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[RP] Moi j'aime bien regarder, regarder les filles pleurer.

Judicael.
ça me rend gai.


[Dans les villes, dans les campagnes
moi je vais comme un assassin en campagne
et je taille au couteau des sourires
sur les joues des princesses.]


L'idée avait germé comme la mauvaise graine est menée par un vent sournois , dans les caboches d'ennui des deux roux. Folie. Jeu. Pousser le vice.

Assis sur un tonneau vide, Cael observe les petites fourmis battre le pavé crasseux, tandis que se met à pleuvoir une douce bruine de fin d'été. Fertilisant leur jeu macabre. Car lorsque la pluie se met à laver dans la ville les rues en plein milieu d'une journée de travail, les lavandières cessent de battre leur linge, retroussent leurs jupons pour ne pas les salir en courant dans un bourdonnement de joyeux essaim se mettre à l'abri. Les chevilles se découvrent, les chignons se décoiffent. Les filles rient de leur labeur écourté, rêvant à de meilleurs jours, où ce serait pour elles que le linge serait blanchi.

L'index, hasarde. Presque. Pointant une jolie fille aux cheveux si clairs, qu'ils paraissent presque blancs, une jeune fille plus discrète que les autres.


- Celle-ci.

Pourquoi celle-ci? Allez savoir. Par gout de la contrariété. Il sait pertinemment que Samael aurait choisie celle ci. De fait, la choisit-il en premier.

Les yeux roublards ne quittent pas de leur ligne de mire la fille qu'il imagine pucelle, qui loin de se douter d'être observée s'abrite sous une porte cochère en attendant que l'orage passe. Cael lui, laisse l'eau ruisseler sur ses cheveux longs dans un silence de mort. Une attente patiente qui ne connaitra sa fin qu'à l'objection de son frère. Son allure ainsi mouillé n'a rien de séduisante. Bien au contraire. Posté là sans moufter à fixer le troupeau de damoiselles, sous une bruine qui ne cesse pas, l'énergumène fait peur. Et diable ne saurait dire si tout se joue dans la posture mutique du prédateur qui calcule ses chances de parvenir à manger ou dans sa mise défaite et détrempée qui ne semble pas l'incommoder.

Aiguisant son regard vert foncé à la silhouette de sa désignée. Il répète.


- Oui, celle-ci. Celle ci est parfaite.


Et lorsque l'une des colombes aux voilages immaculés étire une jambe, pour ajuster ses bas sur sa cheville... Le faciès de suivre le mouvement, dans la foulée, se penchant pour mieux apprécier le spectacle. Il y a des choses comme cela dans la vie... Les oiseaux font de tendres nids pour y couver leurs oeufs, la nature elle, a fait le vent. Pour en faire tomber quelques innocents.

Le hasard ne fait pas de cadeaux. Jamais. Et déjà l'ombre du doigt fraternel ricoche d'une silhouette à une autre, là à ses côtés. Dans un jeu sinistre de " toi tu vis , toi tu vis, toi tu crèves."*


[Saez]
* Dewey et les playmobils

_________________

Viens jouer...
Samael.
Quand elles sont seules au lavoir qu'on dirait des nonnes
qui ont perdu leur église, qui ont plus rien que des hommes
pour espérer rencontrer Dieu,
pour éponger la bruine à leurs yeux .
Moi j'aime bien
J'aime bien faire pleurer les filles
ça me rend gai



Les gouttes de pluie tombaient en cascade le long du nez bien droit et se faisaient expulser par le souffle saccadé du roux.

Assis en tailleur sur le muret, il tentait de réchauffer ses pieds éternellement nus d'une pression des paumes, le regard couvant son voisin.
Il se trouvait beau à travers l'image que lui renvoyait son Autre, l'index pointé et les yeux animés d'une lueur si délicieusement connue que l'on appelait cruauté, étaient aussi verts et profond qu'un océan sans fond.

Après avoir narcissiquement miré son reflet, le roux reporta son attention sur le petit groupe de femelles, si jolies et si pures, qui riaient, insouciantes du danger qui les guettaient

Non Maël n'avait aucun remord d'être le loup de passage dans la bergerie, car finalement qu'avaient-elles comme avenir ces jeunes sottes, ne connaissant que le labeur acharné d'une vie monotone et morne, attendant qu'un pouilleux du village les prennent en noces et les engrossent, pour que leur triste existence continua, mais cette fois pour agrémenter le tout, un chiard pendu à leur mamelle
.

Celle-ci avait décidé Cael, l'index toujours pointé.

Maël eu envie de l’attraper, le mordre, le briser...puis le sucer avec une infime douceur pour enlever la douleur. Mais, il ne broncha pas et sa propre phalange vient suivre le mouvement du jeu sélectif.
Il dût se rendre à l'évidence, le choix de son frère était parfait et nul besoin de fracturer un doigt en signe de protestation, le jumeau avait reflété parfaitement le désir de l'autre et puis pour la suite, Cael aurait besoin des dix.

Il renifla et lança un regard entendu à son frère, déplia ses jambes et posa ses pieds à terre.
D'observateurs, ils allaient passer à l'acte.
Le couperet avait tranché, le choix était fait.

Il affirma


Celle-là
_________________
Neijin
Parce que t'aimes bien danser,
Parce que j'aime bien chanter,
Parce que j'aime bien t'aimer ...

Saez.


Le temps presse. Voilà un bon moment déjà que la Pâle s'affaire à laver ses vêtements et ceux de son enfant. Depuis maintenant quatre mois, la vie d'une jeune femme libre et inconsciente devenue maman est rythmé par les envies de son fils, et surtout sa faim. Alors elle se presse. Vêtue de sa seule robe bleue -seul vêtement sur lequel son fils n'a pas rendu son repas-, elle trempe, frotte, essore pour recommencer avec le linge suivant. Habituée, Neijin effectue sa tâche d'une façon que seule les femmes savent mettre en pratique.

Ainsi occupée à terminer sa corvée le plus rapidement possible, elle ne remarque pas immédiatement que la pluie s'abat sur terre depuis un petit moment déjà. C'est donc avec un temps de retard qu'elle vint s'entasser avec les autres femmes sous la porte cochère, son sac de linge dans les bras. D'un geste de la main, elle arrange une mèche blanche qui lui colle à la peau et jette un regard aux présentes. Des gloussements s'échappent de leur gorge découverte. Elles parlent gaiement malgré l'orage grondant au dessus d'elle. Neijin quand à elle, se contente de sourire poliment lorsqu'on se tourne vers elle, préférant rester un peu en retrait. Pas à cause de sa pâleur ou sa tignasse blanche, non. Même si la Normande était différente des autres femmes présentes, elle le portait bien.

Les lavandières n'étaient pas ses fréquentations préférées, se refusant de faire partie d'un groupe d'individus résignés. Non, elle ne supporterait pas de devenir comme elles à parler chiffon et enfant toute la journée. N'avoir pour but que de combler un mari absent et infidèle et de s'occuper de la maison. Jamais, au grand jamais elle ne voudrait que sa vie ressemble à la leur. Et par chance pour le jeune couple, l'être aimé ne comptait pas non plus entrer dans cette routine mortelle. Passant leur vie sur les routes ils auraient, de toute façon, beaucoup de mal à la trouver ennuyante.

Les azurs rivés vers le ciel, elle attend impatiemment que la pluie cesse pour pouvoir rentrer à l'auberge et décharger Daeneryss de son fardeau. Son fils aurait bientôt faim. Il deviendrait rapidement intenable et la Pâle ne se pardonnerait pas de faire subir un calvaire à celle qui s'est portée volontaire pour l'aider.

Après avoir pris une longue inspiration, Neijin ne tînt plus. Elle ne pouvait rester plus longtemps auprès de ces femmes au rire facile alors qu'on l'attendait autre part. Aussi, elle les salua gentiment et s'engouffra sous la pluie. Déjà mouillée, elle ne perdrait rien à se déplacer sous les gouttes de pluie et arriverait plus rapidement.
Du moins le croyait-elle à ce moment là.

Sans remarquer le regard des deux hommes ni même leurs doigts tendus vers elle, elle se mit en route d'un pas pressé, la tête instinctivement rentrée entre ses épaules.

_________________
Judicael.
[Qu'elles soient paysannes ou fille de prévot,
Paysanne éperdue dans la fourmilière,
qu'elles travaillent aux champs, qu'elles soient filles de marchand
qu'elles aient les mêmes allures de purtes que leur mère .
Moi j'aime bien regarder...]


Il suffit d'un écart, hors du troupeau, pour amorcer le mouvement des deux chiens. Silencieux, vilains. Calquant leur pas sur ceux, plus pressés, de la brebis. Blanche et pure, Cael l'assimila au premier regard à la douce Hel. Etait-ce pour cela qu'il avait jeté son dévolu sur elle?

Sur les routes, dans l'attente fébrile de leurs forfaits, les hommes tournaient en rond. Il fallait bien s'occuper. Il fallait bien exulter. Et si les frères pouvaient se payer le luxe des filles de joies, et même celui des filles tout court, l'instinct salaud lui venait parfois les piquer de son aiguillon. L'un Fou, bercé de pulsions, l'autre faux semblants. Elevé par personne. Trop frappé sur la trogne, enfant. Trop laissé à eux-même. Trop façonné à la rue. La rue et ses lois. Le clan et ses lois. A qui la faute? Les piques n'étaient pas nourrices entre eux. Leur liberté commençait là où celle des autres trouvait ses limite. Sans foi ni loi, les frères étaient parfois plus complices que différents.

Allaient-ils la tuer? Après.

Si elle se débattait de trop, Samael l'achèverait peut-être. Qu'est-ce que le prix d'une vie, lorsque l'on cotoie la mort depuis l'enfance? Les charniers. Les rixes qui dégénèrent. Les putains qu'on égorge, parce qu'elles sont trop peu conciliantes. Fils de putain, Judicael n'avait pas eu le choix que de s'accommoder avec l'irréversible. Et l'irréversible est sur le fil d'un équilibre fragile.

Lentement, il la dépasse. Il la frôle. Il la veut. Sans doute a-t-elle senti ses pas derrière les siens. Elle semble avoir rapproché son linge de sa poitrine. Comme si finalement, rien ne rassurait mieux que la pression de deux bras.

Brusquement, il fait volte face. Entravant sa route. L'effet de surprise est total. C'est ainsi que souvent, le calme perd son calme. C'est ainsi que souvent... Judicael ressemble à celui n'est pourtant pas lui. L'ingérable. Le psychotique. Pourtant son frère de sang. Qu'il ne se résoudrait à laisser seul à lui-même. Il a dès lors tout loisir de voir de près ce visage tendre. Ces cheveux... Et si son frère se nourrira de la peur de la belle enfant, lui n'accède qu'à la douceur qui manque souvent à sa vie de paria. Prendre par la brutalité la douceur. Quel paradoxe.

D'un geste sûr et sans possibilité d’échappatoire, il l'attire contre lui, une main contre ses reins. Et la bâillonne de l'autre. Renard arrime ses prunelles vertes à celles de sa victime. Si elle ne se débat pas...

Ho si elle ne se débat pas.

Il la laisserait repartir plus vite. Peut-être.


Saez, retouched.

_________________

Viens jouer...
Samael.
Qu'elles soit angevines
ou périgourdines ,
petites Françaises aux bonnes manières,
qu'elles viennent des mers de Chine ou du fond des
Angleterres,
qu'elles aient le cheveu roux ou la peau noire,
qu'elles soient croyantes ou filles d'un soir
quand elles ont du Déos à l'âme, elles sont belles
à se pendre.





Il aurait pu convaincre son frère de laisser tomber, agiter devant lui sa bourse bien garnie et lui suggérer le bordel de la ville, mais dans la tête de Maël, il était trop tard, la pulsion devait être assouvie maintenant.
Il préférait de loin une mignonnette apeurée qu'une habituée que plus rien ne choquait. Car si les dernières avaient l'oeil vide et morne, les premières, elles, l'avait si expressif, on pouvait y lire à tour de rôle de la peur, de la colère et parfois un élan d'instinct qui mydriasait la pupille.



Des remords ? Jamais.
Le roux était convaincu de leur place de dominant dans cette chienne de vie et qu'il n'y avait aucune chance pour les plus faibles. Il considérait qu'il rendait service à ces proies.
Si elles étaient sages et qu'elles ne griffaient ni ne mordaient, il les épargnait et pour les pucelles d'entre elles, le moment de l'amour véritable, elles ne connaîtraient pas la douleur d'une première fois.
Service rendu.

Si elles se rebellaient, Maël aimait toucher l'extase tout en enlevant le dernier souffle, de ses mains meurtrières à un cou gracile. La morte n'était-elle pas une délivrance pour celles qui ne connaissaient que le labeur et les coups d'un ivrogne de mari ou père ?
Service rendu.


Oui, Samael était serviable et tandis que son double bâillonnait la fille, il facilitait l'accès fraternel en se glissant dans le dos de l'élue et remontant les jupons.
Judicael devait y passer en premier, ça tenait à cœur à son frangin et puis rien de plus affriolant que de passer juste après lui et d'achever la partie.

Les émeraudes cherchèrent ses jumelles et déjà, la gorge si blanche et si tendre de la belle s'ornait d'une auréole rougeâtre, là ou les dents de Maël laissèrent leur trace. Il la marquait, comme si, désormais, la fille leur appartenait.





moi quand je vois les larmes leur tomber la joue,
moi j'voudrais leur dire qu'elles sont belles,
mais les filles elles aiment pas qu'on soit gentil, elles
aiment pas.

_________________
Neijin


Enfant, Neijin avait toujours cru qu'il lui suffirait de lécher les doigts de son agresseur pour qu'il la relâche avec une grimace de dégoût. Elle en profiterait pour mettre un coup bien placé et s'enfuirait en courant. Et même si à chaque fois sa mère la prévenait que les choses n'étaient pas si faciles, elle était sûre d'elle. Puis vint le temps où elle traîna avec les Corleone. Elle se rendit vite compte que sa mère avait raison. Personne ne venait aider les pauvres gens qu'ils détroussaient sur les chemins, même s'ils se mettaient à hurler. Se faire mordre ou cogner ne suffisait pas à les calmer lorsqu'ils avaient un but et les insultes étaient considérées comme une supplication.
Presque du jour au lendemain, elle était entrée dans le bain des mercenaires et des brigands. Certains disaient qu'elle avait perdu son chemin pour suivre l'être aimé, mais elle ne le voyait pas de cet œil. Elle avait fait son choix. Elle s'était donc entraînée régulièrement, avait tout mis en oeuvre pour ne pas être le boulet du groupe. Et tant qu'il ne lui était pas demandé d'ôter la vie d'un être humain, Neijin se plaisait à faire partit du groupe.

Tout aussi facilement qu'elle était entrée dans le bain, la Pâle en était sortie. Trempant parfois les pieds dedans, elle avait maintenant prit une autre direction. Un chemin vers une vie simple où elle comptait trouver le bonheur. Avec son fils, son futur époux et une bande d'amis aux plans plus foireux les uns que les autres.
Un bonheur qui s'insinuait petit à petit dans sa vie lorsque les deux hommes la prirent en chasse.

Lorsqu'elle se sentie suivi, Neijin crispa ses mains sur son linge qu'elle serra contre elle en une étreinte qui se veut rassurante. Comme si ce seul contact pouvait les empêcher de la rattraper et lui faire du mal. Son regard virant discrètement de gauche à droite pour chercher un échappatoire, elle se retint de se mettre à courir de peur qu'ils l'imitent. Piètre réconfort que de se persuader qu'ils se sont pas là pour elle. Qu'ils vont finir par la dépasser et continuer sans un regard sur sa petite personne. Et là, seulement là, elle pourrait se détendre. Mais elle ne pu attendre et au moment où elle décida de faire demi-tour pour rejoindre les lavandières un frisson lui courut sur la peau. Elle n'aurait su dire si c'était à cause du frôlement provoqué ou la réalité qui s'impose à elle, mais elle aurait voulu disparaître au moment même où il lui fit face.

Naïvement, la Pâle aurait voulu pouvoir négocier. Leur dire qu'elle n'avait pas d'écus sur elle. Même pas un objet de valeur. Que tout ça ne servirait à rien car avant d'aller laver son linge, elle avait prit soin de déposer toutes ses affaires au campement. Mais la pogne posée sur sa bouche l'en empêche.
Sourcils froncés, elle tente vainement de le repousser. Ce n'est que lorsque le frère lui soulève les jupons et tente de la marquer qu'elle réalise vraiment ce qu'il est en train de se passer. Les yeux clairs rivés sur celui qui lui fait face se remplissent d'effroi.

Comme piquée, Neijin essaye de se défendre tant bien que mal dans les bras qui la retiennent. Et parce que ses mains à elle se libèrent de l'encombrement du linge, elle se débat en distribuant des coups. Peu importe où ils atterrissent tant qu'ils parviennent à frapper les corps adverses. Peu importe si elle a l'air d'une timbrée à gesticuler dans tous les sens, de toute façon, personne ne regarde. Le plus important étant qu'elle arrive à se défaire de leurs griffes. Oubliés, les entrainement avec la meneuse du Clan. Paniquée, elle en oublie ses réflexes et son expérience.

Ne reste plus que l'instinct de survit qui lui hurle de se défendre de toutes ses forces, sous peine de le regretter amèrement.

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Judicael.
[Oui dans les villes, dans les campagnes
moi je vais comme un assassin en campagne
et je taille au couteau des sourires
sur les joues des princesses.]

Mais que fait une femme contre deux hommes?

Une femme seule contre la force et la hargne d'un homme seul, c'est un combat perdu d'avance. Alors deux frères, deux entités si similaires, si déterminées, si délétères...

Cael la saisit contre lui, comme on porte un sac de grain. Il plonge son nez dans ses cheveux lorsqu'il l'entraine loin de la vue des passants. Vole le jupon, au nez de Samael.

Cael n'est pas violeur. Cael est le violent. Et s'il l'a choisie aujourd'hui.. C'est pour d'autres raisons.

Les cheveux blancs dans lesquels il glisse son museau renard, ne sont-ils pas si ressemblants....?

La peau laiteuse, la lactescence qu'elle représente, n'est-elle pas si semblable?

La poigne est ferme, indéfectible. Neijin sera victime quoi qu'il arrive. Brebis égarée loin du troupeau ne fait jamais de vieux os...

La scène est est ponctuée de coups, auxquels les loups sont insensibles. Les cris, les pleurs deviennent imperceptibles. Elle se préoccupera d'abord de respirer. Survivre. Oh... Elle se préoccupera d'abord de leur survivre...

Et tandis qu'il la tenaille, tandis qu'il cintre ses bras en arrière, Blanche est attirée sous une porte cochère. Il fait jour. La meute n'a même pas l'état d'âme d'attaquer en compte à rebours. Lorsque la nuit s'abat. Que les pauvresses jouent leur virginité à chaque pas. Supplient à l'orée du jour.

    Ce n'est pas de ta faute. Ferme les yeux. Si tu cries, si tu te débats... Il ne t'en aimera que mieux.


Il hume l'odeur de cette hermine piégée comme on se repait de la bonne odeur d'un diner. Il la tient entre ses bras comme si c'était cette fille. Cette Hel sur laquelle il avait posé un véto. Jeune. Ivoire. Et froide. Ho tellement froide... Qu'on ne pouvait que la réchauffer.


[Quand elles sont seules au bar ou sur les trottoirs,
crucifiées par des siècles d'histoires,
quand on regarde un peu plus près,
c'est sûr qu'on peut se dire
que c'est elles qui ont porté
et qui portent la croix du monde . Sur leurs ailes.]

_________________

Viens jouer...
Samael.
Qu'elles soient riches de l'âme ou pauvres de l'esprit
de bonne famille ou bien des rues,
qu'elles s'appellent Philomène ou Eglantine,
qu'elles aient des allures d'ombres de Keyfeya





Le roux était fou.
Fou mais assez lucide pour comprendre le choix de son frère et lorsque celui ci fit disparaitre son museau dans l'immaculé de la chevelure, Mael se reçu un coup d'ongle. La griffure brûla sur sa joue ce qui déclencha un rire dément.
La petite était farouche, elle s'accrochait à un semblant d'espoir mais les frères ne lui en laisseraient pas un.



S'il relâcha brièvement sa proie, ce n'était point par faiblesse mais pour que l'arme du crime soit libéré contre la croupe dénudée.

Le rire se transforma en râle lorsque les reins claquèrent et tandis qu'ils entamèrent un balet cruel unis à cette peau laiteuse, les émeraudes du roux se fixèrent à ses jumelles, s'y noyèrent comme dans un océan profond, mirant et cherchant la fierté sur le minois fraternel puis le regard démoniaque se voila et il se fit rageur, déchaîné dans un bref élan de remise en questions.



Tu n'avais cas pas te retrouver là et être si blanche.C'est de ta faute, petite. Fallait être plus forte et nous planter d'une lame propre en ordre.

Et puis de toute façon, tu vas mourir. Et tu auras été utile, entre nous deux à soulager nos pulsions et non pas sur un bûcher ou finissent les filles de ton genre. Tu devrais être heureuse et nous remercier
.


La main se referma contre la gorge, coups de butoir impitoyables, Maël ne pensa plus à rien si ce n'est au plaisir ressenti.



Quand elles sont seules au bar ou sur les trottoirs,
crucifiées par des siècles d'histoires,
quand on regarde un peu plus près,
c'est sûr qu'on peut se dire
que c'est elles qui ont porté
et qui portent la croix du monde .
Sur leurs ailes.

_________________
Judicael.
    Et vole le jupon,
    les peurs réversibles
    pincent là dans le giron
    leurs marques irréversibles.


La gorge si blanche , si douce, si tendre de la jeune femme gargouillait suffocante, de ce gazouillis immonde que font les biches lorsqu'on les égorge. C'est que de pâle, la Blanche rosit. Les joues se colorent de ce pourpre qui s'étend, perlant sueur à son front... La voici presque plus vivante qu'avant. Non?

La pression de la main de Samael sur le cou de cygne laisse parfois passer l'air qui lui fait défaut, l'empêchant de tomber dans les pommes trop vite. Quelque part, il sait que son frère n'aimerait pas cela. Comme si le jour de son anniversaire, une main brisant la magie de l'instant venait lui mettre le nez dans son propre gâteau... Blanche Neige ne devait pas tourner de l'oeil. Pas si elle tenait à la vie.

Quel serpent apprécie la souris inerte?

Il est tôt. Un vol d'oiseau sauvage mouchète le ciel, tandis que les deux renards nuisibles se repaissent d'un pauvre rouge gorge qui n'a plus d'ailes.

Tout le règne animal s'est invité dans cette histoire, mais la moralité reste que le plus fort a toujours raison du plus faible. Souris, oiselle, vipère... Rien ne sait résister à l'appétit de deux charognards.

Quand ils chassent, les renards approchent doucement de leur proie, puis bondissent pour la plaquer au sol. Cette pratique s'appelle le mulotage.

Lorsqu'il sent que le rouge tourne au violet, Cael retire la main de son frère. Le crime est comme l'amour sauvage. Il faut savoir étrangler jusqu'à guetter le paroxysme. Ce parfait moment entre douleur et plaisir, où le manque d'air oscille le corps et l'esprit entre le lâcher prise total ou l'intensité d'une jouissive violence.

Tenaillée, étouffée, cette Hel là n'est plus froide du tout. D'ailleurs, tiendrait-elle encore sur ses jambes, s'ils la lâchaient? Dans une lente autorité, il la réclame. Poupée de chiffon acculée voit les frères s'échanger sans jamais, non jamais, sentir les mains geôlières désaffermir... Quel changement cela fait-il, lorsque d'un monstre l'on s'en remet à un autre dont le murmure, presque tiède, vient trancher avec l'entreprise salaude.


- Viens... Viens contre moi.

Les mains viennent enlacer, tandis qu'en bas, sous les entrelacs d'encombrants jupons, la frêle victime fraie avec le Sans Nom.

Ce n'est pas Hel, mais le diable a mille pattes et tant d'imagination...

_________________

Viens jouer...
Neijin
Leave me alone
Laisse-moi seul
I must dissociate from you
Je dois me dissocier de toi



La pluie qui s'abat toujours sur eux n'existe plus aux yeux de la Pâle qui essaye toujours de se débattre tant bien que mal.
De sa vie, Neijin n'a jamais proféré autant d'injures qu'en cet instant. Les mâchoires se serrent au moment où ses bras sont bloqués dans son dos, lui arrachant un grognement de douleur. Et à l'instant même où la virilité de Samael touche la peau laiteuse, la jeune femme se sait prise au piège. Les lippes s'entrouvrent, cette fois, non pas pour libérer un nouveau flot d'insultes, mais pour simplement hoqueter de douleur alors qu'il se fraie un passage dans son intimité.

Les esgourdes n'entendent plus la pluie. Seulement le claquement répétitif contre sa peau qui secoue son corps douloureux. Étranglée, elle agite la tête d'un côté puis de l'autre pour essayer d'échapper à l'emprise suffocante. Elle voudrait tirer de toute ses forces sur cette main qui la fait vaciller.

L'oxygène commence à manquer, le corps fatigue.

Elle voudrait se laisser tomber au sol mais les mains qui la tiennent fermement l'empêchent d'effectuer le moindre mouvement.
Si seulement elle savait. Si elle savait qu'il lui suffisait juste de lâcher prise pour que son calvaire se termine, elle le ferait sans hésiter. Pourtant elle se bat encore, presque malgré elle, cherchant l'air quand l'occasion se présente. Et quand les pupilles remontent vers le ciel pour s'arrêter sur le vol d'oiseaux, elle se surprend à vouloir être avec eux. Elle les fixe un instant sans réellement les voir. Puis les paupières se ferment, laissant échapper une dernière larme qui suivra le même chemin que les précédentes pour se mélanger à une pluie aussi glacée qu'elle. Brisée, la carapace n'est plus. Les fissures créées au fil de leurs assauts laissent à présent passer le peu de chaleur qu'il lui reste.
Elle rêve de ce vol parmi les oiseaux. Elle sent presque le vent et ses cheveux de neige laissés libres lui fouetter les joues avec délice alors qu'elle virevolte dans les airs. Désorientée, tout tourne autour d'elle.

Son esprit se tend vers les abysses. La lutte est presque terminée.

Le regard se lève brièvement vers Judicael. Sans en avoir vraiment conscience, elle respire encore. Elle ne sait pas comment elle y parvient de nouveau et n'a pas la force d'y réfléchir. Le cauchemar est toujours là. L'esprit a l'impression de tourner en bourrique. Le sentiment qu'ils sont deux et un seul à la fois. Ils sont identiques et pourtant si différents. Malgré sa volonté, elle le sait. Elle le sent.
Un dernier supplice est prononcé. Un ultime murmure pendant le bref repos qui lui est accordé.


- Laissez moi partir... je vous en prie...

S'ils refusent de la laisser partir physiquement, c'est d'une toute autre façon qu'elle leur échappera. Et si le corps tient encore debout, c'est sans doute grâce à la poigne de ses bourreaux. La battante du début n'est plus là. A présent le combat est tout autre. Un combat pour la liberté, pour rejoindre ses oiseaux qui essayent d'échapper à la pluie comme elle a essayé d'échapper à ses agresseurs.

Finalement, ce n'est plus elle qui subit ce jour dans la ruelle. Non. Neijin, elle, se contente de fixer cet inconnu qui lui fait face sans plus rien ressentir.

_________________
Judicael.
Il ne la laissera que lorsqu'il l'aura souillée. Baptisée de la honte. Ensemencée de peur. Les filles qui pleurent ont un hoquet d'émoi lorsqu'on les quitte. Un sursaut de vie. Un infime frisson qui les retient à la réalité. Elles scellent leur étreinte forcée par un geste vif et prude, souvent recouvrant leur chair d'un jupon inutile. Se recroquevillant dans un coin, ou s'enfuyant à toutes jambes, s'il leur reste un peu d'énergie. Le baiser des jumeaux vampirise, rares sont celles qui gardent leur force pour un adieu, concentrées à s'échapper en plein milieu.

La senestre saisit les cheveux, la lippe accroche les lèvres de Neijin. Dans son travail de sape, l'agresseur a pourtant cette tendresse inattendue. Il l'embrasse mais la besogne. Il l'honore mais se rit d'elle. Hel n'avait qu'à se montrer moins polaire! Les filles sont toutes des putains. Qu'elles soient filles ou bien mères...

Il sent au creux de son ventre la chaude vague extatique. Celle qui arrache un soupir, un spasme et qui sonne l'hallali. La frêle jeune femme n'est qu'un objet d'assouvissement. Un moyen de décharger ses frustrations. Il se sert d'elle, ersatz masturbatoire, pour atteindre l'illusion d'avoir obtenu l'Autre. Car si ce n'est pas elle, c'est donc sa soeur. On ne croit pas si bien penser...

Il la repousse enfin, vulgaire poupée de laine. Sans plus de ressentiment. Judicael est ainsi fait. Manquant d'émotion, parfois, souvent. Froid et méthodique, ou chaud et insensé. Embrasse des lèvres, mord ensuite. La jouissance arrachée a fini de briser le délire du violeur. Le forfait commis amène le besoin de vite passer à autre chose. Oter à sa vue cet accomplissement dérangeant. Si il l'avait tuée, il l'aurait recouverte d'un linge. Au fond de lui le roux sentait le froid recommencer à l'envahir. Le froid de son âme. Ce froid infini que rien ne savait réchauffer. Cette pauvresse n'avait même pas l'odeur de l'Hel. Même pas la douceur supposée. Même pas une once de sa curieuse beauté. Que de temps perdu.

D'un geste rageur, il l'arrache aux bras de Samael. Il la rejette, il la déteste. Et la gestuelle de Judicael vaut tous les Dégage. Tous les Tire-toi. Comme une bête blessée, blessée dans son orgueil, il grogne quelques mots décontenancés.


- Pars... Pars avant qu'il n'ait envie de recommencer!


Ou comment de deux monstres n'en faire qu'un seul. Dans la foulée, il agrippe son frère. Son si imparfait Lui. Ivre de cet instant "d'après", il l'attire en ceignant son épaule, chancelant un peu. Ils auraient pu lui briser les os. Ils auraient pu la laisser comme deux ailes coupées à l'oiseau.


- Il ne faut pas rester. Il faut s'éloigner de cette tentatrice maudite. De ce vilain reflet.

    Viens avant que tout le village ne rapplique. Viens.


Les mots révèleront ce qu'il faudra retenir. L'écume aux lèvres et le cheveu fou, les braies mal refermées, le duo de rouges s'extirpe comme un seul homme de l'intimité que leur a offert la porte cochère. Ainsi vont les garçons qui en ont fini de s'accomplir. Un sursaut et ils ne sont déjà plus. Laissant les jeunes filles encore moites dans leurs draps défaits, leurs frusques mal ajustées que la chaleur n'a même pas encore désertés.


[Moi je suis qu'un pauvre gars, ils m'appellent l'idiot
celui qui fait peur aux bêtes, qui fait mal aux oiseaux.
Mais faut pas croire, tu sais moi j'suis pas méchant
j'ai juste l'air maladroit, je sais juste pas comment
faut leur parler aux filles, faut leur parler aux filles .]

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Viens jouer...
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