrasser une bassine, tout en ramenant sa houppelande sous ses genoux elle posa son séant, le tout en détaillant sa fille de haut en bas. Si le compte était bon, elle devait avoir le même âge aujourd’hui que Kateline avait le jour de sa conception. Il y a quinze ou seize de cela… A peine sortie de l’enfance et déjà une femme alors que l’on apprend encore tellement de choses à cet âge-là.


      L’Ebène écouta attentivement les questions qui pleuvaient sur elle, ne pouvant cependant pas en placer une, elle préféra attendre que le flot de paroles soit momentanément tari pour s’essayer à quelques explications et ce, une fois le godet de Sancerre dans la main.

      Je vais tenter de te répondre dans l’ordre que te sont venus tes questionnements, mais avant cela je te demande de ne pas m’interrompre.

      Elle porta le godet de vin à ses lèvres et but une grande gorgée, le courage se matérialisant parfois en quelques degrés d’alcool.

      Alors oui, comme tu peux le constater de tes yeux, je suis bel et bien vivante. Malheureusement je ne peux pas en dire autant pour ton père. Il est mort il n’y a aucun doute à avoir sur cela étant donné que je suis la dernière personne à l’avoir vu en vie, et… hum… aussi la personne qui lui a ôté la vie, par la même occasion.

      La bombe était lâchée, autant se débarrasser au plus vite de ce qu’il y avait de plus gênant. Elle continua son récit, n’attendant aucune réaction de la part de Viika comme convenu.

      Je vais t’expliquer le pourquoi du comment, en commençant par te raconter le lien qui nous unissait ton père et moi. J’ai rencontré Zelgius quelques semaines après mon arrivée dans le Berry. Je ne sais pas si tu connais mon histoire et si ces quelques parchemins en parlent ou non, mais je ne suis pas née en terre berrichonne. Je suis née dans la ville de Sierck, en Lorraine. Mon père avait épousé une berrichonne qui se nommait Kristenne. Et tout comme toi, je n’ai pas grandi avec ma mère, et tout comme toi à sa mort, j’ai voulu en savoir plus. C’est la raison qui m’a amené à Saint-Aignan. Ma mère y a vécu de nombreuses années, tout comme à Bourges sur la fin de sa vie. Voilà comment, au détour d’une ruelle, j’ai donc rencontré ton père qui m’a entraîné dans une de ses aventures.
      Après cela nous sommes rapidement devenus amis, mais nous n’étions que cela, de très bons amis. Cependant, un soir après une nuit bien trop arrosée nous t’avons conçue. Nous ne le savions pas encore à cet instant-là, nous l’apprendrions quelques mois plus tard…


      Kateline reprit une gorgée de vin qui réchauffa son gosier tout comme son cœur à se rappeler ses vieux souvenirs. Toute une époque qu’elle regrettait profondément pour diverses raisons.

      Zelgius et moi étions tellement amis, nous ne voulions pas que notre relation change après cela, nous avons donc convenu de faire comme si cette nuit n’avait jamais existé. Et tout cela fonctionnait à merveille jusqu’au moment où je fus prise de maux de ventre atroces. Une guérisseuse était venue à mon chevet, elle qui pensait venir soigner une incommodation temporaire se révéla accoucheuse de la dernière minute. Je te laisse imaginer ma surprise et le désarroi dans lequel je me trouvais alors que j’allais bientôt être anoblie. Cela n’était pas digne de mon rang, mettre au monde une bâtarde était hors de question… En tout cas à l’époque cela semblait être une évidence. J’ai informé Zelgius de mon état, de ton existence, et nous avons décidé qu’il serait mieux pour toi, et pour mon honneur, que tu sois élevée loin de nous. Et ce fut à Chambery que nous t’avons envoyée après avoir décidé de ton nom… Viika.

      Les années ont passé, nous avons payé conjointement ton hébergement, bien que je fusse la seule à être en contact avec le convent où tu étais placée. Entre temps ton père, qui était devenu mon Parrain, a été Duc du Berry et par la suite a été élevé au rang de Vicomte une fois sa tâche accomplie. Mais au cours de cette période il a commencé à perdre peu à peu la raison, la paranoïa le dévorait un peu plus chaque jour. Jusqu’au jour où j’ai craint pour ma vie, ce jour où j’ai appris qu’il n’avait pas hésité à mettre ma vie tout comme celle d’autres membres de sa famille ainsi que celle de beaucoup de berruyers en danger de mort. Tout cela pour asseoir sa soif de pouvoir et d’or. C’en était trop, je l’aimais infiniment, mais il était devenu incontrôlable. Sa folie l’avait emporté et il ne restait plus rien du Zelgius que j’avais rencontré des années plus tôt. Je l’ai tué Viika, parce que je n’avais plus aucun autre choix. Je suis médecin, j’ai tenté de le soigner, j’ai tenté de nouvelles potions, j’ai tenté tellement de choses, mais je n’ai pas réussi.


      L’Ebène vida le reste de vin au fond de son godet avant de se resservir une bonne rasade. Elle avait besoin d’embrumer un tout petit peu les émotions avec lesquelles elle était en proie : tristesse, regrets, colère, culpabilité…

      Après cet épisode tragique j’ai essayé de reprendre ma vie en main, j’ai décidé de voyager, puis de déménager et j’ai même épousé un homme adorable. Il n’a pas vécu très longtemps à mes côtés hélas. Je me perdais dans cette vie faite de trahisons, de mort et de luxure. J’ai préféré me retirer dans les fins fonds de la Savoie, non loin de là où tu étais. J’ai essayé de ne pas te laisser commencer ta vie sans être entourée par une personne de ton sang. C’est comme cela que j’ai retrouvé la cousine de ton père, j’ai donné cette information à la Mère Supérieure du couvent. Je lui ai menti en lui disant que j’étais malade, que j’allais mourir bientôt et que je ne serais plus en mesure de payer pour toi, qu’il fallait qu’elle contacte Audrèa de Champlecy pour qu’elle prenne soin de toi. J’ignorais si elle le ferait ou non jusqu’à ce que j’apprenne qu’elle était venue te chercher.
      J’ai pu me retirer à l’écart de ce monde dans lequel je ne me reconnaissais plus. J’ai vécu sobrement, j’ai fait pénitence pour tout le mal que j’ai pu faire. Cela m’a pris du temps avant que je réalise que tu manquais à ma vie, comme mon frère et ma zum, comme mon filleul, et comme ces quelques amis qui ont survécu à ces époques…
      Je suis revenue, et je t’ai cherché moi aussi.


      Kat en avait terminé pour l’instant avec les explications, elles étaient sommaires mais strictement vraies. Lui revint alors comme une claque la dernière question de Viika sur des sortes d’absences. Sa tête se secoua de gauche à droite, réalisant qu’elle tenait peut être du côté champlecien, de la branche folle comme elle avait pu l’entendre par le passé… Poumona, Zelgius, et… Viika. Elle espérait sincèrement que ce n’était pas cela.

      Et sinon pour te répondre, je ne souffre d’aucune absence, et je n’ai jamais eu aucun retour de gens qui m’ont dit que je n'étais pas moi.

      Léger malaise.

_________________
Viika
Alors même qu'elle venait de prendre une gorgée de vin, Viika était déjà prête à reprendre sa liste de questions tant celles-ci lui trituraient l'esprit. Mais la prise de parole de Kateline, ainsi que l'avertissement ; ou était-ce l'intonation de cet avertissement? ; incitèrent la jeune femme à se taire et écouter. Et c'était là un exploit que d'obtenir l'attention de Viika en si peu de temps. Elle se réinstalla donc au sol, en face de sa mère, en attente de ses réponses comme une enfant écouterait son parent lui raconter une histoire le soir venu.

L'information sur Zelgius lui retourna l'estomac et un relent acide lui envahit la gorge. Sans vraiment s'en rendre compte, elle recula de quelques centimètres alors que Kateline continuait son récit.

Au fur et à mesure des mots de sa mère, l'information quant au fait que sa mère ait tué son père se fit une place secondaire dans l'esprit de Viika. Il était vrai que certains des textes que la jeune femme avait lu spécifiaient que sa mère n'était pas Berrichonne de naissance. Mais elle n'avait jamais eu l'occasion d'entamer des recherches en Lorraine, à présent, elle n'aurait plus à le faire et, peut-être, aurait-elle même l'occasion de visiter cette région pour la beauté de son paysage?
Viika nota dans un coin de son esprit que le nom de feue sa grand-mère était Kristenne.
L'histoire de la rencontre entre ses parents tira un sourire à la jeune femme, mais le fait qu'ils n'étaient pas amoureux l'un de l'autre et qu'elle avait été conçu lors d'une soirée trop arrosée brisa aussitôt ce sourire.

Viika vida son godet d'une traite et le remplit aussitôt d'une nouvelle rasade de vin.

Ensuite, vinrent les détails sur la noblesse et la honte que Viika aurait apporté sur Kateline et Zelgius et, en effet, elle n'avait jamais lu où que ce soit que Kateline ait jamais été vu avec un ventre rond.
La jeune femme avait, en revanche, lu plusieurs textes concernant le fait que Zelgius ait été Duc de Berry, mais elle avait su presque aussitôt qu'allait au palais ducal de Bourges en annonçant qu'elle était la fille bâtarde de l'un des anciens Ducs n'aurait mené à rien.
De la partie concernant la folie de son père, elle ne savait rien alors elle porta toute son attention aux mots de Kateline, délaissant son godet qu'elle avait à demi vidé sans réellement y porter attention. Les larmes lui montèrent aux yeux lorsque Kateline expliqua les raisons qui l'avaient poussées à tuer Zelgius.
Viika eut presque envie de dire à sa mère qu'elle la pardonnait d'avoir tué Zelgius. Mais, pour une raison qu'elle ne s'expliquait pas, elle ne parvint pas à parler, elle attendait que Kateline termine son récit, comme si elle sentait que c'était là la première fois dont elle parlait à voix haute de ce qu'elle avait fait plusieurs années auparavant.

La fin des explications de Kateline fit comprendre à Viika que sa mère ne l'avait jamais tout à fait abandonnée et qu'au contraire, elle avait toujours gardé un oeil sur elle. Bien que distant. Trop distant au gout de la jeune femme.
Mais à présent, elles étaient réunies et, peut-être, pourraient-elles rattraper le temps perdu.

Les derniers mots, sur ses absences, ramenèrent Viika à la réalité et lui firent vider une seconde fois son godet de vin.

Viika ne savait plus vraiment quoi dire après tout cela, trop d'informations étaient arrivées en même temps et elle avait toujours eu du mal à analyser rapidement les choses. Mais elle essaya.


Merci.

Elle se gratta la tempe gauche du bout de l'index.

Je veux dire, merci de m'avoir dit tout ça, et... de ne pas m'avoir caché pour Zelgius. Je... Je ne sais pas trop quoi dire par rapport à ça, d'ailleurs. Tu as essayé... Une des nonnes m'a dit une fois que seuls ceux qui n'essaient jamais rien font pas de bêtises.

Et une phrase qui ne pouvait que mettre mal à l'aise, une ! Agrémentée d'un sourire.

Mais... qui est ton filleul? et ton frère? et ta zum, c'est la dame rousse... Eummh... Sandrine !? Je l'ai croisée avec Lou une fois.

Et pour terminer par les choses qui fâchent... D'une voix légèrement plus basse.

Est-ce que mes problèmes de mémoire viennent de Zelgius? Tu as dit qu'il était devenu fou. Je... Je vais le devenir aussi? Je... Je n'ai pas envie de devenir folle !

Et voilà la gazoute qui commençait à s'affoler.
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Kateline
      Elle n’avait pas réfléchi à quelle serait la réaction de Viika quand elle lui aurait dit la vérité au sujet de son père. Le meurtre est acte horrible pour le commun des mortels, en tout cas pour une presque-enfant cela se devait de l’être, surtout le meurtre de son père. Mais cela ne semblait guère choquer sa fille, et ce furent même des remerciements qu’elle eut en retour.
      De ne pas s’être inquiétée de la future réaction de sa progéniture face à ses propres aveux ne changea rien au fait qu’elle ressentait une sorte de soulagement, après tous les efforts qu’elle avait fait pour se faire pardonner auprès de son dieu elle pensa qu’il aurait été malheureux que sa progéniture ne lui pardonna pas. Le regret de l’acte était sincère et elle s’était promis avec la même sincérité de réparer les dégâts collatéraux de celui-ci, en commençant par récupérer sa fille.


      Tu sais, tu n’as pas à me remercier pour ma franchise. C’est quelque chose qui est très naturel chez moi. Je n’ai jamais supporté vivre dans le mensonge…

      A l'exception près de l'existence de son unique fille, ayant pu vivre avec cette omission. L'exception qui confirme la règle...
      A nouveau les questions fusèrent de la bouche de Viika, elle étancha encore la soif causée par ce monologue explicatif par quelques gorgées de vin. Puis elle continua sur sa lancée.


      Mon filleul se nomme Nathan Sidjéno d’Ambroise, il était aussi le filleul de ton père et parfois sa victime aussi… hum.
      Je compte d’ailleurs lui rendre visite très prochainement sachant que je suis en route pour Limoges où il semble avoir été élu maire. Je voulais attendre un peu avant de te demander cela, en tout cas pas aussi abruptement… mais… si tu veux m’accompagner là-bas cela me ferait vraiment plaisir.


      Et ma zum, c’est Sandrine, ma rousse volcanique, mon autre. Même si nous n’avons pas le même sang elle et moi, c’est comme si c’était le cas. J’ai eu de ses nouvelles et j’espère bientôt pouvoir la revoir également.

      Et enfin il fallait aborder ce sujet délicat, était-elle faite du même bois pourri que son père ? Était-elle souffrante, mais différemment ? Était-ce juste un autre problème bénin ? Autant de questions auxquelles Kateline n’avait pas de réponse pour l’instant.

      Je ne peux pas te dire si tes problèmes de mémoire te viennent de ton père. Je ne veux ni m’avancer, ni t’inquiéter inutilement.
      Nous ne devenons pas forcément des copies conformes de nos parents, sache le.
      Encore une fois, si tu décides de me suivre, je pourrais essayer de comprendre le mal qui te cause ces problèmes de mémoire. Il me faut du temps auprès de toi pour cela c’est certain.


      Sa voix se voulait rassurante, percevant l’affolement qui gagnait la toute jeune femme qui lui faisait face. Et plus elle la regardait, plus elle se disait qu’il était dans l’ordre naturel des choses qu’elle fusse là, avec elle.

      Le groupe qui m’accompagne reprend la route demain soir. Tu as jusqu'à ce moment là pour décider si tu souhaites m’accompagner ou pas.

      L’Ebène attendit une réponse tout en reprenant de son breuvage.

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Viika
Il y a des choses qui vous tombent dessus sans que vous ne sachiez jamais vraiment comment vous en êtes arrivés là. Des actions entreprises par d'autres que vous à un moment ou un endroit qui vous est totalement inconnu. Ces choses, Viika semblait être prédestinée à les vivre, peut-être était-ce même de là que sa folie venait. Commençant à la suite d'une découverte que la jeune femme n'avait jamais réussi à accepter, tel le fait d'attendre chaque jour que ses parents viennent la chercher. Son esprit s'était donc scindé en deux personnalités aussi différente l'une que l'autre, mais vivant pourtant bien dans le même corps.
Peut-être était-ce ainsi qu'Aline avait fait sa première apparition. Ou peut-être pas.

Toujours fut-il que les réponses de Kateline furent à nouveau écoutées avec la plus grande attention possible de Viika. Elle avait lu à plusieurs reprise le nom de Nathan Sidjéno d'Ambroise au cours de ses recherches, mais elle n'avait jamais prêté attention au fait qu'il soit le filleul de Kateline et Zelgius. Ou alors elle avait pensé qu'il s'agissait là d'une piste déjà bien trop froide pour qu'elle s'y intéresse, elle ne se souvenait plus exactement.
La question qui suivit prit la jeune femme de court. Elle ne s'était pas attendue à ce que sa mère reparte aussi rapidement qu'elle était arrivée, mais au fond de son coeur, elle s'en était douté. Ce ne fut donc pas l'annonce du départ très prochain qui coupa le souffle de Viika, mais bien la proposition de départ à ses côtés.
Elle devrait prévenir Lou, faire ses bagages, rendre les documents et les livres qu'elle avait "emprunté" pour ses recherches. Et tellement d'autres choses. Elle avait ouvert la bouche à la fin de la proposition de Kateline, mais le temps que toutes les tâches qu'elle avait à faire avant son départ, sa mère avait repris le cours de ses réponses. Aussi la jeune femme reprit-elle une gorgée de vin et attendit la prochaine ouverture pour annoncer qu'elle l'accompagnerait.
Elle avait vu juste en ce qui concernait Sandrine, cela lui fit bien plaisir, elle appréciait se souvenir de ses rencontres, malgré sa mémoire quelque peu défaillante.

Arrivée à la fin des réponses de Kateline, le moment était plus qu'idéal pour répondre qu'elle désirait venir, que rien ne la ravirait plus que cela. Pourtant elle oublia. Elle se leva et commença à courir à droite et à gauche à la recherche de ses quelques effets personnels, un grand sourire sur le visage.
Ce faisant, elle se débarrassa de sa tenue de ménage qu'elle laissa choir au sol dans le plus grand désordre. Elle ne garda que sa culotte, ces côtes bien visibles furent rapidement recouverte d'une chemise rouge de laquelle elle ressortie sa médaille aristotélicienne, elle enfila ensuite une paire de braies noires et ses bottes de fourrures favorites.

Finalement, elle revint se placer en face de Kateline, une sacoche au côté, son sourire ne l'ayant pas quitté.


Je suis prête !
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Kateline
      Tout en tas d'autres questions auraient pu être posées, tout comme la confirmation de l'accompagner aurait put être prononcée. Mais rien de cela ne sortit de la bouche de Viika. Kateline observa cette fille, sa fille, qui s'activait alors qu'elle terminait son verre.
      Lorsqu'elle se planta devant elle, clamant qu'elle était prête, l’Ébène sortit de sa torpeur pour sourire légèrement.


      Je suis heureuse que tu veuilles me suivre, nous avons tant de choses à rattraper. Tellement de choses à se dire encore...

      Elle avait loupé tous les moments d'apprentissage de sa progéniture. avait-elle encore quelque chose à lui apporter? Peut-être était-ce à elle de faire un tout nouvel apprentissage, celui de la maternité?
      En tout cas, quelque chose d'indescriptible se réveillait en elle, quelque chose qu'elle n'avait jamais ressenti avant. Était-il possible qu'elle soit pourvue de cet instinct qui lui avait fait défaut toutes ces années?... L’Ébène changeait, elle avait déjà certainement changé ces dernières années où plus personne n'avait entendu parler d'elle. Cela partait sûrement de là.

      Elle se leva de son fauteuil, prête à mettre les voiles elle aussi.


      Si tu veux je peux te prendre une chambre à l'auberge où mes amis et moi nous sommes arrêtés. Il sera plus aisé de s'organiser ainsi pour la suite du voyage.

      Kat s'approcha de la porte non sans jeter un coup d’œil à la maison qu'elle s'apprêtait à quitter. Ces murs avaient vu vivre Zelgius, entre cette époque et l'actuelle s'était écoulée une éternité. Elle ouvrit la porte et sortit enfin, sa fille sur ses talons.

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